Pourquoi existe-t-il aujourd'hui une telle tension entre les Israéliens et les Arabes alors que ces peuples ont la même origine et ont vécu pacifiquement côte à côte pendant des siècles ?... JUILLET-AOUT 1975 Théodore Herzl (1860-1904), fondateur du sionisme politique, préconise la création d'un Etat juif en Palestine, encourage l'immigration et tente de persuader les puissances européennes de soutenir l'établissement de cet Etat. A treize ans, le jeune Juif atteint sa majorité religieuse. Cette nouvelle étape de sa vie est marquée par une cérémonie solennelle appelée Bar Mitsva. Notre photo a été prise lors d'une Bar Mitsva, près du Mur, à Jérusalem. Photo couverture : ’jJ^Jcher/sitiw^rT^piïa-nade du Temple de Jérusalem et recouvert par le Dôme d'Omar, est, d'après la tradition islamique, l'endroit d'où Mahomet fut enlevé au ciel. C'est également le lieu, pour la tradition juive, où Abraham fut appelé par Dieu à offrir son fils en sacrifice. I ...L'histoire révèle les causes qui ont produit la complexité de la situation actuelle. LE RETOUR EN PALESTINE Après la destruction de Jérusalem et du temple, les Juifs exilés ont toujours éprouvé la nostalgie de la patrie perdue. Ce rêve du retour s'est imposé comme une nécessité au 19e siècle lorsque de terribles persécutions s'abattirent sur eux. LE SIONISME Le véritable animateur du sionisme est Théodore Herzl. D'abord magistrat, puis journaliste, il appartient à la bourgeoisie viennoise. Il pense que seule l'assimilation résoudra le problème juif. En 1894, il change brusquement d'attitude. Correspondant à Paris d'un journal autrichien, il est profondément bouleversé par l'affaire Dreyfus. En février 1896, il publie son livre Der Judenstaat (L'Etat juif), dans lequel il démontre la nécessité d'un Etat juif et esquisse en outre son organisation. Il souhaite voir s'établir un foyer juif en Palestine, «patrie historique, inoubliable dont le nom constituerait un cri de ralliement d'une irrésistible puissance». Mais il n'en fait pas une condition majeure. C'est pourquoi l'ouvrage de Herzl suscite des réactions variées. Il est accueilli avec enthousiasme par certains, avec hostilité par les Juifs assimilés qui redoutent qu'une prise de position n'entraîne de nouvelles persécutions et avec réserve par les Juifs orthodoxes qui estiment que Dieu seul doit rétablir l'Etat d'Israël.... QUI EST JUIF ? Quels sont les critères qui permettent de dire qu'un homme est Juif ? Sa race, sa descendance palestinienne ? Son appartenance à un peuple, à une nation, à une religion ? Son acceptation d'un milieu, d'un genre de vie ? Autant de réponses qu'il nous faut examiner maintenant. Leur race - Elle semble être une vue de l'esprit, car le prosélytisme a contribué à augmenter le nombre des Juifs. ... A l'époque du Christ, on comptait plusieurs millions de judaï-sants dans les milieux païens de l'Empire romain. C'est parmi eux que se recrutèrent les premières communautés chrétiennes.» (1) Au Yémen, au 6e siècle, le roi et la majorité de la population d'ascendance arabe acceptèrent le judaïsme. ... Au 8e siècle, un grand royaume existait sur l'emplacement de l'Ukraine actuelle; sa population, apparentée aux Turcs et aux Magyars, comprenait un tiers d'Israélites. Lors des invasions mongoles, une partie fut refoulée vers la Pologne, la Hongrie et la Transylvanie et contribua à former les grandes communautés juives d'Europe centrale. ... On en arrive à la conclusion que la race juive est un mythe. « Les Juifs ne sont pas une race. Les anthropologues, ceux qui mesurent les crânes, qui analysent la composition sanguine, qui s'attachent aux traits physiques objectivement décelables, sont presque unanimes sur ce point. Les Juifs dispersés à travers le monde ne présentent aucune homogénéité.» (2)... Leur religion - Contrairement aux idées reçues, elle n'est pas non plus déterminante, car dès le 19e siècle beaucoup de Juifs étaient incroyants. Voici comment s'expriment à ce sujet un certain nombre d'auteurs juifs : «Quand le Sionisme s'est répandu en Europe, à la fin du siècle dernier, il n'a pas été d'inspiration religieuse mais politique. Choc en retour du nationalisme européen. Les fondateurs du Sionisme croyaient plus au judaïsme qu'en Dieu. Ils ne justifiaient pas le foyer juif ou l'Etat juif par l'exigence religieuse du retour à la Terre promise. Ce n'est pas pour enrichir la prière qu'ils rêvaient de Jérusalem. Ce n'est pas le Temple qui enflammait leur imagination, mais l'Etat.» (3)... 4 Editorial Jean Lavanchy 5 La justification par la foi est-elle biblique ? F. Neufeld 9 La Bible et l'astrologie J. Dobson 11 Le problème du mal Emile Fawer 15 Des raisons d'espérer Norbert Hugedé 16 Jusqu'à ce que... Yvan Bourquin 19 L'inspiration des Saintes Ecritures 20 Le serviteur inutile Jean-Pierre Bargibant 23 La correspondance John Graz 25 Les adventistes 28 Fin d'un monde ou fin du monde ? André Dufau 32 Rebecca et Isaac Françoise Juret Les adventistes (p. 25) La correspondance (p. 23) AGENCES: Revue bimestrielle fondée en 1876 JUILLET-AOUT 1975 REDACTION ET ADMINISTRATION : 60, avenue Emile-Zola 77190 Dammarie les Lys, France Tél. (1) 439 38 26 C.C.P. 425-28 Paris Rédacteur responsable: Jean LAVANCHY Réalisation : Jean BREUIL Europe BELGIQUE, 11, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles FRANCE, «Le Soc», 208, avenue Anatole-France, 77190 Dammarie les Lys SUISSE, 8, avenue de l'Eglise-Anglaise, 1006 Lausanne Autres continents ALGÉRIE, 3, rue du Sacré-Cœur, Alger BURUNDI, Boîte Postale 1710, Bujumbura CAMBODGE, Boîte Postale 376, Phnom- Penh CAMEROUN, Boîte Postale 401, Yaoundé CANADA, 79, rue St Charles Est, Longueuil, P.Q. CONGO, Boîte Postale 154, Brazzaville COTE-D’IVOIRE, Boîte Postale 335, Abidjan GUADELOUPE, Boîte Postale 19, 97110 Pointe à Pitre GUYANE FRANÇAISE, Boîte Postale 169, 97300 Cayenne HAITI, Boîte Postale 28, Cap Haïtien HAITI, Casier Postal 868, Port-au-Prince HAUTE-VOLTA, Boîte Postale 592, Ouagadougou MADAGASCAR, Boîte Postale 1134, Tananarive MAROC, 17, rue Ibn Toufaïl, Casablanca MARTINIQUE, Boîte Postale 580, 97207 Fort de France MAURICE, 10, rue Salisbury, Rose-Hill NOUVELLE-CALÉDONIE, Boîte Postale 149, Nouméa RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE, Boîte Postale 274, Bangui RÉUNION, Boîte Postale 922, 97400 Saint Denis SÉNÉGAL, Boîte Postale 1013, Dakar TAHITI, Boîte Postale 95, Papeete TCHAD, Boîte Postale 880, N'Djamena TOGO, Boîte Postale 1222, Lomé VIETNAM, Boîte Postale 2855, Saigon ZAÏRE, Boîte Postale 2099, Lubumbashi ABONNEMENTS ANNUELS France : 22 F. Suisse : 21 FS ; autres pays : 26 F. Prix du numéro : France : 4 F ; Suisse : 3,70 FS ; autres pays : 4,50 F. Copyright by Editions et Imprimerie S.D.T. Directeur: A. GARSIN. Dépôt légal 1975, n° 424 3 Les remarques très appréciées, mais quelquefois contradictoires, des lecteurs de SIGNES DES TEMPS nous ont suggéré des réflexions que nous vous proposons en guise d'éditorial. Comment concilier deux catégories d'observations jugeant, d'une part quelques articles trop «intellectuels», d'autre part trop «simplistes» ? Les techniques d'information bénéficient aujourd'hui d'études sérieuses et approfondies dont les conclusions inspirent la présentation de toutes publications. La majorité des lecteurs de journaux ou de revues recherche avant tout la confirmation de leurs propres idées. Ce phénomène est particulièrement sensible dans la presse d'opinion qui recrute exclusivement ses lecteurs parmi les adhérents au parti politique qu'elle représente. Si le fait de lire, clairement exposé, l'écho de ses propres pensées, a un côté sécurisant, ce comportement limite singulièrement toute objectivité de jugement et entretient une certaine forme de paresse intellectuelle. La vocation de SIGNES DES TEMPS a toujours été de puiser dans la Bible sa source d'inspiration, de réflexion, de méditation. La valeur du texte de la Sainte Ecriture, lui conférant une audience qui défie le temps, se situe à deux niveaux précis. Le récit. L'Ancien Testament nous relate l'histoire d'hommes, de femmes ou de nations. A travers cette succession d'événements vécus, il est possible d'apprécier les conséquences d'un comportement positif ou négatif. Une lecture superficielle est très souvent ressentie comme l'exposé naïf d'une morale élémentaire. Adam et Eve, Noé, Abraham, Pierre, Judas, Paul nous révèlent sans nuances l'opposition entre le bien et le mal et ce qui en découle. Il n'est pas toujours agréable de se découvrir dans le miroir sans concession des personnages bibliques. La pédagogie. Bien que journellement confirmée par l'archéologie, la Bible ne prétend pas être un document historique. Les événements sont les supports d'une réflexion qui s'approfondira parallèlement à la maturité et à la connaissance du lecteur. Toute Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans ia justice. 2 Timothée 3:16. N'y aurait-il pas une tendance naturelle à qualifier un article d'intellectualiste pour la seule raison qu'il impose au lecteur une réflexion personnelle, qu'il conduit à l'endroit précis où justement l'on n'a pas envie d'aller ? Le baptême par immersion des adultes peut, par exemple, apparaître comme un geste naïf et démodé. Mais lorsque saint Paul expose dans le sixième chapitre de l'épître aux Romains le sens profond de cette immersion volontaire, il place chacun de ses lecteurs en face d'un engagement personnel. La conversion, c'est-à-dire un changement radical de nos rapports avec Dieu, l'engagement d'une observation sans concession des commandements de Dieu, l'affirmation publique d'une foi totale au salut offert par Jésus-Christ, voilà qui dépasse de loin le rite traditionnel. Cette forme de lecture de la Bible n'est pas toujours facile. Elle requiert un effort du cœur et de la raison, mais c'est la seule manière de prolonger le texte écrit jusque dans l'Eternité. Vous sondez les Ecritures parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle: ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Jean 5:39. Jean LAVANCHY 4 LA JUSTIFICATION PARLA ___ FOI ESTELLE BIBLIQUE? Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. Jean 3:16. Par où peut-on commencer une étude biblique sur la justification par la foi? L'expression «la justice par la foi» apparaît dans la Bible une fois seulement dans Galates 5:5: Pour nous, c'est de la foi que nous attendons, par /'Esprit, /'espérance de /a justice. Mais cette phrase : «la justice qui vient de la foi» se retrouve plusieurs fois (cf. Romains9:30; 10:6). «La justice de la foi» se lit dans Romains 4 :13. « La justice de Dieu » apparaît un certain nombre de fois (cf. Romains 1 :17; 3:5, 21 ; 10:3; 2 Corinthiens 5:21). On pourrait commencer cette étude par une définition des mots «justice» et «foi ». C'est une méthode courante. Mais, pour ma part, je pense que c'est là une démarche difficile. Beaucoup de ceux qui abordent ce sujet de cette façon sont perdus et découragés. Ils s'écrient: «Ce sujet est trop difficile pour moi. Je ne peux comprendre les distinctions subtiles entre la justice impartie et la justice imputée, entre la justification et la sanctification. Je veux être sauvé, mais si mon salut dépend d'une compréhension claire de ces termes et de la relation qui existe entre eux, alors j'ai bien peur que le salut ne soit pas à ma portée.» Je propose un moyen d'étude plus simple et qui me semble plus biblique. Par «plus biblique» je veux dire qu'il s'agit pour moi de me pencher sur la Bible pour écouter ce que Dieu dit, et non de la lire en ayant une terminologie et un plan déjà définis. Les premières questions qui se posent alors ne sont pas: «Qu'est-ce que la justice ? Qu'est-ce que la foi? mais: Comment les hommes sont-ils sauvés ?» Un point surgit immédiatement, dèsque l'on commence à lire la Bible : Dieu aime l'homme et désire que chaque être humain soit sauvé. Cette constatation est importante, car si elle est vraie nous nous attendrons à ce que Dieu, dans les Ecritures, nous expose le moyen d'atteindre le salut de façon aussi claire que possible. Et c'est ce qu'il a fait. Toutes les vérités nécessaires à notre salut ont été expliquées très clairement. Le texte biblique commence par nous parler d'un Dieu qui est infiniment bon. Il a fait une terre parfaite et y a mis un homme parfait. Très tôt une puissance mauvaise est entrée en scène: le démon ou Satan. C'est lui qui poussa Adam et Eve à désobéir à Dieu et à faire alliance avec lui-même. Ne pas choisir, c'est choisir Puis la Bible décrit les efforts de Dieu pour renouer son alliance avec l'homme, et les tentatives du démon pour garder l'homme en son pouvoir. Puisque Dieu est Celui qui est, et puisqu'il a créé l'homme libre moralement, le seul moyen qu'il utilise pour attirer les hommes à lui est celui de la persuasion. L'homme choisit celui qu'il veut suivre : Dieu ou Satan. En fait, ne pas choisir de suivre Dieu, c'est choisir d'obéir au diable, car Satan attire dans son camp tous ceux qui rejettent Dieu. Il n'y a que deux puissances en présence (cf. Actes 26:18). C'est pourquoi l'un des éléments fondamentaux dans le plan du salut est le choix. Personne ne doit être perdu, celui qui est perdu est celui qui n'a pas choisi d'être sauvé. Voici une autre remarque importante: Dieu ne demande pas aux hommes de le suivre et ne leur dit pas clairement et simplement ce qu'il faut faire pour être de son côté. Par Moïse, les prophètes et d'autres hommes de la Bible, il enseigna à son peuple comment vivre. Non seulement il leur traça une ligne de conduite, mais aussi il leur indiqua les actions et les attitudes qu'il réprouvait. Ses lois n'étaient ni des exigences, ni des restrictions arbitraires, mais le reflet de son caractère. La conduite et les attitudes que Dieu approuve sont celles qui sont en harmonie avec son caractère. Les principes moraux disent, en effet, «soyez comme Dieu». 5 Le péché est donc un comportement ou une attitude contraire au caractère de Dieu. La théologie du salut dans l'Ancien Testament est exprimée simplement. Les écrivains évitèrent des arguments théologiques et philosophiques mais ils mirent l'accent sur une religion pratique. Dieu ne demandait pas l'impossible aux anciens. Le pouvoir divin était accessible à l'homme pour l'aider à mener une vie juste. Par Ezéchiel (36:26, 27) Dieu a promis: Je vous donnerai aussi un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau. Il est intéressant de noter que nulle part dans l'Ancien Testament la doctrine de la justification par la foi n'est explicitement exposée telle qu'elle est enseignée dans le credo des Eglises protestantes ou actuellement par les Adventistes du 7e jour. Cela veut-il dire que le plan du salut, que Dieu offre aux hommes à l'époque de l'Ancien Testament, est différent de celui qu'il nous propose dans le Nouveau Testament ? Pas du tout. Alors que l'expression «justice» apparaît fréquemment dans l'Ancien Testament avec le sens de «ce qui est juste» ou «ce qui est en harmonie avec le caractère de Dieu», le mot «foi» apparaît deux fois seulement (cf. Deutéronome 32:10; Habakuk 2:4). Dans le premier cas, il est la traduction de l'hébreu «emûn», et dans le second cas, de l'hébreu «emunah». Ces mots ont la même racine et signifient: fidélité, constance, stabilité. Ailleurs, «emunah» est traduit par «fidélité» dix-huit fois. Christ dans l'Ancien Testament Si l'on accepte le principe de base que le chemin du salut tel qu'il est décrit dans l'Ancien Testament est identique à celui dont parlent les évangélistes dans le Nouveau Testament, il faut donc conclure que l'expression «justice par la foi», expression propre au Nouveau Testament, est tout simplement un autre moyen de décrire l'expérience fondamentale du salut, déjà soulignée dans l'Ancien Testament. Celui qui croit à l'unité des Ecritures doit LA JUSTIFICATION PARLA FOI ESTELLE BIBLIQUE? accepter ce principe. S'il a une vue superficielle de la Bible, il accusera Dieu de ne pas informer suffisamment les hommes de l'Ancien Testament sur le salut. Nous devons croire que Dieu était aussi soucieux de sauver les hommes qui vivaient aux temps de l'Ancien Testament qu'il l'est aujourd'hui. Il leur expliqua le processus du salut le plus simplement possible. Si des renseignements supplémentaires avaient été nécessaires, il les aurait donnés. Si la justification par la foi est le seul moyen par lequel l'homme peut être sauvé, alors c'est bien de la justification par la foi qu'il s'agit, lorsque dans l'Ancien Testament Dieu enseigne son peuple sur le salut. Revenons à l'époque du Nouveau Testament. Mais, me direz-vous: «Depuis un moment vous parlez du plan du salut, et vous n'avez pas introduit le Christ!» Cette omission n'est qu'apparente. Le Jéhovah de l'Ancien Testament n'est pas seulement le Père, mais il est aussi le Christ. L'Ancien Testament ne fait pas la distinction entre les deux Personnes, sauf dans la prophétie messianique. Le Christ, dont l'existence est aussi éternelle que celle du Père, était le moyen de communication entre Dieu et l'homme. Ainsi ce fut le Christ qui, dans le jardin d'Eden, révéla à Adam et Eve le plan du salut; ce fut lui qui enseigna Moïse et lui dicta la loi du haut du Sinaï; lui qui parla par la bouche des prophètes de l'Ancien Testament. Le mystère de l'incarnation Beaucoup de chrétiens ne peuvent comprendre l'incarnation du Christ, car ils se limitent à l'étude des seuls évangiles pour connaître la pensée du Christ. Ils écartent ou méprisent même les enseignements du Christ avant son incarnation. Mais quelque chose de merveilleux survint à l'époque du Nouveau Testament. Au moment opportun, la seconde personne de la Divinité prit une forme humaine. La parole, qui était avec Dieu et qui était Dieu; et par qui toute chose a été faite devint chair et habita parmi nous (Jean 1:1,3, 14). Pourquoi une telle démarche de la part de Dieu ? Etait-elle nécessaire au plan du salut ? Quoique l'homme, créature finie, ne puisse mesurer la profondeur de ce mystère, quelques aspects lui en ont été révélés dans les Ecritures. Le visiteur céleste annonçant la venue du Messie dit à Joseph : // sauvera son peuple de ses péchés. Matthieu 1:21. Comment devait-il le faire? Plusieurs aspects de la question sont à considérer. L'envoyé de Dieu L'apôtre Paul nous dit dans Hébreux 2 :9 : Celui qui a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d'honneur à cause de la mort qu'il a soufferte, afin que, par la grâce de Dieu, H souffrît la mort pour tous. L'homme était condamné à mourir pour ses péchés. Mais le Christ mourut pour nos péchés (1 Corinthiens 15:3). Dieu manifesta son amour envers nous, en ce que lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ mourut pour nous. Romains 5:8. Cette manière simple est celle que les auteurs de la Bible ont choisie pour exposer la doctrine de l'expiation, que le théologien peut rendre si compliquée. La mort du Christ apporte à l'homme l'assurance que la dette relative à ses péchés a été payée, que le pardon total et gratuit lui est offert pourvu qu'il choisisse d'abandonner ses péchés et de suivre la voie de Dieu. En même temps la mort du Christ devient un stimulant puissant. Quand l'homme commence à comprendre la grandeur du sacrifice de Jésus et les souffrances qu'il a endurées pour le racheter, sa fierté fait place à l'humilité et sa volonté inflexible finit par se soumettre. 6 Ainsi, à l'époque du Nouveau Testament, l'élément nouveau introduit dans le plan du salut fut l'arrivée surterre du Messie, arrivée longtemps prédite dans la prophétie et dans le symbolisme des sacrifices. Il fallait tenir compte de Lui. C'était le Messie que Dieu avait promis d'envoyer aux hommes, et s'ils ne l'acceptaient pas comme tel, ils ne pourraient plus être sauvés, même s'ils suivaient soigneusement et fidèlement les instructions dans l'Ancien Testament sur le moyen d'atteindre le salut. Cela posait un problème pour beaucoup de Juifs. Jésus avait l'aspect d'un homme ordinaire. Ses origines étaient modestes (au moins ce qu'ils en savaient). Il ne ressemblait pas au Messie qu'ils s'étaient représenté et il n'agissait pas comme tel. Néanmoins c'était lui, et Jésus donna de nombreuses preuves qu'il était l'envoyé de Dieu. Tous ceux qui voulaient être sauvés devaient croire en lui. Les Juifs croyaient déjà en Dieu, mais croiraient-ils aussi au Messie ? La prière que Jésus adressa à ses disciples était d'une grande importance: Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Jean 14:1. A Nicodème, chef des Juifs, et homme versé dans les enseignements de l'Ancien Testament, Jésus définit clairement l'élément nouveau que sa venue apportait: Quiconque croit en lui (le Fils de l'homme) ne périra pas, mais aura la vie éternelle. Jean 3:16. Un engagement total Croire au Messie suppose beaucoup plus que l'acceptation intellectuelle de son identité. La foi salvatrice est l'engagement total de faire tout ce que le Messie demande. Croire en Jésus signifie l'accepter pour ce qu'il est, et choisir de lui obéir. C'est celui qui abandonne tout et décide de suivre Jésus qui ne périra pas, mais aura la vie éternelle. Ainsi, la foi qui sauve n'est pas quelque substance magique, indéfinissable, mais une expérience de confiance et d'obéissance. Quand le geôlier de Philippes demanda à Paul et à Silas : Seigneur, que faut-il que je fasse pour être sauvé? Il reçut cette réponse: Crois au Seigneur Jésus (Actes 16:30, 31), c'est-à-dire accepte Jésus-Christ comme le maître de ta vie et suis-le. Nous avions précisé, au début de cet article, que nous ne voulions pas commencer notre étude sur la justification par la foi par une définition des mots «justice» et «foi». Mais après avoir considéré d'abord le texte biblique, nous avons trouvé une définition simple de la foi qui se dégage naturellement de la Parole de Dieu. La foi apparaît dépouillée de son mysticisme théologique. L'ignorant comme le savant, le jeune comme l'adulte peuvent la comprendre et en faire l'expérience. Juste ou justifié Considérons maintenant les deux livre de la Bible : Romains et Galates qui traitent de la justification par la foi (du point de vue de la terminologie) plus que tous les autres livres de la Bible. Il y a une raison à cette insistance particulière. Cela, nous devons le comprendre, si nous souhaitons saisir correctement le message de Paul dans ces livres importants du Nouveau Testament. Grand apôtre des Gentils, Paul leur avait enseigné la vérité toute simple de l'Evangile. Le Messie était venu, il avait vécu parmi les hommes, il avait été crucifié, il était ressuscité et était monté au ciel. Les hommes doivent abandonner leurs péchés, et l'accepter comme le maître de leur vie. Mais les chrétiens légalistes s'opposèrent à Paul. Ils soutenaient que les païens convertis devaient aussi garder les différentes lois juives, en particulier la circoncision. C'était là LA JUSTIFICATION PARLA FOI EST-ELLE BIBLIQUE? leur seul espoir d'être acceptés par Dieu. Si ces légalistes avaient insisté pour que les néophytes observent les lois morales de l'Ancien Testament que le Christ lui-même avait données comme étant le reflet de son propre caractère, il n'y aurait eu aucun problème, mais ils prétendaient que le néophyte devait aussi garder les lois cérémonielles, c'est-à-dire les différents sacrifices et fêtes annonçant l'arrivéedu Messie. Puisque le Messie était venu, ces observances symboliques avaient perdu leur signification. De plus, ces légalistes insistaient pour que les lois juives soient gardées selon l'interprétation orale des rabbins. Seule l'observation de toutes ces lois pouvait rendre l'homme juste, disaient-ils. La définition de la «justice» dans le contexte de cette hérésie judéo-chrétienne s'impose ici. La «justice» est cette qualité ou cet état nécessaire pour que l'homme soit agréé de Dieu. Quand un homme est justifié ou qu'il est déclaré juste, cela signifie que Dieu l'a accepté comme son enfant. Pour les légalistes l'homme est agréé de Dieu et devient juste grâce aux œuvres de toutes les différentes lois qu'il doit observer. S'attaquant à leurs enseignements, Paul dit : Sachant que l'homme n'est pas justifié (en grec «Dikaioô» veut dire: «déclarer juste» ou «compter pour juste») par les œuvres de la loi, mais par la foi en Jésus-Christ (Galates 2:16). Pourquoi cette contestation sous-jacente ? C'était à cause de cette controverse avec les légalistes que l'apôtre Paul dut s'étendre sur le sujet beaucoup plus qu'il n'eût été nécessaire en temps ordinaire. Peut-être devrions-nous remercier les légalistes d'avoir incité Paul à être si explicite. D'autre part, tous ceux qui étudient les épîtres de Paul aux Romains et aux Galates sans comprendre la contestation qui est latente dans les deux ouvrages, risquent de se méprendre sur la pensée de Paul. La foi en Jésus-Christ est l'acceptation du Messie, comme nous l'avons dit précédemment. C'est une vie de soumission totale au Christ. Décrivant sa propre vie d'homme de foi, Paul dit : J'ai été crucifié avec Christ, 7 et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au fils de Dieu. Galates 2:20. Dans le livre des Romains, Paul aborde la discussion en examinant dans le détail la position des Juifs et des païens. Tous, qu'ils soient Juifs ou Gentils, doivent accepter le Messie. Tous ont péché et ont trahi la confiance que Dieu avait en eux; mais puisqu'ils acceptent le Messie, ils sont considérés comme justes (Romains 5:1). La vie d'obéissance du Christ (verset 19) et sa mort (verset 8) ont donné à l'homme le moyen d'être accepté par Dieu. Dans l'épître aux Romains, Paul consacre plusieurs chapitres à expliquer ce qu'est vivre dans la foi. Dans la lettre aux Galates, les chapitres 5 et 6 sont une liste de différents conseils d'ordre moral, mais dans la lettre aux Romains il s'étend beaucoup plus sur la question. Dès le chapitre 6, Paul répond à une accusation que les légalistes portèrent contre son enseignement. Comme il a insisté sur le fait que nul ne pourrait être sauvé par les œuvres de la loi, c'est-à-dire par l'obéissance aux diverses lois juives, les légalistes ont pu croire que Paul accordait peu d'importance à la loi et pardonnait le péché. Mais Paul fut catégorique: Que dirons-nous donc ? Demeurerions-nous dans le péché, afin que la grâce abonde ? Loin de là. Romains 6:1, 2. Sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché. Verset 6. Il apparaît clairement dans cette réponse que Paul ne voulait nullement insinuer que les lois morales avaient été abolies. La victoire de la foi Poursuivant son argumentation, Paul attira l'attention sur un point important dans la vie de l'homme de foi. C'est une vie faite de victoires: Car le péché n'aura point de prise sur vous, puisque vous êtes non sous la loi mais sous la grâce. Verset 14. Vivre sous la loi, c'est-à-dire essayer d'être justifié par la loi sans la foi en Christ ne nous rend pas fort. Quelle est cette victoire que l'homme de foi remporte grâce au Christ ? Paul développe ce thème en relatant sa propre expérience dans le judaïsme, avant de trouver et d'accepter le Messie. Pour moi, étant autrefois sous la loi, je vivais; mais quand le commandement vint, le péché reprit vie et moi je mourus. Romains 7 :9. Convaincu d'erreur par le Saint-Esprit, Paul essaya sincèrement de mener une vie droite. Mais sans succès. Il le confessa : Je ne sais pas ce que je fais : je ne fais point ce que je veux, et je fais ce que je hais. Verset 15. Finalement, désespéré, il s'écria : Misérable que je suis ! qui me délivrera du corps de cette mort ? Verset 24. (Nous ne cherchons pas, ici, à nous opposer aux nombreux chrétiens qui croient que, dans sa lettre aux Romains, Paul décrit l'expérience normale du chrétien après sa conversion. Nous présentons ce que nous croyons être l'argument essentiel de Paul, tel qu'il voulait que les Romains le comprennent dans le contexte de l'hérésie judéo-chrétienne.) Une vie nouvelle Dans le chapitre 8, Paul montre comment ceux qui sont sincèrement convertis en Jésus-Christ connaissent la victoire et échappent ainsi à la condamnation. Car grâce à la puissance du Christ, ils ont abandonné les œuvres de la chair et se laissent guider par le Saint-Esprit (verset 1). Il rappelle cette idée que, en dehors du Christ, l'obéissance à la loi morale est impossible : Car l'affection de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu'elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu'elle ne le peut même pas. Verset 7. Décrivant la vie nouvelle que mènent avec le Saint-Esprit ceux qui sont justifiés par la foi, Paul poursuit : S7 vous vivez selon la chair, vous mourrez, mais si par /'Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez. Verset 13. Ainsi Paul développe la promesse faite par l'ange: H sauvera son peuple de ses péchés. Matthieu 1 : 21. Non seulement le Christ a apporté le pardon des péchés, il a aussi délivré l'homme de l'emprise du péché. Quand nous sommes justifiés par la foi (ces mots devraient avoir maintenant un sens pour nous), c'est-à-dire, lorsque nous nous engageons pleinementà suivre le Christ, et que nous entretenons des relations intimes avec lui, alors nous pouvons triompher du péché, c'est ce pouvoir que nous confère la troisième personne de la Divinité. C'est le thème de Romains 6, 7 et 8. La justification par la foi est-elle biblique? Absolument. Mais la justification par la foi n'est qu'une expression parmi beaucoup d'autres, que la Bible utilise pour décrire le processus du salut. De nombreux autres termes peuvent définir le salut. Les auteurs bibliques les ont employés. Aussi celui qui aurait des difficultés à reconnaître la différence entre la justice imputée et la justice impartie ne doit pas s'inquiéter, car son salut ne dépend pas de sa capacité à comprendre ces termes. Les conseils que donne la Bible, concernant le salut, sont d'une grande simplicité. Malheureusement les hommes souvent obscurcissent ce que Dieu a expliqué simplement. Ceux qui sont troublés par les explications que donnent les hommes, devraient se reporter personnellement à la Bible, lire le texte simple, et ils se sentiraient réconfortés par l'amour de Dieu, par son pardon et sa force. Ne crains point, dit Jésus à ses disciples, car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume (Luc 12 : 32). F. NEUFELD 8 LA BIBLE EJ L’ASTROLOGIE Comment expliquer l'engouement actuel pour l'astrologie ? Peut-on être à la fois chrétien et faire confiance à l'astrologie ? Parmi les divers phénomènes sociaux apparus au cours des dernières années, aucun ne paraît mieux révéler la médiocrité spirituelle de nos contemporains que leur passion pour l'astrologie. On peut être surpris à juste titre de constater à quel point cette croyance étrange a trouvé des adeptes dans les milieux journalistiques et politiques comme dans les couches les plus diverses de la société moderne. Des ministres reconnaissent avoir consulté un astrologue au moment de prononcer leurs allocutions télévisées ou lorsqu'ils sont sur le point de prendre certaines décisions importantes. Pourtant, quand on y réfléchit, il est inconcevable qu'Adolphe Hitler, la Reine Elisabeth et moi puissions avoir des points communs du seul fait que nous sommes nés tous les trois un 21 avril. Il est parfaitement stupide de prétendre que notre réussite en affaires, notre santé, ou notre vie sexuelle ont été prédéterminées par la position respective des étoiles et des planètes le jour de notre naissance. Il n'existe pas la moindre preuve scientifique à l'appui d'une théorie aussi irrationnelle. Bien au contraire. C'est sur le conseil d'un astrologue de renom que Hitler décida d'attaquer la Russie, ce qui fut assurément la plus grande erreur stratégique commise par le Chancelier ! Il n'en reste pas moins que, de nos jours, des millions de personnes consultent régulièrement et «religieusement» leur horoscope afin d'essayer de connaître la vérité et la conduite à tenir en divers domaines. J'ai eu récemment l'occasion d'être présenté à un célèbre acteur de Hollywood tandis que je m'apprêtais à parler à la télévision. Après s'être permis une remarque flatteuse à propos de ma femme qui m'avait accompagné, cet artiste fort connu lui dit : «Je parierais que vous êtes un Sagittaire, car beaucoup de jolies femmes sont nées sous ce signe.» Je fus si déconcerté d'entendre des propos aussi absurdes, que je me sentis poussé à les réfuter. Sans mettre en doute l'intelligence manifeste de mon interlocuteur, je lui demandai s'il avait pris soin de vérifier le bien-fondé de sa théorie. Il suffirait, lui dis-je, de relever les dates de naissance de toutes les candidates au titre de Miss Monde pour l'année prochaine. Je m'aperçus alors immédiatement que vouloir parler de preuves scientifiques était... le meilleur moyen de mettre fin à une conversation avec un adepte de l'astrologie. En 1960, des astrologues du monde entier avaient annoncé que cette année-là correspondrait à la plus désastreuse combinaison d'influences planétaires survenue depuis vingt-cinq mille ans. Sept planètes sur neuf devaient apparaître disposées en file, ce qui laissait présager de bien mauvaises nouvelles pour notre vieille Terre. Aux Indes, les devins perdaient littéralement la tête, tandis que leurs confrères américains prédisaient que la Californie allait être engloutie dans un cataclysme et annonçaient même purement et simplement la fin du monde. Or, 1960 s'est écoulé sans qu'on pût constater plus de catastrophes qu'au cours des années précédentes. Les astrologues semblent vouloir ignorer un fait capital, à savoir que, de toute évidence, la destinée de l'humanité n'est pas dirigée par les astres. Hommes et planètes demeurent liés plutôt sous l'autorité souveraine du Tout-Puissant. Reste à expliquer pourquoi tant de personnes par ailleurs intelligentes et cultivées accordent crédit à des hypothèses aussi irrecevables puisque sans fondement. On peut distinguer trois raisons principales : 1. Ces dernières années, un vide spirituel immense s'est creusé dans l'âme de beaucoup de gens qui, auparavant, croyaient sincèrement en Dieu. Désormais, Dieu étant mort à leurs yeux, ils sont à la recherche d'une forme de croyance susceptible 9 de le remplacer et de donner dans une certaine mesure un sens et un but à leur existence. Aussi bien, quelqu'un a pu dire que « la superstition est un ver surgissant du tombeau de la foi en décomposition. » Oui, tout être humain a besoin de croire en quelque chose. Et lorsqu'il n'a plus la vraie foi en Dieu, il est finalement tenté d'adhérer à de vaines superstitions. 2. L'astrologie est la seule «religion» qui ne requiert aucune obligation de la part de ses fidèles : pas d'offices religieux à fréquenter, pas de denier du culte à verser, pas de liturgie à respecter; elle n'exige pas non plus ni obéissance, ni sacrifice au nom de quelque morale que ce soit. En tout cas, il n'est nullement question de «porter sa croix», et moins encore de mourir pour la cause de l'astrologie. Il suffit de lire les horoscopes insérés dans les journaux et de croire aux présages formulés par ses devins. A moins qu'on ne préfère payer pour obtenir un super-horoscope individualisé et personnellement dédicacé par ordinateur IBM. 3. On aurait tort de sous-estimer la puissance qui anime l'actuel courant d'intérêt pour l'astrologie; ce dernier n'est rien moins qu'un instrument de Satan lui-même. Dès lors, chaque fois qu'un astrologue prédit un événement qui se réalise, on peut être sûr d'être en présence d'une manifestation de la perspicacité diabolique du grand adversaire. Pourquoi avons-nous estimé nécessaire d'insérer cet article dans une revue d'inspiration chrétienne? Parce qu'on est en droit de se demander si bon nombre de chrétiens, même pratiquants, ne se hasardent pas à lire leur horoscope et à prêter une oreille plus ou moins attentive aux pronostics des astrologues. L'astrologie ne doit pas être considérée comme une simple mystification, mais bien plutôt comme un dangereux stratagème de Satan dont il convient de se défier. Au demeurant, ce n'est pas là le reflet d'un point de vue personnel, mais, celui de la Parole de Dieu, telle qu'elle est contenue dans la Bible. En terminant, nous nous bornerons à en citer quelques extraits qui se présentent comme les commandements de Dieu lui-même concernant l'astrologie et la magie : N'imitez pas la conduite des païens ; ne redoutez pas les phénomènes célestes comme le redoutent les païens. Jérémie 10 : 2, version Maredsous. Tu as gaspillé tes efforts, parmi tant de conseillers. Qu'Hs se lèvent donc et qu'ils te sauvent, ceux qui font la carte du ciel et observent les astres, qui font savoir chaque mois comment iront les choses. Les voilà comme des fétus de paille que le feu consumera ; ils ne pourront échapper aux atteintes de la flamme.... Voilà ce que vaudront tes enchanteurs que tu t'es évertuée à consulter dès ta jeunesse. Ils se sauvent éperdus, chacun de son côté, sans que personne vienne à ton secours. Esaïe 47 : 13 à 15. Si quelqu'un s'adresse à des spirites ou à des devins pour forniquer avec eux, je tournerai ma face contre cet homme et je le retrancherai du milieu de son peuple. Lévi-tique 20 : 6. // ne se devra trouver personne chez toi qui fasse passer par le feu son fils ou sa fille, aucun devin, aucun astrologue, aucun augure, aucun sorcier ni magicien, aucun spirite, aucun devin ni évocateur de morts, car le Seigneur, ton Dieu, a en horreur ceux qui s'adonnent à ces pratiques... Deutéronome 18 : 10 à 12. On sait bien ce dont est capable l'homme livré à ses penchants naturels, tout ce que produit la vieille nature vous est familier, ce sont d'abord les pensées impures, la sensualité, l'immoralité, l'indécence, le libertinage, l'adultère, la débauche. C'est ensuite le culte des idoles, l'adoration des faux dieux, les superstitions, l'occultisme, la sorcellerie et la magie. Epître de saint Paul aux Galates, 5 : 19, 20; transcription moderne des épîtres de Paul, d'après Alfred Kuen. J. DOBSON 10 LA BIBLE L’ASTROLOGIE MAL PROBLEME Par le fait du péché de l'homme, Satan est demeuré, sans doute, le maître de cette terre; il a même gagné un agent de plus. Celui qui devait lui enlever son empire est devenu son allié, son esclave. De quelles pesantes chaînes ne l'a-t-il pas chargé? L'idolâtrie avec ses honteuses pratiques, la guerre, avec ses sanglantes horreurs, la mort avec ses inexprimables angoisses, le péché surtout avec ses turpitudes et ses remords, voilà les monuments du pouvoir de Satan sur l'humanité. Frédéric Godet Si l'acte créateur nous place devant un mystère qui dépasse notre compréhension, il est un problème angoissant qui empêche des incroyants d'accéder à la foi et qui trouble souvent la foi des croyants: c'est le problème du mal. En vain des philosophes optimistes ont cherché à nier ou tout au moins à minimiser l'existence du mal. Le mal est partout : dans la nature, souvent bouleversée par des sécheresses, des pluies dévastatrices, des inondations, des cyclones, des séismes ; chez l'homme comme chez les êtres inférieurs, sous forme de maladies qui atteignent même les animaux et les plantes, sans compter la mort, ce mal suprême; chez l'homme encore, sous forme de désordres moraux de toutes sortes. Inutile de chercher une explication : le mal est inexplicable. Le mal c'est ce qui ne doit pas être, c'est une anomalie; l'expliquer serait en quelque sorte lui trouver une justification. « Le péché est essentiellement irrationnel.» — Augustus-Hopkins Strong, Systematic Theo/ogy, Ro-chester, 1886. Nouv. éd., Philad., 1912, p. 587. «Nous le confessons franchement, nous la constatons (la présence du mal) mais nous ne l'expliquons pas, parce que nous la croyons inexplicable. Nous devons renoncer à toute solution du problème, avouer notre ignorance absolue et nous contenter de déplorer le fait du mal moral. Disons-nous bien une chose : qu'expliquer le mal, c'est en donner la raison d'être. Or, qui ne voit que, s'il a une raison d'être, il n'est plus le mal?» — Louis Goumaz, Les Conquêtes de /'Esprit, Laus., 1947, p. 200, 201. «Si d'une manière générale le bien est ce qui doit être, comme cela résulte de la définition même de la notion du bien ; si le bien est ce qui est conforme à la loi, qu'il s'agisse de la loi naturelle ou de la loi morale, ou d'une loi identique à la volonté de l'Etre suprême libre et personnel que nous appelons Dieu, le mal, au sens absolu du mot, sera ce qui ne doit pas être, ce qui est 11 LE DU illégal et anormal.» — Augustin Gretillat, La Morale chrétienne, II, Neuch., 1899, p. 4. «Expliquer le péché ce serait montrer à quelle nécessité il obéit et en quoi il est conforme à la raison. Ce serait en définitive en faire l'apologie en le reliant au bien et en le rendant raisonnable. Il ne serait plus le mal. Il ne serait plus un acte libre... La Bible ne cherche donc pas à expliquer l'origine du mal. Elle se borne à le décrire et à constater la chute.» - Gaston Deluz, Prédestination et liberté, Neuch., 1942, p. 174. « Pourquoi notre choix n'est-il pas meilleur, pourquoi préférons-nous librement le mal au bien, c'est ce qu'il faut, selon toute apparence, renoncer à comprendre. Expliquer, d'ailleurs, serait absoudre, et la métaphysique ne doit pas expliquer ce que condamne la morale. » —Jules bachelier, Œuvres, I, P., 1933, p. 218. Nous savons une chose, grâce au récit biblique : l'homme n'est pas l'inventeur du mal ; le mal existait avant l'apparition de l'homme. L'Eternel Dieu prit l'homme et le plaça dans le jardin d'Eden, pour le cultiver et pour le garder. Genèse 2 : 15. «Le récit de la création laisse entendre qu'il existait sur la terre, au moment où l'homme est apparu, un ou plusieurs ennemis de Dieu et de l'homme; Satan avait déjà failli.» — Ruben Saillens, Les Mystères de la Foi, p. 172. Satan, l'initiateur du mal Dieu n'est pas l'auteur du mal. Satan, tel est le nom que la Bible donne à l'auteur du mal, n'a pas toujours été le menteur et le meurtrier dénoncé par Jésus. H n'a pas persévéré dans la vérité. Jean 8 : 44. Voici le langage que lui tient le Seigneur : Tu étais le couronnement de l'édifice, plein de sagesse, parfait en beauté. Tu te trouvais dans l'Eden, le jardin de Dieu... Je t'avais oint, comme un chérubin protecteur ; je t'avais établi sur la sainte montagne de Dieu ; tu marchais au milieu des pierres aux feux éclatants. Tu fus irréprochable dans ta conduite, depuis le jour où tu fus créé, jusqu'au temps où l'iniquité parvint à pénétrer chez toi. Ezéchiel 28 : 12-15. Cet oracle fait partie d'un discours adressé au roi de Tyr. Les rois de la terre, quand ils sont impies, deviennent souvent, dans l'Ecriture, des types et comme des incarnations de Lucifer, l'ange déchu. Satan est un être créé. C'est donc une erreur de se le représenter comme une sorte de divinité malfaisante opposée au Dieu juste et bon, et son égale en puissance et en durée. Entre Dieu et Satan il y a toute la distance qui sépare le Créateur de la créature. Lucifer occupait une des plus hautes positions de l'univers : celle de chérubin protecteur. Toujours en présence du Seigneur de gloire, cet ange vivait dans un ruissellement de lumière. A l'origine, il était un être lumineux et pur. Lucifer, le porte-lumière, est devenu Satan, l'adversaire, le révolté, le séducteur. Comment es-tu tombé du ciel, astre brillant, fils de l'aurore ? ... Tu disais en ton cœur : Je serai semblable au Très-Haut. Esaïe 14 :12-14. Cet oracle fait partie d'un discours adressé au roi de Babylone. « Esaïe, divinement inspiré, attribue au roi de Babylone des faits qui n'ont pu s'accomplir que lors de la chute de Satan. » — Gustave-Adolphe Krueger, Explication sommaire de quelques livres de /'Ancien Testament et de l'Apocalypse, Toul., 1913, p. 175. « Derrière cette figure de l'oppresseur d'Israël se trouve cachée celle du grand tyran de l'humanité.» -Alexandre Morel, Vers le trône, Laus., 1912, p. 311. «Il y a ici, par-delà le roi de Babylone, une personnification de Satan, et la raison de sa chute nous est donnée : l'orgueil.» - Ida Brunei, née Barbier, La Royauté du Seigneur Jésus, Cahors, s.d., p. 42, 43. L'homme, victime de Satan Créé innocent, l'homme devait être soumis à une épreuve : s'il en sortait victorieux, il passait de l'innocence, une sainteté provisoire et relative, à une sainteté positive et parfaite. On sait, par le récit du chapitre 3 de la Genèse, qu'Adam a succombé ; il en est résulté un déluge de maux pour lui et ses descendants. «Ce n'est pas l'origine du mal, mais celle de la première transgression de l'homme que raconte le chapitre 3 de la Genèse. »— Eugène Le Savoureux, Etudes hist. et exég. sur TA.T., p. 343. « Le dogme chrétien de la chute de l'humanité renferme la doctrine philosophique qui rend le mieux compte à la raison des données de l'expérience à l'occasion desquelles se pose le problème du mal.» - Ernest Naville, Le Problème du Mal, Gen., 1868, p. 169. Première conséquence de la chute : la dégénérescence physique et morale de l'humanité «Adam est seul responsable de sa faute ; elle ne peut nous être ni imputée, ni transmise. Ce qu'il nous transmet, c'est la déviation morale, la disposition vicieuse qui est le résultat de son acte coupable. Nous naissons tous pécheurs, non pas en ce sens que nous avons déjà péché, mais en ce sens que nous portons en nous le germe du péché, qui se développera infailliblement. Et ce germe du péché est déjà une souillure et une cause suffisante de séparation entre Dieu et nous. »- François Bonifas, Hist. des Dogmes de /'Eglise chrétienne II, p. 192. « Il a été commis à l'origine de l'humanité une faute qui a entraînélegenrehumaindanslemal et le malheur, de telle sorte que les 12 hommes souffrent des conséquences de cette faute et des conséquences de ces conséquences, jusqu'à ce que les virtualités du mal soient épuisées et anéanties.» - Ernest Rostan, Etudes sur la valeur de la souffrance, 2e éd., Laus., 1911, p. 140. Deuxième conséquence : l'humanité scindée en deux L'oracle du chapitre 3 de la Genèse faisait prévoir que les descendants du premier couple constitueraient deux familles rivales, deux postérités opposées : celle des croyants, vivant dans l'attente de la délivrance promise, celle des incrédules, tournés vers la satisfaction des passions inférieures. «Sur deux lignes parallèles, mais en sens contraire, marchant sans se toucher et sans s'unir, deux races, deux humanités.» — Alexandre Vinet, Etudes et Méditations évangéliques, II, Laus., 1952, p. 42. Ces deux familles spirituelles entre lesquelles se partage l'humanité ne sont pas séparées par une barrière infranchissable. Pour ceux qui suivent une marche ascendante, il existe une tentation : celle de redescendre au niveau des hommes qui suivent la voie large et facile aboutissant à la perdition. D'autre part, ces derniers sont invités à se détourner du mal, à entrer par la porte étroite et à s'engager sur la voie conduisant à la vie éternelle. Troisième conséquence : le travail Le cerveau et les muscles de l'homme ont besoin d'exercice pour se maintenir et se développer. Dieu avait pourvu à cela en prévoyant une occupation pour lui (Genèse 2:15). Occupation signifiait délassement. A la suite de la chute, l'effort agréable a été remplacé par l'effort pénible (Genèse 3 : 17-19) : le travail, au sens étymologique du mot, qui évoque l'idée de fatigue, de peine. Quatrième conséquence : la souffrance La création a été assujettie à la vanité, non pas volontairement, mais à cause de celui qui l'y a assujettie... Car nous savons que jusqu'à ce jour toute la création soupire, et qu'elle est comme en travail ; et non seulement elle, mais nous, ... nous soupirons, nous aussi, en nous-mêmes. Romains 8 : 20, 22, 23. « Il nous faut poser comme axiome fondamental que le mal est incompatible avec la sainteté de Dieu, que, par conséquent, il doit être réprimé et disparaître, et qu'ainsi se justifie la valeur pénale de la douleur.» — Ernest Rostan, Etudes sur la valeur de la souffrance, 2e éd., p. 51. En outre, la souffrance est un moyen pédagogique. Elle a une valeur éducative : « La souffrance nous paraît posséder une vertu éducatrice incomparable.» — Georges Fulliquet, Le problème de la souffrance, p. 35, Genève, 1909. Cinquième conséquence : la mort Mis à l'épreuve dans son état d'innocence, l'homme était menacé de mort en cas de désobéissance (Genèse 2 : 17). Après qu'il eut transgressé l'ordre divin, il lui fut rappelé qu'il était condamné à retourner à la poussière d'où il avait été tiré (Genèse 3:19). Ce serait une erreur de voir dans la mort uniquement un châtiment. « Elle est bien un châtiment voulu par Dieu, mais dans ce châtiment il y a aussi une grâce : que serait, que pourrait être l'existence de l'homme pécheur, n'entretenant plus de relations confiantes avec son Père, soumis à la vanité, connaissant la souffrance et la peine, s'il devait encore vivre toujours ? Il faut donc que l'homme ne possède pas cette immortalité malheureuse. Il vaut mieux que l'homme retourne à la poussière d'où il a été tiré. L'immortalité pour lui serait un poids intolérable.» - Roger Mehl, Notre vie et notre mort. Innocent, Adam était un candidat à l'immortalité. Au lieu de s'élever de l'innocence à la sainteté par l'obéissance, il a transgressé la loi divine et il a attiré sur lui une condamnation à mort. Comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort,... ainsi la mort a passé sur tous les hommes, parce que tous ont péché. Romains 5:12. Un lien de cause à effet unit le péché et la mort : Le salaire du péché, c'est la mort. Romains 6 : 23. La généalogie de la mort a été établie comme suit : Dieu ne peut être tenté par aucun mal, et lui-même ne tente personne. Mais chacun est tenté, quand H est attiré par sa propre convoitise. Puis la convoitise, ayant conçu, donne naissance au péché ; et le péché, étant consommé, enfante la mort. Jacques 1 : 13, 14. «La mort qui règne partout, bien loin de faire partie du plan créateur, y a été introduite, et y est entretenue comme un désordre par la désobéissance humaine. Le vague souvenir, quasi universel, de ce que les anciens appelaient l'âge d'or, rejoint ici les affirmations scripturaires, tant de la Genèse que de l'épître aux Romains. La mort, telle que nous la connaissons et la subissons, ne faisait point partie du plan initial de Dieu. Elle est, au contraire, sous le couvert d'une chose naturelle, un salaire diabolique pour les hommes qui s'imaginent tous pouvoir commettre le mal impunément et même innocemment.» — Pierre Bourguet, Problèmes de la mort et de l'au-delà, P., 1947, p. 37, 107. «La mort n'est pas naturelle, parce qu'elle n'est pas liée à la volonté de Celui qui nous a appelés à l'existence. Dieu a créé non des objets qu'il pourrait ensuite détruire, mais des êtres qui marchent 13 devant lui. La pensée de la mort est étrangère au Créateur.» — Roger Mehl, Notre vie et notre mort, P., 1953, p. 31. «Nous distinguons le péché et son salaire, la mort : le mal et le malheur. Cette distinction est abstraite et conventionnelle. Le salaire du péché, c'est le péché; le péché, c'est virtuellement la mort.» — Ernest Rostan, ouv. cité, p. 45. La mort, c'est la cessation de l'existence. Une fausse philosophie a cherché à faire de la mort une autre forme de la vie, voire même une promotion à un état supérieur, un épanouissement de l'être. Pour les écrivains sacrés, la mort est un ennemi (1 Corinthiens 15:26). Dieu seul est éternel. Le mal n'est qu'une parenthèse dans l'histoire de l'univers. Il a eu un commencement, il aura une fin. Le péché sera extirpé, la mort sera vaincue. La conservation de l'univers La création achevée (Genèse 2:1), le même Verbe qui a été l'agent divin au commencement continue son action, soutenant toutes choses par sa parole puissante (Hébreux 1:3). « Le monde n'a pas été achevé par Dieu une fois pour être ensuite abandonné à lui-même.»- Harris-Franklin Rail, La foi et la conduite du chrétien, trad. Léopold Bénézet, Alger, 1957, p. 32. «Cause souveraine de toute réalité, Dieu ne peut abandonner l'univers à lui-même. La Providence n'est que la création prolongée; aussi les symboles de la Réforme mettent-ils ces deux doctrines dans un rapport très étroit.» —Jules Bovon, Dogmatique chr., I, Laus., 1895, p. 298. « Ne croyons pas que la Providence de Dieu s'étende seulement au sort des espèces, sans s'inquiéter des individus, ou à quelques saints ou groupes privilégiés, en se désintéressant du reste. La Providence de Dieu s'étend autant que s'étend sa causalité.» — Gaston R a beau, Dieu, son existence et sa providence, P., 1941, p. 177. « Le mot providence renferme deux notions étroitement unies et complémentaires: prévoir et pourvoir.» - Paul Perret, Le monde et l'humanité, 2e éd., P., 1931, p. 53. Certains philosophes païens, sans posséder les lumières que nous puisons dans les Ecritures, ont su découvrir l'action de la Providence dans la nature. «Les philosophes grecsqui ont le plus nettement affirmé la Providence des dieux ou de Dieu sont: Socrate, Platon, les stoïciens, notamment Epictète. Les trois philosophes que nous venons de nommer affirment avec une égale chaleur que la divinité ou les dieux prennent soin des hommes. Les raisons qu'ils nous donnent sont identiques. La nature, l'organisation physique de l'homme, tout témoigne de la bienveillance des dieux envers l'homme; tout a été disposé, ordonné en vue de lui ; il n'y a qu'à ouvrir les yeux pour se convaincre que si l'on ne voit pas les dieux, cependant, à en juger par leurs œuvres, ils existent et démontrent leur existence par leur bonté. Epictète est tellement sensible à la bienveillance de Dieu partout répandue dans l'univers qu'il s'en veut de ne pas être assez reconnaissant... On a fait remarquer avec raison que cette belle conception de la Providence est, chez les trois philosophes dont il s'agit, essentiellement l'expression d'un sentiment religieux. En effet, leur philosophie n'impliquait pas nécessairement cette doctrine. Celle de Platon semblait devoir l'exclure.» — Eugène de Faye, Clément d'Alexandrie, P., 1898, p. 227. LE PROBLEME DU MAL Emile FAWER 14 DES RAISONS D’ESPERER ncore que cette conscience de l'irréversible ne doit pas déboucher sur la mauvaise conscience tout court. Sur la crainte encore moins. Il n'y a rien en soi qui puisse donner lieu, dans la constatation que rien ne peut effacer de l'Histoire le moindre d'entre nous, qui doive alimenter un sentiment de culpabilité, ou de fatalité — et que la faute encore soit indélébile. C'est tout autre chose. Il ne s'agit pas de mes actes, qui peuvent toujours être compensés, pardonnés, oubliés, un à un, mais de mon existence, en bloc. Je peux garder la certitude du pardon où Dieu me tient, tout en concevant justement ce qu'il y a là d'encore plus solennel, en ce sens que je ne me trouve plus engagé seul, mais avec lui, qui donne; et qui m'assure alors qu'il n'est pas possible qu'il n'ait point donné. (Seul Dieu a sur l'homme cette perfection que ses actes sont le parfait reflet de son existence, et que c'est peut-être cela la sainteté où il nous veut.) «Maintenant que l'homme existe, pour n'être plus que poussière, à jamais H est trop tard. » 'épie, sur les visages, des raisons d'espérer. Je les vois certaines. Je les voudrais multiples. Je les voudrais centaines. Il n'est pas possible, il n'est pas pensable que tout ce monde s'en aille au néant. Ce sourire, cet éclat de bonté, ce regard, cette chaleur du baiser que l'on donne, tout cela qui vient de la poussière, parce qu'il existe maintenant, ne peut plus que triompher de la poussière. Maintenant que l'homme existe pour n'être plus que poussière, à jamais, il est trop tard. On ne peut faire comme s'il n'avait jamais été. La parole «vanité des vanités», si elle est vraie, malheureusement vraie, ne tient quand même pas compte de ce qu'il y a d'irréversible dans l'existence de l'homme. e qui m'aura toujours frappé dans la destinée humaine, c'est,beaucoup plus que sa possible grandeur, son irréversibilité. Parce que là, nous sommes tous atteints. Mon sort pourra être le plus minable, le plus obscur à la fois et le plus méprisé, il ne pourra jamais se faire que je n'aie jamais vécu. A partir de là, on peut construire, beaucoup plus solidement que sur le cogito cartésien, qui restera toujours une démarche intellectuelle, donc abstraite. Cette certitude de l'irréversibilité, qui crée pour chacun celle de sa nécessité, mord à même, si j'ose dire, en l'existence, pousse en avant et incite, quels que soient les ratés du départ, à faire mieux, avec ce qu'on a. Au fond, voilà : je ne suis pas un de ces atomes perdus de la poussière du monde, un de plus un de moins, mais un être bizarre, rien et tout à la fois, dans une encore plus bizarre situation, qui ne tient sa grandeur que du projet divin : car Dieu ne se repentant pas de son appel, il ne peut se faire non plus que cet appel, à moi adressé, n'ait jamais existé. Donc, que je me console : j'existe, non pas tant parce que je pense, comme le voulait Descartes, mais parce que j'ai été. Et il ne pourra jamais se faire que cet acte de tendresse, cette poignée de main, ce sourire, cette souffrance, cette épreuve surmontée, jusqu'à cette prière exaucée n'aient jamais été. Le monde aura beau se détruire, la mort n'aura jamais raison de lui, car elle ne pourra faire taire son existence. Car tout aura vécu, irréversiblement. Aux yeux de qui ? Car il faut bien un témoin, qui à lui seul fasse l'existence des autres, et la reçoive : vous, moi, quiconque ce soir va continuer sa route. Norbert HUGEDÊ (Extrait de «Lettres d'espérance») 15 JUSQU’A CE QUE„ Ce qui arriva au temps de Noé arrivera de même à l'avènement du Fils de l'homme. Car, dans les jours qui précédèrent le déluge, les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche ; et ils ne se doutèrent de rien, jusqu'à ce que le déluge vînt et les emportât tous : il en sera de même à l'avènement du Fils de l'homme. Matthieu 24 : 37-39. Le temps des moqueurs Là, au moins, il y avait de quoi rire ! Pensez un peu : un échafaudage démesuré, gigantesque. Des gens qui s'affairaient, se prenant très au sérieux. C'est un bateau que l'on prétendait construire. A des dizaines, peut-être à des centaines de kilomètres de toute étendue d'eau... Et en fait de bateau, il fallait voir : sa longueur devait excéder 150 m. Plutôt encombrant pour le transporter ! Ne parlons pas de sa maniabilité. D'ailleurs, c'est simple : on n'avait même pas prévu de gouvernail. On comprend que les gens de l'époque se soient esclaffés. On devait venir de loin pour admirer ce monument à la bêtise et à la crédulité humaines. Certains n'avaient pas perdu la tête : ils s'étaient empressés d'aménager des stands avec des rafraîchissements et toutes sortes de marchandises. C'était une occasion en or, avec tout cet attroupement. Question publicité, pas de souci à se faire. Les visiteurs alerteraient d'eux-mêmes leurs amis, leurs voisins : « Ne manquez surtout pas cela ! La curiosité du siècle. C'est à mourir de rire. » Qui sait si un petit malin n'avait pas eu l'idée géniale de fabriquer en série des «arches de Noé en miniature»? L'hilarité une fois déclenchée par le modèle original, la petite arche-souvenir suffirait à l'entretenir... Et puis, n'oublions pas les grandes querelles théologiques auxquelles devaient se livrer à l'occasion les représentants des différents cultes idolâtres, venus tout exprès pour houspiller les constructeurs de l'arche. Cela ne constituait qu'une attraction de plus. 16 Heureusement, on parvint sans trop de peine à trouver une explication satisfaisante. Le déluge, comprenez-vous, c'était une image de ce qui se passait à l'intérieur de l'homme. Noé ne s'était pas trompé, mais il convenait de saisir les symboles cachés dans sa prédication. D'abord, la grande inondation était d'ordre spirituel : il s'agissait d'une «épuration morale» à laquelle chacun devait se soumettre. Tous les «éléments inférieurs» de la personne humaine seraient emportés et disparaîtraient. Seule subsisterait la plus haute sphère, celle de la pensée, représentée par l'arche qui flotte sur les eaux, dominant la tourmente... De quoi ravir les amateurs de psychologie : dans ce cadre, ils pouvaient facilement étudier les différents travers du comportement humain. Toute- la gamme leur était offerte : des fanatiques aux indifférents, des simples curieux aux illuminés, rien ne manquait au tableau. Le plus intéressant, évidemment, c'était Noé lui-même. Un cas typique d'autosuggestion morbide. Les symptômes abondaient : il prétendait connaître la volonté de Dieu par une révélation spéciale (hallucination) ; il croyait fermement à la proximité de la fin du monde (obsession) ; il condamnait l'immoralité de ses contemporains (mauvaise liquidation de ses complexes personnels !)... Le temps des interprètes Cela faisait tout de même bien longtemps que l'on parlait du déluge. Et rien ne se passait. On s'interrogeait jusque dans les rangs de ceux qui avaient pris le parti d'aider Noé. Les moins affermis choisissaient de déserter purement et simplement. D'autres étaient en quête d'une nouvelle interprétation des faits qui permettrait de justifier en toute bonne logique ce «retard» apparent. Il fallait se ménager une porte de sortie. La fortune de cette nouvelle interprétation fut considérable. On y voyait deux avantages : ceux qui lui donnaient leur suffrage se distançaient à la fois des railleries des incrédules et du fanatisme un peu ridicule de Noé. On pouvait y souscrire sans crainte : l'élite s'y était ralliée. La grande majorité fit un pas de plus et admit que la fameuse «voix» entendue par Noé ne venait assurément pas d'un Dieu extérieur à lui (quelle naïveté, quel primitivisme de croire à un Dieu personnel !). Elle n'était que le fruit d'une intuition, d'une prise de conscience : la pensée de l'homme, voilà l'organe «divin». Quant à l'arche, elle ne gênait plus personne : il suffisait qu'elle ait donné à l'humanité la leçon dont elle était porteuse. Bien entendu, il n'était plus question d'y entrer, puisqu'il n'y aurait jamais de déluge universel. Seule comptait dorénavant la purification intérieure — un événement personnel qu'on ne pouvait ni dater, ni constater de l'extérieur. Parmi les ouvriers qui avaient offert à Noé leur collaboration, les défections étaient de plus en plus nombreuses. A quoi bon poursuivre une œuvre astreignante, s'il était vrai que l'arche n'avait qu'une fonction symbolique ? Et puis, entre nous, il y avait assez longtemps qu'on se faisait ridiculiser... Ils n'étaient plus qu'une poignée (une dizaine en tout) à croire au déluge littéral. Tous de la famille de Noé : sa femme, ses trois fils et leurs femmes respectives, son père et son grand-père (qui commençait à se faire âgé). Et le jour vint où Lémec (le père de Noé) s'éteignit, avant même le vieux grand-papa. Assurément, ce dernier n'allait pas tarder à suivre. Une première brèche dans la famille. Il fallait s'y attendre : toutes choses s'écroulent... Bientôt, Noé lui-même ne serait plus qu'une voix du passé. Pour les contemporains, l'affaire était classée. On n'observait plus le ciel, comme dans les premiers temps, pour se prouver qu'il restait toujours aussi serein. Les parents amenaient leurs enfants près de l'arche et leur disaient : «Rien n'a changé depuis le jour où nous sommes venus ici pour la première fois. Tenez : nous étionsà peineplusgrandsquevous !» Et les enfants de s'étonner : «Ah ! quand vous étiez comme nous, ce bateau se trouvait déjà là ? Mais alors, ce grand-papa doit être bien fatigué d'y avoir travaillé si longtemps... » 17 Le temps du Seigneur De grands doutes avaient surgi dans les esprits au moment où les bêtes des champs et les oiseaux du ciel avaient trouvé dans l'arche un lieu de refuge. Ils y étaient entrés dans un ordre parfait. Spectacle étonnant ! Personne ne put en donner une explication satisfaisante. Quand Noé et les siens eurent pénétré dans l'arche, l'étonnement fit place à la stupeur : ne vit-on pas la lourde porte se refermer toute seule, sans l'aide de qui que ce soit ? Mais fallait-il vraiment se laisser troubler par ces mystères ? N'était-ce pas un truc de Noé pour impressionner la foule ? De toute façon, le soleil continuait de briller d'un éclat rassurant. On s'empressa de noyer sous de nouvelles railleries les questions qui avaient fait surface. Les scènes de dissipation redoublèrent. Les rires, les orgies et les danses reprirent de plus belle. La frayeur passagère céda le pas devant les remous d'une violence plus que millénaire... Les hommes ne se doutèrent de rien. Ils portaient sur eux un jugement écrasant : vous imaginez-vous toute une génération frappée de cécité spirituelle? Et les «interprètes», où se trouvaient-ils? En tout cas pas dans l'arche ! Je ne les envie pas : leur «épuration morale» ne leur serait pas d'un bien grand secours... Je suis prêt à le redire, même si cette idée doit vous choquer : à l'extérieur de l'arche se tenaient peut-être quelques personnes tout à fait honorables. Supposons même qu'elles aient eu un idéal de vie bien supérieur à celui de leurs contemporains et qu'elles aient lutté pour l'instauration de la justice. Qu'importe, finalement ? Leur malheur, c'était de se trouver au moment crucial A L'EXTÉRIEUR DE L'ARCHE. Leur moralité les mettait en valeur, soit. Mais le vrai problème n'était précisément pas de se mettre en valeur soi-même. La seule chose requise était la foi, qui prend au sérieux la parole de Dieu. Avoir la foi, du temps de Noé, équivalait à croire au déluge et à le montrer concrètement par l'entrée dans l'arche. Le drame, c'est que les gens de cette époque ne se soient doutés de rien jusqu'à ce que vînt le déluge. JUSQU'A CE QUE... Sept jours après avoir fermé la porte de l'arche, Dieu fit jaillir les sources du grand abîme et ouvrit les écluses des cieux. L'événement si longtemps prêché se produisit enfin. Ce n'était pas un mythe. Pour les moqueurs et les raisonneurs de tout acabit, la porte était close. Celle de l'arche, mais aussi et surtout celle de leur vie, de leur salut. Celle de la grâce de Dieu. H en sera de même à l'avènement du F Us de l'homme. Ce n'est pas moi qui le dis. La comparaison vient de Jésus, qui devait tout de même être au courant. L'établissement de son royaume sera aussi réel, aussi visible que le déluge. Les railleries, la violence et le mépris transparaîtront tout autant qu'aux jours de Noé. L'acte de foi ne sera pas plus vague, plus flou. L'acte de foi ? Mais dans quelle arche faut-il entrer ? Exactement dans la même que les antédiluviens : dans celle de l'obéissance par la foi — et ne vous attendez pas à être félicité par vos contemporains ! Si vous ne savez pas de quoi je veux parler, relisez les commandements, reprenez les ordres de Dieu les uns après les autres. Essayez de déterminer le point précis qui vous attirerait immanquablement la réprobation unanime. Si vous êtes prêt à obéir sans réserve, vous découvrirez ce que le Christ attend de vous. Ne remettez pas à plus tard cet examen personnel. Ne courez pas le risque d'avoir trop attendu. Car ce qui était vrai autrefois l'est encore aujourd'hui, à plus forte raison : «Il est une limite au-delà de laquelle les châtiments divins ne peuvent être différés. » Ne laissez pas se refermer la porte de l'arche... 18 7. Qu'est-ce qui caractérise la Parole de Dieu ? Ta Parole est la vérité. Jean 17 : 17. L’INSPIRATION 8. Comment peut-on contrôler les affirmations de ceux qui prétendent enseigner la vérité ? A la loi et au témoignage ! Si l'on ne parle pas ainsi, il n'y aura point d'aurore pour le peuple. Esaïe 8 : 20. 9. Que doit être la Parole pour nous qui sommes dans un monde de ténèbres, de péché et de mort ? SAINTES ECRITURES 1. Comment les Ecritures ont-elles été données ? Toute Ecriture est inspirée de Dieu. 2 Timothée 3:16. 2. Par qui les écrivains sacrés ont-ils été poussés ? Car ce n'est pas par une volonté d'homme qu'une prophétie a jamais été apportée, mais c'est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu. 2 Pierre 1 : 21. 3. Qui donc a parlé par ces hommes ? Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu... Hébreux 1:1. 4. Dans quelle intention la Parole de Dieu a-t-elle été écrite ? Tout ce qui a été écrit d'avance l'a été pour notre instruction, afin que, par la patience, et par la consolation que donnent les Ecritures, nous possédions l'espérance. Romains 15 : 4. 5. A quoi servent les saintes Ecritures ? Toute Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice. 2 Timothée 3:16. 6. Qu'est-ce que Dieu se propose en donnant les Ecritures ? Afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre. 2 Timothée 3:17. Ta Parole est une lampe devant mes pieds, et une lumière sur mon sentier. Psaume 119 : 105. 10. Combien de temps la Parole de Dieu subsistera-t-elle ? La Parole de notre Dieu subsiste éternellement. Esaïe 40 : 8. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. Matthieu 24 : 35. 11. De qui les Ecritures rendent-elles témoignage ? Vous sondez les Ecritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle : ce sont elles qui rendent témoignage de moi (Jésus-Christ). Jean 5 : 39. 12. Quelle est la nature de la Parole de Dieu ? Car la parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu'une épée quelconque à deux tranchants... elle juge les sentiments et les pensées du cœur. Hébreux 4:12. 13. Qu'est-ce que le Christ affirme concernant ses propres paroles ? Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. Jean 6 : 63. 14. Quel est le nom donné à Jésus en tant qu'incarnation de la pensée divine ? Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. ... Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous. Jean 1 : 1, 14. 15. Qu'est-ce qui était dans la Parole ? En elle était la vie. Jean 1 : 4. 19 DES SERVITEUR INUTILE Qui de vous, ayant un serviteur qui laboure ou paît les troupeaux, lui dira, quand il revient des champs: Approche vite, et mets-toi à table? Ne lui dira-t-il pas au contraire: Prépare-moi à souper, ceins-toi, et me sers, jusqu'à ce que j'aie mangé et bu; après cela, toi, tu mangeras et boiras? Doit-il de la reconnaissance à ce serviteur parce qu'il a fait ce qui lui était ordonné ? Vous de même, quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire. Luc 17 :7-10. oilà bien une leçon de Jésus difficile à «passer». Comment donc ! Ce brave et fidèle esclave qui revient, fa tigué, le soir, après avoir travaillé durement toute la journée à la propriété de son maître, labourant ses champs, paissant ses troupeaux, et qui, par surcroît doit encore servir à table, comment supporter qu'on lui dise encore: Tu es un serviteur inutile, tu n'as fait que ce que tu devais faire ! N'a-t-il pas été tout de même utile à son maître? Il ne semble pourtant pas être un paresseux, ni un incapable, ni un maladroit; bien au contraire, il se fait tour à tour fermier, cultivateur, jardinier, cuisinier, domestique... Dira-t-on encore qu'il est inutile ? Quel maître est-ce donc pour ne pas en apprécier la valeur et le louer à l'occasion ? Ce n'est d'ailleurs pas la seule fois que Jésus «scandalise». Qu'on se souvienne de la parabole des ouvriers de la onzième heure, où ceux qui ont «trimé» tout le jour sous le soleil reçoivent le même salaire que ceux appelés «à la fraîche» pour une petite heure de labeur! (Matthieu 20: 1-16.) Dans son enseignement, le Christ a très souvent cherché à «piquer» la réflexion de ses auditeurs, à «provoquer» leur réaction pour les pousser à se poser des questions, à ouvrir des débats, à entamer des dialogues. L'Evangile doit nous déranger avant de nous consoler. Gare à la passivité, à l'indifférence, aux acceptations faciles et indiscutées de la vérité. «Je sais une chose plus funeste que l'erreur, déclarait Gasparin, c'est l'indifférence au vrai. ... Le secret des indignations généreuses, dit-il encore, semble être perdu, et comme conséquence, voici l'uniformité, voici le niveau passé sur les intelligences et sur les convictions. Rien d'original, rien de prime-sautier, rien que des orthodoxes selon la formule.» Le «petit scandale» de cette histoire ne réside pas comme nous pourrions le penser aujourd'hui (motivés que nous sommes surtout par des préoccupations d'ordre social) dans le comportement quelque peu despotique de ce maître; nous pouvons sans doute estimer qu'il manque d'humanité, qu'il n'a pas de cœur, mais la leçon n'est pas là (pas plus que dans la parabole du juge inique, l'enseignement ne porte sur l'attitude sans bienveillance du juge. Cf. Luc 18:1-8). L'intention de Jésus n'est nullement de soulever une polémique de politique sociale. Ce n'est jamais du reste en s'attaquant aux structures établies de la société que le 20 Christ cherchait à faire régner la justice, mais en parlant au cœur de l'individu, du riche comme du pauvre, du maître comme de l'esclave. Le mot clef de cette parabole, le mot qui a dû «accrocher», indigner, interpeller les auditeurs de Jésus, mot sur lequel repose en fait toute la leçon est celui-ci: INUTILE, SERVITEUR INUTILE. Voilà bien la pierre d'achoppement que le Christ a intentionnellement placée dans son histoire; n'est-ce pas l'endroit où nous trébuchons nous-mêmes? Car enfin cet homme n'est-il tout de même pas utile à son maître? Ne lui est-il pas fidèle, dévoué? Telle est bien la question posée. Essayons d'y répondre. LE SERVITEUR INUTILE Il y a entre ce maître et cet esclave le même rapport, en droit, qu'entre Dieu et sa créature. Sans doute Dieu traite-t-il ses créatures autrement que le maître de la parabole; mais nous ne sommes plus ici sur le terrain du droit. Notons bien la question de Jésus: «DOIT-IL de la reconnaissance?» Ce n'est pas une appréciation sentimentale de l'histoire que Jésus sollicite mais un jugement de droit strict. La véritable question à se poser n'est pas ici de savoir si ce maître fait bien ou mal, mais si en tant que maître il a le droit ou non d'agir ainsi. Fondamentalement, existentiellement, Dieu est Maître, d'une manière souveraine, absolue. Je suis celui qui suis. Exode 3:14. Je suis /'Eternel. C'est là mon nom, et je ne donnerai pas ma gloire à un autre. Esaïe 42:8. Dieu n'a pas besoin de l'homme pour exister. Il existe sans nous. Il ne dépend d'aucune créature pour être ce qu'il est. Je suis Dieu, ton Dieu. ...Si j'avais faim, je ne te le dirais pas, car le monde est à moi et tout ce qu'il renferme. Psaume 50: 7, 12. La création de l'homme n'est pas un acte utile, nécessaire à Dieu comme s'il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses (Actes 17:25). La création est ACTE d'AMOUR. L'homme n'est pas pour Dieu une nécessité, c'est un trop plein de son amour. L'homme est «créature». Il n'a aucune vie autonome. Il est strictement dépendant de Dieu pour exister, pour vivre. En Dieu nous avons la vie, le mouvement et l'être Actes 17:28. Si Dieu retirait à lui son esprit et son souffle, toute chair périrait soudain, et l'homme rentrerait dans la poussière. Job 34:14, 15. Il est, sur le plan existentiel, plus esclave encore que notre esclave de la parabole et le maître est plus maître encore. Propriétaire par droit de création, Dieu l'est encore sur ses élus par droit de rédemption. Vous avez été rachetés à un grand prix. 1 Pierre 1:18. Vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes (1 Corinthiens 6:19), étant affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté et pour fin la vie éternelle (Romains 6 : 22). Serviteurs inutiles, pourquoi Dieu veut-il nous employer ? Servir Dieu est une grâce, nullement un mérite ! Servir ne sauve pas. Le salut ne s'achète pas, c'est un don gratuit (Romains 3: 24; 6:23). Servir Dieu est la condition naturelle, privilégiée de la créature créée pour de bonnes œuvres que Dieu a préparées d'avance afin que nous les pratiquions (Ephésiens 2 :8-10). Rap-pelons-le fortement: notre salut est tout entier en Christ. Nous ne pouvons faire fond sur aucune de nos œuvres pour être sauvés, pas même celles que Jésus accomplit en nous (elles n'en sont que la conséquence). Dès l'instant que nous détournons les regards de la croix pour évaluer, dans une sournoise vanité, le travail de sanctification et de régénération que l'Esprit opère en nous, nous nous enfonçons comme Pierre dans les eaux tumultueuses. Gardons-nous d'arrêter nos regards sur nos efforts pour servir Dieu, sur nos heures de travail à son service, sur nos succès pour lui... funeste comptabilité du salarié qui perd de vue son privilège pour le transformer en prétendu mérite. « Nous ne pouvons nous défaire de la démangeaison de vouloir apporter quelque chose au Sauveur; cependant, il n'y a rien de si déplacé... la grâce de Dieu et le mérite des œuvres sont deux choses à jamais incompa- 21 tibles.» - Extrait de la brochure: Le miel découlant du rocher. L'esclave est attaché à son maître. Il ne travaille pas pour un salaire, mais pour son maître. Esclave, non salarié. Entre ces deux situations, il y a tout l'abîme qui sépare le salut par la foi du salut par les œuvres. Et n'est-ce pas là le fond de la leçon ? Le disciple du Christ ne travaille pas pour un salaire, ou plutôt le salaire, c'est le Christ lui-même. (Pour saint Paul la récompense était déjà dans le service. Cf. 1 Corinthiens 9:17.) La vie éternelle, ce n'est pas tant quelque chose que Dieu a derrière son dos, c'est lui-même. La vie éternelle, c'est qu'Hs te connaissent. Jean 17 : 3. Plus nous connaîtrons Jésus, moins nous aurons envie d'autre chose que de lui, de sa personne adorable, de sa présence, et le servir sera toute notre joie. C'est précisément ce que le fils aîné de la parabole de l'enfant prodigue n'avait pas compris. H y a tant d'années que je te sers, disait-H, et tu ne m'as rien donné. Et le père de lui répondre: Tu es toujours avec moi (cf. Luc 15 : 29, 31). L'esclave est toujours dans la maison de son maître. Il n'a pas de «chez lui». Rentrant le soir des champs de son maître, c'est encore à servir à sa table qu'il s'applique. Il a travaillé tout le jour pour son maître, et c'est dans sa maison qu'il passera la nuit. Son «chez lui» c'est chez son maître. LE SERVITEUR INUTILE Le chrétien n'est pas au service de Dieu de telle heure à telle heure, tel jour de la semaine. Qu'il travaille, qu'il dorme, qu'il soit au temple ou au foyer, au dehors ou au dedans, au «travail missionnaire» ou au bureau, il doit se considérer en permanence au service de Dieu. Ce ne sont pas les heures que nous passons à travailler pour Dieu que nous devrions compter, mais les heures que nous vivons «pour nous-mêmes» et qui devraient lui appartenir, que nous lui dérobons. Comme l'esclave travaille dans la propriété que son maître dirige, ainsi le chrétien travaille-t-il dans l'œuvre de Dieu. Ce n'est pas sa propriété, ce n'est pas son œuvre, c'est celle du maître, c'est celle de Dieu. Ne renversons pas les rôles ! C'est Dieu qui nous emploie, c'est son œuvre. Ce n'est pas nous qui employons Dieu, ce n'est pas notre œuvre dans laquelle nous l'invitons ! Dieu n'est pas à notre service ! Ce n'est pas à lui d'entrer dans nos plans mais à nous d'entrer dans les siens. Vérité importante, vérité apaisante aussi, rassurante. (S'il s'agissait de notre œuvre, il y aurait lieu de désespérer qu'elle ne se termine jamais ! surtout quand la propriété est le champ de notre propre cœur.) Ce que Dieu a commencé, il l'achèvera, tant dans le monde que dans chacun de nos cœurs (lire à cet effet 1 Pierre 5:10, 11 ; Philippiens 1 :6; 1 Thes-saloniciens 5 :23, 24). L'esclave ne décide pas du travail qu'il fera. C'est son maître qui lui indique sa tâche. L'esclave ne travaille pas «à son compte». Ses œuvres, comme celles du chrétien qu'il représente, sont préparées d'avance afin qu'il les accomplisse (Ephésiens 2:8-10). Notre «utilité» ne dépend pas de la somme de travail que nous accom plissons selon nos plans et nos initiatives, mais de l'humble obéissance aux directives quotidiennes de notre maître. Ce n'est pas l'importance du poste que nous occupons qui confère notre « utilité », mais la simple fidélité aux devoirs que Dieu place devant nous. Travailler pour Dieu ne se traduit pas en compte d'heures, de chiffres, de rapports. Ce n'est pas non plus une question de position, de rang... Nous ne sommes pas plus «utiles» à Dieu devant un auditoire de dix mille personnes qu'à genoux dans le secret de notre chambre ! Pas plus utiles à la cour des rois que dans un obscur cachot, pas plus utiles avec nos bras et nos jambes valides que cloués sur un lit de maladie... Quelque situation que nous occupons, nous sommes des serviteurs inutiles, employés par Dieu pour sa gloire, pour autant que nous soyons à la place qu'il nous a assignée. Si Dieu veut se servir de nous, ce n'est pas fondamentalement parce qu'il a besoin de nous mais bien plutôt parce qu'il nous aime. Dieu, dans l'absolu n'a pas besoin de nous. Il s'en crée le besoin. Le grand travail de Dieu, dans le monde (sa propriété) n'avancera et ne s'achèvera que dans la mesure où nous retrouverons cet esprit de soumission, d'insuffisance, d'enfance, de dépendance. S/ quelqu'un pense être quelque chose, quoi qu'il ne soit rien, H se se trompe lui-même. Galates 7 :3. Nous sommes invités à nous mettre au travail pour «achever l'Oeuvre». Nous avons sans doute à nous réveiller (non à nous exciter I). Sachons toutefois demeurer dans l'esprit du serviteur inutile. Dieu n'a pas tant besoin de notre aide que de notre soumission ; et en définitive, ce n'est pas notre œuvre pour Dieu qui avancera son règne, mais son œuvre en nous jusqu'à ce qu'il devienne totalement le «Maître», et nous totalement ses... «esclaves» dans une soumission libre et pleine d'amour. Jean-Pierre BARGIBANT 22 LA CORRESPONDANCE Ne manquez pas la correspondance. On m'avait dit que je devais prendre la correspondance pour Barcelone à la gare de Narbonne. Cette correspondance me faisait gagner beaucoup de temps, et je n'avais pas envie de traîner. Un peu plus d'une heure après avoir quitté Montpellier, le train s'arrête dans cette petite, mais sympathique, gare de Narbonne. Je descends et me promène un peu sur le quai. Deux femmes poussent des cris en courant et manquent de renverser un employé. Elles traversent les voies, arrivent toujours aussi bruyamment sur l'autre quai, grimpent dans un wagon. Je contemple la scène en souriant, et regarde le train partir avec ces deux voyageuses. Est-il possible d'être aussi agité ? D'autres questions venaient à mon esprit, quand tout à coup, un léger doute s'empare de moi. Je m'approche d'un employé : «Pardon Monsieur, ce train sur le quai 3 où va-t-il exactement? — A la frontière espagnole Monsieur, c'est le train de Barcelone. — Barcelone ? Mais c'est mon train !» Oui, c'était bien mon train. J'avais, par mon insouciance, raté la correspondance et perdu, par la même occa sion, des heures précieuses. Finalement, ces deux femmes qui couraient en criant, étaient plus sages que moi. La vie, notre vie, n'est-ce pas un grand voyage ? Un grand voyage avec des correspondances qu'il faut prendre, et si possible bien prendre. On a tous des projets. On se fait de l'avenir, mais surtout de notre avenir, une certaine idée. A 20 ans je ferai ceci, trois années plus tard j'irai ici ou là. Enfin, tout est plus ou moins tracé. Il suffit cependant de manquer une correspondance, et tout est à recommencer. Ce n'est pas toujours facile de recommencer. Les études, l'orientation professionnelle, le choix d'un métier qui plaît plutôt que d'un métier qui rapporte, sont des correspondances qu'il ne faut pas manquer. Le mariage, en est une autre. Manquez cette correspondance, et votre vie, c'est-à-dire votre voyage, sera complètement perturbée. Mais pour progresser dans l'itinéraire que vous vous êtes fixé, il y a une correspondance qu'il ne faut surtout pas manquer, c'est la première de toutes, la plus importante: Jésus-Christ. Il est auprès de vous, il vous attend, il vous parle peut-être. Il y a une correspondance à prendre, c'est la vraie, c'est la meilleure, allez-vous la prendre ? 23 Il y a dans la vie de chacun un moment privilégié, particulier, un temps qui nous pousse à la réflexion, petite minute d'arrêt pendant laquelle il m'est permis de me demander où je vais et par où je dois passer. C'est le temps de la correspondance. Un temps qui n'est pas sans événements. Ces deux femmes qui couraient en criant auraient dû me faire réfléchir. Au lieu de penser qu'elles étaient stupides, il aurait été plus intelligent de m'informer sur leur empressement. Au pire, les suivre, les rattraper, les questionner. J'aurais peut-être eu l'air un peu ridicule, ce n'est même pas certain. Par contre, ce qui est sûr, je n'aurais pas manqué mon train. Regardez autour de vous, écoutez, lisez, il y a peut-être des gens qui vous semblent bizarres, par leur attitude, par leur croyance. Bizarre ce camarade qui croit en Dieu. Chacun sait que Dieu n'est plus tellement à la mode. Bizarre aussi cette revue qui annonce le retour du Christ. Comme si un mort pouvait revenir. Bizarres, ils le sont en effet ceux qui croient encore à une vie nouvelle sur une terre nouvelle. Bizarre tout cela, n'est-ce pas? Et après tout... s'ils disaient vrai ? Un jour, il y a de cela bien longtemps, un jeune homme accourut vers Jésus et se mit à genoux devant lui : Bon Maître, que dois-je faire pour avoir ia vie éternelle ? Jésus lui dit : Pourquoi m'appelles-tu bon ? H n'y a de bon que Dieu seul. Tu connais les commandements : Tu ne commettras point d'adultère ; Tu ne tueras point; Tu ne déroberas point; Tu ne diras point de faux témoignage; Tu ne feras de tort à personne; Honore ton père et ta mère. H lui répondit: Maître, j'ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse. Jésus l'ayant regardé l'aima. Marc 10:17-20. En voilà un qui n'a pas manqué la correspondance n'est-ce pas ? Ce jeune homme, après tout, vous ressemble peut-être ? Sa richesse en moins, dites-vous? Mais on est toujours riche de quelque chose. Et la jeunesse n'est-ce pas la plus grande richesse ? Il n'a pas tué, il n'a pas volé, il n'a fait de mal à personne. A cette triple constatation aboutissent la plupart de nos autocritiques. Pas tué, pas volé, pas méchant pour un sou : ça c'est moi. Dans ce cas, nous sommes dans la bonne direction. Est-il même besoin de parler de correspondance ? Certainement pas. D'ailleurs, l'Evangile nous dit que Jésus l'aima. ... Oui, Jésus aima ce jeune homme qui nous ressemble, mais le texte continue: Jésus l'ayant regardé l'aima, et lui dit: H te manque une chose; va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel. Puis, viens et suis-moi. Mais affligé par cette parole, cet homme s'en alla tout triste, car H avait de grands biens. Jésus regardant autour de lui dit à ses disciples: qu'il sera difficile à ceux qui ont des richesses d'entrer dans le royaume de Dieu. Marc 10:21-24. Qu'est-il devenu ce jeune homme riche? Encore un peu plus riche et de moins en moins jeune. Il a fini par mourir comme tous les hommes. La mort est une correspondance que personne ne manque. Il a manqué la correspondance de la vie, d'une vie nouvelle, riche de bonheur et d'espérance. Il est resté sur le quai, la valise à la main, alors que le bon train tout doucement s'en allait vers un monde plus ensoleillé. Il est resté sur le quai, dans la grisaille et le bruit. Avez-vous remarqué, vous, qui êtes là, vos grosses valises à la main ? Avez-vous remarqué, vous, qui rêvez à je ne sais quoi ? Avez-vous remarqué, vous, qui lisez le journal du matin ? Avez-vous remarqué que le train s'en va ? C'est votre correspondance... Si vous ne bougez pas vous allez le manquer. Laissez le journal, les valises, même si elles contiennent de l'or, on ne vous demandera pas d'argent dans ce train, abandonnez vos rêves, et courez, courez vite, le train s'en va, il y a encore de la place pour vous, dépêchez-vous. Ne manquez pas la correspondance de la vie. Cherchez /'Eternelpendant qu'il se trouve; invoquez-le, tandis qu'il est près. Que le méchant abandonne sa voie, et l'homme d'iniquité ses pensées; qu'il retourne à T Eternel, qui aura pitié de lui, à notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner. Esaïe 55:6, 7. Vous tous qui avez soif, venez aux eaux, même celui qui n'a pas d'argent ! Venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer ! Esaïe 55:1. Voilà dans quels termes le prophète Esaïe vous invite à prendre la bonne correspondance. Le train va partir, ne restez pas sur le quai. Venez, venez, il veut partir avec vous. John GRAZ 24 ADVENTISTES En réponse à de nombreuses demandes, nous publions le texte intégral de l'émission de télévision «Tribune libre» présentée par la Télévision française sur la troisième chaîne, le vendredi 2 mai. Pour tous renseignements et informations complémentaires, s'adresser à «La Voix de l'Espérance», 63, rue du Faubourg Poissonnière, 75009 Paris. En introduisant cette émission sur l'Eglise adventiste, il me plaît de dire qu'il y a des options qui ne se prennent pas contre quelqu'un ou quelque chose, mais pour ce qui apparaît comme une certaine expression de la vérité. Ainsi, notre particularisme religieux ne nous empêche pas d'aimer sincèrement tous les hommes. Affectivement et dogmatiquement, l'Eglise adventiste s'apparente à la Réforme. Nous en avons hérité notre profond amour pour la Bible dans laquelle nous reconnaissons la parole de Dieu. Comme l'écrit saint Paul à son disciple Timothée: Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour convaincre, enseigner, corriger, instruire dans toute ta justice. Cette parole conserve aujourd'hui son autorité tout entière. De la Réforme nous retenons également la bonne nouvelle retrouvée par Luther : Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la rédemption. Ce n'est point par les œuvres afin que personne ne se glorifie. L'homme n'est donc jamais prisonnier de son passé, tout peut recommencer. Mais la grâce de Dieu n'éteint pas sa volonté, tout au contraire. C'est encore l'apôtre Paul qui affirme : Ce que Dieu veut, c'est notre sanctification. Ce n'est pas une invitation, mais un ordre. Voilà pourquoi les dix commandements ne sont pas abolis. Ils orientent la vie nouvelle reçue en Jésus-Christ. On n'obéit pas pour obtenir quelque chose, mais parce qu'on a reçu un cœur nouveau en Jésus-Christ. L'apôtre Jean eut un jour la vision des chrétiens fidèles à la fin des temps: Ils gardaient les commandements de Dieu et la foi de Jésus. Je viens d'évoquer l'Apocalypse. Une remarque importante s'impose à ce propos : l'Eglise adventiste est une église prophétique, d'abord parce que son signalement répond à une description prophétique, ensuite parce qu'elle a la vocation d'étudier tout spécialement les prophéties relatives aux derniers temps ; et ceci parce qu'elle est née de l'étude même des prophéties. En effet, notre Eglise est issue des mouvements de réveil qui ont retrouvé au 19e siècle les précieuses vérités concernant le retour du Christ. Telle est la grande espérance qui jaillit de tout le Nouveau Testament et qui fait l'objet de la dernière prière de la Bible : Viens, Seigneur Jésus ! Bref, nos convictions donnent à notre vie présente déjà une incomparable saveur, grâce à la valeur de nos choix. En outre, cette joie n'est pas empoisonnée par la perspective d'une mort sans lendemain puisque toute notre foi débouche sur le prochain renouveau en Jésus. Dès lors, qu'importent les souffrances du temps présent, s'il y en a, puisqu'elles sont des souffrances d'enfantement. Georges Stéveny 25 Le 21e chapitre de l'évangile selon Luc concernant la fin des temps contient cette promesse : Alors on verra le Fils de l'homme, venant sur une nuée avec puissance et une grande gloire. Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et levez vos têtes parce que votre délivrance approche. L'annonce de la fin du monde n'est plus aujourd'hui une exclusivité des prophètes bibliques, mais les observations écologiques, sociales, économiques recoupent avec précision les événements qui, dans le calendrier de la Bible, annoncent ou précèdent le retour de Jésus. Et c'est pour répondre à un ordre du Christ que les adventistes organisent des conférences d'information et publient des journaux et des livres afin d'apaiser l'angoisse et l'incertitude de notre société. La presse tient une grande place dans notre organisation : 50 maisons d'édition publient des ouvrages et des livres en plus de 253 langues. Il y a, par exemple, la collection des GUIDES SPIRITUELS DE LA VIE qui analysent et présentent les grands problèmes d'aujourd'hui, l'évolution spirituelle de notre monde. Le journal bimestriel SIGNES DES TEMPS présente au public des rapports, des études, concernant le comportement de l'homme moderne, mais surtout l'extraordinaire actualité de la Bible. Si les cataclysmes font partie des signes annonçant la fin des temps, nous ne nous contentons pas cependant d'attendre béatement leur réalisation. Le Secours adventiste organise des équipes qui sont prêtes à intervenir en cas de sinistres, comme elles l'ont déjà fait lors des tremblements de terre de Sicile, de Yougoslavie, de Turquie, et au moment des inondations de Roumanie. Pour nous, le Royaume des cieux n'est pas uniquement un événement fixé dans le futur, mais, dès à présent, il se prépare par une action et par un engagement spirituel. Que votre cœur ne se trouble point, croyez en Dieu et croyez en moi. Et, lorsque je m'en serai allé et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi afin que là où je suis vous y soyez aussi. Jean Lavanchy LES ADVENTISTES Les écoles tiennent une place importante dans nos préoccupations. A Collonges-sous-Salève, par exemple, nous avons un Séminaire qui reçoit chaque année plus de 350 jeunes gens et jeunes filles qui peuvent préparer différents diplômes jusqu'à la licence en théologie. Depuis l'antiquité on s'interroge pour savoir quelle est l'influence possible de l'éducation sur l'enfant. Certains l'ont présenté comme une page blanche sur laquelle tout peut être écrit, d'autres comme un être entièrement fonctionnel. En réalité, dès avant sa naissance, l'enfant est soumis à toute une série d'influences, mais il appartient aux parents et aux éducateurs de l'aider à se dégager de toute cette pesanteur ; il ne s'agit jamais d'un déterminisme absolu. Et c'est ici qu'apparaît tout le rôle de l'éducateur chrétien. De ce point de vue, l'éducation fondée sur la foi chrétienne ne nous apparaît pas comme une aliénation de l'enfant. Voici un proverbe de la Bible à ce sujet : Instruis l'enfant selon la voie qu'il doit suivre, et quand il sera vieux H ne s'en détournera pas. L'éducation doit tendre au développement harmonieux de toutes nos facultés physiques, mentales, spirituelles, elle vise à former des êtres équilibrés doués d'une conscience fidèle aux devoirs comme l'aiguille de la boussole aux pôles. C'est pourquoi notre programme comporte des éléments religieux et un travail manuel à côté de l'étude proprement dite. Pour cela nous avons des jardins, une imprimerie et divers ateliers. Chaque année, le baptême par immersion marque le libre engagement de plusieurs jeunes sur le plan spirituel. Georges Stéveny L'évangile selon Matthieu définit notre action : Jésus parcourait toute la Galilée prêchant la bonne nouvelle et guérissant toutes maladies. On lui amenait les malades et il les guérissait. Le pasteur Stéveny vient de définir la conception de notre mouvement en ce qui concerne l'éducation. Quant à l'aspect médical de notre œuvre la démarche est la même. Nous nous adressons aux trois niveaux de l'individu dans une optique psychosomatique. Nous prônons une thérapeutique curative et préventive essentiellement naturelle dans la limite du possible. La diététique dans nos prescriptions a un rôle essentiel. A l'heure où les maladies de la nutrition, maladies de la civilisation, retiennent l'attention de nos contemporains, nous nous inscrivons dans la démarche de leurs préoccupations. Nous bénéficions de la proximité de la station de Salies- 26 de-Béarn en hydrothérapie dans les indications qui sont les siennes: gynécologie, rhumatologie et traumatologie. L'individu reste au centre de nos préoccupations thérapeutiques, néanmoins nous n'oublions pas l'importance capitale de l'environnement. Pour ce faire nous disposons d'une magnifique propriété près de Salies-de-Béarn où le malade peut trouver les conditions favorables à sa guérison. Notre action médico-sociale s'appuie sur une information précise pour un meilleur équilibre de l'individu et sa réinsertion sociale optima. Dr Colette Chartres Jésus a résumé la loi par cette parole fondamentale de l'Evangile : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée. ... Et ton prochain comme toi-même. Matthieu 22 : 37, 39. Nous avons l'habitude de la comprendre comme deux commandements envers notre semblable et envers Dieu. Toutefois, en y regardant de plus près, nous apercevons une démarche unique - un appel à l'amour - mais s'exprimant à un triple niveau. S'aimer soi-même, premier niveau ; aimer son prochain, second niveau ; aimer Dieu, troisième niveau. Impossible de réaliser une de ces étapes si la précédente n'est pas assumée. L'adventisme désire donc être une perception et une expression de cet amour vécu de manière si sublime par le Christ Jésus. Or, ceci est très concret. S'aimer soi-même n'est pas être égoïste, c'est s'aimer convenablement, c'est apprendre à vivre conformément aux lois profondes, psychologiques ou physiologiques, de son être. L'Evangile n'est pas désincarné : le Christ l'a montré en guérissant les malades. C'est pourquoi l'obéissance aux lois de Dieu nous oriente vers le salut, certes, mais aussi vers la santé. Ce sera ia santé pour tes muscles, et un rafraîchissement pour tes os. Proverbes 3 : 8. L'apôtre Paul confirme majestueusement ce point de vue en replaçant le corps à sa vraie place. Le corps n'est ni une prison méprisable, ni un dieu à idolâtrer. C'est un temple : Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ? 1 Corinthiens 6:19. C'est pourquoi les adventistes insistent avec juste raison sur l'importance d'une hygiène de vie, d'une alimentation saine et sur la nécessité de s'abstenir des substances toxiques, des drogues. Par exemple, dans le domaine du tabagisme, ils sont à l'avant-garde du combat, en diffusant par la « Ligue Vie et Santé» une méthode, le «Plan de 5 Jours», qui connaît un grand succès. La récente opération de Radio-France à Gérardmer en a montré la valeur et le succès. Ainsi, l'adventisme n'est pas une attente béate et passive du retour du Christ, mais une préparation, une démarche de ferveur au service de Dieu, au service des hommes, au service de l'homme. Philippe Augendre Allez, faites de toutes les nations des disciples. Matthieu 28:19. Ainsi s'adressait Jésus à ses apôtres. Le fondement de notre œuvre missionnaire se compose effectivement des différents champs d'activité mentionnés par mes collègues. Pour ne citer que quelques chiffres, nous diffusons 6000 programmes radiophoniques et 450 programmes télévisés. Dans le domaine de la santé nous comptons actuellement 450 hôpitaux et dispensaires. Notre souci est d'être partout présent, dans les contrées les plus reculées. Nous utilisons, par exemple, pour accéder à des régions particulièrement isolées au Groenland ou au Mozambique, des vedettes médicales et des avions équipés. Cependant, en ce qui nous concerne, mes collègues et moi-même, notre champ missionnaire c'est la France. Nous n'entendons pas, par là, nous livrer à de la propagande religieuse, mais nous désirons faire savoir à chacun des habitants de ce pays que la connaissance de Jésus-Christ dans sa parole, la Bible, est seule capable de lui apporter la paix, la joie, et l'espérance auxquelles il aspire. Ainsi pourrons-nous participer à la réalisation du programme établi par le Christ dans les évangiles. Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations, alors viendra la fin. Matthieu 24:14. Frédéric Durbant ADVENTISTES 27 FIN D’UN MONDE OU FIN DU MONDE Le jour du Seigneur viendra comme un voleur; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu'elle renferme sera consumée. Puis donc que toutes ces choses doivent se dissoudre, quels ne devez-vous pas être par la sainteté de la conduite et par la piété, attendant et hâtant l'avènement du jour de Dieu, jour à cause duquel les cieux enflammés se dissoudront et les éléments embrasés se fondront ? Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux, et une nouvelle terre, où la justice habitera. 2 Pierre 3:10-13 Le monde est rempli de ruines qui témoignent que l'histoire prend fin, et que dans le passé elle s'est terminée pour des peuples, des races ou des nations. Les pyramides et les temples de l'Egypte ancienne, les colonnades de Baalbeck, les ruines de Ninive et de Babylonne, le majestueux Par-thénon d'Athènes, le Forum des Romains, tout cela témoigne de gloires depuis longtemps évanouies. Ces peuples ont été riches et puissants. Mais le jugement les a atteints. Notre tour approche. Tous les signes indiquent que notre civilisation, la plus riche et la plus prospère de tous les temps, marche vers le même destin. Mais actuellement, à cause des découvertes scientifiques et des moyens modernes de communication et de transport, le monde entier est impliqué. Aujourd'hui, le destin de l'humanité est en jeu. C'est le fait essentiel de notre époque, reconnu par tous les esprits réfléchis. La confusion qui règne dans le monde est de plus en plus répandue et profonde. Les dangers de guerre, les tensions, l'instabilité poussent à la course aux armements. Les dangers de la prolifération nucléaire sont très réels et très graves. L'emploi des réacteurs nucléaires produit du plutonium qui peut être utilisé à la fabrication d'armes nucléaires par des techniques qui ne sont plus secrètes. En 1980, les réacteurs nucléaires du monde produiront plus de 100 kg de plutonium par jour. Etant donné qu'il faut environ 5 kg de plutonium pour faire une bombe A, il y en aura suffisamment pour en produire plus de 20000 par an à partir de 1980. Il suffira de l'explosion d'une petite bombe A dans une lointaine partie du monde pour faire sauter toutes les autres et répandre la destruction nucléaire totale, de nation en nation, tout autour du monde. Il est hors de doute que le navire de la civilisation se dirige rapidement vers l'écueil du désastre nucléaire. Et il n'y a personne à bord qui ait assez de force ou de présence d'esprit pour jeter l'ancre et stopper cette course insensée à la destruction. L'équilibre rompu Il devient chaque jour plus évident que nous sommes arrivés à la conclusion de l'histoire de notre monde. Des dizaines de millions de jeunes s'intoxiquent avec des drogues qui ruinent les esprits et les corps et conduisent à la folie. Dans presque tous les pays du monde, il y a un pourcentage plus élevé que jamais de jeunes dans les prisons, en maisons de correction ou en liberté surveillée. 28 C'est un déclin moral aussi universel qui a provoqué le déluge du temps de Noé ; c'est la corruption qui a causé la destruction de Sodome et de Gomorrhe au temps d'Abraham. Ces forces destructrices qui ont ruiné les empires babylonien, médo-perse, grec et romain, sont à l'œuvre dans le monde entier. L'Eternel vit que la méchanceté des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal. ... La terre était corrompue devant Dieu, la terre était pleine de violence. Genèse 6 : 5, 11. Comme ces mots décrivent bien notre époque ! L'horrible marée du crime s'étend sur toute la terre. Nous allons vers l'anarchie et le jugement. Ce qui arriva du temps de Noé arrivera de même aux jours du F Us de l'homme. ... H en sera de même le jour où le Fils de l'homme paraîtra. Luc 17 : 26, 30. Le jugement du monde est très proche. Les savants lancent un autre cri d'alarme. Les ressources de la planète ne seront bientôt plus suffisantes pour subvenir aux besoins de la population toujours croissante. La fin des richesses naturelles est proche. En l'an 2000, il y aura 8 milliards d'habitants sur la terre. Dans 200 ans, il y en aurait 150 milliards. Le monde est sur le point de manquer d'espace vital et de nourriture. Certains pays vivent dans l'abondance et ne semblent pas croire que cette prospérité sans précédent puisse être suivie par la famine et les privations. Mais la désillusion les atteindra, et elle est très proche. Comme à l'époque du Pharaon qui vit en songe sept vaches maigres et sept vaches grasses, l'extraordinaire prospérité actuelle sera suivie par une famine jamais éprouvée. Cette famine est toute proche, et plus d'un milliard de personnes en Afrique, en Asie, et en Amérique du Sud sont menacées. L'Inde et la Chine seront certainement les pays les plus touchés. Les stocks de céréales des Etats-Unis et du Canada ont déjà été employés, et la situation alimentaire du monde est précaire. Le monde vit au jour le jour. Une nation s'élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume ; H y aura de grands tremblements de terre, et, en divers lieux, des pestes et des famines ; 7/ y aura des phénomènes terribles, et de grands signes dans le ciel. Luc 21 : 10, 11. L'heure du jugement Tout cela favorisera les désordres sociaux, économiques, les tensions internationales, les risques de guerre. C'est aussi la fin de la liberté, en particulier aux Etats-Unis, où la bureaucratie est devenue très puissante et réglemente la vie de chaque citoyen. L'Administration a conçu l'idée d'un Centre national d'information, où un dossier électronique est établi sur chaque citoyen, avec des détails intimes sur les impôts, les tests d'intelligence, les notes scolaires, les maladies, les questions de mariage, etc. Des millions de cartes perforées donnent toutes informations sur les affaires personnelles de n'importe quel individu. Les possibilités d'abus sont énormes et effrayantes. Dès maintenant un numéro est assigné à chaque personne, d'abord pour la Sécurité sociale, puis pour toutes les activités. 29 L'Agneau d'Apocalypse 13 symbolise les Etats-Unis d'abord pacifiques, puis parlant comme un dragon. Puis je vis monter de ia terre une autre bête, qui avait deux cornes semblables à celles d'un agneau, et qui parlait comme un dragon. ... Elle opérait de grands prodiges, même jusqu'à faire descendre du feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes. ...Et elle fit que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, reçussent une marque sur leur main droite ou sur leur front, et que personne ne pût acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom. Apocalypse 13: 11, 13, 16, 17. Il y a 19 siècles, Jean a dû se demander ce que signifiaient ces choses, et comment des milliers de personnes pourraient recevoir chacune un nombre et une marque. Aujourd'hui, cela est clair. Les ordinateurs rendent très simple la manipulation de nombres à chiffres multiples qui accompagneront les individus pendant toute leur vie. Tout cela montre que le point culminant de l'histoire approche. C'est aussi la fin de toute espérance humaine pour établir une paix durable. Echec de la S.D.N. En 1945, la Charte des Nations-Unies fut adoptée à San Francisco, et l'espérance de la paix revint. Mais de multiples conflits n'ont pu être réglés par l'O.N.U. Il n'y a pas de remède humain aux problèmes mondiaux. Comme aux jours de l'Eglise primitive, les hommes sont sans espérance et sans Dieu dans le monde (Ephésiens 2:12). Seuls ceux qui possèdent la bienheureuse espérance peuvent apercevoir un rayon de lumière. L'O.N.U. comprend presque tous les pays du monde. Cette institution multiraciale, universelle, a-t-elle un sens ? Que les nations se réveillent, et qu'elles montent vers la vallée de Josaphat ! Car là je siégerai pour juger toutes les nations d'alentour. Saisissez la faucille, car la moisson est mûre ! Venez, foulez, car le pressoir est plein, les cuves regorgent ! car grande est leur méchanceté. C'est une multitude, une multitude, dans la vallée du jugement; car le jour de /'Eternel est proche, dans la vallée du jugement. Joël 3 :12-14. Pendant des siècles la plupart des nations représentées à l'O.N.U. ont fait partie d'un grand empire. Toutes leurs actions étaient contrôlées par les grandes puissances auxquelles elles appartenaient. On ne pouvait les tenir pour responsables de ce qu'elles faisaient. Aujourd'hui, ces nations sont libres. Elles ont rejeté le joug, leur chaîne a été brisée. Toutes ont entendu ce cri : « Réveillez-vous ! Pensez et agissez par vous-mêmes !» Elles se sont réveillées pour jouer leur rôle et prendre leur place dans le jugement final des nations. Elles n'ont plus d'excuse maintenant devant la justice divine. Cet événement extraordinaire et entièrement inattendu constitue l'un des faits les plus significatifs de notre époque. Ces choses incroyables se sont déroulées sous nos yeux, et nous font comprendre ces mots solennels de l'Apocalypse (14:7) : L'heure de son jugement est venue. L'ultime espérance La preuve culminante que nous sommes arrivés à la fin des temps est l'existence d'un mouvement mondial qui se consacre à avertir la terre entière de 30 l'imminence de cet événement. Sa présence dans chaque pays, le fait qu'il parle dans presque toutes les langues humaines, constitue aussi un grand signe de la fin des temps (Amos 3 :7). Dieu envoie des avertissements afin que les hommes échappent au désastre. Dieu étant un Dieu d'amour avertit le monde entier du danger qu'il court et de l'imminence du jugement dernier. L'Eglise adventiste prêche le message d'Apocalypse 14. C'est la même bonne nouvelle dont parlait Jésus dans Matthieu 24:14 : Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin. C'est la meilleure nouvelle que des oreilles humaines aient jamais entendue. Elle dit aux hommes qu'ils ne sont pas obligés d'être esclaves du péché, qu'il y a un moyen de mener une vie meilleure et plus heureuse ici-bas et dans le monde à venir. Ce message adventiste, proclamé en plus de 1 000 langues, est merveilleusement adapté à notre temps. Craignez Dieu et donnez-lui gloire ! déclare ce peuple au moment où la croyance en Dieu s'évanouit même chez les théologiens. Adorez Celui qui a fait le ciel et la terre, répétons-nous, alors que presque tous admettent la théorie de l'évolution. Les merveilles du cerveau humain, de la circulation du sang, du système nerveux, des facultés de l'homme pour voir, entendre, sentir, se souvenir, ne sont pas le résultat de la transformation d'une molécule initiale dans un océan primaire, mais le fruit de l'acte créateur du Dieu tout-puissant. Alors que le monde est plongé dans le désordre et la corruption, nous proclamons que les dix commandements, écrits par Dieu lui-même, donnés solennellement par Dieu, constituent toujours les règles de la vie juste et honnête, le secret du bonheur. Prépare-toi Notre génération est nerveuse, déprimée, fatiguée, surmenée. Voilà le remède divin: Souviens-toi du jour de repos pour le sanctifier. Aux foules plongées dans des habitudes néfastes nous proclamons: Voici la délivrance. Christ seul guérit l'esprit et le corps affaiblis. Le seul remède est la soumission humble à la volonté de Dieu et l'acceptation de son pardon et de son amour. Ce magnifique message rassemble un peuple composé des ressortissants de tous les pays. Ce peuple restera fidèle au Christ et ferme dans la dernière crise des siècles. Il sera un abri au milieu de la tempête qui va faire rage, une arche qui flottera sur les flots tumultueux et reposera enfin dans le royaume éternel de justice et de paix. Remarquons bien que toutes les prédictions de la fin du monde sont liées à la promesse d'un avenir de paix et de bonheur sans précédent. Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre; car le premier ciel et la première terre avaient dis paru, et la mer n'était plus. Et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, préparée comme une épouse qui s'est parée pour son époux. Et j'entendis du trône une forte voix qui disait: Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! H habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux. H essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et H n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. Apocalypse 21 :1-4. Plus de souffrances, plus de larmes, plus de mort. Plus de violence, plus de luttes, plus de guerres. Plus d'égoïsme, plus de jalousies, plus de cruautés. Les adventistes sont porteurs de bonnes nouvelles non de messages désespérés. Ce sont des nouvelles remplies d'espoir et de joie envoyées par Dieu à un monde désespéré. Ce sont de bonnes nouvelles pour les malades qui jouiront bientôt d'une santé éternelle, de bonnes nouvelles pour les infirmes qui seront bientôt guéris, de bonnes nouvelles pour les aveugles: ils verront; pour les sourds: ils entendront; pour les affligés et pour ceux qui pleurent, car tous les morts en Christ ressusciteront et ne mourront plus jamais. Toutes ces bonnes nouvelles poussent le peuple adventiste à l'activité missionnaire, à répandre ce merveilleux message dans le monde entier. Avec la tendresse, l'amabilité, l'enthousiasme suscités par Dieu, nous disons au monde : Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu /non pas comme une menace, mais comme une invitation aimante à partager l'éternité. Invitons ceux qui nous entourent à accepter la grâce de Dieu, à renoncer au mal et aux habitudes néfastes, à se joindre au peuple pour lequel le Seigneur prépare tant de merveilles. Ceux qui auront répondu à l'amour de Dieu n'auront plus à craindre la fin du monde. Lorsque le Christ apparaîtra comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs, tous ensemble nous regarderons à lui avec assurance et nous dirons : Voici, c'est notre Dieu, en qui nous avons confiance, et c'est lui qui nous sauve ; c'est /'Eternel, en qui nous avons confiance ; soyons dans l'allégresse et réjouissons-nous de son salut! Esaïe 25:9. ANDRÉ DUFAU 31 REBECCA, qui n'oubliait pas les paroles de l'ange, jugeait de la chose avec plus de discernement que son mari. REBECCA, qui devine le dessein de son mari, est convaincue que ce projet est contraire à la volonté de Dieu et qu'lsaac, en frustrant Jacob de l'honneur qui lui revient, est en danger d'encourir le déplaisir du ciel. Ellen G. White Isaac Deux hommes marcheront-ils ensemble s'ils n'en sont d'accord ? Amos 3 : 3. Abraham était veuf et il était âgé. Il craignait pour son fils Isaac l'influence corruptrice des habitants de Canaan tous éloignés du vrai Dieu et adonnés à l'idolâtrie. Isaac, fils de la promesse, ne pouvait épouser qu'une femme qui ne l'éloignât pas de Dieu. C'était une affaire d'une grave importance : N'adore point de dieux étrangers, car le Seigneur s'appelle le Dieu jaloux. Il est, en effet, jaloux de l'Alliance sacrée. Et c'est parce que Abraham était entré dans cette alliance sainte où il avait pénétré la sagesse divine qu'il voulait vivre séparé de tous les peuples païens et ne voulait pas d'alliance avec eux. Il envoya donc son serviteur Eliezer dans le pays qu'il a quitté prendre une femme pour Isaac. Il lui fit une suprême recommandation : ... et je te ferai jurer par le Seigneur, le Dieu du Ciel et de la terre, que tu ne prendras aucune des filles des Cannaéens parmi lesquels j'habite pour la faire épouser à mon fils. Genèse 24 : 3. 32 Abraham connaissait intuitivement la conséquence d'une mésalliance que constatera, bien des années plus tard, le prophète Malachie (2:4): ... parce que Juda, en prenant pour femme celle qui adorait des dieux étrangers a souillé le peuple consacré au Seigneur. Bien qu'Abraham ait fait prêter serment à son serviteur, il ne se fiait pas trop à sa vigilance et il a prié Dieu pour qu'il assiste Eliezer : Le Seigneur, le Dieu du ciel... enverra lui-même son ange devant toi. Genèse 24 : 7. Il s'agissait de l'Ange de l'Alliance qui veillera sur l'union d'Isaac afin que celui-ci ne souille pas la promesse dont il deviendra l'héritier. Et, pendant ce temps, Abraham garda Isaac auprès de lui, afin de le fortifier encore dans les voies du Seigneur. Eliezer, le serviteur d'Abraham, fidèle à la promesse faite à son maître, se rendit en Mésopotamieet demanda à l'Eternel un signe lui permettant de reconnaître la jeune fille agréée par Dieu. Voici, je me tiens près de la fontaine... Que la jeune fille à laquelle je dirai : Prends ta cruche je te prie pour que je boive et qui répondra : Bois... soit celle que tu as désignée à ton serviteur Isaac ! A peine avait-il achevé de parler ainsi à lui-même qu i! vit sortir Rebecca. Genèse 24 : 15. Pourquoi l'Ecriture dit-elle « sortir » au lieu de «venir»? Elle veut sans doute nous indiquer une nuance très importante. Dieu a fait «sortir» Rebecca du nombre des habitants de la ville, tous coupables. Elle seule se distinguait des autres. Rebecca n'était pas de ces jeunes filles futiles qui se dispersent en toute sorte de vanités ; elle vivait d'une vie simple et recueillie et ne «sortait» de sa maison que pour puiser de l'eau et pour être utile aux siens. Comme Eliezer s'était proposé de ne choisir d'autre femme pour le fils de son maître que celle qui reste chastement enfermée dans la maison, il reconnut que Rebecca était différente des autres et qu'elle était digne de devenir la femme d'Isaac. ... et elle se rendit à la fontaine où elle rencontra le serviteur d'Abraham. Elle lui dévoila qu'elle était la petite fille de Nachor, frère d'Abraham et que son frère à elle s'appelait Laban. Eliezer aussitôt rendit grâce au Seigneur de l'avoir conduit fidèlement dans la maison ancestrale de son maître où il fut reçu comme un membre de la famille mais surtout comme un envoyé de l'Eternel. On comprit que le Seigneur lui-même désignait Rebecca afin de poursuivre avec Isaac l'union sacrée, l'union consacrée. «C'est au bord d'une fontaine qu'il vous a rencontrée», dit Pelléas à Mélisande. Isaac a pu dire de même à Rebecca en parlant d'Eliezer. Or l'Ecriture insiste sur la présence de l'eau quand elle parle de Rebecca et d'Isaac. Tandis qu'on rencontre Rebecca près d'une fontaine, Isaac, lui, médite près d'un puits. Plus tard, dans le pays des Philistins il est constamment préoccupé de retrouver les puits forés par Abraham et comblés par les habitants après le départ du patriarche. Il y a là un symbole évident. Un puits qui possède une source et qui se remplit de cette source est l'image des deux pôles mâle et femelle. En effet la source et le puits ne sont qu'un et forment un tout. Ainsi c'est parce que Rebecca avait une foi profonde, intarissable comme la fontaine dont les eaux coulent toujours, qu'elle fut la femme d'Isaac qui aspirait, surtout après la mort de sa mère, à une complémentarité nécessaire pour son épanouissement. Le couple Rebecca-lsaac est le couple parfait dont parle la Genèse : H le forma à son image, mâle et femelle H le créa. De plus, tous deux, comme Abraham et Sara, étaient étroitement attachés à la Source de vie qui est l'Esprit-Saint. Bien plus tard, au puits de Jacob, Jésus fait cet aveu à la Samaritaine : ... Celui qui boira de Peau que je lui donnerai n'aura jamais soif, et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle. Jean 4 : 14. Or, Isaac se tenait et méditait souvent auprès du puits dénommé «Lachaï-roï» (Genèse 24:62; 25: 11), c'est-à-dire, en hébreu: «qui vit et qui voit». Donc Isaac était dans le monde d'en haut, le monde céleste, le monde de la vraie vie d'où l'on voit ce qui échappe à notre monde des ténèbres. Ainsi le juste est dans le monde sans être du monde. Il habite sur notre terre, dans notre bas-monde, et c'est grâce à lui que celui-ci peut subsister et être éclairé. En effet, la lune n'a aucune lumière qui lui soit propre et, dans la nuit, elle n'éclaire que lorsqu'elle peut voir le soleil. ... A l'âge de 40 ans, après avoir porté trois ans le deuil de Sara, Isaac prit Rebecca... elle devint sa femme et 7/ l'aima. Ainsi fut consolé Isaac après avoir perdu sa mère. Genèse 24 : 67. Rebecca Elle était jeune et elle était très belle (Genèse 24 : 16). De plus, comme Sara, elle avait la parure intérieure et cachée dans le cœur (1 Pierre 3 : 4). Nombreuses étaient ses qualités. Un texte de l'Ecriture peut nous aider à en déceler quelques-unes (Genèse 24 : 67). Isaac prit Rebecca. Le verbe « prendre » a ici le sens de convaincre. Rebecca est convaincue du rôle mystique qu'elle doit incarner; et elle agira en harmonie avec Isaac. Elle devint sa femme. Par cette alliance elle devint héritière de la promesse et responsable de sa descendance. H l'aima. Il lui fut fidèle parce qu'elle combla son attente. H fut consolé d'avoir perdu sa mère, parce que sans doute Rebecca lui apporta cette douceur qui lui manquait et le chaud rayonnement spirituel qui émanait de sa mère. Sur le long chemin de la sanctification elle fut donc pour Isaac une compagne attentive, une sœur dans la foi, une épouse consciente de ses responsabilités et une mère chaleureuse. Mais le plus difficile et le plus important pour eux était de cultiver ensemble les relations saintes comme Abraham et Sara l'avaient fait. 33 Or la même épreuve vécue par Abraham frappa momentanément le couple. Isaac habita vingt ans avec Rebecca sans avoir d'enfants et cette stérilité compromettait à nouveau la promesse transmise par Abraham au couple béni. Alors Isaac implora l'Eternel. Certes Dieu n'a pas besoin qu'on le prie mais comme la prière sanctifie l'homme, Dieu aime qu'on le sollicite. Ainsi l'homme prend conscience de ce qui lui est nécessaire et il établit une relation avec Dieu d'où vient toute chose. Isaac pria, Dieu exauça et Rebecca conçut. Et les deux enfants qu'elle portait en son sein s'entrechoquaient, ce qui lui fit dire : Si cela devait arriver qu'était-il besoin que je conçusse ? Genèse 25 : 22. En effet, dans le ventre de leur mère chacun réagissait selon son propre tempérament et s'opposait à l'autre. Et elle alla consulter le Seigneur. Et H lui dit : Deux nations sont dans ton ventre et deux peuples se sépareront au sortir de tes entrailles, et l'aîné sera assujetti au plus jeune. Genèse 25 : 22, 23. Rebecca garda pour elle cette révélation et mit au monde Esaü puis Jacob. Esaü était roux et Jacob, en naissant, tenait dans la main le talon de son frère (Genèse 25 : 26), ce qui est un signe de domination. Ces enfants grandirent et c'est, sans doute, Abraham qui les initiait (Genèse 18 : 19). Malgré tout, chacun prit la direction qui lui était propre. Esaü suivit la trace tortueuse du serpent et glissa vers l'idolâtrie, tandis que Jacob, méditatif et pur, s'élança sur les ailes de la foi, entretenue et enrichie par celle du grand patriarche, à la conquête du Dieu unique. Puis Abraham mourut. Esaü était devenu alors un habile chasseur. H cultivait la terre, c'est-à-dire : il savait captiver les hommes en faisant miroiter à leurs yeux les jouissances de la terre. C'était un homme d'une grande concupiscence et qui faisait peu de cas de ses responsabilités spirituelles, témoin sa négligence vis-à-vis de son droit d'aînesse dont s'est si facilement emparé Jacob. C'était un homme des champs, c'est-à-dire : qui avait bien les pieds sur la terre, un être fort, dynamique et puissant. Même Isaac était sous le charme de ce robuste gaillard et cet attrait l'aveuglait d'autant plus facilement que lui-même devenait presque complètement aveugle. Cependant Rebecca, elle, aimait Jacob. Ils avaient une grande affinité l'un pour l'autre et vibraient du même élan spirituel. Mais, un jour, Isaac proposa à Esaü de le bénir et ce dernier s'en réjouit et s'y prépara. Que penser alors de Rebecca qui osa, par une supercherie habile, s'opposer à la décision de son époux ? Peut-elle être accusée de duplicité et de vol ? Les faits sont bien connus. Sur les injonctions de sa mère, Jacob se présenta, vêtu de peau de bête, à son père aveugle afin qu'au toucher il le confondit avec son frère Esaü qu'il était prêt à bénir uniquement parce qu'il était l'aîné. Et Isaac prononça effectivement la formule de bénédiction : Que Dieu... te donne du blé et du vin en abondance. Que les peuples t'obéissent, que des nations tombent à tes pieds, sois le chef de tes frères et que les fils de ta mère se prosternent devant toi. Genèse 27 : 28, 29. Apparemment la scène est scabreuse. Est bien ignoble l'individu qui trompe son vieux père aveugle, est bien lâche la femme qui se prête à de tels subterfuges. Mais il faut considérer l'objet du litige. Cette bénédiction répondait aux malédictions que le serpent avait attirées sur la terre. Dieu avait dit à Adam : Parce que tu as écouté la voix de ta femme et que tu as mangé du fruit de l'arbre dont je t'avais défendu de manger, la terre sera maudite à cause de toi. Genèse 3:17. Cela voulait dire que la terre ne donnerait plus de fruits de manière convenable. Et c'est pour réparer cette malédiction qu'lsaac dit (en bénissant Jacob) : Que le Seigneur te donne une abondance de blé et de vin. Comme Esaü était impur et suivait la trace du serpent (Genèse 26 : 34, 35), s'il avait été béni, les paroles prononcées par Isaac n'auraient eu aucune valeur. Une bénédiction n'a, en effet, de signification que si Dieu l'accomplit. La Bible le précise à propos de la bénédiction des prêtres (Nombres 6 : 22, 27) : Ainsi vous bénirez les enfants d'Israël... et moi, je les bénirai. Si Dieu bénit Jacob à travers Isaac, c'est qu'il n'y a pas eu «vol», car Dieu condamne le vol. De plus, Isaac, en bénissant Jacob, n'a pas été dupe car il dit, en effet : Quel est donc cet autre que j'ai béni ? Qu'il reste béni. Car en prononçant les saintes paroles de la bénédiction Isaac s'est senti empoigné par la force de l'Esprit-Saint. On comprend donc partiellement l'initiative de Rebecca. Avant la naissance des enfants, elle savait par une révélation spéciale que Jacob allait dominer sur Esaü. D'autre part, elle ne pensait pas non plus forcer la conscience de Jacob puisque son frère lui avait spontanément cédé son droit d'aînesse dont il n'avait cure. Mais pourquoi Rebecca, qui connaissait les intentions divines, n'en fit point part à son époux, et eut recours au subterfuge ? Comme Sara, Rebecca était douce et obéissait à son mari (1 Pierre 3 : 6). Elle ne pouvait se charger de rapporter à Isaac une révélation dont elle était seule destinataire. Connaissant le secret de Dieu, elle s'ingénia à créer une ambiance telle qu'lsaac put s'apercevoir de lui-même que la bénédiction, par volonté divine, était destinée, non pas à Esaü, mais à Jacob. Cette sorte de mise en scène fut inventée par elle dans le seul but de faire sentir à Isaac, au plus profond de lui-même, que Dieu, à travers lui, allait bénir l'homme pour lequel il prononcerait la bénédiction. Isaac, ce grand patriarche inspiré, se rendit compte qu'il y eut adéquation entre la prière de celui qui bénissait et l'acceptation de Celui qui a écouté la prière : Voici l'odeur de mon fils est comme l'odeur d'un champ que l'Eternel a béni. Genèse 27 : 27. Telle fut Rebecca qui sut être une compagne, une sœur, une mère et une épouse pour Isaac. Telle fut Rebecca qui avait la douceur de la colombe et la ruse du serpent, dans le service de son Dieu. Françoise JURET 34 «L'âme de cette entreprise n'est pas religieuse, mais politique, bien que l'on compte sur la force d'une tradition religieuse pour soutenir cette entreprise politique, de même que l'on compte sur les ressources financières de Juifs qui refusent de devenir Israéliens pour donner à Israël les moyens de vivre.» (4)... Ce paradoxe d'un Etat laïque pourvu d'une religion officielle crée une situation qui ne satisfait personne. Les non-religieux trouvent le joug pesant; les orthodoxes constatant que la fidélité du peuple est imparfaite craignent que l'assimilation des Juifs par l'Etat d'Israël ne soit un danger mortel. ... Jean-Paul Sartre a déclaré: «Est Juif celui que les autres considèrent comme Juif.» Mais Ben Gourion a dit plus justement: «Est Juif celui qui se sent Juif.» On a pu le constater lors de la guerre des Six-Jours. Des Juifs bien assimilés dans le pays où ils vivaient ont pris soudain conscience de leur judaïcité. Ils se sont rendus en Israël pour combattre aux côtés de leurs frères dont ils ne partageaient peut-être ni la foi ni la langue ni la manière de vivre. ... LE NATIONALISME ARABE A l'éveil du sionisme correspond curieusement le réveil du nationalisme arabe. Dans les deux cas, on décèle une activité littéraire qui se traduira ultérieurement par une organisation politique. En outre, la religion a exercé une influence différente. Elle a isolé les Juifs du monde et a uni les Arabes au conquérant turc. ... Le premier ministre Négib Azouri fonde àrParis, en 1904, La Ligue de la Patrie Arabe et publie l'année suivante te Réveil de la Nation Arabe. Il réclame la constitution d'un Empire arabe allant du Tigre à la Méditerranée, à l'ouest, englobant le Sinaï mais excluant l'Egypte, dont les habitants ne sont pas de race arabe. ... QUI EST ARABE ? Pour des raisons différentes, il est presque aussi difficile de définir un Arabe qu'un Juif. Le terme arabe est un mot indo-sémite qui signifie «désert», «celui qui vit dans le désert». La race n'est pas un critère absolu. En effet, sur les 69 millions d'Arabes que l'on dénombre aujourd'hui, 16 millions le sont vraiment et 53 millions sont arabisés-comme les Egyptiens, qui ont adopté la civilisation arabe et se sont identifiés à eux. La religion généralement adoptée est l'islam. A partir du 7e siècle, les conquêtes arabes répandent la nouvelle foi autour du Bassin méditerranéen. Mais on retrouve dès lors une situation identique à celle des Juifs dans le sens qu'il existe des communautés qui sont musulmanes sans être arabes. Le général israélien Elazar et le général Gamasy après la signature de l'accord de cessez-le-feu du 22 octobre 1973, au kilomètre 101. Tous les Arabes ne sont pas musulmans. Au Moyen-Orient un certain nombre sont chrétiens. En outre, un mouvement de laïcisation se fait jour et prend de plus en plus d'importance au sein des populations arabes. Le président Nasser voulait se servir de la religion comme d'un élément unificateur. Dans sa Philosophie de la Révolution il écrivait: «Notre conception du pèlerinage doit changer. La visite de la Kaaba ne doit plus être un billet d'entrée au paradis, ni une tentative ingénue pour l'achat du pardon divin. Le pèlerinage de La Mecque peut avoir une force politique énorme. Le nationaliste Sati al-Husri disait de son côté: «Est Arabe quiconque parle arabe, se dit Arabe, se veut Arabe.» ... La multiplicité et la complexité des influences qui se sont exercées dans cette région nous révèlent que l'héritage d'angoisses et de sang ne rendra pas aisée la solution des problèmes nouveaux. La peur engendre inéluctablement la guerre et la violence. Si fréquente et virulente dans le passé, elle semble souvent dans le présent plus efficace que la négociation. Peut-on encore espérer la paix ? Extrait du livre Mystère d'Israël (1) A. CHOURAQUI, Lettre à un ami chrétien, Fayard, Paris, 1971, p. 150. (2) Raymond ARON, De Gaulle, Israël et tes Juifs, Plon, Paris, 1968, p. 138. (3) Ibid., p. 163, 164. (4) G. FRIEDMANN, Fin du peuple juif?, N RF, Paris, 1965, p. 172. La mosquée el-Aqsa a été construite au début du 13e siècle à l'extrémité méridionale de l'ancienne esplanade du temple de Jérusalem. Elle mesure 90 m de long et 60 de large. Les anciennes colonnades ont été remplacées en 1939 par de belles colonnades de marbre de Carrare. Le plafond a été décoré en 1939 grâce à la générosité du roi d'Egypte, Farouk. Arabe lisant le Coran dans la mosquée el-Aqsa de Jérusalem.