5 RENCONTRE AVEC Le téléphone de l'amitié proposé par les associations d'assistance par téléphone à tous ceux qui souffrent de solitude dans la vie urbaine moderne. Par Bernard Sauvagnat 9 LIRE Le livre de Job Dieu est mis à la barre d'accusation par un homme révolté à cause des souffrances qu'il endure et à qui on voudrait faire croire qu'il est responsable de ses malheurs. Par Gérard Fratianni 12 A quoi bon prier pour ceux qui souffrent ? Comment résoudre ce dilemne : si Dieu n'intervient que sur demande aime-t-il vraiment? S'il intervient sans que l'on prie, alors à quoi bon prier ? Par Yvan Bourquin 16 LA BIBLE PARLE Jésus, qui est-ce au juste ? Personnage mystérieux : est-ce un homme? un illuminé ? un fou ? un prophète ? un révolutionnaire? un agitateur public ? un Dieu ? Par Bernard Sauvagnat 18 Y a-t-il un espoir? Face à la crise actuelle, aux tensions sociales, aux luttes internationales, à la guerre nucléaire possible, que peut-on espérer ? Par André VU 1er 21 BIBLE ET ÉDUCATION « Prenez garde à la manière... » Par Philippe Augendre 22 BIBLE ET ARCHÉOLOGIE Le Sinaï, montagne de Dieu La signification biblique de cette montagne située dans un désert et que la chaleur rend inhospitalière. Par Raymond Meyer 25 EN PRATIQUE L'argent : arme ou outil ? L'argent a une valeur, c'est une évidence. Cette valeur ne se mesure pas tant à sa quantité. Elle dépend de la façon dont on l'utilise, qui en fait un outil efficace ou une arme redoutable. Par Georges Vandenvelde 26 PARMI LES LIVRES Les Béatitudes, de A. Maillot Les partis politiques dans l'Europe des Neuf, de F. Borella Infaillible ? une interpellation, de H. Kùng 28 COMPRENDRE Job 1 : 6 à 12 Quand la Bible met en scène l'assemblée parlementaire du gouvernement divin pour dévoiler « l'affaire Satan ». Par Marcel Fernandez 32 VÉCU Un échec de la sorcellerie Comment un sorcier sénégalais, après avoir fait croire qu'il avait tué une femme, a fait face au défi que lui lançait un chrétien convaincu. D'après Daniel Grisier 33 SIGNES DES TEMPS... jette un regard sur l'actualité Photos de couverture : Rapho-Fotogram Revue bimestrielle fondée en 1876 RÉDACTION ET S ADMINISTRATION : 60, avenue Emile-Zola 77190 Dammarie les Lys, France Tél. (6) 439 38 26 C.C.P. 425-28 G Paris SEPTEMBRE-OCTOBRE 1980 Rédaction : Bernard SAUVAGNAT Secrétariat : Hélène PFENNIGER Maquette : Jean BREUIL « Signes des temps » est publié par l'Eglise Adventiste du Septième Jour afin de faire connaître le message de la Bible pour aujourd'hui. Pour tout renseignement veuillez consulter nos agences. Europe BELGIQUE, 11, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles 1 FRANCE, 130, boulevard de l'Hôpital, 75013 Paris, et rue du Romarin, Clapiers, 34170 Castelnau le Lez SUISSE, 19, chemin des Pépinières, 1020 Renens/Lausanne Autres continents BURUNDI, Boîte Postale 1710, Bujum-bura CAMEROUN, Boîte Postale 61, Yaoundé CANADA, 940, chemin Chambly, Lon-gueil, P.Q. COTE-D’IVOIRE, Boîte Postale 335, Abidjan CENTRAFRIQUE, Boîte Postale 274, Bangui GABON, Boîte Postale 4074, Libreville GUADELOUPE, Boîte Postale 19, 97110 Pointe à Pitre GUYANE FRANÇAISE, Boîte Postale 169, 97300 Cayenne HAITI, Boîte Postale 28, Cap Haïtien Casier Postal 868, Port-au-Prince HAUTE-VOLTA, Boîte Postale 592, Ouagadougou MADAGASCAR, Boîte Postale 1134, Tananarive MARTINIQUE, Boîte Postale 580,97207 Fort de France MAURICE, 10, rue Salisbury, Rose-Hill NIGER, Boîte Postale 11506, Niamey NOUVELLE-CALÉDONIE, Boîte Pos taie 149, Nouméa RÉUNION, Boîte Postale 922, 97400 Saint Denis SÉNÉGAL, Boîte Postale 1013, Dakar TAHITI, Boîte Postale 95, Papeete TCHAD, Boîte Postale 880, N'Djamena TOGO, Boîte Postale 1222, Lomé ZAÏRE, Boîte Postale 2099, Lubumbashi ABONNEMENTS ANNUELS (6 numéros) France et communauté : 33 F Prix du numéro : 6,50 F Autres pays : 37 F Prix du numéro : 7 F Copyright by Editions et Imprimerie S.D.T. Gérant : J. Calcia. Dépôt légal 1980, N° 463 Cobayes!... Nous sommes tous des cobayes dans cette affaire ! Si Dieu existe pourquoi le mal, la souffrance, la mort ? Et si Dieu n'est pas à l'origine du mal, comme le dit la Bible, c'est le diable qu'il faut incriminer. Mais alors pourquoi ne pas éliminer ce diable de diable ? Que de misères seraient évitées, de souffrances épargnées ! — Oui... Mais Dieu permet cette expérience pour... — C'est bien ça, une expérience ! Voilà le diable nommé chef d'un laboratoire d'expérimentation où il va faire souffrir ses victimes pour voir ce que ça fait ! C'est pire que de la vivisection. C'est du sadisme ! — Du masochisme, tant que vous y êtes ! — Du masochisme? Expliquez-vous. — Oui, quand la victime est accusée d'être l'auteur de sa propre souffrance, c'est du masochisme. — Oui, d'accord. Mais je ne vois pas le rapport. — Le rapport?... Mais c'est justement l'essentiel de l'Evangile. Dieu est la victime du mal. Il se fait cobaye volontairement pour arracher des griffes du tortionnaire ceux qui se sont laissés enfermer dans ce laboratoire infernal. Dans la personne de Jésus de Nazareth il a subi les assauts acharnés de celui qui voulait le faire entrer dans ses vues. Mais il a résisté. Alors l'acharnement a redoublé. Il a été trahi, méprisé, injurié et battu. Finalement il a été mis à mort comme le plus infâme criminel. Relisez les dernières pages des évangiles qui racontent cette agonie. On ne peut accuser Dieu ni de sadisme, ni de masochisme. L'attitude de Jésus est admirable, même si on ne la comprend pas entièrement. C'est par amour qu'il a fait cela. Sa souffrance et sa mort veulent dire : Je t'aime. Je ne suis pas responsable, je ne veux pas que tu souffres. Le croix-tu ? M'aimes-tu ? — Oui, mais ce n'est pas efficace. Le laboratoire continue ses expériences cruelles. — C'est vrai. Pourtant, comme dans tous les laboratoires, il y a deux groupes de cobayes : le groupe expérimental et le groupe témoin qui sert de référence. Or celui qui croit à l'amour de Dieu ne coopère plus avec l'expérimentateur. Il se range dans le groupe témoin. Cela ne lui épargne pas les difficultés, il reste une victime. Mais en entendant la destruction du laboratoire et sa libération définitive il devient témoin de Dieu en répondant à son amour par l'amour. » Bernard Sauvagnat 3 (RENCONTRE ÂVËC~) TELEPHONE DE EAMITIE Quand on connaît le drame de ne plus savoir à qui se confier alors qu'on est entouré de la foule des grandes villes, le téléphone peut aider. C'est la conviction des associations d'assistance par téléphone. En 1953, on a pu lire pour la première fois dans un journal londonien : «Avant de vous suicider, appelez MAN 90 00.» Inquiet de la recrudescence des suicides dans la capitale britannique, le pasteur Chad Varah venait de créer le premier poste d'assistance par téléphone. Depuis, les Samaritains, comme on les appelle là-bas, sont plus de 20 000 volontaires pour assurer une écoute permanente aux 170 centres répartis dans toutes les îles Britanniques. En France, un mouvement comparable est né le 2 août 1961 sous l'impulsion de Georges Lillaz. Il est connu sous le nom de S.O.S.-Amitié. L'idée est simple. Dans les grandes villes, quantité de personnes, à un moment ou un autre de leur vie, passent par des crises sans savoir comment en sortir. N'ayant ni parents ni amis,du moins de relationsà qui ils font pleinement confiance, ces gens ne savent vers qui se tourner pour s'épancher et trouver du réconfort. Pourquoi ne pas créer des permanences téléphoniques qui seraient des oreilles attentives à toutes les misères ? Développements Pour lancer ce projet, Georges Lillaz fit appel à tous ceux qui croient en l'amour de l'homme. Les Eglises catholiques et protestantes s'engagèrent à ses côtés ainsi que des Juifs. L'adhésion de groupes paroissiaux a facilité l'implantation de nombreux postes, tandis que l'apport de permanents mis à leur disposition par l'Eglise protestante a permis la structuration de base nécessaire. Cette participation confessionnelle n'a pourtant pas fait de S.O.S.-Amitié un agent de prosélytisme. Car l'organisation s'est plus inspirée du modèle suisse que du modèle anglais en refusant tout procédé d'Eglise. Les deux principes fondamentaux sont l'anonymat et la non-directivité. L'anonymat favorise en effet le dialogue en supprimant toutes les barrières sociales ; la non-directivité a pour but d'éviter toute tendance à une mentalité d'assisté chez l'appelant, qui doit rester maître de sa vie. Entre 1966 et 1974, S.O.S.-Amitié a connu une nouvelle phase de croissance rapide. De 5, les postes sont passés à 25. Et le petit groupe fondateur a dû transmettre le relais à une nouvelle génération. Les expériences du poste de Paris en faveur des candidats au suicide, à la demande desquels les écoutants se déplaçaient jusqu'à eux, ont poussé l'ensemble de l'association à préciser ses objectifs. Désireuse de situer 5 (RENCONTRE AVEC) S.O.S.-Amitié : 37 postes en France (voir les numéros dans les pages vertes des annuaires téléphoniques), siège : 5 rue Laborde, 75008 Paris, (1) 387 37 01. S.O.S.-Help : secours en anglais, (1) 723 80 80. S.O.S.-Couples : (1) 539 37 37. S.O.S.-Espoir : (1) 370 69 26. S.O.S.-Femmes-alternatives : (1) 731 51 69. S.O.S.-Jeunes : Nice, (93) 88 58 58. S.O.S.-Personnes Agées : (1) 587 06 17. S.O.S.-Troisième Age : (1 ) 340 44 11. son intervention à un stade antérieur au processus suicidaire, S.O.S.-Amitié a limité son action à l'écoute téléphonique. Et le besoin s'est fait sentir de donner aux écoutants une formation plus spécifique en rapport avec cet objectif. Aujourd'hui, la préoccupation essentielle est la dimension sociale de l'action de S.O.S.-Amitié. Chaque poste s'inscrit dans sa région, où les problèmes ont leur caractère spécifique. Il est le lieu d'échanges où les écoutants sont tout autant bénéficiaires que les appelants. Son objectif est de transformer les relations à l'intérieur de la société. Qui sont les écoutants ? Ce sont 16 000 bénévoles, dont une large majorité de femmes. Ils représentent toutes les tranches d'âge et tous les milieux sociaux-professionnels. Ce personnel se renouvelle en permanence. En effet, à raison de quatre heures par semaine, il faut des dizaines de personnes pour animer un poste vingt- quatre heures sur vingt-quatre. Et, en général, l'écoute ne dure pas plus de trois ou quatre ans. Cela permet du reste d'éviter tout professionnalisme, car l'une des qualités recherchées par S.O.S.-Amitié est la spontanéité, la disponibilité totale sans risque de rapports de supériorité. Le recrutement se fait selon un seul critère : l'aptitude à l'écoute. Cette aptitude est appréciée par la capacité que le candidat a de se remettre en question et de travailler en équipe. La formation des candidats retenus dure trois mois. Elle ne consiste pas à apprendre des techniques d'écoute, mais elle se fait en situation avec l'aide de psychologues, de psychiatres ou de médecins. Il s'agit de se mieux connaître et d'apprendre à ne pas mélanger ses propres valeurs avec celles de l'appelant, afin de l'accueillir inconditionnellement. Une fois engagé, l'écoutant participe tous les quinze jours à des rencontres où il partage ses expériences avec celles de ses collègues. C'est une sorte de formation permanente où l'on fait le point sur les appels qui ont suscité gêne, 6 (RENCONTRE AVEC) émotion, révolte pour s'encourager à davantage de maîtrise de soi. C'est une rude tâche, mais, au dire des écoutants eux-mêmes, c'est une expérience enrichissante. L'est-elle aussi pour les appelants? Qui appelle ? Les appels sont en augmentation régulière : 90 000 en 1 972, 1 60 000 en 1976 et 300 000 en 1979. Soit une moyenne de 820 appels par jour sur l'ensemble des 37 postes en service sur le territoire français. Les raisons d'appel sont pratiquement constantes. Les dernières statistiques complètes, celles de 1978, indiquent une majorité de problèmes personnels et interpersonnels. Le phénomène est typique des crises traversées par les habitants des grandes villes contemporaines. Tous les naufragés du 20e siècle sont là : chômeurs, sans-logis, malades, drogués, alcooliques, suicidants, solitaires en tout genre. Et souvent un seul appel contient plusieurs difficultés imbriquées les unes aux autres. PI us des trois quarts des cas (76 %) révèlent les blocages SOS AMITIÉ æ Vous parlez, nous vous écoutons. Le numéro est Aux, les premières pages de l’annuaire. de notre société murée en ce qui concerne les rapports entre individus. Les autres L'idée a fait tache d'huile. Le secours par téléphone s'est diversif ié --► 7 (RENCONTRE AVEC) ANGOISSE ■ DESESPOIR - SOLITUDE & SOS AMITIE 242454 en se développant. Des associations indépendantes mais complémentaires de S.O.S.-Amitié sont nées. Chacune s'adresse à un public spécifique : les personnes âgées pour S.O.S.-Troisième Age et S.O.S.-Personnes Agées ; les femmes battues pour S.O.S.-Femmes-alternatives ; les jeunes pour S.O.S.-Jeunes (à Nice). Certaines associations ont ajouté à l'aide par téléphone des centres d'accueil pour les suicidaires et les drogués, et des intervenants à domicile, surtout en faveur des personnes âgées qui souhaitent ne pas quitter leur cadre de vie traditionnel. Beaucoup de ces associations n'ont vécu que très peu de temps faute de moyens financiers. S.O.S.-Amitié doit sa vie et son développe ment au nombre de ses adhérents et à quelques subventions des Directions Départementales d'Action Sanitaire et Sociale, car, grâce à son impact sur les candidats au suicide, elle est reconnue d'utilité publique. Signe du développement technologique de notre société, le téléphone est peut-être l'un des facteurs responsables de la difficulté que les individus ont à communiquer entre eux. Mais, par le moyen de ces associations, il répond littéralement aux S.O.S. (Save Our Soûl, c'est-à-dire Sauvez notre âme). Grâce à lui, n'importe qui, submergé par une crise, peut remonter à la surface sans craindre d'être jugé ou de déchoir. ■ Bernard Sauvagnat Associations d'assistance par téléphone dans les pays francophones : Belgique : TÉLÉ-ACCUEIL 99, boulevard de Waterloo B - 1000 Bruxelles Tél. 02/538 28 00 LA MAIN TENDUE Case Postale 23 CH - 1211 Genève 4 Tél. 022/143 Nouvelle-Calédonie S.O.S.-AMITIÉ B. P. 3852 Nouméa Tél. 27 27 27 8 (H© LE LIVRE DE JOB Dans un camp de concentration nazi, l’écrivain juif Elie Wiesel assiste à un curieux procès. Trois juifs cultivés décident de mettre Dieu en accusation. Les débats commencent. Arguments pour et contre. C’est sérieux et solennel. Au bout de quelques semaines de débats, le verdict tombe : COUPABLE. Après quoi, le président invite toute la chambrée à prier. Paradoxe ! Contradiction ! Job a fait de même. Après avoir intenté un procès à Dieu, Job le trouve «coupable». Cependant, Job continue d'adorer ce Dieu qui le blesse sans motif (Job 2 : 3 ; 9 : 17). Job ressemble à ce brave citoyen que deux policiers empoignent et conduisent en prison. Accusé, jugé, condamné sans recours. Toute sa plainte se résume en peu de mots : Il doit y avoir une erreur. Vous m'avez pris pour quelqu'un d'autre. Une souffrance absurde Satan met terriblement en doute le service gratuit de Job. C'est un mercenaire. Il est payé pour... Il aime les dons et non le Donateur, les cadeaux et non Celui qui les donne. Cette conversation presque amicale du prologue de Job, entre Dieu et Satan, se passe dans les coulisses. Job ne sait pas. Il ne doit pas le savoir pour que ce pari (mot redoutable) ait un sens. Job est semblable au trapéziste qui travaille sans filet. Sa souffrance est une souffrance gratuite, absurde, pour rien. Job ne souffre pas pour quelque chose ni pour quelqu'un. Si Job avait su que ses souffrances serviraient à quelque chose, il aurait pu tenir bon, se durcir. Dieu avait tout misé sur Job, il était le champion de Dieu, le héros choisi, mais il ne le savait pas. Personne sur la galerie pour l'applaudir. Jamais Satan ne reprochera à Dieu de n'avoir pas respecté les règles du jeu. Le Job des deux premiers chapitres du livre n'est pas à notre mesure. Il semble venir d'une autre planète, d'un autre monde. Il nous dépasse, nous écrase. A partir du troisième chapitre il perd de l'altitude, il devient un des nôtres, un compagnon de route. Il est beau, noble et grand quand il dit : L'Eternel a donné, et l'Eternel a ôté; que le nom de l'Eternel soit béni ! (Job 1 : 21.) Il est sublime quand il devient un lion rugissant, un titan furieux. Comme Jacob près du torrent de Jabok, il entre en « collision » avec Dieu. Dieu préfère être combattu que défendu. Il reste sept jours sans rien dire. L'atmosphère est lourde. Job lit sur le visage de ses amis des reproches et des accusations et décide de rompre le silence. «Sa parole ressemble à l'éclat de la foudre au milieu d'un air lourd et chargé de vapeur L » Périsse le jour où je suis né! (Job 3:1.) 9 La révolte On a trop parlé de sa patience (deux chapitres !) et pas assez de sa colère, de l'innocent frappé qui s'exprime (quelque trente chapitres). Job est un des premiers hommes du monde qui met Dieu à la barre d'accusation. Parfois, il frise le blasphème. Il dit à Dieu des choses que personne n'avait osé dire avant lui. «Aucun homme n'a osé poser à Dieu de pareilles questions 2. » Il met tout simplement en question la liberté de Dieu de donner la vie, son droit de permettre certaines naissances : Pourquoi donne-t-il la lumière à celui qui souffre, et la vie à ceux qui ont l'amertume dans l'âme ? (Job 3 : 20.) Dieu n'a-t-il pas demandé à Abraham de donner son fils ? A Job, on ne lui a absolument rien demandé. On enlève, on arrache. Et ça, c'est du vandalisme. Job a le droit (il le prend) de se révolter : Maintenant encore ma plainte est une révolte (les gens trop pieux n'aiment pas ça I), mais la souffrance étouffe mes soupirs. (Job 23:1.) Cette révolte, il faut le dire, est très bien alimentée par ses amis. Trente-cinq chapitres de morale ! (Qui ne craquerait pas avant?) Au cours de leur déposition, ils diront parfois des choses plus ou moins censées, si le ton ne sentait pas le pharisaïsme. Toute leur phraséologie se résume, en fait, en peu de mots : En Dieu il n'y a pas d'injustice. Il ne châtie jamais arbitrairement. Tous ceux qu'il frappe sont coupables. Job est frappé, il est donc coupable. C'était la conception de l'époque. (Elle continue, hélas ! à faire des ravages parmi les croyants, et empêche une bonne relation entre les «frappés de Dieu » et les bien portants.) Job parle sans intelligence, et ses discours manquent de raison. Qu'il continue donc à être éprouvé, puisqu'il répond comme font les méchants! Car H ajoute à ses fautes de nouveaux péchés. (Job 34 : 35-37.) Job, lui, est en train de vivre un terrible paradoxe, une contradiction. Il sait que Dieu est juste, mais il est aussi convaincu intérieurement, et sa conscience en est le témoin fidèle, qu'il ne mérite pas cette punition3. Va-t-il renier Dieu ou sa conscience4? Suspense, déchirement. Pour trouver la paix il suffirait de choisir. Sa femme craque. Elle choisit : Maudis Dieu et meurs ! (Job 2 : 9.) Le pauvre Job, resté seul face à sa souffrance, aux amis et à Dieu, 10 continue de vivre dans cette contradiction déchirante : Dieu est juste et moi je suis innocent. C'est sublime ! Le silence Mais l'absence de Dieu devient insupportable à celui qui se souvient avec effusion des jours où Dieu était son «ami». Le silence de Dieu «est l'arme la plus puissante de l'athéisme5». On comprend. «Il est difficile de croire en Dieu quand Dieu est un désert6.» Un écrivain russe nous scandalise : « Etre élu de Dieu, c'est être abandonné de LUI7. » Où est-il plus facile de garder la foi, sur la montagne de la transfiguration ou sur la colline de Golgotha ? C'est à cause de cette absence totale de « signes », de « supports », de «traces» de Dieu que Job, pendant son expérience, sera introduit dans le mystère de Dieu, dans son intimité, dans son secret. Pour y arriver, il faut avoir les mains absolument vides, devenir pauvre, dépouillé, nu. Tous les Job remplis de cadeaux restent devant la porte. C'est ce Dieu de Job qui pousse à l'athéisme. Ce Dieu qui livre son plus cher ami à son adversaire redoutable. En l'exposant, en le rendant vulnérable, Dieu pousse à l'athéisme. Il pousse à renier tous les faux dieux qu'on appelle «dieu paratonnerre», «dieu assurance tous risques», le dieu qui vous empêche d'avoir un accident, de vous trouver parmi les victimes lors d'un tremblement de terre, d'être frappé jeune d'une maladie incurable. « Convertissez-vous, acceptez Jésus-Christ, vous aurez la santé, la prospérité, le succès en amour et dans les affaires... » C'est envers ce dieu-là que le Dieu de Job pousse à devenir athée. Le vrai Dieu de la Bible, de Job, de Paul et de Jésus-Christ est un Dieu qui nous laisse fragile, vulnérable, faible et parfois avec une écharde dans la chair, sans motif. Athée envers le dieu utilitaire, envers ce dieu que l'on veut utiliser plutôt que servir. Un tel dieu a besoin de mercenaires et de courtisans. (Cela convient à Satan I) La découverte Enfin, la réponse de Dieu arrive. Déconcertante pour ceux qui auraient souhaité une explication rationnelle à la souffrance du «juste frappé». C'est l'épreuve suprême pour Job. Aucune parole de consolation, d'encouragement, de soutien, de tendresse. Job boit la coupe jusqu'à la lie. On croirait entendre Jésus sur la croix : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? (Matthieu 27 : 46.) Dieu se tait. Il n'y a plus que la nature qui réagit : le ciel se couvre, les ténèbres obscurcissent la terre et le tremblement de terre gronde. Mais qu'importe, même si Dieu utilise son «artillerie lourde 8 » pour impressionner Job, en passant par l'aigle, le tonnerre, la tempête et l'hippopotame, ce qui compte, c'est que Dieu a parlé et il s'est produit une rencontre. Il a compris, bien sûr, qu'il a parlé, sans les comprendre, de merveilles qui le dépassent et qu'il ne peut concevoir. (Job 42 : 3.) Il y a des souffrances incompréhensibles qui restent une affaire regardant Dieu. Mais au-delà de tout cela, c'est la nouvelle expérience spirituelle qui importe. Il a découvert une nouvelle image de Dieu, un nouvel aspect de son caractère. Et toute nouvelle découverte de Dieu est un « accouchement douloureux» : «Toute mue est douloureuse.» (Saint-Exupéry.) Mon oreille avait entendu parler de toi ; mais maintenant mon œil t'a vu. (Job 42 : 5.) A tous les Job modernes en révolte parce qu'ils ne comprennent pas tout, Dieu dit : «Pardonne-moi. Un jour, tu sauras, tu comprendras, tu me rendras grâce. Mais maintenant, ce que j'attends de toi, c'est ton pardon, pardonne9.» ■ Gérard Fratianni Dieu pousse à l'athéisme Le vrai Dieu de la Bible, de Job, de Paul et de Jésus-Christ est un Dieu qui nous laisse fragile, vulnérable, faible et parfois avec une écharde dans la chair, sans motif. 1. F. Godet, Etudes bibliques, Paris, 1873, éd. Sandoz et Fischbacher, p. 237. 2. A. M. Cocagnac, O.P. dans la revue La Vie Spirituelle, t. 95, éd. du Cerf, 1 956, p. 355. 3. Cf. le procès mentioné par Elie Wiesel. 4. F. Godet, op. cité, p. 239-243. 5. C. L. Jeffré, dans Lumière et Vie, n° 66, t. 13, 1964, p. 55. 6. F. Varillon, La souffrance de Dieu, éd. du Centurion, Paris, 1975, p. 95. 7. Paul Evdokimov, Dostoïevski et le problème du mal, éd. Desclée de Brouwer, Paris, 1978, p. 181. 8. C. G. Yung, Réponse à Job, éd. Buchet et Chastel, Paris, 1964, p. 53. 9. G. Bernanos, cité par Bernard Bro dans Le pouvoir du mal, éd. du Cerf, Paris, 1976, p. 53. ii A QUOI BON PRIER POUR CEUX QUI SOUFFRENT? Si Dieu est Dieu, à quoi sert-il de le prier, de chanter ses louanges, de l’adorer, de le servir ? L’homme est incapable devant Dieu, inutile pour Dieu. Mais alors, pourquoi tout cela ? Difficile d'échapper à ce dilemme : Ou bien l'intercession change quelque chose pour l'autre — et dans ce cas on se demande pourquoi Dieu attend que je le prie avant d'intervenir, lui qui prétend aimer l'autre... Ou bien l'intercession ne change rien — et alors on peut s'en passer... La deuxième réponse contredit formellement l'enseignement biblique. La première soulève un problème énorme, puisqu'elle place Dieu à la barre d'accusation. De toute manière, les incrédules ont de quoi se frotter les mains. Et les chrétiens, de quoi pâlir. Car avec la prière, c'est la vie chrétienne tout entière qui est atteinte. Vite ! la sortie de secours ! « Prier, c'est s'ouvrir à Dieu pour qu'Il nous ouvre aux autres 1. » Ouf ! une issue ! La prière vise, non pas tant à changer quelque chose pour l'autre, à modifier une situation objective, mais à me transformer moi-même, à changer mes dispositions intérieures. Le coup est esquivé, et de manière très élégante. Il est clair, comme le précise Louis Evely, que c'est l'homme et non pas Dieu qui constitue le véritable obstacle à l'exaucement de nos prières. Celles-ci sont beaucoup trop souvent à l'impératif. En réalité, «il faut prier pour se laisser inspirer de ce désir de paix que Dieu nous insuffle2». C'est pourquoi «toute prière chrétienne est une action de grâce3». S'il faut parfois du temps, c'est précisément parce que c'est nous et non pas le Seigneur qu'il s'agit de convaincre par la prière. J'applaudis. Le coup de barre était nécessaire. Un peu moins de « s'il te plaît », un peu plus de « merci ». Tout à fait d'accord ! Et cela va très loin : — Plus question de prier Dieu pour «les pauvres et les malheureux», de manière très générale, sans que cela m'engage. Ce n'est pas à moi de les remettre aux bons soins du Seigneur; c'est lui, au contraire, qui les confie à mes bons soins. — Prier, c'est donc accepter d'agir concrètement pour eux. — C'est demander à Dieu qu'il me fasse mal avec la souffrance des autres 4. — C'est aussi et surtout lui permettre de me faire partager sa joie, 12 sa compassion, son amour et son intérêt pour l'homme. — Dans ce sens, la prière est essentiellement une action de grâce, un élan de reconnaissance pour les bienfaits reçus, une ouverture à la richesse du don de Dieu en Jésus-Christ. Cette perspective est très juste. Tout ce qui ne s'inscrit pas dans ce cadre, c'est du paganisme. Il y a malheureusement beaucoup de chrétiens — et j'en fais partie — qui sont encore des païens attardés, qui ont tout à apprendre du Christ au sujet de la prière véritable. Toutefois, si la prière n'est qu'un moyen pour me changer moi-même, si elle ne fait rien « bouger » d'autre que mes sentiments et mes dispositions, si elle ne correspond plus à un dialogue avec un Dieu vivant capable de «se repentir», de «se laisser fléchir », autant opter pour la « méditation transcendantale» ou le degré supérieur du «training autogène»... Heureusement, l'Ecriture est formelle : Moïse implora l'Eternel son Dieu. ... Et l'Eternel se repentit du mal qu'il avait déclaré vouloir faire à son peuple5. Samuel ... cria à l'Eternel pour Israël et l'Eternel l'exauça 6. Job, mon serviteur, priera pour vous, et c'est par égard pour lui seul que je ne vous traiterai pas selon votre folie7. Et nous pourrions multiplier les exemples qui démontrent la valeur «objective» de l'intercession. Nous nous retrouvons alors devant le problème signalé au début de cet article: Pourquoi Dieu « attend »-t-il que je le prie avant d'intervenir, lui qui prétend aimer l'autre? N'est-il pas prétentieux de notre part d'affirmer qu'il a « besoin » de nos prières ? Ce n'est d'ailleurs pas la seule difficulté. Comment concevoir que nos requêtes puissent changer quelque chose à une situation tout extérieure, à l'état de santé d'un malade, à la sortie de prison d'un chrétien opprimé ou à la conversion d'une personne vivant de l'autre côté de la planète? Penchons-nous tout d'abord sur cette question. Qu'est-ce qui change ? J'accepte le défi : si je prétends que ce sont les dispositions de Dieu qui se transforment à la suite de ma prière, je suis un païen, rien de plus. Toutes mes paroles — et il y a intérêt à en prononcer beaucoup, dans cette optique ! — visent alors à mettre Dieu au courant d'une situation à laquelle il ne porterait pas l'attention voulue. Jésus tranche la question : Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens; ils s'imaginent que c'est à force de paroles qu'ils se feront exaucer. Ne leur ressemblez donc pas, car votre Père céleste sait ce dont vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez8. Quand la Bible parle du « repentir » de Dieu, elle emploie un langage à ma portée pour me faire saisir une réalité qui me dépasse. Ne dit-elle pas ailleurs qu'il n'y a chez lui ni changement ni ombre de variation 9 ? La question reste posée : Qu'est-ce qui change au moment où j'intercède pour un malade, pour un opprimé, pour un inconverti ? Alexis Carrel affirme que la prière est une force aussi réelle que la gravitation universelle. Comment cela va-t-il se traduire, en pratique ? Je crois fermement que la prière correspond à la formation, à l'élaboration en moi d'une pensée d'amour. Cela, nous l'avons déjà relevé, c'est l'élément subjectif. Mais ce n'est pas tout. Cette force demande à être libérée, transmise comme une onde positive que j'émets et qui va vers son but. Il se peut fort bien que l'image de l'onde soit en réalité plus qu'une image, et que les influences mystérieuses qui passent de l'un à l'autre soient véhiculées par un phénomène physique de ce type. Dans ce cas, je fonctionne un peu comme une antenne. La prière me permet de capter l'amour diffusé par Dieu, qui est la source personnelle de tout amour, le lieu même de l'amour vrai. Ensuite, je fais rayonner cette puissance sur mon entourage ou je la dirige sur une personne pour qui je prie. Une onde d'amour Je fonctionne un peu comme une antenne. La prière me permet de capter l'amour diffusé par Dieu, qui est la source personnelle de tout amour, le lieu même de l'amour. Ensuite, je fais rayonner cette puissance sur mon entourage ou je la dirige sur une personne pour qui je prie. 13 Vivre ses prières Se contenter d'influencer les autres par des pensées d'amour sans jamais agir en leur faveur, c'est mettre à feu les moteurs d'une fusée, dégager une énergie considérable, sans la faire décoller. C'est raté. Que cette illustration corresponde ou non à la réalité, une chose est sûre. Avant d'agir, Dieu attendqu'un feu rouge passe au vert. Ou plutôt, il n'attend pas, il se sert de moi pour obtenir ce résultat. Expliquons-nous. Le feu rouge, c'est une fermeture et le feu vert, une ouverture. Ce sont deux attitudes qui caractérisent l'homme devant la souffrance. Il peut s'endurcir ou se ramollir, devenir un «cœur de pierre» ou un «cœur de chair». Regardez autour de vous les gens qui ont beaucoup souffert : ou ils sont aigris, ou ils sont profondément humains. Si j'ai pour quelqu'un une pensée d'amour, non pas isolée, mais constamment renouvelée, je libère une force qui agira dans le sens de l'ouverture. C'est ce que Jésus a fait, sur la croix, en faveur des deux larrons, de sa mère, des disciples, de ses bourreaux, de la foule et de l'humanité entière. Les uns ont été touchés, les autres pas. Il n'y a rien d'automatique. Il s'agit d'une influence — rien de plus. Mais elle est assez puissante pour nous atteindre, à vingt siècles de distance ! Un malade pour lequel j'ai prié, même si je n'ai pas l'occasion de lui rendre visite, même s'il ne me connaît pas ou ne sait pas que j'intercède en sa faveur, peut être influencé, d'une manière ou d'une autre, par la pensée d'amour que je nourris à son égard. J'en suis convaincu. Evidemment, c'est encore mieux si je peux lui révéler en paroles ou en actes l'intérêtque je lui porte. Cela s'appelle : vivre ses prières devant Dieu, pour qu'il puisse y répondre. Une personne qui se contenterait d'influencer les autres par des pensées d'amour sans jamais agir en leur faveur serait semblable à une fusée dont les moteurs viennent d'être mis à feu, qui dégage une énergie considérable, mais qui ne part pas. L'expérience est ratée ! C'est dans la mesure où mes actes, mes paroles et tout mon comportement traduisent mes prières que je puis réellement dire, comme le psalmiste : ...et moi je ne suis que prière 10. Mais ces réflexions nous laissent encore sur notre faim. Le problème fondamental demeure : Dieu attend-il que j'intercède avant d'agir en faveur de l'autre? Si je réponds «non», Dieu est déchargé, mais la prière d'intercession perd tout son sens. Si je réponds « oui », je valorise la prière, mais à quel prix : je mets en cause l'amour du Père ! Changeons de lunettes ! Je me sens traqué. Impossible de me défendre. Alors je passe à l'attaque. Toi, Satan, qui essaies de brouiller ma vision et de démolir ma foi, crois-tu que tu pourras me maintenir dans la cellule si exiguë où tu cherches à m'enfermer? J'ai besoin d'espace. Tu voulais fixer mon attention sur un point microscopique? Désolé: je préfère embrasser tout l'horizon de mon regard. Ce problème apparemment insoluble que tu me poses, je te le renvoie, démesurément amplifié. Il ne s'agit plus seulement de la prière d'intercession, mais de l'ensemble de mes relations avec Dieu. Le Seigneur a-t-il besoin de moi, oui ou non ? Non, bien sûr, puisqu'il est le Créateur et que moi je suis une faible créature, nullement indispensable. Et pourtant si, Dieu a besoin de moi. Parce qu'il l'a bien voulu ! Parce qu'il m'aime. C'est celui qui aime le plus qui se rend le plusdépendant de l'autre. Cela vaut dans tous les domaines de ma vie. Je pourrais dire : le Seigneur est assez puissant, il peut trouver des solutions sans que j'aie à «mettre la main à la pâte». A-t-il besoin de mon témoignage, de mon service chrétien, des deniers que je verse à mon Eglise ou à une œuvre de bienfaisance ? A-t-il besoin de ma participation au culte et à toutes les autres activités spirituelles? Allons encore plus loin : La société, l'humanité a-t-elle besoin de mon travail? Tout fonctionnerait de la même manière si je n'étais pas là ! Quand j'y réfléchis, je me trouve parfaitement superflu ! 14 Ce n'est donc pas seulement la prière d'intercession, mais ma vie dans son ensemble qui est inutile. Le miracle, c'est que Dieu, dans ces conditions, fasse appel à moi, et à moi seul, pour accomplir une tâche précise qu'il estime utile. Je dois commencer par m'écraser dans la poussière. Vanité des vanités, tout est vanité. C'est alors que le Seigneur me relève et me dit : «Viens, j'ai besoin de toi. Tu ne lecomprends peut-être pas, mais je t'aime et je tiens à toi, à ton attachement, à ton dévouement, à ton action, à tes prières. Je nesuis jamais découragé, mais malgré tout il y a quelque chose en toi qui m'encourage. Je n'attends pas que tu me demandes d'agir en faveur de tes semblables, et pourtant je l'attends quand même, d'une certaine façon, parce que j'en ai besoin, parce que tu me fais du bien et que — comprends-moi, je te parle humainement — tu me donnes des ailes pour intervenir. » Et le Seigneur ajoute, sur le ton d'une confidence : «Ta prière, tu l'as deviné — elle ne sert peut-être à rien, pas à grand-chose en tout cas... Mais si tu savais comme elle fait bondir mon cœur ! Tu ne vas pas me refuser cette joie, dis ? » Alors j'ai compris. Dieu refuse de se laisser entraîner dans le fameux dilemme. Nousn'avonsqu'uneques-tion en tête, comme les disciples : Voici, nous avons tout quitté, et nous t'avons suivi11. Sous-entendu : «Cela valait-il au moins la peine?» Vaut-il au moins la peine de nous mettre à genoux, d'aller à l'église, de chercher à vaincre nos penchants, de répandre notre foi, en un mot de servir le Seigneur? Est-ce utile de prier pour ceuxqui souffrent ? Et tous nos sacrifices: sont-ils rentables? Sont-ils payants ? Par ces questions, nous assombrissons notre vie, et nous attristons le Seigneur. Il veut nous attirer dans son monde à lui, qui est celui de la gratuité. Les amis de Job s'étaient efforcés de lui prouver que toutes choses ont leur utilité, surtout le service de Dieu. La religion n'assure-t-elle pas la faveur divine à qui la pratique fidèlement ? C'étaient de bons comptables, les amis de Job ! Un peu comme nous... Job, en revanche, servait l'Eternel sans raison, pour rien. Sinon, il aurait tout abandonné quand le malheur l'a frappé; il aurait maudit ce Dieu qui lui prenait tout. Job était un apôtre de la gratuité. Or un jour, il a fallu choisir quelqu'un pour une action utile. Savez-vous pour qui le Seigneur a opté ? C'est Job, l'homme du service gratuit, qui a dû intercéder en faveur de ses amis. Lui seul pouvait le faire avec efficacité ! Ce qui est vrai pour Job l'est encore mille fois plus de Jésus-Christ : quelle puissance, quelle efficacité dans le don de sa vie — un don gratuit ! Jésus ne s'est pas demandé : «M'incarner: ça sert à quoi?» Cessons donc de nous poser la question: «Prier pour ceux qui souffrent : ça sert à quoi ?» Dieu risquerait de nous répondre en souriant : « La prière gratuite du juste a une grande efficace... » ■ Yvan Bourquin 1. L. Evely, La prière d'un homme moderne, éd. du Seuil, Paris, 1969, p. 115. 2. Idem, p. 1 6. 3. Idem, p. 18. 4. L'expression est de R. Follereau. 5. Exode 32 : 11, 14. 6. 1 Samuel 7 : 9. 7. Job 42 : 8. 8. Matthieu 6 : 7, 8 (traduction œcuménique). 9. Jacques 1:17. 10. Psaume 109 : 4 (version du Rabbinat français). 11. Marc 10 : 28. Le monde de la gratuité «Ta prière, tu l'as deviné, elle ne sert peut-être à rien, pas à grand-chose en tout cas... Mais si tu savais comme elle fait bondir mon cœur ! Tu ne vas pas me refuser cette joie, dis ? » 15 «Jésus? Qui est-ce au juste? D’après la Bible, Jésus est la solution au problème du mal, seul il peut nous libérer de nos angoisses et de toutes nos entraves. Lui-même disait à ses contemporains : Vous étudiez les Ecritures parce que vous pensez trouver en elles la vie éternelle : ce sont justement elles qui parlent de moi ! (Jean 5 : 39.) De cette façon il apparaît comme le personnage central de la Bible. Pour comprendre la Bible il faut le comprendre. En dehors de la Bible, Jésus est mentionné par des historiens de l’Antiquité : le Juif Flavius Josèphe, et les Romains Tacite, Suétone et Pline le jeune. Mais ce sont les évangiles qui donnent le plus de détails à son sujet. Un homme surprenant Dans les évangiles, Jésus est présenté comme un homme : on connaît sa famille, son pays et sa profession. C’est Jésus de Nazareth. Les nombreuses personnes qui l’entendirent furent très étonnées. Elles disaient : « D'où a-t-il tout cela ? Qu’est-ce que cette sagesse qu’il a reçue et ses miracles qu’il accomplit ? N’est-ce pas lui le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon ? Et ses soeurs ne vivent-elles pas ici parmi nous ? (Marc 6 : 2, 3.) Mais c’est un homme qui surprend, qui étonne et suscite des réactions positives et des réactions négatives. Après la guérison d’un muet, les foules étaient remplies d’étonnement et disaient : « On n’a jamais rien vu de pareil en Israël ! » Mais les Pharisiens disaient : « C’est le chef des esprits mauvais qui lui donne le pouvoir de chasser ces esprits ! » (Matthieu 9 : 33, 34.) Un homme dangereux Après un discours, les Juifs furent de nouveau divisés à cause de ces paroles. Beaucoup d’entre eux disaient : « Il a en lui un esprit mauvais ! Il est fou! Pourquoi l’écoutez-vous?» (Jean 10: 19, 20.) Dans une autre circonstance encore, Jésus est pris à parti par ses interlocuteurs : « N’avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et que tu as en toi un esprit mauvais ? » (Jean 8 :48.) Traiter un Juif de Samaritain était la pire injure à cette époque, car le Samaritain était considéré comme pire que le païen, et pour se rendre de la Judée en Galilée, les Juifs faisaient un détour afin de ne pas se souiller en traversant la Samarie. Jésus lui-même, remarquant l’attitude des personnes qui l’entouraient, a dit : Jean-Baptiste est venu, il ne mange pas de pain et ne boit pas de vin, et vous dites : « Il a en lui un esprit mauvais ! » Le Fils de l’homme est venu, il mange et il boit, et vous dites : « Voyez cet homme qui ne pense qu’à manger et à boire du vin, qui est ami des percepteurs d’impôts et des gens de mauvaise réputation !» (Luc 7 : 33, 34.) Cette série de réactions est très dure à l’égard de Jésus. Elles montrent que les avis sont partagés à son sujet. C’est un personnage particulier en face de qui on ne peut rester indifférent. Devant le procurateur romain Ponce Pilate, Jésus est accusé : Nous avons trouvé cet homme en train d’égarer notre peuple : il leur dit de ne pas payer l’impôt à l’empereur et prétend qu’il est lui-même Christ, un roi. ...Il pousse le peuple à la révolte par son enseignement. (Luc 23 : 2,5.) Cette accusation était fausse, mais elle montre que Jésus pouvait être perçu par certains comme un agitateur politique. Un prophète ? Rejeté par les autorités religieuses, Jésus était tenu pour un grand homme par beaucoup de gens du peuple. Des gens de la foule, après avoir entendu ces paroles, disaient : « Cet homme est vraiment le 16 Prophète ! » D'autres disaient : « C’est le Messie ! » « Mais, » disaient d’autres, « le Messie pourrait-il venir de Galilée ? L’Ecriture déclare que le Messie sera un descendant de David et qu’il viendra de Bethléhem, la ville où a vécu David. » La foule se divisa donc à cause de Jésus. Certains d’entre eux voulaient l’arrêter, mais personne ne mit la main sur lui. Les gardes retournèrent auprès des chefs des prêtres et des Pharisiens qui leur demandèrent : « Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ? » Les gardes répondirent : « Jamais personne n’a parlé comme cet homme ! » « Vous êtes-vous laissé tromper vous aussi ? » leur demandèrent les Pharisiens. « Y a-t-il un seul de nos chefs ou un seul des Pharisiens qui ait cru en lui ? Mais cette foule qui ne connaît pas la loi de Moïse, ce sont des maudits !» (Jean 7 : 40-49.) Pour plusieurs il était un prophète. Il demanda à ses disciples : « Que disent les gens au sujet du Fils de l’homme ? » Ils répondirent : « Certains disent que tu es Jean-Baptiste, d’autres disent que tu es Elie, et d’autres encore disent que tu es Jérémie ou un autre prophète. » « Et vous », leur demanda Jésus, « qui dites-vous que je suis ? » Simon Pierre répondit : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. » (Matthieu 16 : 13-15.) Plus qu'un prophète Lors de son procès le grand-prêtre l’interrogea ... : « Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ? » Jésus répondit : « Oui, je le suis, et vous verrez tous le Fils de l’homme assis à la droite du Dieu puissant ; vous le verrez aussi venir parmi les nuages du ciel. » (Marc 14 : 61, 62.) Parmi les différentes réactions de ses contemporains Jésus en accepte certaines. Il veut bien être considéré comme le Messie et même comme le Fils de Dieu. Pourtant, il préfère nettement s’appeler lui-même le Fils de l’homme. Que veulent dire ces trois désignations ? Il est indispensable de le savoir pour se faire une idée juste de Jésus de Nazareth, personnage central de la Bible. Nous étudierons cela dans les prochains articles de cette rubrique. Les émissions Spécial Jeunes Radio : des émissions religieuses pas comme les autres — Chaque dimanche matin, à 7 h 30 G.M.T. sur 31 m O.C. 9660 Khz. : Michel et John. — Chaque soir de 18 h à 19 h G.M.T. sur 49 m O.C. 6210 Khz. : Trois pas vers le ciel. — Bruxelles : chaque soir de 19 h à 20 h, heure locale, sur Radio Huguette, F.M. 105 Khz. Pour tous renseignements : Spécial Jeunes Radio B.P. 5409 F - 75009 Paris Cours par correspondance de « La Voix de l'Espérance » B.P. 7 77350 Le Mée sur Seine - gratuit - 26 leçons - au rythme de chaque élève - un seul livre nécessaire : la Bible (un exemplaire en édition courante sera envoyé sur demande pour un prix modique) 17 crise, déstabilisation, tensions internationales, menace de guerre nucléaire Y a T U UN ESPOIR? Qui peut redonner confiance à l’humanité en crise ? Les scientifiques ? Ils ont les mains liées. Les politiciens ? Ils ont tous les mains sales. Les religieux ? Ou ils ont le fouet à la main, ou ils n’ont pas de mains ! Alors qui ? Dans une de ses lettres, l'apôtre Paul décrit le comportement des hommes dans les derniers jours de l'histoire de l'humanité1. Lorsque nous lisons ces quelques versets nous sommes surpris, tant cette description correspond à ce que nous avons sous les yeux de nos jours. D'ailleurs, d'autres textes bibliques nous donnent aussi la preuve que nous sommes bien dans les derniers jours, qui précèdent la fin du monde. Paul écrit donc : Dans les derniers jours, H y aura des temps difficiles. Ne sommes-nous pas devant une crise mondiale effrayante ? Vous me direz sans doute : « Il y en a eu bien d'autres. » Cela est vrai, mais aujourd'hui nous avons des raisons de croire que ces temps difficiles sont différents de ceux du passé. Lors de la Révolution, le peuple français a abattu la royauté — ce qui a provoqué la chute de la plupart des monarchies européennes — et aussi la religion. Le peuple, déçu des deux systèmes installés depuis des siècles, a tout balayé afin de les remplacer par ce qui, selon lui, donnerait entière satisfaction et apporterait ainsi aux hommes le bonheur dont ils ont tant besoin. La logique et avec elle la science semblaient être la source du bien-être des siècles à venir. L'homme du 19e siècle fondait son espoir dans la science. Au début de notre siècle on se croyait arrivé au temps de félicité tant attendu. Et lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté, tous pensaient que ce serait la dernière. Pourtant il y en a eu beaucoup d'autres : guerre d'Indochine, d'Algérie, du Viêt-nam, Guerre des Six Jours, etc. Aujourd'hui, l'optimisme face à la science n'est plus aussi fort. S'il y a encore des gens qui attendent un bonheur futur, la plupart ne croient plus à cette prospérité venue de la science et beaucoup s'interrogent sur leur avenir. Où se trouve l'espoir de l'humanité ? La presse, qui analyse les faits politiques, fait un rapprochement troublant avec les événements qui ont précédé la Deuxième Guerre mondiale. La crise actuelle semble insoluble. Il apparaît que la seule solution possible soit la guerre. Si guerre il ya, elle sera mondiale : la troisième guerre mondiale. Le 18 monde a peur de l'avenir, car à l'arrière-plan de cette guerre se dresse le spectre nucléaire. En effet, si on a cru en 1914 que c'était la dernière guerre, aujourd'hui on tremble à l'idée que la prochaine sera vraiment la dernière en anéantissant l'humanité. Pour la première fois l'homme a la possibilité de détruire toute trace de vie sur la planète, et il a peur. Où se trouve l'espoir de l'humanité ? L'histoire nous montre qu'à chaque crise sont apparus des pouvoirs totalitaires (exemple : Hitler). La raison en est simple. Les peuples ont ressenti la nécessité d'une stabilité et d'une sécurité que seul un pouvoir fort pouvait donner. De nos jours le monde se tourne vers cette éventualité. Nous constatons d'ailleurs que les gouvernements de certains pays, et principalement les superpuissances, U.R.S.S. et U.S.A., désirent apparaître comme les leaders du monde. Il ne s'agit plus d'unir un peuple, mais d'unir tous les peuples. En effet, afin d'éviter une troisième guerre mondiale, il suffirait d'installer un état mondial: un seul état; ainsi plus de possibilité de conflit international. Utopique ! pensera-t-on. Pas tant que cela puisque à chaque crise des transformations politiques incroyables sont intervenues. C'est ce que semble dire Jean-Noël Jeanneney : « Nous ne forçons aucun rapprochement. Nous ne sommespasen 1938. Le nucléaire est là... Mais que la menace d'une guerre, fondée ou fantasmatique, puisse provoquer sur l'échiquier des reclassements jusqu'alors impensables, voilà bien ce que l'histoire nous rappelle, avec beaucoup d'éloquence 2. » Cependant, les chefs d'Etat traînent derrière eux leurs cortèges d'armes et de bombes, et c'est de cela que les hommesne veulent plus. Pour installer ce gouvernement mondial, il est nécessaire de trouver un homme fort qui ne présenterait pas cette menace, un homme qui serait accepté par tous. Ainsi, alors que la sécurité de chacun semble compromise, l'homme d'Etat n'inspire plus confiance. Les peuples angoissés se souviennent tout à coup que des hommes prêchent Dieu, l'amour, la paix. Leurs regards déçus se détachent peu à peu des politiciens pour se tourner vers les prédicateurs. Ces derniers, que chacun s'efforçait d'oublier, sortent de l'ombre de l'indifférence. C'est ainsi que deux hommes religieux font « la une » des journaux depuis plus d'un an : l'ayatollah Khomeini et le pape Jean-Paul II. Si nous regardons de près ces deux hommes nous constatons que Jean-Paul Il apparaît de plus en plus comme un leader. Un chef que chacun peut suivre, l'incroyant comme le croyant. «Le succès de Jean-Paul II auprès des incroyants même tient peut-être à ce que l'on peut suivre en lui l'homme d'Etat sans nécessairement suivre l'homme d'Eglise», dit Jean-François Revel3. Jean-Paul II semble être un homme fort, défenseur des droits de l'homme. Il est un homme qui plaît et qui sait plaire. Un homme qui sait exactement ce qu'il veut. Un homme de Dieu prêchant l'amour. Seul homme d'Etat sans bombe. Seul homme d'Etat n'ayant aucune responsabilité dans la crise actuelle. Se tourner vers les prédicateurs Gamma IDeux hommes religieux font « la une » des journaux depuis plus d'un an : l'ayatollah Khomeini et le pape Jean-Paul IL 19 Gamma Seul homme d'Etat qui redonne confiance, comme nous le dit Jacques Duquesne: «...il faut aussi considérer l'état présent du monde occidental. Un monde en désarroi, comme chacun sait, qui cherche des modèles, des sécurités, des pôles où s'amarrer. Au cœur d'une crise qui excède, et de loin, les malheurs de l'économie. Qui va donc rassurer ce monde, lui redonner confiance en lui-même? Jimmy Carter, Raymond Barre, Margaret Thatcher ? Ce pape-là, ce géant blanc, c'est une tout autre dimension qu'il symbolise et exprime 4. » En Jean-Paul II l'humanité découvre ce qu'elle recherche : la sécurité et la confiance. C'est en lui qu'elle trouve et trouvera son espérance : la paix mondiale. Au premier abord tout cela semble merveilleux, mais permettez-moi d'émettre des réserves. Cette solution séduisante est entièrement humaine. Où se trouve la part de Dieu ? Dieu a une solution à cette crise humaine, mais ce n'est pas celle vers laquelle les hommes se tournent. Le prophète Daniel parlant de la fin des temps dit : Ce sera une époque de détresse, telle qu'il n'y en a point eu depuis que les nations existent jusqu'à cette époque5. Alors qu'il nous décrit l'époque où nous vivons, notre temps de crise, il précise que c'est Micaël qui viendra mettre un terme à cet état de choses. Micaël signifie celui qui est semblable à Dieu,celuiquiest Dieu. LeChristdit : Je suis le Tout-Puissant5. Vous le comprenez, Micaël et Jésus ne sont qu'une seule et même personne. Jésus n'a-t-il pas dit à ses disciples que son retour se ferait en un temps de détresse 7 ? Il est vrai que personne ne connaît la date exacte de ce retour8. Mais de nombreux textes de la Bible, tel celui de Matthieu 24, nous donnent des informations nous permettant de savoir d'une manière approximative l'époque de cet événement. A la lumière de ces textes nous savons que nous sommes dans les derniers temps de l'histoire de notre monde, même si les peuples pensent avoir trouvé la solution avec le pape. Même si les peuples croient que bientôt la papauté installera un gouvernement universel, nous savons que Dieu voit cela autrement. Jésus viendra mettre un point final à tout cela, et seuls ceux qui seront en accord avec ses principes et qui espéreront en son retour auront part au bonheur éternel. Jésus vient bientôt. Sommes-nous prêts à le recevoir9? ■ André Viller 1. 2 Timothée 3 : 1-5. 2. Jean-Noël Jeanneney, Le Point, 21 janvier 1980, article: «Est-ce que l'histoire se répète», p. 33. C'est nous qui soulignons. 3. Jean-François Revel, L'Express, 6 octobre 1979. 4. Jacques Duquesne, Le Point, 2 juin 1979. 5. Daniel 12:1. 6. Apocalypse 1 : 8. 7. Matthieu 24 : 3-7. 8. Matthieu 24 : 36. 9. Apocalypse 22 : 12, 20. MOTS CROISÉS BIBLIQUES par SYLVESTRE numéro 3 HORIZONTALEMENT 1. Septième jour de la semaine. Arme préférée d'Esaii. 2. Selon Jésus, n'est pas immortelle par nature (Matthieu 10 : 28). Fils de Juda, il refusa de susciter une postérité à son frère. 3. Découverts en 1947 non loin de Jéricho, ils sont venus confirmer la véracité du texte biblique. 4. Huitième fils de Jacob. Bénit. 5. Soleil égyptien. Oligo-élément. Possessif. 6. Jésus y ressuscita un jeune homme. Petite pomme. 7. S'apparente à la flânerie. 8. Il fut le premier à suivre Jésus. Double règle. 9. Mère de Joseph et de Benjamin. 10. Femme de Salomon, mère de Roboam. Fille de Caleb (Josué 15:16). VERTICALEMENT I. Les Juifs lui manifestaient une réelle antipathie. IL Chef de l'armée de David (2 Samuel 19 : 13). IIL D'après Daniel, ce mot veut dire «compté». Femme d'Aschchur (1 Chroniques 4 : 5). IV. Chrétien de Rome, ami de Paul. V. Revers. Consacrera. VI. Représentera au plus haut point. VIL Assassiné par Pékach (2 Rois 15 : 25). Petite ville de Juda (1 Chroniques 4 : 12). VIIL Dans la montagne de Juda (Josué 15 : 50). A l'est de Béthel. Initiales du physicien français inventeur du cinémascope. IX. L'Evangile montre que Jésus savait les apaiser. X. Paul y fit escale avant d'arriver à Rhodes. Ville ammonite non loin de Hesbon (Jérémie 49 : 3). Roi d'Israël assassiné par Zimri. Solution du problème n° 2 (Traduction utilisée : version Segond) Bible & éducation Les vrais principes de psychologie se trouvent dans les saintes Ecritures. (Ellen White) prenez garde a la manière... La Bible ne contient pas que des mises en garde ou des peintures de nos travers. Cela serait assez négatif. Elle comporte des exhortations très positives. Et très souvent nous aurions intérêt à les prendre au sérieux dans la vie de tous les jours. Nous les spiritualisons, nous les réservons au domaine religieux. Funeste erreur ! Laissez-moi prendre un exemple de ces directives divines dont les Ecritures sont pleines et dont nous ne voyons même plus l’application aux circonstances qui tissent notre existence. Ecoute, Israël ! (Deutéronome 6 : 4.) Ecoute mes instructions. (Psaume 78 : 1.) Ecoute ton père. (Proverbes 23 : 22.) Ecoutez ma voix... afin que vous soyez heureux. (Jérémie 7:23.) Ecoutez, et comprenez. (Matthieu 15 : 10.) L’écoute n’est pas seulement un élément de bonheur terrestre, c’est le premier pas vers la vie éternelle (Jean 5:24). Et Dieu, qui prescrit si souvent d’écouter, reconnaît à l’être humain (Proverbes 15 : 29) ce besoin vital ; c’est pourquoi, si fréquemment, du cœur de l’enfant de Dieu monte cette prière : Seigneur, écoute ! (Daniel 9:19.) Relisons la Bible avec attention, nous nous persuaderons rapidement de la constance de cette fonction d’écoute. Qui faut-il écouter ? Dieu, bien sûr. Mais aussi les autres, qui ont souvent des choses importantes à nous dire, et puis les événements, la vie. Certes, il ne suffit pas d’écouter, il faut mettre en pratique (Jacques 1 : 22). Cependant, il est nécessaire de prêter attention à la manière dont on écoute (Luc 8 : 18), oserai-je dire de s’entraîner à l’écoute, afin que celle-ci soit prompte (Jacques 1 : 19), non pas précipitée, mais volontaire, attentive, active, « honnête ». Et cela est valable dans nos relations quotidiennes avec nos conjoints (aimer, n’est-ce pas souvent écouter?), avec nos enfants (que nous irritons, généralement — cf. Ephésiens 6 : 4 — par notre absence d’écoute), avec nos collègues. La Bible n’est pas seulement un recueil de pieux conseils à mettre en pratique une fois par semaine le jour du Seigneur (et encore !), mais une éducation psychologique concrète. L’écoute, comme l’ont fort bien montré tout près de nous les travaux de Cari Rogers et du Dr Th. Gordon, est une merveilleuse puissance de dialogue, d’amour, de développement, de maturation pour l’autre... et pour soi-même. Ce n’est pas une panacée. Dans la vie courante, on ne peut pas toujours écouter, ce serait utopique. Lorsque les autres ont un comportement inadéquat et insupportable, l’écoute n’est généralement pas pertinente. (Il existe à ce moment d’autres méthodes, dont nous reparlerons.) En revanche, lorsque l’autre a un problème (et cela arrive plus souvent qu’on ne le croit), alors l’écoute fait merveille. En général, par habitude, parce que nous avons été éduqués comme cela, nous employons spontanément d’autres méthodes, qui se révèlent n’être pas aussi positives qu’on le croyait : on commande, on menace, ou on fait la leçon, on conseille, on tente de persuader, on critique, on complimente, on ridiculise, on interprète, on console, on s’efforce de noyer le poisson, on interroge. Je n’ai pas la place de montrer pourquoi et comment ces voies sont fautives. Mais alors, que faire? Tout simplement écouter, par une présence du cœur et du regard, par le silence, au besoin par de petites relances (« Hum ? » « Ah ? » «Oui»...), qui permettent à l’autre d’aller plus loin, d’être lui-même, de s’ouvrir véritablement, de progresser et souvent de trouver lui-même la solution à son problème. Ça fait tellement de bien d’être écouté ! Mais la méthode la plus efficace (c’est un instrument qui demande une certaine pratique) est l’écoute active : reformulation des sentiments que l’on a perçus chez l’autre, sans jugement, avec sympathie, avec « empathie ». Un exemple pour concrétiser la démarche. Si votre enfant vous dit : « Martin m’a pris mon camion », l’écoute active consistera par exemple à répondre : « Tu es malheureux, tu n’es pas content qu’il ait fait ça ? * » L’écoute active n’est pas une nouvelle méthode. Je pense qu’elle est vieille comme le monde. Ce n’est pas non plus une manière de manipuler l’autre, c’est une discipline de soi pour les autres, presque un art de vivre, en tout cas une remise en question de soi-même. Philippe Augendre * Cité par Th. Gordon dans « Parents efficaces », éditions Fayolle. 21 LE SINAÏ, MONTAGNE DE DIEU Une montagne dans un désert. Chaleur et silence accablants. Lieu inhospitalier choisi par Dieu pour rencontrer l’homme et ouvrir le dialogue avec lui. Le Sinaï reste le rendez-vous historique où Dieu a visité son peuple et conclu avec lui une alliance, gage de celle qu'il offre à tout croyant. Car au Sinaï, la présence de Dieu devient actuelle pour tout croyant. La relation de l'homme avec Dieu est basée sur une rencontre, qui évolue en alliance proposée par Dieu à l'homme qui la reçoit comme un acte exceptionnel de bienveillance, provoquant un sentiment de gratitude. Le Sinaï est le cadre grandiose où se concrétisent les promesses divines, où elles deviennent pour l'homme réalité vivante. C'est au cours d'une apparition à Moïse que le destin du peuple sera précisé par Dieu : Moïse faisait paître le troupeau de Jéthro, son beau-père, sacrificateur de Madian ; et il mena le troupeau derrière le désert, et vint à la montagne de Dieu, à Horeb. L'ange de l'Eternel lui apparut dans une flamme de feu, au milieu d'un buisson. Moïse regarda ; et voici, le buisson était tout en feu, et le buisson ne se consumait point. Moïse dit : Je veux me détourner pour voir quelle est cette grande vision, et pourquoi le buisson ne se consume point. (Exode 3 : 1-3.) L'ordre est donné : Tu feras sortir d'Egypte mon peuple, les enfants d'Israël. (Exode 3:10.) Dieu donne un signe à Moïse hésitant : Je serai avec toi ; et ceci sera pour toi le signe que c'est moi qui t'envoie : quand tu auras fait sortir d'Egypte le peuple, vous servirez Dieu sur cette montagne. (Exode 3:12.) Dieu 22 s'affirme comme Celui qui vit : Je suis celui qui suis. Il est Celui qui donne la vie, qui est en avant, qui ne reçoit rien mais donne tout parce qu'il possède la vie en lui-même, suivant la parole du Christ. Vers 1450 avant Jésus-Christ a lieu l'importante migration du peuple vers le pays de Canaan promis à Abraham. L'itinéraire en est connu et précisé dans le livre de l'Exode : Succoth, Etham, la traversée de la mer Rouge, Mara, Elim, Rephidim (Exode 13 : 17-22; 14 : 31 ; 15 : 22-24; 16 : 1 ; 17 : 1). Pour la première fois de son existence, Israël connaît, à Rephidim, l'âpreté des combats : la tribu d'Amalek livre bataille au peuple, qui reste vainqueur grâce à la prière de Moïse et à l'intervention divine. (Exode 17 : 8-16.) Quittant le rivage de la mer Rouge, le peuple s'engage dans les défilés qui le conduiront au pied du Sinaï, dans l'immense plaine d'Er-Raha dont les trois cents hectares constituent l'endroit idéal d'un séjour voulu par Dieu pour traiter alliance avec Israël. Là, en effet, va se sceller le pacte offert par Dieu : Moïse monta vers Dieu : et K Eternel l'appela du haut de la montagne, en disant : Tu parleras ainsi à la maison de Jacob, et du diras aux enfants d'Israël : Vous avez vu ce que j'ai fait à l'Egypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d'aigle et amenés vers moi. Maintenant, si vous écoutez ma voix, et si vous gardez mon alliance, vous m'appartiendrez entre tous les peuples, car toute la terre est à moi ; vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte. Voilà les paroles que tu diras aux enfants d'Israël. (Exode 19 : 3-6.) La cime qui porte aujourd'hui le nom de Djebel Mousa — montagne de Moïse — sera gravie par Moïse et les anciens d'Israël. Dieu y apparaît, il se laisse voir, signe évident de son désir de maintenir la relation avec son peuple : Ils virent le Dieu d'Israël ; sous ses pieds, c'était comme un ouvrage de saphir transparent, comme le ciel lui-même dans sa pureté. (Exode 24 : 10.) A Moïse qui monte plus haut à l'appel du Seigneur pour recevoir les dix paroles, expression de la volonté divine et code de vie pour tout homme, l'Eternel dit : Monte vers moi sur la montagne, et reste là ;je te donnerai des tables de pierre, la loi et les ordonnances que j'ai écrites pour leur instruction. Moïse se leva, avec Josué qui le servait, et Moïse monta sur la montagne de Dieu. H dit aux anciens : Attendez-nous ici, jusqu'à ce que nous revenions auprès de vous. Voici, Aaron et Hur resteront avec vous ; si quelqu'un a un différend, c'est à eux qu'il s'adressera. Moïse monta sur la montagne, et la nuée couvrit la montagne. La gloire de l'Eternel reposa sur la montagne de Sinaï, et la nuée la couvrit pendant six jours. Le septième jour, l'Eternel appela Moïse du milieu de la nuée. L'aspect de la gloire de l'Eternel était comme un feu dévorant sur le sommet de la montagne, aux yeux des enfants d'Israël. Moïse entra au milieu de la nuée, et il monta sur la montagne. Moïse demeura sur la montagne quarante jours et quarante nuits. (Exode 24 : 12-18.) Lorsque l'Eternel eut achevé de parler à Moïse sur la montagne de Sinaï, il lui donna les deux tables du témoignage, tables de pierre, écrites du doigt de Dieu. (Exode 31 : 18.) Car dans le décalogue, Dieu libère l'homme, ouvre un dialogue qui jamais plus ne sera fermé... puisque jamais je ne pourrai enfermer, posséder ce quelqu'un qui demeure devant moi. Par le don des tables de la loi, Dieu m'invite à collaborer à son oeuvre et m'avertit aussi d'éviter le seul péché mortel : me croire Dieu. L'homme ainsi s'ouvre à la liberté vraie, à la vie véritable, puisant en Dieu sa source, libéré de l'esclavage d'Egypte, comme le peuple d'Israël. C'est pourquoi le décalogue est le plan de jonction entre Dieu et l'histoire humaine. Toute relation vraie avec Dieu passe ainsi par le Sinaï, le lieu s'estompant pour faire place à l'événement qui ne peut être indifférent à personne. C'est pourquoi le mont Sinaï fut, dès les premiers siècles du christianisme, un centre d'attraction pour les croyants. Les premiers à y pénétrer furent probablement des fugitifs de Palestine et d'Egypte, où sévissait la persécution. En 326, Hélène, mère de l'empereur Constantin, entreprit le voyage du Point de jonction entre Dieu et l'histoire humaine En donnant le décalogue, Dieu libère l'homme, ouvre un dialogue qui jamais plus ne sera fermé, puisque jamais je ne pourrai enfermer, posséder ce quelqu'un qui demeure devant moi. Prochaines conférences Bible et Archéologie : NIVELLES (Belgique) : Salle des fêtes de l'Institut provincial des arts et métiers, rue F. Delcroix, 35. Chaque dimanche et chaque mercredi à 20 h, du 19 au 29 octobre 1980. Au programme : « Fascinante Jérusalem », « Pierres mortes... témoins vivants», «Moïse et Toutânkhamon», «Du Sinaï à la mer Morte... les manuscrits parlent», par Henri Van Der Veken et Michel Cartiaux. Renseignements et réservations par téléphone : 067/22 47 52 ou 067/22 73 30. Participation aux frais : 50 FB. 23 Sinaï. Des ermites s'y rendirent. Mais les massacres dont ils furent l'objet les obligèrent à se grouper en communautés. C'est pour offrir un abri aux moines que l'empereur Justinien ordonna la construction du monastère actuel, entre 550 et 560. L'empereur souhaita que le monastère fût construit au sommet de la montagne. Mais l'architecte préféra le construire au pied du Djebel Mousa. Il paya de sa vie cette désobéissance. Jusqu'en 1218, le monastère, qui est un magnifique exemple d'architecture militaire, porta le nom de Sainte-Marie. En 1316, il s'appellera Sainte-Catherine, en mémoire de la sainte dont la tradition relate qu'elle fut martyrisée en 310 à Alexandrie, son corps ayant été retrouvé intact et baignant dans l'huile, trois siècles plus tard, au sommet du mont Katharina, voisin du Djebel Mousa. Les moines appartiennent au rite orthodoxe grec. Peu nombreux aujourd'hui, ils ont été, auparavant, jusqu'à une centaine. La bibliothèque du monastère compte actuellement près de 3 400 manuscrits en onze langues. C'est là qu'en 1843 Constantin von Tischendorf découvrit quelques feuilles d'un manuscrit grec des Septante, le plus ancien manuscrit de la Bible, à l'époque. Des démarches nombreuses et laborieuses permirent à Tischendorf, en 1863, de faire transférer à la Bibliothèque impériale de Saint-Pétesbourg le manuscrit qui contenait une partie de l'Ancien Testament, le Nouveau Testament en entier, ainsi que des livres apocryphes. Il se trouve actuellement au British Muséum, à Londres. te °1°nc^erine, Sa‘°X^ *”ed Du sommet du Djebel Mousa, le panorama est à l'image de l'événement : immense, sans limites. L'alliance avec Dieu y est renouvelée, dans la foi. La route de l'esclavage à la liberté passe toujours par le Sinaï, où l'homme rencontre Celui qui est. ■ Raymond Meyer 24 l'argent: arme ou outil? R. G. Le Tourneau. Ce nom vous dit-il quelque chose ? Non ? Alors permettez-moi de vous recommander la lecture de la biographie de cet homme L Drôle d’homme, en effet. Originaire d’une famille huguenote émigrée au Canada, puis installée aux Etats-Unis, R. G. Le Tourneau s’avisa vers 1920 de se choisir un associé de marque pour conduire ses affaires qui consistaient à fabriquer de lourdes machines de terrassement. En fait, c’était moins un associé qu’un patron puisqu’il s’agissait, ni plus ni moins, de Dieu lui-même. R. G. Le Tourneau s’était mis en tête que Dieu existait réellement. Dans ce cas, il fallait compter avec Lui. A partir de là, il résolut de soumettre tous ses plans à Dieu et de prendre comme règle de conduite commerciale la morale de la Bible. Il serait trop long de vous raconter comment tout cela s’est passé, mais peut-être serez-vous intéressés de savoir quels en ont été les résultats. « Le 27 septembre 1940, Le Tourneau fut interviewé à la radio par Robert Ripley : — Dites-nous ce qui est arrivé après que vous eûtes remis à Dieu la direction de vos affaires. — Dès la minute où je m’associai avec Dieu, mon affaire prospéra. Une année plus tard, j’atteignis un chiffre d’affaires de 100 000 $. La deuxième année, plus de 150 000. La troisième, plus de 200 000. Puis nous arrivâmes à presque 400 000 et enfin, en 1939, à plus de 7 millions. — Dans de tels chiffres, quelle est la part qui revient à Dieu? — Je mets de côté 90 % des bénéfices pour le service de Dieu. — Alors, vous ne gardez que très peu pour vous-même ! — Oui, voyez-vous, je n’ai pas l’impression que ce soit mon cerveau qui ait gagné cet argent. Je crois que c’est Dieu qui a permis que je le gagne. Ainsi, je ne fais que lui rendre ce qui lui appartient. Ma devise est : Il s’agit de savoir non pas combien de mon argent je donne à Dieu, mais combien de l’argent de Dieu je garde pour moi-même2. » Il faut ajouter que, dans les usines Le Tourneau, l’atmosphère était telle qu’il n’y eut jamais de grève. Voilà l’exemple de ce que le christianisme devrait produire comme hommes d’affaires : des hommes maniant des fortunes sans se laisser asservir par l’argent, et capables d’employer la plus grande partie de leurs richesses pour le bien d’autrui. Peut-on encore, dans ce cas, parler d’une malédiction attachée à l’argent ? L’Ecriture n’a-t-elle pas raison lorsqu’elle dit que « l’amour » de l’argent est la racine de tous les maux ? L’argent en lui-même est sans valeur sur le plan moral. C’est la manière dont nous nous en servons qui fait de lui un outil ou une arme. On ne peut que regretter, une fois de plus, le mépris dans lequel le christianisme triomphant du IVe siècle a tenu les leçons données par Dieu à son peuple de l’Ancien Testament. Le christianisme, catholique ou protestant, a vu très rapidement naître de grandes fortunes rassemblées entre les mains de quelques personnes seulement. Les catholiques, ce sont plutôt de grandes familles alliées au pouvoir, Eglise ou Etat. Les protestants, ce sont surtout des chevaliers d’industrie qui, grâce à un travail acharné, parviendront à créer de puissants empires financiers. A cause de l’argent — ou grâce à lui — dans les deux cas, des inégalités, parfois injustes, apparaîtront au fil du temps sans gêner le moins du monde de « bons croyants» qui calmeront souvent leur conscience en jouant aux mécènes ou en créant des fondations charitables portant leur nom. Et pourtant, dans le système économique établi pour le peuple d’Israël, tout était mis en œuvre pour garder l’équilibre entre les classes de la société existantes. Ainsi, par exemple, la répartition des terres en Israël fut faite, du temps de Josué, en tenant compte de divers éléments, tels que le nombre de membres d’une tribu et la qualité des terres attribuées à celle-ci. Chaque famille recevait sa part, et des dispositions étaient prises pour qu’en aucun cas le patrimoine d’une famille ne puisse passer entre les mains d’une autre. Des revers de fortune, ou même une mauvaise gestion, pouvaient conduire un propriétaire à devoir céder ses biens à une famille plus aisée, mais ses biens lui revenaient obligatoirement lors de l’année jubilaire, c’est-à-dire tous les cinquante ans. Il s’agissait donc davantage d’une location à plus ou moins long terme que d’une vente pure et simple. 25 Cette manière d’agir empêchait qu’un petit groupe d’hommes puisse s’approprier définitivement une grande partie de la richesse de la nation, livrant à leur merci la grande masse de la population, alors démunie de tout. Mais voilà ! comme la solution se trouve dans la Bible, elle sera, une fois encore, traitée par le mépris. Non plus par les autorités religieuses —elles ont laissé passer leur chance — mais par des technocrates et des économistes qui possèdent, chacun pour sa part, la panacée à tous nos problèmes. Un auteur américain, Mme Ellen White, écrivait à ce sujet, il y a quelque soixante-dix années : « Si aujourd’hui, les principes de la loi de Dieu concernant la répartition de la propriété étaient appliqués, combien différentes seraient les conditions dans lesquelles nous vivons ! L’observation de ces principes empêcherait les maux terribles qui, dans tous les siècles, ont résulté de l’oppression du pauvre par le riche et de la haine du pauvre envers le riche. Ce plan entraverait certainement la formation de grandes fortunes et supprimerait aussi l’ignorance et la dégradation de milliers de personnes dont les services mal rétribués permettent la formation de ces fortunes colossales. Il apporterait une solution pacifique aux problèmes qui menacent de faire sombrer la civilisation dans l’anarchie et dans le sang3. » Toute l’éducation judéo-chrétienne, dans son principe, tend à détacher l’homme de la domination de l’argent. L’idéal semble avoir été défini dans le livre des Proverbes : Ne me donne ni pauvreté, ni richesse, Accorde-moi le pain qui m’est nécessaire, De peur que, dans l’abondance, je ne te renie Et ne dise : Qui est l’Eternel ? Ou que, dans la pauvreté, je ne dérobe, Et ne m’attaque au nom de mon Dieu*. Ni richesse, ni pauvreté. Quel idéal et quelle maîtrise de soi ! Toutes les dispositions avaient été prises pour que cet idéal ne soit pas hors de portée de l’enfant de Dieu. Il faudra que nous revenions sur ce sujet... Si vous acceptez de me suivre. Georges Vandenvelde (PARMI LES LIVRES) Alphonse MAILLOT Les Béatitudes. Edition Christianisme au XXe siècle, Paris. Un livre broché, format 15 X 24, 80 pages. Un ouvrage de vulgarisation exégétiquequi rassemble une série de prédications du pasteur Maillot faites sur les Béatitudes de Jésus (Matthieu 5 : 3-12). Ouvrage peu volumineux mais d'une densité de pensées qui n'est jamais pesante. Maillot sait être clair et conserver avec son lecteur un air de connivence, d'égalité et d'humour qui le met à l'aise. Maillot reste fidèle à sa méthode dans ce genre d'ouvrages : d'abord la recherche d'une bonne compréhension du texte par l'étude des termes, ensuite l'application à notre vie actuelle. Dans son introduction, il décape le mot « Béatitude » de tout ce qu'il pourrait avoir de mièvrerie béate pour montrer : 1) que le bonheur promis par le Christ ne coule pas de source pour les pauvres, les affligés ou les persécutés; 2) que ce bonheur de- mande un choix et l'applica- 1. Albert W. Lorimer, Dieu dirige mes affaires, chez M. Weber, Villa Emmanuel, Monnetier-Mornex (Haute-Savoie), France. 2. Idem, p. 80. 3. E. G. White, Education, p. 39, 40. 4. Proverbes 30 : 8, 9. tion d'une volonté : on pratique, on vit les Béatitudes, on poursuit le châlôm — ce bonheur total par l'instauration de rapports nouveaux entre Dieu et l'homme, entre les hommes et dans l'homme lui-même. Le châlôm se «fait» puisque le texte dit précisément : Heureux les faiseurs de paix. Au début du commentaire de chacune des neuf Béatitudes, Maillot dévoile le sens parfois gauche que nous leur donnons parce que nous les lisons avec une mentalité faite de vingt siècles de chrétienté. Les analyses psychologiques de l'auteur sont aussi heureuses que ses analyses exégétiques. On notera par exemple comment il explique l'expression « les cœurs purs ». Il ne s'agit pas de ceux qui seraient inaccessibles à toute pensée érotique mais de ceuxqui, en Christ, retrouvent l'unité de leur être divisé entre deux « moi » aussi malheureux l'un que l'autre (cf. Romains chap. 7). Le cœur pur, c'est le cœur simple et confiant qui se repose en Dieu. En ces temps de violences qui veulent toutes se justifier, nous apprécions aussi la radicale et positive non-violence que Maillot dégage de la Béatitude : Heureux les humbles, qui peut aussi se traduire : Heureux les doux. Il le fait d'ailleurs avec un esprit de tolérance à l'égard de ceux qui optent pour des attitudes d'opposition violente aux tyrans, tout en les avertissant que cette Béatitude n'est pas alors pour eux, même s'ils sont chrétiens. L'une des idées originales de Maillot est justement de montrer qu'il y a des Béatitudes pour chacun. Toutes ne 26 (PABMILESUVBK) sont pas pour tous. En particulier, nous, hommes repus de nos richesses matérielles, intellectuelles, et même théologiques, avons beaucoup de peine à participer à la bénédiction : Heureux les pauvres en esprit. « Ces Béatitudes, ce n'est pas toujours du gâteau, c'est plutôt une bûche. » Mais Jésus n'est pas un démagogue. Gérard Poublan Hans KUNG Infaillible ? Une interpellation. Editions Desdée de Brouwer, 1971. Un livre broché, format 20,1 X 12,8. Les tournées triomphales du pape dans une quinzaine de pays en deux ans de pontificat, les relations plus ou moins tendues entre lui et les pères conciliaires ou des théologiens suscitent des interrogations sur le pouvoir papal. Ce pape venu de Pologne se présente comme le champion de la paix, des droits de l'homme, de la justice sociale, mais aussi comme le chef de l'Eglise. Mais ce chef de l'Eglise n'est pas la superstar des clercs. Ne le considère-t-on pas comme un « défenseur doctrinaire des vieux bastions » ! En renouant avec le dogme marial, au grand dam des progressistes, il s'inscrit dans la droite file théologique définie par Paul VL II poursuit en d'autres mots la théologie romaine traditionnelle. Ceci nous conduit à nous interroger avec Hans Küng sur le rapport existant entre la papauté et l'Eglise. Le problème ecclésiologique a préoccupé Küng depuis la fin du Concile Vatican IL Après avoir successivement traité l'Eglise et son avenir dans deux ouvrages, il aborde l'infaillibilité à la fois au niveau de l'Eglise et au niveau de la papauté, il va utiliser l'encyclique Humanae vitae de Paul VI pour réfléchir sur le caractère infaillible d'une doctrine. La première partie de cet ouvrage est une analyse de l'infaillibilité du magistère. Küng montre comment la doctrine sur la sexualité et la contraception, parce qu'elle risquait de prendre à contre-pied l'encyclique sur la sexualité Humani generis définie par Pie XII, fait appel à la notion de nature afin de préserver une doctrine antérieure à un apport scientifique. La continuité du magistère était assurée. La seconde et la troisième partie dépassent la problématique de la contraception pour une étude historique et exé-gétique du problème de l'infaillibilité. La démarche de Küng consiste à travailler sur les documents conciliaires pour démontrer que le dogme de l'infaillibilité est postérieur au Moyen Age, et que si Vatican I l'a formellement établi et défini, c'est pour des motifs réactionnaires. Le 19e siècle, avec l'apparition du libéralisme, de la politique, de l'économie, etc., semblait reléguer autorité et traditions religieuses aux oubliettes. De ce fait, il était urgent pour l'Eglise de se faire reconnaître. La dernière partie est une tentative de réponse. Küng utilise le Nouveau Testament sans découvrir nulle trace d'infaillibilité épiscopale ou ecclésiale. Peut-être y a-t-il une supériorité pastorale par rapport aux autres ministères ou charismes ! Il dialogue avec les Eglises protestantes et orthodoxe, signale leurs failles et les invite à étudier ce problème. Livre corrosif et passionnant. Ruben Bany François BORELLA Les partis politiques dans l'Europe des Neuf (Collection Points, Politique), Editions du Seuil, Paris, 1979. Un livre de poche broché, format 11,5 X 18, 242 pages. Nous disposons maintenant d'un Parlement européen élu, l'an dernier, au suffrage universel ; c'est là une nouvelle et importante étape dans la réalisation de l'Europe unie. Mais quand on parle d'unité européenne, il est bon de ne pas perdre de vue, non seulement la profondeur des diversités nationales — voire ré gionales — qui composent la partie occidentale du continent, mais aussi la vitalité des divers partis politiques qui la traversent. C'est le mérite de François Borella, professeur de droit public et de sciences politiques et président de l'université de Nancy II, de nous avoir clairement et méthodiquement détaillé, pays par pays, l'histoire, l'étendue et la puissance actuelle de chacun des partis politiques qui s'opposent ou s'allient par moment, depuis l'avènement, et même au-delà, des gouvernements démocratiques en Europe. Des tableaux très lisibles ponctuent le livre et situent très bien la répartition des partis dans chaque pays. Ici, les frontières naturelles ou artificielles de la vieille Europe s'estompent pour laisser la place à d'autres plus récentes et plus mouvantes. Nous sommes là devant une grille qui se superpose à celle qui nous est familière et dont les premiers éléments remontent au-delà du Moyen-Age, voire au démantèlement de l'Empire romain ! L'image que l'on contemple ainsi, maintenant, est-elle plus harmonieuse que l'autre ? Elle est, en tout cas, plus élaborée et plus apte à nous faire prendre conscience de l'ampleur de la tâche qui attend le Parlement européen ! Nous serions tentés de dire que celle-ci est surhumaine ! C'est déjà ce que dit la Bible, quelque part. Mais «c'est là une autre histoire... » Jules Boureau 27 ( comprendre") Comprendre Job 1 : 6-12 «L'AFFAIRE SATAN» Dans la course au pouvoir, les politiciens se déchirent. Dénigrements et accusations se succèdent dans nos journaux. « Signes des temps » sacrifie à la mode et dénonce le plus vieux scandale politique : L’AFFAIRE SATAN. Nous y sommes tous impliqués. Document à l’appui : le prologue de Job. Authentique. Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l’Eternel, et Satan vint aussi au milieu d’eux. L’Eternel dit à Satan : D’où viens-tu? Satan répondit à l’Eternel : De parcourir la terre et de m’y promener. L’Eternel dit à Satan : As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’y a personne comme lui sur la terre ; c’est un homme intègre et droit, qui craint Dieu et s’écarte du mal. Satan répondit à l’Eternel : Est-ce d’une manière désintéressée que Job craint Dieu ? Ne l’as-tu pas protégé, lui, sa maison et tout ce qui lui appartient ? Tu as béni l’œuvre de ses mains, et son troupeau se répand dans le pays. Mais étends ta main, touche à tout ce qui lui appartient, et je suis sûr qu’il te maudira en face. L’Eternel dit à Satan : Voici : tout ce qui lui appartient est en ton pouvoir, seulement, ne porte pas la main sur lui. Alors Satan se retira de la présence de l’Eternel. > , < H Job 1 : 6-12 Voilà un document anodin dans sa naïve simplicité, prétendu même allégorique pour la justification théologique de la souffrance du juste Job, et qui constitue pourtant un document incomparable sur la plus ancienne imposture politique de tous les temps. Conséquences : une scission parmi les anges dans le gouvernement de Dieu (Jude 6), un coup d'Etat avorté dans le ciel (Apocalypse 12:7, 8), une rébellion sur la planète Terre (Romains 5:12). Ce document est un témoignage précieux sur l'enjeu du conflit. Comment comprendre «l'affaire Satan» (dont on parle si peu ou si mal malgré ses implications évidentes dans toutes les affaires humaines) si l'Ecriture n'eût recélé en filigrane, dans ces six versets surprenants, le mensonge de Satan dans « l'affaire » qui l'oppose à Dieu et à sa loi (Jean 8 : 44) ? Une assemblée démocratique Situation extraordinaire que cette assemblée générale des anges autour de l'Eternel, mais conforme à son esprit de concertation (1 Rois 22 : 19-22). L'idée de participation si à la mode aujourd'hui est une invention de Dieu. Il associe ses créatures à la gestion de l'univers. «Depuis qu'il a créé un être libre, 28 Dieu n'est plus le Tout-Puissant. Il a introduit dans le système de la nature une inconnue.» (Jouhan-deau.) Cette inconnue, c'est le risque de la participation (voir la parabole des talents, Matthieu 25). En partageant son bien et son autorité avec des êtres intelligents et libres de les refuser, Dieu renonce à sa toute-puissance pour les faire accéder au statut de personnes. Pas d'« automates du bien», mais des êtres capables d'aimer, voilà la recherche et l'attente de Dieu pour ses enfants. Mais que cette liberté se pervertisse en refusant de recevoir de Dieu son; ultime bonheur, que la créature décide d'elle-même ce qui est bien et ce qui est mal, et c'est l'échec de la participation. « L'affaire Satan » commence, prototype de toutes les révoltes contre Dieu. Il n'a pas voulu participer au pouvoir, il a voulu le pouvoir. Un accroc sérieux à la politique de Dieu. La première motion de censure. Lucifer, le porte-lumière, le premier ministre de Dieu, a voulu être président, la Lumière. Mais dans ce gouvernement de Dieu, il est toujours admis (provisoirement), lui, le chérubin protecteur (Ezéchiel 28 : 11 -19) dont l'ambition dévorante : Je serai semblable au Très-Haut (Esaïe 14 : 14) a causé la chute. L'opposition orgueilleuse, jalouse, meurtrière, c'est lui. N'a-t-il pas droit à un siège de député en tant que délégué d'une planète Terre séduite et acquise à son parti ? N'est-il pas le prince de ce monde ? (Jean 12 : 31.) La démocratie remonte à bien plus loin et bien plus haut qu'on ne le pense. Dieu accepte Satan, qui doit aller jusqu'au bout de sa logique pour prouver ses thèses... à l'assemblée des anges justement. Membre d'office, Satan y arrive un jour, au milieu des anges réunis devant l'Eternel (Job 1 : 6). Manifestement en retard, troublant l'ordre du jour, bravant la majorité, défiant Dieu de son insolent mépris, voilà l'Adversaire (son nom en hébreu). Au reproche légitime de Dieu : D'où viens-tu (Job 1 : 7) (il reste un de ses sujets, qu'il le veuille ou non), Satan se révolte. Ce document du prologue de Job nous met en présence d'une véritable joute politique où les anges, témoins eî juges muets, assistent à une lutte d'influence dont la Terre et l'homme sont l'enjeu pour la confirmation des thèses de chaque parti. La prise de parole aura donc un sens politique, et en diplomate averti — il y a des choses qu'on ne dit pas ouvertement — il s'agira d'aller au-delà du sens premier des mots pour décoder leur signification réelle. Sans cette analyse à un deuxième niveau, on se méprend sur le sens du discours. Les desseins de Dieu, de Satan, comme la destinée de Job restent alors obscurs. Comment expliquer, par exemple, la.vanité que retire Dieu du service sans faille de Job ? Cette vanité est contraire à sa nature et au simple bon sens, car elle accréditerait une des thèses de Sa tan. Il faut lire le document entre les lignes. 29 Les arguments du malin « Si le plus pieux des hommes est incapable d'aimer Dieu gratuitement, il en résulte que Dieu est impuissant à se faire aimer. Il n'est pas Amour. » Servilité ou liberté A la question : D'où viens-tu? Satan proclame le droit à la liberté de ses actes, car il a acquis de haute lutte son indépendance pour avoir encore à rendre des comptes. Il revendique son égalité avec Dieu en tant que souverain absolu d'une planète où il est adoré et suivi pardes millions de sujets aussi libres que lui sur cette Terre qu'il parcourt en maître. Sa protestation, revendication impie d'autonomie personnelle, cache une accusation féroce contre les anges fidèles, dénigrés comme esclaves résignés ou craintifs à l'autorité d'un dictateur. Lui, «il se promène sur la Terre », seul créateur de ses raisons d'être. L'adhésion d'êtres intelligents à la loi de Dieu est pour lui une servilité honteuse et une offense à la libre pensée. Ce défi, c'est à la face de Dieu et des anges qu'il le jette en pleine assemblée. Voilà le premier mensonge de « l'affaire Satan». Il causa la chute d'un tiers des anges (Apocalypse 12:4; cf. Esaïe 9 : 14) et la perte des hommes. Vous serez comme Dieu connaissant le bien et le mal (Genèse 3 : 5). C'est-à-dire libres de décider par et pour vous-mêmes ce qui est bien et ce qui est mal. Etre sa propre loi; être Dieu, c'est-à-dire ne pas avoir de Dieu au-dessus de soi. Derrière la réponse de Dieu .As-tu remarqué mon serviteur Job (Job 1 : 8), on discerne son sourire amusé par d'aussi fabuleuses rodomontades. «As-tu vraiment la conviction d'exercer une absolue autorité sur tous les hommes pour te prétendre le souverain de la Terre ? Si tu connaissais mieux tes militants, tu aurais remarqué qu'au moins un fait défaut : mon serviteur Job. S'il se détourne de toi, si tu n'as aucune influence sur lui, quelle prétention que la tienne ! Un souverain incapable de se faire obéir par un de ses prétendus sujets ! C'est Job ton vrai maître ; il te domine car il m'aime. Tu t'illusionnes sur ton pouvoir réel. C'est une usurpation...» On a dû rire, ou applaudir peut-être, dans les rangs de la majorité. Que pouvait-il répondre? C'était oublier qu'il était malin (Matthieu 13:19). Oser être soi-même Sur la conduite de Job, rien à dire. Mais est-ce gratuitement que Job sert Dieu ? (Job 1 : 9.) Satan insinue, perfide, que Dieu s'illusionne aussi sur la sincérité des mobiles de Job (remarquez au passage l'habileté avec laquelle il dénonce son omniscience). D'amour pour Dieu, Job n'en a point. Pas plus que lui. Mais lui au moins est supérieur à Job moralement. Il a refusé d'abdiquer sa dignité en lâche esclave intéressé ou craintif. « La révolte de mon honneur bafoué est finalement un hommage à ton nom et à la cause du ciel. Mes anges et moi avons eu le courage d'être nous-mêmes dans notre refus d'un compromis aliénant, déshonorant ; ce que nous demandons, c'est une révision de la constitution pour que les droits des êtres intelligents et libres puissent être garantis. Pas de loi arbitraire ! Nous pouvons, et nous devons être notre propre guide pour nous épanouir, chacun dans nos propres valeurs personnelles... La servitude égoïste de Job accrédite ma thèse fondamentale. Il n'y a pas de liberté dans ta loi pour libre pensée. Elle ne peut créer que des esclaves ou des révoltés. Et ton champion de Job, dans sa servitude intéressée, ne vaut moralement pas plus que moi dans ma contestation indignée. Moi, au moins, j'ai le privilège d'avoir osé être loyal envers moi-même plutôt que d'aliéner ma personne dans une obéissance dégradante. Je suis vraiment le souverain de cette Terre. » Deuxième mensonge de « l'affaire Satan» : oser être soi-même... sans Dieu, «l'opium du peuple». Sa loi? Un narcotique dangereux, qui crée la nécessité de Dieu pour et dans un besoin aliénant ! Une illusion dangereuse de l'homme sur son véritable devenir et son ultime bonheur ! Thèse subtile acceptée par Adam et Eve, et développée depuis sous un faux humanisme par de nombreux penseurs invitant à chercher ici-bas les «nourritures terrestres» de l'homme! «Commandements de Dieu, vous avez endolori mon âme ! » (A. Gide.) «Ose devenir ce que tu es.» Alors, comme Nietzsche, l'humanité est devenue folle... par la mort de Dieu... dans son âme. 30 Amour désintéressé ! Mais il y a dans la réplique de Satan un troisième mensonge ! Plus grave. Comme le remarque F. Godet (Notes sur le livre de Job, p. 22 et 41): «Satan en veut surtout à l'honneur de Dieu. Il sait parfaite-mentque le coup le plus terriblequ'il puisse lui porter, c'est de nier qu'il soit adoré et obéi avec désintéressement. ... Il a découvert en Dieu le point vulnérable. En décochant ce trait enflammé qui réduit en cendres la piété de Job, c'est au cœur de Dieu qu'il a visé... Et il a frappé au but... Car si le plus pieux des hommes est incapable d'aimer Dieu gratuitement, il en résulte que Dieu est impuissant à se faire aimer. Il n'est pas Amour. S'il en est ainsi, Dieu n'est plus qu'un tyran puissant flatté par des lâches. Il n'a pas d'amis, pas d'enfants. Il n'a que des mercenaires et des esclaves. » L'épreuve de Job (et plus tard celle du Christ, dont Job est le type) est précisément destinée à prouver le contraire. Dieu est Amour. Le règlement de l'affaire En créant des personnes libres, Dieu a accepté au départ le défi du mal. Si par peurdece risque il n'avait pas créé (Satan ou l'homme), il se serait reconnu vaincu par le mal, par le mal possible. En créant le monde, un monde où le mal prendra place mais pourrait être vaincu, Dieu est déjà vainqueur du mal (en Job, en Christ, en tous les autres) et ne lui laisse pas le dernier mot. En niant l'Etre d'Amour, Satan porte le seul coup qui « condamnait » Dieu à ne pas réagir immédiatement sans accréditer l'accusation. Se venger d'une calomnie de méchanceté, c'est la justifier et se déshonorer. Dieu toléra donc le mal pour éviter un plus grand mal dans l'ordre de l'univers : son auto-destruction en tant que principe d'Amour. En éliminant Satan et son parti d'opposition au nom des conséquences dramatiques de l'aventure, Dieu aurait été confronté soit à une révolte générale, soit à une soumission haineuse et terrifiée dans cette création où il n'aurait plus été qu'un dictateur. Il fallait, avec la liberté de Satan, que la semence du mal se développât pour que «l'affaire» s'anéantisse d'elle-même dans ses lamentables fruits de souffrances et de mort. Alors l'heure de Dieu aura sonné : Christ paraîtra pour détruire les œuvres du diable (1 Jean 3 : 8). « L'affaire Satan » est sérieuse. Où se trouve le scandale? Le dossier mérite notre pleine attention, car nous y sommes tous impliqués. Depuis des millénaires, l'opposition à Dieu s'essouffle à appliquer son programme d'action. Où ? Sur la Terre, champ expérimental que Dieu a concédé à Satan par la trahison de l'homme. Un constat d'échec s'impose. Où est l'avènement de ce monde meilleur hors de Dieu et de sa loi ? Dans le communisme ? Dans le capitalisme? Quels systèmes politiques, quelles philosophies Satan a-t-il pu substituer à la loi d'Amour de Dieu pour le bonheur de l'homme? A quel parti adhérez-vous? Nous, nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux deux et une nouvelle terre, où la justice habitera (2 Pierre 3:13). Ne voulez-vous pas militer pour Dieu, et avec Dieu, comme Job, pour l'honneur d'un Dieu d'Amour ? Quoi qu'il en coûte... Sur les traces du Christ... Même si on ne le comprend pas toujours. ■ Marcel Fernandez L'affaire s'anéantit d'elle-même La semence du mal se développe jusqu'à ce que l'affaire s'anéantisse d'elle-même dans ses lamentables fruits de souffrances et de mort. Alors l'heure de Dieu sonnera : le Christ paraîtra pour détruire les oeuvres du diable. 31 Un échec de la sorcellerie 1979. Dans un village du Sénégal, une jeune femme décide d’abandonner les pratiques occultes de son peuple. Elle a rencontré des chrétiens et voudrait devenir comme eux. Afin de pouvoir plus facilement recevoir un enseignement biblique, elle déménage dans une case proche de celle du pasteur adventiste Albert Sadio. Mais quitter sa famille pour adhérer à une nouvelle religion est un crime. Selon la tradition ancestrale elle mérite la mort. Le clan délègue le sorcier des environs pour obliger cette femme à réintégrer son village ou, si elle refuse, pour exécuter la sentence fatale. Après plusieurs jours de recherches, le sorcier la trouve enfin. Il se présente à elle comme « son oncle », ce qui n’a rien d’invraisemblable dans un pays aux familles nombreuses et dispersées. Méfiante, elle n’accepte pas d’être seule à entendre son message. Mais la présence de témoins n’empêche nullement le sorcier de dire clairement la raison de sa visite, sans oublier la menace de mort. Elle refuse catégoriquement de rentrer chez elle. Alors le sorcier commence à la regarder fixement. Une puissance se dégage de son regard. Il l’hypnotise. La jeune femme pousse un cri et tombe à terre, inerte. Les témoins essaient de la ranimer, mais rien n’y fait. Ils insistent auprès du sorcier pour qu’il intervienne, mais en vain. Son corps commence à se refroidir, à se raidir, tant et si bien que la famille envisage de préparer les obsèques. Le lendemain à l’aube, le mari accablé se rend chez le pasteur Sadio pour lui demander, après l’avoir mis au courant des événements, d’assurer le service funèbre. Sans hésiter le pasteur lui répond : « Si c’est un sorcier qui a fait cela, votre femme n’est certainement pas morte ! » Il prend sa Bible et sans attendre court jusqu’à la case où la jeune femme gît inanimée. Il fait sortir tout le monde en affirmant que Jésus est plus fort que tous les maléfices des sorciers. « Le diable n’a aucun pouvoir sur ceux qui se confient en la puissance divine » s’écrie-t-il. Seul dans la chambre mortuaire, le pasteur Sadio se met à prier. Puis il dit : « Jeune femme, lève-toi ! » Quatre fois il répète cet ordre. Soudain la femme ouvre les yeux. Elle se lève. Elle sort rejoindre tous ceux qui attendent dehors. On lui donne à manger, et elle parle avec les membres de sa famille venus pour l’enterrer. Il n’y a pas de doute : celle qu’ils croyaient morte est bien vivante. Après avoir rappelé la puissance de Jésus-Christ, le pasteur Sadio rentre chez lui. Mais le sorcier le poursuit, irrité de ce que ses maléfices aient été déjoués. Le pasteur s’arrête sur la place du village. Il se retourne et regarde le sorcier en face. Il le met au défi de réussir à l’hypnotiser. La foule se rassemble. L’affrontement entre les deux hommes se prolonge plusieurs minutes. Finalement le sorcier se met à trembler de tous ses membres. Il est contraint de reconnaître publiquement qu’il est impuissant devant ce chrétien. Il se retourne et hypnotise plusieurs badauds avant de s’en aller, fou de rage. La jeune femme, libérée des menaces de son clan, approfondit son expérience de la foi chrétienne et, avec son mari, manifeste sa conversion en demandant le baptême évangélique. D’après Daniel Grisier 32 ... FÉLICITE son homologue américain «These Times » qui a reçu quatre prix de l'association de la presse religieuse américaine. Réuni les 13 et 14 mai 1980 à Nashville (Tennessee), le jury a examiné 350 périodiques religieux et décerné 16 prix. These Times a obtenu ceux qui récompensent la meilleure couverture en quadrichromie, la meilleure illustration d'article, la meilleure illustration d'un numérocom-plet, et le meilleur article sur un événement. En quatre ans These Times s'est vu attribuer 26 prix de presse différents. ... ME S'ÉTONNE qu'à moitié de la fermeture de nombreuses églises en Grande-Bretagne. De 1960 à 1970, 3 000 églises méthodistes ont été fermées en Angleterre. En Ecosse on a fermé plus d'églises depuis 1900 qu'il n'en reste en service aujourd'hui. De 1969 à 1977, 639 lieux de culte de l'Eglise d'Angleterre ont été désaffectés et 176 d'entre eux démolis, ce qui porte à plusde 1 000 le nombre des églises disparues depuis 1945. Certaines églises désaffectées ont été transformées en un centre de domptage de chiens policiers (Manchester), une clinique physiothérapique (Glasgow), un laboratoire (Northamptonshire), des centres sportifs et même... un restaurant « Fish and Chips » ! ... ENCOURAGE les initiatives visant à faire connaître l'Evangile, entre autres celles de l'Association d'Evangélisation Billy Graham. Cette association a trente ans cette année. Fondée en 1950 par Billy Graham et cinq autres évangélistes, elle a réuni plus de 100 millions de personnes dans ses immenses rassemblements aux quatre coins du monde. 2 millions de ces auditeurs de l'Evangile ont confessé leur foi en Jésus comme Sauveur et Seigneur. Cette association utilise aussi la radio et la télévision. Son magazine Décision paraît chaque mois en dix éditions (quatre en anglais pour les Etats-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne et l'Australie, une en français, une en espagnol, une en allemand, une en chinois, une en japonais et une en braille). Ses neuf films d'évangélisation sont projetés à raison d'un toutes les vingt minutes quelque part dans le monde. Aujourd'hui l'association compte huit évangélistes. •••••••••••••••••••••••• ... REND HOMMAGE aux efforts de diffusion de la Bible. En 1979, la Norvège a été le premier pays acheteur de Bibles par rapport à sa population : plus de 99 000 exemplaires vendus pour 4 millions d'habitants. Mais le pasteur Birger Mathisen, secrétaire de la Société biblique norvégienne, a déclaré qu'il est nécessaire de faire encore beaucoup pour que les Bibles achetées soient lues. Quant à la Société biblique américaine, elle a depuis sa fondation en 1816 diffusé plus de 3 milliards de Bibles. L'année de sa fondation elle en avait vendu 6 000, aujourd'hui elle en vend plus de 250 000 par an. ... SOUTIENT le projet de l'université adventiste de Loma Linda en faveur des enfants cardiaques du tiers monde. Les chirurgiens de la faculté de médecine offrent leurs services gratuitement et le centre hospitalo-universitaire a quelques lits pour des malades qu'il prend totalement en charge. Mais les cas d'enfants atteints de malformations cardiaques sont tellement nombreux qu'un fonds spécial a été ouvert afin de multiplier les interventions gratuites en leur faveur. La première bénéficiaire de cette initiative a été la petite Jeon Suk Kang, Coréenne de 9 ans atteinte de tétralogie de Fallot. Elle n'a-vaitqu'unou deux ans d'espérance de vie. Arrivée à Los Angeles le 19 décembre 1979, elle a été accueillie dans une famille coréenne et a subi trois opérations à l'hôpital de Loma Linda. Elle est maintenant retournée chez elle heureuse de pouvoir mener une vie normale. •••••••••••••••••••••••• ... SE RÉJOUIT de l'achèvement de la traduction de la Bible en créole d'Haïti. Ce travail entrepris depuis dix ans par l'Alliance Biblique Universelle a été difficile, car ce créole est une langue parlée. Mais il a été l'occasion d'une collaboration œcuménique. Le Nouveau Testament et les Psaumes ont été édités en 1975. Si tout se passe normalement, l'Ancien Testament sera imprimé à la fin de 1980. Haïti est un pays où les conversions au christianisme sont nombreuses. C'est un pays très pauvre et cette traduction rendra la Bible accessible à de nombreuses personnes qui ne pouvaient encore en bénéficier. 33 ... A NOTÉ les débuts en France de l'Association Evangélique pour l'Hôtellerie. Cette association a pour but d'apporter l'Evangile à toutes les personnes qui travaillent dans les cafés, les restaurants et les hôtels. Elle est née en Suisse et s'y est développée. Il ne faut pas la confondre avec celle des « Gédéons » qui, elle, distribue la Bible dans les hôtels afin que les voyageurs aient l'occasion de la trouver dans leur chambre et de la lire. ... ATTEND, avec beaucoup de chercheurs, la parution du catalogue des manuscrits de la Société biblique britannique et étrangère. En effet, la bibliothèque de cette société possède un grand nombre de manuscrits, dont le plus ancien est un papyrus du 4e siècle. Ces manuscrits de valeur pour la recherche biblique seront facilement repérables grâce à ce catalogue, dont le financement sera assuré par la donation de 6 000 livres ster-lings faite par la Bibliothèque Nationale de Grande-Bretagne. ... INVITE ses lecteurs à l'assemblée du Musée du Désert qui se tiendra le dimanche 7 septembre 1980 au Mas Soubeyran, près de Mialet, Gard (France). Lors de cette rencontre annuelle en l'honneur des huguenots persécutés pour leur attachement à la Bible, sera fêté le 300e anniversaire de la naissance du chef camisard Roland (né le 7 janvier 1680) dont la maison est le centre du Musée du Désert. Le programme de la journée s'ouvrira par un culte en plein air à 10 h 30. ... S'INQUIÈTE des progrès aux Etats-Unis de la coalition évangélique La Voix Chrétienne, dont l'objectif politique est de faire du peuple américain un peuple chrétien par de nouvelles lois : culte le dimanche pour toutes les familles, prière à l'école pour tous les enfants, éducation des enfants par les femmes, suppression de l'avortement, interdiction des films pornographiques, etc. Plusieurs sénateurs, hommes d'Eglise et de presse soutiennent ce mouvement. Bien que ces objectifs puissent être légitimes pour la morale individuelle et familiale, ils représentent un énorme danger du point de vue politique, car ils impliquent la collusion entre le pouvoir et la religion. Or l'histoire enseigne que de telles collusions sont une menace pour la liberté individuelle et deviennent extrêmement répressives. » ... FÊTE le deux centième anniversaire de la fondation des écoles du dimanche. La première école du dimanche s'est ouverte en 1780 à Gloucester (Angleterre) sous l'impulsion de Robert Raikes. Grâce à cette institution, des millions d'enfants de familles protestantes ont reçu un enseignement religieux fondé sur la Bible. L'Eglise adventiste a, elle aussi, une organisation similaire, l'école du sabbat, qui permet non seulement aux enfants, mais aussi à près de 3 millions d'adultes d'étudier chaque semaine un thème biblique dans des groupes où ils sont répartis selon leur âge. ... ANNONCE la première assemblée européenne de l'Alliance Réformée Mondiale dans un pays de l'Est. Cette assemblée des Eglises réformées de l'Europe se tiendra du 9 au 14 septembre 1980 à Poiana Brasov, en Roumanie, et aura pour thème Je serai votre Dieu et vous serez mon peuple. Des études bibliques seront présentées par le pasteur Alain Blancy de l'Institut œcuménique de Bossey (Suisse). A cette occasion, le gouvernement roumain a autorisé l'importation de 10 000 Bibles, qui seront offertes aux croyants roumains par ceux des pays occidentaux. C'est une initiative du pasteur Edmond Perret, secrétaire général de l'Alliance Réformée Mondiale. •••••••••••••••••••••••• ... APPROUVE l'initiative catholique pour une journée missionnaire mondiale. Il s'agit de sensibiliser l'opinion pour redonner un élan missionnaire aux communautés de croyants. Cette journée a été fixée au 19 octobre 1980 autour du thème L'Evangile par tous et pour tous. Elle sera préparée par un sondage de l'IFOP sur l'opinion des Français sur les missions, qui sera publié par notre confrère La Vie dans son numéro du 10 octobre 1980. De plus, une émission télévisée, Les dossiers de l'écran, le mardi 14 octobre 1980, sera consacrée à ce sujet avec la participation de nombreuses personnalités chrétiennes dont, en principe, mère Térésa de Calcutta. •••••••••••••••••••••••• ... CONSTATE avec intérêt que les protestants suisses sont à la pointe du féminisme ecclésiastique. Les 2 et 3 mai 1980, la Fédération suisse des femmes protestantes a apprécié les déclarations de la théologienne allemande Elisabeth Moltmann-Wendel, qui affirmait: «Jésus est le premier homme à avoir surmonté l'androcentrisme de la société antique.» De plus, l'Eglise réformée du canton d'Argovie s'est donnée une théologienne comme présidente de son conseil synodal. De même, madame Nicole Fisher, interprète traductrice, a été appelée à la présidence du conseil exécutif du consistoire de l'Eglise nationale de Genève. Enfin, madame Hed-wig Schneider, infirmière et mère de six enfants, a été élue présidente du conseil synodal de l'Eglise réformée du canton de Fribourg. ... FAIT REMARQUER à ses lectrices féminines qu'une révision de la traduction de la Bible Revised Standard Version parue en Angleterre en 1952 est en cours. Elle a pour but d'éliminer tous les termes sexistes du texte. Tous les masculins sont revus un par un. Ceux qui sont nettement sexistes et ne correspondent pas à l'intention du texte original grec ou hébreu sont remplacés par d'autres expressions comme on, les gens, etc. Par exemple, le débutdu Psaume lerquise lisait «Heureux l'homme qui...» devient «Heureux qui...». 243 changements de ce genre ont été effectués dans les Psaumes. Ce travail est dirigé par Emily V. Gibbs, secrétaire du département de l'éducation et du ministère du Conseil Américain des Eglises. 34 lmp. SDT — 77190 Dammarie les Lys — Gérant : J. Calcia — Commission paritaire n° 62536 Le but de cette rubrique est de créer un dialogue entre les lecteurs et la rédaction de « Signes des temps ». Toutes les remarques, critiques, appréciations, suggestions et questions sont les bienvenues. Elles contribuent grandement à la vie de notre revue. Nous répondons à toutes les questions soit par courrier personnel, soit dans les colonnes de cette rubrique, soit même par des articles. « Il est dit dans l’Apocalypse de Jean (21 : 1) : ,,Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre, car le premier ciel et la première terre avaient disparu et la mer n’était plus.” Si le nouveau ciel et la nouvelle terre symbolisent l’un le gouvernement céleste et l’autre le peuple élu de Dieu, je ne comprends pas ce que la mer symbolise. Est-ce à dire que la mer disparaît en tant qu’ élément physique ? » M. P. O. — Dakar, Sénégal. Pour comprendre ce texte de l’Apocalypse il faut se rappeler que dans l’Antiquité, encore plus qu’aujourd’hui, les hommes étaient impressionnés par l’étendue et la puissance de la mer. Ainsi pour beaucoup de peuples la mer était une divinité, souvent maléfique d’ailleurs. Dans la Bible, la mer est une création de Dieu (Genèse 1 : 9, 10) et sa puissance est soumise à Dieu (Psaume 104 : 6-9, Proverbes 8 : 27-29). Cependant, la présence dans le chaos originel de l’eau dans l’abîme (Genèse 1 : 2) et la ressemblance des océans avec cet abîme et ses eaux ont contribué à l’idée que la mer, dans la création marquée par le mal, était devenue la demeure des puissances maléfiques (voir par exemple Esaïe 51 : 9, 10; Daniel 7 : 2-7 ; Apocalypse 13 : 1 ; 17 : 1, 15; 20 : 13). C’est dans ce sens qu’il faut comprendre que la nouvelle création de Dieu ne comporte pas de mer, car le problème du mal y étant résolu, il ne sera plus besoin de lieu pour les puissances maléfiques puisqu’elles auront disparu. * «Je salue avec plaisir ^Sylvestre” et ses mots croisés numéro 1. Une suggestion à lui transmettre, aui sera appréciée par de nombreux lecteurs, j’en suis certain : qu’il transforme ses mots croisés en mots fléchés, toujours bibliques bien sûr, mais sur toute une page. » M. C. R. — 84 Avignon. * « Je viens vous dire que je suis enchantée par les nouveaux Signes des temps. J’ai attendu le troisième numéro de 1980 pour voir s’il tenait bien les promesses des précédents. C’est simple, clair, d’une spiritualité vécue, à la portée de tous, entraînant tout en étant sérieux. Merci et bon courage ! » Mme C.B. — 21 Fontaine-les-Dijon. dans notre prochain numéro La Bible parle : Jésus le Messie. L'aide aux mourants. Lire : L'épître de Paul aux Romains. Comprendre : 2 Rois 5:1 à 19 ou Dieu est liberté. Bible et archéologie : Samarie. abonnez-vous abonnez vos amis à la revue SIGNES DES TEMPS 36 pages tous les deux mois pour mieux comprendre l’actualité du message biblique. France : Editions « Les Signes des Temps », 60, avenue Emile-Zola, 77190 Dammarie les Lys. C.C.P. 425-28 Paris Prix : 33 FF Autres pays : 37 FF Belgique: Librairie «Les Signes des Temps», 11-13, rue Ernest-Allard, 1000 Bruxelles. C.C.P. n°000-0097525-40 Bruxelles Prix : 330 FB Suisse : Librairie « Vie et Santé », 19, chemin des Pépinières, 1020 Renens/Lausanne. C.C.P. n° 10 402 Lausanne Prix: 18 FS M. Mme Mlle ............................................................... Prénon..................................................................... Résidence / Escalier / Bâtiment............................................ Numéro/Rue/Avenue/Boulevard ou Lieu-dit ................................... Commune ................................................................... Code postal ............................................................... Bureau distributeur ou pays ............................................... Je joins à ma souscription un chèque bancaire Q un chèque postal Q un mandat international 0 pour un abonnement d’un an (6 numéros) à S.d.t. brochures de la collection Georges VANDENVELDE, La solution de Jésus Le mal, la souffrance, la mort, la culpabilité, l'incompréhension, ... autant de problèmes auxquels l'humanité ne peut répondre que très partiellement. Georges Vanden-velde montre que par la Bible il n'y a qu'une seule solution à tout : Jésus. Georges VANDENVELDE, La révolution de Jésus Jésus est la solution que Dieu propose à tous les problèmes de l'humanité. Cette solution, il ne l'impose à personne ; il la propose à tous. Pour celui qui l'accepte, Georges Vandenvelde le montre, c'est une véritable sa vie. Georges VANDENVELDE, Marcher avec Jésus Seule la foi en Jésus peut sauver. Mais la foi n'est pas une idéologie. C'est une manière d'être et de se comporter. Georges Vandenvelde explique que le véritable chrétien ne suit pas servilement un code, mais marche joyeusement aux côtés de son grand Ami. Jean FLORI, Evolutionniste ou chrétien ? Peut-on être chrétien, c'est-à-dire accorder foi au message de la Bible, et en même temps accepter la théorie de l'évolution ? Jean Flori aborde ce sujet à la fois en tant que croyant et en tant qu'homme de science. Yvan BOURQUIN, L'heure du Christ Jésus, le Christ, bien que personnage du passé, est présent aujourd'hui. Il a une place dans ma vie et me propose l'aventure d'un avenir extraordinaire qui commence tout de suite. Yvan Bourquin nous invite à vivre à l'heure du Christ. Yvan BOURQUIN, Ultimatum Au centre de l'Apocalypse (chapitre 14 : 6-12), Dieu a placé un message solennel et urgent pour les hommes de notre époque. Ce triple message, décortiqué et analysé par Yvan Bourquin, ne doit pas tomber dans l'oreille de sourds. Yvan BOURQUIN, Les évangiles, quatre éclairages de Jésus-Christ Dans la Bible il y a une Bonne Nouvelle, mais quatre évangiles. Chacun d'eux donne un éclairage particulier sur la personne de Jésus. Une quadruple source de richesse qu'Yvan Bourquin nous invite à exploiter. Léon LIENARD, La divinité du Christ Est-il possible de croire encore que Jésus, cet homme de Nazareth en Galilée, est Dieu ? La divinité du Christ est une affirmation capitale de la foi chrétienne. Que signifie-t-elle? Qu'implique-t-elle? Léon Liénard étudie ce thème biblique fondamental. Adressez vos commandes à nos agences mentionnées en page 2.