3 Editorial Jean Lavanchy 4 Vrai et faux socialisme Le christianisme en action Gérard Poublan 10 Psaume 103 Mon âme, bénis /'Eternel Denis Romain 12 Science et Bible Evolution et biologie Jean Flori 16 Le règne, la puissance et la gloire Norbert Hugedé 18 Devenir chrétien Les intérêts passifs Yvan Bourquin 20 Le calvaire André Canet 21 Jésus, fils de Dieu Ce sont nos péchés qui l'ont crucifié Alain Archidec 26 Qui est prophète ? Quatre critères de jugement Evelyne Zuber 28 Des livres Questions sur l'homme Jean-Marie Thomasseau 30 Le Saint-Esprit L'œuvre de /'Esprit dans /'église Maurice Mathy 32 Jésus et le Sabbat L'harmonie de la loi divine Paul Nouan 34 Le jour qui manquait Une mise au point Jean Flori Revue bimestrielle fondée en 1876 JUILLET-AOUT 1974 REDACTION ET ADMINISTRATION : 60, avenue Emile-Zola 77190 Dammarie les Lys, France Tél. (1) 439 38 26 . CCP. 425-28 Paris Rédacteur responsable : Jean LAVANCHY AGENCES: ALGÉRIE, 3, rue du Sacré-Cœur, Alger BELGIQUE, 11, rue Ernest Allard, Bruxelles BURUNDI, Boîte Postale 1710, Bujumbura CAMEROUN, Boîte Postale 401, Yaoundé CANADA, 7250, rue Valdombre, Saint-Léonard, Montréal 451 CONGO, Boîte Postale 154, Brazzaville COTE-D'IVOIRE, Boîte Postale 335, Abidjan FRANCE, «Le Soc», 60, av. Emile-Zola, 77190 Dammarie les Lys GUADELOUPE, Boîte Postale 19, 971 Pointe à Pitre GUYANE FRANÇAISE, Boîte Postale 1 69, 973 Cayenne HAITI, Boîte Postale 28, Cap Haïtien HAITI, Casier Postal 868, Port-au-Prince HAUTE-VOLTA, Boîte Postale 592, Ouagadougou MADAGASCAR, Boîte Postale 1134, Tananarive MAROC, 17, rue Ibn Toufaïl, Casablanca MARTINIQUE, Boîte Postale 580, 972 Fort de France MAURICE, 10, rue Salisbury, Rose-Hill NOUVELLE-CALÉDONIE, B P 149, Nouméa RÉP. 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La France, à l'image de toutes les démocraties en période électorale a vécu récemment quelques semaines passionnantes. L'information écrite, parlée ou télévisée était essentiellement prophétique. Rejetant toute réalisation ou prise de position passée et présente, l'argumentation électorale de tous les partis avait l'allure d'une exposition futuriste. Les tableaux s'opposant au niveau des formes et des couleurs représentaient, cependant, toujours le même paradis social de liberté, de paix, de prospérité et d'égalité. Le choix du citoyen, libre de toute appartenance inconditionnelle à un parti politique était ambigu, hasardeux. Les sociétés nouvelles en compétition refusaient toute référence historique présente ou passée. De part et d'autre, il s'agissait d'un monde nouveau, édifié sur de nouvelles bases. La foi, la crédulité devaient l'emporter sur l'expérience et la logique. En confrontant dans ce climat les prophéties bibliques aux prédictions politiques, on a la curieuse impression que les vrais réalistes se situent pour une fois, du côté des mystiques. Le royaume des hommes contre le royaume de Dieu. Sur les méthodes d'implantation de cette nouvelle société, Françoise Giroud, de l'Express, rejoint peut-être, sans le savoir, le principe évangélique: «Pour que „ça change", combien d'hommes et de femmes devraient d'abord décider: „JE change, les lois viendront après ?" Mais cela est beaucoup plus difficile que de changer de gouvernement.» (Juin 1974) «Le royaume de Dieu est au-dedans de vous», nous affirme l'Evangile depuis deux mille ans. Refusant l'illusion que, les modifications de structure politique soient seules capables d'améliorer la qualité de la vie, la Bible nous propose d'abord une transformation de l'esprit et du cœur de l'homme, en s'appuyant sur des réalités concrètes, des vérités expérimentées. «Ce n'est pas, en effet, en suivant des fables habilement conçues que nous vous avons fait connaître la puissance et l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, mais c'est comme ayant vu Sa majesté de nos propres yeux... Et nous tenons pour d'autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour vienne à paraître et que l'étoile du matin se lève dans vos cœurs.» 2 Pierre 1 :16, 19. A l'heure où les futurologues et les savants confirment la partie négative des prophéties bibliques concernant la fin du Monde, n'est-il pas raisonnable, s'appuyant sur la réalisation méticuleuse de ces prophéties d'accepter avec la même rigueur l'espérance qu'elles contiennent? «Quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l'homme est proche, à la porte.» Matthieu 24. Jean LAVANCHY 3 VRAI et FAUX SOCIALISME Un récent numéro de \'Express titrait sur sa page de couverture «L'Eglise vire à gauche». Jacques Duquesne et Georges Suffert écrivaient: «En cette fin du deuxième millénaire de l'ère chrétienne, le phénomène qui domine probablement tous les autres c'est la rencontre du catholicisme et du communisme (1 ).» Il y a quelques années le communisme était considéré par l'opinion catholique l'adversaire numéro un. Maintenant de nombreux prêtres font parler d'eux par une action socialiste d'aspect politique et même d'inspiration marxiste. A l'assemblée internationale des prêtres contestataires à Amsterdam, en octobre 1970, un groupe de prêtres espagnols conclut par cette phrase qui va loin: «L'amour des hommes qu'il faut rendre plus proches les uns des autres n'autorise pas une pluralité d'options politiques (2).» C'est une apologie de la démocratie socialiste généralisée et imposée à tous. Des prêtres prennent même, surtout dans les pays latins, ceux de l'Amérique du Sud et en Europe, la défense des pauvres, et sont prêts à se battre, à tuer pour l'avènement de plus de justice sociale. Le pape, de son côté, sans approuver la manière de ces prêtres, se préoccupe du monde communiste et a recommandé l'entrée de la Chine communiste à l'O.N.U. Il pense certainement aux trois millions de catholiques qui Œcuménisme et action sociale existaient en Chine avant la révolution et aussi à une ouverture humaine et sociale de l'Eglise vers l'Orient communiste. L'action sociale est en tout cas partout à l'ordre du jour dans tout groupement humain qui veut présenter quelques lettres de créance. Elle est même en passe de devenir le grand point d'entente dans le mouvement œcuménique. Les chrétiens des diverses églises, parlant théologie, découvrent souvent qu'ils ne savent pas trop ce qu'ils croient, ou, s'ils ont des convictions, prennent conscience de points de friction possibles. L'unité se fait donc là où elle peut se faire le plus immédiatement, c'est-à-dire dans une action fraternelle, sociale, et même politique d'un caractère interconfessionnel. C'est ainsi que dans le hall de l'Université de Genève, deux étudiants, l'un en théologie et l'autre en économie politique, vendaient dernièrement des cartes de Noël pour inviter leurs camarades à soutenir les peuples des colonies portugaises et le mouvement anti-apartheid de Genève. La bienfaisance semble ici avoir partie liée à la politique dans son aspect partisan. Pour beaucoup, Marx est devenu un chef aussi valable que Jésus. D'autres, à l'opposé, rejettent et Marx et Jésus. Tels certains hippies. Mais dans leur refus du monde capitaliste ou communiste, ne recherchent-ils pas confusément un monde 4 Actualité des problèmes sociaux Des prêtres prêts à se battre meilleur où la justice régnera, et pas elle seule, mais aussi la liberté et l'amour ? L'importance des problèmes sociaux, accrus par l'augmentation galopante de la population du globe, s'impose ainsi à tous les esprits. Quelles ont été jusqu'à présent, les solutions humaines? La Bible de son côté serait-elle muette sur de tels problèmes ? L'effort humain pour résoudre les problèmes sociaux a pour nom : «Socialisme». Le mot est né vers 1840 en Angleterre à l'époque de Robert Owen, socialiste pratique, aux réalisations admirables par plusieurs côtés. C'est l'époque de l'industrialisation en Angleterre, en Europe et même en Amérique. Une nouvelle classe d'hommes naît: le prolétariat de fabrique. Le prolétaire, dans l'Antiquité, désignait le citoyen de la dernière classe. L'homme de la fabrique capitaliste est alors en train de devenir un nouvel esclave. Il est soumis à un travail de 14 heures et plus par jour, il ne jouit d'aucune protection contre le chômage, la maladie, l'arbitraire du salaire, d'ailleurs journalier. Les femmes et les enfants sont absorbés par cette nouvelle économie comme des sacrifices à un nouveau Moloch. Des enfants de sept ans travaillent au fond des mines, poussant des wagonnets. La famille est disloquée. L'alcool et quelques plaisirs frustres sont pour beaucoup le seul coin bleu de cette vie d'usine et de garnis. Les réactions vont apparaître. Celles d'abord d'esprits humanitaires, de patrons même, s'efforçant de diminuer les peines de l'ouvrier. Le socialisme élaboré a d'abord revêtu une forme idéaliste. En France, ses représentants furent des hommes tels que Saint-Simon, Fourier, Proudhon, proposant l'organisation de communautés à propriété collective ou du moins une économie dirigée et non plus libre échangiste. On se rappelle les phalanstères, ou les ateliers sociaux. Avec Marx et Engels, et le texte de base du Manifeste communiste de 1848, est venu ce qu'on a appelé le socialisme scientifique. Le socialisme n'est plus vu comme un idéal, mais comme une forme historique de la société, forme qui devient nécessaire à partir d'un certain degré de développement des forces productives. L'histoire humaine a connu le régime esclavagiste de l'Antiquité, puis le régime féodal. Elle est en train, dit-on, de passer du régime capitaliste au régime communiste. Le socialisme pratique et politique consiste donc à donner à la classe opprimée en lutte la conscience de son rôle historique et les moyens de hâter la mutation inévitable de la société. A la base du socialisme il y a cette idée, fort louable, que la production doit être dirigée non en vue du profit égoïste, mais en vue de l'usage normal des individus. Le socialisme communiste veut la disparition de la propriété privée, considérée comme la source de toutes les inégalités et injustices sociales, et il veut aussi la propriété commune des instruments de production. Il a voulu même parfois la disparition de la famille, celle-ci freinant l'utilisation économique de ses membres. Mais là les expériences pratiques n'ont pas été heureuses. Des Trade-Unions anglais, syndicats d'inspiration chrétienne au début, est sortie peu à peu l'idée d'une Union internationale des travailleurs. Celle-ci a vu sa formation vers 1870. La nation a été entrevue comme un obstacle à cette union. Elle a en effet tendance, comme cela se passe dans plusieurs pays, à monopoliser toutes les directions et à créer une dictature. La démocratie socialiste devient alors un vain mot. Et un ouvrage d'inspiration socialiste de conclure à ce sujet: «Les prolétaires n'ont pas de patrie. Il faut que les socialistes soient capables de remplir la mission pour laquelle le socialisme est né : construire la République universelle des peuples égaux et libres, la Cité universelle, gage de paix et de liberté (3).» C'est un langage parfaitement messianique; la Bible contient de semblables expressions. Comme quoi le cœur humain se tourne toujours vers les mêmes espoirs. Quelles sont en fin de compte les réalisations positives? Il y en a beaucoup dont nous profitons tous et qui rendent hommage au sens de la justice et de la solidarité. Citons dans nos pays la législation du travail et des salaires, les conventions collectives, la sécurité sociale et les allocations familiales, la protection de la femme et de l'enfant, la formation professionnelle, les prêts pour bâtir, les retraites. En Orient, 800 millions de Chinois sont maintenant assurés de trois bols de riz par jour 5 Les solutions humaines Naissance du prolétariat Le Manifeste communiste L'Internationale Bilan socialiste au lieu d'un seul, parfois hypothétique avant la révolution. C'est la réalisation économique la plus extraordinaire de tous les temps ! Mais a-t-elle été faite sans atteinte à la personnalité ? Mais dans plusieurs pays communistes, des voix se lèvent chaque jour pour signaler l'oppression des consciences, le nivellement des esprits, ou le désintérêt pour le système, et la corruption. Un publiciste vient d'écrire, parlant de son pays: «On peut respecter la force, l'autorité, même l'intelligence ou l'éducation, mais il est irrationnel à l'esprit populaire que la personnalité humaine représente une quelconque valeur.» L'athéisme et le matérialisme sont souvent officiellement professés, enseignés, imposés. Les méthodes policières règlent les problèmes avec leur cortège de mauvais traitements et de cruautés. A ce propos, R. Wurmbrand, pasteur luthérien ayant souffert de longues années dans les geôles communistes écrit: «Quand un homme ne croit pas que les bons seront récompensés et les méchants punis, il n'y a pas de raison qu'il reste humain; il n'y a pas de limites en lui pour le sombre empire du mal.» Un communiste pourrait répondre à juste titre qu'il ne faut pas confondre l'idéal avec ses applications humaines. Les pays soi-disant chrétiens de l'Occident ne donnent pas toujours un meilleur spectacle de tolérance, de bonté et de vertu. Avec raison, l'apôtre Paul remarque: «Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu.» Romains 3:23. Quant à nous, nous croyons qu'un idéal est d'autant plus capable d'élever l'homme, sa nation et la société tout entière qu'il correspond à des normes éternelles et vraiment humaines, parce que divines. Il serait étonnant que la Bible que nous croyons être Parole de Dieu ne nous fournisse un modèle social et même socialiste. Les réalisations sociales déjà acquises ne seraient-elles pas d'ailleurs le résultat de l'influence directe de l'Evangile ? Socialisme biblique La Bible a un message social. On peut même dire qu'elle est un message social autant qu'individuel. Le «salut» est à la fois une affaire individuelle et sociale. L'Evangile n'annonce-t-il pas le Royaume des cieux ? Jean ne voit-il pas la Jérusalem céleste, capitale de ce royaume? «Royaume des cieux», dans un langage moderne, pourrait être traduit : «République céleste, République universelle et parfaite». Les lois contenues dans l'Ancien Testament offrent un exemple de socialisme historique remarquable dans l'Antiquité. Dans l'ancien Etat d'Israël le repos hebdomadaire de vingt-quatre heures pleines était assuré par la loi du sabbat, non seulement au patron, mais aux ouvriers, aux esclaves et aux bêtes même (Exode 20 : 8-10). Détail délicat : le repos commençait à la fin normale de la journée de travail, au coucher du soleil méditerranéen, assurant ainsi un repos sur la partie la plus reposante et la plus complète de la journée totale, celle de la nuit complète et de toute la journée suivante. Le total des jours de fêtes Israélites s'élevait à un mois, jours pendant lesquels la population se déplaçait à Jérusalem. Existait donc déjà ce mois de congé annuel qui n'est assuré que depuis une ou deux décennies dans nos pays. Ces déplacements à Jérusalem permettaient de renouer des relations sociales, assuraient un ressourcement spirituel, et constituaient une heureuse dérivation aux occupations habituelles. C'était déjà une parfaite politique des loisirs. Enfin, tous les sept ans, c'était l'année sabbatique (Lévitique 25 : 1 -7). La terre était laissée en jachère et chacun pouvait se livrer à des occupations diverses : études, constructions, réparations, activités artistiques, et sociales. Accorder périodiquement un an de congé à tout travailleur serait de nos jours un bienfait extraordinaire. Israël était ici bien en avance sur notre temps où l'homme n'entrevoit pas souvent la possibilité d'échapper à l'étau du gagne-pain. L'Ancien Testament ignore la pensée communiste selon laquelle la propriété individuelle doit être supprimée. Certes, c'est souvent le groupe - famille ou clan - qui est possédant, plus que l'individu. Mais la propriété, foncière ou autre, ne lui est pas interdite. L'idéal social est que chacun puisse vivre «sous sa vigne et sous son figuier» (1 Rois 4 : 25). Les visions prophétiques du royaume messianique maintiennent encore la propriété. Mais il y a dans l'Ancien Testament une conception de celle-ci des plus admirables parce 6 Repos et loisirs La propriété reconnue mais limitée Une solution à la lutte des classes que profondément vraie. Dieu rappelle qu'il est le propriétaire du sol en des termes non équivoques : «Vous êtes chez moi, dit-iL» Lévi-tique 25 : 23. Les hommes n'apparaissent ainsi que comme des gérants, des métayers. Et pour éviter un accroissement sans fin de la propriété au profit d'un individu plus commerçant et plus actif que les autres, Dieu dit : « Les terres ne se vendront point à perpétuité. » Lévitique 25 : 23. Dans l'année jubilaire (de l'hébreu yôbei, trompette, cette année étant annoncée au son des trompettes), année qui tombait tous les cinquante ans «chacun, dit Dieu, retournera dans sa famille.» Lévitique 25 : 10. Il rentrera en possession du lot initial qu'a reçu son ancêtre familial au moment du partage équitable entre les tribus d'Israël lors de l'installation en Palestine (Josué 13 : 6, 7). Quand il achète un terrain, une propriété, l'Israélite n'acquiert donc pas une possession absolue mais plutôt un nombre de récoltes jusqu'au jubilé, une jouissance d'exploitation temporaire. Quand un chef de famille vend ses propriétés ou une partie de celles-ci, il peut même les racheter avant le jubilé. En cas d'infortune ou de décès, le plus proche parent du chef de famille, le go'ei (mot hébreu signifiant parent, libérateur) est moralement tenu de faire tout son possible pour racheter au profit de la famille démunie dont il fait partie la propriété vendue. En tous cas, on était sûr de rentrer en possession du bien familial au moment du jubilé. Les maisons à l'intérieur des villes fortifiées pouvaient être rachetées pendant un an. Les Israélites étaient profondément attachés à leur propriété familiale; elle comprenait souvent le tombeau de famille. Le terrain était soigneusement borné, et, entamer, sans raison valable, sans conseil de famille, sans mûre réflexion, le patrimoine, était impensable. Naboth refusa obstinément de vendre sa vigne au roi Achab, ce qui lui coûta la vie (1 Rois 21 ). Deux principes correspondent à ce système : affirmation de la possession relative de l'homme, protection absolue de la propriété. Ces principes ne seraient-ils plus ni valables, ni applicables de nos jours ? Nous partageons l'avis de ce commentateur biblique américain, qui, à la fin du 19e siècle, écrivait : «Si aujourd'hui les principes de la loi de Dieu concernant la répartition de la propriété étaient appliqués, combien différentes seraient les L'esclavage promis à la liberté conditions dans lesquelles nous vivons. L'observation de ces principes empêcherait les maux terribles qui, dans tous les siècles, ont résulté de l'oppression du pauvre par le riche et de la haine du pauvre envers le riche. Ce plan entraverait certainement la formation des grandes fortunes et supprimerait aussi l'ignorance et la dégradation de milliers de personnes dont les services mal rétribués permettent la formation de ces fortunes colossales. Il apporterait une solution pacifique au problème qui menace de faire sombrer la civilisation dans l'anarchie et dans le sang (4).» Les prophètes condamnaient déjà les accapareurs avides. Esaïe (5 : 8) écrit : « Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, et qui joignent champ à champ, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'espace, et qu'ils habitent seuls au milieu du pays ! » Les prophètes s'élevaient aussi contre ceux qui, profitant de la faiblesse des veuves et des orphelins, essayaient d'empiéter sur leurs domaines : «Ne déplace pas la borne ancienne et n'entre pas dans le champ des orphelins ; car leur vengeur est puissant : H défendra leur cause contre toi.» Proverbes 23 : 10, 11. L'esclavage était lui aussi enfermé dans des lois fort sages. On peut s'étonner que Dieu n'ait pas fait supprimer carrément l'esclavage, immoral dans son principe, par Moïse ou les prophètes. Mais aurait-il été sage de déraciner brusquement les Israélites d'un contexte social commun à cette époque à tout l'Orient ? Dieu semble avoir préféré humaniser l'esclavage et montrer ainsi la voie de son abandon. Tous les sept ans, à l'occasion de l'année sabbatique dont nous avons déjà parlé, appelée aussi année de relâche, l'esclave d'origine Israélite devait être rendu à la liberté, sauf volonté formelle de sa part, pourvu d'ailleurs de larges présents lui permettant de repartir vraiment libre dans la vie. L'Eternel fait aux Israélites une solennelle déclaration qui équivaut à dire : « Vous êtes mes esclaves, et non ceux des hommes.» Lévitique 25 : 55. L'esclavage, comme la propriété, est ainsi relatif, limité par la présence divine. Quand Dieu est exclu des notions de propriété (individuelle ou collective), celles-ci prennent un caractère absolu, perpétuel, oppressif, que ce soit celles des possédants dans le monde capitaliste ou celles 7 Le maniement de l'argent : une gérance La rencontre du riche et du pauvre de l'Etat dans le monde communiste. L'esclavage moderne s'y développe alors dans l'un comme dans l'autre. Par le plan biblique toute famille israélite était, elle, protégée de l'extrême richesse, comme de l'extrême pauvreté. Le maniement des revenus et de l'argent fait aussi dans la Bible l'objet d'un grand nombre de lois et de conseils. On retrouve encore ici l'affirmation concernant les biens fonciers et les esclaves, selon laquelle Dieu est le seul vrai propriétaire de nos personnes, de nos terres, de nos biens : «L'argent est à moi, l'or est à moi, dit /'Eternel des armées.» Aggée 2 : 8. La dîme permettant l'entretien des Lévites préposés aux services du culte et à l'instruction du peuple, devait être considérée non comme un impôt, mais comme le poste prioritaire des dépenses d'un administrateur fidèle. Certaines églises protestantes ont fortement recommandé et même repris à leur compte, pour leur plus grand bien, ce principe biblique. Il semble qu'un second poste de dépenses était prévu pour les pauvres sous la forme d'une seconde dîme, alimentant un fonds public administré par les prêtres. Nous pourrions parler aussi des offrandes spontanées faites en toutes sortes d'occasion et dont le récit a été conservé pour l'instruction de notre libéralité. Le prêt devait se faire sans intérêt (Exode 22 : 23). L'année sabbatique, non seulement les esclaves Israélites étaient renvoyés, et non à vide comme nous l'avons vu, mais les créanciers devaient abandonner leurs droits sur les débiteurs israélites. C'était sagement couper court à des rancunes sans fin concernant des impayés et inviter chacun à la prudence. Au moment des récoltes, il était prévu que les pauvres puissent gra-piller et glaner. Il était interdit au paysan israélite de ratisser à fond ses champs, mais il devait laisser les endroits et les fruits difficilement accessibles à l'usage des pauvres (Lévitique 19 : 9, 10). Toutes ces mesures étaient l'application de l'ordre divin : «Garde-toi d'avoir un œil sans pitié pour ton frère indigent.» Deutéronome 15:9. Les règles de conduite à l'égard de l'étranger, quoique marquant certaines différences explicables, sont aussi pleines de bonté. C'est déjà une ouverture à la notion mondiale de la famille humaine. Si tout ce que Les premiers chrétiens, des communautés ? Le christianisme en action nous venons d'étudier n'est pas, bien sûr, applicable de nos jours, les principes et l'esprit restent. Le socialisme biblique est contenu dans cette parole des Proverbes (22 : 2) : «Le riche et le pauvre se rencontrent ; c'est I'Eternel qui les a faits l'un et l'autre.» Le rôle du riche vis-à-vis du pauvre est de lui faire justice et de l'enrichir. Mais pas d'une aumône impersonnelle. Un contact humain doit avoir lieu. Le riche et le pauvre doivent «se rencontrer» et le riche doit «aider le pauvre à s'aider lui-même». Il y a toute une pédagogie de la bienfaisance qui est à apprendre par expérience. L'exemple de Jésus est devant nous, lui «qui pour nous s'est fait pauvre de riche qu'il était, afin que par sa pauvreté nous fussions enrichis» (2 Corinthiens 8:9). Les bénédictions les plus abondantes et les malédictions les plus sévères reposent sur le riche selon sa conduite envers le pauvre. A témoin, parmi des dizaines d'autres, ces deux paroles : «Heureux celui qui s'intéresse au pauvre.» Psaume 41 : 2. «A vous maintenant, riches ! ... Vos richesses sont pourries.» Jacques 5:1-6. On a prétendu que les chrétiens de l'Eglise primitive donnaient un exemple de communisme quand il nous est rapporté que «tout était commun entre eux» (Actes 4 : 32). Mais on se rend compte que ce communisme était circonstanciel, non étendu à tous les chrétiens et pas obligatoire. Pierre dit à Ananias : «Si ton champ n'eût pas été vendu, ne te restait-il pas ?» Actes 5 : 4. Tout l'enseignement social du Nouveau Testament ne se comprend que par rapport à la propriété. L'apôtre Paul dit par exemple : « Que celui qui dérobait ne dérobe plus; mais plutôt qu'il travaille en faisant de ses mains ce qui est bien pour avoir de quoi donner à celui qui est dans le besoin. » Ephésiens 4 : 28. A propos d'une vaste collecte destinée aux chrétiens de Jérusalem, le même apôtre écrit aux Corinthiens : «Dieu veut vous combler de toutes sortes de grâces afin que, possédant toujours en toute chose de quoi satisfaire à tous vos besoins, vous ayez encore en abondance pour toute bonne œuvre.» 2 Corinthiens 9 : 8. Le champ est largement ouvert aux chrétiens « pour toute bonne œuvre » sociale et personnelle. Voici les références de trois textes qui peuvent nous suggérer bien des domaines d'activités : Job 29 : 11-17; Esaïe 58 : 6-11 ; Matthieu 25 : 31-46. Des 8 Nous ne pouvons approuver et soutenir un socialisme qui se déclare athée, qui impose ses vues, qui prétend que la fin justifie les moyens, qui est partisan de la manière forte, qui nie la propriété et la famille, qui sacrifie l'individu et le maintient dans l'infantilisme en le soumettant à la propagande. Quoique le chrétien doive courageusement dénoncer le mal, et là nous sommes trop souvent indifférents ou lâches, son rôle n'est pas de se mêler à des luttes de caractère partisan, de souffler sur les haines, et de dresser les hommes les uns contre les autres, même au nom de la justice. Nous croyons que le chrétien trouve en Dieu la source de son amour pour le prochain qu'il doit persuader et gagner par l'affection. Nous pensons que la propriété est voulue de Dieu. Elle semble bien correspondre aux structures profondes de l'homme. Comment d'ailleurs donner si l'on ne possède rien ? Dieu nous éprouve et nous éduque par l'intermédiaire des biens dont nous disposons. Nous estimons que si le devoir de l'homme est de servir la société (Jésus a dit lui-même : « Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir » Matthieu 20 : 28), la société a le devoir de favoriser l'épanouissement des individus. Sinon elle manque à ses devoirs. Agénor de Gasparin écrivait il y a un siècle : «La vraie liberté veut des consciences, la vraie liberté veut des hommes. » (6) Le socialisme chrétien doit se placer au-dessusdes luttes politiques. Il doit éviter «une fausse présence au monde». (7) A l'époque de la guerre de Sécession, on a posé en Amérique la question suivante « Pourquoi les abolitionnistes adventistes ne participent-ils pas à une action politique ?» Uriah Smith, l'un des leurs, a sagement répondu : « Le premier objet de nos efforts est d'émanciper notre prochain du pire de tous les esclavages, celui du péché (8).» En transposant ces paroles, ne pourrait-on pas dire que la pire des misères sociales, c'est le péché ? On ne construit pas une société nouvelle avec des hommes dont le cœur n'est pas changé. Ce travail de Dieu dans le cœur des hommes est la base de toute œuvre socialiste durable. Le chrétien est simplement appelé à donner témoignage de cette œuvre en lui. L'Evangile a d'abord renversé l'esclavage dans les cœurs avant de le renverser par les lois. Le mot d'ordre social du chrétien est <(L'amour du Christ nous presse.» 2 Corinthiens 5:14. Son attente est celle de «la Cité dont Dieu est l'architecte et le Constructeur» l'attente d'«une terre nouvelle où la justice habitera» (Hébreux 11 : 10; 2 Pierre 3 : 13). L'Eglise en est pour lui l'avant-goût. Sa révolution sera le retour prochain du Christ. En bon disciple, il le hâte de toutes ses forces. Gérard PO U B LAN (1) L'Express, n° 1013, 7-13 déc. 1970, p. 88-91. (2) Ibidem. (3) Georges Bourgin et Pierre Rimbert, Le socialisme, PUF, p. 115. (4) Ellen G. White, Education, S.D.T., p. 39, 40. (5) Agénor de Gasparin, La liberté morale, Caïman-Lévy, passim. (6) Ellen G. White, Le ministère de la bienfaisance, S.D.T., p. 241. (7) Jacques Ellul, Fausse présence au monde moderne, Labor et Fides. (8) Review and Herald, vol. 147, n° 4, p. 11. LA VOIX DE L'ESPÉRANCE Cours biblique gratuit par correspondance Belgique : 11, rue Ernest Allard 1000 Bruxelles Suisse : Case postale 141,1013 Lausanne France : 63, rue du Fg Poissonnière 75009 Paris 9 collaborations nous sont offertes de toutes parts. Mais au milieu de toutes les sollicitations à notre libéralité et à notre action il faut savoir distinguer ce qui est vraiment profitable à nos frères humains et quelles méthodes employer. A ce propos, nous signalons à nos lecteurs un livre remarquable : «Le ministère de la bienfaisance», d'Ellen G. White, aux Editions «Signes des Temps». Nous citons quelques pensées de ce livre : « Le christianisme est le baume de la pauvreté. ... Le riche est l'économe du pauvre.... Puisse le Seigneur nous rendre capables de voir les besoins des pauvres et nous donner un cœur bien disposé pour les satisfaire (5).» En guise de conclusion Faux socialisme Le socialisme du chrétien MON AME, BENIS L'ETERNEL! PSAUME 103 Mon âme, bénis l'Eternel ! Que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom ! Mon âme,bénis l'Eternel, Et n'oublie aucun de ses bienfaits ! C'est lui qui pardonne toutes tes iniquités. Qui guérit toutes tes maladies ; C'est lui qui délivre ta vie de la fosse. Qui te couronne de bonté et de miséricorde ; C'est lui qui rassasie de biens ta vieillesse. Qui te fait rajeunir comme l'aigle. L'Eternel fait justice. Il fait droit à tous les opprimés. Il a manifesté ses voies à Moïse, Ses œuvres aux enfants d'Israël. L'Eternel est miséricordieux et compatissant. Lent à la colère et riche en bonté ; Il ne conteste pas sans cesse. Il ne garde pas sa colère à toujours ; Il ne nous traite pas selon nos péchés. Il ne nous punit pas selon nos iniquités. Mais autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre. Autant sa bonté est grande pour ceux qui le craignent ; Autant l'orient est éloigné de l'occident. Autant il éloigne de nous nos transgressions. Comme un père a compassion de ses enfants, L'Eternel a compassion de ceux qui le craignent. Car il sait de quoi nous sommes formés. Il se souvient que nous sommes poussière. L'homme ! ses jours sont comme l'herbe. Il fleurit comme la fleur des champs. Lorsqu'un vent passe sur elle, elle n'est plus. Et le lieu qu'elleoccupait nela reconnaît plus. Mais la bonté de l'Eternel dure à jamais pour ceux qui le craignent. Et sa miséricorde pour les enfants de leurs enfants. Pour ceux qui gardent son alliance. Et se souviennent de ses commandements afin de les accomplir. L'Eternel a établi son trône dans les cieux. Et son règne domine sur toutes choses. Bénissez l'Eternel, vous ses anges. Qui êtes puissants en force, et qui exécutez ses ordres. En obéissant à la voix de sa parole ! Bénissez l'Eternel, vous toutes ses armées. Qui êtes ses serviteurs, et qui faites sa volonté ! Bénissez l'Eternel, vous toutes ses œuvres. Dans tous les lieux de sa domination ! Mon âme bénis l'Eternel ! On a écrit de ce Psaume qu'il était «l'Himalaya des Psaumes de reconnaissance», tant il en déborde du début jusqu'à la fin. Il serait fastidieux de citer ici les nombreux textes de la Bible contenant les verbes louer, bénir, glorifier, rendre grâce. Et si plusieurs psalmistes invitent les croyants à célébrer Dieu avec eux (Psaumes 95, 96, 98, 100, etc.), David, dans le chapitre lu précédemment, va plus loin encore. Il s'invite, s'exhorte en quelque sorte lui-même à remercier son Seigneur. Rappelez-vous sa première et dernière phrase: «Mon âme, bénis l'Eternel !» Il est vrai que la reconnaissance ne nous est pas naturelle, et qu'au niveau des simples relations humaines on entend de moins en moins de «merci» ! L'évangéliste Luc rapporte qu'après la guérison de dix lépreux par le Christ, un seul revint sur ses pas pour lui témoigner sa gratitude. Et Jésus de s'étonner: «Les dix n'ont-Hs pas été guéris ? Et les neuf autres, où sont-iis ?» Luc 17:17. Avec le développement moderne de la puissance matérielle et technique, l'homme ne sent plus la nécessité de demander l'aide du Ciel dans sa vie quotidienne. Encore moins de le remercier. Dans un ouvrage révélateur: Dieu pour l'homme d'aujourd'hui, Jacques Duquesne écrit: L'homme n'a plus besoin de Dieu, du moins d'un certain Dieu; il s'estime capable de prendre en charge ce monde seul. ... La science a analysé les phénomènes naturels, prouvé qu'ils obéissaient à certains automatismes, à des lois, et du même coup, écarté l'intervention quasi permanente de Dieu. ... „Le monde, écrit Harvey Cox, est devenu notre affaire et notre responsabilité." Les paysans bourguignons, qui se rendaient traditionnellement en pèlerinage pour implorer la protection divine contre les maladies de la vigne, abandonnent brutalement cette pratique dès qu'est introduite la technique du sulfatage. ... Les salariés font plus confiance à la Sécurité sociale qu'à la Providence.» Et cependant, il demeure évident que sans la pluie et le soleil qui nous sont dispensés d'en haut, les semailles du cultivateur ne produiraient rien. L'attitude du chrétien ne peut que s'inspirer de cette admirable prière de David: «Maintenant, ô notre Dieu, nous te louons, et nous célébrons ton nom glorieux. ... Tout vient de toi, et nous recevons de ta main ce que nous t'offrons.» 1 Chroniques 29:13, 14. Pensons-nous chaque jour à remercier notre Père pour «tout ce que nous recevons de Lui»? Se réveiller chaque matin nous paraît chose naturelle, et pourtant, c'est là une pure grâce. Tout ne tient en somme qu'à un battement de cœur ! Et cette santé si menacée à notre époque, l'apprécions-nous comme un cadeau qui appelle notre reconnaissance... et nos soins vigilants ? Enfin, à combien d'accidents de voiture mortels échappons-nous à longueur d'année, sans le savoir ? Aussi l'auteur du Psaume 103 entreprend-il de dresser une liste des bienfaits reçus: rétablissement spirituel lié au pardon, guérison, protection de la vie, renouvellement des forces physiques, etc. Au lieu de nous plaindre de ce qui nous manque et ne va pas, prenons les «lunettes» de l'Action de Grâce afin d'apprendre à compter ce que la Providencenousaccorde libéralement. Alors notre vision des choses et de l'existence sera transformée. «Tout s'use en moi, mais dans son cœur Chante une jeunesse éternelle Et du temps je reste vainqueur» s'écriait le pasteur Decoppet, vers la fin de sa vie. Je songe à l'histoire de cette femme croyante enfermée à Dachau. Elle trouvait chaque jour au milieu de son enfer, une occasion de reconnaissance. Or, un soir qu'elle pensait n'avoir rien découvert, elle aperçut au bout de son baraquement, une petite pâquerette. Et cela lui suffit. «Que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom», dit David au Psaume 103. N'est-ce pas justement ce que nous demande le Christ: «Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force ! » Marc 12:30. Denis ROMAIN propos del'évolution «EVOLUTION ET BIOLOGIE «D'où venons-nous? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?» Question fondamentale que se posent aussi bien le savant que le philosophe ou le poète et le peintre (1). A cette question, l'évolutionnisme répond de la manière que l'on sait: l'homme vient de l'animal, lui-même issu, par filiation évolutive, d'êtres plus rudimentaires, résultats de combinaisons chimiques accomplies selon les lois du hasard à la surface de notre globe, ceci ily a quelques milliards d'années. La vie est donc apparue par hasard et, depuis son apparition, elle n'a pas cessé de progresser en produisant par filiation des espèces de plus en plus complexes. L'homme constitue le bourgeon terminal de cette efflorescence. La Bible, de son côté, présente une «philosophie de l'homme» bien différente. La révélation biblique, fondement de toute la foi chrétienne, nous parle au contraire d'une création originale parfaite, d'une humanité «réussie» d'emblée par un Dieu d'amour, niais qui s'éloigne à la fois de Dieu et de sa perfection par le choix d'une voie contraire qu'elle nomme le péché. C'est ce péché qui a séparé et sépare encore l'homme de Dieu et de la perfection prévue par Lui. C'est à ce péché que Jésus-Christ vient nous arracher en donnant sa vie pour assurer notre rédemption et notre salut; c'est-à-dire en préparant, pour ceux qui l'acceptent, une place dans ce royaume de Dieu qui n'est rien d'autre qu'une nouvelle Terre où la justice habitera (2 Pierre 3 : 13). TRANSFORMISME ET CHRISTIANISME On le voit, ces deux philosophies de la vie sont à ce point opposées que l'on s'étonne de voir des chrétiens accepter aussi généralement les thèses transformistes. Cette acceptation quasi-générale s'explique aisément pour trois raisons. 1. La religion s'est longtemps discréditée en condamnant les théories scientifiques de prime abord, au nom de l'autorité dogmatique, sans se donner la peine d'entreprendre une réfutation de ces théories sur le plan scientifique. Ainsi, pour beaucoup de nos contemporains, la thèse créatio-niste apparaît liée à l'obscurantisme, résidu des temps révolus. 2. Les thèses évolutionnistes sont souvent exposées, dans les écoles, comme des faits allant de soi, si bien que l'enfant, puis l'étudiant, même chrétien, s'installe tout naturellement dans cette mentalité évolutionniste sans apercevoir parfois les lacunes de la théorie, ou en quoi elle s'oppose à l'essence même de sa foi. 3. Au sein du christianisme même, on a assisté depuis le début du 20e siècle à un renversement des tendances: au 19e siècle, l'Eglise condamnait presque sans examen les thèses évolutionnistes au nom de quelques «déclarations bibliques» prétendues infaillibles, méconnaissant ainsi le véritable caractère de la Bible destinée plutôt à enseigner qu'à renseigner ; au 20e siècle, tombant d'un excès dans l'autre, l'Eglise en est venue à adopter ces mêmes thèses évolutionnistes, acceptant par là de vider l'enseignement chrétien de sa substance même. D'ultra-conservatrice et dogmatique, elle est tombée dans une indifférence coupable à l'égard de l'enseignement fondamental qu'il est de son devoir de donner aux hommes. Telles sont, entre autres, les raisons qui expliquent l'indifférence des chrétiens face aux théories évolutionnistes : ils les croient irréfutables, d'une part, conciliables avec l'enseignement chrétien, d'autre part. Or, il n'en est rien. Nous avons montré dans nos précédents articles (2) que la théorie évolutionniste ne présentait pas, dans le domaine de la géologie et de la paléontologie, ce caractère de certitude qu'on voudrait lui attribuer. Nous allons voir maintenant qu'il en est de même en biologie. 1. LA BIOLOGIE TRANSFORMISTE AU 19e SIÈCLE Deux noms ont marqué l'histoire de l'évolutionnisme. Ceux de J.B. Lamarck et de Ch. Darwin. A. J. B. Lamarck En 1809, J.B. Lamarck publie son ouvrage «La philosophie zoologique», dans lequel il posait les fondements du transformisme pour près d'un siècle. Constatant la multiplicité des espèces actuelles et passées, il s'attacha à expliquer ce foisonnement d'espèces en supposant qu'elles descendaient toutes d'un ancêtre commun. Ce sont le temps, d'une part, et le milieu, d'autre part, qui auraient été à l'origine des variations 12 à science et bible qu'il postulait. On peut résumer sommairement la thèse de Lamarck de la façon suivante: des changements de milieu (climat, environnement) obligent l'individu, au cours de son existence, à modifier son comportement (manière de se nourrir, de se défendre). Ce changement de comportement entraîne des modifications parfois considérables dans sa morphologie externe et même interne (atrophie, disparition ou apparition d'organes). Ces nouveaux caractères acquis sont alors transmis héréditairement à ses descendants qui modifient à leur tour le donné initial hérité dans le sens d'une meilleure adaptation aux conditions de vie rencontrées, et ainsi de suite. Peu à peu, les espèces se transforment. C'est ainsi disait Lamarck, que la girafe a pu allonger son cou à cause de la nécessité où elle était de brouter des feuillages de plus en plus élevés lors d'une variation de climat rendant de plus en plus rares les arbustes dont elle se nourrissait. De génération en génération, cet allongement s'est ajouté aux acquisitions antérieures, aboutissant ainsi à la girafe que nous connaissons. La théorie était séduisante. Elle présentait cependant de graves insuffisances décelables à l'époque même de Lamarck. Ainsi il aurait été possible défaire remarquer que la modification du milieu écologique n'entraîne généralement pas la transformation des habitudes et moins encore celle des organes, car l'animal change de biotope ou meurt. De même on pouvait souligner en son temps l'aspect hautement improbable de l'apparition d'organes nouveaux destinés à remplir une fonction encore inexistante. S'il est bien vrai que l'absence d'usage entraîne l'atrophie ou (peut-être) la disparition de l'organe correspondant, il est en revanche difficile d'admettre que la fonction soit créatrice d'organe. C'est mettre la charrue avant les bœufs. Déplus, les travaux des biologistes, tels Jordan, Weismann ou Mendel, ont en effet démontré que les caractères acquis n'étaient pas transmis héréditairement. Pour reprendre notre exemple, la Girafe de Lamarck, même si elle avait pu allonger son cou durant sa vie (ce qui est douteux), n'aurait pas transmis à ses descendants le moindre avantage en ce domaine. Le moteur de la théorie était donc inexistant. Il fallait chercher ailleurs. B. Ch. Darwin A la suite de son voyage aux îles Galapagos en particulier, Ch. Darwin publia son ouvrage fondamental «L'origine des Espèces», en 1859. Il y exposait la théorie qui devait faire de lui le champion incontesté de l'évolutionnisme. Sa thèse se résume grosso modo ainsi: Les espèces ne sont pas stables. Elles sont fréquemment modifiées dans des sens divers par le milieu, mais surtout par le hasard, la nourriture, les efforts, etc. Ces transformations minimes affectant les individus durant leur existence sont transmises aux descendants et ainsi amplifiées. Or, la lutte pour la vie exerce une sévère sélection qui ne laisse subsister que les plus aptes, c'est-à-dire ceux qui ont développé des caractères «avantageux». Les autres sont éliminés. Ainsi, de génération en génération, le tri fait progresser les formes vivantes vers un mieux. Cette théorie avait l'avantage d'éviter certaines des puérilités de la thèse lamarckiste. Elle bénéficiait de plus de l'exemple frappant de la sélection artificielle pratiquée par les éleveurs de bétail contemporains de Darwin. Elle semblait donc si solide que beaucoup furent et sont encore séduits par elle. Cependant, sous cette forme, elle ne résistait pas aux faits. En effet : 1. Les espèces sont plus stables, autour d'un type moyen, que ne le prétendait Darwin. 2. La sélection ne peut pas jouer le rôle prépondérant que lui prêtait l'auteur. En effet, les grands responsables de l'élimination d'une faune ou d'une flore ne sont pas les modestes avantages ou désavantages acquis au cours d'une existence, mais bien les cataclysmes, les épizooties, les variations de climat, etc. De plus, l'exemple de la sélection artificielle ne peut pas s'appliquer à la nature. Dans le premier cas on isole les sujets à préserver et on les croise entre eux. On favorise ainsi le développement et la perpétuation de certains caractères qui, autrement, se perdraient ou s'amoindriraient par croisement. 3. Les caractères acquis, nous le savons maintenant, ne sont pas transmis héréditairement. Les avantages minimes acquis par un individu ne peuvent donc pas être récupérés et amplifiés par les descendants. Bref, la thèse darwiniste souffrait de tares de même ordre que la thèse lamarckiste. Le transformisme passait alors par une véritable crise dont bien peu étaient conscients: l'habitude et 13 .EVOLUTION ET BIOLOGIE le prestige de la science naissante avaient déjà fait basculer la plupart des hommes cultivés du côté du transformisme. Et pourtant sur le plan de la conformité aux faits scientifiques, le transformisme avait bien besoin d'un sauveur, à l'orée du 20e siècle. II. LA BIOLOGIE TRANSFORMISTE AU 20e SIÈCLE Ce sauveur, les transformistes crurent bien le trouver en la personne du botaniste hollandais H. De Vries. Il avait découvert, en 1901, qu'une même plante, par exemple, pouvait donner naissance à des «filles» dont certaines différaient de la mère par certains caractères secondaires (couleur, forme de fleur, etc.). Ces nouveaux caractères étaient, eux, héréditaires. On appela mutations ces transformations minimes affectant le patrimoine génétiqued'une espèce. Les évolutionnistes furent rassurés: ils trouvaient là, dans le mutationnisme, le moteur des transformations qu'ils supposaient avoir eu lieu sans jusqu'alors pouvoir faire autre chose que des suppositions. A LE MUTATIONNISME : DE VRIES ET JORDAN On comprend l'intérêt de cette découverte de De Vries. Désormais le transformisme pouvait dire: les espèces ne sont pas fixes, on peut constater, en laboratoire, qu'elles varient brusquement d'une génération à l'autre (et non lentement au cours de la vie du sujet). Ces transformations sont bel et bien héréditaires, donc leurs effets peuvent s'ajouter. Ainsi l'évolution se trouve justifiée par les faits. Il était temps ! Et cependant, un examen plus attentif conduit à refermer bientôt la porte entrouverte. En effet, les expériences de T. H. Morgan sur les mouches Drosophiles mirent en évidence les principaux caractères des mutations. Elles sont: 1. rares. La proportion des sujets affectés par des mutations est de l'ordre de 1/100 à 1/1000 au plus. Les éléments stables sont donc les plus nombreux entraînant en général la pérennité de l'espèce ; 2. d'ampleur minime. Les sujets mutés viables ne diffèrent de leurs congénères que par des caractères secondaires qui ne modifient pas les traits fondamentaux de l'espèce. On peut donc difficilement expliquer ainsi le passage d'espèce à espèce ; 3. de caractère le plus souvent amoindrissant ou léthal : La plupart des sujets mutés sont défavorisés par la mutation. Il en résulte une dégénérescence de l'espèce bien plus qu'un progrès. Très souvent même la mutation entraîne la mort de l'embryon mutant ; 4. non créatrice. La mutation affecte le patrimoine génétique en procédant par redoublement, soustraction ou suppression d'un donné existant. Elle n'innove jamais, elle ne crée jamais d'organe nouveau par exemple. Tous ces caractères, constatés expérimentalement, montrent que si une «évolution» est possible, elle devait bien plutôt porter le nom d'évolution régressive. Nous ne nions pas cette forme d'évolution. En cela nous sommes en accord à la fois avec les faits scientifiques et avec l'orientation générale de la «philosophie de la vie» exprimée par la Bible. Mais, on le voit, il ne s'agit pas là d'évolution au sens souhaité par les transformistes. B LES THÉORIES CONTEMPORAINES Devant l'échec du mutationnisme, les théoriciens contemporains ont accumulé un ensemble impressionnant d'indices et d'arguments. Récupérant des thèses anciennes tout ce qui peut l'être, diverses théories ont été élaborées. 1. Le néo-darwinisme insiste à nouveau sur le couple adaptation-sélection pour expliquer l'élimination des mutants défavorisés. Mais il se heurte à l'impossibilité d'expliquer les énormes «fossés» qui existent entre les espèces, fossés qui ne peuvent être comblés par les mutations constatées en laboratoire. Quittant donc à nouveau le domaine de l'observation des faits, certains sont conduits à invoquer des «macro-mutations» ou mutations «saltatoires» qu'il est bien difficile de justifier. On n'y parvient qu'en acceptant possible dans le passé ce qui ne l'est plus aujourd'hui; thèse en contradiction avec les présupposés actualistes. De plus, les mutations saltatoires invoquées n'auraient pu se perpétuer - si elles avaient pu avoir lieu — que selon une probabilité si infime qu'elle tient du miracle. Encore eût-il fallu que deux mutés de même type se rencontrent et s'accouplent, etc. 14 «EVOLUTION ET BIOLOGIE Bref, le néo-darwinisme, s'il est mieux construit que les théories précédentes, échoue totalement dans sa tentative d'explication de l'évolution supposée. 2. Le néo-lamarckisme. Cet échec a poussé certains chercheurs à retourner aux thèses chères à Lamarck : le milieu, pour eux, serait transformant, et les caractères acquis seraient transmissibles, contrairement aux lois habituellement reconnues. Cette thèse a eu son heure de gloire lorsque certains savants soviétiques affirmèrent avoir mis en évidence certaines transformations spectaculaires. Malheureusement pour le transformisme, il s'agissait d'erreurs (intentionnelles) et de ce que Jean Rostand a appelé «un délire idéologique» : on vou lait à tout prix prouver que la «science bourgeoise» était dans l'erreur, quitte à donner quelques coups de pouces à l'expérimentation (3). CONCLUSION Que résulte-t-il de tout cela ? Objectivement, il faut bien reconnaître que la théorie évolutionniste est séduisante par son ampleur de pensée, par son caractère général, par la somme d'observations qu'elle utilise. Mais il faut aussi reconnaître qu'elle échoue dans son explication de l'évolution : - Elle ne parvient pas à expliquer l'apparition de la vie ; — elle ne rend pas compte des transformations qu'elle suppose ; — elle affirme un progrès à partir de mutations généralement négatives; - elle invoque des macro-mutations ou l'action de phénomènes qui ne sont pas compatibles avec les faits expérimentaux actuellement connus. En bref, l'évolutionnisme le plus compatible avec les faits, c'est un évolutionnisme régressif. Celui-là même que suggère la révélation biblique. Jean FLORI (1) Une des toiles les plus célèbres du peintre Gauguin porte ce titre. (2) Voir Jean FLORI, A propos de l'évolution. Science et religion, «Signes des temps», novembre-décembre 1973, janvier-février, mars-avril 1974. (3) Pour de plus amples informations concernant la matière de cet article, nous renvoyons à Evolution ou création ?, par J. Flori et H. Rasolofomasoandro, éd. S.D.T., 1973, p. 145-212. Fragment du tableau de Gauguin : «D'où venons-nous ? - Qui sommes-nous ?» 15 LE REGNE LA PUISSANCE e règne de Dieu requiert en toute première instance ma soumission définitive. Ne point diriger ma vie, ou la laisser diriger par d'autres, mais me laisser conduire dans les sentiers tracés par lui, ceux que j'ignore encore, où seul il me guide. Comme cela, personne n'aura jamais rien à dire, ou à redire, ni moi non plus. Totale liberté, qui vient de ma complète dépendance. Quiconque a ce maître dans sa vie n'en aura jamais d'autre. ET LA GLOIRE a puissance. Rien ne se fait de grand dans cette vie, ni de durable, qu'au côté de Dieu. Que par lui. Il n'est point le bafoué, l'humilié, qui se complaît dans les échecs, les silences, les absences, les démissions, et en requiert autant de nous. La vie triomphante. Faire de sa vie quelque chose d'irremplaçable. Ne jamais avoir à contempler plus tard, trop tard, tous ces jours inutiles. Faire de chacun d'eux une victoire. Exulter dans l'épreuve. Chanter dans les coups durs, comme autrefois Paul et Silas, les ceps aux pieds. La puissance, la vraie. Celle du dedans. a gloire. Non la vengeance des opprimés. Non le m'as-tu vu. Non l'orgueil bête. Mais la certitude que tout doit mener à la sienne, et que ne compte que la sienne et moi, si je travaile à elle, verrai la plus grande récompense, qui sera l'aliment de ma foi. De tout le mal qui nous entoure, dans l'épreuve qui nous abat, dans les instants où tout bascule, où le vertige me prend d'en finir plus vite, et de sombrer volontairement: savoir qu'il n'est pas possible, qu'il n'est pas pensable que Dieu n'ait pas le dernier mot. Norbert HUGEDË 16 >EVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CH RÉTI EN - DE VE NIR CH RÉTI E N - DEVENIR CH R ÉTI E N - DEVENIR CHRÉ : CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN -IEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVEh 'ENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIE les intérêts passifs Esaü... Un seul nom, et tout est dit : nous voilà placés devant l'habile chasseur, l'homme robuste, celui qui aime le risque et la vie aventureuse. Tout pour en faire un « leader». Rien ne manque au tableau : succès auprès des femmes, mépris souverain des vieilleries à caractère religieux (droit d'aînesse). Personne ne lui contestera sa place de chef de clan. Il s'impose d'office. Quelle surprise de voir un tel homme verser des larmes... Vous souvenez-vous ? Cela se produit lorsqu'il se rend compte que la bénédiction paternelle vient de lui échapper, irrémédiablement. Oh ! ce n'est pas à dire qu'il se met en peine pour quelques paroles rituelles, cela correspondrait si peu à son caractère... Non ! ce qu'il regrette surtout, c'est de se sentir frustré de la part matérielle (non négligeable) qui s'attachait à cette bénédiction. Le Nouveau Testament porte sur Esaü un jugement écrasant : veillant à ce qu'il n'y ait «aucun impudique ni profanateur, comme Esaü qui, pour un seul mets, livra son droit d'aînesse. Vous savez bien que par la suite, quandH voulut obtenir la bénédiction, H fut rejeté ; car H ne put obtenir un changement de sentiment, bien qu'il l'eût recherché avec larmes» (Hébreux 12 : 16, 17). Une telle sévérité peut surprendre. Nous serions peut-être tentés d'invoquer pour lui certaines circonstances atténuantes : quand il a troqué ses privilèges de fils aîné contre le plat de lentilles, n'était-il pas accablé de fatigue, prêt à mourir de faim ? Son péché n'en demeure pas moins très grave : il s'est disqualifié en méprisant ainsi son rôle de chef spirituel. Certes, il y a bien d'autres hommes qui auraient mérité d'être rejetés comme lui, si on leur appliquait ce barême. La différence ? Il n'y a pas trace de repentance chez Esaü. Le passage cité est très significatif : «Par la suite... H ne put obtenir un changement de sentiment.» (Vers, de Jérusalem.) Se-gond a traduit de manière inexacte : «Son repentir ne put avoir aucun effet.» Le texte dit, littéralement : « H ne trouva pas le Heu du changement.» (Ce dernier mot est couramment employé pour désigner le «changement d'état d'esprit» que l'on appelle «repentance.») Une conclusion se dégage avec force : Esaü n'a pas été tourmenté à la suite de son marché avec Jacob ; il s'est moqué éperdument de son droit d'aînesse, jusqu'au jour où il a compris l'aboutissement néfaste de son insouciance religieuse sur le plan de l'héritage matériel... Regretter les conséquences malheureuses de son péché, ce n'est pas encore la vraie repentance ! Tous les jours qui se sont écoulés entre la faute et la «punition» sont autant de témoins à charge, et chacun d'eux pourrait s'écrier «Je certifie contre le pécheur que pendant toute ma durée, il ne s'est pas repenti !» Croyez-moi, tous ces jours pèseront lourd dans la balance, au grand moment du règlement des comptes ! Tant il est vrai que l'AB-SENCE DE REPENTIR APRÈS CHAQUE PÉCHÉ EST UN AUTRE PÉCHÉ. «Au pécheur ceci semblera peut-être exagéré, lui qui reconnaît à peine tout autre péché actuel pour un péché nouveau. Mais l'éternité, son comptable, est obligée d'inscrire l'état où l'on reste dans le péché au passif des nouveaux péchés» (1). La virulence du péché est telle qu'il s'engendre lui-même comme une conséquence. En d'autres termes, il existe une loi de condensation du péché : qui s'installe dans le péché ne vit plus simplement dans le péché, 18 ; DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHI R CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN ITIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVE ! VENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIRCHRÉT mais dans le «péché au carré». La Bible dit que Roboam fit le mal simplement «parce qu'il n'appliqua pas son cœur à chercher /'Eternel » (2 Chroniques 12:14). Imaginons une voiture qui aborde une descente raide. Cette voiture représente chacun de nous. Tout péché «supplémentaire» est illustré par le fait de presser un peu plus sur le champignon. Mais qu'on le fasse ou non, la voiture subira une accélération uniforme à cause de la pesanteur. Il suffit, au départ, d'engager le véhicule sur la pente pour que cette loi produise ses effets. Ainsi en est-il du péché : il n'est pas nécessaire d'en commettre d'autres pour être précipité dans cette chute ; le numéro un suffit à nous placer dans les conditions voulues, et l'absence de repentance provoque d'elle-même une «accélération» sans fin. Changeons de registre : la comptabilité nous fournira une autre image appropriée. Si je fais un emprunt à la banque, j'aurai à restituer, en plus du capital emprunté, des intérêts sur ce capital. On parle alors d'« intérêts passifs» : plus j'attends pour rembourser la somme, plus ils seront considérables. Ils ne sont pas à mon avantage, c'est pourquoi on les appelle «passifs». Chaque péché représente un nouvel emprunt. On comprendra facilement qu'il suffit d'un seul péché (même s'il n'est pas renouvelé) pour produire à la longue des intérêts passifs exorbitants. Pour être clair : il vaudrait mieux avoir péché cent fois et s'en être sincèrement repenti, que d'avoir commis un seul péché pour lequel on n'estimerait pas nécessaire de demander pardon à Dieu. L'enseignement de l'Ecriture est formel à ce sujet : comparer Luc 17 : 3, 4 et Romains 2 : 4, 5 ! Refuser la repentance, c'est désespérer de son péché, dans le sens où nous avons pris le verbe «désespérer» dans les articles précédents. Cette attitude peut consister à laisser indécise la question du Christ, ou à se sentir incapable de croire — tout en souffrant de cette incapacité - ou encore à traiter le christianisme de fable et de mensonge (à la limite, cela correspond au péché contre le Saint-Esprit). Ce refus plus ou moins secret peut même se travestir et prendre des airs très religieux : «Jamais je ne me le pardonnerai !» s'exclamera-t-on après avoir commis une faute grave. Comme si l'on avait à se pardonner soi-même... Si l'on considère le péché comme une guerre que l'homme a déclarée à Dieu, on discernera un changement de tactique dans les attitudes décrites ci-dessus : tout d'abord, l'homme se dérobe ou se retranche sur ses positions de retraite (quand il désespère de son péché) ; ensuite, progressivement, il passe à l'offensive (péché contre le Saint-Esprit). Ce qui nous dépasse, c'est que même dans ce climat de guerre, Dieu tienne encore à nous montrer son amour : « De tout temps, l'homme pécheur s'est révolté contre le plan salutaire de Dieu, mais de tout temps aussi Dieu a su capter l'énergie du péché et la mettre au service de ses desseins» (2). Ce procédé est particulièrement manifeste dans le cas de Jacob. Toute sa vie est étroitement liée au problème de la bénédiction (souvenons-nous du plat de lentilles, de sa tromperie à l'égard de son père, de son expérience à Béthel, et de sa requête après la lutte avec l'Ange). Après ce dernier épisode, la bénédiction qu'il avait autrefois prise par ruse revient d'une manière légitime (puisque c'est Dieu qui la lui accorde). Mais pour l'obtenir, il a dû confesser son nom, et par là reconnaître ses fautes - son nom signifie «supplanteur». En cet ins tant, Dieu a pour ainsi dire capté son énergie défensive pour la transformer en une supplication. C'est Dieu qui a provoqué l'incident, et qui a tenu à faire plier son adversaire jusqu'à ce qu'il lui révèle son nom, dans l'intention de lui faire grâce. Dans ce récit curieux, nous voyons Dieu poursuivre son dessein d'amour envers l'humanité. Jacob devient Israël, le «supplanteur» devient le champion de Dieu. Esaü aurait pu le devenir. C'était sa place, en tant que premier-né. Il y avait délibérément renoncé. Les larmes qu'il versa lorsqu'il revit son frère ne modifiaient pas le choix qu'il avait fait. Jacob, après un bien mauvais départ (un abus de confiance caractérisé !) s'était repris et revenait comme un repenti. Dieu avait dû le briser; sa résistance s'était transformée en requête. Esaü et Jacob : leurs chemins allaient s'écarter de plus en plus. Deux hommes. Deux frères. Deux destinées. Pour l'éternité... Pensez-y : Esaü et Jacob, c'est un peu vous-même. Avec un peu d'effort, vous les sentiriez, comme leur mère Rebecca, se heurter dans votre sein. Mais la différence, c'est qu'il ne tient qu'à vous d'enfanter la destinée de l'un ou celle de l'autre. « Le christianisme commande alors à chacun de nous de croire, c'est-à-dire qu'il nous dit : scandalise-toi ou crois. Pas un mot de plus; c'est tout. „Maintenant j'ai parlé, dit Dieu dans les cieux, nous en reparlerons dans l'éternité. Jusque-là, à toi de faire ce que tu veux, mais le Jugement t'attend" » (3). Seigneur, merci de ta confiance et de ta longue patience. Que ta parole nous ouvre à ton dessein de grâce ! Yvan BOURQUIN (1) Kierkegaard, Traité du désespoir, p. 208. (2) O. Cullmann, Le salut dans l’histoire, p. 321. (3) Kierkegaard, op. cit., p. 237. 19 DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉ IR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN -ÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVEN EVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIE CONTROLEZ VOUS-MEME : 1. Pourquoi Dieu a-t-il choisi Jacob de préférence à Esaü ? a) les œuvres de Jacob étaient meilleures que celles de son frère ; b) Esaü s'est disqualifié lui-même par son manque de foi ; c) il devait en être ainsi, car c'était écrit. 2. Quelle différence essentielle y a-t-il entre le péché d'Esaü (mépris du droit d'aînesse) et celui de Jacob (tromperie) ? a) après coup, ils n'ont pas eu la même attitude en face de leur péché ; b) Esaü a péché le premier ; c) le péché de l'aîné était nettement plus grave. 3. Pourquoi un premier péché met-il l'homme dans une situation périlleuse ? a) il risque de s'installer dans le péché, c'est-à-dire de continuer à pratiquer ce premier péché ; b) même si ce péché est «occasionnel», l'homme peut se croire quitte en le délaissant — et oublier de s'en repentir ; c) ce premier péché en appellera d'autres. 4. D'un mal, Dieu peut faire un bien ; quand est-ce particulièrement vrai ? a) à la Croix ? b) lors du péché de nos premiers parents ? c) quand nous péchons sans le savoir ? Réponses correctes : page 35. Agneau sans tache Sous la cravache, Sous les crachats Pour mon rachat. Sous la couronne Tu n'eus personne Qui t'assista Vers Golgotha. Vers le Calvaire, De toi mon frère, Certains disaient entre eux: Serait-il un sorcier? Il paraissait pourtant noble, auguste et princier. Seule l'âme attentive à son puissant message Reconnaissait en lui le divin personnage. Brisé pour nos péchés, pour notre iniquité, Sa grandeur éclatait dans son humanité. Marchant le dos courbé sous les clameurs de haine, N'ayant pour seul soutien que Simon de Cyrène, Son dos blessait, Il avançait Sous les sarcasmes. Entre deux spasmes Il s'affaissa Puis pr o n o n ç a Cette prière Montant au Père Comme un encens Rougi de sang: Mon Dieu pardonne, Ils n'ont personne, Plus de berger Dans le danger. Que mes disciples Dans leurs périples Touchent les cœurs Et soient vainqueurs De ville en ville Par l'Evangile. Le lieu maudit Parut. On dit: Qu'on le suspende Et qu'il étende Ses pieds, ses mains. Puis les Romains Clouèrent l'Homme Par chaque paume. Jésus frémit Mais se soumit Au dur supplice, Au sacrifice. En t'élevant Dans le Levant Sainte victime, Dieu magnanime, Ta sainte Croix Nous donne, ô Roi, Paix, vie et gloire Par ta victoire. André CANET 20 JESUS, EILS DE DIEU Il ne se trouve plus aujourd'hui d'historien sérieux pour douter de l'historicité de Jésus. Le charpentier de Nazareth est bien mort sur une croix. Le fait divers demeure. Mais ce que l'on met en doute, c'est la signification de cette mort, et l'on se représente Jésus soit comme un doux illuminé, victime innocente de la répression romaine, soit comme un agitateur politique dont le mysticisme nationaliste devait nécessairement se heurter au totalitarisme romain. Il faut dire que la situation politique de la Judée à l'époque de Jésus en faisait une sorte de machine infernale qui devait amener nécessairement l'éclatement politique de cette fraction de l'empire. La « machine infernale » Ni les rois hérodiens, créatures viles de la Rome impériale, ni Ponce-Pilate, le gouverneur de Judée, n'avaient suffisamment d'autorité pour assurer la paix de ce royaume divisé par des mouvements politiques divers; les plus exaltés vivant dans la haine de l'occupant, farouchement déterminés à recréer l'indépendance religieuse et politique de leur pays. Le souvenir de Judas Macchabée était encore dans tous les cœurs et l'invincible puissance des légions romaines s'arrêtait aux portes du temple : jamais le monothéisme juif n'entrerait dans l'abominable panthéon des dieux romains. La situation était confuse. Les uns voulaient ménager Rome, les autres lui vouer une guerre sans merci. Un parti ardent, décidé, extrémiste, des khamikazes juifs si l'on veut, les zélotes, semblent avoir fréquenté Jésus et même l'avoir souvent sollicité. Bar Kocheba lèvera des troupes parmi eux et les derniers, les plus farouches, mourront dans leur nid d'aigle, encerclés de camps romains, assiégés au milieu du désert de Juda, sur le rocher désolé et aride de Massada. Judas est sans doute de ceux-là et Pierre aussi, lui qui, d'un coup d'épée tranche l'oreille de Malchus que Jésus guérit sur le champ. Une double accusation pèse sur Jésus : il est, dit-il, le Fils de Dieu. Cette accusation le perd aux yeux des Juifs monothéistes. Il s'est fait Dieu, il doit mourir (1). Mais Rome connaît bien d'autres dieux, et même des hommes divinisés, un de plus ou de moins, ce n'est pas ce qui la gêne. De toute façon où est la vérité en ce domaine ? L'occupant romain a bien d'autres chats à fouetter et les querelles théologiques ne l'intéressent nullement : Qu'est-ce que la vérité ! s'écrie Pilate avec un haussement d'épaules (2). Mais l'affaire devient autrement épineuse, lorsqu'on accuse Jésus de se faire roi des Juifs. Il n'est à ce jour, en Judée, d'autre roi que César, c'est-à-dire Tibère. L'accuser de se dire roi, c'est le tuer. Et l'affaire ne peut être étouffée. Les Juifs dont le tribunal religieux, le Sanhédrin, ne peut mettre personne à mort sans l'autorisation préalable de Rome, tiennent désormais leur victime à leur merci : dénoncé comme agitateur nationaliste, Jésus doit mourir, broyé par l'intransigeante machine oppressive de Rome. «Si tu le relâches, lancent les Juifs, tu n'es pas l'ami de César.» Pilate doit se montrer à la hauteur de la situation et maintenir, chez ce peuple rebelle, la souveraine autorité de César. L'habile Pilate On a dit beaucoup de mal de Pilate, l'homme qui se lave les mains. Il est resté dans notre mémoire comme le symbole de l'habile politicien qui fuit ses responsabilités. Une lecture attentive du texte évangélique plaide en sa faveur. A plusieurs reprises, il cherche à délivrer Jésus. Comment l'histoire, l'ingrate histoire ne s'est-elle pas souvenue que Pilate tient tête seul à une foule sanguinaire : Je ne trouve aucun crime en lui (3), répète-t-il. Pilate cherche à sauver Jésus et c'est en ce sens que l'on a interprété l'ordre par lequel il fait battre Jésus de verges. Ce n'était pas une peine 21 légère. Fouetté jusqu'à ruisseler de sang, le condamné était lacéré par deux soldats armés de lanières de cuir dont les extrémités portaient des morceaux d'os ou de plomb qui labouraient la chair. Pendant la flagellation on frottait les plaies vives qui zébraient le dos, le ventre et la poitrine du condamné, avec une éponge imbibée de vinaigre, et lorsque le supplicié pendait lamentablement entre les deux piliers où on l'avait attaché, on l'allongeait sur une pierre froide, creusée dans le mur de la prison comme un rude lit de douleur sur lequel on versait un seau d'eau fraîche : il était fréquent que les plus rudes coquins s'évanouissent sous la douleur. De plus, Jésus sera livré aux jeux de la soldatesque romaine. Le règlement voulait qu'un condamné à mort fût abandonné au bon plaisir des soudards de la garde. Nous dirions aujourd'hui qu'il devenait une sorte de «tête de turc», de roi de carnaval ; c'est la sinistre fête dérisoire où Jésus fut couronné d'épines, vêtu de pourpre par les légionnaires qui le saluaient en s'écriant : Salut, roi des Juifs (14)1 et en le souffletant. C'est peut-être à cette occasion qu'au milieu des rires et des plaisanteries épaisses un soldat grava sur le sol du Lithostrotos que l'on peut encore voir aujourd'hui dans le couvent de l'Ecce Homo, ce sinistre «jeu du roi» qui livra Jésus aux quolibets et aux outrages. Ce qu'on n'a pas assez dit, c'est qu'il y avait là une manœuvre politique de Pilate : c'est évidemment avec ironie que Pilate déclara aux Juifs, au jour du jugement, Voici votre roi! Les Juifs ridiculisés, s'écrient crucifie ! et Pilate reprend de plus belle, avec une méprisante ironie Crucifierai-je votre roi! La soldatesque s'esclaffe. Le roi des Juifs est ridiculisé et un roi qui sombre dans le ridicule c'est moins que rien. Ah l'habile Pilate ! C'est un malin, c'est un fin politique : crucifier le roi des Juifs, c'est en faire un nouveau Juda Macchabée, c'est exacerber le nationalisme des zélotes, c'est aider à l'agitation révolutionnaire nationaliste. Mais le ridiculiser, le couvrir de crachats, le couronner d'épines, c'est couvrir de honte la cause zélote. Il ne faut surtout pas le crucifier, ce malheureux illuminé. Tel est le jeu de Pilate. Il est habile. De plus, il est presque juste puisque Jésus n'a pas mérité la mort. Mais les Juifs tiennent leur victime. Ils ne la lâcheront pas ôte-le, crucifie. Ils s'entêtent. Le fanatisme religieux des Juifs est presque aussi redoutable pour Pilate que l'agitation populaire. Il peut, du haut des tours de l'Antonia surveiller l'intérieur du temple, mais, lui, le maître, n'oserait pénétrer dans l'enceinte sacrée : Alors H le leur livra pour être crucifié (5). Après tout, cette ridicule et pitoyable loque humaine n'a guère d'importance à ses yeux dès l'instant où l'ordre romain n'est plus menacé. Toutefois, il convient de bien consommer devant la populace juive le ridicule du nationalisme juif. Pilate exige donc qu'un écriteau soit cloué sur la croix au-dessus de la tête du condamné. Rédigé en grec, en hébreu, en latin afin que nul n'en ignore, cet écriteau portait ces mots : Jésus de Nazareth, roi des Juifs. (6) Voilà ce que Rome faisait des rois juifs ! Les Juifs, les notables juifs, les gens rangés, les principaux sacrificateurs, protestèrent et dirent à Pilate : N'écris pas roi des Juifs. Mais écris qu'il a dit : Je suis le roi des Juifs. Question de forme ? nullement ! Question d'autorité et, crispant sans doute la bouche dans un rictus de colère, Pilate cria : Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit ! Il n'y avait rien à répliquer. Le supplice de la croix Affaibli par les souffrances qu'il venait d'endurer, Jésus a dû porter sur le dos, à travers les rues de Jérusalem le patibulum, cette lourde poutre qui formait la partie horizontale de la croix. Ses plaies vives saignent sous le poids du madrier rugueux mal équarri. Fiévreux, son regard se trouble, ses jambes chancellent, il trébuche sur les marches qui hachent les ruelles brûlantes de soleil, il s'écroule sous le poids de son fardeau, haletant, agenouillé dans le ruisseau. Les quolibets fusent. Lorsqu'il travaillait chez son père, à Nazareth, il y a seulement trois ans et demi, il portait des poutres toute la journée avec aisance. C'était alors un solide garçon de trente ans, nullement un intellectuel aux doigts délicats, nullement un docteur de la loi : c'était un rude charpentier, fils du peuple et de bonne race. Aujourd'hui, exangue, meurtri, affaibli, il est l'homme de douleur, habitué à la souffrance que nous décrit Esaïe. (7) Aujourd'hui, il est ridicule : Nous l'avons considéré comme puni, frappé de Dieu et humilié, ajoute Esaïe. (8) // n'avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, et son aspect n'avait rien pour nous plaire. ... Semblable à celui dont on détourne le visage, nous l'avons dédaigné, nous n'avons fait de lui aucun cas, écrit le prophète en annonçant ainsi, huit siècles à l'avance, l'attitude des Juifs devant Jésus. Souffrir en héros, mourir les armes à la main comme les soldats de Judas Macchabée, se suicider dans un ultime geste de bravoure comme les farouches révoltés de Massada, c'est une gloire, c'est un honneur impérissable. Mais devenir dans un jeu sinistre et sanglant, la risée du peuple, être accablé de mépris, d'injures, de crachats, être vendu trente deniers ... et avoir tant aimé ce peuple, avoir tant aimé les hommes : Jérusalem ! s'était écrié Jésus, Jérusalem ! qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés ! combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses petits sous ses ailes et vous ne l'avez pas voulu ! (9) Quelle récompense de tant d'amour ! c'est alors que s'avancent les saintes femmes, et puis les femmes du peuple, et tout le peuple et Simon de Cyrène qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix, pour qu'il la portât derrière Jésus comme dit saint Luc. (10) // était suivi, note saint Luc, d'une grande multitude du peuple et de femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Les événements sont irréversibles : le condamné ira à la mort. Mais le peuple, le petit peuple l'a reconnu. Il ne s'y trompe pas, lui. Et Voltaire a fort bien observé les origines du christianisme lorsqu'il a déclaré que «la plus vile canaille l'avait tout d'abord embrassé». Depuis vingt 22 siècles, le peuple des petits, le même peuple, celui de Simon de Cyrène et des saintes femmes, celui de «cette nommée Véronique» comme l'appelle Péguy, marche derrière lui en se frappant la poitrine. Encore aujourd'hui à Jérusalem, on peut voir la foule qui suit la grande croix dans les rues de la ville sainte, le vendredi soir avant le sabbat. Le peuple s'assemble au Golgotha, hors de la ville. Trois poteaux sont placés là. Et les deux larrons auront leur part du sacrifice et leur part de la fête, de la fête de Pâques, la vraie ! On l'étend à même le sol. Tout son corps n'est qu'une plaie vive. Il ferme les yeux. Un genou brutal écrase son bras contre le bois rugueux. Un coup sec : il n'a même pas senti le clou pénétrer son poignet. On crie. On hisse le corps pantelant, haletant qui reste accroché en l'air. Le bois vibre longuement : on cloue ses pieds. La foule regarde, hébétée. (11) Marie, sa mère, sanglote, sou tenue par Jean, au pied du sinistre Gibet. Le ciel se charge de nuages. Saint Luc écrit : Les magistrats se moquaient de Jésus, disant : ii a sauvé les autres, qu'il se sauve lui-même, s'il est le Christ, l'élu de Dieu (12) ! Les soldats romains s'amusent : s'approchant et lui présentant du vinaigre, ils disaient : Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même (13)1 Comble d'ironie, même l'un des deux malfaiteurs crucifiés avec lui l'injurie odieusement. Dans les premiers moments, le supplice de la croix n'empêchait pas les condamnés de parler. Mais rapidement, sous la chaleur accablante, le supplice devenait horrible. Plus le condamné était vigoureux et plus son supplice était long : certains suppliciés restaient ainsi deux jours, parfois plus, agonisants. Surtout, la croix avait ceci de terrible, que le condamné mourait d'asphyxie lente et mesurait lui-même, en quelque sorte, son temps d'agonie. Tant qu'il avait la force de se soulever en poussant sur ses talons et en se hissant par les bras, il pouvait dégager sa poitrine et respirer. Mais bientôt, la fatigue l'obligeait à relâcher son effort. Les bras étirés par son propre poids, il ne pouvait plus alors respirer, et les muscles thoraciques, crispés «dans une crampe de tout le corps», comme le dit très justement encore Péguy, se paralysaient : il mourait d'asphyxie, cherchant l'air dans un effort de plus en plus désordonné, qui l'épuisait. C'est ainsi que l'un des deux larrons - celui que nous appelons depuis «le bon larron» - reprenait le premier : Ne crains-tu pas Dieu... pour nous c'est justice... Mais celui-ci n'a rien fait de mal ! Et le moribond lança cet appel pathétique à Jésus : Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne (14) ! Alors, se hissant vers la lumière dans un suprême effort, Jésus prononça cette phrase hachée par le halètement fiévreux d'un crucifié, ponctuée peut-être déjà par les râles de l'agonie, tandis que les témoins de la scène observaient ses poignets ensanglantés par l'effort : Je te le dis... en vérité... aujourd'hui... tu seras... avec moi... dans le paradis (15)1 Sa bouche est sèche, sa gorge brûle, un sang noir gicle des plaies béantes que meurtrit chaque mouvement, et coule des veines bleues nouées sous la couronne d'épines. Sous le ciel orageux qui couvre la terre de ténèbres il aura encore la force de prononcer une ultime prière : Père, je remets mon esprit entre tes mains (16) ! QUATRE SOLUTIONS Le problème que pose ce récit ne peut recevoir que quatre solutions entre lesquelles il faut nécessairement choisir. L'hypothèse de la folie: Elle suppose que Jésus était un illuminé, un fou mystique. Mais cette solution est à éliminer parce qu'un fou ne soulève pas l'enthousiasme des foules. Les répliques de Jésus, frappées au coin d'un solide bon sens, déconcertent scribes et pharisiens. 23 Eglise de Donge Son comportement est supérieurement équilibré, habile à l'égard de ceux qui lui posent les questions captieuses, délicat envers la Samaritaine; son Sermon sur la montagne est un poème harmonieux et paisible; il guérit et se révèle (quoi qu'on puisse penser de son activité de thaumaturge), un facteur de calme, de délivrance pour tous ceux qui l'approchent. On l'accueille volontiers: il est l'invité des noces de Cana, l'hôte des pharisiens, de Za-chée; il est écouté comme un rabbi, c'est-à-dire comme un maître, et Nicodème, un chef des pharisiens, lui parle visiblement avec le plus profond respect - un respect qui ne tient pas seulement aux formules conventionnelles de la politesse orientale. L'hypothèse de la folie mystique est donc à écarter et, d'ailleurs, aucun historien sérieux ne la retient aujourd'hui. L'hypothèse de l'agitateur politique : Jésus était, selon certains, un agitateur politique dangereux autant pour une Rome oppressive que pour les Juifs conservateurs. Il a donc été brisé par un jeu de forces politiques qu'il n'a pas su dominer. Ce n'est qu'un cas illustre à verser au dossier des crimes politiques. Mais cette hypothèse non plus ne peut être retenue, car elle va à l'encontre de toute l'attitude non violente de Jésus. Sont-elles d'un agitateur politique ces paroles du Sermon sur la montagne que l'on a regardé avec raison comme la Charte du Christianisme: Vous avez appris qu'il a été dit: Oeil pour oeil, et dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite présente-lui aussi l'autre. ... Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. (17) Il désarme Pierre qui tire l'épée - et, avec lui, il désarme tous les chrétiens - lorsqu'il lui donne cet ordre: Remets ton épée à sa place car celui qui tirera l'épée périra par l'épée. (18) La thèse de Renan. Jésus n'est pas un fou mystique, ce n'est pas non plus un agitateur politique. C'est, au contraire, l'un des plus purs génies religieux, bien au-dessus des prophètes les plus grands dont il est comme la fine fleur. Il est, moralement, l'homme le plus beau qui ait jamais paru sur la terre. Mais il n'est pas le Fils de Dieu, le Messie qu'il croyait être ou plutôt que ses disciples frustres ont cru deviner en lui. Il faut bien saisir le caractère particulier de cette doctrine qui est celle d'un très grand nombre d'incroyants encore aujourd'hui. Elle ne verse dans aucun excès, et c'est là l'un des secrets de la séduction qu'elle exerce sur nombre d'esprits. Ce n'est pas une négation brutale de la divinité de Jésus. Renan écarte la thèse irrecevable de la folie mystique et il exalte, avec souvent beaucoup de finesse, les qualités humaines de son héros. Mais il écarte également la thèse orthodoxe du Fils de Dieu, thèse jugée irrationnelle. Renan, dans un style souvent très beau, nous campe un Jésus vigoureux dont il sait faire revivre le bon sens populaire, la finesse, la grandeur d'âme. Mais il estime que l'on nous a trompés en nous le présentant comme un Dieu fait homme. Toute la théologie de saint Paul, les récits des évangiles ont surchargé cette histoire simplement humaine, ce fait divers, d'un merveilleux factice et légendaire. Cette thèse subtile présentée par Renan avec beaucoup d'érudition historique et surtout beaucoup d'art - Renan est un magicien du style -s'écroule devant les faits. Cet être raisonnable atteint de mégalomanie ne peut être ce que Renan nous dit: Les deux aspects de cette personne reconstituée sont contradictoires. Mais Renan est habile : il fera retomber sur les disciples, sur saint Paul, la plus lourde responsabilité de la falsification. La dimension christique de Jésus ne serait qu'une invention de ses disciples, une pieuse légende. Mais, dans ce cas, les faits s'inscrivent également en faux contre la thèse rationaliste de Renan. Car une légende est toujours ancienne. Elle se forme peu à peu au cours des siècles. Chaque génération lui apporte son enjolivure incontrôlée et incontrôlable. Il en est ainsi de la fameuse légende de Gilgamesh en Mésopotamie ou de celle du Petit-Poucet. Mais nous voyons le fait historique de l'Eglise primitive apparaître du vivant des témoins oculaires de la vie de Jésus. Ce Jésus a sillonné toute la Palestine plusieurs fois du nord au sud. On le connaît, on connaît son village d'origine qui n'est pas celui que l'on eût attendu, on connaît sa vie qui n'a rien de légendaire: la mort horrible sur une croix est déconcertante; on connaît sa mission et ce n'est pas non plus celle que l'on eût espérée d'un Messie libérateur politique. On veut donc nous faire croire qu'avec des éléments qui vont à l'encontre de tout ce que les Juifs imaginaient ou souhaitaient de leur Messie, à l'époque de Jésus, sur le champ, à chaud, en moins d'une année, a explosé la légende christique, contrairement à toutes les règles élémentaires de la vie des littératures orales anciennes. Saint Paul, dans la première épître aux Corinthiens (chap. 15:6) pouvait déclarer, pour asseoir la doctrine de la résurrection dans cette église primitive, que cinq cents frères, dont nombre d'entre eux étaient encore vivants, avaient vu le Christ ressuscité et cette résurrection ne serait, selon Renan, qu'une légende ! Mieux encore, l'incrédulité première des disciples nous est le sûr garant de la spontanéité ultérieure de leur foi : Luc, au chapitre 24 verset 11, nous dit que lorsque les saintes femmes-qu'il nomme - rapportèrent aux disciples la nouvelle de la résurrection ils tinrent ces discours pour des rêveries et ils ne crurent pas ces femmes. Jésus devra paraître au milieu d'eux, les inviter à le toucher, forcer Thomas à mettre le doigt dans les trous de ses plaies pour les convaincre (Luc 24:36-42). Il faut qu'il apparaisse aux deux disciples d'Emmaüs et encore en Galilée une nouvelle fois aux onze pour que ses disciples se rendent enfin à l'évidence. Et nous voyons aussitôt, d'après le récit des Actes dont l'authenticité historique n'est pas contestable (car il ne reste pas quarante ans pour que le temple soit détruit et que tout ceci devienne incohérent et impossible), sur les lieux mêmes, sur le moment même, hic et nunc, nous voyons naître, se former et s'organiser l'Eglise primitive. Dès le chapitre deux du livre des Actes, cinquante jours après la Pâque où Jésus fut immolé dans les conditions que l'on sait, Le Seigneur ajoutait à l'Eglise ceux qui 24 étaient sauvés', en cinquante jours s'était formée une légende qui devait durer vingt siècles ! Pour croire Renan, il faut une large et généreuse crédulité ! C'est la thèse de Renan qui est une légende. JÉSUS, LE FILS DE DIEU : Il ne nous reste donc plus qu'une seule solution : Jésus est le Fils de Dieu annoncé par les prophètes, qui devait souffrir et mourir pour notre salut éternel, comme les prophètes l'avaient annoncé. Que ferons-nous donc devant la croix du calvaire ? Vingt siècles après nous ne pouvons rien faire d'autre que ceci qu'ont déjà fait avant nous les témoins de ce drame: Tous ceux qui assistaient en fouie à ce spectacle, après avoir vu ce qui était arrivé, s'en retournèrent, se frappant ia poitrine. (19) Car ce sont nos péchés qui l'ont crucifié. Alain ARCHIDEC (1 ) Jean 19:7. (2) Idem, 18:8. (3) Idem, 18:38 ; 19: 4, 6, 12. (4) Idem 19:3. (5) Idem, 19:16. (6) Idem, 19:20, 21. (7) Esaïe 53:3. (8) Idem, 53:4. (9) Matthieu 23:37. (10) Luc 23:26. (11) Idem, 23: 35a (12) Idem, 23:35b. (13) Idem, 23:36. (14) Idem, 23: 38-41 .(15) Idem, 23: 43. (16) Idem, 23:46. (17) Matthieu 5:38-44. (18) Idem, 26:52. (19) Luc 23:48. Pourquoi cherchez* vous parmi les morts celui qui est vivant? 25 Tombe byzantine située au nord de Jérusalem, près de la porte de Damas La ressemblance de ce site avec la description évangélique a fait croire à certains archéologues qu'il s'agissait du véritable tombeau du Christ. QUI EST PROPHETE? «Je ne sais plus qui croire ni où se trouve la vérité», s'écriait certain soir une amie, après avoir participé à un des nombreux colloques religieux qui se réunissent un peu partout actuellement. «L'un prêche la mort de Dieu, l'autre la révolution de Jésus, le troisième l'évolution progressive de la conscience humaine et les possibilités infinies de la science pour résoudre peu à peu les problèmes du monde. Comment m'y reconnaître parmi toutes ces théories, théologies et doctrines diverses ?» Le malaise ressenti par cette amie semble n'épargner personne à l'heure où toutes les Eglises procèdent à des révisions, s'interrogent sur leur mission et leur message au monde et tentent de se moderniser. Le Christ lui-même n'a-t-il pas mis en garde ses disciples des derniers temps avant son retour contre les faux docteurs et prophètes qui s'élèveraient du sein même de son Eglise pour égarer les élus s'il était possible (2 Pierre 2:1,2; Mat. 24 : 25). Ces séducteurs useront et usent des prodiges de leur intelligence, de leur raisonnement, de leur connaissance de la psychologie humaine, sachant bien que les hommes préfèrent suivre leurs propres désirs plutôt que la saine doctrine, qu'ils ont la démangeaison d'entendre des choses agréables et détournent volontiers l'oreille de la vérité pour se tourner vers les fables (2 Tim. 4 : 3, 4). Et le désarroi augmente parmi les plus fidèles qui cherchent à distinguer l'erreur de la vérité. Si le Christ a mis en garde ses brebis contre les loups déguisés en bergers, il leur a aussi fourni les armes et les lumières pour discerner dans le foisonnement des chemins proposés le seul vrai chemin. S'il n'a pas voulu répondre à la question désabusée de Pilate qui ne désirait nullement connaître la vérité, Jésus-Christ dans sa Parole a donné des indications pour éprouver les esprits et savoir s'ils sont de Dieu (1 Jean 4:1). 1 — Tout d'abord Esaïe nous fournit le grand principe qui guide toute recherche. A ceux qui, parmi son peuple, consultaient les devins et les spirites de son temps, qui interrogeaient les morts et prédisaient l'avenir, il lança l'injonction de retourner à la loi et au témoignage ! Si l'on ne parle pas ainsi, // n'y aura point d'aurore pour le peuple (Esaïe 8 : 20). Toute nouvelle théorie ou doctrine, avant d'être acceptée, doit donc être confrontée à l'ensemble de l'enseignement de la Bible, celui de la Loi, expression de la volonté et de la nature de Dieu, et celui des prophètes anciens, inspirés de Dieu, dont les paroles ne se contredisent pas puisque Dieu ne peut pas être en contradiction fondamentale avec lui-même. Paul explique ainsi aux Corinthiens que les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes car Dieu n'est pas un Dieu de désordre mais de paix (1 Corinthiens 14 : 32, 33). Selon ce principe, Jérémie 26 et Zacharie ont renvoyé leurs auditeurs aux prophètes de leurs prédécesseurs pour appuyer leur propre message (Jérémie 28 : 8 ; Zacharie 7 : 7). Sera donc reconnue comme vraie la doctrine qui sera en harmonie avec la Parole de Dieu dans son ensemble, avec le plan divin pour les hommes qui est révélé dans la Bible. 2- L'apôtre Jean nous donne un second critère de jugement : Reconnaissez à ceci K Esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n'est pas de Dieu. Un peu plus haut dans sa première lettre, il avait déjà écrit : Qui est menteur sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? 1 Jean 2 : 22 ; 4 : 2. Ne pas accepter l'intégralité de la personne de Jésus, à la fois Dieu, Créateur et Rédempteur (Hébreux 1 :8-12), et homme semblable en toutes choses à nous-mêmes (Hébreux 2:17 et Philippiens 2 : 5-11 ), c'est s'écarter de la «saine doctrine». Le nouveau prophète a pour mission d'amener les hommes à adorer Dieu et glorifier son œuvre salvatrice en la personne de son Fils. Quiconque n'exalterait pas le Père et le Fils d'une façon indissociable, ne pourrait être reçu comme le messager de Dieu. Je crois qu'il est très important de se souvenir de ce critère à l'heure actuelle où les philosophies et les religions cherchent surtout à exalter l'homme, sa puissance, sa science, son intelligence, sa créativité, ses facultés d'adaptation au monde ou son indépendance d'esprit. Chanter la gloire de l'homme, ne voir en Jésus que l'Homme parfait, révolutionnaire et sage, c'est penser qu'il n'y a pas besoin de salut, c'est refuser de dépendre de Dieu comme Créateur et Sauveur, c'est proclamer que le Royaume de Dieu est déjà sur cette terre et finalement que Dieu est mort. 3- Jésus dans ces avertissements à ses disciples nous indique un autre moyen de reconnaître le faux prophète : Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Matthieu 7 : 15, 16. De même qu'un poirier se distingue d'un pommier à ses fruits, de même nous pourrons distinguer l'Esprit de Dieu des autres esprits. Mais, direz-vous, quels sont ces fruits de l'Esprit divin ? Là encore, les écrits des apôtres sont très clairs et Paul nous donne une liste assez complète dans sa lettre aux Galates (Chapitre 5, verset 22) : Le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance. Celui qui prétend parler au nom de Dieu, doit faire preuve dans sa vie, c'est-à-dire dans ses paroles, ses actes, ses pensées, ses attitudes, toutes ses œuvres, de la transformation opérée par l'Esprit en lui, visible aux yeux de tous et étayant ses enseignements. Ceux-ci, à leur tour, produisent les mêmes effets dans le cœur et la vie de ceux qui les reçoivent. Demandons-nous sérieusement quel esprit nous habite après telle ou telle réunion, telle ou telle prédication ou étude. Avons-nous un esprit de critique, d'envie, de rancune, de jugement, de révolte vis-à-vis d'autrui ? La discorde a été semée. Eprouvons-nous un malaise certain devant l'interprétation d'un texte, mettons-nous en doute la vérité et l'harmonie de la Parole de Dieu ? C'est qu'alors le Serpent a répété sa question millénaire : Dieu a-t-il réellement dit ? ... (Genèse 3 : 1) pour saper notre foi. Au contraire les paroles entendues nous incitent-elles à revenir à de plus justes conceptions sur notre situation de créatures rebelles devant leur Créateur, à reconnaître notre dépendance de Dieu et de Jésus-Christ, à éliminer de notre vie tout ce qui nous sépare de lui et par là même d'autrui en nous conformant à ses exigences d'amour telles qu'il nous les a signifiées dans sa Loi, alors nous vivrons par l'Esprit, marchant selon l'Esprit (Galates 5 : 25). 4- Une histoire de l'Ancien Testament peut aussi nous aider dans notre enquête sur l'esprit de Vérité. Nous la trouvons au chapitre 18 du deuxième livre des Chroniques. Le roi d'Israël, Achab, demande à Josaphat, roi de Juda, son concours pour une expédition guerrière. Sur les instances de Josaphat, il consulte les prophètes pour connaître l'issue de ce projet. Tous les prophètes annoncent en bons courtisans le succès, sauf un, Michée qui ne se laisse pas influencer par le désir impérieux et les menaces d'Achab et lui annonce sa mort dans cette expédition hasardeuse, ce qui se réalise peu après malgré le stratagème du roi pour se dissimuler parmi ses soldats. Les messages divins ne sont pas liés aux désirs des hommes, à leurs idées politiques, à leurs impulsions ou leurs sentiments personnels. Michée parla contre son intérêt, Jérémie subit la prison et l'abandon dans une citerne. Les enseignements des prophètes résistaient à l'influence des idées de leurs contemporains. Pouvons-nous vérifier cette liberté, cette indépendance d'esprit par rapport aux modes de pensée de notre époque ? N'est-on pas regardé avec mépris, pitié ou indignation comme demalheureux «réactionnaires», d'impénitents «fondamentalistes», si l'on va à contre courant des messages politico-religieux, et si l'on aspire à plus de rigueur spirituelle et de vérité évangélique ? Ayons présents à l'esprit ces quatre critères de jugement toutes les fois que nous sommes en présence de nouvelles interprétations de la Bible, afin que nous ne soyons plus des enfants flottants, emportés à tout vent de doctrine par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction, mais que professant la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en Jésus-Christ (Ephésiens 4:14, 15). Evelyne ZUBER 27 Questions sur l'homme ! quel programme ! Il y a tout à demander à Dieu, à la mort, à la vie. Nous savons si peu de choses et tant de nos questions restent si souvent sans réréponses... L'entreprise d'Olivier Clément est généreuse et presque trop hardie. En 200 pages, il nous dit tout, ou presque, de ce qu'il croit. Questions sur l'homme : le titre convient mal ; c'est Réponses sur l'homme qu'il faudrait lire. A vrai dire, au début surtout, on éprouve une certaine irritation devant tant d'assurance. Les théologiens d'aujourd'hui promènent avec aplomb une superbe bonne conscience. C'est rassurant et inquiétant. Ils prouvent, argumentent, ratiocinent. Il y a, chez eux, un goût de l'analyse, une passion de la synthèse, un éréthisme des conclusions définitives qui laissent absolument pantois. Et puis quel style! Ils usent et abusent d'un jargon de sacristie et blutent le néologisme avec une rare dextérité. Les hommes d'Eglise devraient pourtant savoir mieux que les autres que les mots travestissent tout et qu'il convient toujours de choisir le moindre pour serrer la vérité au plus près. Ce livre, touffu, traduit un christianisme souvent nébuleux, confus mais riche, riche de sa confusion même. Olivier Clément est professeur à Saint-Serge, institut orthodoxe de Paris. On ne l'est pas impunément. Cependant ce christianisme teinté d'orientalisme renouvelle quelques aspects de notre théologie cartésienne et platonicienne, lui apporte une certaine poésie, une vibration toute particulière. Les idées d'Olivier Clément sont pour la plupart nouvelles et originales. Elles peuvent agacer ou séduire, mais elles méritent toutes notre attention. « Un cœur compliqué d'un ventre» Nous le savions déjà, le père Hugo avait pour çà trouvé la formule juste : « L'homme est un cœur compliqué d'un ventre.» L'ange déchu s'est brûlé les ailes à la lumière de Lucifer. Mais Clément se refuse à étudier l'homme pour lui-même, à s'apitoyer inutilement surcette misérable condition humaine, à gratter la même plaie avec le même tesson. Pour lui l'homme ne peut se définir que par sa relation avec son créateur. On retrouve ainsi la formule du vieil Héraclite: «La demeure de l'homme, c'est Dieu.» La mort. Toute étude sur l'homme doit aussi inclure cette dimension. La liberté (celle que Clément appelle la permissicite) devient ainsi un leurre puisqu'elle trouve là son ultime limite. La liberté authentique sera donc de «transformer toute situation de mort en situation de résurrection». L'homme sans Dieu est absent de lui-même et voulant se trouver se perd ou plutôt ne peut se trouver qu'en se perdant en Dieu. La morale du bien et du mal n'est en somme qu'un dialogue entre la communion et la séparation, entre «l'être et le néant». Il conviendrait donc de repenser la morale traditionnelle. Les sombres profondeurs de notre être ne recèlent peut-être pas tous nos maux et les évidences de la conscience claire restent bien troubles. Clément cite Jung et rappelle que Lucifer est d'abord un ange de lumière. Même le mal apporte la satiété et Dieu seul peut changer nos frustrations en épanouissement. Comme le dit Clément: «L'entrée dans l'existence chrétienne exige donc cette découverte simultanée de ma finitude et de ma soif d'infini.» Dans le fracas de ce style ébouriffé, on trouve parfois quelques lumineux aphorismes tel celui qui résume à lui seul cette partie du livre: «Je suis parce que je suis aimé.» « Une parcelle divine» Clément connaît bien les pères grecs. Il les cite abondamment et l'on se plaît à découvrir au détour des pages des textes qui n'ont rien perdu de leur jeunesse. Cette pensée de Grégoire de Nazianze par exemple: « En ma qualité de terre, je suis attaché à la vie d'ici-bas, mais étant aussi une parcelle divine, je porte dans mon sein le désir de l'éternité.» Ces lectures et une intime conviction conduisent Clément à une conception de l'homme fort belle. 28 questions sur l'homme « L'homme à l'image de Dieu, écrit-il, est l'abîme qui révèle partout les abîmes et fait un inconnu de l'être le plus familier.» Le premier homme auquel le Christ ait assuré son salut était un assassin. Voilà une belle leçon d'humilité pour nos jugements hâtifs et notre morale rétrécie. Dieu risque gros en nous laissant libres mais le salut est à cette condition; il n'est pas d'amour heureux sans liberté réciproque. « Une mosaïque à Ravenne» Le péché apparaît bien comme un acte de désolidarisation. A Ravenne, nous dit Clément, sur une mosaïque «Lucifer est représenté comme un ange très beau, mais d'une infinie nostalgie, d'une infinie tristesse: c'est qu'il est à côté du Christ et ne veut pas le voir». Christ nous aime d'un amour absolu, car «il n'existe lui-même que dans cet amour». Le chrétien est un homme à l'innocence retrouvée offert à toutes les disponibilités de l'amour de Christ. C'est ainsi que l'homme est promis à l'éternité: «Une première fois qui se renouvelle toujours et qui élargit notre prison aux frontières toujours reculées de l'infini.» Etre chrétien, c'est retrouver ainsi les vertus d'enfance et d'émerveillement (l'adulte, c'est celui qui commet des adultères et qui trompe d'abord son enfance), des vertus qui font aussi une part égale à l'humour et au respect. Humour, émerveillement, respect, ce pourrait être une définition de la prière, «celle qui vous libère de l'indifférence et de l'opacité». La prière devient ainsi le signe d'un amoursans arrière-pensée ; cetamour que l'homme recherche frénétiquement dans la promiscuité d'un éros angoissant, et qui ne trouve son accomplissement que dans les bras ouverts du Christ crucifié. « Le lien du cœur» L'homme moderne accorde sa confiance au corps et les «sépulcres blanchis deviennent des sépulcres bronzés». D'autre part, l'âme n'est pas seule concernée par le salut; elle a partie liée avec le corps. Clément rappelle à ce propos la jolie parole de Rozanov: «L'athée est celui qui n'a pas le sens de la chair.» Le destin de l'éros paraît donc primordial. Après avoir montré combien l'éros marque une passion de l'absolu qui ne parvient pas à s'incarner et par là même débouche sur le néant, Clément voit un accomplissement heureux de cet éros dans le monachisme. Le monachisme qui préserve dans un monde agité les valeurs stables et essentielles. L'éros transfiguré trouve ainsi sa pleine lumière car « comme le témoignage du martyr, celui du moine est l'écharde dans la chair du monde, la plaie avivée par le sel». L'obéissance «celle qui libère la liberté en crucifiant l'amour de soi», la chasteté «celle qui ne tue pas l'éros mais le vivifie par l'esprit», la pauvreté «celle qui prépare une économie planétaire fondée sur le partage, ces trois qualités conjuguées peuvent conduire le monde à son salut et le couple à sublimer l'éros. Aimer c'est se reconnaître lentement après un difficile itinéraire intérieur. « La pesanteur et la grâce» Cependant si ce moine préserve les valeurs authentiques et «vaque à l'œuvre du silence», réceptif aux appels de Dieu, dans le monde, la voix de Dieu se perd dans les clameurs du quotidien. Dieu et César, dilemme éternel que ressentent profondément les chrétiens qui doivent «ouvrir l'histoire à l'éternité» et la renouveler par le règne du Christ. Il est vrai que nous sommes chrétiens un jour sur sept et qu'on ne peut se béatifier dans la pesanteur de la chair. Il est vrai que nous avons aussi besoin de dépassement. L'espérance de l'au-delà vient combler cette exigence puisqu'elle nous «libère de l'angoisse fondamentale» et parvient à «libérer les forces vives de l'être». Trouver un accord entre Dieu et César consisterait, en somme, à «pacifier notre propre nature dans une tension créatrice». « La troisième révolution et la troisième beauté» Pour Olivier Clément, l'homme est, à la fois, «microcosme et microthéos». La chute est alors considérée comme une catastrophe cosmique et le destin de l'homme se trouve avoir partie liée avec celui de Dieu et de toute la création ; le salut de l'homme engage aussi le salut de l'univers. Cette prise de conscience mène-ra-t-elle l'homme à sa troisième révolution, la révolution spirituelle qui suivait celle de l'individu en 1789 et de la collectivité en 1917 ? Pourraient alors s'établir des relations privilégiées entre l'homme de science et l'homme d'église qui ne font sans le savoir qu'une seule et même personne. Aujourd'hui, pour qui suspecte science et religion, l'art apparaît comme la seule fuite, la seule démission qui reste créatrice. Cependant, Clément note, avec justesse, l'absence de visages dans l'art contemporain et, dans une belle analyse, oppose à cet art défiguré celui de l'icône qui est rayonnement du visage et de Dieu, véhicule privilégié d'une connaissance. Pour lui, l'icône rend possible, enfin, le mariage tant attendu de l'éthique et de l'esthétique. « La mort et la fête » Le livre se termine alors sur un hymne à la résurrection du Christ, sur ce chant de victoire sur la mort, sur la fête de l'espérance, sur la condamnation du mensonge originel qui «est de préférer son néant de créature à la vérité qui est Dieu», sur l'infinie miséricorde de Dieu. «Une poignée de sable dans la mer immense, écrivait Isaac le Syrien, voilà ce qui est le péché de toute chair en comparaison avec la miséricorde de Dieu.» Oui, il fallait le dire à la fin c'est la pureté de son espérance qui fait la grandeur du christianisme. C'est donc un bien beau livre que celui d'Olivier Clément; une mine d'idées hardies, heurtant souvent nos traditions et nos habitudes, suscitant la réflexion, aiguillonnant notre sens critique. Un livre de notre temps. Et pourtant... Il faut que je le dise parce que je l'ai sur le cœur; je me demande ce que des pêcheurs de Galilée auraient compris à ce beau livre. Jean-Marie THOMASSEAU 29 LE SAINT-ESPRIT L'œuvre de l'Esprit dans l'Eglise du Nouveau Testament Les disciples réunis dans la chambre haute reçurent le Saint-Esprit le jour de la Pentecôte. Ce jour inaugure la dispensation de l'Esprit, l'alliance nouvelle, et coïncide avec la glorification de Jésus, comme nous l'avons déjà dit. Dans l'Ancien Testament, c'est la personne du Père qui domine les relations de Dieu avec son peuple. On a dit qu'alors Dieu était pour nous. Avec Jésus, Dieu était avec nous (Emmanuel). Désormais, Dieu est en nous. Cela dit sans préjuger de l'action des trois personnes dans chaque dispensation. Aussi Jésus disait-il aux Douze : «H vous est avantageux que je m'en aille. » Jean 16:7. Etudions l'action de l'Esprit par les disciples après la Pentecôte. D'abord, la raison d'être des « apôtres», c'est d'être des témoins du Christ, et ils le seront par l'Esprit (Actes 1 : 8 ; Jean 14 : 26). Nous lisons la preuve de cette action dans le Nouveau Testament tout entier, en particulier dans les Actes, mais aussi dans les épîtres. Enfin, saint Jean, dans l'Apocalypse, est le grand témoin du «jour du Seigneur» (Apocalypse 1 : 10). Parmi les «témoignages» des apôtres, citons seulement : Actes 2 : 14-36; 3 : 12-26; 4 : 8-12 et en particulier l'affirmation si nette du chapitre 4, verset 33 : «Les apôtres rendaient avec beaucoup de force témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus. Et une grande grâce reposait sur eux tous. » Ensuite, l'Esprit produit par les disciples des miracles éclatants, manifestation de sa puissance. D'abord, des conversions massives : Actes 2 : 41, etc. Puis des guérisons : Actes 3 : 2-8 ; 5 : 12-16; 19 : 11, 12. Des prodiges : Actes 5 : 1-11 ; 13 : 9-11 ; 28 : 3-6. Le Saint-Esprit agissait donc par les apôtres et il agissait de bien d'autres manières en eux et dans les membres des Eglises qu'ils fondaient. Jésus a envoyé par l'Esprit des dons aux hommes (Ephésiens 4 : 8). a) Quels sont ces dons ? Remarquons d'abord que s'il y a diversité de dons, c'est le même Esprit qui remplit ceux qui les possèdent: H y a diversité de dons, mais le même Esprit. 1 Corinthiens 12:4. Le texte essentiel sur ce sujet est : H y a diversité de dons, mais le même Esprit; diversité de ministères, mais le même Seigneur; diversité d'opérations mais le même Dieu qui opère tout en tous. Or, à chacun la manifestation de /'Esprit est donnée pour l'utilité commune. 1 Corinthiens 12:4-7. 1. Le don de sagesse, vers. 8 2. Le don de connaissance, vers. 8. 3. Le don de la foi, vers. 9. 4. Le don des guérisons, vers. 9 5. Le don des miracles, vers. 10 6. Le don de prophétie, vers. 10. 7. Le don de discernement des esprits, vers. 10. 8. Le don des langues, vers. 10. 30 9. Le don d'interprétation des langues, vers. 10. 10. Le don de l'apostolat, vers. 28. 11. Le don de l'enseignement (docteur), vers. 28. 12. Le don de secourir, vers. 28. 13. Le don de gouverner, vers. 28. Enfin dans un autre passage : 14. Le don d'être évangéliste, Ephésiens 4:11. 15. Le don d'être pasteur, Ephésiens 4:11. Cette énumération n'est peut-être pas exhaustive dans les récits néotestamentaires, encore moins dans la réalité historique. b) Comment ces dons sont-ils répartis ? Voir le même chapitre 12 de 1 Corinthiens dans les versets 7, 11, 27. Toutefois, ne peut-on choisir, comme semble l'indiquer le verset 31 ? Aspirez aux dons les meilleurs. Et je vais encore vous montrer une voie par excellence. «La recherche peut avoir lieu par la prière, acte qui s'accorde sans peine avec la notion de don. Puis le don peut exister en germe chez le fidèle dans un talent naturel qu'il a la mission de cultiver, mais qu'il peut laisser enfoui.» Godet. La répartition de ces dons se fait suivant l'image employée dans les versets 12 et suivants. c) Examen des dons spirituels Nous ferons seulement quelques remarques sur certains d'entre eux. 1. La foi. Il ne s'agit pas de la foi en général, celle qui est accordée à tous les hommes, la foi qui sauve. C'est la confiance dans le secours de Dieu, la «foi qui transporte les mon tagnes». On pense à la foi d'un George Müller. 2. Les guérisons. «Le Seigneur peut guérir s'il lui plaît, soit directement, soit en réponse à la prière (Jacques 5:14, 15), soit par le moyen d'un instrument humain auquel il a communiqué le don des guérisons.» Pache. Le même auteur ajoute les remarques suivantes: a) Ce don n'est pas donné à tous. b) L'apôtre Paul avait ce don : Actes 19:11, 12. Cependant il ne l'emploie ni dans le cas de Trophime ni dans celui de Timothée (2 Timothée 4:20 ; 1 Timothée 5 :23). 3. Les miracles. Comme le précédent, ce don se rattache à celui de la foi. Il s'agit sans doute des grandes entreprises des héros de la foi. 4. La prophétie. Voir 1 Corinthiens 14:3, 4. C'est apporter un message de la part de Dieu, soit une prophétie au sens restreint du terme (Actes 11 : 27, 28; 21 : 10, 11), soit une prédication (1 Corinthiens 14:24, 29-33). Ce ministère est analogue à celui du prophète de l'Ancien Testament. 5. Le discernement des esprits. Voir 1 Jean 4:3; 2 Corinthiens 11 : 13-15. 6. Les langues. Il semble y avoir eu deux miracles distincts dans l'Eglise primitive. D'abord celui de la Pentecôte (Actes 2). Ce serait le don de parler ou en tout cas de se faire comprendre en langues étrangères. Puis le don dont parle Paul aux Corinthiens et qui nécessitait une interprétation. «Celui qui parle en langues s'adresse à Dieu sous l'empire d'une émotion profonde qui le fait prier, chanter, ou rendre grâces dans une langue extatique, inintelligible à quiconque ne partage pas avec lui cette même émotion, et auquel sa propre intelligence reste étrangère. ... Celui qui parle de cette manière n'a en effet aucune intention d'agir sur ceux qui l'entendent. Les sons qu'il émet sont l'expression immédiate de ce qu'il éprouve. H parle à Dieu, et non pas aux hommes. 1 Corinthiens 15 :2.» Godet. 7. L'apostolat. Il faut entendre les évangélistes ou missionnaires, c'est-à-dire des «envoyés», non seulement les Douze et Paul, mais ceux qui fondaient ou développaient les églises, tels Barnabas, Silas, Timothée, Apol-los. 8. L'enseignement. Il semble que ce don soit très voisin de celui du pastorat. 9. Secours et administration. Ce sont à proprement parler les charges d'anciens et de diacres. Depuis il s'est produit un certain cumul de ces différentes fonctions. Est-ce parce que ce sont les hommes qui en décident, plutôt que l'Esprit qui agit ? Voir aussi 1 Timothée 5:17 ; 3:2; Tite 1 :9. Tout cela, c'était la manifestation de la pluie de la première saison. Comparer Joël 2:23 et Ezéchiel 34: 26. «L'effusion de l'Esprit aux jours des apôtres, c'était la pluie de la première saison dont les résultats furent merveilleux. Ainsi, jusqu'à la fin des temps, la présence de l'Esprit demeurera dans la véritable Eglise.» — Ellen White, Conquérants pacifiques, p. 49. Maurice MATHY (A suivre) 31 par l'entremise de son Fils par qui tout sans exception aucune, a été fait: Car en lui (Jésus le Fils) ont été crées toutes les choses qui sont dans les deux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Colossiens 1:16. JESUSCI BIST et le sabbat La sanctification du septième jour de la semaine fait non seulement partie de la loi morale et universellement valable, mais a été donnée comme emblème de la souveraineté de Dieu et signe d'allégeance à l'égard du créateur. Pourquoi la majorité des chrétiens observent-ils le dimanche et non le sabbat selon la Bible ? Le motif invoqué est double : Jésus aurait aboli le sabbat, et suggéré à son Eglise d'adopter le dimanche comme nouveau jour de repos. Une telle affirmation est grave et doit être vérifiée Bible en main. Au yeux de beaucoup, l'enseignement de Jésus serait radicalement différent des préceptes divins édictés par Dieu dans l'Ancien Testament. Comme si le Christ avait pu donner sur la volonté de son Père un avis divergent au point de déclarer caduques toutes les révélations transmises jusqu'alors par les écrivains sacrés. Bien qu'ayant enrichi la révélation divine d'une sève nouvelle, Jésus n'entendait pas tirer un trait sur la loi ancienne : Ne croyez pas, a-t-il dit, que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Matthieu 5:17. En fait, l'enseignement du Christ était inspiré directement de Dieu : Je ne fais rien de moi-même, mais je parle selon ce que le Père m'a enseigné. Jean 8 : 28. Faudrait-il faire une exception pour le sabbat ? A ce propos, il nous paraît nécessaire de rappeler que l'institution du sabbat est par excellence la marque du Dieu créateur (1), et qu'en sa qualité de Fils de Dieu, Jésus est l'agent par lequel le monde a été créé. Dans l'évangile selon saint Jean où le Christ est appelé «la Parole», nous lisons : Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. ... Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle. Jean 1 : 1, 3. En tant que personne divine préexistante, Jésus est donc celui qui a fait les deux, la terre, la mer et tout ce qui est contenu (2). En conséquence, c'est lui aussi qui a béni le jour du sabbat et l'a sanctifié. Loin d'être un élément étranger au Christ, le sabbat est au contraire très étroitement lié à sa personne en tant que cocréateur. On peut même affirmer que Dieu a institué le sabbat Dans ces conditions, pourquoi Jésus, la Parole de Dieu incarnée, aurait-il aboli le sabbat qui est l'emblème de son propre pouvoir créateur ? Car, affirme Jésus, le Fils de l'homme est maître du sabbat. Matthieu 12:8. On ne peut que souscrire au raisonnement logique du pasteur César Malan : «Si le Seigneur Jésus eût dit ces mots : „Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens : Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier. Mais moi je vous dis que tous les jours sont maintenant égaux à cet égard, et qu'ainsi le Septième n'est pas plus saint à l'Eternel qu'un autre", évidemment, alors le „Maître du Sabbat" eût aboli cette Ordonnance, et sous l'Evangile il n'y aurait donc plus de Quatrième Commandement. Mais où le Seigneur a-t-il ainsi parlé ? Et s'il ne l'a pas fait, de quel droit même son Eglise le lui ferait-elle dire?» — La semaine n'exista jamais sans le jour sanctifié qui la constitue, 2e éd., Genève, 1859, p. 61, 62. Une institution déformée A plusieurs reprises Jésus a sévèrement repris les Juifs au sujet du sabbat, notamment à propos des guérisons qu'on l'accusait de faire ce jour-là (4). Ce fut pour lui l'occasion d'expliquer sa position sur ce point. Voici un épisode typique rapporté dans l'évangile selon saint Matthieu : Etant parti de là, Jésus entra dans la synagogue. Et voici, H s'y trouvait un homme qui avait la main sèche. Ils demandèrent à Jésus : Est-il permis de faire une guérison les jours de sabbat ? C'était afin de pouvoir l'accuser. H leur répondit : Lequel d'entre vous, s'il n'a qu'une brebis et qu'elle tombe dans une fosse le jour du sabbat, ne la saisira pour l'en retirer ? Combien un homme ne vaut-il pas plus qu'une brebis ! H est donc permis de faire 32 du bien les jours de sabbat. Alors H dit à l'homme : Etends ta main. H l'étendit, et elle devint saine comme l'autre. Matthieu 12 : 9-13. On ne trouve pas dans l'Evangile une seule parole de Jésus mettant en doute la nécessité d'observer le sabbat. En revanche, Jésus s'est élevé énergiquement contre la manière étroitement légaliste dont il était enseigné et observé par nombre de ses contemporains. Estimant sans doute insuffisants les préceptes divins transmis par Moïse et les prophètes concernant l'observance sabbatique, les rabbins y avaient ajouté un réseau compliqué d'interdictions et de dispenses fréquemment très arbitraires. Voici deux extraits significatifs tirés du Talmud : «Quiconque ayant mis en réserve (quelque chose avant le sabbat) pour ensemencer, ou à titre d'échantillon, ou comme remède, le transporte le jour du sabbat, se rend coupable pour autant, quel que petit que soit l'objet. ... Celui qui transporte quelque chose, que ce soit avec sa main droite ou avec sa main gauche, ou sur sa poitrine, ou sur ses épaules, se rend coupable, car c'était là le mode de transport des fils de Kéhath. (Mais celui qui transporte quelque chose) sur le dos de la main, ou avec son pied, ou avec sa bouche, ou avec son coude, ou avec son oreille, ou avec ses cheveux, ou avec sa bourse à argent, portée sens dessus dessous, (ou) entre sa bourse à argent et sa chemise, ou dans un soulier, ou dans sa sandale, est innocent, puisqu'il ne transporte pas selon le mode de transport habituel. - Textes de la Mishnah relatifs au repos du Sabbat, avec Commentaires de W.O.E. Oeterley, Le Sabbat, Paris, 1935, p. 147, 148. On ne doit pas, en sabbat, se regarder au miroir (en le prenant en main) ; cependant, s'il est fixé au mur, rabbi (le) permet, mais les scribes l'interdisent. (Strack-Bill, p. 739, 740, cité par le P. Denis Buzy, SC. J., La Sainte Bible traduite sous la direction de L. Pirot et A. Clamer, IX, Paris, 1950, p. 219.) Quand on sait quelle largeur de vue et quelle élévation de pensée le Christ a toujours manifestées, on conçoit aisément son indignation en présence de pareilles déforma tions de la volonté de Dieu à l'égard du sabbat. Néanmoins, lors de ses multiples controverses avec les pharisiens, Jésus n'a jamais remis en cause le principe de l'observation du sabbat ; seule la manière de la pratiquer était en litige. Catholiques ou Protestants, les différents commentateurs sont unanimes sur ce sujet. Vu l'importance de la question, nous reproduisons ci-après plusieurs déclarations convergentes de ces divers auteurs. Louis Burnier, protestant : «C'est le sabbat des pharisiens que Jésus condamne, et non pas celui des tables de la loi.» — Etudes élémentaires et progressives de la Parole de Dieu, IV, Lausanne, 1850, p. 229. Nouvelle édition revue par James-Alfred Porret, III, Lyon, 1900, p. 140, cité par Alfred Vaucher dans Le jour seigneurial, 1970, p. 5. D.L. Moody, protestant : «Le quatrième commandement. Je crois sincèrement que ce commandement est tout aussi obligatoire aujourd'hui qu'il l'a jamais été. J'ai rencontré des hommes qui prétendaient qu'il a été abrogé, mais ils n'ont jamais été capables de citer un texte quelconque de la Bible où Dieu l'aurait annulé. Lorsque le Christ vint sur la terre, il ne fit rien pour le mettre de côté, et lui donna sa vraie place.» — Weighed and Wanting, Adresses on the Ten Commandements, Chicago, 1898, p. 46, 47. R. de Vaux, dominicain : «Jésus n'a pas condamné le sabbat pour lui-même, (Luc 4 : 16 ; Matthieu 24 : 20), mais il a rejeté les interprétations étroites qu'on en avait données.» — Les Institutions de l'A.T., Il, Paris, 1960, p. 382. Cari F.H. Henry, baptiste: On ne trouve pas, dans l'enseignement de Jésus, la moindre affirmation selon laquelle le sabbat doit être aboli, et sa validité fondée sur le commandement divin n'y est pas davantage mise en question. Au contraire, il renferme toujours la reconnaissance implicite du fait que la distinction entre les six jours et un jour émane de l'autorité de Dieu. Six jours sont destinés au travail ; un jour est réservé au repos et à l'adoration. Jésus n'essaie jamais d'argu menter en vue d'amoindrir l'autorité du sabbat. Mais, comme pour les autres commandements, il s'efforce de défendre le sabbat contre les fausses interprétations et les ajouts des légalistes et des traditionalistes.» Christian Personal Ethics, Grand Rapids, 1957, p. 313, 314. Abbé G. Jacquemet : «Jésus n'avait pas déclaré la mort du sabbat. A son sujet, il avait mis fortement en garde contre les excès de détermination juridique. ... Mais en réalité, pas une parole de Jésus, pas une de ses attitudes n'avait mis vraiment en question la valeur essentielle du précepte sabbatique.» - Catholicisme, III, col. 813. En un mot, il était naturel que Jésus souscrive à l'observation du sabbat (5) ; il était également normal qu'il s'applique à flétrir les déviations qui avaient été introduites dans cette pratique religieuse. Mais le Christ ne s'est pas borné à condamner verbalement ces déformations. Il a tenu à manifester sa désapprobation en transgressant ou en laissant transgresser purement et simplement les préceptes sabbatiques enseignés par les rabbins (5). C'est dans ce sens que l'Evangile va jusqu'à dire qu'il violait le sabbat (Jean 5:18). Ce sabbat que Jésus transgressait ouvertement, ce n'était évidemment pas celui qu'il avait institué lui-même, mais bien plutôt les commandements d'hommes dont le sabbat avait été en grande partie étouffé dans son esprit : « Il (Jésus) n'a transgressé autre chose que cette haie de statuts arbitraires dont les pharisiens avaient trouvé bon d'entourer le quatrième commandement.» — Frédéric Godet, Commentaire sur l'évangile de Jean, 4e éd., Neuchâtel, 1902, p. 191. En tout état de cause, si le Christ avait violé l'un quelconque des commandements de Dieu, il n'eût pu, en conscience, lancer ce défi à ses adversaires : Qui de vous me convaincra de péché ? Jean 8 : 46. En tant que «Maître du sabbat», Jésus a su, par son exemple vivant, maintenir admirablement l'harmonie de cette divine institution. Paul NOUAN 33 le jour qui manquait une mise au point Sensationnel... Plusieurs de nos lecteurs ont été troublés par l'article intitulé «Le jour qui manquait », publié dans notre revue Signes des Temps, nov.-déc. 1973, p. 7, et plus encore par le rectificatif paru dans Signes des Temps, mars-avril 1974, p. 11, allant à l'encontre du précédent. Nous pensons donc qu'il est de notre devoir de présenter ici les résultats d'une enquête effectuée aux Etats-Unis sur cette affaire. Rappelons les faits : plusieurs journaux, aux Etats-Unis d'abord, puis en Europe, ont rapporté dans leurs colonnes des éléments tout à fait extraordinaires, qui viendraient confirmer l'exactitude du récit biblique ; en effet, lors des recherches spatiales de Green-Belt, dans le Maryland, les savants auraient pu mettre en évidence une «erreur» dans la chronologie du monde. Cette erreur était d'une journée et 20 minutes. Après qu'on ait mis sur fiches les renseignements d'astronomie nécessités par le programme spatial, l'ordinateur aurait révélé cette surprenante erreur. Les savants de Green-Belt, éberlués, auraient alors constaté que la durée qui manquait correspondait précisément à celle qu'on obtient en ajoutant la «longue journée» de Josué (Josué 10 : 13-14) et les 20 minutes résultant du recul de l'ombre sur les degrés d'Achaz (2 Rois : 20 : 11). Ainsi la science, cette éternelle incrédule, venait au secours de la foi. Elle confirmait l'exactitude biblique. Désormais, les scientifiques se devaient de croire en la Bible, sous peine de mauvaise foi. Doutes Lorsque ce récit me parvint il y a deux ans environ, j'avoue ne pas l'avoir pris au sérieux. N'était-ce pas trop beau ? Ne faut-il pas se méfier de ces nouvelles à sensation ? Et puis, une telle information n'aurait-elle pas aussitôt été connue des milieux scientifiques, si elle avait été fondée ? Une preuve aussi absolue ne supprimait-elle pas la foi ? D'autre part, sur le plan logique même, il était difficile d'admettre la véracité du récit. Comment des calculs, fussent-ils effectués à l'ordinateur, pouvaient-ils prouver qu'il manquait un jour à notre chronologie ? Pour pouvoir ainsi vérifier une durée à partir d'indications astronomiques (ce qui est parfaitement possible) il faut disposer en effet de deux éléments. 1° Une observation astronomique précise, à un instant quelconque, par exemple à notre époque. Cette condition est réalisée actuellement. 2° Une observation astronomique précise, à une date précise antérieure à l'époque de Josué. Il est clair que cette condition n'est pas réalisée. Or, en l'absence de celle-ci, aucune vérification de durée n'est possible par le calcul, qu'il soit fait ou non à l'ordinateur. L'ordinateur n'est qu'un calculateur prodigieux, ce n'est pas une machine miracle; elle ne peut que calculer à partir des informations qu'on lui fournit. Si ces informations sont insuffisantes, elle ne peut y suppléer. Il me fallait tirer cette affaire au clair. Quelques échanges de lettres avec des chercheurs dignes de foi m'ayant confirmé dans l'idée que cette information était inexacte, je résolus de remonter aux origines de l'affaire. Aux origines de l'affaire Je m'aperçus rapidement que je n'avais pas été le seul à être intrigué par cette curieuse histoire. Les lettres que je reçus des Etats-Unis, et d'autres qui me furent communiquées, montrèrent que plusieurs journaux, sérieux et dignes de foi, s'étaient livrés à une enquête minutieuse. Nous publions ici les résultats de ces enquêtes combinées de notre rédaction et des revues américaines Review and Herald, vol. 147, N° 36, 6 août 1970, Ministry, vol. 43, N° 11 et N° 12, 18 nov. 1970 et 12 déc. 1970, Bible-Science Newsletter, vol. VIII, N° 6, 15 juin 1970. Il ressort de cette enquête que le premier article mentionnant cette «découverte» a été publiée dans le journal «The Evening Star» du 22 février 1970, de Spencer (Indiana), E. U. C'est en substance l'article reproduit par notre numéro de nov.-déc. 1973. Il n'est pas signé. A l'origine, se trouve un certain Monsieur H. Hill. Notre rédaction a écrit récemment à ce monsieur pour lui demander des précisions sur cette affaire, en particulier sur le processus de vérification. J'ai sous les yeux la réponse de M. Hill, ronéotypée, datée du 8/1/1970. M. Hill reconnaît être à l'origine de l'article en question, bien qu'il n'en soit pas l'auteur direct. Cet article a été écrit à partir de causeries qu'il a données sur le sujet «Bible et Science», son sujet favori. Il regrette de ne pouvoir donner plus de détails, mais dit qu'il se fera un plaisir de le faire dès qu'ils lui reviendront en mémoire. Le reste de sa lettre s'efforce de justifier son point de vue. Pour cela, il cite l'autorité de «l'éminent savant, le professeur C.A. Totten, de l'Université de Yale», qui fournit toutes les précisions désirables à ceux qui veulent refaire le calcul. Enigmes... Cette lettre soulève quelques énigmes ; 1° Comment se fait-il que M. Hill ne puisse donner aucune précision concernant une découverte aussi sensationnelle ? 2° Comment se fait-il que notre lettre, écrite en 1974, reçoive une réponse polycopiée en 1970, promettant des révélations ultérieures, lesquelles manquent toujours après 4 ans, malgré les 3000 demandes de précisions reçues par l'auteur et reconnues de lui ? 3° Qui est M. Hill ? Est-il connu des milieux scientifiques dont il dit recevoir ses informations ? Pas du tout. En avril 1970, R.F. Cottrell, rédacteur à la Review and Herald, a posé la question au bureau de recherche de Green-Belt. M. Hill n'est pas connu directement par eux. 4° Peut-on, par d'autres sources, avoir confirmation de cette décou verte ? Une enquête menée auprès des services de recherches spatiales montre que, si l'on y connaît bien l'histoire grâce aux articles de journaux, en revanche aucun bureau de recherche n'est au courant de cette expérience et de la découverte qui en aurait résultée. On souligne que si elle avait eu réellement lieu, on ne manquerait pas de le savoir. 5° N'est-il pas étrange que M. Hill se réfère si volontiers à l'autorité du Professeur C.A. Totten, alors qu'il serait préférable de se référer à des faits connus concernant l'expérience ? Qui est donc ce Professeur Totten ? Neserait-ce pas ici la cléde l'énigme ? La clé de l'énigme C.A. Totten, 1er lieutenant d'artillerie, était en effet professeur de science militaire et de tactique à Yale en ... 1890. Il est l'auteur d'un ouvrage étrange, «Joshua's Long Day and the Dial of Ahaz», publié en 1890 et 1891, dans lequel on trouve - ordinateur mis à part - des faits à peu près semblables à ceux de notre histoire. L'auteur y présente un nouveau système de comput chronologique, qu'il fonde sur l'astronomie. Sa source principale, dans ce domaine, est J.B. Dimbleby et la Société britannique de Chronologie, qui, selon lui, ont établi irréfutablement les bases d'une véritable chronologie solidement attestées par l'astronomie et les mathématiques. Nous sommes donc conduits à nous interroger sur la valeur de ces sources. Autre énigme, autre clé J.B. Dimbleby était encore en 1897 le président de la « British Chronological and Astronomical Association», fondée en 1879. Il a écrit et publié lui-même un livre «AH Past Time» (Tout le passé). Dans ce livre au titre ambitieux, où il s'intitule modestement « Premier chronologiste», «Premier énuméra-teur de toutes les éclipses» et « Chronologiste et Astronome», on constate curieusement l'absence totale de toute référence à quelque astronome que ce soit. Le livre est un étrange amalgame de computations ésotériques, où l'auteur avoue ses réticences pour les calculs mathématiques, et dans lequel il se permet de «rectifier» des données astronomiques connues. Pour lui, la seule vraie chronologie est à chercher dans les dimensions de la grande Pyramide d'Egypte. Ce qui n'est pas pour nous surprendre : A la même époque l'Abbé Moreux, un véritable astronome cette fois, laissait aller son imagination du côté de l'Egypte, supposant que les dimensions de la grande Pyramide contenaient en elles-mêmes des données scientifiques extraordinaires. Il suffisait de diviser la longueur de la grande galerie par le nombre de marches qui y conduit pour trouver ... le chiffre exact de la densité de la terre... n'est-ce pas évident ? Une clé pour fermer une porte Arrêtons-nous ici et crions « casse-cou»! Notre histoire nous conduit tout droit aux spéculations les plus folles. Qu'en reste-t-il ? Quels sont les fondements réels de toute cette affaire si sensationnelle ? Probablement rien autre que la foi réelle d'un homme, qui, croyant de toutes ses forces en l'exactitude du récit biblique, a voulu prouver par l'idole du moment, la science, que sa croyance était juste. Puissions-nous imiter sa foi sans imiter ses méthodes. L'idée de Création divinerepose sur des arguments, elle ne saurait être l'objet d'une preuve ou d'une vérification scientifique absolue. Où serait la foi ? Jean FLORI PHOTOS: Réponses correctes: 1b) 2a) 3b) 4a) Couverture - page 17 : Dusko Uvalic Page 23 : Marcel Lelièvre Page 15 : Bulloz Page 25 : S.D.T. 35 th»ùient âe paraître Jk Livre broché, 14,5 x 21,5, 168 pages — couverture et texte en deux couleurs. Pour tous renseignements et commandes s'adresser aux agences «Signes des Temps» sdt ou à la maison d'édition, 60, av. Emile-Zola, 77190 Dammarie les Lys. Jéan Zurcher ,a classe en 26 chapitres les principaux ’W thèmes de l'enseignement de Jésus-Christ présenté dans les évangiles Les paroles de Jésus prennent un singulier relief lorsque, occasionnellement elles se trouvent séparées de tout contexte. Elles semblent alors comme échapper aux dimensions de notre monde, au temps et à l'espace, pour prendre la valeur éternelle et infinie, le caractère d'éternité et d'absolu qui est précisément le propre de la Parole de Dieu