L'entance de Jésus (Condensé de Desire of Ages de M™ E.-G. White) Les maitres de la Synagogue enseignaient a la jeunesse les prescriptions sans fin auxquelles tout Juif orthodoxe était astreint. Des sa plus tendre enfance, Jésus se trouva enveloppé dans le réseau des préceptes rabbiniques réglemen- tant tous les actes de la vie jusque dans les moin- dres détails. Mais il n’attachait aucune impor- tance a ces observances innombrables, et se mon- trait trés indifférent a leur égard. En revanche, les écrits de I’Ancien Testa- ment étaient pour lui l'objet d’une étude con- tinuelle. Une parole qui revenait constamment sur ses lévres était : « Ainsi a dit I’Eternel. » Il constatait que les exigences de la société et celles de Dieu étaient diamétralement opposées les unes aux autres, et concluait que les hommes s’écar- taient de la Parole de Dieu en faisant tant de cas de leur théories, en observant des rites et des traditions sans vertu, et ne conférant ni paix ni liberté morale. Jésus ne condamnait pas ouvertement les préceptes et les pratiques des savants docteurs. Si on lattaquait, il se bornait a se justifier par la Parole de Dieu. Les rabbins s’indignaient a la vue de cet enfant qui osait leur résister et leur répliquer, et ils allaient se plaindre auprés de Joseph et de Marie. Parfois, ceux-ci réprimandaient I’enfant et Pinvitaient 4 se soumettre. Mais ils ne par- venaient pas a le faire dévier des préceptes de 'Ecriture. Plein de respect pour ses parents, Jésus souffrait en silence, et sa mére, qui I'aimait tendrement, voyait avec douleur la contradic- tion et les moqueries dont son fils était objet, le chagrin et 'amertume dont il était abreuvé, se laissant exploiter sans proférer une plainte, et se sacrifiant pour les autres. Les fils de Joseph, qui s’étonnaient de la sagesse de Jésus, prenaient cependant le parti des rabbins, et s’offusquaient grandement de son obstination en matiére religieuse. Dans leur irritation, ils lui adressaient d’aigres paroles et jusqu’a des menaces auxquelles il répondait par une douceur et ‘une bonté a toute épreuve voire par une sérénité inaltérable qui excitait encore leur colére. Ses camarades aimaient sa bonne humeur et son commerce agréable, mais ils s’impatien- taient de ses scrupules. S’ils lui en demandaient la raison, il répondait par un texte de I'Ecriture : s’ils Pinvitaient au mal, il les reprenait de méme. ~:. Partout ou Jésus se rendait, il apportait avec lui une atmosphére de paix. Doux, aimable, soumis, serviable, il s’efforcait d’étre utile a ceux qui P'entouraient. Son bonheur était de se retirer a I'écart LES SIGNES DES TEMPS pour communier avec la nature et avec Dieu. Pour cela, il se levait souvent de trés bonne heure, puis il venait reprendre ses devoirs quo- tidiens, ou il se montrait un modéle d’assiduité et de fidélité. Evitant tout passe-temps inutile, il de- montrait par son exemple la valeur du temps, la richesse des heures, le poids éternel des instants saintement employés. Au sein du foyer, sa présence répandait une atmosphére de pureté; elle introduisait comme un levain de bonté dans les milieux ou il était accueilli. Inoffensif et incorruptible, il circulait parmi les gens incultes et discourtois, parmi les péagers cupides, les soldats idolatres, les paysans incultes et la foule bigarrée. S’il rencontrait des gens écrasés sous le poids de l'existence, il partageait leur peine, il leur parlait de la bonté de Dieu répandue dans toute la nature. Aucun étre humain ne lui pa- raissait négligeable ou digne de mépris : a chacun il offrait le reméde du salut. Partout il avait une parole appropriée a la circonstance. Aux gens les moins intéressants, les plus grossiers, il affirmait qu’il y avait un avenir pour eux, et qu’ils pouvaient devenir des enfants de Dieu vertueux et inoffensifs. A ceux qui lut- taient pied a4 pied avec I'ennemi des ames, ils promettait la victoire, les assurant que les an- ges de Dieu étaient a leurs cotés. En présence de malheureux tombés sous le pouvoir de Satan, incapables de s’arracher a son étreinte : étres déchus, découragés, vaincus, il trouvait des ac- cents d’une tendresse infinie qui allaient droit au coeur. Ceux a qui il avait fait du bien savaient qu’ils avaient en lui quelqu’un en qui ils pou- vaient placer leur confiance, quelqu’un qui ne trahirait pas leurs confidences. Ainsi, dés les jours de son enfance, quoi- que effacé et ignoré, Jésus semait tout autour de lui I'espérance et la joie, au point que lorsqu’il commenca son ministére, on accourut en foule pour I’entendre. Et cependant, cet enfant, cet adolescent. cet homme vécut seul, ame accablée d’un poids mystérieux, effroyable : la certitude de la perdi- tion de notre race; la perception claire de la tiche qui lui incombait de la sauver et de I'im- mensité de cette tache ; enfin, la détermination calme, inflexible, intense de mener a bien cette grande mission. Cett été pour lé Fils de Dieu une humi- liation presque infinie de revétir notre nature humaine, méme alors qu’Adam résidait en Eden dans son innocence. Or Jésus consentit a nai- tre dans le sein de notre humanité alors qu'elle était affaiblie par une hérédité de quatre mille ans de péché. Pour interprétation conforme : J. V. }