| tu rencontres Dieu, tue-le, ce n'est pas lui.» Cette phrase choc, vous pouvez la lire sur la bande du dernier roman de Luc Estang, Les Déicides. Elle est de la plume du penseur bouddhiste Bodhidharma. Et le moins qu on puissedirec’estqu’elle attire |I'attention de tout croyant. De prime abord, cette invitation a tuer Dieu est inadmissible. Mais ay réfléchir de plus pres, elle cache une vérité importante: Dieu ne se rencontre pas. Qu’on se souvienne de ce que dit la Bible. Jamais, ou presque, elle ne parle de rencontrer Dieu. Et lorsque cette idée est émise, le contexte montre qu'il s’agit d'une épreuve pour "homme, comme si Dieu se disait : « Si tu rencontres I'homme, tue-le. » Il suffit de relire la fin du chapitre 19 de I'Exode pour sentir a quel point larencontre avec Dieu est effrayante pour I'homme :ilyrisque sa peau. Prépare-toi a la rencontre de ton Dieu! crie Amos (4 : 12) au peuple d’lsraél au milieud'une série de menaces annoncant [|'immi- nence des jugements divins | Ainsi, quand un homme croit avoir rencontré Dieu, ou s'imagine le connaitre, il s'est trompé de Dieu et aurait mieux fait de le tuer. Car ce Dieurencontré, ce Dieu imaging, est un Dieu auxdimensions humaines : on croit pouvoir établir avec lui des relations sur pied d’égalité. Quelle prétention ! Le Dieu vivant, celui qui se révele dans la Bible, est mystere. Son infinie grandeur ne peut que nous donner le vertige et nous terrasser. Ce n'est pas tant notre taille, notre état de créature opposé a celui de Créateur qui explique cet éloigne- ment infini. C'est notre prétention, notre tendance a vouloir tout mettre a notre échelle, a nous instituer en critere, méme en matiere de foi. C'est cette maladie permanente qui nous fait tout voir au travers du prisme MOI, cette peste que la Bible appelle le péché. A Moise qui voulait rencontrer Dieu et le voir, il fut proposé de se cacher dans une caverne rocheuse. Dieu passerait devant cet antre ténébreux, et Moise pourrait alors sortir (Exode 33 : 18-23). Ainsi il a rencontre, par derriere, les traces de celui qu'on ne rencontre pas de face. Ces traces lui ont dit la bonté de Dieu. Ces traces disent encore que pour rencontrer Dieu il faut accepter de regarder avec d'autres yeux que ceux qui jugent, qui condamnent. Avec des yeux qui s'‘émerveillent devant les faits de Dieu, et se baissent et méme se ferment devant le grand mystere. Bernard Sauvagnat