PREUVES DE LAUTHENTICITE DE LA BIBLE 4 Akhénaton et Néfertiti, héritiers de Moïse ? Paul Tièche 8 Pétra, merveille du Proche-Orient Jean-Pierre Fasnacht 11 Constantin Tisehendorf... Adi Zurcher 14 Le musée du Louvre et l'Ancien Testament Raymond Meyer 17 La forteresse de Masada Elie Fayard 20 Jérusalem Jean Cazeaux 24 Le Sanctuaire Israélite Jean-Pierre Bargibant 27 La patrie d'Abraham arrachée aux sables Roland Vertallier 31 Israël et l'idolâtrie Jacques Favret SOMMAIRE Revue bimestrielle fondée en 1876 SEPTEMBRE-OCTOBRE 1975 REDACTION ET ADMINISTRATION : 60, avenue Emile-Zola 77190 Dammarie les Lys, France Tél. (1) 439 38 26 C C P 425-28 Paris Rédacteur responsable : Jean LAVANCHY Réalisation : Jean BREUIL AGENCES: Europe BELGIQUE, 11, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles FRANCE, «Le Soc», 208, avenue Anatole-France, 77190 Dammarie les Lys SUISSE, 19, chemin des Pépinières, 1020 Renens/Lausanne Autres continents ALGÉRIE, 3, rue du Sacré-Cœur, Alger BURUNDI, Boîte Postale 1710, Bujumbura CAMBODGE, Boîte Postale 376, Phnom- Penh CAMEROUN, Boîte Postale 401, Yaoundé CANADA, 79, rue St Charles Est, Longueuil, P.Q. 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GARSIN. Dépôt légal 1975, 424 éditorial La Bible n'a pas besoin de l'archéologie. Ce document plusieurs fois millénaire occupe, aujourd'hui, la première place dans la surabondante production littéraire mondiale. Son texte a survécu aux nombreuses déportations, à la dispersion du peuple hébreu. Sa diffusion a résisté aux censures, aux interdictions, aux condamnations et aux critiques les plus acharnées. A l'âge de l'électronique, la foi d'un milliard d'hommes est ancrée dans la Bible. L'intérêt de l'archéologie se situe au niveau de l'homme, de ses réactions, de sa perception, de sa compréhension du texte inspiré. Sollicitée par une profusion d'idéologies matérialistes et spiritualistes, l'intelligence humaine court le risque de considérer le message biblique comme une voie de diversion mystique, susceptible de voiler l'âpreté des crises qui ébranlent notre civilisation. Parce que la Bible n'a pas la forme d'un document historique, il est tentant d'en confondre les récits avec une quelconque mythologie accessible aux interprétations les plus fantaisistes. Dépassant largement les limites de l'événement et du personnage, l'archéologie nous révèle les conditions de vie, les orientations culturelles des hommes et des sociétés qui servent de cadre historique au message biblique. Vivant sur les bords du Nil, Moïse n'est plus un héros mythique mais un homme, confronté aux problèmes moraux et sociaux de ses contemporains. A Capernaüm, comme au mont des Oliviers, les enseignements et les prophéties de Jésus-Christ ne peuvent se confondre avec les illuminations passagères d'un sage, prisonnier de son temps. Si le cadre change, les problèmes fondamentaux de l'âme humaine sont immuables. Grâce à la reconstitution méticuleuse des époques marquées par des messages divins, il est plus facile de considérer le texte biblique comme un dialogue permanent entre Dieu et l'homme tel qu'il était, tel qu'il est, tel qu'il sera. Jean LAVANCHY Vous trouverez dans les pages suivantes le résumé des principaux thèmes de conférences présentées par le groupe « Bible et Archéologie». 3 AKHENAION E’NEFERTITI HERITIERS1* MOÏSE? Ia 18e dynastie a été, en Egypte, la plus brillante de toute son histoire. C'est dans cette période que se situe l'événement qui va retenir notre attention et qu'on appelle couramment «l'hérésie amarnienne». Pour comprendre l'enchaînement des faits, une courte récapitulation s'impose. Voici la liste des rois de la 18e dynastie. Ahmosis : chasse les Hyksos. Aménophis 1er. Thoutmosis 1er : père de la princesse Hatshepsout. Thoutmosis II : épouse Hatshepsout. Hatshepsout : mère adoptive de Moïse. Thoutmosis III : pharaon de l'esclavage. C'est sous son règne que Moïse fuit à Madian. Aménophis II (1450-1225) exode des Hébreux en 1445. Thoutmosis IV (1425-1408) épouse une princesse mitannienne. Aménophis III (1408-1372) : traite avec le Mitanni ; épouse la princesse Tiyi. Aménophis IV — Akhenaton (1372-1359) : épouse Néfertiti. Semnkharè. Toutankhamon (1354-1345). Aï (1345-1341). Horem-Heb (1341-1317). Aménophis III et la reine Tiyi. Le roi Aménophis III porte le prestige de l'Egypte à son apogée. Il embellit sa capitale, construit le temple de Louxor, agrandit celui de Karnak, crée le lac sacré de Karnak en l'honneur de Tiyi. Il construit un temple funéraire à Thèbes dont il ne reste que deux vestiges monumentaux : les colosses de Memnon, en quarzite rose. Nous constatons une affluence de richesses, un bouil- li PAR PAUL TIECHE lonnement d'idées. Le gouvernement est très bien organisé, les campagnes militaires ont cessé et la religion, ainsi que la pensée, aboutissent à un monothéisme qui ne supprime pas le polythéisme apparent. La reine Tiyi, dont il faut admirer le charme exotique avec ses yeux légèrement bridés, le nez volontaire, les fossettes des joues profondes et une bouche fine et dédaigneuse, semble avoir eu une influence considérable sur la pensée philosophique et religieuse de son époque. Elle fut certainement la mère de Toutan-khamon. A l'époque, c'est le culte d'Amon qui prévaut en Egypte, surtout dans les classes supérieures de la population. Le culte d'Amon n'a peut-être pas le caractère polythéiste que nous pourrions lui attribuer. Pour bien le comprendre, il faudrait nous débarrasser de nos concepts occidentaux et cartésiens, qui n'étaient pas du 4 Akhenaton et Néfertiti apportant leur offrande au Dieu unique Néfertiti Moïse tout dans l'esprit des Egyptiens. Amon, c'est aussi le disque solaire. Les épithètes dont le dieu est gratifié se contredisent parfois d'une manière provoquante sans gêner en quoi que ce soit la pensée des Egyptiens. Amon sera aussi bien mère qu'artiste ou berger. « En accumulant les évocations qu'aucune imagination, si libre fût-elle, n'arriverait à superposer, l'auteur cherche à suggérer que l'objet réel qu'il veut représenter est au-delà de chacune de ses images. Dès lors il ne sera pas plus gêné d'employer le mot Dieu lorsqu'il s'agira de préceptes extrêmement généraux et tel nom particulier de dieu pour cerner quelque Spécialité divine.» (François Daumas, La civilisation de l'Egypte pharaonique, p. 315, Arthaud 1965). Le pharaon réformateur Il semble véritablement qu'Amé-nophis III et Tiyi aient amené un revirement dans la pensée de leur temps quant à la conception de la divinité. C'est dans cette atmosphère que grandit Aménophis IV qui monte sur le trône en 1372, probablement à l'âge de 18 ans. Aménophis IV nous pose un problème. C'est la première fois que les artistes égyptiens représentent un personnage avec un visage aussi long, des lèvres sensuelles, des yeux tristes et un menton très proéminent ainsi qu'en témoignent toutes les représentations du jeune roi. Sur les statues colossales de Karnak (actuellement au musée du Caire), il apparaît avec un ventre proéminent et un bassin très large sur des cuisses épaisses. La forme de son corps fait que nous nous posons des questions. On l'a prétendu impuissant ou homosexuel. Madame Christiane Desroches-Noblecourt oppose à cette idée un «non» catégorique. L'école allemande le prétend atteint de la maladie de Frôhlich (médecin viennois né en 1871) : dystrophie-adiposo génitale, qui conduit à une féminisation du corps. Quoi qu'il en soit, son visage est celui d'un mystique. A 16 ans, il compose son Hymne au soleil qui a quelques ressemblances avec le Psaume 104. A 18 ans, il entend réaliser son rêve d'imposer à l'Egypte un Dieu unique qui ne se représente pas. Son accession au trône rend la chose possible. Il épouse Néfertiti. Son nom (nefer signifie beau) veut dire : la belle est venue. Faut-il y voir l'indication d'une origine étrangère ? Nous n'en savons rien. Quoi qu'il en soit, les bustes de Nefertiti nous posent également un problème que nous retrouvons dans sa descendance : le crâne de la reine Néfertiti, et plus encore celui de ses filles, présente un allongement dans la partie occipitale qui surprend. La couronne que porte la reine Néfertiti sur le buste exposé au Musée de Berlin (la plus célèbre représentation), a pu être faite sur mesure pour cacher cette difformité. Néfertiti semble avoir été, comme son mari, passablement mystique et il est fort possible qu'elle ait épousé parfaitement ses idées, si elle ne les a pas provoquées. Aménophis IV veut donc imposer le culte d'Aton (le disque solaire). Pour cela, il change de nom et s'appelle Akhenaton, «celui qui est agréé d'Aton». Immédiatement le clergé d'Amon, à Thèbes, proteste et intervient. Akhenaton fonde alors une nouvelle capitale, à peu près à mi-chemin entre Memphis (le Caire) et Thèbes (Louxor), la ville d'Akhet-Aton : l'horizon du disque. Aujourd'hui, ce lieu s'appelle Tel el-Amarna. Religion d'Aton Imposer un monothéisme sans représentation à un peuple dont la religion se manifestait extérieurement par un polythéisme symbolique était évidemment un coup de force. 5 L'Egypte comptait une surabondance de dieux : plus de 700. Et pourtant, nous ne pouvons pas parler de panthéon égyptien comme nous parlons de panthéon grec ou romain. En fait, tous les dieux trouvent leur origine dans un dieu suprême : Amon. Le nom même d'Amon est évocateur. La racine Amen signifie : celui qui est caché. Amon est donc le dieu caché, celui qui est à l'origine de tous les autres et qui recouvre un grand nombre de symboles. Amon est donc le créateur de l'univers. Or, l'univers doit être stable et demeurer en équilibre. Le monde a besoin de stabilité. Les Egyptiens ont appelé cet équilibre et cette stabilité : Maat, dont ils ont fait une déesse. Sur terre, Amon a besoin d'un représentant qui conduise les hommes. Ce représentant sera le pharaon. De ce fait, il est fils de Dieu. Mais le pharaon ne peut pas tout faire : il a besoin d'aides : vizirs, surintendants, ministres, chefs militaires, clergé, etc. Cette diversité des fonctions auxquelles préside pharaon, l'égyptien aura tendance à la reporter dans l'univers et à charger les divinités secondaires du soin de les exécuter. Samivel {Trésor de l'Egypte, p. 37, Arthaud 1954) pouvait écrire : «Il se peut fort bien que les innombrables formes divines révérées par les Egyptiens, entre autres les figurations animales, n'aient reçu un culte qu'en tant que manifestations, épanchements, devenirs, «apparences» variées d'une Energie unique et transcendante. De la multiplicité des images on pourrait évidemment conclure à l'idolâtrie, mais avec ni plus ni moins de raison que n'en auront les archéologues futurs en déterrant dans cinq mille ans les innombrables statues de saints du christianisme.» En fait, Aton n'est pas une nouveauté. Le dieu Amon-Râ (Râ : disque solaire) apparaît fréquemment. Les hiéroglyphes sont remplis de disques qui évoquent Amon-Râ. Les nombreuses représentations de scarabées le montrent, généralement, tenant dans ses pattes de devant le disque solaire. C'est qu'en fait le scarabée pousse une boule d'excréments dans laquelle il a déposé ses œufs, symbole du soleil générateur de vie. Akhenaton construit dans sa nouvelle capitale un temple au soleil à ciel ouvert. Les statues de divinités sont supprimées en Egypte. Au cours de la période amarnienne, les stèles représentent toujours le dieu Aton par un disque solaire qui répand ses rayons, les rayons se terminant sou vent par des mains ou par le signe de vie, ank. Pendant 13 ans, le nouveau clergé d'Aton à el-Amarna officie. Puis Akhenaton meurt encore relativement jeune. Son frère Semen-kharè lui succède pendant 4 ou 5 ans, puis c'est le règne de son autre frère Toutankhaton qui règne 9 ans pour mourir à 18. Manœuvré par le clergé de Thèbes il doit quitter el-Amarna pour revenir dans la cité de ses pères et prend alors le nom de Toutan-khamon ; et tout rentre dans l'ordre. Intuition ou révélation Tout cela demande réflexion. En fait, le début de ce que l'on a appelé « l'hérésie amarnienne» se situe sous Aménophis III et Tiyi, soit en 1400. Il ne faut pas oublier que c'est en 1445 que nous situons l'Exode des Hébreux, soit 45 ans avant Aménophis III et 75 ans avant Akhenaton. Or Moïse avait rencontré Aménophis Il et c'est ce pharaon qui lui avait dit (Ex. 5 : 1, 2) : «Je ne connais point l'Eternel... Qui est l'Eternel?» De tout cela, peut-on conclure que Moïse ait exercé une influence monothéiste suffisante pour déclencher, 70 ans plus tard, l'épopée amarnienne ? On ne le sait pas. Quoi qu'il en soit, lorsque Moïse se présente à Aménophis II pour lui demander la libération de son 6 Hatshepsout peuple, il reçoit une réponse catégoriquement négative et décourageante. Dieu, alors, intervient : «L'Eternel dit à Moïse : Tu verras maintenant ce que je ferai à Pharaon ; une main puissante le forcera à les laisser aller. Dieu parla encore à Moïse, et lui dit : Je suis l'Eternel ; Je suis apparu à Abraham, à Isaac, et à Jacob, comme le Dieu tout-puissant; mais je n'ai pas été connu d'eux sous mon nom, l'Eternel. J'ai entendu les gémissements des enfants d'Israël, que les Egyptiens tiennent dans la servitude, et je me suis souvenu de mon alliance. C'est pourquoi, dis aux enfants d'Israël : Je suis l'Eternel, je vous affranchirai des travaux dont vous chargent les Egyptiens.» Exode 6:1-6. Nous pouvons dire qu'Akhenaton avait eu Y intuition de Dieu. Moïse avait eu la révélation de Dieu. C'est là toute la différence. Le Dieu de la Bible est un Dieu qui se révèle sans toutefois s'imposer. Cela apparaît dans un texte célèbre du livre des Nombres (Nomb. 12 : 6-8) : «Et il (Dieu) dit : Ecoutez bien mes paroles ! Lorsqu'il y aura parmi vous un prophète, c'est dans une vision que moi, l'Eternel, je me révélerai à lui, c'est dans un songe que je lui parlerai. Il n'en est pas ainsi de mon serviteur Moïse. Il est fidèle dans toute ma maison. Je lui parle bouche à bouche, je me révèle à lui sans énigmes et il voit une représentation de l'Eternel. » Citons le texte d'Amos 3:7: «L'Eternel ne fait rien sans avoir révélé son secret à ses serviteurs les prophètes. » La recherche de Dieu est un des éléments de la véritable religion. Dans le Deutéronome (4 : 29), nous lisons cette recommandation de Moïse au peuple qu'il allait quitter : «C'est de là (Canaan) aussi que tu chercheras l'Eternel, ton Dieu, et que tu le trouveras si tu le cherches de tout ton cœur et de toute ton âme. » C'est la raison pour laquelle, sitôt sortis d'Egypte, les Israélites reçurent le Décalogue par l'intermédiaire de Moïse. Or, le Décalogue débute par les paroles suivantes : «Je suis l'Eternel, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte, de la maison de servitude.» Il semble bien que, dans la Bible, sortir d'Egypte signifie véritablement abandonner les conceptions polythéistes des Egyptiens. Et le texte continue : Premier commandement : «Tu n'auras pas d'autre Dieu devant ma face.» Deuxième commandement : «Tu ne te feras point d'images taillées ni de repré sentations quelconques des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux, plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point...» Ces deux premiers commandements montrent l'impérieuse nécessité, à toutes les époques, de ne pas se forger une représentation de Dieu. Ce texte rejoint la déclaration de Jésus à la femme samaritaine (Jean 4 : 24) : « Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l'adorent l'adorent en esprit et en vérité ». Il ne s'agit donc pas de se forger un Dieu à notre convenance ni une religion qui nous agrée. Il ne s'agit pas d'inventer un dieu ou une religion qui convienne à notre tempérament, à notre âge, à nos idées, à nos préoccupations. Dieu est un Dieu que je n'ai pas à fabriquer, un Dieu qui commande et qui me commande de l'écouter et de le rencontrer. Dieu est, les Egyptiens le savaient, le ressentaient, mais l'imaginaient selon leurs idées personnelles alors que Dieu doit être cru et pris tel qu'il se révèle. L'important ce n'est pas l'idée que je me fais de Dieu, mais plutôt l'idée que Dieu se fait de moi. 7 Akhenaton AKHENATON ETNEFERTITI HERITIERS1* MOÏSE? L'Umm El Biyarah, le repaire des Edomites (2 Chroniques 25:12) PETRA MERVEILLE DU MOYEN ORIENT PETRAest située en Jorda-nie, dans un cirque de montagnes, le Djebel Shara, à 150 kilomètres de la mer Morte et de la mer Rouge. Pour s'y rendre on dispose encore aujourd'hui, en partant d'Amman, capitale du royaume Hachémite, d'un excellent moyen d'accès plus l'antique route des Rois. La Bible nous apprend que ce parcours impressionnant de beauté sauvage, fut partiellement emprunté par les Hébreux à leur sortie d'Egypte. On peut admirer le courage inspiré de Moïse qui fit traverser à son peuple cette succession de plateaux coupés de terrifiantes gorges ravinées. La situation de Pétra, sur les grands axes caravaniers va assurer sa fortune du 3e siècle avant J.-C., au 2e siècle après J.-C. Les marchandises chargées en Arabie, au golfe Persique, à la mer Rouge, transitaient par Pétra avant de gagner Damas et les ports de la Méditerranée. Cité relais, vaste entrepôt, Pétra contrôla ainsi pendant cinq siècles le mouvement régulier des caravanes. Si elle les protégeait, elle prélevait également au passage de lourds péages. Certaines marchandises voyaient leurs prix centupler entre leur point de départ et de livraison. Une ville rose dans un monde lunaire Parmi tous les sites du Proche-Orient, Pétra est certainement l'un des plus impressionnants. L'antique cité est accrochée au creux d'un massif chaotique de grès rose. Sanctuaires, tombeaux, théâtre, sont creusés dans la roche. On a l'impression d'un vaste décor d'opéra avec ses immenses façades décorées plaquées aux falaises. Pour atteindre le site il faut obligatoirement emprunter le SIQ, une longue et sinueuse crevasse de deux FAR JEAN PIERRE FASNACHT kilomètres, entre des parois abruptes de 80 mètres. Après l'aveuglement du désert, l'obscurité de cette crevasse est saisissante. En l'empruntant on rêve aux longues caravanes de jadis, chargées de tous les trésors de l'Orient. Brusquement on débouche sur une vision digne d'Ali-Baba. Un temple rose, le KAZNEH se dresse devant nous de ses 40 mètres de hauteur. Le génie architectural des Nabatéens l'a tiré de cette falaise de grès avec laquelle il fait corps. Arètas IV, roi de Pétra mort en l'an 40, a voulu une sépulture digne de l'idée qu'il se faisait de sa personne. Le cirque de Pétra apparaît dans son éblouissante lumière. Un rempart de montagnes l'encercle de toutes parts. Les hautes falaises colorées sont trouées d'orifices et sculptées d'étranges façades : tombeaux et mausolées à l'architecture somptuaire. 8 Kazneh, tombeau natabéen attribué au roi Arètas IV, 40 ans av. J.-C. Plus bas la cité se devine, engloutie sous les décombres d'un fantastique entassement de pierres renversées. Une histoire mouvementée 13e siècle : Des tribus édomites s'établissent à Pétra. 10e siècle : Les Edomites sont vassaux de Salomon. 8e siècle : Campagne du roi de Juda Amasias contre Edom. 4e siècle : Les Nabatéens occupent la région. 3e siècle : Pétra devient un entrepôt. Intense trafic des caravanes. 2e siècle : Arètas II constitue un royaume indépendant. 1er siècle : Arètas III s'empare de Damas. Pompée assiège Pétra puis renonce. Epoque du Christ. Arètas IV. Prospérité de Pétra qui se développe. 106 après J.-C. : La ville est annexée par Rome, travaux d'urbanisme. 130 après J.-C. : Hadrien visite la ville. 2e, 3e siècle : La route des caravanes passe maintenant par Palmyre. Abandon partiel de la ville, oubli. 1812: Burckhardt redécouvre Pétra. La Bible, témoin de l'histoire ancienne, se fait l'écho des conflits qui éclatèrent entre les Edomites, premiers occupants de Pétra, descendants d'Esaü, et le peuple d'Israël. Les prophètes hébreux prononcèrent des oracles contre ces tribus qui s'étaient installées à Pétra, sur l'Umm el Biyarah, que la Bible connaît sous le nom de SELA (en hébreu : Roche, en grec : Pétra), (2 Chroniques 25 : 12). Ainsi parle le Seigneur, /'Eternel, sur Edom... L'orgueil de ton cœur t'a égaré, toi qui habites le creux des rochers, qui t'assieds sur les hauteurs, et qui dis en toi-même : Qui me précipitera jusqu'à terre ? Quand tu placerais ton nid... parmi les étoiles, je t'en précipiterai, dit /'Eternel. Abdias 1:1-4. Le prophète biblique dépeint avec justesse le site escarpé des Edomites et annonce leur futur écroulement. La prophétie devait se réaliser au 6e siècle, lorsque Nabuchodonosor, roi de Babylone, délogea les Edomites de leur nid d'aigle et les chassa à jamais dans le sud. Témoignage précieux de l'historicité et de la véracité de la Bible. Confirmation de la réalisation prophétique. Nous tenons pour d'autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention... 2 Pierre 1:19. La montagne du sacrifice A 300 mètres au-dessus des vestiges de Pétra se trouve l'espace sacré, 9 Le haut Heu de Zi b b Hatouf, aile sacrée avec son autel à sacrifices, le reposoir de l'idole et un bassin à ablutions' PETRA MERVEILLE DU MOYEN ORIENT Théâtre de Pétra creusé dans le grès rose Gros plan d'un autel à sacrifices avec un petit bassin qui recueillait le sang de l'animal Un tombeau à Nef es h l'aire de sacrifices aux divinités Dushara et Al Ussa. Il comporte un autel sur lequel on immolait des animaux, un reposoir où l'idole était dressée, une plate-forme où les repas rituels étaient pris. Offrait-on des victimes humaines à Pétra ? PORPHYRE, philosophe de TYR affirmait qu'à ABADA, situé à 70 kilomètres de Pétra, on immolait tous les ans un jeune garçon. Des récits plus tardifs parlent de jeunes gens sacrifiés à la déesse UZZA. De tous temps les sacrifices sanglants expriment une relation voulue entre l'homme et son dieu. Dans le sacrifice païen, le croyant cherchait à fléchir la divinité, à l'apaiser, à se la rendre favorable. Dans le sacrifice biblique, Moïse a épuré cette notion, lui redonnant une signification spirituelle : celle d'une action de grâce, d'un acte de reconnaissance, d'une expiation pour les fautes commises. Le sang représente la vie. Nulle offrande plus précieuse que celle-là ne pouvait être offerte. Dans l'Ancien Testament les sacrifices étaient préfiguratifs ; ils annonçaient le sacrifice volontaire de l'Agneau de Dieu qui s'offrirait pour le salut des hommes. Nous avons été affranchis par un sang plus précieux, celui d'un agneau sans tache et sans défaut, le sang du Christ, écrira l'apôtre Pierre. Le haut lieu du Zibb Atouf permet un parallélisme saisissant avec les sacrifices offerts par Israël. Mais l'esprit qui les animait était très différent. Dès l'aurore de l'humanité l'offrant païen recherchait de lui-même, par des rites multiples, des sacrifices souvent cruels, la relation avec un dieu distant imaginé par l'homme. La Bible témoigne d'un mouvement inverse: Dieu, Créateur, Père, se penche sur l'homme pour le prendre en charge, l'instruire par sa Parole, l'aimer. La révélation vient d'en haut, et l'homme touché dans son cœur et dans son esprit est appelé à répondre par un acte spirituel de foi, d'obéissance et d'amour. Une certitude renouvelée Pétra n'a pas encore livré tous ses secrets. Il reste toute une ville à faire resurgir. La solitude des lieux, la désolation du paysage rend criante de vérité la prophétie biblique : D'âge en âge, elle sera désolée. A tout jamais personne n'y habitera. Esaïe 39:9, 10. On revient de Pétra avec une certitude renouvelée: la Bible se trouve bien confirmée par les découvertes archéologiques récentes, et sa prophétie inspirée, réalisée par l'histoire. Selon le mot d'André Parrot : « L'archéologie fait plus que confirmer l'histoire profane ou sacrée... Elle nous montre à l'œuvre le Dieu de la Révélation. » 10 CONSTANTIN LE PLUS EXTRAORDINAIRE DECOUVREUR MANUSCRITS BIBLIQUES! ILYA ■ Jri par le monde des êtres qui sont naturellement doués et auxquels il semble que tout réussisse : des Paganini pour la musique, des Van Gogh pour la peinture, des Marie Curie pour la science, etc... et Constantin TISCHENDORF pour la découverte des manuscrits bibliques ! Mais derrière les exploits, on ignore trop souvent le travail, la persévérance, l'acharnement, qu'il a fallu à ces individus, certainement très doués, pour qu'ils puissent atteindre le but qu'ils s'étaient assigné ! Le retour à la source Tout jeune, Tischendorf s'était fixé un objectif : «J'ai devant moi une tâche sacrée : la lutte pour retrouver la forme originelle du Nouveau Testament.» Mais pour cela, il lui faudra aussi une formation exceptionnelle : en 1834, âgé de 19 ans, il s'inscrit à l'Université de Leipzig. Très rapidement il possédera parfaitement le latin, le grec, l'hébreu, l'araméen, le samaritain, le copte et d'autres langues et dialectes de l'antiquité ! Mais ne nous imaginons surtout pas d'être en présence d'un savant malingre, chétif et poussiéreux. Au contraire, Constantin Tischendorf est doué d'une énergie et d'une endurance extraordinaire qui lui permettront de vaincre les obstacles les plus insurmontables, car, à lui seul, il va découvrir plus de manuscrits bibliques que beaucoup d'autres chercheurs réunis. Sa connaissance du grec est si parfaite, qu'à l'âge de vingt-sept ans, il publie une édition en langue grecque du Nouveau Testament ; du coup, on le considère comme un grand spécialiste mondial en la matière. Tischendorf connaît parfaitement les plus célèbres manuscrits ou codex existant au siècle dernier et en premier lieu le CODEX VATI-CANUS qui se trouve à la bibliothèque du Vatican depuis 1481. C'est une Bible qui a été copiée PAR ADI ZURCHER vers 350 après Jésus-Christ en langue grecque. Les 759 feuilles qui subsistent de ce codex, mesurent chacune 27 x 27 centimètres et sont couvertes par trois colonnes de 42 lignes chacune, d'une belle et régulière écriture. Il comprend 617 feuilles pour l'Ancien Testament d'après le texte de la Septante, et 142 feuilles pour le Nouveau Testament, malheureusement incomplet (il manque, en effet, la fin de l'épître aux Hébreux, les deux lettres de Paul à Timothée, celles à Tite et à Philémon, ainsi que l'Apocalypse). Napoléon voulut s'en emparer et le transporter à Paris. En 1866, Tischendorf réussit l'exploit de déchiffrer ce codex et de le traduire intégralement en 14 jours et 3 heures ! Un miracle de patience Un autre exploit est à porter à l'actif de Tischendorf, et cela en rapport avec le CODEX EPHRAEMI, conservé à la Bibliothèque Nationale de Paris, depuis que Catherine de Médicis l'y apporta comme dot. L'ensemble comprend 64 feuilles 11 pour l'Ancien Testament et 145 pour le Nouveau. Mais ce document est le plus célèbre des palimpsestes : au 5e siècle, en effet, le texte biblique y fut écrit en langue grecque, sur une colonne de 41 lignes ; mais, au 12e siècle, un moine entreprit de gratter consciencieusement le texte biblique pour y copier à la place, sur deux colonnes et en renversant le sens des feuilles, les œuvres d'un théologien du 4e siècle nommé Ephraïm (d'où le nom du codex). Ce n'est qu'au 17e siècle qu'on s'aperçut qu'il s'agissait d'un palimpseste. Malgré tous les efforts des savants pour redécouvrir le premier texte gratté par le moine, personne ne réussit à déchiffrer ce codex. Tischendorf, âgé de 26 ans, arriva à Paris en 1842. Durant deux ans, il travailla à la Bibliothèque Nationale et s'acharna sur le mystérieux codex : mot après mot, ligne après ligne, il réussit miraculeusement à reconstituer le texte initial, gratté par le moine au 12e siècle. Tischendorf réussit là où tous avaient échoué et présenta au monde le texte le plus difficile à déchiffrer qui soit ! CONSTANTIN TISCHENDORF LE PLUS EXTRAORDINAIRE DECOUVREUR “MANUSCRITS BIBLIQUES! Mais l'exploit le plus audacieux n'était pas encore réalisé, et pour cela, il lui faudra non seulement une intelligence et une perspicacité hors du commun, mais surtout du courage et de la ténacité, car il va falloir partir à la découverte de manuscrits anciens inconnus, vers lesquels Tischendorf semble irrésistiblement attiré. Au mont Sinaï C'est ainsi qu'il se rend au Caire en 1844. Il visite des couvents, des monastères, et partout, il fait des découvertes importantes. Mais, c'est dans le Sinaï qu'il désire avant tout se rendre, car il a entendu parler du monastère Sainte-Catherine, vieux de quatorze siècles et qui est miraculeusement sorti indemne de toutes les invasions et razzias, grâce à ses murailles et surtout à sa mosquée que les moines rusés ont édifiée au milieu de leur vingtaine de chapelles, connaissant les paroles de Mahomet, qui interdit la destruction des sites où se trouve une mosquée ! Tischendorf est certain de découvrir des manuscrits anciens dans ce monastère. Le 12 mai 1844, il se met en route à destination du Sinaï, à la tête d'une petite caravane comprenant des guides, des interprètes et des gardes, car la région n'est pas sûre, il parvient à destination après dix jours d'un voyage fatigant et par une chaleur torride ; mais il a beau faire le tour des murailles qui enserrent le monastère, il ne trouve pas d'entrée. Une ouverture se situe à dix mètres de haut et c'est par un treuil rudimentaire que Tischendorf est hissé jusqu'à cette étrange entrée. Après avoir visité les vingt-deux chapelles et la mosquée, Tischendorf est enfin conduit vers ce qui l'intéresse au plus haut point, la bibliothèque. A son grand étonnement, il ne trouve aucun manuscrit ancien ; ces moines incultes et crasseux, vivent dans le désordre et ne connaissant pas la valeur des manuscrits, les ont tout simplement égarés dans quelques oubliettes. Dans son journal Tischendorf écrit : « Il y a huit jours que je suis dans ce couvent... mais quelle bande de moines ! Si j'en avais le pouvoir, je ferais une œuvre pie : je précipi 12 terais toute cette racaille par-dessus les murs ! » Tischendorf, intuitivement conduit avance méthodiquement dans la poussière et les piles d'ouvrages rongés par les vers et couverts de moisissure. Il trouve tout à coup, dans un panier rempli de détritus destinés au feu, 129 feuilles de parchemin : c'est une partie d'un manuscrit de l'An-cien Testament dans la version des Septante, datant de 350 après Jésus-Christ. Les moines semblent subitement sortir de leur léthargie et ne veulent pas abandonner cette découverte à Tischendorf ; celui-ci recopie patiemment l'ensemble, et après bien des palabres, le savant est autorisé à emporter le tiers de sa découverte, soit 43 feuilles, qu'il déposera à la bibliothèque universitaire de Leipzig, qui les détient actuellement. Un texte immuable Mais, hanté par les feuilles du codex qu'il a dû abandonner au couvent, Tischendorf revient une seconde fois au Sinaï en 1854 ; c'est en vain qu'il cherchera les 86 feuilles laissées à son premier voyage, les moines semblent ne plus se souvenir de cette affaire et malgré les supplications du savant, le mystère de leur disparition restera complet ! Il revient en Europe, bredouille, mais décidé à entreprendre un troisième voyage au Sinaï, mais cette fois-ci avec l'appui diplomatique du Tsar de Russie que les moines vénèrent particulièrement. Ce troisième voyage se passe en 1859. Au monastère Sainte-Catherine, à nouveau c'est une fouille systématique qui est entreprise par Tischendorf, sans succès, hélas. La mort dans l'âme, celui-ci fixe son départ pour le 7 février. Le jour précédant son départ, c'est l'instant décisif : un jeune moine invite Tischendorf dans sa cellule et lui présente un paquet assez volumineux, entouré d'une étoffe rouge, à l'intérieur duquel se trouve non seulement les 86 feuilles recherchées, mais 346. C'est le plus ancien document complet du Nouveau Testament, vraisemblablement une copie datant de l'an 350 après Jésus-Christ. Radiographie du manuscrit (Ephraemi découvert par Tischendorf) montrant les textes superposés Photo Bibl. Nat. Paris Il faudra encore à Tischendorf beaucoup de patience, de diplomatie et de ténacité avant que ce codex rejoigne Saint-Petersbourg, mais à quarante-cinq ans Tischendorf a réalisé son objectif de jeunesse : « Retrouver la forme originelle du Nouveau Testament.» Depuis 1933, à la suite d'une souscription publique, l'Angleterre possède 347 feuilles de ce fameux CODEX SINAITICUS ; les 43 premières feuilles découvertes par Tischendorf sont restées à Leipzig et les Russes ont conservé 3 feuilles à Léningrad. A l'origine, le codex complet devait comporter 720 feuilles ; 393 ont échappé à la négligence des moines. Il reste environ un tiers du texte de l'Ancien Testament, d'après la version des Septante. Mais le Nouveau Testament est au complet, car le codex contenait également deux textes apocryphes, l'épître de Barnabas et celle du pasteur d'Hermas, terminant le codex : les deux tiers de ce dernier texte ont disparu. Chaque feuille mesure 43 x 38 centimètres et le texte s'étale sur 4 colonnes de 48 lignes chacune. C'est un trésor inestimable qui authentifie le Nouveau Testament : désormais la voie était ouverte pour les grandes traductions modernes de la Bible. 13 LE MUSEE dulOUVRE L'ANCIEN TESTAMENT La vallée du Tigre et de l'Euphrate, le delta du Nil, constituent le croissant fertile. L'étude de ces contrées, les découvertes archéologiques qui y ont été faites, sont un élément important pour la connaissance de l'histoire de l'humanité. Mais les objets ne retrouvent toute leur valeur que dans leur cadre et leur contexte. A cet égard, le Musée du Louvre occupe une position privilégiée. C'est l'un des plus célèbres du monde. La Bible y prend une résonance étonnante, des origines de l'humanité aux périodes historiques. Suivons le texte de l'Ecriture. Le récit de la Genèse mentionne un fleuve qui sortait d'Eden. Puis deux arbres : l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et l'arbre de la vie : L'Eternel Dieu fit pousser du soi des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l'arbre de la vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Un fleuve sortait d'Eden pour arroser le jardin, et de là // se divisait en quatre bras... L'Eternel Dieu prit l'homme, et le plaça dans le jardin d'Eden pour le cultiver et pour le garder. Genèse 2 : 9, 10, 15. Le récit de la chute consigne la conséquence du péché de l'humanité : La femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence ; elle prit de son fruit, et en mangea ; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d'elle, et H en mangea. Genèse 3 : 6. L'Eternel Dieu dit : Voici, l'homme est devenu comme l'un de nous, pour la connaissance du bien et du mal. Empêchons- !e maintenant d'avancer sa main, d'en manger, et de vivre éternellement... C'est ainsi qu'H chassa Adam ; et // mit à l'orient du jardin d'Eden les chérubins qui agitent une épée flamboyante, pour garder le chemin de l'arbre de vie. Genèse 3 : 22, 24. Dans la salle de Mari, la peinture dite de l'investiture, qui ornait l'une des cours du palais, fait figurer deux déesses qui tiennent l'une et l'autre un vase d'où jaillissent quatre flots. On distingue également deux arbres très nettement différents, puis des chérubins préposés à la garde des jardins. Nous retrouvons ici le symbole mentionné dans le livre de la Genèse. D'Abraham à Moïse Dans la salle de Sumer, on remarque la stèle des Vautours. Elle représente le roi Eannatum qui s'apprête à assommer ses ennemis enfermés dans un filet. Le prophète Habakuk mentionne une image analogue en parlant du succès du méchant. Il le compare à celui qui traite les hommes comme les poissons de la mer et les prend dans son filet (Habakuk 1 : 14, 15). L'Ecriture est particulièrement précise concernant la famille d'Abraham et son origine (Genèse 11 : 28, 31 ; 15 : 7). C'est d'Ur, en Chaldée, qu'Abraham et sa famille sont venus en Palestine. Le voyage a eu lieu probablement à l'époque du roi de Babylone, Hammourabi, qui régna FAR RAYMOND MEYER de 1792 à 1750 av. J.-C. Le monarque est resté célèbre par le texte des 282 lois gravé sur un bloc de basalte noir que possède le Musée du Louvre. Le code d'Hammourabi a été découvert à Suze en 1901. Probablement avait-il été amené à Suze comme trophée de victoire. Au sommet du bloc, le roi Hammourabi est debout devant le dieu Shamash. On ne peut manquer d'évoquer la ressemblance avec le récit biblique : La montagne de Sinaï était toute en fumée, parce que l'Eternel y était descendu au milieu du feu; cette fumée s'élevait comme la fumée d'une fournaise, et toute la montagne tremblait avec violence. Le son de la trompette retentissait de plus en plus fortement. Moïse parlait, et Dieu lui répondait à haute voix. Ainsi l'Eternel descendit sur la montagne de Sinaï, sur le sommet de la montagne ; l'Eternel appela Moïse sur le sommet de la montagne. Et Moïse monta. Exode 19 : 18-20. L'Eternel dit à Moïse : Monte vers moi sur la montagne, et reste là ; je te donnerai des tables de pierre, la loi et les ordonnances que j'ai écrites pour leur instruction. Moïse se leva, avec Josué qui le servait, et Moïse monta sur la montagne de Dieu. H dit aux anciens : Attendez-nous ici, jusqu'à ce que nous revenions auprès de vous. Voici, Aaron et Hur resteront avec vous ; si quelqu'un a un différend, c'est à eux qu'H s'adressera. Moïse monta sur la montagne, et la nuée couvrit la montagne. Exode 24 : 12-15. Nous pouvons dire, citant le professeur André Parrot : «Hammourabi, législateur, évoque immédiatement Moïse, puisque tous 14 Hammourabi adorant deux reçurent de leur dieu, ici Yahweh, là Shamash, cette mission redoutable de faire connaître aux hommes Israélites et Babyloniens, une règle de vie basée sur la justice. » Babylone est encore présente au Musée du Louvre par des lions de brique émaillée qui ornaient la voie processionnelle pénétrant à Babylone par la porte d'Ishtar. Les Juifs exilés et ceux qui accompagnèrent la déportation de Jérusalem sous Nabuchodonosor ont certainement eu l'occasion de voir ces animaux. Plus récente, la tablette de l'Esagil, qui remonte aux environs de 229 av. J.-C. décrit la restauration de la tour à étages de Babylone par les souverains babyloniens Nabopolasar et Nabuchodonosor. Ce qui reporte au texte de la Genèse (chapitre 11 ) relatif à la tour de Babel, qui était aussi une tour à étages, une ziggourat. En 1887, à Tell el-Amarna, en Egypte, ont été découvertes plusieurs tablettes d'argile, correspondance officielle du pharaon Améno-phis IV avec ses vassaux et ses gouverneurs, en particulier en Palestine. Le Musée du Louvre possède plusieurs tablettes de Tell el-Amarna. L'une fait allusion à la ville de Me-guiddo et au territoire qui l'entoure. Meguiddo se trouvait en bordure de la plaine d'Esdrelon, sur la route traversant la Palestine du nord au sud, voie d'invasion par excellence. Cette route était jalonnée, depuis les temps les plus anciens, par trois forteresses mentionnées dans l'Ecriture : Hatsor au nord, Meguiddo au centre, Guézer au sud. Pièces à conviction Après la conquête de la Palestine à l'époque de Josué, les enfants d'Israël furent fortement influencés par les divinités locales (Juges 10 : 6). Baals et Astartés sont mentionnés à de nombreuses reprises. Le « Baal au foudre» du Musée du Louvre est probablement l'une des plus remarquables figurations de divinités païennes. Sa coiffure est ornée de cornes, symbole de puissance. L'Ancien Testament fait des allusions analogues : Fille de Sion, lève-toi et foule ! Je te ferai une corne de fer et des ongles d'airain, et tu broieras des peuples nombreux ; tu consacreras leurs biens à F Eternel, leurs richesses au Seigneur de toute la terre. Michée 4:13. Sédécias, fils de Kenaana, s'était fait des cornes de fer, et H dit : Ainsi parle /'Eternel : Avec ces cornes tu frapperas les Syriens jusqu'à les détruire. 1 Rois 22 : 11. L'époque des rois d'Israël et de Juda est également présente au Musée du Louvre. Un monument essentiel, la stèle de Mésa, illustre un épisode de l'histoire d'Israël. Le monument, de pierre noire, fut découvert en 1868, à Dibzn, à l'est de la mer Morte. Supposant qu'il contenait un trésor, les Bédouins firent éclater la pierre en la passant au feu, et en y versant de l'eau. Les restaurateurs du Louvre, guidés par l'archéologue Clermont-Ganneau, purent remonter la stèle. L'inscription facilite la connaissance historique de son époque. Le texte biblique relate la bataille qui opposa Mésa, roi de Moab, à Omri, roi d'Israël au 8e siècle av. J.-C. Après avoir été assujetti à Israël, Mésa se révolte. Le roi d'Israël essaie de ramener son vassal dans son giron. Il échoue. Les Israélites doivent en effet lever le siège et rentrer dans leur territoire. Méscha, roi de Moab, possédait des troupeaux, et H payait au roi d'Israël un tribut de cent mille agneaux et de cent mille béliers avec leur laine. A la mort d'Achab, le roi de Moab se révolta contre le roi d'Israël... Le roi de Moab, voyant qu'il avait le dessous dans le combat, prit avec lui sept cents hommes tirant l'épée pour se frayer un passage jusqu'au roi d'Edom ; mais ils ne purent pas. H prit alors son fils premier-né, qui devait régner à sa place, et 7/ l'offrit en holocauste sur la muraille. Et une grande indignation s'empara d'Israël, qui s'éloigna du roi de Moab et retourna dans son pays. 2 Rois 3 : 4, 5, 26, 27. Le document mentionne les noms des rois. La ligne 5 de la stèle dit : «Omri fut roi d'Israël et opprima Moab pendant de longs jours car Kamosh était irrité contre son pays.» Nous trouvons une conception analogue dans le texte sacré : La colère de /'Eternel s'en- 15 Siège d'une ville, époque de Tiglatpileser III flamma contre Israël, et H les vendit entre les mains des Philistins et entre les mains des fils d'Ammon. Juges 10:7. Le Musée du Louvre possède également des ivoires qui sont en relation directe avec l'histoire d'Israël. Ils appartenaient, tout ou partie, à Hazaël, roi de Damas, mentionné à plusieurs reprises dans le livre des Rois (2 Rois 10:32; 13 : 3; 1 Rois 19 : 15). Le nom d'Hazaël se lit sur l'un des fragments. En cas de siège, l'alimentation en eau potable de Jérusalem était un problème important, jusqu'au moment où le roi Ezéchias fit creuser le canal qui porte son nom : Le reste des actions d'Ezéchias, tous ses exploits, et comment H fit l'étang et l'aqueduc, et amena les eaux dans la ville, cela n'est-H pas écrit dans le livre des Chroniques des rois de Juda ? 2 Rois 20 : 20. Deux équipes ont entrepris le creusement du canal et se sont rejointes à peu près au milieu. Il a la forme d'un S et mesure quelque 500 mètres de long. Une inscription hébraïque de six lignes découverte en juin 1880, relate le travail accompli. Un montage du texte figure au Louvre. Etat tampon entre les deux grands rivaux de l'Antiquité, Egypte et Assyrie, il n'est pas surprenant que la Palestine ait été envahie par les armées de l'une ou l'autre de ces deux nations. L'Assyrie est présente au Musée du Louvre par quantité d'éléments. L'époque de Piglat-Pileser III (745-727 av. J.-C.) est rappelée au Louvre par trois reliefs, un serviteur royal, un groupe de deux soldats, dont un archer, une forteresse assiégée, qui pourrait être la ville de Hatsor, en Haute Galilée, prise par le roi d'Assyrie (2 Rois 15 : 29). Sargon II (721-705 av. J.-C.), vainqueur d'Israël et de Samarie, est présent dans plusieurs salles du Louvre. Jusqu'à la découverte de son palais, en 1843, à Khorsabad, par le consul de France Botta, l'existence même de Sargon était problématique. Il était mentionné seulement par le prophète Esaïe : L'année où Tharthan, envoyé par Sargon, roi d'Assyrie, vint assiéger Asdod... Esaïe 20 : 1. Or, dans le palais gigantesque qu'il avait fait construire près de Ninive, le monarque indique clairement sur une dalle de portail : «Sargon, vainqueur de Samarie et de tout Israël.» L'un des reliefs du Louvre montre Sargon debout, face à son premier ministre qui lui fait rapport. L'attitude du roi, le sceptre qu'il tient, son épée, incarnent la puissance et l'autorité du personnage. Le siège de Samarie dura trois ans et s'acheva en 722 av. J.-C. Samarie était la capitale du royaume du nord qui, après la mort de Salomon, avait pris son indépendance face à la maison de David. Mais les nombreuses infidélités d'Israël avaient amené sa chute, puis la déportation mentionnée dans le livre des Rois : Le roi d'Assyrie emmena Israël captif en Assyrie, et H les établit à Chalach, et sur le Chabor, fleuve de Gozan, et dans les villes des Mèdes, parce qu'ils n'avaient point écouté la voix de /'Eternel, leur Dieu, et qu'ils avaient transgressé son alliance, parce qu'Hs n'avaient ni écouté ni mis en pratique tout ce qu'avait ordonné Moïse, serviteur de /'Eternel. 2 Rois 18 : 11, 12. Un texte de Sargon est plus explicite encore : «J'assiégeais et je conquis Sa-me-ri-na (Samarie). J'emmenais en captivité 27190 personnes qui habitaient en elle, je m'emparais de 50 chars qui s'y trouvaient. Le reste des habitants, je leur laissais reprendre leurs parts, j'établis mon général sur eux et je leur imposais le même tribut que le roi précédent.» La nature même est soumise à la volonté des rois assyriens, puisque les arbres nécessaires à la charpente des nombreux palais construits sont prélevés sur les diverses forêts, celle du Liban surtout. Plusieurs reliefs du Louvre montrent l'abattage des arbres, l'acheminement jusqu'à la mer, rembarquement, le cabotage, la fin de la navigation et le déchargement le long des côtes phéniciennes. L'île de Tyr apparaît sur l'un des documents. L'Ecriture fait allusion à cet abattage (Esaïe 14 : 7, 8; 2 Chroniques 2:16). Le palais de Sargon à Khorsabad comptait plusieurs dizaines de taureaux à tête d'homme, préposés surtout à la garde des portails. Deux se trouvent au Musée du Louvre. « Le taureau assyrien, déclare le professeur Parrot, est une synthèse qui réunit dans un seul être, la tête de l'homme, les ailes de l'aigle, le poitrail du lion et le corps du taureau. On aurait réuni ici les quatre sommets de la création : l'intelligence humaine servie tout à la fois par le maître du ciel (aigle), le roi du désert (lion) et l'animal représentatif par excellence du bétail domestiqué (taureau). Ainsi l'homme assurait sa domination sur la nature tout entière. » Les parois des salles du Musée du Louvre sont les témoins des scènes que l'Ecriture a elle-même mentionnées. Les pierres crieront, disait Jésus (Luc 19 : 40). Leur langage est une preuve de plus que Dieu demeure hier, aujourd'hui et éternellement. 16 LA MASADA 'après l'historien juif Flavius Josèphe*, Hérode le Grand s'était préparé un refuge à Masada par crainte d'un double danger : d'une part, les Juifs pouvaient le renverser et ramener au pouvoir la dynastie hasmonéenne ; d'autre part, péril plus grand et plus redoutable, la menace de Cléopâtre, reine d'Egypte, qui pouvait obtenir d'Antoine de le faire assassiner pour s'emparer de son royaume. ‘Histoire ancienne des Juifs et guerre des Juifs contre les Romains page 926. Masada, c'est un rocher qui domine la mer Morte de 300 à 400 mètres, aux confins du désert de Judée. C'est un endroit aride, inhospitalier, au climat chaud. Aucune source ne l'égaie. De ce point, la vue s'étend sur la mer Morte et les monts de Moab. A quelque distance vers le nord, une tache verte signale la petite oasis d'En Guédi, due à une source insolite dans cette désolation générale qui ne manque pourtant pas d'une grandiose beauté. Hérode, grand bâtisseur, avait choisi cet endroit en raison de sa position facilement défendable, à une distance raisonnable de Jérusalem. Le sommet du rocher, relativement plat, se prêtait bien aux diverses constructions nécessaires qui furent enfermées dans une solide muraille. On ne pouvait y 17 BAR EUE FAYARD Vue partielle du palais avec, au second plan, l'emplacement d'un camp romain Niches destinées à recevoir les cendres des morts mutuellement la mort plutôt que de tomber aux mains de leurs vainqueurs, et c'est ce qu'ils firent. Dix hommes furent désignés par tirage au sort pour exécuter cette besogne, et l'un des dix tuerait ensuite les neuf autres avant de se tuer lui-même. Ces choses furent révélées par deux femmes qui s'étaient cachées pour échapper à la mort, et c'est ainsi que Josèphe a pu le relater dans son livre. Le lendemain matin, quand les Romains voulurent donner l'assaut final, pensant que la bataille serait rude, ils ne trouvèrent que des cadavres, à l'exception de ces deux femmes. Neuf cent soixante personnes avaient préféré mourir ainsi, forçant l'admiration de leurs vainqueurs. Les archéologues n'ont retrouvé qu'un nombre restreint de squelettes, mais leurs découvertes confirment cependant le récit de Flavius Josèphe. Pour les modernes Israéliens, Masada est devenu un haut lieu ayant valeur de symbole. On y va en pèlerinage pendant la fête de Hanouka, la fête des lumières et de l'héroïsme, et c'est là que les jeunes recrues des unités blindées prêtent serment. La fin tragique des défenseurs de Masada contient un enseignement pour celui qui étudie la Bible. Le Christ avait prédit la destruction de Jérusalem et du temple, et la dispersion du peuple juif parmi les autres nations, comme conséquence de son refus du message évangélique : «Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu ! Voici, votre maison vous sera laissée déserte... Je vous le dis en vérité, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée.» Matthieu 23 : 37, 38 ; 24 : 2. « Ils tomberont sous le tranchant de l'épée, ils seront emmenés captifs parmi toutes les nations, et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations... » Luc 21 : 24. Mais bien longtemps avant Jésus, Moïse avait annoncé cette dispersion d'Israël s'il n'était pas fidèle à l'alliance contractée avec Dieu au Sinaï : « Mais si vous ne m'écoutez point et ne mettez point en pratique tous ces commandements, si vous méprisez mes lois, et si votre âme a en horreur mes ordonnances, en sorte que vous ne pratiquiez point mes commandements et que vous rompiez mon alliance, alors voici ce que je vous ferai... Je dévasterai le pays, et vos ennemis qui l'habiteront en seront stupéfaits. Je vous disperserai parmi les nations, et je tirerai l'épée après vous. Votre pays sera dévasté, et vos villes seront désertes.» Lévitique 26 : 14, 15, 32, 33. « L'Eternel vous dispersera parmi les peuples, et vous ne resterez qu'un petit nombre au milieu des nations où l'Eternel vous emmènera.» Deutéronome 4 : 27. L'héroïsme et le sacrifice des défenseurs de Masada ne pouvaient rien changer au décret divin. La dispersion devait avoir lieu. Après dix-neuf siècles, nous constatons que la Bible a dit vrai. Ses prophètes ont eu une vision précise de l'avenir. A part les deux ou trois millions d'hommes établis en Palestine maintenant, et constituant la moderne nation israélienne, le peuple juif est toujours dispersé parmi les nations, mais il garde son identité, sa personnalité, sa religion. C'est un phénomène unique dans l'Histoire. Les autres peuples du passé, souvent plus puissants et plus nombreux qu'lsraël, ont disparu, ils se sont fondus, mêlés dans le grand brassage de l'Histoire, et on ne les retrouve plus. Le peuple de la Bible, au contraire, est toujours là, et ses malheurs mêmes sont un témoignage de la véracité et de l'inspiration du Saint Livre. Intérieur des bains de vapeur Mosaïque du palais d'Hérode accéder que par des sentiers, dont l'un, toujours praticable, porte le nom de «sentier du serpent», par suite de son étroitesse et de ses nombreux détours. Deux palais furent construits, l'un sur la pointe nord du rocher, servant d'appartements particuliers, avec trois terrasses ayant une vue imprenable sur la mer ; l'autre, sur le côté ouest, plus spécialement destiné aux cérémonies et aux réceptions. A proximité du palais septentrional, Hérode fit construire de grands entrepôts à vivres. Le problème de l'eau fut magistralement résolu. Josèphe écrit : « Il avait fait creuser beaucoup de grandes citernes dans le roc pour fournir de l'eau en abondance, comme s'il y avait eu des sources. » En effet, douze citernes permettaient d'emmagasiner environ 40000 m3 d'eau, sur deux niveaux. Des barrages aménagés sur les oueds du désert fournissaient cette eau lors des crues hivernales. On voit encore les vestiges des canaux d'adduction. Il fallait ensuite monter cette eau jusqu'au sommet où elle était utilisée à profusion, pour les bains et les piscines. Les archéologues ont mis à jour un grand établissement thermal comme en édifiaient les Romains à l'époque, et une piscine perfectionnée, avec vestiaire. Toute installation nécessitant le transport et la distribution de l'eau était considérée comme un signe de grande aisance, mais à Masada, c'était un véritable luxe. Quel contraste avec le paysage désertique environnant ! Les besoins spirituels n'avaient pas été oubliés, et il existait une synagogue, probablement construite plus tard, des bains rituels, et une école pour l'étude de la Loi. On y a retrouvé également divers rouleaux ou fragments de manuscrits. L'esclavage ou la mort La Judée était devenue province romaine en 63 avant Jésus-Christ. Les Juifs avaient toujours mal supporté cette occupation, et ils avaient fréquemment causé des problèmes aux Romains. En 66 de notre ère, ils entrèrent en révolte ouverte. Vespasien, puis son fils Titus assiégèrent Jérusalem qui fut prise et détruite en 70. Cependant, dès le début de la révolte, les Zélotes, ces patriotes fanatiques, s'étaient emparés de Masada, et avaient massacré la garnison romaine qui l'occupait depuis la mort d'Hérode. Après la prise de Jérusalem, ces Zélotes tenaient toujours la forteresse, leurs effectifs grossis de l'apport de nombreux réfugiés. En 72, le gouverneur romain, Silva, décida d'en finir et assiégea Masada. Ses effectifs s'élevaient à 10000 ou 15000 hommes. Il établit huit camps retranchés autour du rocher, reliés entre eux par un mur. Dès lors, aucun secours extérieur ne pouvait plus parvenir aux défenseurs, et avec le temps, ils étaient condamnés. Comme il était impossible de prendre la forteresse sans escalader la falaise et percer la muraille, les Romains édifièrent une rampe d'assaut, en faisant transporter des quantités énormes de pierres et de terre par les esclaves et les prisonniers de guerre. C'est un travail colossal, comme savaient en entreprendre ces grands spécialistes de la guerre de siège. Cette rampe a résisté au temps, à l'endroit où la falaise est la moins haute. Elle permit aux assaillants de faire une brèche dans la muraille à l'aide d'un bélier manœuvré de l'intérieur d'une tour d'assaut. Les assiégés réussirent pourtant à fermer cette brèche avec des poutres et de la terre, mais les Romains en eurent raison par le feu. Il n'y avait plus désormais de salut possible pour les malheureux défenseurs qui attendaient en vain un miracle. Aussi, leur chef, Eléazar Ben Yair, les exhorta-t-il à se donner * Histoire ancienne des Juifs et Guerre des Juifs contre les Romains, p. 126. JERUSALEM Pour deux raisons essentielles, l'antique ville de Jérusalem est un site parfaitement identifié. Il existe, en effet, de très nombreuses références littéraires sur les différentes phases de son histoire. Jérusalem n'est pas mentionnée moins de six cent quarante-quatre fois dans l'Ancien Testament. Elle l'est aussi dans de nombreux textes égyptiens et assyriens. Aucune ville, dans tout le Proche-Orient, ne possède une documentation écrite aussi riche. En outre, l'identification de la ville moderne avec l'ancienne n'a jamais été perdue. La cité a connu seize destructions mais s'en est toujours relevée. Les fouilles archéologiques, bien que très limitées à cause de l'occupation de l'actuelle ville fortifiée, ont apporté un certain nombre de précisions importantes. Elles ont éclairé et confirmé l'histoire biblique. Un éperon isolé et une source Pendant très longtemps, la colline dite de Sion, qui culmine à 850 mètres d'altitude et se trouve au sud-ouest de la ville actuelle, fut considérée comme la cité de David. Mais les fouilles commencées il y a un peu plus de cent ans ont révélé l'emplacement exact de la cité cananéenne puis israélite. La pittoresque enceinte actuelle de Jérusalem est bâtie entre les deux vallées, du Cédron à l'est, et de Hinnon (ou de la Géhenne) à l'ouest et au sud, sur un plateau accidenté qui se rattache lui-même aux sévères croupes calcaires de la Judée. Ce plateau est partagé en deux éminences inégales par une vallée centrale que l'historien juif Josèphe appelle vallée des fromagers ou Tyropéon. Les sondages ont montré que les débris accumulés dans cette vallée avaient surélevé celle-ci d'une trentaine de mètres. L'éminence orientale était divisée en deux parties inégales par une dépression peu profonde : au nord, la colline du temple; au sud, la colline taillée en éperon par les deux ravins profonds et encaissés du Cédron et du Tyropéon qui se rejoignent à son extrémité méridionale. C'est sur cette colline isolée à souhait, et pourvue d'une source pérenne dans la vallée du Cédron, que les Cananéens installèrent une ville, dont le nom - Urusalim («fondation du dieu Salim») - est mentionné sur des textes égyptiens datant du 19e et du 18e siècle avant Jésus-Christ. En 1867, le capitaine britannique, Charles Warren, découvrit un système de puits et de galerie percés dans le roc au-dessous de la source et aboutissant sur les pentes de l'éperon. Un verset biblique, incompréhensible jusque-là, prenait tout son sens. Il se trouve dans un texte qui parle de la prise de Jérusalem et de l'établissement de David dans sa nouvelle capitale : David dit : Quiconque frappera les Jébusiens et montera par ie canal (recevra telle récompense). 2 Samuel 5 : 8. David savait que la forteresse cananéenne était vulnérable par le «sinnor» — le canal, la galerie, le passage souterrain -creusé dans le roc, qui permettait aux habitants d'avoir accès à la source en temps de siège sans éveiller l'attention des assaillants. PAR JEAN CAZEAUX Une autre découverte confirma que l'ancienne cité de Jérusalem était bien située sur l'éperon rocheux délimité par le Cédron et le Tyropéon. En 1880, deux jeunes gens se baignaient à l'entrée d'un canal souterrain, à côté d'un réservoir d'eau situé au sud de la vieille ville. L'un d'eux s'étant risqué dans le canal avec une bougie, éclaira par hasard une inscription taillée dans la paroi rocheuse. Cette inscription fut relevée et traduite : « (Terminé est) le forage. Et voici comment se passa le forage lorsqu'il ne resta que (trois coudées à abattre, le pic contre) le pic, l'un vers l'autre. Et lorsqu'il ne resta que trois coudées à abatt(re, on enten)dit la voix de chacun appelant l'autre, car il y avait de l'ardeur au travail à l'intérieur du rocher, à droite (et à gauche). Et au jour du forage, les mineurs frappèrent l'un à la rencontre de l'autre, pic contre pic. Et allèrent les eaux depuis l'issue jusqu'au réservoir sur mille deux cents coudées et de cent coudées était la hauteur du rocher au-dessus de la tête des mineurs.» Qui avait pu faire creuser dans la roche ce tunnel-aqueduc long de 533 mètres et l'avait célébré par une inscription commémorative ? L'Ancien Testament signale à deux reprises que le roi Ezéchias fit amener les eaux de la source de Guihon dans la ville en faisant construire un aqueduc et un réservoir (2 Rois 20 : 20 et 2 Chroniques 32 : 30). Il existe un accord parfait entre les données de l'inscription et celles de l'Ancien Testament. Il en va de même jusqu'aux mots employés de part et d'autre. Dans 2 Rois 2 : 20, le réser- 20 Photo J. Cazeaux A l'origine, Jérusalem fut établie sur les pentes escarpées de la colline visible dans la partie droite de la photo. Une source jaillissait dans une grotte située au pied de la colline. Celle-ci se trouve à 20 mètres environ à droite du petit bâtiment à toit plat que l'on voit dans la vallée du Cédron. Sur la pente de la colline, au second plan, on aperçoit la tranchée creusée par miss Kenyon H y a une douzaine d'années. Le village actuel de SHoé ou SHwân, sur l'autre versant, évoque bien la Jérusalem des rois de Juda qui était construite elle aussi en terrasses. 21 SPEI En 1880, une inscription hébraïque gravée dans le rocher a été découverte à l'entrée du tunnel, construit par le roi Ezéchias, et qui conduisait l'eau de la source de Guihon dans un réservoir de Jérusalem, pour alimenter la ville en eau pendant les sièges. voir est appelé berekhâh, comme dans la dernière phrase de l'inscription ; dans 2 Chroniques 32 : 30, la source de Guihon est qualifiée de môtsâ, issue, mot que l'on retrouve dans la phrase finale de l'inscription. Des explorations et des fouilles faites avant 1914 à la fontaine de Guihon ont permis de constater que les divers canaux creusés à partir de la source avaient été obturés afin que l'eau s'écoule dans le canal d'Ezéchias. La remarque de 2 Chroniques 32 : 30 : Ezéchias ... boucha l'issue supérieure des eaux de Guihon, s'accorde elle aussi avec les faits archéologiques. Les remparts de Jérusalem De 1961 à 1967, une archéologue anglaise, Miss Kenyon, fit des fouilles dans l'ancienne Jérusalem des rois de Juda, afin de retrouver ses murailles et de les dater. A 25 mètres au-dessus de la source de Guihon, elle découvrit un rempart cananéen daté de 1800 environ avant Jésus-Christ, et un peu au-dessus de celui-ci un rempart du 7e siècle. Dans le premier cas, il s'agit plus vraisemblablement d'une des tours d'une porte de la ville, qui, en temps de paix, permettait aux habitants d'aller chercher l'eau de la source. Le récit biblique de l'onction royale de Salomon à la source de Guihon (1 Rois 1 : 32-40) suggère qu'une porte a dû exister à cet endroit. Toute une série de sondages fut réalisée qui permit de préciser l'emplacement du rempart jébusien au nord de la colline. Malgré tous les sondages faits sur le flanc ouest, l'emplacement du rempart ancien n'a pas été retrouvé. Toute trace a disparu à cause des carrières qui ont été ouvertes sur la colline aux époques romaine et byzantine. La ville jébusienne et davidique ne devait pas dépasser une superficie de 4,5 hectares. Miss Kenyon découvrit, grâce à la grande tranchée ouverte sur le flanc est, que trois ou quatre siècles avant David la pente escarpée de la colline avait été transformée en une série de terrasses obtenues par la création de compartiments faits de murs de pierre et remplis d'un blocage de pierres sèches. Ainsi les maisons bâties sur ces terrasses s'étageaient le long de la pente. On comprend mieux dès lors l'épisode de David et de Bath-Schéba : le palais royal surplombait la maison d'Urie, mari de Bath-Schéba (2 Samuel 11 : 2-13). Un rempart de type salomonien fut également mis au jour, ainsi qu'un autel et deux pierres dressées datant des environs de 800 avant Jésus-Christ. Cet ensemble cultuel cana néen éclaire les remarques que l'on trouve dans le second livre des Rois (12 : 3; 14 : 4; 17 : 10; 23 : 14). Enfin on a pu compter jusqu'à six reconstructions du rempart judéen, celles-ci se situant entre 700 et 586 avant Jésus-Christ, c'est-à-dire à l'époque du péril assyrien et du péril babylonien. Le second livre des Chroniques mentionne les constructions de murailles qui eurent lieu sous les règnes d'Ezéchias et de Manassé (2 Chroniques 32 : 5, 3, 30; 33 : 14). Pendant la période de la monarchie judéenne, Jérusalem s'est agrandie d'un nouveau quartier à l'ouest du temple (voir 2 Rois 22 : 14; Sophonie 1 : 10, 11 ). Les murailles de Néhémie La plus importante information sur Jérusalem se trouve dans le livre de Néhémie. Nommé gouverneur de la province de Juda par le roi perse Artaxerxès 1er, Néhémie explore les murailles en ruines de Jérusalem trois jours après son arrivée (Néhémie 2 : 11-15). La reconstruction des remparts est entreprise (Néhémie 3 : 1-32) et une cérémonie de dédicace a lieu lorsque les travaux de restauration sont terminés (Néhémie 12 : 27-41). Les fouilles de Miss Kenyon ont apporté 22 Fouilles et sondages Mur jébusion Mur salomonien ___Mur des rois de Juda Mur post exilique Carte de l'Ophel dressée à la suite des fouilles effectuées par miss Kenyon. quelques éclaircissements sur la ville rebâtie par Néhémie. Sur le côté ouest celui-ci a repris l'ancien tracé du rempart mais sur le côté est il dut abandonner la plus grande partie de la pente. Les terrasses s'étaient écroulées et rendaient la vallée de Cédron à peu près inaccessible (Voir Néhémie 2 : 14). Il semble, d'après un élément de muraille mis au jour, que Néhémie établit le rempart sur la ligne de crête de la colline. Jacques Briend, qui a participé aux fouilles, écrit : «Lorsqu'on se réfère au livre de Néhémie, les points de repère à l'Est ne sont plus les portes de la ville, mais les habitations de tel ou tel personnage (3:17-27). ... Au 5e siècle avant Jésus-Christ, Jérusalem fut donc réduite en superficie, mais sa population devait être assez faible. » Jérusalem s'étendra à nouveau à l'époque des Maccabées, au second siècle avant Jésus-Christ et sous les règnes d'Hérode le Grand et d'Hérode Antipas. Mentionnons les dernières fouilles faites à Jérusalem. Elles ont commencé en février 1968 sous la direction du professeur Benjamin Mazar et se poursuivent encore actuellement au sud et à l'ouest du mur de l'esplanade du temple. Plusieurs tombes creusées dans le roc de la colline occidentale, sur le flanc oriental de celle-ci, ont été découvertes. Elles datent du 8e siècle avant Jésus-Christ et sont caractérisées par une sorte de puits conduisant à la chambre mortuaire recouverte de plâtre. Un de ces tombeaux contenait deux cent cinquante poteries des 8e et 7e siècles avant Jésus-Christ. Trois d'entre elles portaient des noms, dont celui d'Esaïe. Des tessons portant des sceaux, le fond d'une citerne plâtrée et quinze poteries de la période de la monarchie judéenne ont aussi été mis au jour. Parmi les trouvailles datant de l'époque asmo-néenne, mentionnons des vestiges de citernes. L'eau a toujours été un problème pour la population de Jérusalem. Les habitants recueillaient l'eau de pluie des terrasses dans des citernes privées. On recourut aussi aux réservoirs creusés dans le roc et, à l'époque romaine, aux aqueducs qui amenaient à Jérusalem les eaux des sources des environs. Une capitale modeste Jérusalem a été, pendant les quelques siècles de la monarchie judéenne, la capitale d'un royaume très petit et relativement pauvre par surcroît. Nous ne devons donc pas nous étonner, après la lecture de ces lignes, de découvrir la petitesse de cette ville. Les fouilles ont révélé que les cités antiques de la Palestine étaient modestes en comparaison de celles des grands pays voisins. Samarie, Meguiddo et Lakish, les trois villes les plus importantes de Palestine, couvraient respectivement 7,5, 5,2 et 8,5 hectares. Jérusalem occupait 34,8 hectares lorsqu'elle s'étendait sur les deux collines orientales ainsi qu'au nord-ouest, où un second quartier s'était créé. Il semble inconcevable que la colline occidentale ait été incluse dans la ville, ce qui aurait porté sa superficie à 87 hectares. Et cependant, cette cité modeste a été la métropole de l'Esprit, et le petit pays de Palestine a produit à la fois le judaïsme et le christianisme qui ont exercé une influence incomparable sur les hommes pendant ces derniers deux mille ans. Illustrations saisissantes de la parole de l'apôtre Paul : Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu'on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire à néant celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie (ne s'enorgueillisse) devant Dieu ! 1 Corinthiens 1 : 27-29. 23 Son symbolisme Ses sacrifices On retrouve dans la plupart des religions le besoin ancré au cœur de l'homme de faire habiter son dieu avec lui ; présence rassurante, gage de protection, de prospérité, de succès dans ses entreprises. Bien que représentant le Dieu unique et transcendant, Israël n'a pas échappé à ce besoin. A sa sortie d'Egypte, «accoutumé à des représentations matérielles de la divinité sous des formes dégradantes, il lui était difficile de concevoir l'existence et le caractère de l'Etre invisible. Pris de pitié pour leur faiblesse, Dieu leur donna un symbole de sa présence. Ils me feront un sanctuaire, dit-il, et j'habiterai au milieu d'eux. Exode 25 : 8.» - Ellen G. White, Education, p. 30. On sait avec quelle rapidité le peuple d'Israël, en l'absence de Moïse qui parlait avec Dieu sur le Sinaï, se mit à fabriquer un veau d'or pour se rendre plus proche, plus accessible le Dieu de leur délivrance. C'est au lendemain de cette triste expérience que Moïse reçut l'ordre de construire un sanctuaire où Dieu habiterait. C'était bien là une condescendance. Il ne manque pas de textes par ailleurs pour affirmer l'impossibilité de «contenir» Dieu, de Le localiser, de Le limiter : Ainsi parle l'Eternel : Le ciel est mon trône, et la terre mon marchepied. Quelle maison pourriez-vous me bâtir et quel lieu me donneriez-vous pour demeure ? Toutes ces choses, ma main les a faites, et toutes ont reçu l'existence, dit /'Eternel. Esaïe 66 : 1, 2 ; voir aussi Actes 17 : 24. Quoi qu'il en soit, Dieu va accepter de «se réduire» à une dimension que l'homme pourra approcher. Ainsi le sanctuaire, s'il est le lieu de l'élévation de l'homme, est d'abord le lieu de l'abaissement de Dieu. Et cette première leçon n'est autre que le mystère de l'incarnation préfigurée. En Jésus-Christ, Dieu se fera proche de nous, s'humanisera, voilera sa divinité pour se rendre accessible, pour parler à l'homme sans l'écraser, pour l'atteindre et le sauver. Cette réduction, cette « miniaturisation » de Dieu est comme la goutte de rosée contenant le soleil tout entier, et le rendant visible sans éblouissement. Le sanctuaire, c'est le symbole du Christ, en qui habite corporellement toute la plénitude de la divinité (Colossiens 2 : 9), c'est le prisme à travers lequel il est possible de voir Dieu sans en être anéanti. La construction du sanctuaire ne fut pas l'œuvre du génie de l'homme ; (cet homme fut-il Moïse élevé pourtant dans toute la science des Egyptiens. Actes 7 : 22). Son architecture, ses dimensions, le choix des matériaux furent révélés à Moïse en vision (Exode 25 : 9, 22 ; 26 : 30). Aucun détail ne fut laissé à l'initiative de l'homme, ni à l'impulsion de ses sentiments religieux naturels. Dès lors que tout dans le sanctuaire est révélation, tout est chargé de sens, sous quelque angle qu'on l'aborde. C'est comme un kaléidoscope de réalités divines révélant en tout sens une infinité de vérités. C'est dire assez que nous n'épuiserons jamais le sujet, tant il est vaste, insondable, comme l'est du reste Jésus que le sanctuaire représente. Le sanctuaire du désert était une simple tente, entourée d'une clôture de toile de lin délimitant une enceinte sacrée. Le peuple étant nomade, Dieu se fera nomade avec lui. L'aspect extérieur de cet habitacle, fait de peaux de dauphin cousues ensemble, n'avait rien de particulièrement remarquable. Et précisément ce qui frappe, c'est le contraste inouï entre le contour extérieur ordinaire et l'éclat, la somptuosité, la richesse de l'intérieur. Comment ne pas penser ici à la double nature, humaine et divine du Christ (l'humaine cachant la divine), et au texte messianique d'Esaïe (chapitre 53, verset 2) : U n'avait ni beauté ni éclat pour attirer nos regards et son aspect n'avait rien pour nous plaire. Les parois intérieures étaient constituées de panneaux d'acacia entièrement recouverts d'or. Le plafond était tendu de tapis bleus, pourpres, cramoisis, richement brodés de représentations d'anges. Rien ne fut trop SANCTUAIRE ISRAELITE FAR JEAN PIERRE BARGIBANT 24 LE beau pour orner la demeure de Dieu, et pourtant, dans sa rutilance, la sobriété ressort de l'ensemble du décor. La tente était composée de 2 pièces contiguës séparées par un rideau. La première, appelée «lieu saint» était une sorte d'antichambre, de vestibule de la seconde, appelée «lieu très saint». C'est là que Dieu résidait, bien qu'on ne pouvait y voir aucune représentation de sa personne, aucune image, aucune statue pour le figurer, conformément, du reste, à un commandement dicté par Dieu lui-même, et gravé sur les tables confiées à Moïse : Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les deux... Exode 20 : 4. Au centre du lieu très saint, un simple coffre, en acacia plaqué d'or à l'intérieur et à l'extérieur, surmonté d'un couvercle en or massif portant l'effigie de deux anges. A l'intérieur du coffre, (au cœur même du sanctuaire), les 2 tables de la loi contenant les «10 paroles» de Dieu, expression de sa volonté et, par là même, de son caractère. On ne mesurera jamais assez la sainteté du Décalogue. Sa présence au centre du lieu très saint en est la meilleure démonstration. C'est cette Loi dont le Christ dira plus tard qu'il ne peut en disparaître un seul iota. Matthieu 5:18. Rites et sacrifices Tout le cérémoniel du sanctuaire gravitait autour d'un acte central : le sacrifice (comme tout le christianisme tournera autour de la croix). Si la notion de sacrifice se retrouve à peu près dans toutes les religions, elle a, dans la pensée biblique, un caractère profondément original, et souvent diamétralement opposé à la notion païenne. Il faudra d'ailleurs toute la force des rappels vigoureux des prophètes pour ramener constamment le peuple d'Israël à une juste conception du sacrifice. Le sacrifice païen est censé nourrir le dieu auquel il est offert. Le Dieu créateur d'Israël n'a nul besoin de s'alimenter : Tout ce qui se meut dans les champs m'appartient. Si j'avais faim, je ne te le dirais pas, car le monde est à moi et tout ce qu'il renferme. Est-ce que je mange la chair des taureaux, est-ce que je bois le sang des boucs ? Psaume 50 : 12, 13. Dans la conscience païenne, plus le sacrifice était coûteux et méritoire, plus il avait de chance d'être apprécié par le dieu ; c'est ainsi que l'on allait jusqu'à offrir des sacrifices humains de jeunes filles vierges, d'enfants... Ici encore, les prophètes bibliques durent souvent intervenir pour rétablir parmi le peuple d'Jsraël une juste conception du sacrifice. Avec quoi me présenterai-je devant l'Eternelpour m'humilier devant le Dieu Très-Haut ? Me présenterai-je avec des holocaustes, avec des veaux d'un an ? L'Eternel agréera-t-H des milliers de béliers, des myriades de torrents d'huile ? Donnerai-je pour mes transgressions mon premier-né, pour le péché de mon âme le fruit de mes entrailles ? On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bien et ce que l'Eternel demande de toi, c'est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde et que tu marches humblement avec ton Dieu. Michée 6 : 6, 8. Quel est donc le sens profond du sacrifice, dans la Bible ? (Il y aurait lieu ici de distinguer plusieurs catégories de sacrifices : sacrifices d'action de grâce, de culpabilité, offrandes diverses... Celui qui est au centre des services du sanctuaire, et qui les rassemble tous est incontestablement l'holocauste, immolation et offrande sur l'autel du parvis d'un agneau - sacrifice répété quotidiennement le matin et le soir.) Toute la portée et la signification de ce sacrifice résidaient dans son symbolisme et sa pédagogie prophétique. La qualité de la victime, ses caractéristiques n'étaient pas laissées au libre choix de l'offrant, tout ici était révélation, prescriptions Façade du temple de Jérusalem La table des pains de proposition 25 divines transmises au peuple par Moïse. Voici ce que tu offriras sur l'autel : deux agneaux d'un an, chaque jour, à perpétuité. Tu offriras l'un des agneaux le matin, et l'autre agneau entre les deux soirs. Exode 29 : 38. L'agneau du sacrifice devait être un mâle, sans défaut, âgé d'un an (Exode 12 : 5). Tout le poids de l'attente messianique se trouva concentré là. L'agneau, mâle, sans défaut, âgé d'un an est le type du Messie, le fils de l'homme, pur, sans péché. Voici l'agneau de Dieu, s'écriera Jean Baptiste, qui ôte le péché du monde. Jean 1 : 29. L'immolation de l'agneau, c'est la préfiguration de la croix du calvaire sur laquelle meurt la victime innocente à la place du coupable. Le chapitre 53 d'Esaïe constitue un sommet de l'intuition prophétique sur le sacrifice. (Lire aussi Actes 8 : 26-35). Le sang de la Victime (quelques gouttes) était ensuite transféré dans le sanctuaire, dans l'antichambre du lieu très saint, et présenté devant le voile, par les prêtres, pour être agréé de Dieu. Ici, une mise au point importante s'impose. Le Dieu de la Bible ne peut être comparé aux divinités sanguinaires, Molock et autres, qui se repaissent du sang de leurs victimes et ne sont apaisées qu'ainsi. Qu'ai-je affaire de la multitude de vos sacrifices ? dit /'Eternel. Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux ; je ne prends point plaisir au sang des taureaux, des brebis et des boucs. Esaïe 1 : 11. Israël glissait souvent sur les pentes de l'idolâtrie païenne et perdait de vue le sens profond du sacrifice. Le sacrifice biblique, fondamentalement, n'est pas ce que l'homme offre à Dieu, mais ce que Dieu veut faire comprendre et offrir à l'homme. Sur l'autel, ce n'est pas l'homme qui donne à Dieu (la vie qu'il sacrifie ne lui appartient pas) c'est Dieu qui donne à l'homme. L'âme de la chair est dans le sang. JE VOUS L'AI DONNÉ sur l'autel, afin qu'il servît d'expiation pour vos âmes. Lévitiques 17:11. En Jésus-Christ, Dieu a donné, plus, Dieu s'est donné. Le sacrifice, c'est Lui-même qui l'a consenti, et cela pour nous montrer jusqu'où pouvait aller son amour. Le sacrifice du Christ, pas plus que celui des victimes préfiguratives «n'apaisent le courroux de Dieu» comme on en discerne l'intention dans les sacrifices païens. Qu'est-ce que ce Dieu boudeur, rancunier, aux sentiments négociables ?... L'amour de Dieu est immuable, éternel, invariable, comme l'est sa Personne. Le péché n'a pas détourné Dieu de l'homme, mais bien plutôt l'homme de Dieu (voir Esaïe 59 : 1, 2). La réconciliation, chose inouïe, ce n'est pas le coupable qui la fait, c'est l'offensé, c'est Dieu. H nous a réconciliés avec Lui par Christ... Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même en n'imputant point aux hommes leurs offenses... 2 Corinthiens 5 : 18, 19. Le grand message du sanctuaire, la signification profonde des sacrifices est là, tout entier dans ce texte qui constitue le cœur même de toute l'Ecriture : DIEU A TANT AIMÉ LE MONDE QU'IL A DONNÉ SON FILS UNIQUE, AFIN QUE QUICONQUE CROIT EN LUI NE PÉRISSE POINT, MAIS QU'IL AIT LA VIE ÉTERNELLE. Jean 3:16.^ Intérieur du Lieu saint avec le chandelier, l'autel des parfums et la table des pains de proposition Arche de l'alliance reconstituée d'après les données de l'Ancien Testament 26 LA PATRIE D’ABRA HAM ARRACHEE AUX SABLES ■■■ ■M minemment sympathique, la figure d'Abraham le croyant domine toute la période patriarcale. Son nom est vénéré à la fois par les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans. Mais son histoire remonte si loin dans le passé qu'elle a été plus d'une fois mise en doute. On est allé jusqu'à faire passer Ur, sa ville natale, pour une cité légendaire. Et pourtant, Ur existait quand même. La pelle et la pioche des archéologues l'ont arrachée aux sables du désert mésopotamien. Des milliers de tablettes recouvertes de textes cunéiformes ont parlé. Quatre fois millénaire le silence sumérien a été rompu, faisant à nouveau palpiter le cœur d'une civilisation raffinée et industrieuse. La légende a vécu. Abraham est désormais un personnage historique. C'est en Mésopotamie, région désignée dans la Bible par « le pays de Schinéar» (Sumer) que le récit de la Genèse situe la première civilisation urbaine postdiluvienne vers 3000 avant J.-C. Or, c'est précisément en Mésopotamie, au pays de Sumer, que les vestiges de civilisation, considérés comme les plus anciens du monde, ont été retrouvés. «Antérieurement à l'an 3000 avant J.-C., il n'existait sur terre aucune véritable civilisation. Vers cette date, il s'en développa une première en Mésopotamie, puis une autre un peu plus tard en Egypte.» — Thorkild Jacobsen, professeur d'Assyriologie à l'Université de Harvard, Le Berceau de la Civilisation p. 7. «Là (en Mésopotamie), voici quelque 5000 ans, un peuple, les Sumériens, a élaboré la première civilisation dont les racines s'enfoncaient profondément dans les temps obscurs de la préhistoire. » -Kramer, L'histoire commence à Sumer, p. 11. Jusqu'à la fin du 19e siècle, la Bible était seule à éclairer la préhistoire. A l'heure actuelle elle est secondée et confirmée par l'archéologie. En sondant les vestiges de cette civilisation préhistorique, on est surpris du haut niveau de raffinement déjà atteint. Certains thèmes de notre pensée semblent avoir leur racine dans la pensée sumérienne. Les hommes les plus anciens que l'on connaisse étaient semblables en tous points à ce que nous sommes. S'il est vrai qu'aujourd'hui, en certains points du globe, il existe des « primitifs » et des « sauvages », il n'est pas moins vrai qu'il y a 5000 ans des peuples nous ressemblaient et même, à certains égards, nous étaient supérieurs. Il serait faux de croire que les Irakiens qui vivent à notre époque sur le territoire mésopota- FAR ROLAND VERTALLIER mien et qui évoluent pour la plupart dans la misère et l'ignorance émergent lentement de l'animalité. La réalité est à l'opposé. Par rapport à leurs ancêtres on devrait plutôt parler de régression. Nos contemporains se font une fausse idée des hommes de la Bible et d'Abraham en l'occurence. On se le représente comme un nomade menant une vie paisible dans la contemplation et la prière. On se l'imagine vivant dans un monde sans structure et dépourvu de contraintes. Ce n'est pas tout à fait ça. Abraham était un homme cultivé marqué par les impératifs d'une société évoluée. Lorsqu'on brosse un tableau du cadre dans lequel Abraham a vécu on ne lit plus la Bible comme avant. Tout s'éclaire. Tout s'explique et l'intérêt va croissant. Un terroir luxuriant Ce qui domine aujourd'hui au Moyen-Orient, c'est le désert. Un désert brûlant. Un des plus sévères du globe. Mais il n'en fut pas toujours ainsi. Si l'Egypte est, selon Hérodote, «un don du Nil», la Mésopotamie fut en son temps un cadeau du Tigre et de l'Euphrate. Bien des parties du pays ne sont pas atteintes par les deux fleuves. Aussi, pour créer ces «eaux éternelles» dont parle Hammourabi, contemporain d'Abraham, il fallait un système d'irrigation perfectionné avec ses barrages et ses canaux. Grâce à un climat chaud et sec, ce désert bien irrigué avait été transformé en un jardin luxuriant où l'on pouvait faire trois récoltes d'orge et de blé par an. Outre les céréales, la Mésopotamie produisait des palmiers-dattiers les plus beaux du monde, le sésame qui procure une huile au goût de noisette, le figuier, des fruits si suaves qu'on les offrait aux dieux, la vigne et le tamaris. Ce dernier, fort apprécié pour ses ombrages dans ces pays lumineux. La maison mésopotamienne Les seuls matériaux de construction sont l'argile et le roseau. Le bois d'importation est rare et 27 Ur : Zigurat, temple de la lune réservé aux riches. Les habitations sont donc faites de terre sous forme de briques cuites ou simplement séchées au soleil. Les ruelles sont sans fenêtre car les ouvertures des maisons donnent vers l'intérieur sur une cour ombragée. Ce genre de patio est équipé d'un bassin et d'une rigole pour se laver les mains et les pieds. Non seulement ceux de l'habitant mais aussi ceux des visiteurs. Permettez, disait Abraham, qu'on apporte un peu d'eau pour vous laver les pieds. Genèse 18:4. Les demeures sont confortables. Composées de murs d'un mètre quatre-vingt d'épaisseur pour préserver de la chaleur. Garnies de meubles incrustés de coquillages. Les murs recouverts de tissus coloriés. En partant, Abraham abandonne tout ce confort contre une vie errante sous la tente. Population Il existe à Ur trois classes de citoyens : l'aristocrate, le simple citoyen et l'esclave. Deux catégories de citoyens sont particulièrement en vue : le fermier puis le négociant itinérant. Les textes cunéiformes Une des richesses les plus intéressantes des fouilles archéologi ques de Mésopotamie, ce sont les textes cunéiformes récupérés en grand nombre. Ils décrivent l'existence des gens. Nous y retrouvons : discours royaux, inventaires de magasins, conseils de pères à fils, notions de religion, divers aspects de la pensée d'il y a cinq mille ans. Comme de nos jours, la contestation et les revendications s'exprimaient par des plaintes d'administrés envers les supérieurs. Plaintes contre les abus, contre les impôts de toutes sortes. Il y en avait sur les bateaux, les poissons, le bétail, la tonte d'un mouton, le parfum, les enterrements. Parfois les réclamations étaient entendues et aboutissaient à des suppressions d'impôts ou à des dégrèvements. Justice Les Mésopotamiens avaient une passion : le respect de la loi et de la justice. La vie sociale et économique en était imprégnée. Des quantités de tablettes d'argile constituant des documents d'ordre juridique ont été retrouvées : contrats, actes, testaments, billets à ordre, reçus et arrêts des tribunaux. Les étudiants faisaient des études très poussées des textes de lois et s'entraînaient à la pratique d'une terminologie hautement spécialisée. Tout comme à notre époque, on employait un jargon juridique. Naturellement, il existait un tribunal pour prononcer des jugements. Une défense était prévue. Le roi veillait personnellement à l'exécution des sentences. Les veuves et les orphelins bénéficiaient de mesures particulières. Activités On se lève tôt pour profiter de la fraîcheur et travailler. Les audiences royales ont lieu le matin. L'après-midi on se repose à cause de la chaleur extrême. Le soir est réservé aux divertissements : musique, danse, poèmes. Des femmes esclaves sont spécialisées dans le jeu de harpe, de lyre et de flûte. Certains métiers sont très répandus : tanneurs, tisserands, forgerons, fondeurs, joailliers, charpentiers, potiers. Ecole Au pays d'Abraham, l'école s'appelle la «maison des tablettes». On y va vingt-quatre jours par mois, de l'enfance jusqu'à seize ans. On y forme les scribes, profession à brillants débouchés dans l'administration sumérienne. On y étudie la théologie, la botanique, la zoologie, la minéralogie, la géographie, l'astronomie, le droit, les langues babylonienne et akadienne. Le calcul comporte l'étude des 28 Ruines d’Ur racines carrées et cubiques. En géométrie on retrouve la notion de « pi » 3, 1416. Le directeur de l'école s'appelait le «père de la maison des tablettes» ; le professeur assistant : le «grand frère». Il y avait le chargé du dessin, le chargé du sumérien et aussi le chargé du fouet. La discipline y était très rude. Médecine On fait souvent remonter la médecine à Hippocrate au 4e siècle avant J.-C. Elle existait déjà au pays d'Abraham il y a 5000 ans. A Ur on a retrouvé des listes de diagnostics, de pronostics, de syndromes, de symptômes, de traitements, de remèdes, de potions, d'onguents, de cataplasmes et de lavements. Il y avait même des chirurgiens. Le code d'Hammourabi précise : «Si à l'aide d'un instrument en bronze le chirurgien a ouvert une plaie infectieuse d'un œil infecté et ce faisant sauvé l'œil du patient, il aura droit à dix sicles. (Le sicle d'or ou d'argent pesant environ 14 grammes, cela représentait donc 140 grammes d'or ou d'argent pour l'opération réussie.) Si à l'aide d'un instrument en bronze il a ouvert une plaie infectieuse d'un œil et provoqué la perte de l'œil de son patient, il aura la main tranchée.» En somme, le chirurgien n'était payé que si l'opération réussissait. Dans le cas contraire, c'est lui qui payait... Avec une telle loi on devait regarder à deux fois avant de devenir chirurgien. A côté des médecins et des chirurgiens, il y avait les guérisseurs et les sorciers. A cette époque lointaine ils n'étaient pas considérés comme des hors-la-loi de la médecine, car ils étudiaient dans des écoles au même titre que les médecins. Proverbes et dictons La mentalité révélée par les proverbes et dictons sumériens se trouve être étrangement proche de la nôtre. Jugez-en vous-mêmes : «Tout le monde a de la sympathie pour l'homme bien habillé.» Certes, «l'habit ne fait pas le moine», mais nous devons reconnaître, avec les Sumériens, qu'il donne quand même un certain prestige. «Qui a beaucoup d'argent est parfois heureux. Qui a beaucoup d'orge est parfois content. Celui qui n'a rien peut dormir.» Dans sa fable du Savetier et du Financier, La Fontaine ne parlait pas autrement. Les maris sumériens se sentaient parfois frustrés : « Ma femme est au temple. Ma mère est au bord de la rivière. Et moi, je suis ici à crever de faim ! » Nous pouvons constater que, non seulement les gens, mais aussi les chiens étaient semblables à ceux d'aujourd'hui : « Flatte un jeune homme, il te donnera n'importe quoi. Jette une miette à un chien, il remuera la queue.» Théologie Les Sumériens étaient profondément religieux. Bien que polythéistes, certaines de leurs notions théologiques ont une réminiscence foncièrement biblique. Notion de la généralité du péché : «Jamais un adolescent innocent n'a existé depuis les temps anciens. » Notion d'âge d'or : «Autrefois, il fut un temps où il n'y avait pas de serpent, il n'y avait pas de scorpion. Il n'y avait pas d'hyène, il n'y avait pas de lion, il n'y avait pas de chien sauvage ni de loup. Il n'y avait pas de peur ni de terreur. L'homme n'avait pas de rival. Autrefois, il fut un temps où le pays de Sumer, où se parlent tant de langues... l'univers tout entier rendait hommage à Enlil en une seule langue... 29 Murailles de la ville Tous les peuples de l'univers adoraient le même dieu. » Cette nostalgie monothéiste exprimée par un scribe polythéiste est pour le moins émouvante. Sacrifices humains Les habitants d'Ur sont très raffinés à certains égards, mais d'un autre côté, ils ont des pratiques rebutantes et cruelles : les sacrifices humains. Dans le puits des morts à Ur, on a retrouvé les enterrés vivants. Autour des cadavres royaux, tout recouverts de perles, d'or, de lapis lazulis, s'alignent 25, 50, 74 serviteurs sacrifiés : hommes, femmes, officiers, domestiques, jusqu'à un conducteur d'ânes. Ils sont là, bien alignés, sans aucune trace de violence. Ils sont morts empoisonnés. Le bol qui contenait le poison est encore à côté d'eux. Il ne faut pas s'étonner qu'Abraham accepte, l'âme déchirée certes, mais sans discuter, l'ordre de son Dieu d'immoler son fils unique. C'était dans l'ordre des coutumes établies en Mésopotamie. Du polythéisme au Dieu unique Le livre de Josué (24 : 2) rappelle l'origine païenne et polythéiste d'Abraham : «Terach, père d'Abraham et Nachor habitaient anciennement de l'autre côté du fleuve et ils servaient d'autres dieux. » Comment Abraham est-il passé au culte du Dieu unique ? La Bible ne le précise pas. Elle laisse supposer une révélation transcendante puisque Abraham «a obéi à la voix de Dieu et a observé ses ordres, ses commandements, ses statuts et ses lois» (Genèse 26 : 5). Elle parle d'appel (Genèse 12 : 1 ), de foi (Genèse 15 : 6), d'alliance (Genèse 15 : 18), de promesse (Hébreux 11 : 10). Dans un beau passage, le prophète Esaïe fait remarquer aux descendants d'Abraham le caractère particulariste de la vocation de leur ancêtre : « Portez les regards sur le rocher d'où vous avez été taillés, Sur le creux de la fosse d'où vous avez été tirés. Portez les regards sur Abraham votre père, Et sur Sara qui vous a enfantés ; Car lui seul je l'ai appelé, Je l'ai béni et multiplié.» Esaïe 51 : 1, 2. « Lui seul je l'ai appelé. » Ce particularisme juif n'est cependant pas hermétique. Dieu n'est pas le père d'Abraham et des Juifs seulement. Il est le père de tous les hommes quels qu'ils soient, sans distinction de race, de couleur ou même de religion. Si Dieu a choisi Abraham, et à travers lui le peuple juif, c'était pour en faire une source de bénédiction pour le monde entier. «Toutes les familles de la terre seront bénies en toi... Je t'établis pour être la lumière des nations, pour porter mon salut jusqu'aux extrémités de la terre.» Genèse 12 : 3 ; Esaïe 49 : 6. En dépit de multiples vicissitudes, le dessein de Dieu s'est réalisé. A travers Abraham et le peuple d'Israël, un puissant courant de spiritualité a fécondé l'humanité. Tous ceux qui veulent s'y abreuver participent à la bénédiction d'Abraham. L'archéologie a arraché aux sables du désert la patrie où Abraham est né. Mais la Bible, par ailleurs, révèle que la véritable patrie du « père des croyants» n'est pas un lieu géographique fait d'argile, de pierre et de bois, mais « la cité dont Dieu est l'architecte et le constructeur» (Hébreux 11 : 10). Comblé de biens, Abraham se considérait cependant comme «étranger et voyageur sur la terre». « La cité de Dieu » était son espérance suprême, comme elle est l'ultime promesse de la Bible. 30 BAAL et ASTARTÉ sont les premiers noms qui nous viennent à l'esprit lorsque nous pensons à la lutte séculaire d'Israël contre les cultes cananéens. Et la confrontation du prophète Elie avec les prêtres de ces deux divinités au Carmel est à peu près tout ce que nous savons de précis sur le sujet... quand ce récit, lui-même, ne devient pas la cause de beaucoup de perplexité. Bien des choses, en effet, demeurent assez mystérieuses : quels sont ces dieux auxquels l'Ancien Testament fait de si fréquentes allusions ? où, quand, comment les adorait-on ? pourquoi tant de sévérité dans la Bible dès qu'il est question des cultes qui se pratiquaient sur le territoire qu'lsraël a conquis ? Sur ce point, comme sur bien d'autres, l'archéologie nous apporte les éléments nécessaires à une bonne compréhension des récits bibliques touchant ces questions. Nos sources d'informations sur les religions cananéennes Outre les données de la Bible, nous possédons deux sources d'informations sur les religions traditionnelles de Canaan : des sources écrites comme, par exemple, les tablettes d'argile de Ras Shamra, de Tell el-Amarna, des ostracas (frag ments de poterie) trouvés à Samarie, à Lakish, etc., et des sources non écrites comme les temples et sanctuaires avec les objets qui les caractérisent, les ustensiles ayant servi à la célébration des divers cultes, les représentations plastiques (statues et statuettes) et picturales. S'il reste quelques points d'ombre, il est tout de même réjouissant qu'un matériel relativement abondant nous permette aujourd'hui d'éviter les imprécisions du passé. Les religions sémitiques de l'Asie occidentale Les populations présémites de toute l'Asie occidentale adoraient les ISRAEIf L'IDOLATRIE forces de la nature. Celles-ci s'incarnaient dans les animaux, les végétaux. Quels que soient les noms des diverses divinités, c'est toujours l'esprit de fertilité qu'elles représentent. Avec les populations sémites, il s'agit encore de la même religion, mais plus élaborée. On quitte les déesses-mères plus ou moins indéfinies pour des divinités ayant une personnalité plus marquée. C'est en Mésopotamie que nous faisons la connaissance des célèbres Baal et Astarté de la Bible (Hadad-Addû, Ishtar). Les hauts lieux La Bible mentionne souvent des «hauts lieux» et les prophètes de Dieu ont fait de constants reproches au peuple d'Israël à leur propos. Qu'étaient-ils ? Cette expression est la traduction de l'hébreu «bamh» qui dérive lui-même d'un terme signifiant «dos», «crête». Le mot désignait d'abord des sommets réservés à quelque culte, mais par la suite un « haut lieu » était un sanctuaire simplement, sans référence à son emplacement. Un site archéologique peut être identifié comme un haut lieu par le fait que ces sanctuaires avaient en commun un certain nombres d'éléments caractéristiques tels que des pierres dressées (qui servaient à I PAR JACQUES FAVRET marquer l'enceinte sacrée, indiquaient aussi l'endroit précis où la divinité était cultuellement immanente : c'était là que l'adoration et les sacrifices pouvaient atteindre le dieu ; elles étaient aussi un substitut aux adorateurs qui désiraient être toujours présents devant leur dieu), des stèles (rendu parfois par «cadavre» dans certaines versions ; un texte comme Ezéchiel 43 : 7, 9 est beaucoup plus satisfaisant en lisant «stèle» à la place de «cadavre», ce qu'une découverte de Ras Shamra autorise pleinement), des autels (de deux sortes : pour les sacrifices sanglants et pour brûler l'encens), des «asherim» (mot traduit avec la plus grande imprécision ; mais l'incertitude demeure : aucun objet n'a été retrouvé dont on puisse dire avec 31 Baa! de Minet E! Beida Astarté certitude que c'est un «asherah»; des textes il ressort qu'il était en bois (au moins en partie), et pouvait être détruit, sans être à proprement parler un arbre, il était dressé ; les spécialistes inclinent à penser qu'il devait s'agir d'une représentation de la déesse ASHERAH elle-même, enfin diverses sortes d'images (taillées, gravées ou fondues). Parmi les hauts lieux parfaitement authentiques les plus célèbres, citons quelques noms : PETRA avec son sanctuaire entièrement taillé dans le rocher au sommet de la montagne dominant la ville; MEGUIDDO qui est un haut lieu d'un type très différent : grand autel rond du genre cairn (pierres brutes soigneusement entassées), c'est un des plus anciens : il remonte au milieu du troisième millénaire avant J.-C. ; GUEZER est un sanctuaire à ciel ouvert, remarquable par un alignement de dix pierres dressées ; des sacrifices humains y furent pratiqués; HATSOR avec son petit sanctuaire comprenant une rangée de pierres dressées en basalte et dont la pièce centrale porte un symbole lunaire. En dehors de ces sanctuaires «publics», il existait des sanctuaires privés dans les maisons. Ceci explique le très grand nombre de statuettes retrouvées. Ces figurines représentent les divinités adorées par les Cananéens. Elles étaient en général petites et certaines étaient faites pour être portées en pendentifs, comme des amulettes. La représentation est, pour la plupart des cas assez grossière. Les déesses sont représentées nues et leurs caractères sexuels sont accentués et, parfois, nettement exagérés. La raison en est simple : il s'agit de cultes de la fécondité. Le récit du livre de la Genèse nous rapporte que Rachel avait dérobé les «teraphim» de son père. Ce terme désigne justement ces dieux domestiques, des représentations (statuettes presque certainement) des divinités adorées par la famille. Des documents mésopotamiens indiquent qu'ils étaient aussi une sorte de titre de propriété établissant les droits de leur possesseur sur les biens familiaux. D'où l'empressement de Laban, le père de Rachel, pour les retrouver ! Les dieux C'est grâce aux découvertes faites à Ras-Shamra, en Syrie, sur le site de l'ancienne Ugarit, que l'on est à même de donner nombre de précisions sur les Baal, Astarté etc. Ces tablettes d'argile décrivent la société des dieux comme une société, à vrai dire, fort turbulente. Tous ces dieux se caractérisent par des exploits sanguinaires, des vices et des actions immorales. Ils commettent incestes et adultères, exultent à verser le sang et ne songent qu'à la vengeance à tout propos. Dans ces conditions, nous ne sommes pas étonnés d'apprendre que dans les temples on pratiquait la prostitution sacrée (des deux sexes d'ailleurs) et que les jours de fêtes étaient des jours d'orgies. EL, à la tête du panthéon cananéen, présidait aux destinées des dieux et des humains. C'était le plus sage et le plus inoffensif des dieux cananéens. Et pourtant un examen du caractère que lui prête la tradition nous conduit à nous rendre compte qu'il est pratiquement le contre-pied de celui du Dieu unique révélé par la Bible. C'est là l'une des raisons de la sévérité de la 32 Asherah Déesse Anath Bible à l'encontre de ces cultes idolâtres. ASHERAH, femme d'EI et mère de soixant-dix dieux, est une déesse de la végétation, une sorte de contrepartie féminine de Baal. Le culte d'Asherah semble avoir été très populaire en Israël. Les textes bibliques mentionnent à toutes les époques, entre la conquête de Canaan et la déportation babylonienne, des «asherim» (pluriel d'asherah) dressées un peu partout. ANATH était la plus immorale, le plus assoiffée de sang de toutes ces divinités. Elle était la sœur de Baal, et aussi son amante, sa maîtresse. Ce qui fait qu'un des titres qu'on lui donnait est bien fait pour nous surprendre : « la vierge Anath » ! BAAL Le mot (qui signifie maître, seigneur, propriétaire, mari) est employé d'abord pour désigner un dieu local (Baal-Peor, Baal-Hermon, etc.). Quand il est employé comme nom propre, il désigne un dieu particulier : le plus important des dieux cananéens. C'est un dieu paru tardive ment, après avoir remporté la victoire sur tous les autres. Mais, installé à la tête du panthéon, il y restera plusieurs siècles. C'est la situation qu'lsraël a trouvé en s'établissant en Palestine. Baal est le dieu de l'orage, des éclairs et du tonnerre. On l'a identifié avec Hadad, l'ancien dieu sémite de la Mésopotamie. HADAD serait ainsi son vrai nom propre. ASTARTÉ n'est autre que l'Ishtar des Babyloniens. Mais sous ce nom sont englobées, dans la Bible, toutes les principales déesses cananéennes, pour lesquelles les prophètes ont eu une égale aversion. Il y a confusion parce que toutes se ressemblent énormément. Le succès du culte d'Astarté a imposé son nom à tout ce qui s'en rapprochait. Astarté est à la fois déesse de l'amour et de la guerre. Mais c'est surtout comme déesse de l'amour et de la fertilité qu'elle était adorée. Et le culte qu'on lui rendait ouvrait la voie à toutes sortes de licences. Ce ne sont là que les principaux dieux cananéens. Mais cela suffit. La connaissance que nous en avons aujourd'hui permet d'affirmer que la religion à laquelle ils présidaient ne pouvait qu'être moralement dévastatrice. On comprend dès lors l'extrême sévérité des prophètes d'Israël envers une religion qui ne pouvait élever ses adeptes. Israël et l'idolâtrie La lutte entre le strict monothéisme biblique et les pratiques religieuses de Canaan, telles que les Israélites les découvrent en prenant possession du pays, a duré près de huit siècles, avec une intensité variable au cours du temps, caractérisée surtout par une aggravation de la situation aux époques qui ont précédé la fin des royaumes du Nord, puis du Sud. Les Israélites ont été à ce point attirés par les hauts lieux qu'ils les ont, en quelque sorte, adoptés. Pas toujours pour des pratiques idolâtres, mais le danger était grand d'en arriver à un véritable syncrétisme religieux. (Voyez Juges 17, par exemple.) Le culte d'une divinité particulière qui s'est le plus développé en Israël est, bien entendu, celui de Baal- 33 Hadad. Au moment de la conquête de Canaan, ce culte était universel en Palestine. Il en est fait mention, dans la Bible, tout au long de l'histoire du peuple juif jusqu'au moment de l'exil mésopotamien. Dans le royaume du Nord (royaume d'Israël), ce culte avait presque complètement supplanté le culte de Yahweh à l'époque du roi Achab et de la reine Jézabel. C'est alors qu'eut lieu la confrontation au Carmel entre Elie et les sept cents prophètes de Baal et d'Astarté. Dans le royaume du Sud (royaume de Juda), le culte Baal fut introduit surtout par la fille de Jézabel, la célèbre Athalie, ainsi que par le roi Achab. A l'époque de Manassé, une «idole d'Astarté» (=asherah) fut installée dans le temple même de Jérusalem ! Ce culte de Baal était accompagné de sacrifices d'enfants, de baisers d'images et de rites particulièrement lascifs. Par moments, la confusion la plus totale régnait en Israël. Le prophète Osée signale qu'on ne faisait plus très bien la distinction entre Baal et l'Eternel. On appliquait même à Dieu le nom de Baal. Cette confusion au niveau du langage n'était que le reflet de confusions plus graves dans les faits. (Voyez Osée chap. 2.) La confrontation du Carmel L'événement le plus dramatique de la lutte entre le monothéisme d'Israël et les cultes cananéens est, sans contredit, la rencontre du Carmel entre Elie et les promoteurs des cultes idolâtres. Pour certains lecteurs de la Bible, ce récit est empreint de merveilleux. On le classerait assez facilement au nombre des légendes pieuses. Mais ce serait justement méconnaître combien, au contraire, ce récit tient exactement compte des conditions existant alors. La légende de Baal et de Mot, découverte sur les tablettes de Ras Shamra, nous aide à comprendre le sens profond de cette confrontation au Carmel. Dieu et son prophète se sont placés sur le terrain de l'adversaire. Chaque détail de l'événement rapporté par la Bible trouve ainsi un sens logique et évident. Grâce à l'archéologie, les détails qui pou vaient laisser songeur deviennent autant d'éléments démontrant la parfaite précision de la Bible. La famine qui dure plusieurs années parce que la pluie fait défaut, l'éclair qui doit allumer le sacrifice, la mise à mort des prophètes de Baal et d'Astarté, et la pluie qui survient alors, tout cela «cadre» parfaitement avec ce que nous savons maintenant des croyances des adorateurs de Baal. Tels qu'ils se sont déroulés, ces événements-là (plus que tout autres que nous pourrions imaginer) étaient propres à porter un coup décisif aux croyances que le peuple avait adoptées. Pour notre part, nous croyons que les découvertes archéologiques sont venues à point nommé pour confirmer de mille manières la valeur de la Bible. A mesure que notre connaissance du passé se précise, la parfaite authenticité des Ecritures devient plus évidente. Elle est plus que jamais ce recueil extraordinaire : la Parole de Dieu. # 34 Déesse-mère, troisième millénaire av. J.-C. ABONNEMENT SIGNES DES TEMPS BON DE COMMANDE Pour mieux connaître, comprendre et approfondir la Bible, ce monument littéraire inspiré qui défie les siècles, six fois par an, Signes des temps vous propose : des documents, des études bibliques, sociales et prophétiques, des thèmes de méditation et de réflexion NOM _______________________________________ PRÉNOM_____________________________________ ADRESSE____________________________________ A envoyer à l'agence «Signes des Temps» la plus proche de votre domicile (voir adresses page 2). Abonnements annuels : France : 22 F. Suisse : 21 F. S. Autres pays : 26 F. Un nouveau volume est sorti de presse dans la série des guides spirituels de la vie Format : 15 x 22,5 Couverture en skivertex bordeaux ou en balacron blanc matelassé 872 pages 16 hors-texte (dont 8 en couleurs) Ce livre a été publié en trois volumes par la Pacific Press Pubiishing Association sous le titre: L'Espoir de l'humanité JESUSCHRIST d'Ellen G. 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