sommAiRE 3 Editorial « Qui dites-vous que je suis ? » Jean Lavanchy 4 L'amour d'un Père « H a donné son F iis unique » Ellen White 7 Le Christ oublié En faire son ami Norbert Hugedé 8 Jésus-Christ à la lumière des découvertes archéologiques Foi et histoire Jean Vincent 10 L'Evangile de Jésus-Christ Plus loin que les mots Paul Tièche 13 Face à face Un portrait en relief Charles Gerber 15 Le procès de Jésus-Christ Le plus grand drame de l'histoire André DufaU 17 Les témoins de Jésus-Christ Les faits, les hommes, le langage Jean Lavanchy 20 Devenir chrétien Le charpentier et son royaume Yvan Bourquin 23 Connaître Jésus-Christ Du Christ selon la chair au Christ-Esprit Georges Stéveny 24 II n'osa pas... Le respect de Dieu pour l'homme André Matton 27 Jésus-Christ et le monde à venir La véritable révolution Jean Zurcher 30 Toi ... SUiS-mOi ! L'engagement chrétien John Graz 33 La grande espérance «Le F Us de l'homme est à la porte » Pierre Lanarès signes C T (k1* temps Revue bimestrielle fondée en 1876 MAI-JUIN 1974 REDACTION ET sdt ADMINISTRATION: 60, avenue Emile-Zola 77190 Dammarie les Lys, France Tél. (1) 439 38 26 . C.C.P. 425-28 Paris Rédacteur responsable : Jean LAVANCHY AGENCES: ALGÉRIE, 3, rue du Sacré-Cœur, Alger BELGIQUE, 11, rue Ernest Allard, Bruxelles BURUNDI, Boîte Postale 1710, Bujumbura CAMEROUN, Boîte Postale 401, Yaoundé CANADA, 7250, rue Valdombre, Saint-Léonard, Montréal 451 CONGO, Boîte Postale 154, Brazzaville COTE-D'IVOIRE, Boîte Postale 335, Abidjan FRANCE, «Le Soc», 60, av. 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Dépôt légal 1974, n° 415 JESUISLECEP, cette définition lapidaire est déconcertante. Qui, à part Jésus, oserait proposer une comparaison aussi étrange ? L'imagerie chrétienne semble particulièrement dépourvue d'originalité, j^ntre le nouveau-né attendrissant, couché sur la paille et le crucifié émouvant et décharné, la majorité des représentations (à part quelques exceptions) se cantonne dans une harmonieuse fadeur. Malgré l'approbation du Vatican, le portrait moderne d'un «Jésus super-star» n'a qu'urr rapport très éloigné avec les descriptions évangéliques. JESUISLECEP, La vigueur tourmentée d'un plant de vigne a un pouvoir de suggestion beaucoup plus précis pour évoquer la mission féconde et douloureuse du «Fils de l'homme». Je SUIS le vrai cep, et mon Père est le vigneron. Il retranche tout sarment qui ne porte pas de fruit en moi ; et il émonde tout sarment qui porte du fruit, afin qu'il en porte encore davantage. Vous êtes déjà purs, à cause de la parole que je vous ai annoncée. Demeurez en moi, et moi, je demeurerai en vous. Ainsi que le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s'il ne demeure attaché au cep, de même, vous non plusî / vous n'en pouvez porter, si vous ne demeurez en moi. L'image de ce sarmerjK^ui reçoit la vie du cép et dépend de lui pourjjofter des j-ruits, qui a besoin d'être émondé par le vigneron, nous/é'ssociç^-étroitement à- la mission de Jésus. H ne s'agit pas d'un contact, occasionnel, d'une relation intermittente. Le sarjpefUlàiCpartie du cep; entre la racine et les sarments; fy/y,a une communion ininterrompue de vie, jde force 'et de fécondité. Parmi les douze qui avaient suivi Jésüs,-;éen était un qui allait être retranché comme un sarrppnt stérile; les autres passeraient sous le sécateur d'une épreuve amère, fyvéc urfe tendresse solennelle, Jésus fit connaît/e/He desseins du vigneron. L'émondage occasionne une douleur mais c'est le Père qui manie le sécateur. H ne travaille pas d'une main brutale ou d'un cœur indifférent. Ce numéro de Signes des Temps vous propose une /approche de la vraie personnalité de Jésus-Christ. L'histoire, la société, le langage et le message du Christ sont, en faiL plus révélateurs que bien des représentations graphiques. La connaissance de Jésus-Christ constitue le fondement de toute vie chrétienne, de toute espérance, de toute spiritualité. Cette connaissance ne peut être qu'intime et personnelle. Comme il y a 2000 ans, Jésus nous pose cette question : ET VOUS,QUI DITES-VOUS QUE JE SUIS? L'Eternel, L'Eternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, qui conserve son amour jusqu'à mille générations, qui pardonne l'iniquité, la rébellion et le péché. JESUS-CHRIST l'amour d'un PÈRE nous parle de l'amour du Créateur. C'est Dieu qui subvient aux besoins de toutes les créatures. Ces belles paroles du Psalmiste rendent hommage à sa touchante sollicitude : Les yeux de tous espèrent en toi, et tu leur donnes la nourriture en son temps. Tu ouvres ta main, et tu rassasies à souhait tout ce qui a vie. Psaume 145 : 15, 16. Dieu créa l'homme saint et parfaitement heureux. Notre terre, au sortir des mains du Créateur, ne portait pas la moindre trace de corruption, ni la plus légère ombre de malédiction. C'est la transgression de la loi de Dieu — loi d'amour — qui a été la cause de la mort et de tous nos maux. Néanmoins, l'amour divin se manifeste au sein même de la souffrance. Il est écrit qu'à cause de l'homme le sol fut maudit (Genèse 3:17). Mais les épines et les chardons, les difficultés et les épreuves qui assombrissent notre pèlerinage terrestre, nous ont été départis pour notre bien ; Dieu les fait entrer dans le plan d'éducation qu'il a conçu pour nous relever de l'état de dégradation et de ruine dans lequel le péché nous a plongés. D'ailleurs, tout n'est pas tristesse et souffrance en ce monde. La nature elle-même nous offre des messagers d'espérance et de consolation. On voit des fleurs s'épanouir sur les chardons et des roses éclore sur les épines. Dieu est amour. 1 Jean 4 : 8. Cette parole se lit sur chaque bouton de fleur et sur chaque brin d'herbe. Les oiseaux qui égaient les airs de leurs chants joyeux, les fleurs aux nuances délicates et variées qui embaument l'atmosphère de leur doux parfum, les arbres élancés et les forêts au riche feuillage, tout nous parle de la tendre et paternelle sollicitude de notre Dieu et de son désir de faire le bonheur de ses enfants. La nature et la révélation témoignent de concert en faveur de l'amour de Dieu. Notre Père céleste est l'Auteur de la vie, de la sagesse et de la joie. Contemplez les merveilles de la nature. Constatez leur parfaite adaptation aux besoins et au bien-être, non seulement de l'homme, mais aussi de tout être vivant. Le soleil et la pluie qui égaient et rafraîchissent la terre ; les montagnes, les mers, les plaines : tout Les Ecritures révèlent son caractère. Dieu nous y fait lui-même connaître sa compassion et son amour infinis. Quand Moïse lui adressa cette requête : Fais-moi voir ta gloire ! L'Eternel lui répondit : Je ferai passer devant toi toute ma bonté (Exode 33 : 18, 19), et, passant devant Moïse, il s'écria : L'Eternel, /'Eternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, qui conserve son amour jusqu'à mille générations, qui pardonne l'iniquité, la rébellion et le péché. Exode 34 : 6, 7. H est lent à la colère et riche en bonté (Jonas 4 : 2), car H prend plaisir à la miséricorde (Mi-chée 7:18). C'est là sa gloire. Dans le ciel et sur la terre, Dieu nous a donné des gages innombrables de sa bonté. Par l'intermédiaire de la nature et par des preuves d'un amour plus tendre et plus profond que le cœur humain n'en peut concevoir, il s'est efforcé de se révéler à nous. Néanmoins, tout cela n'est qu'un reflet bien pâle de son caractère. L'ennemi du bien a aveuglé l'esprit des hommes à tel point qu'ils s'approchent de Dieu avec crainte et le considèrent comme un être sévère et implacable. Satan fait passer notre Père céleste pour un être d'une justice inflexible, un juge sévère, un créancier dur et inexorable. Il dépeint le Créateur comme observant les hommes d'un œil scrutateur en vue de découvrir leurs erreurs et leurs fautes, et afin de les frapper de ses jugements. C'est pour dissiper ce voile de ténèbres par la révélation de l'amour infini de Dieu que Jésus-Christ est venu vivre parmi les hommes. Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique. Personne n'a jamais vu Dieu ; ie Fils unique, qui est dans ie sein du Père, est celui qui l'a fait connaître. Jean 1:18. Personne non plus ne connaît le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. Matthieu 11 : 27. Un de ses disciples lui ayant dit : Montre-nous le Père, Jésus lui répondit : H y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu, Philippe ! Celui qui m'a vu a vu le Père ; comment dis-tu : Montre-nous le Père ? Jean 14 : 8, 9. Voici en quels termes le Seigneur décrit sa mission terrestre : /'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ; // m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés. Luc 4 : 18, 19. Telle était son œuvre. Il allait de lieu en lieu faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous l'empire du diable. On pouvait trouver des villages entiers où ne se faisait plus entendre aucun gémissement arraché par la maladie ; il avait passé par là, et guéri tous les malades. Son œuvre témoignait de sa divinité. L'amour, la miséricorde et la compassion se révélaient dans chacun de ses actes ; son cœur était rempli de tendre sympathie pour les enfants des hommes. Il avait revêtu leur nature afin de subvenir à leurs besoins. Les plus pauvres et les plus humbles ne craignaient pas de l'approcher. Les petits enfants eux-mêmes se sentaient attirés vers lui. Ils aimaient à monter sur ses genoux, et à fixer leurs regards sur son visage pensif et débonnaire. Jésus ne retranchait rien à la vérité, mais il la disait toujours avec charité. Ses rapports avec le peuple étaient empreints d'un tact parfait, d'une exquise délicatesse. Aucune brusquerie ; pas un mot sévère sans nécessité ; jamais il ne faisait inutilement de la peine à une âme sensible. Il ne censurait pas la faiblesse humaine. Quand il disait la vérité, c'était toujours avec amour. Il dénonçait l'hypocrisie, l'incrédulité, l'iniquité, mais c'était avec des Car ce que l'on peut connaître de Dieu est devenu évident pour les hommes. Dieu lui-même l'a rendu tel, puisque ses perfections invisibles, sa puissance éternelle et sa divinité se voient comme à l'œil nu, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu ! larmes dans la voix. Il pleura sur Jérusalem, la ville qu'il aimait, la ville qui avait refusé de le recevoir, lui, le Chemin, la Vérité et la Vie. Elle avait rejeté son Sauveur, mais il lui conservait néanmoins sa tendresse et sa pitié. Sa vie était faite de renoncement et de sollicitude pour autrui. Chaque âme était précieuse à ses yeux. Sans se départir jamais d'une dignité divine, il s'inclinait avec un saint respect devant tout membre de la famille de Dieu. En tout homme, il voyait une âme déchue à sauver. Tel est le caractère de Jésus révélé par sa vie. Tel est aussi le caractère de Dieu. C'est du cœur du Père que les flots de la compassion divine manifestée en Jésus-Christ se déversent sur les enfants des hommes. Jésus, Sauveur tendre et compatissant, était Dieu manifesté en chair (1 Timothée 3:16). C'est pour nous racheter que Jésus a vécu, a souffert, est mort. Il est devenu homme de douleur (Esaïe 53 :3), afin de nous faire participer à la joie éternelle. Dieu a permis à son Fils bien-aimé, plein de grâce et de vérité, de quitter un séjour de gloire ineffable pour venir dans un monde souillé par le péché et assombri par la malédiction et la mort. Il a consenti à le voir quitter le sein du Père et l'adoration des anges pour venir souffrir l'opprobre, les injures, l'humiliation, la haine et la mort. Le châtiment qui nous donne ia paix est tombé sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Esaïe 53 : 5. Contemplez-le au désert, en Gethsémané, sur la croix, le Fils immaculé de Dieu, chargé du fardeau de nos péchés ! Celui qui avait été un avec Dieu éprouva dans son âme l'horrible séparation que le péché creuse entre l'homme et Dieu, séparation qui lui arracha ce cri d'angoisse : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? Matthieu TJ : 46. C'est le fardeau du péché et le sentiment de son énormité qui brisèrent le cœur du Fils de Dieu. Mais ce sacrifice n'a pas été consommé afin de faire naître dans le cœur du Père des sentiments d'amour pour l'humanité déchue, et pour le disposer à la sauver. Non, non. Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique. Jean 3 : 16. Ce n'est pas à cause de la propitiation faite par son Fils que le Père nous aime, c'est parce qu'il nous aime qu'il a pourvu à cette propitiation. Jésus-Christ est l'intermédiaire par lequel le Père a pu répandre son amour infini sur un monde perdu. Dieu a réconcilié, en Christ, le monde avec lui-même (2 Corinthiens 5 : 19). Il a souffert avec son Fils. Dans les détresses de Gethsémané, comme dans la mort du Calvaire, c'est le cœur de l'Amour infini qui a payé le prix de notre rédemption. Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui qui m'aime; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père, je l'aimerai, et je me ferai connaître à lui. Jésus dit : Le Père m'aime, parce que je donne ma vie afin de ia reprendre. Jean 10:17. En d'autres termes : « L'amour que mon Père vous porte est si grand qu'il m'affectionne davantage pour avoir consenti au sacrifice de ma vie afin de vous racheter. Je lui suis devenu plus cher par le fait que je me suis constitué votre garant, en déposant ma vie et en prenant sur moi vos transgressions ; car, par mon sacrifice. Dieu, tout en demeurant juste, peut justifier celui qui croit en moi. » Seul le Fils de Dieu avait le pouvoir de nous racheter; seul celui qui était dans le sein du Père pouvait le faire connaître ; seul un Etre connaissant la hauteur et la profondeur de l'amour de Dieu pouvait les révéler. Il n'a fallu rien de moins que le sacrifice infini consommé par Jésus-Christ en faveur de l'homme perdu pour exprimer l'amour du Père envers l'humanité déchue. Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique. Il a donné son Fils non seulement afin qu'il vive parmi les hommes, porte leurs péchés, et meure à leur place mais encore pour qu'il se solidarise avec les besoins et les intérêts de l'humanité. Celui qui était un avec le Père s'est uni à nous par des liens indissolubles. Jésus n'a pas honte de nous appeler frères (Hébreux 2 : 11). Il est notre propitiation, notre Avocat, notre Frère. Il paraît revêtu de notre humanité devant le trône du Père, et il sera pendant toute l'éternité un avec la race humaine qu'il a rachetée : il est et demeurera le Fils de l'homme. Et tout cela afin de relever l'homme de la dégradation et du péché, afin de le mettre à même de réfléchir l'amour de Dieu et de participer à la joie de la sainteté. Je vous laisse ma paix je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne Que votre cœur ne se trouble point, et ne s'alarme point. Le prix payé pour notre rédemption, le sacrifice infini de notre Père céleste en livrant son Fils à la mort pour nous, devrait nous donner une haute idée de ce que nous pouvons devenir en Jésus-Christ. Quand il est donné à Jean, l'apôtre inspiré, de contempler la hauteur, la profondeur et la largeur de l'amour du Père envers l'humanité expirante, il est si rempli de sentiments d'adoration et de respect, que, dans l'impuissance où il se trouve d'exprimer l'intensité et la tendresse de cet amour, il s'écrie : Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu ! 1 Jean 3:1. Quelle valeur cet amour donne à l'homme ! Par la transgression, les fils d'Adam sont devenus sujets de Satan ; par la foi au sacrifice expiatoire du Christ, ils peuvent devenir fils de Dieu. En revêtant la nature humaine, Jésus-Christ élève l'humanité; il place l'homme déchu dans une condition où il peut devenir réellement digne du nom d’enfant de Dieu (1 Jean 3:1). Enfants du Roi céleste ! Précieuse promesse ! Thème inépuisable de méditations ! Amour insondable de Dieu pour un monde qui ne l'aimait pas ! Un tel amour est sans exemple. Il surpasse celui d'une mère pour son enfant égaré. Sa contemplation subjugue l'âme et rend les pensées captives de la volonté divine. Plus nous étudions le caractère de Dieu à la lumière de la croix, plus nous y découvrons de clémence et de tendresse, mieux nous voyons la miséricorde unie à l'équité et à la justice, et plus nous discernons les preuves d'un amour et d'une compassion infinis. Ellen G. White B© voir, l'entendre. En faire son ami. Tenir de lui des paroles Faites toutes pour soi. Et qui descendent Profond : Le sentir qui vit Bà, tout près B© reconnaître Dans un geste d'amitié. Dans un rien de bonté Qui vibre encore Péniblement Dans ce monde qui n'en peut plus, qui n'en peut plus Qui n'en peut plus ... 0t qui l'attend ; 0t quand on l'a vu Ainsi Si près. Si fort. Passer, N'avoir plus qu'une crainte : L'oublier. Norbert HUGEDÉ 3e édition format collection de poche Couverture plastifiée Pour tous renseignements et commandes s'adresser aux agences S.D.T. (page 36) JESUS-CHRIST à la lumière des découvertes de l’archéologie Dans son livre L'archéologie de la Palestine, le grand orientaliste W. F. Albright remarque que les résultats des recherches archéologiques ont été plus difficilement applicables au Nouveau Testament qu'à l'Ancien. Celui-ci s'étend sur près de dix-huit cents ans, alors que celui-là couvre moins d'un siècle, et le ministère de Jésus moins de quatre ans ! Par ailleurs, le contenu des livres historiques de l'Ancien Testament est le plus souvent de portée nationale alors que les événements relatés dans le Nouveau n'ont été vécus que par de petits groupes d'individus privés. Toutefois, l'importance de l'archéologie pour la période de Jésus et de l'Eglise du premier siècle s'accroît sans cesse. Nous aimerions signaler aux lecteurs de Signes des temps quelques découvertes archéologiques qui précisent et éclairent les données fournies par les Evangiles. Certains savants ont mis en doute l'historicité du gouverneur romain Ponce Pilate. En dehors du Nouveau Testament, on ne trouve le nom de Ponce Pilate que dans les écrits de l'historien juif du 1er siècle Flavius Josèphe, dans un texte de Philon d'Alexandrie et dans un autre de Tacite. Comme les ouvrages de ces hommes nous ont été transmis par l'intermédiaire de scribes chrétiens, des interpolations pouvaient toujours être soupçonnées. Durant l'été 1961, au cours des fouilles du théâtre romain de Césarée Maritime, une mission archéologique italienne découvrit une pierre de calcaire de quatre-vingts centimètres de hauteur et portant les trois lignes suivantes : ...S TIBERIEUM ...(PON)TIUS PILATUS ...(PRAEF)ECTUS JUDA(EA)E La première ligne vise un édifice construit en l'honneur de l'empereur Tibère, probablement par Pilate dont le nom apparaît à la seconde ligne et est conforme aux indications des évangiles et des historiens Josèphe et Tacite. Son titre de préfet de Judée est mentionné à la troisième ligne. Ce titre était employé dans les premiers temps de l'Empire. Les Evangiles, qui ont été écrits entre 70 et 80, lui donnent le titre de procurateur. Cette inscription gravée sur la pierre et trouvée dans la ville même où Ponce Pilate résida pendant dix ans a une valeur inestimable. Elle prouve que les évangiles ont une dimension historique certaine. A plusieurs reprises au cours des cent dernières années, des tombes chrétiennes du premier siècle ont été dégagées dans la région de Jérusalem. Les inscriptions sur les ossuaires découverts portent fréquemment des noms mentionnés Pierre découverte en 1961 à Césarée. Actuellement au Musée de Jérusalem dans les évangiles: Miriam (Marie), Marthe, Elisabeth, Salomé, Jeanne, Jaïrus, Jésus (Jeshua), Joseph, Simon Bar Jonah, Lazare sous la même forme abrégée La'azar (pour Eléazar). La croix souvent tracée au charbon sur ces ossuaires prouvent que les chrétiens ont employé très tôt ce symbole, puisque ces tombes ont été utilisées avant la catastrophe de 70 après Jésus-Christ. Les évangiles ont été écrits après la guerre juive de 66-70 après Jésus-Christ et par conséquent en dehorsde la Palestine (Rome, Ephèse, etc.). C'est pourquoi les évangélistes ne peuvent souvent donner des précisions géographiques. Les découvertes archéologiques ont montré que les allusions topographiques des évangiles n'étaient pas erronées. Dans Jean 19 : 13, par exemple, il est dit que Pilate jugea Jésus à l'extérieur du prétoire, «au lieu appelé le Pavé (Lithostroton) et en hébreu Gabbatha (butte, éminence)». Des religieux et religieuses de Jérusalem ont mis au jour, sous la 8 basilique de l'Ecce Homo, un magnifique dallage d'environ 2 000m? Il a été démontré que ce pavé était la cour de la tour Antonia et que celle-ci se dressait sur une hauteur rocheuse. Le nom araméen de Gabbatha convenait donc parfaitement à cette éminence. L'historien juif Flavius Josèphe mentionne dans ses livres trois mouvements religieux qui existaient en Palestine au premier siècle. Deux d'entre eux, les pharisiens et les sadducéens, se sont souvent heurtés à Jésus et l'ont livré au gouverneur romain. Josèphe fait aussi maintes fois allusion aux zélotes. Ce groupe détaché du mouvement pharisien était acquis à la lutte violente contre l'occupation romaine. Persuadés que les derniers temps étaient imminents et que cette occupation était une souillure qui retardait la venue du Messie, les zélotes se livraient à la guérilla et appelèrent finalement le peuple à l'insurrection. Les évangiles et le livre des Actes font allusion aux zélotes, désignés aussi par Josèphe et la Bible sous le nom de «sicaires» (littéralement: homme au couteau, bandit). Citons Luc 6:15; Actes 21 :38; 5:37; Luc 13:1 ; Jean 10: 1,10. Des travaux, comme ceux d'Oscar Cullmann, ont montré que les chefs d'Israël ont fait condamner Jésus comme agitateur zélote (Luc 23:2). Josèphe mentionne enfin les essé-niens dont le Nouveau Testament ne parle pas, mais sur lesquels Philon d'Alexandrie nous donne des renseignements détaillés. Les découvertes du «monastère» de Qumrân et des manuscrits de la mer Morte, il y a Pavé strié du sol de la tour Antonia une vingtaine d'années, ont révélé certaines analogies entre Jean-Baptiste, Jésus et ce groupe religieux extrémiste. Mais les divergences sont bien plus accusées. En 1954, M. Dupont Sommer soulignait en ces termes les différences entre le chef de la communauté de Qumrân — le Maître de Justice - et Jésus : «Le Maître de Justice était un prêtre, fils de Lévi; Jésus n'était pas prêtre, mais fils de David. Le Maître de Justice vivait vraisemblablement en Judée; Jésus était un Galiléen et c'est en Galilée, au bord du lac de Tibériade, que se situe principalement sa prédication. Le Maître de Justice était un maître savant que ses disciples entouraient d'une vénération superstitieuse. Jésus était un maître familier que ses disciples et la foule même abordaient en toute liberté et dont le nom n'était ni secret, ni mystérieux. Le Maître de Justice, à en juger par la règle toute monacale qu'il imposa à ses adeptes, était un sévère ascète. Jésus était Ruines du monastère de la communauté essénienne de Qumrân plus mêlé à la vie courante, plus humain. ... Le Maître de Justice était le révélateur d'une gnose mystérieuse réservée à des initiés. Jésus était surtout un prédicateur populaire, issu d'un milieu de petites gens, s'exprimant dans une langue simple, avec des comparaisons pleines de fraîcheur et de vie.» Bien que la communauté de Qumrân vécût à l'écart près du rivage de la mer Morte afin de se séparer des impurs, l'exemple de sa piété et sa doctrine durent exercer un certain rayonnement dans le judaïsme de cette époque. Son attente du Messie était partagée par les zélotes et par le peuple. Jésus et les premiers chrétiens ont plus d'une fois employé des formules créées par les esséniens «pour montrer que la prédication de l'Evangile apporte la réponse satisfaisante aux questions qu'on se posait dans les cercles pieux qui attendaient le temps du salut, une réponse qui à plusieurs égards est d'ailleurs différente de ce qu'on avait attendu. Les textes de Qumrân éclairent ainsi l'arrière-plan sur lequel se détache avec une netteté parfaite la prédication de l'Eglise primitive.» (E. Lohse.) A la lumière de l'archéologie, la personne de Jésus et la foi chrétienne apparaissent donc comme un phénomène historique unique. L'archéologie ne peut l'expliquer, mais, ainsi que l'écrit W. F. Albright, «elle peut aider énormément à rendre ce miracle accessible à la raison d'une intelligence dont la vision n'est pas rétrécie par une vue matérialiste du monde». Jean VINCENT 9 dans mon grenier.» Matthieu 13 24-30. L'EVANGILE DE JESUS-CHRIST Sur la terre, Jésus était en mission extraordinaire. Toute sa vie fut une mission, qui se trouve partiellement expliquée dans le texte de l'Annonciation, le célèbre récit de Noël : «/Ve crains point, Marie, car tu as trouvé grâce près de Dieu. Sache que tu vas concevoir en ton sein et enfanter un fils, auquel tu donneras ie nom de Jésus. » Luc 1 : 26-32. Et Jésus signifie Sauveur ! Sa mission, Jésus l'explique dans une parabole qu'il prononce pour l'instruction de ses disciples, la parabole de l'ivraie. «// leur proposa une autre parabole, et H dit : Le royaume des deux est semblable à un homme qui a semé une bonne semence dans son champ. Mais, pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de l'ivraie parmi le blé, et s'en alla. Lorsque l'herbe eut poussé et donné du fruit, l'ivraie parut aussi. Les serviteurs du maître de la maison vinrent lui dire : Seigneur, n'as-tu pas semé une bonne semence dans ton champ ? D'où vient donc qu'il y a de l'ivraie ? H leur répondit : C'est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent : Veux-tu que nous allions l'arracher ? Non, dit-il, de peur qu'en arrachant l'ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé. Laissez croître ensemble l'un et l'autre jusqu'à la moisson, et, à l'époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d'abord l'ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé Donnant la clef de cette allégorie, Jésus expliqua ces symboles : « Celui qui sème la bonne semence, c'est le F Us de l'homme ; le champ, c'est le monde ; la bonne semence, ce sont les fils du royaume; l'ivraie, ce sont les fils du malin ; l'ennemi qui l'a semée, c'est le diable ; la moisson, c'est la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges. Or, comme on arrache l'ivraie et qu'on la jette au feu, /7 en sera de même à la fin du monde. Le Fils de l'homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité ; et ils les jetteront dans la fournaise ardente, où H y aura des pleurs et des grincements de dents. » Matthieu 13 : 37-42. Or, Jésus est venu dans le but de préparer ce triage en montrant comment faire pour devenir «les fils du royaume». Et pour conférer plus d'autorité à sa doctrine, il va donner l'exemple, payer de sa personne et accomplir lui-même tout ce qu'il demande aux autres. Lorsque Marie, sa mère, le mena au temple huit jours après sa naissance pour le faire circoncire selon la loi juive, un vieillard du nom de Siméon, qui était un peu prophète, déclara : « Voici, cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction. » Luc 2 : 34. Esaïe l'avait annoncé : « Méprisé ... abandonné», il l'a été dès sa venue au monde à Bethléhem où on avait commencé par ne pas vouloir de sa mère. A trente ans, il reçoit le baptême et commence son ministère. Dans sa trente-quatrième année, il meurt. Il a terminé son œuvre au moment où un homme commence à donner sa mesure. Jésus pénètre dans la vie publique avec un manifeste qu'on n'a jamais égalé, le Sermon sur la montagne, qui commence par ces mots : «Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des deux est à eux !» Matthieu 5 : 3. 10 Tolstoï a prouvé que les principes du Sermon sur la montagne, s'ils étaient effectivement et universellement appliqués et pratiqués, entraîneraient la dissolution de la société et de l'état. C'est donc qu'il contient une puissance extraordinaire et rarement soupçonnée. Pourtant, Jésus n'apporte pas de solution aux problèmes de l'existence, à celui du mal et de la souffrance. C'est que ce discours ne s'adresse, parmi les apôtres et les disciples, qu'à ceux qui sont dans les dispositions nécessaires pour comprendre, et qui sont révélés par la première béatitude : «Heureux les pauvres en esprit car le royaume des deux est à eux. » Ces pauvres, ce ne sont ni les miséreux, bien que. ceux-ci soient plus près que d'autres du royaume, ni les simples d'esprit, quoique les gens simples acceptent plus facilement que les autres les vérités de l'Evangile. Ces pauvres de la béatitude sont des gens qui le sont au sens figuré du mot, c'est-à-dire des gens sincères qui se rendent compte de leur état, souffrent de leur indignité et de leur indigence spirituelle, tel le publicain dans la parabole que Jésus raconta après avoir vu au temple un pharisien et un publicain à l'heure de la prière. «// dit encore cette parabole, en vue de certaines personnes se persuadant qu'elles étaient justes, et ne faisant aucun cas des autres. Deux hommes montèrent au temple pour prier; l'un était pharisien, et l'autre publicain. Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même: O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ou même comme ce publicain; je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes revenus. Le publicain, se tenant à distance, n'osait pas même lever les yeux au ciel; mais il se frappait la poitrine, en disant: 0 Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur. Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l'autre. Car quiconque s'élève sera abaissé, et celui qui s'abaisse sera élevé.» Luc 18: 9-14. Pour Jésus, rien n'est plus détestable que l'orgueil spirituel. Cette attitude du propre juste qui se croit à l'abri de toute condamnation parce qu'il est de tel parti, ou de telle église, lui est insupportable. Pour exposer sa doctrine, Jésus raconte une histoire touchante. Celle d'un enfant gâté, un cadet de famille qui veut vivre sa vie et qui a l'audace de demander à son père sa part d'héritage. L'ayant obtenue, il part. A la ville, bien sûr ! Là, campagnard, désorienté, il est vite pris en charge par des «camarades» qui, en lui faisant découvrir les plaisirs de l'existence, profitent largement de sa bourse encore pleine. Des joyeuses et folles sorties en camarades, aux gouges où l'on paie cher l'orgie et la luxure, il connaît tout. Il connaît «la vie». Puis un jour, ayant fait ripaille une dernière fois, il se retrouve dans la rue, dépouillé et abandonné. Ce qui l'attend, c'est l'asile de nuit ! On lui trouve du travail dans une porcherie. Comme on sait qu'il n'y restera pas longtemps, on ne le ménage pas, et il a faim, si faim qu'il est parfois tenté de disputer à ses porcs leur nourriture immonde. Lorsqu'il n'en peut plus, il pense à retourner chez lui. Dans sa famille, on est à l'aise, les serviteurs eux-mêmes mangent à leur faim. Il reprend le chemin du village. Mais quel va être l'accueil de son père ? Après tout, mieux vaut être serviteur chez son père que mourir de faim ! Qu'a-t-il fait des principes qu'on lui a enseignés lorsqu'il était enfant ? Oui, «J'ai péché contre le ciel et contre toi. » C'est ce qu'il dira à son père quand il tombera dans ses bras. Le père pardonne. Ce n'est pas un domestique qu'il accueille, mais son fils. Ses vêtements sont sales et usés ? En voici d'autres. Il n'a pas mangé depuis plusieurs jours? Qu'on se mette à table ! Qu'on se réjouisse, car l'enfant prodigue est de retour ! Seulement, boudeur et vexé, le frère aîné ne l'entend pas ainsi ! «Ce rôdeur, ce coureur, ce vilipen-deur d'héritage, dès qu'il revient, on oublie tout, on dresse la table, on l'habille, on le fête ! Et lui, qui est resté sagement à travailler avec le père, qui n'a gaspillé ni l'argent ni l'honneur, qu'en fait-on ?» Si nous n'avions pas connaissance de cette phrase de Jésus : «// y aura plus de joie dans le ciel pour un pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance.» Luc 15:7. nous aurions de la justice du Christ une bien singulière idée. Ses idées sociales sont encore en opposition avec les nôtres: pas de prévoyance calculatrice. «Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien !» Et demain ? Demain n'est pas notre affaire ! Votre père qui est dans les cieux sait que vous en avez besoin; pour le moment, pensez au royaume des cieux, et faites ce qu'il faut pour y être ! «Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n'amassent rien dans des greniers; et votre Père céleste les nourrit. Ne 11 va lez-vous pas beaucoup plus qu'eux ? Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie ? Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement ? Considérez comment croissent les lis des champs: ils ne travaillent ni ne filent; cependant, je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. Si Dieu revêtainsil'herbe des champs, qui existe aujourd'hui et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-H pas à plus forte raison, gens de peu de foi? Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas: Que mangerons-nous ? que boirons-nous ? de quoi serons-nous vêtus? Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. » Matthieu 6:26-34. L'œuvre de Jésus, telle que les évangiles nous la présentent, est illustrée par la parabole du bon Samaritain que Jésus rapporta pour répondre à un docteur de la loi qui cherchait à l'embarrasser par une question délicate, et qui finalement demandait : « Qui est mon prochain ?» Mais, à côté de l'enseignement direct de cette parabole, il y a certainement un sens plus caché qui est le suivant : Un homme . c'est Adam et l'humanité. descendit : c'est l'histoire de la chute. de Jérusalem : qUj est la présence et la faveur de Dieu. à Jéricho : |a ville maudite, symbole de péché et de condamnation. H tomba au milieu des brigands: l'homme devient la proie des tentations. qui le dépouillèrent: rhomme est abandonné au mal, privé d'innocence, de force morale. le chargèrent de coups: l'homme devient exposé à toutes les souffrances. et le laissèrent à demi - mort .l'homme est voué à cette mort qu'est le péché. Un sacrificateur (un prêtre) : qui représente l'autorité ecclésiastique, religieuse, les religions, les cérémonies, les sacrifices, la science théologique. ayant vu cet homme : les religions se sont rendu compte des besoins de l'homme. passa outre : la science théologique est impuissante, les cérémonies ne sont d'aucun secours pour le pécheur. Un lévite, l'ayant vu, passa outre: les bonnes œuvres ne peuvent rien pour le salut de l'homme déchu. Mais un Samaritain : le plus méprisé des hommes (voir Esaïe 53), le Christ. qui voyageait: venu du ciel ici-bas. étant venu là: s'étant abaissé. fut ému de compassion : dans sa grande miséricorde, Jésus est venu au secours du pécheur perdu. H s'approcha : \\ s'est fait humble et pauvre pour lui. banda ses plaies :\\ est venu consoler, guérir, bénir. y versa de l'huile et du vin : j| a répandu sur lui ses larmes et son sang. puis H le mit sur sa propre monture : il fait du pécheur son enfant et ne l'abandonne pas. le conduisit à une hôtellerie: c'est l'Eglise, appelée à continuer l'œuvre de Jésus. prit soin de lui : il l'entoure de sollicitude. le lendemain, // tira deux deniers, les donna à l'hôte: j| ne laisse pas le pécheur à ses propres efforts, car son Saint-Esprit fait son œuvre en lui, le réconforte, le rassure, le guide. et dit: aie soin de lui : Jésus qui oriente le pécheur vers l'Eglise, s'attend à ce que ceux qui sont dans l'Eglise prennent soin de ceux qui sont au dehors. et ce que tu dépenseras : Jésus promet de subvenir aux besoins de l'homme pécheur, l'Eglise est donc certaine d'être, remboursée de ses frais. je te le rendrai : Jésus est en compte avec l'Eglise qui est son mandataire. à mon retour: en attendant qu'il revienne et qu'il règle les comptes ! Tel est, dans sa grande simplicité, le message de l'Evangile, de Jésus ! Paul TIËCHE 12 Evangile - Bonne Nouvelle -Jésus Sauveur: quelle merveilleuse association ! Dans le Nouveau Testament, le mot Evangile signifie toujours la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ. Plus tard, on l'emploie aussi pour désigner une relation écrite de la vie du Christ: évangile selon Matthieu, selon Marc, etc. En fait, il n'y a qu'un Evangile, mais il y a quatre évangiles qui le contiennent. Autrement dit, et pour reprendre l'appellation d'Irénée, l'Evangile est tétra-morphe. La place tenue dans la Bible par les quatre évangiles est considérable. On a pu dire très justement qu'ils en forment la mélodie, les autres livres constituant les voix d'accompagnement (les Actes des Apôtres, les Epîtres et l'Apocalypse font l'alto, les livres poétiques et prophétiques de l'Ancien Testament le ténor, le Penta-teuque et les livres historiques la basse). Dieu a voulu que la vie de son Fils fût racontée par quatre auteurs distincts. Son Esprit a certainement présidé à l'élaboration de nos quatre évangiles, et la présence même des dissemblances apparentes n'infirme pas cette divine inspiration. Elles s'expliquent tout naturellement et, en elles-mêmes n'offrent rien d'irréductible. La chose étonnante et qui atteste précisément la collaboration du Saint-Esprit dans la rédaction des évangiles, c'est leur merveilleuse unité sur les points essentiels. Chaque évangile apporte à l'ensemble les éléments qui lui sont particuliers, les détails qui lui sont propres. Ces relations, celle de Jean comprise, se ressemblent assez pour qu'il soit impossible de se tromper sur l'identité des faits qu'elles racontent, et elles diffèrent assez pour qu'on sache qu'elles constituent de ces faits quatre récits différents. Elles se complètent et se contrôlent mutuellement, et le portrait qu'elles donnent de Jésus peut être tenu pour absolument authentique. JESUS-CHRIST nue LA VIE QUI JAILLIT Mais les quatre évangélistes n'ont pas voulu écrire une biographie de Jésus au sens actuel et scientifique du mot. Ils n'ont pas été des historiens. D'abord, ils n'ont pas tout dit. Jean termine ainsi son évangile (21 :25; voir aussi 20:30): Jésus a fait encore beaucoup d'autres choses; si on tes écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pût contenir les livres qu'on écrirait. Un grand nombre de miracles ne sont pas racontés, des centaines de paroles ne sont pas rapportées, des périodes entières de la vie de Jésus et même de son ministère public sont ignorées. Ensuite, ils ne se sont pas préoccupés d'insérer les faits qu'ils racontent dans un cadre chronologique et topographique rigide; Jean excepté, ils se sont peu souciés, à vrai dire, des temps et des lieux. Que sont alors les évangiles? Ils sont un choix de faits et de discours authentiques qui présentent le Christ comme Fils de Dieu, Messie, Fils de l'homme et Sauveur du monde. Ils contiennent à la fois un portrait fidèle de Jésus et un résumé véridique de son enseignement. Ils ne cherchent pas à prouver que Jésus-Christ a vraiment existé, mais, en racontant des faits réellement vécus et en rapportant des enseignements réellement prononcés, ils nous mettent en présence de Celui qui peut sauver tous les pécheurs disposés à accepter son sacrifice et à croire en lui. Et c'est la vie qui jaillit, c'est la personne de Jésus qui revit sans cesse, qui anime tout le récit: ses actes d'Homme vrai, d'Homme saint, d'Homme parfait, ses paroles de Docteur universel, de Maître par excellence. «Vous avez dans ces pages, s'écrie Erasme, un portrait vivant de ce caractère sacro-saint, vous voyez le Christ lui-même parler, guérir, mourir, ressusciter; il est tout entier là, présent devant vous, au point que vous ne seriez pas si sûr de le bien voir, si même vous pouviez le contempler de vos propres yeux.» UNE QUADRICHROMIE Essayons une comparaison. Supposons que nous voulions reproduire une toile polychrome représentant le Christ. Nous pouvons employer deux clichés, par exemple, le premier pour le rouge, le second pour le bleu. Le mélange des deux couleurs fait apparaître des détails 13 a facc et des nuances que l'on ne distinguerait pas sur une reproduction en une seule couleur (brun, bleu, noir, etc.). Mais si nous utilisons trois clichés, le résultat est supérieur encore: une judicieuse répartition du jaune, du rouge et du bleu permet d'obtenir une reproduction comparable, quoique inférieure, à l'original. Ajoutons-y une quatrième couleur: le noir, et le résultat est parfait. Les quatre clichés de cette quadrichromie, très différents les uns des autres, fournissent séparément, ou associés par deux ou par trois, une image imparfaite parce qu'inachevée; ils sont superposés dans l'ordre voulu: jaune, rouge (ou rouge, jaune), bleu et noir, l'image est parfaite. Mettons que Matthieu soit le jaune, Marc le rouge, Luc le bleu et Jean le noir (celui qui donne la touche finale), nous avons, en les superposant, un admirable portrait de Jésus-Christ. De même que chaque cliché est nécessaire et concourt à la perfection de l'image, de même chaque évangile est indispensable et apporte sa précieuse contribution à l'élaboration et à l'achèvement du portrait. Tout lecteur attentif des évangiles peut dégager les traits essentiels que chacun d'eux apporte dans le portrait du Christ, mais nous avons voulu lui faciliter la tâche en donnant ci-après un tableau synoptique qu'il pourra utilement consulter. Dans les évangiles, nous trouvons donc l'Evangile de Jésus-Christ, la Bonne Nouvelle qui, d'âge en âge, demeure «la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit», comme l'a dit l'apôtre Paul dans l'épître aux Romains 1 :16, 17. Et y rencontrer notre Sauveur personnel, c'est faire, selon l'expression du chirurgien Simpson, la plus grande découverte de notre vie. Charles GERBER TABLEAU SYNOPTIQUE DES QUATRE EVANGILES EVANGILES MATTHIEU MARC LUC JEAN But Etablir que J.-C. est le Roi-Messie annoncé par les prophètes Prouver la filiation divine de J.-C. par son service puissant parmi les hommes Annoncer qu’en J.-C. l’humanité entière a trouvé son Sauveur Démontrer que J.-C., vie et lumière divines, est le Fils de Dieu Thème central Jésus, Roi des Juifs Jésus, Serviteur de l’Eternel Jésus, Fils de l’homme Jésus, Fils de Dieu Jésus est venu pour accomplir pour servir et donner sa vie pour chercher et sauver pour révéler le Père Jésus manifeste sa dignité sa puissance sa grâce sa gloire Texte central 5 : 17 10 : 45 19: 10 3: 16 Ce qui domine les discours les miracles les paraboles les entretiens Caractère liturgique anecdotique historique théologique Portée du regard de Jésus vers le passé vers le présent vers l’avenir vers l’éternité Symbole d’Ezéchiel le Taureau le Lion l’Homme l’Aigle Citations de l’A. T. 51 26 25 16 Particularités de style Majesté, brièveté, fermeté Spontanéité, pittoresque, fraîcheur Précision, élégance, richesse (plus de 2000 mots) Simplicité, transparence, force (700 mots) Destinataires les Juifs les Romains les Grecs les Chrétiens Lieu composition Jérusalem Rome Rome ou Césarée Ephèse Date vers 62 vers 61 vers 63 vers 95 Contenu 28 chapitres 1071 versets 16 chapitres 680 versets 24 chapitres 1151 versets 21 chapitres 879 versets LE PROCÈS DE JESUS-CHRIST Sous la conduite de Judas, la milice du sanhédrin avait arrêté Jésus au jardin de Gethsémané, dans la nuit du jeudi au vendredi. Les prêtres et les chefs d'Israël avaient depuis longtemps résolu la mort de celui qui contestait leur autorité et qui avait acquis une profonde influence sur le peuple. En quelques heures, le Christ sera traîné devant plusieurs tribunaux, violemment et faussement accusé^ victime d'un jugement sommaire. Scènes tragiques ! Pour accomplir l'œuvre de la rédemption, le Roi du ciel, Juge de tous les hommes, accepte de comparaître devant des hommes lâches et corrompus qui représentent à Jérusalem le pouvoir civil et le pouvoir religieux, et ne sont en ces circonstances que des instruments aveugles de Satan. Examinons successivement le procès religieux, puis le procès politique. Jésus devant Anne et devant Caïphe Le Christ est conduit d'abord devant Anne, beau-père du souverain sacrificateur Caïphe, pour un interrogatoire préliminaire; un valet donne un soufflet à Jésus qui s'écrie: «S/ j'ai mal parlé, fais voir ce que j'ai dit de mal; mais si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?» Mais le procès religieux va se dérouler devant Caïphe, souverain sacrificateur, qui avait rassemblé en hâte dans sa demeure les scribes et les anciens d'Israël, membres du sanhédrin. Les sacrificateurs, les prêtres en tuniques pourpres, jaunes, violettes, leurs turbans sur la tête sont solennellement assis en demi-cercle; au milieu, sur un siège plus élevé, trône Caïphe; à chaque extrémité du demi-cercle, sur deux petites tribunes surmontées d'une table, se tiennent les deux greffiers; des huissiers de justice, armés de courroies et de cordes, entourent Jésus debout dans sa tunique blanche. Le souverain sacrificateur se lève et accuse le Christ d'être un blasphémateur puisqu'il se prétend Fils de Dieu. Des faux témoins interviennent, mais se contredisent. Pour en finir, Caïphe brusque les choses ; dans la majesté de son autorité incontestée, en arbitre devant lequel tout doit s'incliner, il pose une question solennelle: «Je t'adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le F Us de Dieu.» Ainsi interpellé, sommé d'affirmer sa mission devant le plus haut représentant de la religion d'Israël, Jésus répond : « Tu l'as dit. De plus, je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l'homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel. » Feignant une indignation sacrée, Caïphe déchire ses vêtements. Ce geste, le souverain sacrificateur n'aurait pas dû l'accomplir. La Thora, inspirée par Dieu lui-même, le lui défendait sous peine de mort (Lévitique 10 : 6) quelles que soient les circonstances. Mais sur ce point, comme sur d'autres, la loi divine avait été remplacée par une tradition qui permettait au prêtre entendant un blasphème de déchirer son vêtement pour montrer son horreur. Par ce geste, Caïphe préfigurait la rupture du peuple juif à l'égard de Dieu. Aux yeux des 15 membres du sanhédrin, Jésus est coupable du crime de lèse-majesté divine. Les juges vont prononcer une sentence de mort, mais en violant de nombreuses règles de procédure qui sont pourtant essentielles, car elles constituent une sauvegarde pour les accusés. Voici quelques-unes de ces irrégularités: — Un procès criminel ne devait avoir lieu qu'en plein jour: or Jésus a été jugé la nuit et condamné au matin. - Le jour de la préparation, le vendredi, les débats judiciaires étaient défendus: or le Christ a été jugé ce jour-là. - Une sentence de mort ne pouvait être prononcée que le lendemain des débats : or Jésus a été condamné à l'issue de l'audience. - Les débats auraient dû se dérouler dans la salle du sanhédrin, sur le parvis du temple: ils ont eu lieu dans la maison de Caïphe. - Aucun témoin à décharge n'a été entendu. - La procédure juive exigeait qu'au moment du délibéré, le plus jeune des juges exprimât son opinion le premier; en suivant ainsi l'ordre inverse de la hiérarchie, on voulait éviter que l'avis des juges les plus anciens et les plus expérimentés impressionne les autres. Or, au procès de Jésus, Caïphe a parlé le premier et ne s'est adressé à ses collègues que pour leur faire entériner son jugement. - La Mishna, compilation juridique en vigueur à l'époque de Jésus, prévoyait que le tribunal devait désigner un de ses membres pour défendre l'accusé. C'était l'interrogatoire du président qui énumérait les charges et qui constituait l'accusation. Mais il appartenait à un des juges de prendre la défense de Jésus: cette fonction n'a pas été remplie. Supprimer la défense, c'est supprimer la justice elle-même. Cette irrégularité est la plus grave de toutes, mais les spécialistes ont compté que le sanhédrin en avait commis vingt-sept. Jésus devant Pilate Depuis près d'un siècle, la Palestine a perdu son indépendance. Le sanhédrin peut prononcer la peine de mort; pour l'exécuter, il faut l'approbation de l'autorité romaine. L'empereur Tibère règne à Rome; son représentant à Jérusalem est Pilate, procurateur de Judée. Pilate a épousé une proche parente de l'empereur, Claudia Procula, qui a été autorisée à suivre son époux, alors que les épouses des procurateurs devaient rester à Rome. Les Juifs s'aperçoivent que le gouverneur est indifférent à la querelle religieuse qu'ils lui soumettent. Que Jésus soit ou non le Messie, que peut-il importer à un Romain nourri de philosophie grecque et de mythologie ? Alors ils porteront contre leur victime des accusations nouvelles susceptibles d'intéresser Pilate. Cet homme, affirment-ils, menace l'ordre public; il bouleverse la nation et préconise la grève fiscale; en outre il se prétend le Roi des Juifs. On dirait aujourd'hui que les chefs Israélites accusent Jésus d'attentat à la sûreté de l'Etat. Pilate n'est pas dupe : les accusateurs ne présentent pas même un commencement de preuve. «Je n'ai rien trouvé en lui qui mérite ia mort», dit-il à plusieurs reprises. Il comprend que les Juifs sont aveuglés par la haine et les préjugés, et il ne veut pas condamner un innocent; apprenant que Jésus est de Galilée, il le renvoie devant Hérode Antipas, gouverneur de cette province. Le meurtrier de Jean-Baptiste demande au Christ d'accomplir un miracle. Jésus garde le silence. Hérode le fait alors revêtir d'un manteau éclatant pour se moquer de lui, et le fait maltraiter par la foule, avant de le renvoyer à Pilate. Contre son gré, le gouverneur romain est obligé de reprendre le procès. Il sait que Jésus n'a jamais poussé à la révolte contre Rome et qu'il n'appartient pas au parti des Zélotes, résistants juifs. Il sait aussi par ses informateurs que Jésus invite le peuple au paiement des impôts. Il cherche encore à le libérer, mais il recule devant l'acharnement des prêtres qui poussent la foule à réclamer la libération de Barabbas. Tandis qu'il siège au tribunal, il reçoit le message d'inquiétude et de prudence de sa femme Claudia. Elle avait vu Jésus en songe, et avait compris qu'il était le Messie, le Fils de Dieu, puis elle avait vu les scènes du calvaire, et enfin le Christ sur son trône céleste. Pilate est ébranlé par la lettre de son épouse, mais il n'a pas le caractère d'un chef. Il livre Jésus à la mort. Quel est le motif de la condamnation ? Il est politique. L'accusé est coupable de s'être proclamé Roi des Juifs, comme le dira l'inscription sur la croix. Et l'exécution sera faite par des soldats romains, selon la procédure romaine. Devant le sanhédrin, Jésus aurait dû être défendu. Devant Pilate, il avait aussi le droit de demander l'assistance d'un rhéteur. Pourquoi ne l'a-t-il pas fait ? Il voulait donner sa vie pour réconcilier l'humanité avec son Père. Qu'aurait fait le rhéteur ? Il aurait plaidé l'irresponsabilité mentale. Le dialogue devant Pilate aurait pu être : - As-tu voulu être le Roi des Juifs à la place de Tibère ? - Non, je suis Dieu. Le Seigneur ne voulait pas être défendu de cette manière ; au contraire, il a pleinement accepté sa condamnation puisqu'il est venu sur terre dans le but de souffrir et de mourir. Pilate souhaitait libérer Jésus, mais il ne pouvait le faire qu'en risquant sa situation et ses honneurs. Il a donc préféré envoyer un innocent à la mort. Malgré ce crime, il a très vite perdu ses hautes fonctions, et le remords l'a conduit au suicide peu de temps après la crucifixion. Les chefs d'Israël, eux aussi, ont voulu conserver leur prestige et leur pouvoir sur le peuple. Chaque homme doit, au cours de sa vie, faire un choix entre la conscience et l'intérêt personnel. Puissions-nous méditer sur l'attitude et sur le caractère manifestés par les divers acteurs du plus grand drame de l'Histoire ! A. DUFAU 16 les témoins de JESUS-CHRIST Après avoir mis en équation les composants les plus intimes de la matière, la science s'efforce d'établir la formule du comportement mystérieux de l'être humain. Aidés par des ordinateurs de plus en plus perfectionnés, les futurologues étudient l'avenir de notre civilisation. La fécondité de l'arbre de la connaissance semble apporter à l'homme une puissance sans limite. En pleine escalade technique, nous assistons à une réaction aussi paradoxale qu'imprévue : les héritiers directs de l'hégémonie scientifique en contestent la valeur. Précédés par quelques savants et philosophes d'avant-garde, c'est par une nouvelle spiritualité que les jeunes d'aujourd'hui s'efforcent de retrouver une vie harmonieuse et équilibrée. Le mysticisme oriental n'ayant abouti qu'à des « Katmandou» artificiels et décevants, c'est maintenant la révolution de Jésus qui cristallise les espérances. L'archéologie politique d'Israël qui cherche à établir une sorte d'acte de propriété de la Palestine, a permis, bien involontairement, d'authentifiér l'histoire de Jésus-Christ. De nouvelles précisions historiques, sociales, politiques et religieuses confirment les récits évangéliques souvent considérés comme légendaires. Il est possible maintenant d'expurger du Christianisme les scories de tradition qui, au cours des siècles, en avaient terni la pureté originale. Une première constatation s'impose. Le personnage, Jésus de Nazareth, son enseignement, son comportement, apportent une solution au désarroi, voire même à l'angoisse d'une humanité en pleine crise. Mais si d'une part, il est réconfortant d'apprendre que Jésus accepté comme idéal de vie, a pu être considéré, entre autres, comme un antidote de la drogue, d'autre part, l'influence exercée par cette nouvelle idole semble n'avoir que des rapports très éloignés avec les bienfaits ressentis par les premiers chrétiens. Vouloir adapter Jésus-Christ aux besoins présents, n'est-ce pas retomber dans les déviations opérées par les traditions et les compromis qui, insensiblement, ont défiguré le Christianisme ? JÉSUS ET L'HISTOIRE La nouvelle orientation de l'histoire en tant que science s'écarte de la simple relation des faits marquants, de l'étude biographique des personnages célèbres, pour analyser, chaque fois que cela est possible ce qui est caché derrière les événements. Cette nouvelle orientation a pour nom la méthode de «l'iceberg», les historiens s'attachant davantage aux 6/7 de la partie qu'au 1 /7 de l'événement connu. Méthode particulièrement précieuse pour aborder l'étude de Jésus-Christ, personnage presque inconnu des historiens de son époque et dont l'influence, pourtant, allait dans l'Em-pire romain d'abord, puis, dans le monde entier, être le point de départ d'une nouvelle civilisation. Au-delà des personnages historiques Hérode, Tibère, Pilate, Caïphe, apparaît un climat politique et social qui détermine le comportement de la société juive : — Occupation militaire avec ses résistants et ses collaborateurs. — Aspiration à une libération politique. - Coexistence de deux juridictions souvent contradictoires. - Dans l'histoire juive, toute occupation politique est considérée comme le résultat d'une déviation religieuse. 17 Nous trouvons : aux deux extrêmes, les Zélateurs, confiants dans une action politique pouvant aller jusqu'à la violence et les Esséniens qui, retirés du monde, n'envisagaient le salut que dans un mysticisme et une pureté de vie, accessibles, semble-t-il, à quelques « initiés ». Les Prêtres qui s'efforcent de maintenir leurs prérogatives religieuses et juridiques souvent au prix de concessions. Les Pharisiens, se voulant scrupuleusement attachés à la loi mais de l'apôtre Pierre ; Luc, le médecin historien, et Jean, le disciple que Jésus aimait, nous présentent des portraits complémentaires d'un personnage dont les enseignements et les préoccupations correspondent avec précision à la société des historiens. Dans une époque de crise politique et morale, les apôtres ont citant davantage les traditions talmudiques que les textes de l'Ancien Testament. Les Sadducéens (progressistes) s'accommodantfort bien de l'occupation et des cultures étrangères. Jésus apporte quelque chose d'autre. Une morale pure, sans concession, basée uniquement sur l'amour envers Dieu et le prochain. Une religion sociale, accessible à tous pauvres, riches, esclaves, étrangers. Aujourd'hui, la psychologie a établi de façon rigoureuse les trois transmis à leurs contemporains et à vingt siècles de Christianisme un message qui, par son fond et par sa forme, contient un élément de réforme, de conversion. Au début de l'ère chrétienne, l'éventail des solutions offertes au peuple hébreu était largement ouvert. besoins fondamentaux nécessaires à l'équilibre et au développement de l'homme. Etre aimé. Etre protégé. Etre valorisé. Telles étaient les bases mêmes de l'enseignement de Jésus-Christ. — Prouver l'amour de Dieu (Père). - Protéger l'homme par un guide de vie, complet et équilibré (le Décalogue). - Valoriser l'être humain en l'appelant à devenir participant à la nature divine. A travers le langage, véhicule de la pensée, nous pouvons déterminer l'esprit même de la civilisation chrétienne et comprendre pourquoi après 2000 ans, la Bible a conservé sa puissance de communicabilité. Chaque langue possède son propre génie. Le Français : la langue diplomatique. L'Américain : la langue technologique, etc. L'Hébreu ou l'Araméen, qui démontre une même structure mentale, possède le génie de la spiritualité. Ce qui importe plus que la contenance logique du mot, c'est l'émotion qu'il peut éveiller. L'Evangile de Jean nous cite plusieurs similitudes employées par Jésus : Je suis le chemin. Je suis ia porte (cep, berger, époux, etc.). Quelques exemples du vocabulaire biblique 1. Le nom de Dieu : Yahvé est formé en hébreu par trois consonnes imprononçables pour souligner qu'un «être» parfait, infini et éternel ne peut être enfermé dans un vocable. 2. Tsedek : mot clé de la morale juive, signifie à la fois amour et justice, deux notions inséparables, l'une de l'autre. 3. Dans les langues gréco-latines, le rapport entre l'objet et son possesseur est à l'opposé de la syntaxe hébraïque. L'objet ne varie pas, c'est le possesseur qui se décline. En hébreu, le possesseur reste invariable. L'objet s'accorde. Exemples : La Maison du Père : c'est la maison qui reçoit le caractère affectif, paternel. Dans la parabole de l'enfant prodigue, le jeune homme exilé volontairement ne songe pas aux valeurs matérielles de la maison de son père mais est attiré par l'affectivité et la sécurité qui s'y attachent. 4. La valeur du temps (dont nous sommes si souvent les pri sonniers). Dans la pensée biblique, le temps est une qualité davantage qu'une quantité. Ce qui importe, ce n'est pas la durée mais ce que l'homme en fait. Dans la parabole des ouvriers de la onzième heure, le fait d'avoir été disponible et d'avoir travaillé, a seul de l'importance. Sur le plan psychologique, cette notion est beaucoup plus humaine. L'homme ne ressent pas de la même manière une heure d'angoisse, une heure de bonheur. Une seconde d'imprudence, d'inattention, peut marquer ou interrompre une vie. Une décision, un engagement, une réponse à l'appel de Dieu, sont capables de transformer non seulement l'existence humaine sur le plan terrestre mais pour l'éternité. L'Evangile de Jean empreint des visions de l'Apocalypse nous présente un Jésus-Christ, vivant, actif, participant à l'actualité de l'être humain le plus intime. 18 LE LANGAGE UNE MORALE — Dans les familles juives pieuses, l'éducation est tout entière basée sur l'étude des principes divins révélés au peuple élu. Ce climat admirablement décrit aujourd'hui par les historiens est, en tous points, conforme au récit évangélique. Les quatre témoins : Matthieu, le fonctionnaire; Marc, le collaborateur JÉSUS n'a pas parlé à la Radio, et pour cause... Mais ce qu'il a dit, il y aura bientôt 2000 ans, devant des foules réunies en plein air, ou dans l'intimité de ses douze premiers disciples, est aujourd'hui répercuté sur les ondes, au milieu de beaucoup d'autres émissions. JÉSUS n'a pas écrit. Le récit de sa vie, son enseignement nous ont été rapportés par quelques-uns de ses disciples. Aujourd'hui, leurs écrits sont étudiés par des milliers de personnes, à l'aide de cours par correspondance, formule d'enseignement qui a fait ses preuves en toutes sortes de disciplines. JÉSUS est donc un «classique», si l'on peut dire... Ce qu'il a dit s'adresse à l'Homme. « Parole d'Evangile» est restée jusqu'à nos jours une expression qui évoque l'autorité, la véracité de Jésus-Christ. Ce qu'on sait peut-être moins, c'est que JÉSUS a prédit les dangers mortels de notre civilisation, qu'une partie de son Evangile en fait état, constituant ainsi un message destiné à notre temps. JÉSUS toujours actuel, contrairement à ce que beaucoup pensent... Mais cela, il faut le contrôler soi-même... LA VOIX DE L'ESPÉRANCE Cours par correspondance : «La voix de rEspérance», 63, rue du Fbg Poissonnière, 75009 PARIS Radio Trans-Europe 31 m. dimanche 10 h. vendredi 22 h. Comme nous sommes loin, dans l'Evangile, de ces copies dérisoires souvent limitées aux apparences vestimentaires. Certes, Jésus a été contestataire, mais des traditions et des compromis sous toutes leurs formes. La religion n'est pas une commémoration d'événements passés, une sorte de nostalgie d'une époque révolue, mais une réponse aux problèmes de l'homme. Contrairement aux idéologies matérialistes ou spirituelles d'aujourd'hui, l'action de Jésus-Christ ne se situe pas dans une réforme utopique de la société mais dans la conversion personnelle de chaque individu. Pensée, langage, communication peuvent être considérés comme les témoins les plus complets, la démonstration la plus claire du message que Jésus-Christ a laissé à l'humanité. Conclusion Dans l'Apocalypse, une vision s'adresse plus particulièrement à l'homme du 20e siècle et à son besoin de protection et de compréhension. Elle nous offre plus qu'un enseignement : une solution, une espérance. Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. Apocalypse 3 : 20. Jean LAVANCHY 19 EVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉ CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN -EN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVEN ïNIRCHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIE Qui de nous ne connaît pas l'envie ? Qui n'a jamais éprouvé ce sentiment d'admiration dissimulée devant un objet malheureusement hors de portée ? Car en fait, l'envie, c'est cela : une sorte de revendication qui se retourne contre elle-même, allant parfois jusqu'à nier (du moins officiellement) la valeur de ce qu'elle admire secrètement. Dans nos rapports avec Dieu, le scandale prend le relais de l'envie. L'homme aspire au bonheur promis, à la vie éternelle ; mais l'énormité même de cette promesse l'amène à douter. Est-ce un bonheur accessible, imaginable ? Croire à tout cela, n'est-ce pas s'aventurer sur le terrain de l'illusion ? Pourquoi ne pas se satisfaire d'un état plus à notre taille, d'un royaume de paix que l'homme pourrait construire? Ce qui est excessif et démesuré nous gêne : nous en portons l'index à la tempe, ou alors nous en rions en feignant d'approuver ; en d'autres termes, nous nous en scandalisons, ce qui est la forme secrète d'un refus. « Dans son étroitesse de cœur, l'homme le charpentier et son ROYAUME naturel est incapable de s'octroyer l'extraordinaire que Dieu lui destinait : aussi se scandalise-t-il.» (1) Dans un sens (2), le «scandale», c'est ce qui barre la route, l'obstacle contre lequel on vient buter et qui empêche une progression normale. Preuve en soit la réplique fulgurante de Jésus à Pierre quand celui-ci, bien intentionné, cherche à lui barrer la route de Jérusalem et de la Croix : Arrière de moi, Satan ! tu m'es en scandale... Matthieu 16 : 23. La violence de la riposte s'explique : la suggestion du disciple correspond en fait à une réapparition voilée de la troisième tentation satanique (devenir le Messie sans passer par la Croix). Souvent, dans le Nouveau Testament, le terme grec skandalon est traduit par occasion de chute ou pierre d'achoppement : Pensez plutôt à ne rien faire qui soit pour votre frère une pierre d'achoppement ou une occasion de chute. Romains 14 : 13. Balaam, qui enseignait à Balak à mettre une pierre d'achoppement devant les fils d'Israël... Apocalypse 2:14. Dans ce dernier cas, il s'agit d'un piège, d'un scandale «programmé» ! Il convient de faire une distinction radicale entre les faux scandales et le seul scandale authentique. Ne nous attardons pas sur les premiers ; on a suffisamment entendu parler des guerres de religion, des prêtres ou des pasteurs qui se conduisent mal, des «changements inacceptables» dans le déroulement des services religieux, sans oublier les nombreux passages bibliques propres à dépayser l'homme moderne. Tout cela, c'est du folklore, dans ce sens que le christianisme n'est aucunement lié à ce genre de choses. Mais il est un scandale, authentique celui-là, qu'on ne peut esquiver en lisant l'Evangile : la Croix, pierre d'achoppement qui fait trébucher les Juifs aussi bien que les païens (Galates 5 : 11 ; 1 Corinthiens 1 : 23 ; Romains 9 : 34). Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute, s'est exclamé Jésus (Luc 7 : 23). Elle est curieuse, l'insistance avec laquelle les évangélistes ont ponctué leurs récits d'avertissements similaires... Ils donnent l'impression d'attacher à cette possibilité de scandale une importance démesurée. Et pour que Jésus lui-même prononce une béatitude (c'en est une), il fallait tout de même que le danger soit sérieux ! Mais de quoi peut-il s'agir ? Imaginons (3) un pauvre journalier que l'empereur le plus puissant du monde aurait brusquement le caprice de faire chercher, lui signalant qu'il le veut pour gendre... On saisit l'embarras du pauvre homme : l'empereur voulait certainement se moquer de lui, ce qui lui vaudrait de devenir la risée de la foule. Passe encore si l'empereur lui avait accordé une petite marque de faveur; mais lui offrir sa fille en mariage, c'était exagéré ! DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHR R CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN TIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVE VENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTIEN - DEVENIR CHRÉTI Réfléchissons : l'espérance chrétienne n'est-elle pas infiniment plus outrancière ? Tout d'abord, elle nous présente l'homme comme un être dont le péché devrait occuper Dieu. C'est une prétention inqualifiable ! l'homme, ce ver parmi les vers, pourrait donc vivre dans l'intimité de Dieu ? Et comme si c'était trop peu, ce Dieu vient en personne pour le supplier d'accepter son secours. Là, il faut avouer que la coupe déborde. L'homme préfère ne pas être dupe d'une pareille espérance et ne pas encourir le ridicule. Ainsi, lorsqu'il se détourne du christianisme, cela ne tient pas à l'austérité de celui-ci, mais à son caractère trop élevé. Il juge que dans ces conditions, espérer serait absurde. Surtout si le héraut de ce salut, l'envoyé de Dieu, lui paraît un peu... misérable. On dirait aujourd'hui qu'il manque de crédibilité. Les Nazaréens aussi ont vite fait le tour de la question : D'où lui viennent ces choses ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et comment de tels miracles se font-ils par ses mains ? N'est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de J oses, de Jude et de Simon ? et ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ? Et H était pour eux une occasion de chute. Marc 6 : 2, 3. Même pour ceux qui ne connaissaient pas son origine (mais tout se sait I) cela devait faire drôle de le voir souffrir, pleurer, ressentir de l'effroi — comme eux. Dieu serait-il donc allé jusque-là ? N'y avait-il pas en lui de zone échappant à la douleur ? Ne pouvait-il pas «s'échapper par le haut» ? Ignorait-il tout de la méthode des fakirs ? Un Dieu qui se laisse crucifier : comment est-ce possible ? «L'Evangile est une arme à double tranchant : il ne nous dit pas seulement que Dieu nous aime, mais que son amour est inséparable de la blessure. Il nous apporte la vie et nous demande de mourir. Dans les derniers temps, l'amour ne peut nous atteindre que par la croix. L'amour qui sauve passe par le Christ crucifié. Tel est l'objet de la foi chrétienne.» (4) Voilà le paradoxe. Et l'Ecriture fourmille de paradoxes. Dieu se propose à l'homme en la personne d'un être méconnu et humilié. Cela produit un choc, un bouleversement qui amène soit au refus (scandale), soit à la foi. On ne soulignera jamais assez qu'il n'existe pas de troisième possibilité. Le paradoxe est un carrefour, et l'opposition humaine est toujours une des voies possibles. Preuve en soit l'attitude du Christ : après avoir eu raison de ses opposants naturels (vents, tempête, maladies) ou surnaturels (démon), il n'intervient pas pour faire cesser l'opposition humaine lorsque celle-ci renaît. (5) Les mises en garde contre ceux qui provoquent des scandales ne doivent pas nous faire oublier que Jésus n'a pas craint le scandale dans la mesure où il était fécond et nécessaire; ainsi de sa personne et de son œuvre. Nous pourrions même dire que toutes les autres pierres d'achoppement doivent s'estomper pour faire place à celle-là, qui constitue une étape décisive sur le chemin de la foi. Il serait facile d'épiloguer. Mieux vaut se poser quelques questions, que je souhaite aussi corrosives que possible par rapport à notre «confort spirituel»: dans les récits évangéliques, tout nous paraît-il harmonieux, raisonnable, humainement acceptable? N'ont-ils pas perdu de leur saveur ? Y décelons-nous encore quelques touches criardes? Ou bien tout est-il «rentré dans l'ordre»? Il est facile de se complaire dans la bonne société tout en connaissant la préférence du Christ pour les parias; de laisser mûrir les produits de son jardin tout en sachant que le Seigneur cherchait des figues hors de saison, de construire sa vie sur des cérémonies, tandis que Jésus passait la sienne à montrer la fausseté des «systèmes». Avant nos professions de foi, ajoutons-nous souvent ce petit mot qui change tout: «Et pourtant, je crois !» Croire, malgré tout. Croire... parce que c'est absurde. Yvan BOURQUIN (1) Kierkegaard, Traité du Désespoir, p. 177. (2) Développé par J. Sulivan, Dieu au-delà de Dieu, p. 109, 110. (3) La comparaison est de Kierkegaard. (4) Jean Sulivan, op. cité, p. 102. (5) Cf J. Starobinski, Analyse structurale et Exégèse biblique, p. 83. CONTROLEZ VOUS-MÊME 1. Quelle est l'origine du vrai scandale ? a) les chrétiens ne sont pas ce qu'on était en droit d'attendre ; b) le Christ ne s'est pas présenté c) comme on l'attendait; certains passages bibliques posent trop de problèmes. 2. Jésus souffrait : a) seulemententantqu'homme; b) surtout en tant qu'homme ; c) totalement. 3. Pour qu'il y ait «scandale» (dans le sens de cet article) : a) suffit-il d'une attitude «amusée» (hausser les épaules) ? b) faut-il une attitude offensée, choquée ? c) une chose doit-elle être ébruitée, publiée ? 4. Que désigne le mot «absurde» dans la dernière phrase ? a) quelque chose qui n'a pas de sens ; b) quelque chose qui est contradictoire, paradoxal ? c) il est absurde de ne pas croire. Réponses exactes page 35 «Jésus prêchait le Royaume, mais Paul prêche le Christ», affirmait Harnack en une saisissante formule. Chacun peut s'en convaincre aisément. Dans l'ensemble du livre des Actes des Apôtres, écrit par Luc, le règne de Dieu n'est mentionné que sept fois. Par contre, l'Evangile écrit par le même auteur le mentionne trente neuf fois. Paul, lui, n'a voulu savoir autre chose que Jésus-Christ, Jésus-Christ crucifié (1 Corinthiens 2:2). On sait qu'il n'eut pas le privilège de suivre le maître sur les routes de la Palestine. C'est à la suite de la fulgurante apparition du Christ sur le chemin de Damas qu'il s'est converti. Il ne fut pas son disciple, ne reçut pas son enseignement comme les autres apôtres. Ses ennemis le lui reprochaient, prétendant qu'il usurpait le titre d'apôtre, normalement réservé à ceux qui avaient accompagné Jésus durant son ministère terrestre (Actes 1 :21). Mais Paul se savait apôtre par la volonté de Dieu (2 Corinthiens 1:1, 2; Galates 1:1-3; Ephésiens 1:1, 2). L'argument de ses adversaires ne l'émeut pas. Maintenant, s'écrit-il, nous ne connaissons personne selon la chair ; et si nous avons connu Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus de cette manière. Il y a dans ces paroles une sainte audace. Connaître Jésus selon la chair, c'est le connaître dans la réalité concrète de son incarnation. Avoir vécu avec lui précisément. Paul pourrait sans doute évoquer quelque souvenir de rencontre. N'était-il pas étudiant à Jérusalem du vivant de Jésus ? Mais peu importe ! Cette connaissance-là n'a fait de Saul de Tarse ni un apôtre ni même un chrétien. Quelle que soit sa valeur ou son importance, elle est insuffisante. Bref : il y a plusieurs manières de connaître Jésus, et elles n'ont pas toutes la même valeur. I. Jésus et l'histoire Tout d'abord, on peut considérer Jésus du point de vue historique. La prodigieuse croissance de l'humble germe autrefois jeté dans l'âme de quelques hommes par un fils de la Galilée reste le phénomène le plus saisissant de l'histoire. Le temps a passé, des institutions puissantes se sont écroulées, les plus brillantes civilisations se sont évanouies, des langues très répandues autrefois sont mortes, des nations sont nées tandis que d'autres ont disparu ; bref, le monde a plusieurs fois changé de visage. Mais l'Evangile de Jésus n'a pas cessé de se répandre. Comme le constate Emerson : « Le nom de Jésus ne s'est pas simplement inscrit dans l'histoire du monde, il l'a profondément labourée.» C'est à saint Paul que nous devons nos premiers documents sur Jésus. Dans ses épîtres, il nous le montre, issu de la famille de David, messie attendu des prophètes, prêchant avec la puissance de l'Esprit, instituant la sainte Cène, mourant sur la croix mais apparaissant glorifié à plusieurs reprises devant de nombreux témoins. Puis, les évangélistes s'attachent à nous renseigner avec plus dg'préci- sions. Matthieu songe le premier, semble-t-il, à consigner par écrit les principaux discours de Jésus. Marc utilise ce texte - aujourd'hui perdu -pour écrire son évangile à l'intention des Romains. Jésus y apparaît doué d'une puissance dont les fiers conquérants ignoraient la source. « Son portrait est un dessin d'enfant, vivant, naïf et coloré.» (François Refoulé.) Matthieu, reprend alors son premier travail. Il désire montrer aux Juifs le merveilleux accomplissement des prophéties messianiques; enseigner l'accomplissement de la loi qui tranche sur la justice des scribes et des pharisiens. Luc, de son côté, expose les faits d'une manière suivie, saisissant toutes les occasions pour révéler la grâce de Dieu. Beaucoup plus tard, pressé par ses amis, Jean complète cette triple esquisse par son témoignage admirable. Il avait contemplé déjà, par la porte ouverte dans le ciel (Apocalypse 4:1), le Christ assis à la droite de Dieu. Ses souvenirs sont naturellement auréolés de lumière céleste. Il ne peut dissocier l'homme Jésus de sa dimension divine (Jean 1 :18). Ne dissimulons pas une difficulté. La vérité historique est farouche et exige un travail préalable dont on ne soupçonne pas la complexité. Depuis que H.S. Reimarus a publié, en 1778 « Le dessein de Jésus et de ses disciples», les études historiques ont été fort nombreuses. Cet immense effort scientifique, d'après A. Schweitzer a fait sauter les chaînes qui rivaient Jésus au rocher du dogme ecclésial. Plusieurs en ont JESUS-CI1RIST conclu que Jésus n'a jamais existé. Tel un mythe, il n'aurait été autre chose qu'un dieu-sauveur adoré par une secte pré-chrétienne, semblable aux religions à mystères de Rome. Jésus vaudrait, historiquement, ce que valent les Apollon, les Mars, les Jupiter. Comme dit Péguy, si Jésus fut passible des bourreaux, il le fut aussi des historiens... Bultmann qualifie de roman toute la vie de Jésus. Il pense qu'on ne peut rien savoir de la vie et de la personnalité de Jésus parce que les sources évangéliques sont envahies par la légende. De plus, il juge ces histoires illégitimes comme supprimant le risque de la foi. Il n'a que faire du Christ «selon la chair», et se réclame de saint Paul. Mais attention ! Si l'historien doit critiquer les sources de l'histoire, il n'a pas le droit de se substituer à ses témoins. Telle est l'audace illégitime qu'il convient de déplorer dans les efforts en question. La prédication de l'Eglise est fondée sur un fait. Ce fait constitue, au cœur de l'histoire, un crépuscule et une aurore, la fin des temps (1 Pierre 1 : 20) et l'aube «du siècle à venir» (Hébreux 6 : 5). Que cette histoire n'ait pas été écrite selon nos techniques modernes ne peut militer contre son authenticité ! On en convient généralement aujourd'hui. Si les évangiles sont la seule vie de Jésus que l'on puisse écrire, comme le disait Lagrange - en dépit des quelques informations qui peuvent être glanées dans l'histoire ancienne -, cette vie de Jésus présente «des caractères de vérité si grands, si frappants, si parfaitement inimitables, que l'inventeur en serait plus étonnant que le héros» (J.J. Rousseau). En vérité, ces quatre évangiles sont incomparables. Rien de superflu. Tout signifie. De la naissance à la mort, de la résurrection à l'ascension, tout est lumière. Celui qui chemine par les sentiers de l'histoire évangélique, comme autrefois Cléopas et son ami sur la route d'Emmaüs, sent son cœur brûler au-dedans de lui (Luc 24 : 32) en l'écoutant parler, en le voyant agir. Il a l'impression de percevoir les battements de son cœur et d'entrer dans son intimité. Le cœur s'enflamme. L'histoire prend vie. Telle n'est pourtant pas l'expérience de tous. Des milliers d'hommes ont rencontré Jésus, l'ont connu «selon la chair» et n'ont fait aucune autre expérience à son contact. C'est que Jésus s'entoure d'une terrible discrétion. Il ne s'impose pas à la foi des hommes. Sa personne, la faible condition humaine qu'il entend assumer jusqu'au bout sont un piège, une raison d'en «attendre un autre» (Luc 7:19). Et voilà bien la définition même du doute ! En dehors de la foi, rien ne distingue Jésus des autres hommes. Même en Jésus-Christ, Dieu ne s'impose pas aux hommes. Il les aime assez pour les vouloir libres. Libres de toutes contraintes, même intellectuelles. C'est pourquoi, la mort sur la croix est le corollaire indispensable des miracles. Sans elle, les manifestations de puissance seraient des signes de triomphes sataniques (Luc 4:13). Ah! comme on comprend saint Paul: «Si nous avons connu Christ selon la chair, maintenant, nous ne le connaissons plus de cette manière». II. Jésus-Christ et ma conscience Il n'empêche que la contemplation émerveillée de ce Christ-là irradie depuis vingt siècles. «Les plus glorieux génies du passé seraient oubliés, si des monuments, - palais, obélisques ou tombeaux, papyrus ou parchemins, briques, stèles ou médailles, — ne nous en avaient gardé quelque souvenir. Jésus se survit dans la conscience de ses fidèles : voilà son témoignage, son monument indestructible.» (P. Didon.) Il existe un visage de Jésus couronné d'épines peint de curieuse façon. Les paupières sont closes au fond d'orbites sombres. Mais à regarder de plus près, on découvre les prunelles ; les yeux s'ouvrent et regardent fixement. Comme le disait W. Monod, il se passe quelque chose d'analogue devant l'Evangile. Nous le lisons croyant examiner le Christ, et c'est lui qui nous examine, et qui nous juge. D'historique, le Christ devient moral. Une relation s'engage entre lui et notre conscience. Kant nous avertit: «La conscience n'est pas quelque chose que l'on peut acquérir et il n'y a pas de devoir qui prescrive de se la procurer; mais tout homme, comme être moral, la porte originairement en lui.» Victor Hugo est plus précis: «Ma conscience en moi, c'est Dieu que j'ai pour hôte; Je puis, par un faux cercle avec un faux compas, Le mettre hors du ciel; mais hors de moi, non pas.» Nous ne pouvons éliminer notre conscience, elle est comme un hôte divin en nous. Pour mieux comprendre cela, qu'on se rappelle le regard de Jésus lancé à Pierre après le reniement (Luc 22:61). Ce qu'il cherche? La conscience de Pierre. Le regard de Jésus éclaire ce qu'il regarde. Etrange pouvoir qui met en évidence la parenté qui unit le Christ à la conscience. La pieuse habitude en vertu de laquelle le chrétien se demande: «Que ferait Jésus à ma place?» est une conséquence empirique du même principe. C'est aussi un fervent hommage à la personne morale de Jésus. Ainsi la connaissance de Jésus, pour peu qu'elle soit sincère, me fait haïr le mal, aimer le bien. Je ne puis laisser son regard pénétrer en moi et demeurer inchangé. Un historien rationaliste l'affirme: «Le simple récit des trois courtes années de sa vie active a plus fait pour adoucir et régénérer le genre humain, que toutes les dissertations philosophiques et toutes les exhortations des moralistes.» (W.E.H. Lecky.) Nous nous sommes élevés de la connaissance historique à la connaissance morale de Jésus. III. Jésus-Christ : esprit vivifiant Mais saint Paul ne s'arrête pas là. On peut avoir cheminé avec Jésus sur les sentiers de l'histoire; avoir découvert en lui un merveilleux prédicateur de morale, et mériter comme Philippe le douloureux reproche : H y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu, Philippe. Jean 14:9. On peut aimer l'enseignement du Maître et déployer de généreux efforts pour le mettre en pratique, en une pieuse imitation du modèle et sombrer dans le reniement ou la trahison. On peut distribuer tous ses biens aux pauvres et même offrir son corps en sacrifice et n'être qu'un airain qui résonne. On peut avoir prêché, fait des miracles, et entendre ce terrible verdict: Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez /'iniquité. Matthieu 7 : 23. Certes, la splendeur morale de Jésus nous révèle notre propre grandeur, éveille en nous la soif du dépassement; mais le modèle n'est-il pas inimitable? Voici l'aveu d'un historien, Renan, qui déploya tous ses efforts pour arracher Jésus aux nuages et le camper fermement sur le sol de Palestine: «Quel prodige! Celui qui veut tracer l'idéal de la vertu et du sublime ne peut encore emprunter ses traits qu'à Jésus. ... Le rationalisme le plus déclaré recule devant sa critique, et moi je ne consens à le regarder fermement qu'à genoux devant lui. O Jésus, éclaire-moi, toi vérité, toi vie. ... Oh ! dis-moi donc qui tu es ! Je souffre, ô Jésus, d'avoir soulevé ton problème. Il est trop lourd pour moi, car je ne suis qu'un homme, et toi tu étais quelque chose de plus.» Le miracle par excellence, c'est que Jésus ait existé. Il est acte de Dieu. Divin dans sa personne, dans sa mission, dans son enseignement, dans sa communion. Je ne puis croire en lui sans une rencontre vivante, intime et profonde, au creuset de mon âme. Alors, Jésus sort de son anonymat. Je transfère sur Dieu, ce que je sais de lui. La foi en Jésus engendre la foi de Jésus. Celui qui m'a vu, dit Jésus, a vu le Père (Jean 14:9). Auprès du buisson ardent, Moïse est déchaussé. Dès lors, comment aborder cette autre révélation, tellement plus sublime, du Logos fait chair, du Fils montrant aux hommes l'image du Père invisible ? Jésus est celui en qui Dieu nous rencontre et nous sauve. En lui, Dieu s'est totalement incarné et humanisé en sorte que Philippe a pu vivre avec lui trois ans sans voir, sans comprendre, sans connaître autrement que «selon la chair». C'est le terrible incognito de Dieu, déjà signalé, sans lequel il n'y aurait plus ni foi ni amour mais contrainte et servitude ! Et j'apprends ce dont j'avais le plus impérieux besoin : Fils de Dieu, Jésus offre à ma foi la possibilité de devenir enfant de Dieu (Jean 1:12). Non seulement l'homme n'est pas irrémédiablement séparé de Dieu, mais il est appelé à participer à la nature divine (2 Pierre 1 :4). Ainsi la vraie connaissance du Christ nous achemine à l'état de nouvelle créature (2 Corinthiens 5:17). Parce que Dieu était en Christ (2 Corinthiens 5:19), notre vie est cachée avec Christ en Dieu, si le lien de la foi se tisse indes-tructiblement de lui à nous (Colos-siens 3 :3). D'après saint Paul, le Christ est un esprit vivifiant (1 Corinthiens 15: 45). Si nous nous attachons à lui, nous serons avec lui un seul esprit (1 Corinthiens 6:17). La solidarité entre Jésus et nous engendre une connaissance telle qu'il peut vivre en nous (Galates 2:20). En vertu de la grâce de Dieu, «nous en Christ», «Christ en nous» sont des formules inséparables. La vraie connaissance du Christ rend courage aux pécheurs les plus endurcis et flétrit l'orgueil des propre-justes satisfaits d'eux-mêmes. Relever les uns, abaisser la superbe des autres, ouvrir à tous, les perspectives radieuses d'une communion toujours plus complète avec Dieu, voilà l'Evangile, source de salut pour quiconque croit. Si chétif en apparence, l'homme porte l'infini dans son cœur. Pétri de boue, il est fait pour la souveraineté spirituelle. Cet être qui rappelle le néant par tant de côtés, mais qui aspire à la vie absolue peut relever hardiment la tête, contempler en Jésus l'idéal de perfection qui brille en sa conscience. Et de cette contemplation même, jaillira, merveilleux mimétisme,notre propre métamorphose. Bientôt, nous verrons face à face et connaîtrons parfaitement. Alors nous serons semblables à lui (1 Jean 3:2). Georges Stêveny IL N OSA PAS... N > ^otre époque, a dit peu avant sa mort Monsieur Pompidou, est celle de l'impudence et de l'impudeur.» L'un et l'autre vont ensemble et sont le fruit de l'irrespect. La pudeur, dans ce qu'elle a d'authentique, naît du respect de soi-même en même temps que des autres. c ^^^eci est également vrai dans le domaine spirituel. Les superstitions les plus grossières, les formes les plus dégradantes de l'idolâtrie trouvent leur origine dans l'absence du respect envers Dieu. Mais, ce qui nous touche de plus près, cette attitude conduit d'abord à perdre le sens du sacré, comme on l'appelle. En d'autres termes, l'irrespect de Dieu entraîne à ne plus savoir distinguer entre le sacré et le profane. Cette confusion n'est-elle pas une des caractéristiques de notre temps parmi bien d'autres? Pour la plus large part elle est à l'origine de cet effarant désarroi moral où se meuvent des foules pourtant avides de spiritualité. La vie spirituelle est souvent confondue avec certaines émotions qu'on pense pouvoir provoquer à l'aide de drogues diverses ou certains procédés psychologiques. Si bien que le centre de la religion est, en fait, déplacé de Dieu à l'homme. Il ne s'agit plus d'une relation avec Dieu, mais d'une espèce de retournement de l'homme vers lui-même; une sorte d'extase devant soi-même. En somme, on cherche une religion athée, peut-on dire. Dieu a été évacué; on n'a plus besoin de lui. . u bien alors, il est conçu comme un mythe. En tous cas, il n'est plus une personne. Il a cessé d'être le Tout-Puissant, l'Eternel souverainement indépendant et élevé au-dessus de tout, créateur et soutien de toute chose, et source de toute vie ; juge suprême du bien et du mal. 'existence historique du Christ, elle-même, est considérée comme négligeable. Seul importe, dit-on, le symbole dont il est l'image: l'homme parvenu au terme glorieux de son évolution. Voici, du reste, à cet égard, les paroles que le Père Bruckberger, dans sa «Lettre ouverte à Jésus-Christ», prête aux théologiens les plus avancés s'adressant à Jésus: «D'ailleurs, votre vraie grandeur n'est pas d'être un personnage historique, c'est d'être un personnage mythique. Vous n'êtes plus, vous n'avez jamais été un personnage, un individu, une personne concrète, vous êtes l'Homme divinisé. Non pas Dieu qui s'est fait homme, mais l'Homme même qui se fait peu à peu Dieu, et il n'y a pas d'autre Dieu que lui. C'est cet homme à venir que nous invoquons quand nous disons JESUS-CHRIST, c'est déjà Lui qui nous inspire, qui nous parle, qui nous appelle, qui nous interpelle du fond de la nuit des millénaires à venir. ... C'est cet élan vers l'inconnu de l'avenir qui fait de nous des „hommes de foi". Et rien d'autre (1).» s h^ans toutefois aller jusque-là, à beaucoup de croyants d'aujourd'hui, la foi, qui est certitude et sereine confiance, est présentée, à l'inverse, comme une émotion plus ou moins vive et passagère. On recherche le sensationnel, le spectaculaire. L'amour de Dieu, sur lequel est fortement mis l'accent, n'est plus ce principe éternel, intransigeant et terrible, fort comme la mort, et moteur de l'Univers. Il devient un sentimentalisme douceâtre, distinguant à peine entre le bien et le mal. ne lecture, même superficielle de la Bible, suffit à découvrir que de tous temps les prophètes, ces porte-parole inspirés de Dieu, ont dû combattre cette tendance à «dévaluer le Créateur» à la fois dans sa personne et dans son œuvre, ce qui se nomme l'impiété. Ainsi, dès les premiers âges de l'église chrétienne, Jude «Serviteur de Jésus-Christ» comme il s'intitule lui-même, met en garde les croyants de son temps contre ce qu'il appelle des impies. Nous lisons, en effet, dans l'épître dont il est l'auteur: H s'est glissé parmi vous certains hommes, dont la condamnation est écrite depuis longtemps, des impies qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renient notre seul Maître et Seigneur Jésus-Christ. Et de citer en exemple le sort tragique et pourtant connu de ceux qui dans le passé avaient adopté une semblable attitude: les Israélites qui périrent dans le désert, après la sortie d'Egypte, pour n'avoir pris au sérieux ni les promesses, ni la fidélité de Dieu. Jude les qualifie d'incrédules. Il parle encore des habitants de Sodome et Gomorrhe qui, entraînés par l'idolâtrie,virent se développer chez eux les appétits les plus dénaturés. Eux aussi furent détruits. Puis, revenant aux impies de son époque, il déclare: Malgré cela ces hommes aussi entraînés par leurs rêveries souillent pareillement leur chair, méprisent l'autorité et injurient les gloires. M • Maintenant, ayant fait ressortir les risques formidables pris par ceux qui se moquent de Dieu, les impies, Jude, tout à l'opposé, offre l'image bouleversante du respect que le Créateur lui-même manifeste toujours à sa créature, même révoltée, même déchue, condamnée. Nous lisons en effet: Or l'archange Michel lorsqu'il contestait avec le diable et lui disputait le corps de Moïse, n'osa pas porter contre lui un jugement injurieux, mais H dit: Que le Seigneur te réprime ! L'auteur de notre épître, fait ici allusion au dernier et extraordinaire épisode de l'histoire de Moïse. Lui aussi, dans une certaine occasion s'était rendu coupable d'un manque de révérence envers son Dieu. En raison de sa très haute position, il devait être sévèrement châtié. En conséquence, Dieu l'informa que sa vie lui serait reprise au moment où il devrait faire entrer triomphalement les Hébreuxen Canaan. Cependant, aussitôt le châtiment administré, Dieu voulait offrir une incomparable récompense à celui qui avait fait preuve, malgré tout, d'un dévouement fidèle et exemplaire, et de tant d'intelligence. Il vint donc lui-même, Dieu, pour ressusciter et prendre avec lui son puissant Serviteur. «L'archange Michel», dans notre texte, en effet, désigne la deuxième personne de la Divinité: celui qui devait s'incarner en Jésus de Nazareth; par qui et pour qui, dit saint Paul toutes choses ont été créées, reflet de la gloire et empreinte du Père Eternel, soutenant toutes choses par sa parole puissante. Hébreux 1 : 3a. Mais là, près du corps de Moïse veillait déjà l'adversaire, Satan, l'inventeur du mensonge et de l'impiété. Cet homme, Moïse, qui avait oublié dans un instant de colère le respect dû à la Parole de Dieu, il le considérait comme sien. Il en était le maître. Sans grand effort nous pourrions imaginer les arguments et les justes reproches que l'archange Michel eût pu opposer à son adversaire. Il n'eut pas été déplacé, entre autres, de lui faire observer, au moins, son impudence. Lui, le révolté, le père de tout mal et de toute la souffrance sous laquelle croule le monde accablé, avoir l'audace de faire valoir un droit sur l'une de ses victimes ! ... M 1 lais, nous dit le texte sacré, l'archange Michel n'osa pas porter contre lui un jugement injurieux ... Oh ! sublime délicatesse du Créateur devant sa créature ! Sa créature déchue pourtant, devenue indigne et abominable. Contre celui qui ne méritait que le plus sévère des jugements, il «n'osa pas» prononcer une parole outrageante. Il «n'osa pas», lui, le Tout-Puissant ! En d'autres termes, surmontant sa répugnance il ne manifesta que du respect; même envers Satan. Quel contraste avec ceux qui «injurient les gloires et méprisent l'autorité» (divine) dont parle encore l'auteur inspiré de notre épître ! Quelle découverte aussi, d'un des aspects les plus émouvants du caractère de Dieu; d'une des manifestations les plus touchantes de sa tendresse. r ^^>e respect, en effet, s'il l'éprouve à l'égard de Satan lui-même, à combien plus forte raison ne le ressent-il pas envers chacune de ses créatures. Envers vous, ami. Envers moi. Envers tous. Sa toute-puissance s'arrête à son respect. Et cela éclaire bien des problèmes. ^^^insi le Tout-Puissant a disposé les choses de manière que la qualité de notre vie ici-bas et notre destinée éternelle, soient simplement déterminées par l'attitude que nous prenons en face de sa Parole ; en face de Jésus-Christ qu'elle nous révèle, parfaite image de Dieu et incarnation de son amour. C'est ce que Jésus lui-même déclare lorsqu'il dit: Celui qui rejette mes paroles a son juge : La Parole que j'ai annoncée c'est elle qui le jugera au dernier jour. ... Et ce jugement c'est que la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises. ... Jésus-Christ, est-il dit aussi, n'est pas venu pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Jean 12 :48 ; 3 :19, 17. C'est-à-dire que l'heure du Jugement n'étant pas encore venue, aujourd'hui comme il y a vingt siècles, le choix nous est offert; un libre choix. Dans la considération qu'il nous porte, le Créateur ne désire pas que l'homme se comporte comme un esclave ou un robot dont il manierait les commandes. Son amour et son respect envers nous, nous veulent libres, indépendants, adultes; responsables, comme on dit aujourd'hui. Ce but ne peut être atteint, que si l'homme décide librement devant le choix que Dieu lui offre. ^^^kujourd'hui, esclaves, certes, de nos habi-tudes, de nos appétits, de nos instincts, de notre mauvaise conscience; de notre péché. Oui. Mais devant la croix plantée à Golgotha, je puis devenir libre, simplement par le choix qu'elle m'invite à faire. Là je puis recouvrer la suprême dignité de l'homme créé à l'image de Dieu. C'est tout. Etonnante simplicité des choses parfaites, et, à la fois prodigieuse invention de l'amour ou du respect, d'un Dieu qui nous veut à son image. Bar exemple, il veut que, librement, l'homme s'approche de lui, sans jamais le contraindre dans sa volonté, ni violenter son cœur. C'est pourquoi, aujourd'hui comme autrefois, il refuse des miracles à ceux qui prétendent en avoir besoin pour croire en lui (Matthieu 12:38-42). Seules les lumières de la sainte Ecriture, qui est Parole de Dieu, et les aimables sollicitations intérieures de l'Esprit-Saint, doivent être à l'origine de notre choix ; librement. S'il est disposé à éclairer tout homme de bonne volonté, jamais Dieu n'obligera qui que ce soit à faire le bien qu'il ne veut pas. Jamais même il ne sauvera quelqu'un malgré lui, bien qu'il ait payé pour cela un prix infini et que ce soit son suprême désir, tant il est vrai que l'amour est d'abord respect et humilité. André MATTOIM (1) p. 63, 68, éd. Albin Michel. P JESUS-CHRIST etlemondeàvenii Au cours de nos deux précédents articles, nous nous sommes efforcés de définir le genre de révolutionnaire que Jésus a été, dans sa vie tout d'abord, et le genre de révolution que Jésus est venu commencer dans le monde, ensuite, par son enseignement. Il est vrai — nous l'avons fait remarquer -, Jésus est un révolutionnaire d'une espèce très spéciale, tant par son comportement face aux problèmes de base qui se posent à toute société humaine, sur le plan politique et social, que par son enseignement touchant aux problèmes de l'homme, comme individu, tels les problèmes de la liberté et de la soumission aux lois, de la paix et de la guerre, de la violence et de la non-violence. Nous avions choisi de nous arrêter sur ces quelques problèmes particuliers, parce que tout d'abord ils constituent le fondement de l'enseignement du maître galiléen, mais aussi parce qu'ils sont présentement d'une brûlante actualité. La jeunesse révolutionnaire de notre temps met ces divers problèmes directement en cause, en contestant le bien-fondé des solutions proposées dans la plupart des cas. Quant aux adeptes de la «révolution de Jésus», ils cherchent à justifier leur comportement et leur action à partir de l'exemple et de l'enseignement de Jésus. Comment, en effet, échapper à l'ironie d'une situation qui fait que l'homme, au moment où il est plus puissant qu'il ne l'a jamais été, se sente aussi peu capable d'établir et de maintenir la justice et la paix sur la terre? Comment expliquer que notre génération cherche la liberté dans l'affranchissement de toutes les lois divines et humaines, alors que dans le même temps nos connaissances scientifiques extraordinaires nous enseignent que tout dans l'univers est conditionné par des lois? Ces questions et quelques autres du même genre sont lancinantes. Beaucoup s'efforcent de les chasser de leur esprit, les considérant comme inopportunes. Mais de plus en plus nombreux sont également ceux qui, loin de les fuir, tentent au contraire, de leur donner une réponse qui soit à la mesure de notre temps. La jeunesse, en particulier, est travaillée par une inquiétude difficile à définir; elle se trouve confrontée à des situations nouvelles et à des perspectives qui donnent le vertige. Plus sensible, probablement, à la gravité de la situation que le reste des hommes, la jeunesse tout spécialement, cherche de quoi se rassurer: un but, une espérance. Elle a déjà essayé maintes solutions, allant de l'idéologie à la révolution, 27 du dépaysement à la drogue, de l'athéisme au Zen et maintenant, depuis peu, on assiste de sa part à un véritable engouement pour Jésus. L'ampleur du mouvement ne peut laisser indifférents. Le message qu'ils proclament à la face du monde, l'index pointé vers le ciel, a quelque chose de prophétique: «Jésus vous aime; Jésus va revenir bientôt.» Ne serait-ce pas la réalisation d'un de ces mouvements typiques des temps de la fin dont parle la Bible ? Sans manquer à la sagesse et à la sobriété qui s'imposent en la matière, il faut bien reconnaître que le rayonnement de ces jeunes est puissant. Quoi qu'il en soit, le message de cette jeunesse, éprise de Jésus, mérite notre attention. Il me paraît être comme une invitation à vérifier, chacun pour soi-même, le bien-fondé de ce que cette jeunesse affirme si généreusement touchant le prochain retour de Jésus, retour qui s'inscrit inévitablement dans une vision du monde et de son avenir que la grande masse des chrétiens ignore, le plus souvent, presque complètement. Rien d'étonnant que Jésus apparaisse, une fois encore, dans ces conditions et dans cette perspective, comme un véritable révolutionnaire. Pour le comprendre commençons par considérer son attitude et son enseignement par rapport au monde présent; ils sont indispensables pour définir la mission de Jésus et sa vision du monde à venir. Cette vision du monde présent s'inscrit tout naturellement dans le contexte de l'Ancien Testament, dans le prolongement de ce qu'ont enseigné, autrefois, les prophètes d'Israël. C'est-à-dire que Dieu, en créant le monde, au commencement, a fait toute chose bonne, mais que l'homme, par sa désobéissance aux lois du Créateur, y a introduit le règne des puissances sataniques et démoniaques, d'où le désordre, la dégénérescence, le péché, la souffrance et la mort. Après avoir perdu la domination sur tout ce que Dieu avait créé pour assurer sa vie et son bien-être - une vie qui devait être sans fin, un bien-être sans nuage - l'homme lui-même devint l'esclave des puissances auxquelles il s'était soumis en ne se soumettant pas aux lois de la vie, établies par le Créateur. Car, on est toujours esclave de celui à qui on obéit, explique saint Paul, soit du péché qui conduit à la mort, soit de l'obéissance qui conduit à la justice. Romains 6:16. Chacun est esclave de ce qui a triomphé de lui, précise de son côté l'apôtre Pierre. (Deuxième épître, chapitre 2:19.) Dès lors, étant passé sous la domination de la puissance qui a vaincu l'homme, ce monde et ceux qui l'habitent n'appartiennent plus directement à Dieu, mais à celui que Jésus appelle le «prince de ce monde», et avec lequel il déclare n'avoir rien de commun (Jean 12:31; 14:30; 16:11). H a été meurtrier dès le commencement, et H ne se tient pas dans ta vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. ...H est menteur et le père du mensonge. Jean 8 :44. Pour l'avoir écouté, l'homme est devenu son jouet, son instrument d'action dans ce monde; à cause de la désobéissance de l'homme, la création elle-même a été soumise à la vanité, ainsi que l'explique saint Paul — non de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise. Romains 8:20. Par conséquent, pour Jésus, ce monde, séparé de Dieu, livré à lui-même, court infailliblement à sa perte. Il n'y a pas de salut possible pour lui. L'histoire de ce monde aura une fin, et cette «fin du monde», prédite à maintes reprises par Jésus, correspondra avec le début d'un monde nouveau, dont Jésus lui-même sera le Seigneur. C'est de ce monde-là dont il est question lorsqu'il reconnaît devant Pilate qu'il est roi, mais que «son royaume n'est pas de ce monde». Et c'est afin de préparer la «révolution» en vue de la restauration du royaume de Dieu que Jésus est venu lui-même dans ce monde, «méchant et adultère», comme il le définit (Matthieu 12:39). Je suis venu dans le monde pour rendre rémoignage à la vérité afin que quiconque est de la vérité, écoute ma voix. Jean 18:37. En venant dans le monde, explique Jean dans le prologue de son évangile, Jésus était la véritable lumière qui éclaire tout homme. H était dans le monde ... et le monde ne l'a pas connu. H est venu chez les siens, et les siens ne l'ont point reçu. Mais à tous ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom H a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Jean 1 :8-12. Ainsi donc si le monde est irrémédiablement condamné, s'il est radicalement irrécupérable, Dieu ne veut cependant pas la mort du pécheur mais plutôt qu'il change de conduite et qu'il vive, comme l'annonçait déjà le prophète Ezéchiel. Ce que Dieu désire par rapport aux hommes, c'est que tous soient sauvés, et parviennent à la connaissance de la vérité (1 Timothée 2:4). Cette vérité dont a parlé Jésus, qu'il est venu incarner, qu'il a enseignée à ses disciples comme information libératrice susceptible d'affranchir des puissances qui dominent ce monde, tous ceux qui la reçoivent. En effet, comme l'explique abondamment l'apôtre Paul dans ses épîtres, Dieu a condamné le péché dans la chair, en envoyant, à cause du péché, son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, et cela afin que la justice de la loi fût accomplie en nous. Ce faisant, en Jésus-Christ Dieu nous a affranchis de la loi du péché et de la mort (Romains 8:2-4). Ayant paru comme un simple homme, H s'est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix. Philippiens 2:7, 8. Ainsi, par sa vie sans péché et son obéissance jusqu'à la mort, Jésus a anéanti celui qui a la puissance de la mort ... et H a délivré tous ceux qui, par crainte de la mort, sont toute leur vie retenus dans la servitude (Hébreux 2:14). Ainsi donc, conclut Paul, comme par une seule offense la condamnation a atteint tous les hommes, de même par un seul acte de justice la justification qui donne la vie s'étend à tous les hommes. ... Car si le 28 salaire du péché, c'est la mort, le don gratuit de Dieu, c'est la vie éternelle en Jésus-Christ. Romains 5:18; 6:23. Prenez-courage, dira le Maître victorieux des puissances adverses, j'ai vaincu le monde (Jean 16: 33). Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde. Matthieu 28:18-20. Enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Telle est justement la méthode préconisée par le Maître pour que se réalise la «révolution» qu'il est venu amorcer dans le monde. Je leur ai donné ta parole, dit Jésus dans sa prière sacerdotale; et le monde les a hais, parce qu'ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Qu'importe ! Comme tu m'as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde. Jean 17:14-17. Et s'adressant à ses disciples, à la veille de leur première mission dans le monde, il leur dit: Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes. ... Allez, prêchez et dites: Le royaume des deux est proche. ...Ce que je vous dis dans les ténèbres dites-le en plein jour; et ce qui vous est dit à l'oreille, prêchez-le sur les toits. Matthieu 10:16, 7, 27. Cet enseignement, répandu à pleines mains, comme la semence du semeur, ne manquera pas de germer, de croître en silence, de se développer imperceptiblement et de porter du fruit en vue d'une abondante moisson. C'est d'ailleurs du grain de blé jeté en terre, dont Jésus se sert pour illustrer le processus mystérieux de ce qu'il appelle le royaume de Dieu, c'est-à-dire cette présence invisible de Dieu au milieu des hommes, cette action dynamique de l'Evangile au sein de l'humanité, cette «re-création» d'hommes nouveaux en vue du royaume éternel que Jésus établira à la fin des temps, au terme de l'histoire, quand le grain sera parvenu à maturité, quand l'heure de la moisson aura sonné. Dans cette attente, cependant, le royaume de Dieu est déjà en gestion. Jésus en a lui-même jeté la semence; il agit déjà comme le levain dans la pâte; déjà, il est en train de devenir une réalité au-dedans de l'humanité. Interrogé par les pharisiens sur la venue du royaume de Dieu, Jésus répond : Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards; on ne dira point: H est ici, ou, H est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous. Luc 17:20, 21. H en estdu royaume de Dieu, précise-t-il par ailleurs, comme quand un homme jette de la semence en terre : qu'il dorme ou qu'il veille, nuit et jour, la semence germe et croît sans qu'il sache comment. La terre produit elle-même, d'abord l'herbe, puis l'épi, puis le grain tout formé dans l'épi; et, dès que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est là. Marc 4: 26-29. Puis, voulant illustrer le développement extraordinaire que prendra le royaume de Dieu, dans le monde et au cours de l'histoire, Jésus dit encore cette autre parabole : Le royaume de Dieu est semblable à un grain de sénevé qu'un homme a pris et jeté dans son jardin; Hpousse, devient un arbre et les oiseaux du ciel habitent dans ses branches. Luc 13:19. Comme on le voit, le principe du royaume de Dieu, le point de départ, c'est Jésus lui-même : sa vie, sa mort, et sa résurrection; son enseignement, communiqué à une poignée d'hommes très modestes, mais ayant la certitude de porter à l'humanité entière une «bonne nouvelle », susceptible de libérer les hommes, s'ils le veulent, de les transformer de l'intérieur, de les diviniser en quelque sorte, dans l'attente de la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ. Car, en effet, précise Paul, Christ qui s'est offert une seule fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois à ceux qui l'attendent pour leur salut. 1 Corinthiens 1:7; Tite 2:13; Hébreux 9:28. Certes, le royaume de Dieu est déjà en route; au cours de l'histoire, il s'est développé, comme un arbre à partir d'une minuscule semence. Le grain de blé jeté en terre s'est abondamment multiplié; et déjà les champs blanchissent pour la moisson. A chacun de discerner l'exactitude de cet enseignement et de comprendre que le temps de la «moisson du monde» approche. Car Jésus, à l'exemple des prophètes d'Israël, ne pense pas que l'histoire humaine soit une série indéfinie et sans limite, encore moins un processus cyclique. Il enseigne au contraire que l'histoire a une fin, un terme, qui dépend directement du message révolutionnaire qu'il est venu propager dans ce monde. N'a-t-il pas dit: Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin ? Matthieu 24 :14. Nous touchons ici au point capital de l'enseigne-gnement de Jésus, à la raison d'être de son intervention dans le monde. Si Jésus ne revenait pas, toute son œuvre serait vaine; vaine aussi serait la foi de tous ceux qui ont mis leur confiance dans ses promesses. Il ne leur resterait plus qu'à suivre le conseil donné par Paul à ceux d'entre les Corinthiens qui doutaient de la certitude de la résurrection : Mangeons et buvons, car demain nous mourrons. 1 Corinthiens 15:32. Comme toutes les doctrines révolutionnaires, celle de Jésus ne prend toute sa valeur que par rapport à la vision du monde à venir et par rapport aux promesses faites pour que le rêve devienne réalité-JL 11 JeanZURCHER 29 Le mot «engagement» a depuis quelques années un retentissement particulier. On parle de plus en plus d'écrivains engagés; de chanteurs engagés, et, phénomène nouveau, d'ecclésiastiques engagés. Avant d'aller plus loin, il serait sage de définir le sens du mot «engagement». Un engagement, d'après le dictionnaire est une prise de position. En d'autre terme, dès l'instant où je prends position, je m'engage. Aujourd'hui, lorsqu'on parle d'un chrétien ou d'un christianisme engagé on fait allusion surtout à des prises de position sociales ou politiques. Un évêque engagé est un ecclésiastique qui prend position dans l'un de ces deux domaines. Ce n'est pas nouveau. Il y a un siècle, l'Eglise tout entière prenait position en faveur du parti monarchiste contre la IIIe république. Il semble qu'aujourd'hui on attribue le qualificatif «engagé» à quelqu'un qui prend ses distances vis-à-vis du pouvoir. Il y a là un abus de langage. On confond trop souvent «engagement» et «politique». Par étymologie, un chrétien est engagé. Un chrétien est un homme qui a pris position pour Jésus-Christ, qui répond à l'appel de Jésus-Christ et qui, chaque jour, veut vivre comme son Maître a vécu. Pour beaucoup de gens, être chrétien signifie fréquenter une fois par semaine l'Eglise à laquelle on appartient. Donner un petit sou à la collecte. Que personne ne s'avise de leur demander plus! Ils estiment faire déjà beaucoup. Lors du jugement, ils présenteront à Dieu un petit carnet sur lequel sont indiqués: leur régularité aux offices hebdomadaires, la somme qu'ils ont versée, leur certificat de baptême, voire même de communion. Ce sont ces milliers de bons chrétiens qui remplissent dans nos nations chrétiennes, nos églises chrétiennes. Mais l'Eglise n'est pas une gare. La vie chrétienne n'est pas une promenade en train. Votre certificat de première communion ou de baptême n'est pas un ticket pour le ciel. Il ne s'agit pas de prendre le train de la facilité. Il s'agit de suivre Jésus-Christ sur le chemin rocailleux du calvaire, il s'agit de répondre à l'appel de Dieu. Même si cela doit bouleverser nos bonnes habitudes. UNE RÉVOLUTION COMPLÈTE Abraham avait soixante quinze ans lorsque Dieu l'appela hors de son pays. Il habitait une contrée riche, à Ur en Chaldée. C'est là que la première a voixdes jeunes * la voixdes jeunes * la voixdes jeunes * la voixdes 30 grande civilisation est née. Abraham avait ses affaires, son commerce, ses amis, ses parents, ses coutumes, ses habitudes. Un jour Dieu lui parla en ces mots: L'Eternel dit à Abram: Va-t-en de ton pays, de ta patrie, et de ia maison de ton Père, dans le pays que je te montrerai. ... Abram partit, comme !'Eternel le lui avait dit, et Lot partit avec lui. Abram était âgé de soixante-quinze ans, lorsqu'il sortit de Charan. Genèse 12:1-4. L'ordre est clair. Il faut quitter cette région, il faut quitter ce monde. Il faut prendre position. Dieu savait que le pays contaminait ses enfants. Seul le patriarche était encore fidèle. Abraham quitta le pays. Il put entraîner son neveu Lot. Tous les autres restèrent enchaînés à leur prospérité, à leurs habitudes. Abraham prit position. Il s'engagea pour Dieu. Il partit. Lisez sa vie et vous saurez ce que signifie «s'engager pour Dieu». C'est toute une révolution qu'il faut opérer en nous et autour de nous. Moïse le savait bien. Il redoutait un peu cet engagement total. Moïse, adopté par la princesse Hapshetsout aurait dû régner en Egypte. Par solidarité à l'égard de son peuple, par fidélité, il quitta ce pays, le luxe, la fortune, les plaisirs. Il devint berger au pays de Madian, en Arabie, pendant quarante ans. Pendant quarante ans le prince garda les moutons. Moïse pensait finir ses jours, entouré des siens et de ses troupeaux. Il s'était engagé pour Dieu en renonçant à l'Egypte, maintenant, à quatre-vingts ans, sa vie s'écoulait sans problème. Un jour qu'il faisait paître le troupeau de son beau-père, l'ange de Dieu apparut dans un buisson ardent. Dieu l'appela. Comme il appela Abraham, et lui donna un ordre .Maintenant va, je t'enverrai auprès de Pharaon, et tu feras sortir d'Egypte mon peuple, les enfants d'Israël. Exode 3:10. Après quelques hésitations le berger accepta sa nouvelle mission. Moïse devenait le libérateur d'Israël. Il s'engagea à nouveau. Dieu vous a peut-être appelés il y a longtemps. Vous lui avez répondu, vous vous êtes engagés. Peut-être avez-vous lutté comme Moïse pour répondre à l'appel. Peut-être avez-vous quitté les honneurs, la richesse, pour une vie difficile. Depuis, la vie s'est écoulée, le temps a passé. Vous avez pris le bon train, mais vous sommeillez peut-être dans votre compartiment en attendant l'arrivée. Et si le train était arrêté? Et si Dieu voulait vous appeler à nouveau ? Comme Moïse une deuxième fois, pour vous confier unegrande mission, apporter au monde un message de libération? Si Dieu vous demandait une deuxième fois de vous engager pour lui ? JE SERAI AVEC TOI Vous pouvez peut-être dire: «Moïse c'est Moïse, moi c'est tout autre chose.» Chacun de vous peut devenir un Moïse. Il vous suffit de répondre à l'appel de Dieu, d'obéir à son ordre et de le suivre, même s'il faut changer ses habitudes, même s'il faut affronter les moqueries. Moïse était un vieillard; Moïse avait tout perdu de son éducation égyptienne, il bégayait. Parce qu'il connaissait sa faiblesse Dieu l'a appelé, et Dieu lui a donné cette promesse : Je serai avec toi. Engagez-vous pour Dieu, et il vous répondra : «Je serai avec toi.» Peut-être pensez-vous que Moïse, Abraham sont des exceptions, des héros d'une austérité dépassée. Peut-être pensez-vous que Jésus est moins exigeant, plus tolérant. Il aime tout le monde, comprend tout le monde. Peut-être pensez-vous qu'avec lui on arrive toujours à s'arranger. En êtes-vous sûrs? Très bien ! alors voyons ce que Jésus attend de ses disciples: S/ quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge chaque jour de sa croix, et qu'il me suive. Luc 9:23. Vous voulez suivre Jésus? Alors renoncez à vous-même. Un disciple de Jésus c'est quelqu'un qui renonce à lui-même. Il n'est pas facile de renoncer à soi-même. Pourtant, c'est la condition essentielle du disciple. Ainsi donc, quiconque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'H possède ne peut être mon disciple. Luc 14:33. Un jour, un jeune homme vint trouver Jésus. Il voulait devenir un disciple. Il voulait être sauvé. Bon maître que dois-je faire pour hériter la vie éternelle? ... H te manque encore une chose; vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les deux. Puis viens et suis-moi. Lorsqu'il entendit ces paroles, H devint tout triste, car H était très riche. Luc 18 :18-23. Ce jeune homme était religieux, croyant, il observait les commandements. C'est du moins ce qu'il dit. Vous aussi vous êtes religieux; vous n'avez tué personne, volé personne, la vie éternelle devrait vous être due. Jésus dit au jeune homme: H te manque encore une chose, vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les deux. Par cet ordre Jésus bouscule la religion bien installée du jeune homme. Il croyait être religieux. Il croyait être un enfant de Dieu, en fait sa religion était superficielle. Il obéissait aux coutumes de sa maison, de son peuple, plus qu'à son Dieu. Pour devenir disciple de Jésus il lui fallait franchir un obstacle: sa richesse. Pourquoi sa richesse? Parce qu'elle était devenue un Dieu pour lui. Elle occupait la première place dans sa vie. LA PREMIÈRE PLACE Nous avons tous dans notre vie des obstacles qui nous empêchent de suivre réellement Jésus. Pour certains c'est la richesse, d'autres c'est le confort, d'autres encore c'est leunes * la voixdes jeunes * la voixdes jeunes * la voixdes jeunes * la 31 leur réputation, d'autres la peur d'être l'objet de moquerie, ou l'observation d'un commandement. Pourtant l'apôtre Jacques dit: Car quiconque observe toute la loi mais pèche contre un seul commandement est coupable de tous. Jacques 2 :10. Suivre Jésus c'est le mettre à la première place dans sa vie et dans son cœur. Voulez-vous suivre Jésus ? Voulez-vous lui donner la première place dans votre vie? Certains hésitent, réfléchissent. Il faut, avant de s'engager, réfléchir. A ceux qui ont tendance à prendre des décisions trop hâtives, Jésus leur disait de calculer la dépense. Car, lequel de vous, s'il veut bâtir une tour, ne s'assied d'abord pour calculer la dépense et voir s'il a de quoi la terminer. Luc 14:28. Mais à ceux qui ont tendance à trop réfléchir, à renvoyer sans arrêt leur décision aux prochaines lunaisons Jésus dit: Laisse les morts ensevelir les morts; toi, viens et suis-moi. ... Quiconque met la main à la charrue, et regarde en arrière, n'est pas propre au royaume de Dieu. Luc 9:59-62. Matthieu était assis à la table des comptes. Jésus passa, et le regarda et dit: Suis-moi et le percepteur des impôts s'est levé et l'a suivi. Il s'est engagé pour Dieu. AUJOURD'HUI Pierre tendait ses filets. Jésus lui a dit: Suis-moi. Pierre l'a suivi. Jésus ne vous demande pas de faire le tour du monde, il ne vous demande pas de vendre tous vos biens, mais il vous demande d'être prêts à le faire s'il fallait choisir entre vos biens et lui, entre votre tranquillité et lui. Il vous demande de l'aimer par-dessus tout et de marcher à ses côtés. Ce n'est pas le hasard qui vous a tendu ce journal... Aujourd'hui, peut- être pour la première fois, peut-être pour la dernière fois vous entendez l'appel du Christ: Toi, viens et suis-moi. Votre décision est capitale. Vous pouvez connaître le bonheur. La vie éternelle vous est promise. Vous vivez un moment important, le plus important de votre vie. La Bible dit: Aujourd'hui si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas votre cœur. Hébreux 3:15. Vous ne possédez que l'instant présent; demain ne vous appartient pas. On s'engage pour son pays, on s'engage pour ses idées, mais on discute pour suivre Jésus. Ne dites pas «je suis trop vieux». Ne dites pas «je suis trop jeune». Ne dites pas «je n'ai pas le temps». Jésus n'entend pas vos excuses, il vous dit: Viens, et suis-moi. Voulez-vous être son disciple ? Etes-vous prêt à vivre pour Jésus-Christ ? Etes-vous prêt à vous engager pour Jésus-Christ? A devenir son disciple? Il faut savoir prendre un nouveau départ, il faut savoir faire le point pour s'engager à nouveau dans la plus grande expérience qu'il soit donné à un homme de vivre. Ne vous inquiétez pas de vos voisins, de vos amis. C'est de vous qu'il s'agit. Pierre demandait à Jésus ce qui adviendrait de Jean, que t'importe lui répondit-il, toi, viens et suis-moi. C'est de votre vie qu'il s'agit. C'est vous que Jésus appelle (Jean 21 :21, 22). Ceux qui sont contre la guerre, manifestent publiquement leurs idées, ils signent des pétitions, ils défilent dans les rues. Vous, vous choisissez de suivre Jésus, vous affirmez ce choix publiquement en changeant de vie, d'orientation. John GRAZ a voixdes jeunes * la voixdes jeunes * la voixdes jeunes * la voixdes 32 LA GRANDE ESPÉRANCE Contraint par la pression japonaise de quitter les Philippines, le général Mac Arthur fit cette promesse : «Je reviendrai.» Il eut soin de la rappeler en la faisant imprimer sur différents objets et projectiles parachutés ensuite. Il tint parole et délivra les Philippines de l'occupant japonais. Quelqu'un d'autre a fait, il y a vingt siècles, une promesse semblable, c'est Jésus-Christ Sa déclaration se trouve dans l'évangile selon saint Jean (14:3) : «Je reviendrai.» Elle est claire et directe. Il est impossible de ne pas en comprendre le sens. Jésus nous fait donc une promesse formelle qui se réalisera avec certitude. Comment et pourquoi ? Nous allons répondre à ces questions qui nous intéressent particulièrement. LA LIBÉRATION Cette libération parfaite nous est présentée longuement et clairement dans la Révélation divine. 1. Certaine. Plus de 300 textes du Nouveau Testament — 1 verset sur 25 — attestent la seconde venue du Christ. Dans la prière modèle, le « Notre Père», Jésus invite ses disciples à désirer ce retour : «Que ton règne vienne... » A l'Ascension, comme les disciples «avaient les regards fixés vers le ciel pendant qu'il s'en allait, voici, deux hommes vêtus de blanc leur apparurent, et dirent Hommes Galiléens, pourquoi vous arrêtez- vous à regarder au ciel ? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, viendra de la même manière que vous l'avez vu allant au ciel.» Actes 1:10, 11. Le cri de Mara-natha (le Seigneur vient, 1 Corinthiens 16:22, par lequel les chrétiens du siècle apostolique se saluaient, exprimait la vivacité et la joie de leur attente. Voici ce qu'écrit le cardinal Billot dans son ouvrage «La Parousie» (p. 90, 91): «On sait assez quelle place maîtresse occupe dans l'économie de la révélation chrétienne la perspective de cette seconde venue du Seigneur, si souvent et si solennellement annoncée par lui, comme devant amener avec la transformation des cieux et de la terre d'à présent, avec la résurrection des morts et le jugement général, l'établissement définitif du royaume de Dieu en sa consommation finale et sa perfection dernière. Il suffit, en effet, d'ouvrir tant soi peu l'Evangile, pour reconnaître aussitôt que la Parousie est bien véritablement l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin, le premier et le dernier mot de la prédication de Jésus, qu'elle en est la clé, le dénouement, l'explication et la raison d'être, la sanction, que c'est enfin l'événement suprême auquel tout le reste est rapporté et sans lequel tout le reste s'effondre et disparaît. » Dans une brochure plus récente, intitulée : «Je reviendrai», et revêtue de l'imprimatur, G. Dedéban, professeur de théologie catholique, écrit : «„Je reviendrai et je vous prendrai avec moi", quelle promesse ! Quel horizon radieux ! Corps et âme, nous serons avec lui „quand il reviendra". En lisant l'Evangile et les Ecrits inspirés des apôtres, on est obligé de croire au retour du Christ, et d'y croire comme à une chose importante entre toutes, comme à l'événement capital pour le règne et le triomphe effectif du Rédempteur. Toutes les paraboles du royaume... se projettent dans cette perspective. Le fond du tableau est le retour glorieux et le règne total du Christ. Devant le sanhédrin, le Christ proclame : „Vous verrez le Fils de l'homme... venant sur les nuées du ciel !" (Matthieu 26 : 64; Marc 14 : 62.) » Aussi, dans le message de Jésus, cette affirmation „Je reviendrai" occupe une place royale. C'est d'elle que dépend toute la réussite de la rédemption et de l'œuvre du Christ. C'est elle qui marquera sa victoire définitive. » Même les musulmans attendent ce retour, comme en font foi les citations ci-après extraites du journal El Morchid : « L'histoire de Sidna Issa est très intéressante pour tout le monde, car il est de tous les prophètes le seul qui n'ait pas fini sa mission durant son existence parmi son peuple. Nous savons qu'il reviendra à la fin du monde pour terminer son œuvre. » Dieu l'enverra une seconde fois pour confondre ceux qui restent encore incrédules. » Mahomet a déclaré : „Attendez ce grand prophète et préparez-vous 33 pour le recevoir avec une bonne foi, une bonne conduite, car c'est par son retour que le monde sera purifié.... Il ne faut pas que vous doutiez que lorsque Jésus descendra il trouvera de mes disciples, des gens comme vous ou bien des gens meilleurs que vous." » Malgré tout, cette croyance (du retour de Jésus) existe chez les musulmans, chez le peuple musulman, dans tous les cœurs, car c'est là une des bases fondamentales de la religion. » 2. Sensible. «Nous le verrons.» Signe important, car il y a et il y aura des contrefaçons. Tout œil le verra. Apocalypse 1 :7. «Si quelqu'un vous dit alors : Le Christ est ici, ou : Il est là, ne le croyez pas. Car il s'élèvera de faux Christ et de faux prophètes; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s'il était possible, même les élus. Voici, je vous l'ai annoncé d'avance. Si donc on vous dit : Voici, il est dans le désert, n'y allez pas; voici, il est dans les chambres, ne le croyez pas. Car, comme l'éclair part de l'orient et se montre jusqu'en occident, ainsi sera l'avènement du Fils de l'homme.» (Matthieu 24 : 23-27.) Ces deux textes doivent retenir tout particulièrement l'attention des croyants, si souvent attirés par des apparitions ou des révélations présentées comme venant de Dieu. Aussi extraordinaires et séduisantes que puissent être ces manifestations, ce ne sont, le plus souvent, que d'habiles imitations d'origine satanique. «Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux (et non la volonté de Dieu revue et corrigée par les hommes). Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé par ton nom ? n'avons-nous pas chassé des démons par ton nom? et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité.» (Matthieu 7 : 21-23.) Nous l'entendrons - « Il enverra ses anges avec la trompette retentissante, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis une extrémité des cieux jusqu'à l'autre.» (Matthieu 24 : 31.) «Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d'un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement.» (1 Thessaloniciens 4 : 16.) 3. Subite. « Car vous savez bien vous-mêmes que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. Quand les hommes diront : Paix et sûreté ! alors une ruine soudaine les surprendra..., et ils n'échapperont point.» (1 Thessaloniciens 5 : 2, 3.) Cette idée se retrouve dans la parabole des dix vierges (Matthieu 25 : 1-13), où ces dernières sont surprises par l'arrivée de l'époux. 4. Douloureuse pour les méchants. Le texte du chapitre 16 de l'Apocalypse, complété par celui de Joël, chapitres 1 : 15; 2 : 11, et celui d'Ezéchiel, chapitre 7, nous montrent les plaies terribles qui frapperont les hommes, les souffrances physiques atroces (ulcères, décomposition) qui leur seront infligées, les angoisses morales qu'ils connaîtront par suite du déchaînement des éléments (disparition des îles et des montagnes, chute de grêlons de 40 kilos), tout cela complété par la détresse spirituelle devant la nécessité de rendre des comptes au Maître du monde que l'on a rejeté ou contre lequel on a combattu. 5. Joyeuse pour les élus. « La mort a été engloutie dans la victoire. O mort, où est ta victoire ? O mort, où est ton aiguillon ?» (1 Corinthiens 15 : 54, 55.) «Les collines éclateront d'allégresse.» (Esaïe 55 : 12.) «Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chants d'allégresse.» (Psaume 126 : 5.) Ceux qui auront paru «fous» en renonçant à une vie facile, aux honneurs, à la richesse et à la gloire, pour demeurer fidèles à Dieu, connaîtront alors la joie complète de l'union avec le Maître auquel ils auront tout sacrifié. 6. Glorieuse. Jésus a accepté de venir une fois comme pauvre parmi les pauvres, renonçant à toute apparence extérieure qui puisse 34 l'avantager, acceptant la moquerie, l'insulte et le meurtre plutôt que de désobéir aux commandements de son Père. Cette fois, il revient non pour être humilié par les hommes, mais pour régner sur eux. Cette divinité, voilée pendant son passage sur la terre, paraît maintenant dans toute sa gloire. «Alors le signe du Fils de l'homme paraîtra dans le ciel, toutes les tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire.» (Matthieu 24 : 30.) 7. Violente. « Puis je vis le ciel ouvert, et voici, parut un cheval blanc. Celui qui le montait s'appelle Fidèle et Véritable, et il juge et combat avec justice. Ses yeux étaient comme une flamme de feu; sur sa tête étaient plusieurs diadèmes; et il avait un nom écrit, que personne ne connaît, si ce n'est lui-même; et il était revêtu d'un vêtement teint de sang. Son nom est la Parole de Dieu. Les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, revêtues d'un fin lin, blanc, pur. De sa bouche sortait une épée aiguë, pour frapper les nations ; il les paîtra avec une verge de fer ; et il foulera la cuve du vin de l'ardente colère du Dieu tout-puissant. Il avait sur son vêtement et sur sa cuisse un nom écrit : Roi des rois et Seigneur des seigneurs.» (Apocalypse 19 : 11-16; voir Zacharie 14 : 6, 12, 13, 15.) Jésus s'est reconnu roi des Juifs devant l'autorité romaine. Mais ce n'est pas d'une royauté au sens politique du mot qu'il s'agit; c'est d'une royauté spirituelle. Sa divinité lui conférait la royauté sur Israël, peuple mis à part par Dieu pour conserver le dépôt de la foi. Jésus n'accepta pas la royauté lorsqu'elle lui fut offerte. « Et Jésus, sachant qu'ils allaient venir l'enlever pour le faire roi, se retira de nouveau sur la montagne, lui seul.» (Jean 6 : 15.) Et il déclare : «Mon royaume n'est pas de ce monde.» (Jean 18 : 36.) «Si Jésus n'entre d'une manière éclatante dans sa royauté qu'après sa résurrection, il n'a cependant jamais cessé, dans un sens spirituel, d'être roi. Il n'a pas plus cessé d'être roi que d'être Dieu. Sa divinité, comme sa royauté, était voilée; il en avait volontairement amorti l'éclat par son abaissement. Le roi de gloire avait pris la forme de serviteur, mais, sous cette forme de serviteur, il n'en demeurait pas moins le roi de gloire. Aussi nous est-il dit que les esprits célestes l'adoraient au moment même de ses plus grandes humiliations. Il fut adoré par les anges dans le désert de la tentation. Dans plus d'une circonstance, sa royauté brilla comme par un vif et rapide éclair.» (De Pressensé) INQUIÉTUDE OU CERTITUDE ? Toute l'Ecriture sainte nous montre que l'espérance que nous avons d'une délivrance, de l'accès à un monde de justice, d'un royaume éternel que nous envisageons ultérieurement n'est pas un rêve, mais peut devenir pour ceux qui le veulent une joyeuse et glorieuse réalité. Cette libération se fera, mais nous avons auparavant une décision à prendre ; lorsqu'elle aura lieu, de quel côté serons-nous? Du côté de ceux qui auront collaboré avec le Prince de ce monde, Satan, le grand tyran de l'humanité ? ou du côté de ceux qui auront lutté jusqu'au sang pour le triomphe du grand Libérateur? Serons-nous de ceux qui se cacheront dans les cavernes et les rochers ? ou de ceux qui l'acclameront après l'avoir attendu ? Il est temps d'y penser. Jésus nous dit : « Instruisez-vous par une comparaison tirée du figuier. Dès que ses branches deviennent tendres, et que les feuilles poussent, vous connaissez que l'été est proche. De même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l'homme est proche, à la porte.» (Matthieu 24:32, 33.) «Ces choses», ce sont les signes politiques, moraux, économiques, dont nous avons vu l'éclatante réalisation. C'est pourquoi il est important d'écouter les consignes que nous communique notre libérateur. «Prenez garde à vous-mêmes, de crainte que vos cœurs ne s'appesantissent par les excès du manger et du boire, et par les soucis de la vie, et que ce jour ne vienne sur vous à l'impro-viste ; car il viendra comme un filet sur tous ceux qui habitent sur la face de toute la terre. Veillez donc et priez en tout temps, afin que vous ayez la force d'échapper à toutes ces choses qui arriveront, et de paraître debout devant le Fils de l'homme.» (Luc 21 : 34-36.) (I—Pierre LAIMARÈS Réponse exacte : Au sommaire du prochain numéro: 1b, 2c, 3a, 4b. PHOTOS : Couverture : Léo Arons p. 3 : Dusko Uvalic p. 5 : Marcel Lelièvre • Vrai et faux socialisme • Evolution et biologie • Qui est prophète ? • Questions sur l'homme • Jésus, F Us de Dieu 35 vient de paraître ]ean Zurcher a classé en 26 chapitres les principaux thèmes de l'enseignement de Jésus-Christ présenté dans les évangiles elles se trouvent séparées de tout contexte. pp dimensions de notre monde, au temps et à l'espace, pour prendre la valeur éternelle et infinie, le caractère d'éternité et d'absolu qui est précisément lo nrnnro rlo In ie propre ne id Parole de Dieu. Livre broché, 14,5 x 21,5, 168 pages — couverture et texte en deux couleurs.