malfaisant l'origine et la responsabi- lité du mal. En réalité, c'est une explication tres superficielle. Elle risque d'obscurcir le probleme au lieu de l'éclairer. Non : il faut maintenir fermement que les passages cités ne sont nullement des reflets d'une évolu- tion de la pensée religieuse, mais au contraire des facons complémen- taires de voir la méme réalité en profondeur. En résumé: 1) C'est Dieu qui me tente (ne sursautez pas, nous y reviendrons). 2) C'est le diable qui me tente. 3) C'est moi- méme qui me tente. Reprenons ces points |I'un apres l'autre. 4 FHI i. ard 84 RA® Dieu ne tente personne, affirme catégoriqguement |'apotre Jacques °. Mais |I'Ecriture dit aussi (et il faut en tenir compte) que Dieu a mis Abra- ham a I'épreuve 6, qu’il a abandonné Ezéchias pour |'éprouver’. D’autre part, Jésus nous a enseigné a prier : « Ne nous soumets pas a la tenta- tion ». Dans la mesure ou la tentation est envisagée comme une séduction en vue de faire tomber, il est évident que ce n'est pas Dieu qui nous l'inflige. La-dessus, tous les chrétiens sont d’accord. Que cachent donc les expressions « mettre a |'épreuve », « abandonner quelqu’'un pour l'éprouver», «sou- mettre a la tentation», et toutes celles qui leur sont équivalentes? Deux choses, a mon avis : 1. Dans le cas d’'Ezéchias, aucun doute n’est possible : ce roi tient a faire étalage de ses richesses. De méme, David tient a procéder au dénombrement de son peuple (et par la de ses forces). Balaam, lui aussi, tient a maudire Israel afin de recevoir l'or du roi Balak. Et nous pourrions multiplier les exemples ou I’'homme, ayant fortement envie de s'‘engager dans une action désap- prouvée par Dieu, contraint ce dernier a |'«abandonner». Car le Seigneur ne s'impose jamais. Et I’'Ecriture nous dit cela sous forme imageée : Il excita David contre eux. Dites-moi : avez-vous déja senti que Dieu vous «excitait» contre quel- qu'un? Cela m’étonnerait beau- coup! Entre nous, les «saintes coleres» c'est bien souvent une maniere commode de justifier nos exces... L'Eternel se contente de nous dire : «Vas-y, puisque tu y tiens, mais tu en subiras les consé- quences. » Dans ce premier cas, Dieu ne nous «tente » pas réellement — il nous respecte. 2. Reste I'expérience du Christ et la requéte du «Notre Pere». C'est I'Esprit qui emmene Jésus dans le désert, nous dit I'Evangile, pour qu'il soit tenté par le diable. Et nous sommes invités a demander a Dieu qu'il ne nous introduise pas (littérale- ment) dans la tentation, c’est-a-dire qu’il ne nous y soumette pas, ou, Si l'on préfere, qu'il ne nous y expose pas. Dans tous les cas, nous ne pouvons nier qu'il y a ici une inten- tionnalité de la part de Dieu. Que veut-il ? Que cherche-t-il ? Voila tout le probleme. Il dose |'épreuve afin qu'elle ne dépasse jamais nos forces, parce qu'il veut qu’elle nous serve de tremplin quand elle survient. Un peu comme pour votre enfant, que vous «exposez » a la chute lorsque, apres avoir tenu sa bicyclette un moment, vous la lachez pour qu'il apprenne a rouler seul. Dans ce deuxieme cas, Dieu nous « tente », ou mieux Nous expose, non pas pour que nous succombions au mal, mais pour nous faire grandir. Quant a la requéte du «Notre Pere », c'est le cri de l'enfant : « Non, papa! Ne me lache pas, je vais tomber. » Conscient de sa faiblesse, le chrétien ne dira jamais autre chose. ll ne serend pas compte qu’'au moment ou Dieu parait le laisser seul, il est plus que jamais avec lui! Comme pour Jésus dans le désert... 2. Le diable Satan apparait comme le Tenta- teur par excellence. Avant de relever ce que |'Ecriture veut dire en nous parlant de Satan, précisons ce qu'elle ne veut pas dire. II n'est absolument pas question de diminuer en quoi que ce soit notre responsabilité de pécheurs. Une fillette disait a ses parents : «Qui, c'est vrai, j'ai désobéi. Mais vous savez, ce n'est pas moi qui ai mal agi, c'est Satan qui estdans mon cceur ! » Dieu nous expose pour nous faire grandir 13