4 RENCONTRE AVEC Gil Bernard Ancien chanteur de music-hall converti à la foi chrétienne, il chante Jésus partout, y compris dans les prisons. Par John Graz 8 LIRE Le livre du prophète Nahum La prise de Ninive et l'écroulement de l'Empire assyrien sont décrits par cet inspiré comme la fin du monde en miniature. Par Jean Zurcher 12 L'intrus Le mal (encore lui I), comment s'en défaire ? Concrètement, comment s'armer contre le diable qui nous piège constamment? Par Yvan Bourquin 16 LA BIBLE PARLE Sauver le coupable Le péché fait de l'homme un condamné à mort. Comment faire pour le sauver sans commettre d'injustice et sans changer la loi ? Dieu a résolu ce dilemme. Par Gilbert Carayon 18 Qu'il soit crucifié ! La mort de Jésus réclamée par la foule excitée ne peut justifier aucune forme d'antisémitisme, les textes bibliques le montrent. Par Elie Curmat 21 BIBLE ET ÉDUCATION Dominer le péché... ou le voisin ? Il y a chez l'homme une fâcheuse tendance à se débarrasser de ses propres difficultés en accusant les autres et en les opprimant. L'attitude de Caïn est typique. Par Philippe Augendre 22 BIBLE ET ARCHÉOLOGIE La vérité au fond du tunnel Il y a cent ans, on découvrait l'inscription du tunnel de Siloé à Jérusalem, gravée 700 ans avant notre ère par les ouvriers d'Ezéchias, roi de Juda. Par Denis Romain 26 EN PRATIQUE Est-ce un péché d'être riche ? L'argent est source de bien des conflits, pourtant il en faut pour vivre. Alors, où est le problème avec l'argent? Par Georges Vandenvelde 27 COMPRENDRE Actes des apôtres 8 : 26 à 40 Une histoire où il est question d'expliquer la Bible à un ministre éthiopien, qui la lit sans la comprendre. Par Bernard Sauvagnat 30 VÉCU Il m'a rendu la vue Une mère de cinq enfants de la région parisienne avait perdu la vue. Elle l'a retrouvée par la foi, à la suite de l'imposition des mains d'un pasteur. Par Luc Chandler 31 PARMI LES LIVRES Dieu, pourquoi ne pas y croire ?, de J. Lacourt Le sang de l'espoir, de Samuel Pisar Appel aux vivants, de Roger Garaudy Genèse ou l'antimythe, de Jean Flori 33 SIGNES DES TEMPS... jette un regard sur l'actualité. Photo de couverture : Alain Dejean/Sygma Revue bimestrielle fondée en 1876 RÉDACTION ET X ADMINISTRATION : 60, avenue Emile-Zola 77190 Dammarie les Lys, France Tél. (6) 439 38 26 C.C.P. 425-28 G Paris JUILLET-AOUT 1980 Rédaction : Bernard SAUVAGNAT Secrétariat : Hélène PFENNIGER Maquette : Jean BREUIL « Signes des temps » est publié par l'Eglise Adventiste du Septième Jour afin de faire connaître le message de la Bible pour aujourd'hui. Pour tout renseignement veuillez consulter nos agences. Europe BELGIQUE, 11, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles 1 FRANCE, 130, boulevard de l'Hôpital, 75013 Paris, et rue du Romarin, Clapiers, 34170 Castelnau le Lez SUISSE, 19, chemin des Pépinières, 1020 Renens/Lausanne Autres continents BURUNDI, Boîte Postale 1710, Bujum-bura CAMEROUN, Boîte Postale 61, Yaoundé CANADA, 940, chemin Chambly, Lon-gueil, P.Q. 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Dépôt légal 1980, N° 463 quel événement ! Pensez : la visite officielle du plus grand chef d'Etat. Visite à un petit pays voisin qui, jadis, avait fait partie de son territoire. L'opposition l'avait arraché à son pouvoir par des moyens plus que douteux. Pourtant les vivres n'avaient pas été coupées : les richesses affluaient du grand vers le petit, assurant ainsi sa survie; et c'était don gratuit, sans contrepartie ni contrôle. Les autorités du petit Etat sont plutôt réticentes à cette visite. Mais les contacts sont établis avec le maximum de courtoisie, si bien qu'un accord est conclu. La date et le programme de la visite sont fixés. Des émissaires sont envoyés par le futur visiteur afin de l'annoncer. L'accueil est froid, du moins chez la majorité des habitants. Il y a bien une très faible minorité, un reste, qui souhaite ardemment cette visite et s'y prépare. Enfin le jour arrive ! Mais personne ne vient accueillir l'illustre visiteur, si ce n'est quelques bergers et quelques personnalités étrangères venues tout spécialement. Au cours de la visite, aucune remarque désobligeante n'est faite à l'égard du gouvernement qui reçoit. Et lorsque a lieu la rencontre au sommet, l'hôte ne cherche qu'à humilier son visiteur. La visite se poursuit néanmoins. Les discours se multiplient sans démagogie. Les actes de bonté soulagent les victimes du régime local. Un certain enthousiasme naît parmi le peuple qui souhaite, dans le fond, un retour à la situation initiale. Mais le corps diplomatique du pays visiteur s'imagine qu'il y a méprise. Le visiteur ne doit pas être leur vrai chef d'Etat. C'est probablement un usurpateur faible. Car il n'a pas pu résister aux humiliations de son hôte. Alors les choses se précipitent. On arrête le visiteur; sa suite officielle et ses gardes du corps se dispersent. Une mascarade de procès le condamne à la peine capitale. Et c'est une exécution infamante. Il aurait pu envoyer un télex et faire intervenir ses commandos spécialisés, mais la force n'est pas son argument. Mort, il revient à la vie, montrant ainsi la supériorité de son amour. Il retourne dans son pays et attend la démonstration définitive de l'échec de son opposition pour intervenir. Il va délivrer de la catastrophe ceux qui désirent appartenir à son Etat. Sa seconde visite approche. Qui veut lui faire confiance ? Bernard Sauvagnat (RENCONTRE AVEC) GIL BERNARD Le music-hall, Jésus, et les prisons Les portes du pénitencier s'ouvrent. Un homme entre. Pas d'escorte policière pour Gil Bernard. C'est un homme libre. Il vient là pour chanter, car depuis dix-huit ans il chante sa foi en Jésus. C'est sa vie. Pourtant il aurait pu devenir tête d'affiche comme ses anciens amis : Gilbert Bécaud, Charles Aznavour, Jacques Brel, Guy Béart et les autres. Mais... Nous avons voulu savoir comment tout avait changé pour lui. Sdt. — Gil Bernard, comment avez-vous abandonné le music-hall? Gil Bernard. — C'est arrivé d'une manière bizarre. Un jour, un ami m'a donné un tract qui annonçait une conférence dont le titre était : «Jésus, les Juifs et le Messie». Comme je suis d'origine juive, cela m'a frappé. Au bas du tract il y avait une citation de la Bible : « Rendez hommage au Fils ». La référence était inscrite : Psaume 2. Rentré chez moi, j'ai pris la Bible de mon enfance pour voir si ce mot « Fils » était dans notre traduction. Il y était mais, à côté de ce mot, un astérisque renvoyait à une note où un théologien juif avait indiqué : «sens douteux». C'est merveilleux le doute, c'est une graine formidable. Car cette graine semée au plus profond de mon cœur m'a poussé à savoir la vérité à propos de ce Fils. J'avais cherché la paix. 4 J'avais même questionné les grandes vedettes que je côtoyais, et les plus sincères m'avaient dit que la paix ne s'acquiert pas à prix d'argent. Je ne savais pas qu'elle était offerte gratuitement par ce Fils. C'est ce tract qui m'a mis sur la voie. Sdt. — Cet ami qui vous avait donné ce tract, était-il chrétien ? Voulait-il vous convertir ? Gil Bernard. — Non. Etant gosse il était allé au catéchisme et se souvenait que Jésus était le Messie que nous, les Juifs, attendions. Au bas du tract il y avait une offre gratuite pour un Nouveau Testament, pour lequel j'ai écrit aussitôt. Trois mois plus tard, on a frappé à notre porte. A ce moment-là nous étions, ma femme et moi, sur le point de nous séparer, car elle en avait assez de la vie d'artiste que je menais. Quand j'ai ouvert la porte, il y avait là un homme aux cheveux blancs, m'apportant la Bible que j'avais demandée. Tout de suite nous avons eu confiance en lui et lui avons dit notre situation. Il nous a simplement répondu que Jésus pouvait tout arranger. J'ai trouvé cela naïf et cherché à abréger la conversation. Pourtant, avant de partir, il a lu la parabole du fils prodigue. En l'entendant j'ai compris que nous étions tous des fils prodigues gaspillant ce qui nous est donné et construisant notre propre ruine. Sur son invitation nous lui avons promis de lire la Bible tous les jours. Et quand je me retrouvais dans mon milieu du show-business, dans les cabarets, les casinos, certaines paroles de Jésus me revenaient à l'esprit et me dérangeaient. Sdt. — Vous étiez alors «vedette américaine », ce qui est l'un des plus hauts échelons avant d'être vedette consacrée. Etait-ce conciliable avec votre intérêt pour la Bible? Gil Bernard. — Jepensaisqu'ilétait possible de garder le Christ pour soi et d'avoir sa propre vie à côté. Il y avait eu une conversion de l'esprit mais pas du cœur. Par contre ma femme, qui assistait à des études bibliques, changeait, tandis que je continuais ma vie de music-hall. C'est au cours d'une tournée en Afrique où j'avais trois contrats, en Côte-d'Ivoire, au Sénégal et à Madagascar, que le Seigneur m'attendait au tournant. Sdt. — Comment s'est passé ce tournant ? Gil Bernard. — En Côte-d'Ivoire tout s'est bien passé, car j'y ai fait la connaissance d'une famille chrétienne qui m'a aidé. Mais au Sénégal j'ai retrouvé un copain libanais très chic avec lequel j'avais chanté cinq ans auparavant. Il m'a invité à aller jouer aux cartes avec lui au casino. J'ai accepté de l'accompagner pensant être assez fort pour l'empêcher de jouer. Il était tenu par les cartes. Un soir il a joué et a perdu. Aux premières heures du matin il m'a dit de prendre ses cartes. Après beaucoup d'hésitations j'ai accepté. Non seulement j'ai perdu tout ce qui lui restait, mais aussi tout ce que j'avais. De retour dans ma chambre d'hôtel j'ai compris qu'il fallait choisir entre Dieu et le monde du music-hall. J'ai compris que si je restais au Sénégal j'étais perdu. Quand j'ai annoncé à mon imprésario que je rentrais parce que j'avais décidé de suivre Jésus, il m'a traité de «dingue». Il m'a prévenu que je devrais passer devant le tribunal commercial et payer une somme égale au montant des dédits. Sur le bateau, en rentrant, j'ai chanté ma première chanson chrétienne. Sdt. — Et ce contrat ? Gil Bernard. — La période a été difficile. J'étais au chômage, refusant toutes les propositions de music-hall qui arrivaient. Je n'avais même pas les moyens d'acheter un petit jouet de plastique pour ma fille. Il fallait calculer afind'avoirau moins de quoi remplir ses biberons. Et puis le miracle s'est produit. Le contrat a été résilié pour cas de force majeure : Madagascar accédait à son indépendance et je n'ai pas eu à passer devant le tribunal commercial. J'ai compris alors que Dieu tient tout dans ses mains et j'ai décidé de le chanter. Sdt. — Comment vos amis ont-ils accueilli cette décision ? Gil Bernard. — Pierre Perret, qui était un grand ami, a coupé complètement nos relations, comme plusieurs autres. Il y a eu de l'incompréhension de la part de mes frères juifs, et parmi les chrétiens l'accueil n'a pas été toujours très chaleureux. (RENCONTRE AVEC) Sdt. — Vous aviez chanté avec Gilbert Bécaud ? Gil Bernard. — Avec Bécaud, Barrière, Béart, Ferrât, et aussi avec Claude François. Je connaissais bien Aznavour, et Jacques Brel était un copain : nous avions travaillé ensemble pendant deux ans à « L'échelle de Jacob ». Sdt. — Depuis combien de temps chantez-vous pour Dieu ? Gil Bernard. — Cela fait maintenant dix-huit ans. Sdt. — Combien de concerts, en moyenne, donnez-vous chaque année ? Gil Bernard. — Je n'ai pas compté. Il y a des temps forts, les tournées d'été avec des concertstous les jours pendant six semaines ou deux mois. Le reste de l'année environ trois ou quatre concerts par semaine Sdt. — Arrivez-vous à faire vivre votre famille de cette façon ? Gil Bernard. — Oui, et je considère cela comme une grâce inouïe. Je regrette seulement d'avoir tant tardé à me lancer dans cette voie. J'ai attendu presque trois ans. Sdt. — Tout est beau, tout vous réussit. Vous avez fait je ne sais combien de disques 33 tours et plus encore de 45 tours. Vous avez une belle famille de quatre enfants. Le tableau est idyllique, n'est-ce pas? Gil Bernard. — Présenté comme cela, oui. Mais une croix estvenueau milieu de notre vie. Notre petit Michaël est handicapé, atteint du syndrome de West. Nous ne nous en plaignons pas car, grâce à lui, nous avons appris certaines des valeurs essentielles de la vie. Quand il a des convulsions et qu'il se blesse on est obligé de le recoudre à vif. Nous vivons le mystère de la souffrance. Nous avons hâte que Jésus revienne, nous soupirons les derniers mots de la Bible : «Amen, viens Seigneur Jésus ». Sdt. — Vous chantez dans les églises, les hôpitaux, les maisons de retraite, partout où l'on se pose des questions. Mais vous chantez aussi dans les prisons. Pourquoi ? Gil Bernard. — Quand une porte de prison s'ouvre, c'est une grâce. Johnny Halliday n'a jamais pu ( RENCONTRE AVEC ) chanter dans une prison de France. Pourtant, il est le dieu des détenus : lorsqu'on leur propose de chanter ils choississent sa chanson « Les portes du pénitencier», et la chantent comme un hymne. Si les portes des pénitenciers se sont ouvertes pour moi, c'est à cause du message que je chante. Je suis agréé par la chancellerie, ce qui me permet d'aller dans n'importe quelle prison. Sdt. — Avez-vous des contacts avec les prisonniers ? Gil Bernard. — Cela arrive. Je construis mes programmes pour arriver à la croix de Jésus, et à la fin je fais chanter les détenus. La chanson est un moyen de contact privilégié. J'ai eu l'occasion de parler avec Vignal, un ancien goal de l'équipe de France que j'avais admiré étant gosse. C'est un gars faible qui s'était laissé entraîner. Aujourd'hui il est sorti à la suite d'une remise de peine. Sdt. — Vous avez vécu une expérience particulière, je crois, à la prison d'Oermingen en Alsace? Gil Bernard. — Oui. C'est une prison école où il n'y a que des mineurs qui en sont à leur premier délit. On leur enseigne un métier, et les portes ne sont pas fermées dans cette prison. Bien sûr, certains sont tentés de s'évader. Et justement le ■■■Ml lendemain d'un de mes concerts il y a eu une évasion, et l'un des deux jeunes en cavale s'est tué accidentellement. J'ai écrit à ce moment-là la chanson « Les évadés d'Oermingen ». Et quand je suis retourné à Oermingen, j'ai demandé au directeur la permission de chanter cette chanson. Il a refusé. Il faut dire que le souvenir de ces deux gars, dont l'un était mort et l'autre transféré dans une centrale, pesait encore sur l'atmosphère de la prison. Et puis, se ravisant avant que je monte sur scène, il m'a demandé de lui lire les paroles et m'a autorisé à les chanter. A la suite de cette chanson j'ai pu lancer un dialogue avec les détenus sur la véritable libération. Sdt. — Ce contact avec les prisonniers est-il plus profond que la simple émotion ? Gil Bernard. — Ils sont peu nombreux ceux pour qui cela va plus loin. Il ne faut pas s'illusionner. Il y a les sceptiques respectueux, ceux qui ont la franchise d'aller jusqu'à refuser le petit colis qu'on leur apporte. Mais il y a aussi ceux qui se convertissent. Une fois, en rentrant d'une tournée, j'ai pris de l'essence dans une station sur l'autoroute. Le jeune pompiste m'a reconnu. Il m'avait entendu chanter à Ensis-heim, à Saint-Martin-de-Ré, à Poissy... Maintenant il est marié à une assistante sociale, et père de famille. Il m'a dit qu'il a rencontré le Christ alors qu'il était au « mitard ». Seul, il a pensé que puisqu'il n'arrivait pas à se défaire de l'idée de Dieu, Dieu devait exister. C'est un vrai chrétien depuis huit ans. Sdt. — Yen a-t-il qui ont été baptisés en prison ? Gil Bernard. — Je neconnaisqu'un seul cas. Le neuvième fils d'un père athée, qui assistait aux offices religieux de la prison uniquement pour pouvoir bavarder avec celui qui serait assis à côté de lui — le détenu à un grand besoin de conversation à cause de sa solitude quasi permanente. Malgré cela, il a été atteint par la Parole de Dieu et a pu être baptisé, grâce à une dérogation spéciale. Sdt. — Ces prisonniers, que vous apportent-ils ? Gil Bernard. — Je rencontre beaucoup de prisonniers qui écrivent. J'ai des dossiers pleins de poèmes de détenus. J'en ai mis certains en chanson : « Mais vous souvenez-vous », « Prière du mécréant» sont des textes d'Alain Thierry, un prisonnier que j'ai rencontré à Saint-Martin-de-Ré. La préoccupation majeure, pour eux, est la liberté. Ils y pensent, ils en rêvent. Et quand on visite chaque jour une prison pendant un mois, c'est une épreuve terrible, car on y sent tout le poids du mal. Il faut donc y annoncer l'Evangile afin que personne n'oublie la véritable libération. ■ 7 LE LIVRE DU PROPHETE NAHUM Pour Nahum, il y a 2 500 ans, la destruction de Ninive, c’était la fin du monde; la libération d’Israël, c’était l’établissement d’une ère éternelle de paix. Aujourd’hui, le déclenchement d’une guerre atomique serait la fin du monde. Dans ce cas, le livre de Nahum pourrait bien être d’une actualité brûlante... On pense trop souvent que les prophéties de l'Ancien Testament n'ont plus qu'un intérêt historique : on se sert de ces prédictions pour prouver que la Bible a dit vrai, ou simplement pour illustrer une vérité morale. Un examen attentif des messages prophétiques, délivrés à l'occasion de circonstances particulières, montre, au contraire, qu'il se cache dans la plupart des cas un sens messianique et eschatologi-que. C'est ce qui nous intéresse directement. De toute manière, l'étude des livres prophétiques est indispensable pour qui veut avoir une vision prophétique du monde et comprendre les événements contemporains selon la philosophie biblique de l'histoire. Le livre du prophète Nahum constitue à cet égard un exemple typique. Qui est Nahum ? Nous ne connaissons avec certitude que le nom du prophète, Nahum, dont la signification s'harmonise parfaitement avec son message : le consolateur. Le verset d'introduction mentionne aussi son lieu d'origine, Elkosch, que les recherches archéologiques n'ont pas encore réussi à situer. La même incertitude existerait quant à l'époque où vécut Nahum, si la connaissance que nous avons de l'histoire ne nous permettait pas de dater avec précision deux événements auxquels le prophète fait allusion : la prise de No-Amon, capitale de l'Egypte plus connue sous le nom grec de Thèbes, détruite par les Assyriens en 663 (Nahum 3 : 8-10), et l'annonce de la chute de Ninive survenue en 612. C'est dire que Nahum prophétisa dans les limites de ces deux dates, soit dans la deuxième moitié du 7e siècle avant Jésus-Christ. Ces détails chronologiques situent non seulement le prophète Nahum en son temps, mais surtout expliquent l'importance du thème des trois chapitres de son livre, annoncé en ces termes : « Oracle sur Ninive » Cette prophétie est donc manifestement liée à l'histoire de l'Antiquité. Elle paraît même se limiter à un événement purement politique dont nous avons de la peine, aujourd'hui, à saisir l'importance : la chute de Ninive, et avec elle la fin de l'Empire assyrien. Pour le comprendre, il suffit de réfléchir un instant à ce que représentait pour Nahum et pour ses contemporains le seul nom de Ninive : ville sanguinaire, pleine de mensonge, pleine de violence, et qui ne cesse de se livrer à la rapine (3 : 1). Semblable au lion, elle déchirait, étranglait, remplissait de proie ses 8 antres, sans qu'il y eût personne pour la troubler (2:13, 12). Ainsi, depuis plus d'un siècle et demi, la puissance assyrienne tyrannisait tout l'Orient, et le peuple de Dieu en fut l'une des principales victimes. Une première fois, le Seigneur mit Ninive en garde par le prophète Jonas. Le prophète Esaïe dénonça, à son tour, la férocité des Assyriens, en même temps qu'il avertit son peuple que Dieu pourrait s'en servir comme d'une verge de sa colère pour châtier les infidélités d'Israël (Esaïe 10:5). C'est ce qui arriva après l'apostasie des dix tribus du Nord. Ce ne fut d'abord qu'une simple incursion avec, comme conséquence, une rançon à payer (2 Rois 15:19, 20). Après une deuxième invasion, ce fut la déportation d'une partie de la population (2 Rois 15 : 29). Enfin, en 721, la chute de Samarie, la capitale, avec l'exil de ses habitants, marqua la fin du royaume d'Israël. Le royaume de Juda aurait dû comprendre la leçon. Au contraire, l'infidélité de ses rois f it qu'ils durent, à leur tour, céder aux ambitions de Ninive, en se dépouillant d'abord d'une partie du trésor du temple (2 Rois 16 : 7-11, 18). Vers 701, Sanchérib ravagea une nouvelle fois la Judée, et Ezéchias dut payer une forte rançon (2 Rois 18:13-17). Puis, dépassant manifestement les limites fixées par Dieu, le conquérant assyrien vint mettre le siège à Jérusalem, n'hésitant pas à prononcer de grossières insultes à l'adresse du Seigneur. On sait comment l'ange de l'Eternel délivra son peuple en frappant 185 000 hommes dans le camp de l'armée assyrienne, obligeant Sanchérib à la retraite (2 Rois 18:4, 16, 22, 28, 32-37). Enfin, vers 670, mettant le comble à ses crimes, Ninive alla jusqu'au génocide en colonisant la Samarie avec des populations païennes, dans le but de faire disparaître les restes du peuple de Dieu (2 Rois 17 : 24-41). C'en était trop. La coupe était pleine, et la patience de Dieu épuisée. L'heure du jugement de Ninive avait sonné. Et c'est pour l'annoncer que Nahum embouche la trompette des prophètes d'Israël. Mais à l'intention de tous ceux qui espéraient encore en l'Eternel, et selon la signification même du nom du prophète, il lui revenait aussi de procla mer un message de consolation, une bonne nouvelle de la part de Celui qui a compassion. «Voici ce qu'a ordonné sur Ninive l'Eternel» C'est dans ce contexte qu'il faut lire cette prophétie. Il ne s'agit plus ici d'un appel à la repentance, comme le fut le message de Jonas. Ce n'est pas davantage une menace conditionnelle, comme le furent tant d'autres prophéties. Cette fois-ci, c'est l'annonce du décret divin à l'égard de Ninive, et rien ne pourra plus en retarder l'exécution. Certes, l'Eternel est lent à la colère, mais il ne laisse pas impuni (Nahum 1 : 3). Ninive sera détruite, car elle a été trouvée trop légère (1 : 14). D'ailleurs, le Seigneur est déjà en marche, déclare le prophète dans le magnifique psaume du chapitre premier. Il vient avec puissance pour venger son peuple et rétablir la gloire d'Israël. C'est en vain que Ninive lui résisterait. Et sans plus attendre, tout au long des chapitres 2 et 3, Nahum proclame la délivrance promise. Déjà, il discerne sur les montagnes les pieds du messager qui annonce la paix (2:1). Par anticipation, il invite Juda à fêter la victoire, car la promesse est certaine. Déjà, il voit le destructeur à l'œuvre; mais en vain, Ninive organise la défense. Toutes ses forteresses sont comme un figuier qu'on secoue ; ses défenseurs, comme des figues trop mûres qui ne tiennent plus à l'arbre ! Ses guerriers légendaires ne sont plus que des femmelettes ! (3 : 12-15.) Non content d'annoncer la chute de Ninive, Nahum en décrit les scènes successives. Il le fait avec une telle intensité de vie qu'on croirait les revivre. C'est d'abord une esquisse, en quelques traits de couleurs vives : rouge sang, écarlate, feu, éclair (2 : 4). Puis, emporté par le mouvement rapide de la bataille, la courbe d'un char, le grouillement d'une armée qui monte en ligne, et l'on devine sur les remparts de la ville menacée les regards affolés des défenseurs. Enfin, c'est le moment dramatique entre tous : l'assautfinal (3 : 1-3). On entend le bruit lointain d'une armée qui s'approche : le claquement des fouets, le gronde- Décret divin à l'égard de Ninive 9 par cette peinture hallucinante : une multitude de blessés, une masse de morts, une infinité de cadavres..., on trébuche sur les cadavres. 4 Dans un autre passage (2 : 7-11 ), le prophète nous fait assister à la prise de la ville. Les portes sont forcées, le palais s'écroule, on pille, on dévaste, on ravage ! C'est la fuite au milieu des larmes, des souffrances et de l'angoisse. «C'en est fait ! » Ninive est humiliée, bafouée, mise à nu. Tous ceux qui te verront fuiront loin de toi, et l'on dira : Ninive est détruite I... Tous ceux qui entendront parler de toi battront des mains sur toi ; car quel est celui que ta méchanceté n'a pas atteint? (3 : 7, 19.) H Comme on le voit, le prophète Nahum est aussi un poète d'une puissance d'évocation exceptionnelle, au style impressionniste fait de notations violentes et colorées, de raccourcis saisissants. Même au travers de nos traductions, on peut deviner la finesse et la beauté de son art qui fait de ce prophète un des plus grands poètes d'Israël, et de ce petit livre l'un des plus brillants de toute la littérature biblique. Une vision de fin du monde Plan du Livre de Nahum Chapitre Ier - Psaume à la gloirede Dieu 1. Titre du Livre -1:1. 2. L'Eternel est tout-puissant - 1 : 2-8. 3. L'Eternel détruira tout mal - 1 : 9-14. Prise d'une ville par Assurbanipal (7e siècle avant Jésus-Christ) Chapitre II - Vision de la chute de Ninive 1. 2. 3. 4. Annonce de la délivrance - 2 : 1. Siège et chute de Ninive - 2 : 2-7. Angoisse des fuyards et scènes de pillage -2:8-11. La puissance de Ninive anéantie - 2 : 12-14. Toutefois, le message de Nahum ne se limite pas à son cadre historique ou poétique. La poésie n'est jamais, pour les écrivains sacrés, qu'un moyen d'expression. L'événement politique ne constitue ici que l'occasion favorable pour proclamer le message prophétique. La chute de Ninive est, pour Nahum, ce que la chute de Jérusalem sera pour Jésus et ses disciples : une image de fin du monde. C'est dans cette perspective qu'il nous faut relire la prophétie de Nahum. Combien lumineuse elle apparaît dès lors, toute rayonnante Chapitre III - Raisons de la destruction de Ninive 1. Sa cruauté - 3 : 1-3. 2. Sa prostitution - 3 : 4-7. 3. A l'exemple de No-Amon -3:8-11. 4. Une ruine complète et définitive - 3 : 12-19. d'une signification apocalyptique, c'est-à-dire de « révélation » en rapport avec Dieu lui-même et en rapport avec son action dans le monde, en vue de la restauration de son royaume éternel ! ••••••••••••••••••••••••••••••••• ment des roues et le galop des chevaux. On voit s'élancer les cavaliers, étinceler les armes... Et la scène, à peine esquissée, s'achève Cette révélation de Dieu, contenue dans le chapitre premier, ne prend son véritable sens qu'en relation avec le jour de l'Eternel dont ont parlé tous les autres prophètes, 10 avant et après Nahum : jour de vengeance, de colère et d'angoisse, jour au cours duquel le Seigneur se manifestera avec force et dans toute sa puissance, dans la tempête et sur les nuées des cieux (versets 1 -3). Et devant le déchaînement des éléments de la nature, tel que le monde et tous ses habitants le verront (versets 4, 5), cette question angoissante jaillit tout naturellement : Qui résistera devant sa fureur? Qui tiendra contre son ardente colère? (Verset 6.) A la même question posée dans l'Apocalypse (6: 17), il est répondu par la vision du scellage des enfants de Dieu. Ici, Nahum donne l'assurance suivante : L'Eternel est bon, il est un refuge au jour de la détresse; il connaît ceux qui se confient en lui. (Verset 7.) Il est probable que pour Nahum la destruction de Ninive devait coïncider avec la fin du monde, comme ce fut le cas pour les apôtres lorsque Jésus prédit la destruction imminente de Jérusalem. De même, devait-il exister, dans un cas comme dans l'autre, une certaine confusion entre le rétablissement du royaume d'Israël et celui du royaume de Dieu (2:3; Actes 1 : 6). Quoi qu'il en soit, ce n'est pas la seule fois que le message prophétique dépasse ce que le prophète lui-même était en mesure de comprendre. Et c'est par là, justement, que le livre de Nahum parle encore à la génération témoin des événements annonciateurs de la fin du monde, dont Ninive n'est finalement qu'un symbole. Ninive est au livre de Nahum ce que Babylone est à l'Apocalypse de Jean : la forteresse des puissances tyranniques et malfaisantes de ce monde de ténèbres, par opposition à Jérusalem, la cité des enfants de Dieu. Bien avant Babylone, Ninive est appelée la prostituée. Elle est jugée comme telle .C'est à cause des nombreuses prostitutions de la prostituée, pleine d'attraits, habile enchanteresse, qui vendait les nations par ses prostitutions et les peuples par ses enchantements. (Nahum 3:4.) Plus encore, Ninive apparaît ici comme l'incarnation de la puissance satanique. De même qu'on reconnaît qu'il s'agit de Lucifer dans cette prophétie sur Tyr (Ezéchiel 28 : 11-19), ou de sa chute dans cette autre prophétie sur Babylone (Esaïe 14 : 12-16), de même trouve-t-on ici dévoilée la puissance de celui qui agit, contre Dieu et contre son peuple, par l'intermédiairede Ninive. De toi est sorti celui qui méditait le mal contre l'Eternel, celui qui avait de méchants desseins. (Nahum 1 : 11.) Dans le texte hébreu, ce personnage maléfique porte le nom de Bélial qui, selon Paul, n'est autre que Satan lui-même (2 Corinthiens 6 : 15). Par ailleurs, en parlant de V apostasie, et du mystère de l'iniquité, Paul définit étymologiquement l'œuvre de celui qu'il appelle, en traduisant le nom, l'adversaire, l'homme de péché, l'impie que le Seigneur Jésus détruira par le souffle de sa bouche, et qu'il anéantira par l'éclat de son avènement (2 Thessaloniciens 2 : 3-8). Il ne fait pas de doute, la prophétie de Nahum vise en définitive le même événement cosmique : la destruction de Bélial par l'intervention directe de Dieu. Lorsque le Seigneur tout-puissant apparaîtra, la citadelle du prince de ce monde, dont Ninive n'est que l'instrument, sera détruite. L'anéantissement sera total afin que la délivrance du peuple de Dieu soit définitive. Ainsi parle l'Eternel :... Je briserai maintenant son joug de dessus toi, et je romprai tes liens. (Nahum 1:12, 13.) Car Bélial ne passera plus au milieu de toi, il est entièrement exterminé. (2:1.) Pour un temps, le Seigneur a humilié son peuple, mais c'était pour ne plus avoir à l'humilier à nouveau (1 : 12). La détresse ne paraîtra pas deux fois. (1 : 9.) Car l'Eternel rétablit la gloire de Jacob et la gloire d'Israël. (2 : 3.) Il le fera au jour qu'il a fixé (2 : 4). Comme on le voit, le message du prophète Nahum n'a rien perdu de son actualité. Il est même, à certains égards, un modèle pour ceux qui ont à proclamer aujourd'hui, à la face du monde, que l'heure du jugement de Dieu est venue, que le Seigneur est à la porte et qu'il ne laissera pas impunis les égarements des hommes et des nations. Toutefois, à l'exemple de Nahum, puissent ceux-ci donner aussi cette assurance que l'Eternel est bon et qu'il est un refuge au jour de la détresse pour tous ceux qui se confient en lui ! ■ Jean Zurcher Ninive et la fin du monde 11 Les nations sont menacées par tel ou tel envahisseur supposé ou réel ; et c’est la course aux armements. On s’espionne, car chaque Etat veut connaître les forces en présence. Sur l’individu pèse une menace plus grave encore ; mais le sait-on ? S’arme-t-on en conséquence ? Pour finir, armez-vous de force dans le Seigneur, de sa force toute-puissante. Revêtez l'armure de Dieu pour être en état de tenir face aux manœuvres du diable. Ce n'est pas à l'homme que nous sommes affrontés, mais aux Autorités, aux Pouvoirs, aux Dominateurs de ce monde de ténèbres, aux esprits du mal qui sont dans les deux 1. Ces versets de l'épître aux Ephé-siens décrivent exactement les limites du sujetquej'aimeraisaborder dans les lignes qui suivent. Il n'est pas question de refaire ici la généalogie du mal dans le monde en partant de Lucifer. Qui est-il ? D'où vient-il ? Comment le péché a-t-il pu s'introduire en lui ? Quels étaient ses rapports avec Dieu ? Autant de problèmes auxquels l'Ecriture donne une réponse, bien sûr2, mais que nous laisserons délibérément de côté. Ce qui nous préoccupera, c'est celui à qui nous sommes affrontés dans nos tentations très concrètes, ici et maintenant. Nous n'allons pas fixer nos regards sur lui — ce serait lui accorder trop d'importance, et il risquerait d'en profiter pour exercer sur nous son pouvoir de fascination ! Non : au-delà de son identité précise, qu'il n'est peut-être pas indispensable de connaître, nous chercherons surtout à savoir comment lui résister en pratique. C'est finalement la seule chose qui importe. Les forces en présence Elles ressortent bien d'un passage de l'Ancien Testament. Comme les manoeuvres de l'Ennemi n'ont guère varié, ce texte conserve toute son actualité. Je l'ai choisi parce qu'il pose problème — et un problème de taille, vous vous en apercevrez vous-mêmes ! Je pars de ce principe : s'il pose problème, c'est qu'il pose aussi très bien le problème... Voici donc trois commentaires fort divergents à propos du même fait .La colère de l'Eternel s'enflamma de nouveau contre Israël, et il excita David contre eux, en disant : Va, fais le dénombrement d'Israël et de Juda 3. Satan se leva contre Israël, et H excita David à faire le dénombrement d'Israël. ...Et David dit à Dieu : J'ai commis un grand péché en faisant cela ! Maintenant, daigne pardonner l'iniquité de ton serviteur, car j'ai complètement agi en insensé*! Il m'est arrivé de dire, à la suite de certains commentateurs, que l'on se trouve ici devant une évolution des notions religieuses : dans le premier texte, tiré du deuxième livre de Samuel, on en serait encore à l'idée assez rudimentaire du mal « envoyé » par Dieu ou lié à sa personne (puisque tout vient de lui); dans le second, tiré du premier livre des Chroniques, on serait passé au stade suivant en attribuant à un être 12 malfaisant l'origine et la responsabilité du mal. En réalité, c'est une explication très superficielle. Elle risque d'obscurcir le problème au lieu de l'éclairer. Non : il faut maintenir fermement que les passages cités ne sont nullement des reflets d'une évolution de la pensée religieuse, mais au contraire des façons complémentaires de voir la même réalité en profondeur. En résumé: 1) C'est Dieu qui me tente (ne sursautez pas, nous y reviendrons). 2) C'est le diable qui me tente. 3) C'est moi-même qui me tente. Reprenons ces points l'un après l'autre. Dieu ne tente personne, affirme catégoriquement l'apôtre Jacques5. Mais l'Ecriture dit aussi (et il faut en tenir compte) que Dieu a mis Abraham à l'épreuve 6, qu'il a abandonné Ezéchias pour l'éprouver7. D'autre part, Jésus nous a enseigné à prier : « Ne nous soumets pas à la tentation ». Dans la mesure où la tentation est envisagée comme une séduction en vue de faire tomber, il est évident que ce n'est pas Dieu qui nous l'inflige. Là-dessus, tous les chrétiens sont d'accord. Que cachent donc les expressions «mettre à l'épreuve», «abandonner quelqu'un pour l'éprouver», «soumettre à la tentation », et toutes celles qui leur sont équivalentes? Deux choses, à mon avis : 1. Dans le cas d'Ezéchias, aucun doute n'est possible : ce roi tient à faire étalage de ses richesses. De même, David tient à procéder au dénombrement de son peuple (et par là de ses forces). Balaam, lui aussi, tient à maudire Israël afin de recevoir l'or du roi Balak. Et nous pourrions multiplier les exemples où l'homme, ayant fortement envie de s'engager dans une action désapprouvée par Dieu, contraint ce dernier à l'« abandonner ». Car le Seigneur ne s'impose jamais. Et l'Ecriture nous dit cela sous forme imagée : // excita David contre eux. Dites-moi : avez-vous déjà senti que Dieu vous «excitait» contre quelqu'un? Cela m'étonnerait beaucoup! Entre nous, les «saintes colères» c'est bien souvent une manière commode de justifier nos excès... L'Eternel se contente de nous dire : «Vas-y, puisque tu y tiens, mais tu en subiras les conséquences. » Dans ce premier cas, Dieu ne nous « tente » pas réellement — il nous respecte. 2. Reste l'expérience du Christ et la requête du «Notre Père». C'est l'Esprit qui emmène Jésus dans le désert, nous dit l'Evangile, pour qu'il soit tenté par le diable. Et nous sommes invités à demander à Dieu qu'il ne nous introduise pas (littéralement) dans la tentation, c'est-à-dire qu'il ne nous y soumette pas, ou, si l'on préfère, qu'il ne nous y expose pas. Dans tous les cas, nous ne pouvons nier qu'il y a ici une intentionnalité de la part de Dieu. Que veut-il ? Que cherche-t-il ? Voilà tout le problème. Il dose l'épreuve afin qu'elle ne dépasse jamais nos forces, parcequ'il veutqu'elle nous serve de tremplin quand elle survient. Un peu comme pour votre enfant, que vous «exposez» à la chute lorsque, après avoir tenu sa bicyclette un moment, vous la lâchez pour qu'il apprenne à rouler seul. Dans ce deuxième cas, Dieu nous « tente », ou mieux nous expose, non pas pour que nous succombions au mal, mais pour nous faire grandir. Quant à la requête du « Notre Père », c'est le cri de l'enfant : « Non, papa ! Ne me lâche pas, je vais tomber. » Conscient de sa faiblesse, le chrétien ne dira jamais autre chose. Il ne se rend pas compte qu'au moment où Dieu paraît le laisser seul, il est plus que jamais avec lui ! Comme pour Jésus dans le désert... Dieu nous expose pour nous faire grandir Satan apparaît comme le Tentateur par excellence. Avant de relever ce que l'Ecriture veut dire en nous parlant de Satan, précisons ce qu'elle ne veut pas dire. Il n'est absolument pas question de diminuer en quoi que ce soit notre responsabilité de pécheurs. Une fillette disait à ses parents : «Oui, c'est vrai, j'ai désobéi. Mais vous savez, ce n'est pas moi qui ai mal agi, c'est Satan qui est dans mon cœur ! » 13 Pratique, n'est-ce pas? Eve suivait un peu la même voie en répondant à l'Eternel : « Ce n'est pas moi, c'est la faute du serpent ! » Autrement dit : c'est ta faute, puisque tu as placé cet animal dans le jardin... Le diable existe et il agit sans trêve, mais ce n'est pas lui qui est responsable de mes tentations. Ou plutôt : il l'est dans la mesure où je lui résiste ; mais dès que je succombe, je deviens coupable personnellement de la tentation qui m'a fait chuter. Cela va très loin, mais c'est la vérité. La faute, en somme, n'a jamais d'occasion extérieure. Elle vient toujours de moi. pas de réalité dans ma vie (je dis bien : au départ, c'est-à-dire dans la blement concrètes ! Si nous définissons l'innocence comme l'attache Mais alors Satan ? Jésus le décrit par deux caractéristiques : 1) Il est meurtrier dès le commencement. 2) C'est le père du mensonge 8. C'est donc en même temps le Trompeur et le Violent. Il veut tuer, et pour y parvenir il a recours à la séduction, à la ruse, à la dissimulation. situation où je suis encore innocent). Pour s'y infiltrer, il doit donc emprunter le seul canal possible : se faire passer pour Dieu, pour un «ange de lumière » venant de lui, comme dans le cas de la tentation du Christ. Dans l'innocence, nous nous rattachons sans partage à la Parole de Dieu. Le Tentateur sera donc forcé de s'intro ment d'un cœur sans partage à la Parole de Dieu, il est évident que le Seigneur tient à restaurer avec nous ce lien brisé par le péché, et le plus vite possible. Il veut que, loin d'engager le dialogue avec Satan, nous le démasquions comme celui qui veut se glisser en intrus dans notre relation d'amour avec le Créateur. En fait, au départ, il n'y a pas trois personnes en présence, mais deux seulement : Dieu et moi, Dieu et vous. Le diable existe, certes, mais tant qu'il n'a pas réussi à rompre cette relation première, «ombilicale», entre le Créateur et sa créature, c'est comme s'il n'existait pas. C'est une ombre et rien de plus. Il n'a duire au nom de l'Eternel, muni de sa Parole dont il se prétendra l'interprète ! Quel intérêt, me direz-vous, puisque précisément nous avons perdu l'innocence? Maintenant, nous lui sommes acquis. Il a en nous toute sa puissance... C'est là que les choses deviennent intéressantes — et terri Autrement dit : la seule réalité, ce sera la lumière de ce rapport avec Dieu ; tant qu'elle luit, les ombres et les ténèbres n'auront pour nous aucune existence propre. En somme, dans ce sens-là (et dans celui-là seulement I), le mal n'existe pas, précisément parce que l'Adversaire, le « Satan », n'a rien à faire dans ma vie. 14 Le diable existe, certes, mais tant qu'il n'a pas réussi à rompre cette relation première, « ombilicale » entre le Créateur et sa créature, c'est comme s'il n'existait pas. C'est une ombre et rien de plus. Alors pourquoi l'Ecriture en parle-t-elle ? Imaginezqu'ellen'endisepas un mot. Que se passerait-il ? J'en conclurais, comme les penseurs grecs, que le mal est simplement le fruit de mon ignorance, et que la connaissance me rendra meilleur. Je sous-estimerais la puissance du mal, je croirais pouvoir la vaincre par mes propres moyens. C'est pourquoi Paul met les points sur les « i » : Ce n'est pas à l'homme que nous sommes affrontés. Nous n'avons pas simplement à lutter contre «la chair et le sang », c'est-à-dire contre notre faiblesse humaine. Il y a derrière le mal une Puissance terrible et diabolique, un Dominateur qui m'enchaîne à mes propres péchés, un cercle vicieux irrémédiable. Un Dragon, dira l'Apocalypse. Le personnage de Satan nous est présenté pour nous empêcher de minimiser la faute et d'y voir simplement le fruit d'un « manque », d'une «faiblesse», d'une «lacune». Si le diable est vraiment le lion rugissant et le serpent dont nous parle l'Ecriture, il n'y a plus de «peccadilles », mais seulement des péchés qui nous dévorent et nous tuent de leur venin ! C'est comme si Dieu nous disait : «Attention ! C'est du poison ! » Ma propre convoitise représente un autre « instigateur ». C'est de loin le plus important, car sans lui personne ne succomberait. Chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise3. Kierkegaard parle à ce propos d'une « sympathie antipathisante » ou d'une «antipathie sympathisante10». On ne saurait trouver de meilleurs termes pour décrire l'ambiguïté psychologique qui caractérise notre attitude par rapport à la tentation. Nous lui disons« non » sans vraiment fermer la porte, nous la rappelons si elle s'avise de s'en aller, mais nous reculons, effrayés, si elle vient trop près. Nous adorons jouer avec le feu. Nous vivons notre tentation, et ce faisant nous la créons, nous lui donnons corps, nous la rendons puissante. En soulignant ma responsabilité dans la conception du péché, l'Ecriture me dit : « Ne te justifie pas en imputant à autrui la cause de la tentation que tu subis. Son origine est en toi. Tu es seul coupable quand tu y cèdes. » David l'a bien reconnu. Il ne s'est pas écrié : « Satan m'a possédé !» Il a humblement reconnu : «J'ai commis un grand péché. J'ai complètement agi en insensé. » Il faut même aller plus loin. Il ne s'agit pas que de nous, mais de ceux qui nous entourent. «Chacun de nous est assurément coupable ici-bas de tout envers tous », écrit Dostoïevski. Qu'est-ce à dire ? Si nos proches s'emportent violemment, non pas forcément contre nous, mais contre qui que ce soit, n'est-ce pas dans une certaine mesure parce qu'ils sont malheureux? N'aurions-nous pas pu contribuer à les rendre plus heureux en leur accordant l'amour dont ils avaient besoin? Et cela ne se limite pas à la colère : si l'autre ment, s'il se drogue, s'il a des réactions égoïstes ou s'il se décourage, n'aurions-nous pas pu lui éviter cette chute en le « transfigurant » par notre amour ? L. Evely le souligne avec force :«Si j'étais meilleur, les autres seraient moins mauvais. ... Seuls ceux qui se reconnaissent responsables des autres sont qualifiés pour les changer. Je crois cela très profondément. Tout dépend de vous, malgré les apparences 11. » Pour surmonter la tentation, il y a une seule voie et pas deux. Elle nous est indiquée par l'apôtre Paul dans le verset qui figure en tête de cet article : Armez-vous de force dans le Seigneur, de sa force toute-puissante. (C'est nous qui soulignons.) Puis il nous invite à revêtir l'armure de Dieu. Dans un autre passage, Paul précise de quoi il s'agit : Revêtons les armes de la lumière. ... Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ12. Il n'y a pas d'autre solution. Le diable cherche uniquement à nous «déconnecter» du Christ. Pour lui résister, il faut cultiver notre relation de foi. Cela signifie pratiquement que la victoire s'obtient avant la crise. Quand la tentation est là, il est trop tard pour prier si on ne l'a pas fait auparavant ; il est trop tard pour lire un verset ou chanter des cantiques. Il s'agit là de simples «manœuvres» pour se sortir du faux pas ; même si l'on y parvient, la victoire est extérieure. Reprenons l'exemple du Christ. Ce qui lui a permis de remporter la victoire sur le Malin, ce n'est pas d'avoir été capable de citer des versets bibliques ! C'est bien plutôt d'avoir entretenu le rapport voulu avec son Père. Il a été conduit par l'Esprit dans le désert... La victoire est complète et décisive tant que nous dépendons uniquement du Seigneur. C'est ce que souligne Bonhoeffer avec beaucoup d'à-propos : « Pratiquement la tâche du chrétien consistera donc à voir dans toutes les tentations qui l'assaillent les tentations de Jésus-Christ se prolongeant en lui, et il trouvera le secours. ... Face à la seule réalité du plaisir et de Satan, il n'existe qu'une réalité qui soit plus forte : la figure et la présence du Crucifié 13. » Remporter la victoire sur Satan, cela revient à recevoir celle qui a déjà été remportée pour nous par Jésus-Christ. Vous avez tout pleinement en lui'*. Yvan Bourquin 1. Ephésiens 6 : 10-12 (traduction œcuménique) 2. Voir en particulier Esaïe 14 et Ezéchiel 28 3. 2 Samuel 24 : 1 4. 1 Chroniques 21 : 1, 8 5. Jacques 1:13 6. Genèse 22 : 1 7. 2 Chroniques 32 : 31 8. Jean 8 : 44 9. Jacques 1:14 10. Le concept de l'angoisse, Gallimard, Paris, 1935, p. 62 11. Amour et mariage, p. 94 12. Romains 13 : 12, 14 13. D. Bonhoeffer, Tentation, Labor et Fides, Genève, 1968, p. 27, 41 14. Colossiens 2:10 15 sauver le coupable L’homme conteste la loi de Dieu, sa justice ; il veut être indépendant, en un mot, il pèche. Il se coupe ainsi de la source de la vie et s’engage vers la mort. Le salaire du péché c’est la mort. (Romains 6 : 23.) L’homme est donc condamné à mort par son état. C’est une situation dramatique pour nous, mais aussi pour Dieu. Comment résoudre ce dilemme ? Faut-il laisser l’homme mourir ? Ce serait conforme à la justice humaine, mais ce serait un échec pour Dieu. Cela supprimerait le problème sans pour autant arranger la situation. Et puis, Dieu aime l’homme et veut qu’il vive. Où serait son amour dans une telle mesure ? Faut-il abolir la loi? Ce serait la fin de toute justice. Comment l’homme pourrait-il faire confiance à un Dieu qui change les choses quand cela l’arrange ? L’homme serait alors encouragé à faire n’importe quoi. Il faut un autre moyen pour détruire le péché en sauvant l’homme. Cet autre moyen, Jésus le propose lorsqu’on lui amène une femme prise en flagrant délit d’adultère pour qu’il la juge. Que celui de vous qui est sans péché lui jette le premier la pierre. De nouveau il se baissa et se mit à écrire sur la terre. Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un à commencer par les plus âgés et jusqu’aux derniers. Et Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu. Alors Jésus se redressa et lui dit : Femme, où sont tes accusateurs ? Personne ne t’a condamnée ? Elle répondit : Personne, Seigneur. Et Jésus lui dit : Moi non plus je ne te condamne pas ; va, et désormais ne pèche plus. (Jean 8 : 7 à 11.) Jésus sauve cette femme sans abolir la loi. C’est aussi ce que Dieu fait avec chaque homme. En ne supprimant pas sa loi il ne peut être accusé d’injustice. Mais alors il faut que le péché aille jusqu’au bout de ses conséquences : la mort. Qui mourra ? Dieu lui-même, en la personne de Jésus, et volontairement. Le Père m’aime parce que je donne ma vie, afin de la reprendre. Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi-même. (Jean 10:17, 18.) Lui, juste et innocent, se sacrifie pour les coupables à qui Dieu offre la vie. Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. (Jean 3 : 16.) Ainsi Dieu, tout en restant juste, gracie l’homme coupable. Le risque On est tenté de penser que Dieu prend un risque bien inutile en faisant mourir le juste à la place du coupable. Oui, Dieu prend des risques, seul l’amour en prend. Il en prend d’autant plus qu’en pardonnant il enlève à l’homme toute culpabilité. Celui-ci peut alors s’imaginer qu’il n’a plus à se préoccuper de la loi de Dieu et à résister au péché. Le salut est un don. La seule condition pour en bénéficier est de croire, de l’accepter : Le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle. (Romains 6 : 23.) Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé. (Actes 16 : 31.) Le risque de Dieu est calculé, car un don oblige. En effet, en donnant gratuitement le salut, Dieu nous rend éternellement redevables, dépendants et pleins d’amour pour lui, ce qui constitue la meilleure sauvegarde contre le péché, puisque le péché n’est autre que l’égoïsme et l’indépendance vis-à-vis de Dieu. Impayable Si l’homme cherche à payer ce salut, il ne peut que le dévaloriser, car tout ce qu’il pourrait apporter n’est que dérision en échange de la vie parfaite de Jésus. De plus, ce serait retomber dans 16 le péché lui-même puisqu’en fait il s’agirait d’une manifestation d’orgueil. C’est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. (Ephésiens 2 : 8, 9.) L’homme gracié n’est plus criminel. La gratuité du salut offert par Dieu le convainc de son amour sublime. Le prix payé par Dieu le convainc de l’immensité de cet amour. Cette conviction que Dieu aime et sauve gratuitement peut, et elle seule le peut, transformer notre état d’esprit. D’ennemis de Dieu nous devenons amis et heureux de partager sa fidèle compagnie. Gilbert Carayon - Chaque dimanche matin à 8 h 30, sur 31 m O.C., avec Michel et John, une émission moderne et aérée : interviews, témoignages, chants, musique, informations religieuses, dialogue constant avec les auditeurs. - Chaque soir de 19 h à 20 h, sur 49 m O. C. 6220 Mhz : Trois pas vers le ciel, l'émission quotidienne de Spécial Jeunes Radio. SPÉCIAL JEUNES RADIO 130, boulevard de l'Hôpital 75013 PARIS Tél. John Graz (1)068.62.32 N. B. Nous enverrons une carte Q.S.L. à tout correspondant. Vous pouvez devenir membre du CLUB SPÉCIAL JEUNES RADIO. Voilà ce qui est bon et agréable à Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à connaître la vérité. Car il y a un seul Dieu, et il y a un seul intermédiaire entre Dieu et les hommes, l’homme Jésus-Christ qui s’est donné lui-même pour payer la libération de tous. Il a apporté ainsi, au temps fixé, la preuve que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. Première lettre de Paul à Timothée (2 : 3 à 6). Bonnes Nouvelles Aujourd’hui. •••••••••••••••••••••••••• Cours par correspondance de « La Voix de l'Espérance » B.P. 7 77350 Le Mée sur Seine - gratuit - 26 leçons - au rythme de chaque élève - un seul livre nécessaire : la Bible (un exemplaire en édition courante sera envoyé sur demande pour un prix modique) 17 Alain Dejean/Sygma QU IL SOIT CRUCIFIE.' 18 La foule d'après le film « Jésus de Nazareth » de Franco Zeffirelli. Cette sentence, prononcée par la foule lors du procès de Jésus, avait déjà été prononcée par Dieu lui-même, d'un commun accord avec le Seigneur, et annoncée depuis des siècles par l'intermédiaire des prophètes. Aussi étrange que cela puisse paraître, le prophète Esaïe dit que c'est l'Eternel lui-même qui a exécuté cette sentence. L'Eternel a fait retomber sur lui l'iniquité de nous tous. ... H a été enlevé par l'angoisse et le châtiment; et parmi ceux de sa génération, qui a cru qu'il était retranché de la terre des vivants et frappé pour les péchés de mon peuple ?... Il a plu à l'Eternel de le briser par la souffrance. (Esaïe 53 : 6, 8, 10.) Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. (Jean 3:16.) Caiphe, qui était souverain sacrificateur cette année-là, leur dit : Vous n'y entendez rien ; vous ne réfléchissez pas qu'il est dans votre intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas. Or, il ne dit pas cela de lui-même ; mais étant souverain sacrificateur cette année-là, H prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation. Et ce n'était pas pour la nation seulement ; c'était aussi afin de réunir en un seul corps les enfants de Dieu dispersés. (Jean 11 :49-52.) C'est donc l'Esprit de Dieu qui parlait par la bouche du prophète. La foule, en demandant la crucifixion de Jésus, était parfaitement en harmonie avec la volonté de Dieu. Dans ce cas, on peut bien dire « Vox populi, vox Dei ». Cependant, Jésus a prié : Père, pardonne-leur, car Us ne savent ce qu'ils font. (Luc 23 :34.) En quoi consistait le péché dont il est question ? Ce sont les sentiments de haine et de mépris que la foule a manifestés à cette occasion : les insultes, les crachats, lesfauxtémoi-gnages, les moqueries... Il est certain que la prière du Seigneur a été exaucée. Le Père a pardonné. Ce péché n'a pas été mis à leur compte. En ce qui concerne sa mort, voici ce que le Seigneur dit : Le Père m'aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre. Personne ne me l'ôte, mais je la donne de moi-même ; j'ai le pouvoir de la donner, et j'ai le pouvoir de la reprendre : tel est l'ordre que j'ai reçu de mon Père. (Jean 10 : 17, 18.) Nous avons ici la preuve que Père et Fils étaient d'accord que celui-ci donne sa vie pour nos péchés. Le Seigneur n'a pas été assassiné. Il n'accuse personne. On a grand tort d'accuser les Juifs de déicide. Ils ne sont pas plus coupables que les païens, car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu (Romains 3 : 23). Le Seigneur est venu pour se charger lui-même de nos péchés et non pas pour nous rendre aussi coupables de sa mort sur la croix. Si la foule avait demandé sa libération, le Seigneur aurait été contrarié. C'est l'apôtre Pierre qui n'aurait pas voulu que le Seigneur souffre et qu'il soit mis à mort ; mais ses sentiments «bienveillants» étaient d'inspiration diabolique. La réaction du Seigneur a été très vive : Mais Jésus, se retournant, dit à Pierre ; Arrière de moi, Satan ! tu m'es en scandale ; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes. (Matthieu 16 : 23.) Que peut-on dire de l'attitude de Pilate dans cette affaire? Il est considéré comme un homme faible, lâche, méprisable. Le Seigneur dit que Pilate était investi d'un pouvoir d'en haut pour présider à son procès et prononcer la sentence voulue de Dieu. Sans cela, il n'aurait eu aucun pouvoir sur lui (Jean 19 :11 ). Il a bien rempli la tâche qui lui a été assignée, tout en rendant à Jésus un très beau témoignage, en se lavant les mains publiquement et en déclarant solennellement que Jésus était un Juste. Il se déclare innocent de son sang. Et tout le peuple répondit : Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! (Matthieu 27 : 24,25.) Il est certain que le peuple ignorait totalement la signification de sa demande. En effet, le sang de Jésus n'est pas maléfique. Bien au contraire, il est la seule source de salut et de bénédiction. Le Seigneur est tout heureux d'en abreuver celui qui veut être pardonné. Buvez-en tous; car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour beaucoup, pour le pardon des péchés. (Matthieu 26 : 27, 28.) 19 Ce n'est qu'au jour de la Pentecôte que la foule, qui avait demandé avec frénésie qu'il soit crucifié, va comprendre le bien fondé de son choix, en entendant ce que dit l'apôtre Pierre : Hommes Israélites, écoutez ces paroles ! Jésus de Nazareth, cet homme à qui Dieu a rendu témoignage devant vous par les miracles, les prodiges et les signes qu'il a opérés par lui au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes ; cet homme, livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l'avez crucifié, vous l'avez fait mourir par la main des impies. Dieu l'a ressuscité, en le délivrant des liens de la mort, parce qu'il n'était pas possible qu'il fût retenu par elle. ... Et maintenant, frères, je sais que vous avez agi par ignorance, ainsi que vos chefs. Mais Dieu a accompli de la sorte ce qu'il avait annoncé d'avance par la bouche de tous ses prophètes, que son Christ devait souffrir. ... Après avoir entendu ce discours, ils eurent le cœur vivement touché, et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : Hommes frères, que ferons-nous ? Pierre leur dit : Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, à cause du pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. ... Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des disciples augmenta d'environ trois mille âmes. (Actes 2 : 22-24 ; 3 : 17, 18 ; 2 : 37, 38, 41.) Quelques jours après, le nombre des disciples s'élevait à cinq mille et augmentait de jour en jour. Le sang de Jésus, qu'ils réclamaient à grands cris, leur a été salutaire. La plupart de ces convertis étaient de ceux qui ont demandé la crucifixion du Seigneur. C'estbien la preuveque Dieu n'a point rejeté son peuple, qu'il a connu d'avance (Romains 11 : 2). Cependant, une partie des enfants d'Israël sont tombés dans l'endurcissement. Il fallait s'y attendre. Les prophéties concernant l'attitude d'Israël à l'égard du Messie, lors de sa première venue, étaient pessimistes : Qui a cru à ce qui nous était annoncé ? Qui a reconnu le bras de l'Eternel ? ... Méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur et habitué à la souffrance, semblable à celui dont on détourne le visage, nous l'avons dédaigné, nous n'avons fait de lui aucun cas. (Esaïe 53 :1,3.) L'attitude de ces endurcis a causé beaucoup de peine au Seigneur qui savait ce qui attendait son peuple incrédule. Comme Happrochait de la ville, Jésus, en la voyant, pleura sur elle. (Luc 19 : 41.) Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu ! Voici, votre maison vous sera laissée déserte. (Matthieu 23 : 37, 38.) L'apôtre Paul disait avec émotion : Je dis la vérité en Christ, je ne mens point, ma conscience m'en rend témoignage par le Saint-Esprit : j'éprouve une grande tristesse, et j'ai dans le cœur un chagrin continuel. Car je voudrais moi-même être anathème et séparé de Christ pour mes frères, mes parents selon la chair, qui sont Israélites, à qui appartiennent l'adoption et la gloire, et les alliances, et la loi, et le culte, et les promesses, et les patriarches, et de qui est issu, selon la chair, le Christ, qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni éternellement. Amen ! (Romains 9 : 1 -5.) Quand on pense que cet apôtre a reçu de la part de ces endurcis, sur lesquels il s'apitoyait, cent quatre-vingt-quinze coups de bâton, et qu'un jour ils l'ont laissé comme mort sur le terrain, on est rempli d'admiration pour cet authentique disciple du Seigneur, qui était prêt à sacrifier sa vie éternelle, si ce sacrifice avait pu servir au salut de ses ennemis mortels. Hélas ! ce n'était pas possible. Pourtant, l'apôtre ne désespérait pas. Il savait que l'endurcissement n'était pas définitif. Les prophètes ont annoncé la conversion des Juifs, au temps de la fin : L'Eternel vous dispersera parmi les peuples, et vous ne resterez qu'un petit nombre au milieu des nations où l'Eternel vous emmènera. ... Au sein de la détresse, toutes ces choses t'arriveront. Alors, dans la suite des temps, tu retourneras à l'Eternel, ton Dieu, et tu écouteras sa voix ; car l'Eternel, ton Dieu, est un Dieu de miséricorde, qui ne t'aban donnera point et ne te détruira point : H n'oubliera pas l'alliance de tes pères, qu'il leur a jurée. (Deutéronome 4 : 27, 30, 31.) Car les enfants d'Israël resteront longtemps sans roi, sans chef, sans sacrifice, sans statue, sans éphod, et sans théraphim. Après cela, les enfants d'Israël reviendront ; ils chercheront l'Eternel, leur Dieu, et David, leur roi ; et ils tressailliront à la vue de l'Eternel et de sa bonté, dans la suite des temps. (Osée 3 : 4, 5.) (Dans les traductions roumaine, hongroise, boulou, italienne, cette expression est traduite par: «les jours de la fin» ou «les derniers temps ».) Alors je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication, et ils tourneront les regards vers moi, celui qu'Hs ont percé. (Zacharie 12 : 10.) C'est sur ces prophéties, et bien d'autres encore, que l'apôtre Paul se basait pour dire : Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne vous regardiez point comme sages, c'est qu'une partie d'Israël est tombée dans l'endurcissement, jusqu'à ce que la totalité des païens soit entrée. Et ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu'il est écrit : Le libérateur viendra de Sion, et H détournera de Jacob les impiétés ; et ce sera mon alliance avec eux, lorsque j'ôterai leurs péchés. En ce qui concerne l'Evangile, ils sont ennemis à cause de vous ; mais en ce qui concerne l'élection, ils sont aimés à cause de leurs pères. Car Dieu ne se repent pas de ses dons et de son appel. (Romains 11 : 25-29.) Ellen White écrit : «Une action puissante doit s'accomplir dans notre monde. Le Seigneur a déclaré que les païens entreraient, et non seulement eux, mais aussi les Juifs. Parmi ceux-ci il en est beaucoup qui se convertiront. Grâce à eux, le message du salut sera annoncé au loin, comme une lampe dont la lumière se répand. Il y a des Juifs un peu partout, et il faut que la vérité présente leur soit apportée, lisseront nombreux à la recevoir et à proclamer avec un pouvoir merveilleux l'immutabilité de la loi de Dieu. » — Evangelism, p. 578. ■ Elie Curmat 20 1. Bourgade galiléenne où Jésus guérit beaucoup de malades. 2. Monnaie romaine. Septième jour de la semaine. 3. Elle devint chrétienne en écoutant la prédication de Paul à Athènes. Dieu en langue chaldéenne. 4. Josué fit brûler cette ville idolâtre. Deux tiers d'atome. Mis à sec. 5. Point central de la prédication de Jésus. 6. Fils de Caleb (1 Chroniques 4:15). Eprouvé. 7. Homme peu spirituel. 8. Affirmation bretonne. Ville où Pierre annonça l'Evangile, pour la première fois, à des païens. 9. Qualificatif caractérisant la compassion de Jésus. Lettres pieuses. Station radiophonique. 10. Ancêtre du Christ (Luc 3 : 27). Elle a été tirée de l'homme. VERTICALEMENT I. Démoniaque libéré par Jésus, en Déca-pole. II. Prophète appelé parfois « le cinquième évangéliste». Selon Jésus, n'est pas immortelle par nature (Matthieu 10 : 28). IIL Bois servant à la fabrication des idoles (Esaïe 44 : 9-20). Ville d'Abram. IV. Compagnon d'Esdras (Esdras 8 : 7). Métal radioactif (Symbole). V. Habitants de la plaine s'étendant de Joppé au Mont Carmel. VI. Malgré sa trahison, Jésus considérait Judas comme tel (Matthieu 26 : 50). Monopolise. VII. Remit en vigueur. VIII. Moitié de jardin. Révolution terrestre. Va à l'aventure. IX. Mâle de plusieurs oiseaux de proie. X. Saint ou très saint dans le Temple de Jérusalem. Mot prononcé par Jésus au moment de sa mort. Solution de la grille n° 1 Bible & éducation Les vrais principes de psychologie se trouvent dans les saintes Ecritures. (Ellen White) dominer le péché... ouïe voisin? « Caïn adressa la parole à son frère Abel, mais, comme ils étaient dans les champs, Caïn se jeta sur son frère et le tua *. » Résumé laconique du premier meurtre de l’hu manité. Mais que s’est-il passé ? Le récit biblique nous apprend seulement que les deux hommes avaient offert chacun un sacrifice. Celui d’Abel — plus excellent — fut accepté ; celui de Caïn ne le fut pas. Il en conçut une profonde irritation et, malgré un encouragement doublé d’un avertissement de la part de Dieu, il en arriva à l’irréparable. Il n’est pas question ici d’aborder ce texte sous l’angle théologique. Conformément aux propos de cette série de billets, nous essaierons d’en dégager un principe psychologique. Ceci est très important, parce que : • cette loi du comportement humain nous apparaîtra vite comme universelle ; • si nous voulons la maîtriser, il faut préalablement la démasquer. Caïn n’est pas satisfait, il est mécontent. Tellement qu’il en a le visage retourné, décomposé. Pourtant, personne, ni Dieu, ni son frère, ne lui a fait de difficulté ou de méchanceté. Il n’est l’objet ni d’une injustice, ni d’une moquerie. Dieu ne lui reproche même pas d’avoir mal agi (il le met en garde contre la possibilité, à venir, de mal agir, ce qui est très différent). Dieu lui a simplement fait savoir que son offrande n’avait pas été agréée (et c’est quand même bien le droit de Dieu). Caïn n’est pas content de lui. Est-il vexé ? Jaloux ? Blessé dans son amour-propre? Peut-être un peu de tout cela à la fois, mais il ne doit s’en prendre qu’à lui-même : c’est son problème. Seul avec son frère, dans les champs, c’est-à-dire loin du regard des siens, il lui adresse la parole. Aveu de sa peine? Demande d’aide ? Epanchement de son cœur? Non. Cette parole est une interpellation, une recherche de querelle ; elle va dramatiser les sentiments négatifs de Caïn. D’ailleurs, elle fait déjà son effet. Caïn s’est excité lui-même, il passe à l’acte, se jette sur son frère et le tue. Comportement singulier, et pourtant tristement général. Ce comportement consiste, lorsque quelque chose ne va pas « en nous », à nous en prendre à l’autre, à «tomber sur » lui. Et comme l’autre est « innocent », c’est-à-dire étranger à notre problème, n’importe quelle brouille (comme celle que Caïn a dû relever, j’imagine) est bonne pour déclencher le drame. C’est le patron qui s’est levé du pied gauche et le fait subir à ses employés, c’est le mari qui a eu des soucis au bureau et cherche querelle à sa femme, c’est la mère qui est énervée et qui, au moindre mot de son enfant, lui crie après ou lui retourne une gifle. Faisons un effort de lucidité : ne nous est-il jamais arrivé de nous venger sur un tiers de nos mécontentements, de nos échecs, de nos faiblesses ? Et, hélas ! nous ne savons même pas que nous sommes malhonnêtes. En fin de compte, nous sommes en colère parce que nous sommes faibles. Faibles pour reconnaître où le bât blesse réellement, faibles pour prendre les vraies mesures qui s’imposent. Pour éliminer cette faiblesse, il nous faut adopter un comportement de puissance. Mais, au lieu de dominer « le péché » (selon le conseil de Dieu à Caïn), c’est-à-dire nous-mêmes, nous effectuons un transfert : c’est en l’autre, et non plus en nous, pensons-nous, que réside le problème. C’est donc l’autre que nous allons dominer. Telle est une des lois qui, de fait, règlent un grand nombre de nos conduites, pour notre plus grand malheur. Mais, si nous prenions conscience de ces motivations profondes et du caractère illusoire des excuses que nous invoquons pour nous jeter sur l’autre, j’en suis certain, Dieu pourrait prendre en main notre éducation. Il nous permettrait de quitter peu à peu le terrain de la rivalité pour celui de l’amour, de cesser d’être des fils psychologiques de Caïn pour devenir, parce que nous sommes enfants spirituels du Père céleste, des imitateurs de Jésus-Christ. Philippe Augendre * Genèse 4 : i-16. 21 LA VERITE AU FOND DUTUNNEL Centenaire de la découverte de l’inscription du tunnel de Siloé Juin 1880... Rien à signaler sur le vaste front du monde politique international, s'i I f a ut en croire le vénérable « Dictionnaire encyclopédique Quillet». La table chronologique de sa rubrique «Histoire générale» passe allègrement de 1879 à 1881, en omettant l'année pour nous centenaire ! Juin 1880, pourtant, ne peut laisser indifférent quiconque s'intéresse aujourd'hui à l'archéologie biblique. Tandis que naît en Europe le sionisme tout entier tendu vers la création d'un nouveau foyer juif en Palestine, un fait divers, banal en lui-même, prend place à proximité de la muraille sud-est de Jérusalem. Un jeune homme se baigne avec quelques camarades dans l'antique piscine de Siloé. S'engageant dans le canal souterrain d'alimentation des eaux, il distingue incidemment sur la paroi rocheuse les caractères d'une inscription. Son professeur, l'architecte allemand Conrad Schick, est très vite alerté. Copies et reproductions vont se succéder, plus ou moins heureuses : celle de Schick puis, en 1881, celle de A.H. Sayce, qui travaillera plusieurs heures dans l'eau à la lueur d'une torche. Charles Clermont-Ganneau, attaché au consulat français de Jérusalem, en réalise un moulage qui est visible au musée du Louvre dans la crypte Sully. Quelques lignes bien surprenantes «Rarement une inscription sur pierre a fait couler autant d'encre (plus de 220 titres pour bientôt un siècle de recherches)! ... Depuis sa première publication, cette inscription n'a cessé de susciter des recherches, tant son importance est grande dans des domaines aussi variés que l'épigraphie, l'histoire et la philologie. C'était aussi la première inscription de quelque longueur à être trouvée en Palestine même.» (Emile Puech, Revue biblique, n° 2, avril 1974, Paris, librairie Lecoffre, page 196.) Ce texte de six lignes était gravé à même le roc, à 6 mètres environ de l'entrée de l'aqueduc, à partir de la piscine de Siloé. La paroi a été polie sur une surface d'environ 0,66 m de long et de 0,50 m de haut, bien que l'inscription n'en couvre à peine que la seconde moitié. En 1890, une fois les reproductions opérées, cette paroi fut excisée, non sans dommages, et transportée au musée des Antiquités d'Istamboul où elle se trouve encore aujourd'hui. En quoi consiste donc l'intérêt de ces lignes rédigées en écriture cursive d'hébreu ancien, en caractères phéniciens? Qu'y lit-on au juste ? 22 Le sens de l'inscription ne fait aucun doute : elle relate la réussite du forage du tunnel d'écoulement des eaux jusqu'à la piscine de Siloé, et cela dans des conditions de travail déjà très modernes ! Un succès technique du génie civil, huit siècles avant Jésus-Christ... Deux équipes marchaient à la rencontre l'une de l'autre. Leur point de jonction, vers le milieu du souterrain large de 80 cm au plus, est nettement marqué par les coups de pics en sens inverse, très repérables sur la roche. On notera en effet le recours à la méthode du double forage que notre époque saluera comme un exploit hors pair, lors du percement du tunnel routier du Grand-Saint-Bernard. Le dernier coup de mine avait ouvert le tronçon central et les équipes suisses et italiennes se rejoignaient au cœur de la montagne. Souvenez-vous : c'était en avril 1965. Ainsi, les perceurs de la paroi transalpine avaient été précédés et de 2 665 ans environ! Car l'inscription, probablement contemporaine de l'achèvement des travaux (elle ne comporte malheureusement ni nom ni date), est de la fin du 8e siècle avant notre ère (vers l'an 700), Inscription de Siloé «Voici achevé le creusement. Et maintenant en voici l'histoire : tandis que les ouvriers brandissaient encore la pioche de part et d'autre, et qu'il ne restait que trois coudées à creuser, on entendit l'un d'eux crier à l'autre qu'un trou s'était ouvert dans le rocher à droite et à gauche. Et, le jour de l'aboutissement, les ouvriers frappèrent l'un contre l'autre, pioche contre pioche. Alors, les eaux de la source coulèrent dans l'étang sur douze cents coudées et la hauteur du rocher au-dessus de la tête des ouvriers était de cent coudées. » Cylindre de Taylor (British Muséum). Sur ce cylindre d'argile le roi assyrien Sennachérib rapporte sa campagne militaire contre Jérusalem, en 701 avant Jésus-Christ. comme l'a montré Clermont-Ganneau (Recueil d'Archéologie Orientale, I, Paris, 1888) par rapprochements paléographiques. Une constatation importante, comme nous le verrons plus loin. Mais pourquoi ce percement, qui fut loin d'être un cas unique à l'époque de la royauté juive ? L'eau, « nerf de la guerre » à Jérusalem La cité du roi David est née d'une source, le Guihon, « celle qui jaillit », appelée de nos jours «Ain Sitti Maryam » (« la source de la Vierge »), 23 Intérieur du canal d'Ezéchias. située dans la vallée du Cédron, en contrebas de la colline orientale (Ophel). La tribu cananéenne des Jébu-séens, maîtresse des lieux avant la conquête israélite, avait tiré parti de ce point d'eau privilégié, se souciant surtout de le mettre à l'abri en cas de siège. Précaution majeure sans laquelle les places fortes devaient rapidement se rendre à l'ennemi. «Comment relier la source à l'intérieur de la cité (Jérusalem) ? Les Cananéens avaient mis au point tout un système de plans inclinés, d'escaliers, de paliers et de puits par lesquels on avait accès du centre de l'acropole à la source sans éveiller l'attention des assaillants. De tels ensembles hydrauliques, taillés dans le roc avec des ciseaux de bronze, ont été découverts dans les cités cananéennes de Gabaon, Geser et Megid-do. Celui de Jérusalem, appelé « puits d'Ophel », ou encore « puits du Dragon », fut exploré par Warren en 1867 et étudié par les fouilleurs anglais de la mission Parker (1909-1910), ainsi que par le Père Vincent.» (Bible et Terre Sainte, n° 101, mai 1 968.) Lorsque David, couronné roi en l'an 1000 avant Jésus-Christ, se mettra en quête d'une capitale, Joab son général s'emparera par ruse de l'imprenable forteresse de Sion dressée sur son éperon rocheux. Il lui suffira de ramper dans le canal depuis la source et de grimper le long du puits de 1 3 mètres (2 Samuel 5 : 7, 8; 1 Chroniques 11 : 4-6). Le tunnel du roi Ezéchias Le système jébuséen s'avéra in- suffisant et précaire, la source pouvant être isolée en cas de siège. « Par la suite, deux canaux furent aménagés qui amenaient l'eau, à fleur de sol, sinon à ciel ouvert, vers le sud, c'est-à-dire dans la vallée. Ce sont les eaux de SHoé qui coulent doucement du prophète Esaïe (8 : 6), comme aussi cet aqueduc de l'étang supérieur sur la route du champ du foulon (Esaïe 7 : 3), que le roi Achaz (735-715) se préoccupait certainement de maintenir en bon état. Ce canal tracé à flanc de coteau était accessible grâce à des „regards" fréquents, permettant de puiser au passage l'eau captée à Gihon et amenée dans un réservoir, à l'intérieur du rempart, et dont la Birket el Hamra de nos jours a dû conserver l'emplacement.» (André Parrot, Le Musée du Louvre et la Bible, Dela-chaux et Niestlé, 1957, p. 96.) Sous le règne d'Ezéchias (726-697), se profilait à l'horizon le danger assyrien. Souverain énergique autant que pieux, il para à l'éventualité d'une invasion du royaume de Juda en emmagasinant des armes et en réparant les murailles de la citadelle. Mais il ordonna surtout, en prévision d'un siège possible, de creuser un nouveau tunnel entièrement dans le roc et dépourvu, cette fois-ci, de toute ouverture extérieure. Car il s'agissait d'améliorer et de préserver l'approvisionnement en eau. Tout cela n'ira pas sans tâtonnement, comme en témoigne l'étude du tracé de cet autre canal. Ici on obture un des deux précédents, là on perce une galerie. Tel tunnel amorcé est vite abandonné avant que le définitif soit foré jusqu'au bout, «sur 1 200 coudées», comme le précise l'inscription. La coudée mesurant 0,443 mètres, et la longueur du tunnel ayant été chiffrée à 533 (L.H. Vincent, Jérusalem de l'Ancien Testament, 1954-1956), l'indication concorde remarquablement. Une question reste encore sans réponse : pourquoi le tunnel affecte-t-il la forme d'un S ? Le percement en ligne droite aurait été plus rapide et l'ouvrage n'aurait mesuré que 217 mètres. A-t-on voulu contourner des tombes royales ou faut-il invoquer le manque d'expérience des ouvriers? Quoi qu'il en soit, l'obscur ingénieur, responsable de ce chef-d'œuvre pour le compte d'Ezéchias, a pu à juste raison traduire sa fierté auprès des générations futures, en gravant ces six lignes si précieuses pour les archéologues. 24 L'argile et la pierre confirment la Bible ! Ce fut sans doute peu après l'exécution de l'ouvrage (une année au maximum, selon les spécialistes) que dut prendre place l'événement redouté par le roi : l'invasion assyrienne. Sennachérib, fils de Sargon II le destructeur de Samarie en 721 avant notre ère, s'empara des places fortes de Juda, assiégea Jérusalem en 701 (2 Rois 18 : 13, 17) et repartit sans l'avoir prise, son armée ayant été mystérieusement décimée. Sur un cylindre d'argile (dit «de Taylor») visible aujourd'hui au British Muséum à Londres, Sennachérib rapporte sa campagne militaire contre la capitale juive, sans d'ailleurs prétendre l'avoir conquise : saisissante confirmation du récit biblique. Mais l'inscription de Siloé et l'existence du tunnel royal ne fondent-elles pas elles-mêmes remarquablement le sérieux des textes de l'Ancien Testament qui mentionnent l'entreprise d'Ezéchias? Le reste des actions d'Ezékias, tous ses exploits, ce qu'il a fait, le réservoir et le canal construits pour amener l'eau dans la ville, cela n'est-il pas écrit dans le livre des Annales des rois de Juda ? (2 Rois 20 : 20, TOB.) Quand Ezékias vit arriver Senna-kérib avec l'intention d'attaquer Jérusalem, il se concerta avec ses dignitaires et ses officiers pour obturer l'accès à l'eau des sources situées en dehors de la ville. Ceux-ci l'aidèrent et un peuple nombreux se rassembla pour obturer toutes les sources et le ruisseau coulant à l'intérieur de la terre, en disant : « Pourquoi les rois d'Assyrie, à leur arrivée, trouveraient-ils de l'eau en abondance ?» (2 Chroniques 32 : 2-4, TOB.) C'est lui, Ezékias, qui obtura la sortie supérieure des eaux de Gui-hôn et les fit se diriger plus bas vers l'ouest de la Cité de David. (2 Chroniques 32 : 30, TOB.) Et vous retenez les eaux de l'étang inférieur. ... Vous faites un réservoir entre les deux murs, pour les eaux de l'ancien étang. (Esaïe 22 : 9, 11.) Comme l'on comprend l'enthousiasme du grand orientaliste W. F. Albright, entre autres, devant l'accord manifeste existant entre les conclusions de l'archéologie et les déclarations du Livre des livres ! «Les récits bibliques ont tous été confirmés et illustrés à un degré que j'aurais pensé impossible il y a 40 ans. ... Il est clair que Dieu a préparé la voie d'un réveil du Christianisme originel par le moyen de la foi éclairée en sa Parole. Ce n'est pas un hasard si l'archéologie et ses disciplines apparentées ont révolutionné notre approche historique de la Bible. » (Lignes parues en 1958.) Les détracteurs ont beau faire ! Force est de constater avec le rédacteur du Psaume 119 (verset 160), s'adressant à son Dieu : Le fondement de ta parole est la vérité. (Voir aussi Jean 17:17.) C'est au réservoir de Siloé, creusé à l'initiative d'Ezéchias, que le Christ envoya un jour se laver l'aveugle-né de l'Evangile, auquel il avait appliqué de la boue sur les yeux (Jean 9 : 6,7). La Lumière demeure toujours à la portée de quiconque se tourne vers le divin Révélateur, pour écouter sa voix et accepter d'être guéri. Et puis, que serait ce Birket Silwân sans l'eau que la source de la vallée du Cédron lui fournit encore aujourd'hui, sinon l'image même de notre monde spirituellement desséché, au terme du 20e siècle ? «Nous vivons dans l'illusion que nous avons tout. Mais au milieu de cette vie pleine, nous avons un grand vide, l'illusion perdue de Dieu, appelez cela comme vous voudrez, peu importe. » Ainsi parlait le cinéaste Ingmar Bergman dans une interview à « L'Express », lors de la sortie de son film « Le silence ». A celui qui a soif je donnerai de la source de l'eau de la vie, gratuitement. (Apocalypse 21 : 6.) Réflexions nées un inoubliable matin de mai, qui me vit patauger avec quelques amis dans le canal royal, en route vers le débouché du Guihon... ■ Denis Romain Escalier conduisant au tunnel d'Ezéchias. 25 est-ce un péché d'être riche? Vous vous dites sûrement : « Cet article ne m’est pas destiné ! » Prenez garde ! Nous sommes toujours le « riche », pour quelqu’un. Je me souviens m’être trouvé au Caire avec une valise et un sac contenant ce que j’avais cru être nécessaire pour un voyage d’étude d’un mois. A mon départ d’Europe, j’aurais fait rire si j’avais prétendu être riche en exhibant le contenu de mes bagages. Mais, au Caire, tout était différent. J’avais emporté des richesses que les fellahs ne seraient jamais arrivés à rassembler tout au long de leur existence ! Revenons maintenant à notre question. Est-ce un péché d’être riche? Peut-on à la fois être riche et chrétien ? Je m’en doute un peu, vous pensez immédiatement à l’exigence catégorique de Jésus vis-à-vis du jeune homme riche (Luc 18 : 22-27). Mais nous oublions trop souvent que Jésus a réagi différemment à l’égard de Zachée, le chef des collecteurs d’impôts de la ville frontière qu’était Jéricho. Lorsque Zachée rencontre en Jésus l’image même de la droiture, il déclare spontanément : Voici, Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et, si fai fait tort de quelque chose à quelqu'un, je lui rends le quadruple. (Luc 19 : 8.) Si le renoncement absolu à ses moyens financiers était le critère auquel on reconnaît l’enfant de Dieu, Jésus aurait dû l’exiger aussi de Zachée ; cependant il n’en fait rien. Ce qui est au centre du problème, c’est l’attitude de l’homme devant les biens matériels. Un jeune homme riche s’accrochait à ses biens. C’était sa raison d’être. C’est pourquoi Jésus lui dit : Il te manque encore une chose (Luc 18 : 22) : l’esprit de renoncement. Mais cela, il ne le dit pas à Zachée parce que celui-ci a prouvé qu’il est animé de l’esprit qui convient. Les mots : « Lazare et le mauvais riche » nous font penser à une parabole bien connue. Or, en relisant le texte dans l’évangile de Luc (16 : 19-31), nous constatons que l’expression « mauvais riche » n’y est jamais employée. C’est un homme riche tout simplement. Mais la manière dont il agit envers le pauvre Lazare a conduit les chrétiens au cours des siècles à parler de lui comme du « mauvais riche ». Nicodème était riche. Jésus ne lui a pas parlé de ses biens matériels, mais d’une nouvelle naissance spirituelle qui l’amènerait à faire de ses richesses un usage conforme à l’esprit chrétien. Tout comme l’apôtre Paul l’écrira à Timothée : Recommande aux riches du présent siècle de ne pas être orgueilleux, et de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines, mais de la mettre en Dieu, qui nous donne avec abondance toutes choses pour que nous en jouissions. Re commande-leur defaire du bien, d'être riches en bonnes œuvres, d'avoir de la libéralité, de la générosité, et de s'amasser ainsi pour l'avenir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable. (1 Timothée 6 : 17-19.) L’argent a mauvaise presse. Or l’Ecriture ne s’en prend pas à l’argent : Car l'amour de l'argent est une racine de tous les maux. (1 Timothée 6 : 10.) C’est le comportement vis-à-vis de l’argent qui détermine si l’on est un mauvais riche... ou un mauvais pauvre. Un journal lyonnais révélait, il y a quelques mois, le salaire mensuel de Michel Platini, le fameux joueur de l’A.S. Saint-Etienne : 60 000 F (nouveaux) ! Sans compter les primes de match, les contrats publicitaires, etc. A mon point de vue (tout est relatif), Michel Platini est un homme riche. Est-il un bon ou un mauvais riche ? Contrairement aux riches dont parle l’apôtre Jacques (5 : 1-6), il n’exploite personne. Ceux qui vont au stade, y vont de leur plein gré et versent, sans y être obligés, le prix du billet d’entrée. Michel Platini ne vole l’argent de personne. Alors, bon ou mauvais riche ? Cela dépendra de l’usage qu’il fera des moyens financiers qu’il a entre ses mains. Mais si l’amour de l’argent est vraiment au cœur du problème, on devrait aussi pouvoir parler du mauvais pauvre. De celui qui aime l’argent qu’il n’a pas, « crevant » d’envie devant l’argent qu’il pourrait avoir, victime consentante de toutes les machines à sous : lotos et loteries de tous genres, traînant ses espoirs au ras des trottoirs de bistrots abritant le tiercé. Quelqu’un me disait un jour : « On ne peut pourtant pas vivre sans argent ! » C’est exact. Jésus lui-même, financièrement, dépendait des femmes qui l’accompagnaient (Luc 8 : 2, 3). Ce qui prouve, d’ailleurs, qu’elles ne s’étaient pas dépouillées de tous leurs biens pour le suivre. Mais leur argent était devenu un moyen de venir en aide à ceux qui en avaient besoin. Ce que Jésus a enseigné, c’est le détachement à l’égard de l’argent. De celui que l’on a, et de celui que l’on n’a pas et que l’on pourrait désirer. Les patriarches et les rois d’Israël possédaient de grands biens, mais avaient placé leur confiance et leur espérance ailleurs. Ils avaient appris de Dieu comment arriver à ce résultat. Nous pourrons, si vous le voulez bien, nous y arrêter à partir de notre prochaine rubrique. Georges Vandenvelde 26 (COMPRENDHlT) Actes des apôtres 8 : 26 à 40 COMPRENDS-TU CE QUE TU US? Comment profiter de la lecture d’un simple récit de la Bible 26 L’ange du Seigneur s’adressa à Philippe : « Tu vas te rendre vers le Midi, lui dit-il, sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza ; elle est déserte. » 27 Et Philippe partit aussitôt. Or un eunuque éthiopien, haut fonctionnaire de Candace, la reine d’Ethiopie et administrateur général de son trésor, qui était allé à Jérusalem en pèlerinage, 28 retournait chez lui ; assis dans son char, il lisait le prophète Esaïe. 29 L’Esprit dit à Philippe : « Avance et rejoins ce char. » 30 Philippe y courut, entendit l’eunuque qui lisait le prophète Esaïe et lui dit : « Est-ce que tu comprends vraiment ce que tu lis ? 31 — Et comment le pourrais-je, répondit-il, si je n’ai pas de guide ? » Et il invita Philippe à monter s’asseoir près de lui. 32 C’était ce passage de l’Ecriture qu’il était en train de lire : Comme une brebis que l’on conduit pour l’égorger, comme un agneau muet devant celui qui le tond, c’est ainsi qu’il n’ouvre pas la bouche. 33 Par son abaissement s’est trouvé levé son jugement ; sa génération, qui la racontera? Car elle est enlevée de la terre, sa vie. 34 S’adressant à Philippe, l’eunuque lui dit : « Je t’en prie, de qui le prophète parle-t-il ainsi ? De lui-même ou de quelqu’un d’autre ? » 35 Philippe ouvrit alors la bouche et, partant de ce texte, il lui annonça la bonne nouvelle de Jésus. 36 Poursuivant leur chemin, ils tombèrent sur un point d’eau et l’eunuque dit : « Voici de l’eau. Qu’est-ce qui empêche que je reçoive le baptême ? » 37 Philippe dit : « Si tu crois de tout ton cœur, c’est permis. » L’eunuque répondit : « Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. » 38 II donna l’ordre d’arrêter son char ; tous les deux descendirent dans l’eau, Philippe et l’eunuque, et Philippe le baptisa. 39 Quand ils furent sortis de l’eau, l’Esprit du Seigneur emporta Philippe, et l’eunuque ne le vit plus, mais il poursuivit son chemin dans la joie. 40 Quant à Philippe, il se retrouva à Azot et de là, annonçant au passage la bonne nouvelle dans toutes les villes, il se rendit à Césarée. (Traduction Oecuménique de la Bible.) Dès la lecture de ce récit biblique une question surgit : pourquoi le verset 37 est-il imprimé en petits caractères? Tout simplement parce qu'il ne se trouve pas dans toutes les Bibles. Les traductions modernes de la Bible sont faites à partir d'un texte qui n'est pas l'original, disparu depuis longtemps. Ce texte est établi grâce aux travaux minutieux de savants, qui étudient et comparent tous les anciens manuscrits disponibles afin de remonter le plus près possible de l'original. Dans le cas présent, ces savants ont constaté que ce verset ne 27 figurait que dans une partie des anciens manuscrits et donc — c'est le plus probable — a été ajouté après coup, pour rendre plus clair le texte original. En dehors de cette question technique, ce récit n'est pas difficile à comprendre. Pourtant il n'est pas certain qu'une lecture superficielle suffise à en extraire toute la valeur. Pourquoi ce texte est-il dans la Bible? A-t-il quelque chose à nous apprendre, à nous qui vivons au 20e siècle ? Pour répondre à ces questions il faut laisser le texte s'exprimer lui-même et d'abord regarder la façon dont il est rédigé, la manière avec laquelle ses parties sont agencées. Le rôle principal Il est facile de remarquer que nous avons affaire à une rencontre de deux hommes : Philippe, l'un des sept hommes choisis pour aider à la bonne marche de la première communauté chrétienne, et l'eunuque, ce haut fonctionnaire éthiopien en voyage. Pourtant le texte est organisé de façon à montrer que ni l'un ni l'autre de ces hommes n'est le personnage central du récit. En effet, celui qui a l'initiative n'est même pas nommé ; pourtant il apparaît derrière les interventions surhumaines qui ouvrent les trois parties du récit. 1. L'Ange du Seigneur introduit la partie du texte consacrée à la présentation des personnages qui vont se rencontrer (versets 26 à 28). 2. L'Esprit parlant à Philippe et provoquant la rencontre de deux hommes est au centre de l'histoire (versets 29 à 38). 3. L'Esprit du Seigneur sépare les deux hommes en emportant Philippe (versets 39 et 40). Ainsi, le rôle principal est tenu par Dieu, qui agit par l'intermédiaire de son Ange ou de son Esprit. Maintenant, si l'on observe la partie centrale du récit, on constate qu'elle aussi se divise en trois étapes : la prise de contact (versets 29 à 31), étape préparatoire, et les deux faits principaux : l'annonce de l'Evangile par Philippe (versets 32 à 35) et le baptême de l'eunuque (versets 36 à 38). Or, chacun de ces deux faits est introduit par une constatation qui facilite bien leur déroulement : le texte que l'eunuque est en train de lire introduit à merveille le sujet que Philippe doit proclamer; puis un point d'eau se présente au bon moment et rend le baptême possible. Il est évident que ces «heureuses coïncidences» contribuent à montrer au lecteur que c'est Dieu qui préside à cette rencontre. Aussi le premier message de notre texte est que Dieu a dirigé ces événements. C'est une invitation à se demander si Dieu dirige aussi les événements que nous vivons. Plus de barrières Cette histoire raconte la conversion au christianisme d'un haut fonctionnaire éthiopien, qui de plus était eunuque. Or, ce récit n'est pas isolé, il appartient à une suite de textes, et c'est sa position dans cette suite qui éclaire sa signification. Un éthiopien. Mac Cullin/Magnum Depuis le début du livre des Actes jusqu'au chapitre 5, tout s'est passé à Jérusalem, et tous les convertis étaient d'origine juive. C'était soit des Juifs pieux originaires de différents pays, soit des prosélytes, c'est-à-dire des non-Juifs convertis au judaïsme et ayant reçu la marque de la circoncision. A partir du chapitre 6 apparaissent deux catégories de croyants : les Hébreux et les Hellénistes. Cette distinction souligne très probablement la différence entre des Juifs attachés aux traditions hébraïques, d'une part, et des Juifs intéressés et marqués par la civilisation hellénistique, d'autre part. Ces derniers étaient mal vus par les Juifs orthodoxes, les purs, les durs. Or, c'est parmi les Hellénistes chrétiens que sont choisis les sept aides qui soulageront la tâche des apôtres (cf. Actes 6 : 1 -7). Philippe est l'un d'eux, et c'est lui qui va porter l'Evangile aux Samaritains (Actes 8 :4-13). Ces Samaritains, bien que circoncis, étaient encore plus mal considérés 28 que les païens, pourtant ils avaient été acceptés parmi les chrétiens. Or, maintenant c'est un Ethiopien, donc un non-Juif, qui se convertit. C'est vrai, c'est un ami du judaïsme, puisqu'il est venu à Jérusalem pour un pèlerinage religieux (les voyages n'étaient pas ce qu'ils sont aujourd'hui I), et qu'il possède un rouleau du prophète Esaïe, un manuscrit, donc rare et cher. Mais cet étranger, sympathique pour les Juifs, a un défaut : il est eunuque, et donc ne peut être circoncis car la loi de Moïse interdit l'accès au peuple sacré de tels hommes (cf. Deutéronome 23 : 1,2). Cet handicap le disqualifiera-t-il pour entrer dans la communauté chrétienne? Il se le demande: Qu'est-ce qui empêche que je reçoive le baptême ? (Verset 36.) Mais rien n'empêche, car il croit en Jésus qui vient de lui être annoncé. Ainsi, une barrière importante est levée : le christianisme, issu du judaïsme, est en train de devenir une religion universelle, sans barrières. L'étape sera franchie lorsque Corneille, le soldat romain, l'ennemi pour les Juifs, deviendra, lui l'incirconcis, à son tour chrétien. De cette façon apparaît au grand jour le second message du texte : la foi en Jésus abolit toutes les barrières, qu'elles soient sociales, ethniques, traditionnelles ou mentales. Et là aussi nous sommes interpelés : combien de barrières font encore obstacle à notre relation avec l'autre, celui qui n'est pas comme nous, qui n'a pas la même mentalité que nous ? Instruction biblique, puis baptême Après avoir examiné la structure et le contexte de notre récit, il nous faut revenir à son centre, aux deux faits importants qu'il met en évidence. D'abord il y a l'annonce de la Bonne Nouvellede Jésus :ellesefait par l'intermédiaire de l'explication de textes bibliques, à commencer par celui que l'eunuque était en train de lire. L'expression utilisée au verset 35 rappelle très fortement celle qu'emploie Luc (24 : 27), où la méthode de Jésus lui-même est expliquée : il prend un à un lestextes de l'Ancien Testament qui annonçait Rouleau du prophète Esaïe (manuscrits de la mer Morte). sa mort, sa résurrection et son exaltation, et amène son interlocuteur à la conviction que Jésus est le Messie, et donc le seul moyen de salut. Ensuite, il y a le baptême, demandé par celui qui vient d'accéder à la compréhension, grâce aux textes de la Bible, de Jésus. Or, une fois ce baptême accompli, il n'y a aucun doute possible, l'eunuque est considéré comme chrétien. Par ces deux faits, notre histoire nous rappelle la démarche fondamentale par laquelle on devient chrétien : on entend la prédication de Jésus au travers du texte biblique, et volontairement on est baptisé. Ce troisième message du récit n'a malheureusement pas été entendu, ou plutôt il a été étouffé par des traditions grâce auxquelles on devient chrétien, sans l'avoir voulu, par le simple hasard de sa naissance et, quelquefois, sans avoir jamais ouvert la Bible ! Détails ? On pourrait déduire bien d'autres messages encore en examinant attentivement tous les détails de ce texte. Nous nous bornerons, pour conclure, à en souligner deux qui ont trait à la pratique du baptême. Le premier concerne la forme du baptême. Le texte montre bien que les deux hommes sont descendus dans l'eau, puis ressortis de l'eau. Il n'y a aucune raison d'imaginer que ce baptême n'ait pas été une immersion complète de l'eunuque, selon l'étymologie du mot lui-même (baptiser veut dire immerger) et selon les explications que la Bible donne du sens de cet acte particulier. Enfin, le texte précise bien que le baptême a été administré par Philippe. C'est la seule fois dans tout le livre des Actes des apôtres que le nom du célébrant est mentionné : très souvent une formule à la voix passive est employée. Il se trouve que Philippe n'est pas un apôtre, il fait partie du groupe des « sept », il est appelé «évangéliste» (Actes 21 : 8). Aussi est-il impossible de limiter l'administration du baptême à un ministère particulier. *** L'eunuque était un converti au judaïsme assez fervent pour entreprendre un long pèlerinage, assez diligent pour lire le prophète Esaïe en chemin, assez humble pour accepter de se laisser guider par un inconnu, assez convaincu pour demander le baptême, assez soumis pour l'accepter des mains d'un petit. Il est devenu chrétien. Et nous ? Où en sommes-nous ? Bernard Sauvagnat 29 Il m'a rendu la vue Madame Eliane Délassé habite Châtillon-sous-Bagneux, dans la banlieue parisienne. Cette femme se trouve seule pour élever ses cinq enfants. Malgré toute la bonne volonté qu’elle s’efforce de manifester, la vie n’est pas facile pour elle et les siens. Elle travaille dur afin de gagner un maigre salaire, juste de quoi entretenir sa famille et payer l’indispensable. Pas question de superflu. Depuis de longs mois sa vue baisse considérablement. Elle ressent de violents picotements dans les yeux. Elle ne peut supporter une lumière d’intensité normale et ses yeux sont souvent très rouges. Elle passe d’un ophtalmologue à un autre dans l’espoir de trouver un remède suffisamment efficace pour guérir son mal. Dans plusieurs hôpitaux spécialisés elle se soumet à des examens attentifs et à divers traitements. Mais rien n’y fait. Du soulagement, elle en éprouve seulement quand elle demeure dans une totale obscurité ou lorsqu’elle porte d’épaisses lunettes noires. Mais comment travailler, faire ses courses, remplir ses obligations ménagères et s’occuper de ses enfants dans de telles conditions ? Finalement, son employeur se voit contraint de signer son licenciement définitif. Presque découragée par ses déboires et craignant de perdre définitivement la vue, cette mère de famille s’oriente ailleurs. Dans un regain d’assurance elle comprend qu’elle peut fermement se confier en Dieu, lui faire partager sa peine et réclamer de sa part la grâce d’un miracle. Si une telle chose pouvait se produire, que de joie, que de satisfaction et aussi de reconnaissance ! Ne serait-elle pas en droit de revendiquer l’accomplissement d’une promesse de Celui qui est miséricordieux et compatissant ? Dieu a dit : Tout ce que vous demande rez avec foi par la prière, vous le recevrez. (Matthieu 21 : 22.) Madame Délassé est chrétienne et membre de l’Eglise adventiste du septième jour. Elle expose sa situation à un ami, M. Guy Arneton, et lui suggère de demander à un pasteur de venir lui imposer les mains au nom du Seigneur afin de recouvrer la vue. Ayant accepté de répondre à son appel, je me rends chez elle accompagné de M. Arneton. Dès notre arrivée, nous discernons par ses paroles que la malade est animée d’une grande foi. Après l’imposition des mains et la fervente prière adressée à Dieu en sa faveur, le miracle se produit. Elle peut maintenant supporter l’éclat du soleil ; aucune lumière, quelle qu’en soit l’intensité, ne lui fait mal aux yeux. Elle peut de nouveau lire, travailler, élever ses enfants qui, comme elle, sont heureux de manifester leur gratitude envers le grand Bienfaiteur. L’œil est la lampe du corps, faisait remarquer Jésus, qui ajoutait : Si ton œil est en bon état, tout ton corps sera éclairé ; mais si ton œil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes ces ténèbres ! (Matthieu 6 : 22, 23.) Quel enrichissement pour le chrétien qui, lorsqu’il affronte une situation difficile, voire inextricable, a l’audace de crier vers Dieu du plus profond de son être ! Il est vainqueur par la foi et vit personnellement ces paroles : Aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible. (Matthieu 19 : 26.) ■ Luc Chandler 30 (PARMI LES LIVRÉS) J. LACOURT, Dieu, pourquoi ne pas y croire ? Collection : « Au risque de croire », éditions Dro-guet et Ardant, 1978. Un volume broché de 126 pages, format 21 X 27. Dès la première page, l'auteur révèle son propos : « Par une série de petits exposés simples mais précis, je voudrais vous montrer qu'il est tout aussi intelligent de croire aujourd'hui, en notre civilisation scientifique et technique, qu'il l'a toujours été dans le passé. » Abondamment illustré de très beaux clichés en couleurs, ce petit ouvrage répond aux questions essentielles, à l'angoisse trop souvent inavouée de ceux qui doutent de l'existence de Dieu. Les arguments qu'il développe sont de nature à tonifier la foi de ceux qui croient et à l'éveiller chez ceux qui ne croient pas — ou plus. La démarche de l'auteur est sympathique parce qu'elle n'est pas triomphaliste à l'égard des sceptiques et des athées. Celui-ci est convaincant dans la mesure où il reste humble, lucide et objectif. En réalité, l'argumentation de J. Lacourt n'est pas nouvelle puisqu'elle se fonde sur les merveilles de l'univers dans l'infiniment grand et l'infiniment petit. Mais, trop souvent cantonné dans les grands ensembles de béton, l'homme moderne oublie vite et longtemps de telles évidences. L'auteur les lui rappelle, avec chiffres à l'appui, en mettant le doigt sur les mystères aussi indéniables qu'inexplicables du monde cosmique, animal et végétal. Tous ces côtés positifs ne nous empêchent pas de regretter la place accordée dans le chapitre «L'histoire de la vie» aux thèses transformistes à propos desquelles Signes des temps a fréquemment exprimé de sérieuses réserves, sans parler de l'ouvrage de Jean Flori et Henri Rasolofomasoandro, Evolution ou création ?, éditions S.D.T. La deuxième partie du fascicule de J. Lacourt traite de l'histoire des religions, et passe donc en revue les familles spirituelles majeures auxquelles a donné naissance le phénomène religieux : l'hindouisme, le bouddhisme, l'islam, le judaïsme. Non, le christianisme n'a pas été oublié, tant s'en faut : le deuxième tome de la collection « Au risque de croire » est intitulé Ce nazaréen nommé Jésus. Le troisième enfin, Dieu en difficulté, traite du délicat problème du mal. En attendant l'analyse de ces deux derniers fascicules, nous recommandons chaleureusement à nos lecteurs — croyants ou non — le premier : Dieu, pourquoi ne pas y croire ? Puisse le « risque de croire » devenir pour beaucoup le « bonheur de croire » ! Paul Nouan Samuel PISAR, Le sang de l'espoir, éditions Robert Laffont, Paris, 1979. Avoir été précipité, à l'âge de douze ans, dans l'horreur du camp d'Auschwitz, y avoir vécu et surtout survécu pendant quatre ans, alors que tant d'adultes n'y avaient pas réussi, telle avait été une partie importante de la jeunesse de l'auteur. Telle est, aussi, la clé de son livre, clé qui ouvre toutes les portes qu'il fait tourner sur leurs gonds, devant nous. Porte du souvenir : Samuel Pisar ne peut oublier cette descente aux enfers qui, lorsqu'il n'était qu'un adolescent, avait marqué sa vie au fer rouge. Ce rappel lancinant d'une expérience quasi surhumaine peut parfois lasser ses lecteurs — maisqui aurait l'audace de s'en plaindre? Cette expérience n'est-elle pas « le sang de l'espoir » ? Porte de la lucidité : ce qui s'est passé il y a trente-cinq ans à Auschwitz, « haut-lieu » de l'effondrement moral d'une civilisation, peut se reproduire et même dans des proportions beaucoup plus grandes ! Tel est l'avertissement que ne cesse de répéter l'auteur, sous des formes différentes. A première vue, nous pourrions penser qu'il s'agit d'un traumatisme dû à une trop cruelle expérience de jeunesse. En fait, Samuel Pisar est sans doute, simplement, plus lucide que la plupart d'entre nous. De son poste d'observation — il parcourt le monde et côtoie ceux qui, à l'Est comme à l'Ouest, le dirigent —, il sent, il voit ce que nous ne sentons pas, ce que nous ne voyons pas, du moins pas assez clairement. Porte du courage : «envoyé», non par Dieu lui-même, comme l'avait été, aux temps bibliques, le prophète Jonas à Ninive, mais par une impérieuse vocation laïque, l'auteur nous dit : « Repentez-vous, sinon votre ville sera détruite!» Mais, ici, le «repentir» demandé en urgence est... une entente internationale fondée sur l'Economie devenue aujourd'hui toute-puissante, primant la politique, la religion et même les idéologies ! Et la ville n'est plus Ninive, mais la Cité terrestre, toutes les villes dans le monde... Samuel Pisar nous ouvre encore d'autres portes. Si vous ouvrez celle de votre libraire pour acheter Le sang de l'espoir, vous ne perdrez ni votre argent, ni votre temps. Il y a tellement de livres moins essentiels pour discerner le caractère unique de notre temps... Jules Boureau 31 (PARMI LIS LIVRÉS) Roger Garaudy Appel aux vivants Roger GARAUDY, Appel aux vivants, Editions du Seuil, Paris 1979, un livre broché format 24,5 X 15,5, 397 pages. Garaudy, le philosophe, nous avait habitués dans ses ouvrages à une réflexion rigoureuse et analytique. Il nous avait appris à lire Marx. Au fil des ans il avait vainement tenté de concilier le marxisme et le christianisme. Ce rapport ne pouvant s'établir, il a dû abandonner le marxisme, mais n'a pas encore trouvé sa vraie place au sein du christianisme. Est-ce donc pour cela que le philosophe s'est reconverti en prophète d'un syncrétisme écolo-politico-religieux ? «Appel aux vivants». Titre prophétique. Contenu désespérément plat. Un de plus. Nous pourrions le résumer en quelques mots : « Tout va mal. La philosophie occidentale a conduit la société au désastre. La solution se trouve dans un retour à la synthèse de toutes les philosophies non occidentales, c'est-à-dire égyptienne, perse, bouddhique, hindouiste, christique, judaïque, islamique, hormis la pensée grecque. Votez Garaudy, votez ce projet lors des prochaines élections. » Quel dommage qu'il ait enfoncé des portes ouvertes ! Quel abâtardissement de la réflexion philosophique ! Quel mélange, où la philosophie, la sociologie, la religion perdent leurs valeurs respectives. A part quelques postulats furtivement jetés aux lecteurs sans qu'ils ne soient explicités, ce gros ouvrage accouche de thèses et de propositions déjà vieilles d'une décennie. Cette prétendue nouvelle idéologique n'est que la reprise des anciennes de type rousseauiste. A ceci près que Rousseau ne connaissait pas le nucléaire. Que de clichés ! Nucléaire = assassinat des enfants = goulag = destruction du tiers-monde. On ajoutera à cela la condamnation inéluctable qui frappe partis, sciences, techniques, églises. Quant aux propositions, elles ne brillent pas par leur contenu : lutte «anti gaspi » tout azimut. Leurs prétentions peuvent se résumer de la manière suivante : nouveau rapport de l'homme avec la Nature, la Société et le Divin. Tout n'est pas négatif dans ce livre. Si vous vivez hors de notre planète, il peut vous ramener à une certaine réalité. Si vous avez les pieds sur terre, peut-être qu'au détour d'une page vous tomberezsur des pensées. Ici sur la foi : « La foi ce n'est pas le contraire de la raison, la foi c'est le moment critique de la raison » (p. 63). Là sur l'idéal révolutionnaire : «Etre révolutionnaire c'est être un créateur de cette réalité, c'est participer à la vie divine » (p. 234). Ruben Bany Jean FLORI, Genèse ou l'antimythe, éditions S.D.T., Dammarie-Ies-Lys, 1980, un livre broché, format 14,5 X 21,5, 288 pages. J'aime ce livre, qui ne sacrifie ni au concordisme pseudo-scientifique, ni à la mythologisation pseudoreligieuse. Avec une combativité très sûre et une simplicité très convaincante, l'auteur soutient que les récits de la Genèse ont pratiqué une démythologisation radicale des religions qui entouraient Israël et qui se confiaient aux puissances du ciel et de la terre, avec des dieux trop multiples et trop faibles pour les dominer et des hommes trop égarés et trop écrasés pour jouer un rôle de liberté et d'amour. Les chapitres de ce vivant commentaire nous montrent combien la Bible démythise l'univers, justement pour donner au Dieu unique et invisible son véritable visage de créateur bienfaisant et à l'homme, son image, son véritable visage de répondant de Dieu, amoureux et libre, jusque dans legâchisdu péché. C'est à une véritable purification du visage de Dieu et du visage de l'homme que procèdent ces pages, pleines de savoir et de bon sens, de fidélité biblique et de véracité humaine. Ce livre vient à son heure, à un moment où renaissent les paganismes du soleil, de la terre et de la nature, après que les hommes se sont désenchantés des paganismes de l'histoire, des idéologies et des techniques. Or, le Seigneur du monde est le Dieu qui se révèle pleinement en Jésus-Christ et non pas César, ni Prométhée, mais pas davantage le soleil invaincu, ni la lune énigmatique. Le paganisme est une conduite naturelle à chaque homme, dès lors qu'il substitue les puissances et les énigmes de la nature à la connaissance de la révélation de Dieu. Le paganisme est une tentation extrêmement moderne jusque dans les sociétés les plus scientifiques et techniques. Il n'y a donc absolument pas à mépriser le paganisme, mais à voir clairement qu'il n'a pas de portée éclairante pour la conduite humaine car il transforme en phares mystérieux ce qui a justement à être éclairé par l'homme, lui-même écoutant de la révélation du seul qui est vraiment Dieu. (Extrait de la préface d'André Dumas.) 32 ... EST EN DEUIL. André Garsin, directeur des éditions Les Signes des Temps, est décédé le 26 avril 1980, alors que notre précédent numéro sortait de presse. Depuis plusieurs mois il était atteint d'une maladie grave. Nous présentons à sa famille et à ses proches nos plus sincères condoléances. •••••••••••••••••••••••• ... CONSTATE que le chômage peut même frapper les ecclésiastiques. En effet, l'Eglise luthérienne de la République Fédérale d'Allemagne prévoit qu'il y aura dans ses rangs 1 500 pasteurs au chômage en 1982. Les inscriptions d'étudiants dans les facultés de théologie sont en augmentation de 20%, alors que dans les autres facultés elles ne le sont que de 4,5%. Espérons que ces 1 500 chômeurs seront malgré tout porteurs de l'Evangile, car, disait Jésus, « la moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers». •••••••••••••••••••••••• ... ANNONCE à tous les « écolos », qui ne savaient à quel saint se vouer, qu'ils ont désormais un saint patron. En raison de son attachement à la nature qu'il considérait comme un don merveilleux de Dieu à l'humanité, saint François d'Assise a reçu cette fonction. Jean-Paul Il l'a décrété dans une bulle pontificale datée du 30 novembre 1979, mais le cardinal Silvio Oddi ne l'a annoncé que le 6 avril 1980 dans la basilique de saint François d'Assise (Italie). Source d'inspiration, François le sera encore ; mais militant ce n'est plus possible : mort en 1226, il n'a, comme tous les autres morts, «plus aucune part à tout ce qui se fait sous le soleil » (Ecclésiaste 9 : 6). ... A EU VENT de la prochaine publication, en France, d'un rapport confidentiel soviétique sur les affaires religieuses établi en 1975 parM. Fourov, à l'intention du comité central du parti communiste d'U.R.S.S. Ce rapport montre comment le P.C. contrôle la hiérarchie et les activités de l'Eglise orthodoxe russe. Il contient en particulier une liste des prêtres, classés en trois catégories : les loyaux (qui ne développent pas leurs activités), les corrects (qui respectent les règlements mais débordent d'activité) et les mauvais (qui contournent les lois et rendent difficile le travail du gouvernement). Ce rapport, publié dans la revue trimestrielle clandestine de l'Action Chrétienne des Etudiants Russes, «Vestuik», paraîtra aux éditions du Seuil, fin 1980. •••••••••••••••••••••••• ... A APPRIS la nomination du nouveau grand rabbin de France, René Samuel Sirat. Le 1er janvier 1981 il succédera à Jacob Kaplan à la tête des 650 000 Juifs de France. Son mandat est de sept ans, alors que son prédécesseur avait été nommé à vie et exerçait depuis 1955. René Samuel Sirat est né en 1930 et a fait une brillante carrière universitaire. Actuellement, il est professeur à l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales à Paris (Sorbonne Nouvelle). Marié, père de trois enfants, il appartient à la branche majoritaire du judaïsme français, appelée sepharade. ... REND HOMMAGE à l'évangéliste adventiste H.M.S. Richards pour le cinquantième anniversaire de ses émissions radiophoniques. Au cours d'une cérémonie qui réunissait 3 000 personnes à Long Beach (Californie), H.M.S. Richards a reçu une Bible en anglais courant des mains de Théodore Van der Veer, secrétaire de la Société Biblique Américaine. Les émissions de La Voix de la Prophétie, lancées par H.M.S. Richards en 1930, sont diffusées par plus de 600 émetteurs en Amérique du Nord. •••••••••••••••••••••••• ... A REMARQUÉ la nomination d'un dominicain à la direction de la faculté de philosophie de l'Université Hébraïque de Jérusalem. Il s'agit du père Marcel Dubois, âgé de 60 ans, et enseignant dans cette université depuis 1968. C'est la première fois qu'un religieux chrétien est chargé en Israël d'un poste aussi important dans l'université. •••••••••••••••••••••••• ... SE RÉJOUIT du succès de la traduction œcuménique de la Bible en italien. Le 20 mars 1980, le millionième exemplaire du Nouveau Testament a été remis à Jean-Paul II et le million et unième à Pietro Bensi, président de la Fédération des Églises protestantes d'Italie. L'Ancien Testament est en voie d'achèvement. Cette traduction est une œuvre œcuménique et propose un texte en italien courant selon le principe de l'équivalent dynamique. ... SALUE l'initiative des auditeurs de l'émission radiophonique « une heure de calme» diffusée par les pasteurs adventistes L. E. et J. L. Tucker. Ses auditeurs ont offert 200 000 dollars pour envoyer 100 000 Bibles aux habitants de Manille (Philippines). Ces Bibles ont été éditées par la Société Biblique Américaine en anglais et en tagalog. Elles ont été imprimées en Corée et à Hongkong. •••••••••••••••••••••••• ... A NOTÉ le sondage réalisé par la revue médicale «Tonus» sur les médecins et la religion. 80% des médecins français interrogés sont croyants; 70% donnent une éducation religieuse à leurs enfants; 20% seulement se réfèrent à un livre inspiré (la Bible, le Coran...) ; 30 % refusent catégoriquement d'intervenir en matière d'avortement ou de contraception, tandis que 50% estiment ne pas devoir s'ériger en juges de la morale d'autrui. 80% estiment qu'il n'y a aucune incompatibilité entre la croyance en Dieu et la science, alors que 14% pensent qu'il y a incompatibilité totale. •••••••••••••••••••••••• ... FÊTE le 1 500e anniversaire de la naissance de Benoît de Murcie en rappelant que saint Benoît, fondateur de l'ordre des bénédictins et patron de l'Europe, disait : « Fais silence et que ton cœur écoute ce que Dieu lui dit.» L'écoute de Dieu ne nécessite pas l'entrée en monastère, mais exige la disponibilité du cœur. Elle se réalise par l'étude de la Bible, Parole écrite de Dieu, et la communion avec Jésus, Parole vivante de Dieu. 33 ... NE PEUT RESTER insensible au drame vécu par le peuple d'Afghanistan. Depuis deux ans il y a eu dans ce pays 1 700 000 morts, et plus d'un million d'Afghans ont dû se réfugier dans les pays voisins. Ce qui se passe dans ce pays est la démonstration de la méchanceté humaine et de l'inefficacité des solutions politiques. Seule la conversion des individus permettrait le respect des droits des peuples et des êtres. •••••••••••••••••••••••• ... APPRÉCIE le message du pasteur Max-Alain Chevallier, président sortant du Conseil national de l'Eglise réformée de France, à l'occasion du synode de cette Église, qui s'est réuni à Dijon les 2, 3 et 4 mai 1980. Max-Alain Chevallier a dit : «Je demande qu'on ose de nouveau parler parmi nous de piété, c'est-à-dire de prière délibérément organisée. ... On peut en Christ prier les yeux ouverts, les yeux grands ouverts sur le monde, et alors servir dans le monde les yeux grands ouverts sur le Christ. » Au cours de ce synode, le pasteur Jean-Pierre Montsar-rat a été appelé à succéder à Max-Alain Chevallier à la présidence du Conseil national de l'Eglise réformée de France. •••••••••••••••••••••••• ... EST ATTENTIF aux initiatives œcuméniques en faveur de l'évangélisation. Du 12 au 25 mai 1980, plus de cinq cents chrétiens du monde entier se sont réunis à Melbourne (Australie) pour la Conférence mondiale sur la Mission et l'Evangélisation autour du thème : « Que ton règne vienne ! » Au cours de cette conférence, il a été rappelé que l'Evangile s'adresse à tous, et en particulier aux pauvres; et que l'évangélisation est la proclamation de l'Evangile par la parole et par la vie de tous les croyants. •••••••••••••••••••••••• ... RECONNAIT que la visite de Jean-Paul II en France constitue un événement historique. Il y avait 176 ans qu'un pape n'était venu rendre visite à « la fille aînée de l'Eglise». L'homme Karol Wojtyla a montré une fois de plus qu'il est une personnalité exceptionnelle : sa conviction est communicative, et ceci d'autant plus qu'il est un homme des médias; sa simplicité et sa franchise le font facilement percevoir comme une vedette ou même une superstar. Mais il y a une grande ambiguïté dans son attitude, et c'est regrettable. Jean-Paul II est à la fois chef d'une Eglise et chef d'Etat. Or, il voulait que cette visite soit une visite pastorale. L'Eglise catholique de France est certes majoritaire avec 45 millions de fidèles (dont seulement 15% sont pratiquants) : pourtant, le gouvernement a accordé une grande importance à cette visite et les deniers publics ont été utilisés pour le recevoir avec un faste qui eût peut-être gêné Jésus de Nazareth. Bien sûr, on justifie cette attitude par le fait que Jean-Paul II est chef d'Etat. Mais l'Etat du Vatican est le plus petit du monde et n'aurait aucune audience (quelle est celle du Lichtenstein, ou de San Marino ?) s'il ne représentait une autorité religieuse ! Cette situation est inadmissible : Jésus n'a jamais toléré de se laisser enfermer dans le jeu des forces politiques. De tous côtés on essaie de profiter de sa notoriété à des fins électoralistes : les communistes français ne sont pas les seuls dans ce cas. Michel Gamma Poniatowski écrivait: «Le pape est devenu l'un des derniers points de ralliement d'une humanité en déroute. » (Lettre hebdomadaire de l'Institut de Prospective Politique, du 1 2 mai 1980.) Finalement, les foules ne retiennent pas le message du Christ, mais la personnalité de Jean-Paul IL Ceci est d'autant plus inquiétant que les espoirs d'un renouveau évangélique au sein du catholicisme s'estompent. Le culte à Marie revient en force, l'accent principal est mis sur la morale et non sur le salut offert, et l'établissement par Dieu lui-même de son royaume comme unique re cours aux problèmes de l'humanité en crise n'est même pas mentionné. Les foules qui sont descendues dans les rues seront-elles davantage présentes dans les églises, engagées dans la foi et dans la prière ? «Signes des temps» le voudrait sincèrement, mais ne peut s'empêcher d'en douter. 34 lmp. SDT — 77190 Dammarie les Lys — Directeur : A. Garsin — Commission paritaire n° 62536 Le but de cette rubrique est de créer un dialogue entre les lecteurs et la rédaction de « Signes des temps ». Toutes les remarques, critiques, appréciations, suggestions et questions sont les bienvenues. Elles contribuent grandement à la vie de notre revue. Nous répondons à toutes les questions soit par courrier personnel, soit dans les colonnes de cette rubrique, soit même par des articles. «Existe-t-il des calendriers adventistes avec jours de fêtes cultuelles et sabbats ? » M. M.S. — 93200 Saint-Denis. Nous n’avons pas de calendriers adventistes avec jours de fêtes cultuelles et sabbats. En effet, pous considérons que les fêtes qui ponctuaient l’année liturgique du peuple d’Israël avaient une valeur préfigurative. Elles annonçaient la venue du Messie. Or, le Messie est venu : c’est Jésus de Nazareth. Le regard des chrétiens est donc tourné vers Jésus, et s’il devait y avoir des fêtes, elles seraient commémoratives. Mais Jésus a institué des pratiques cultuelles qui ne sont liées à aucune date précise pour commémorer sa mort et sa résurrection. Ce sont le baptême, l’ablution des pieds et la cène. Il est vrai que nous profitons de l’époque de Noël pour rappeler la naissance de Jésus, mais comme il n’y a aucune certitude en ce qui concerne la date de sa naissance, il ne nous est pas possible de mettre une telle fête sur un calendrier liturgique. De même, nous profitons de l’époque de Pâques pour évoquer la mort et la résurrection de Jésus, mais là encore sans date particulière. En ce qui concerne les fêtes juives, je vous renvoie, pour plus de détails, aux articles de Monsieur Yvan Roullet : « Faudrait-il observer les fêtes juives ? » publiés en 1977 dans les numéros 4 et 5 de « Signes des temps ». Il est bien évident que nous n’avons aucune attirance pour les fêtes qui n’ont pas de rapport avec la Bible, comme, par exemple, l’as-somption de Marie. Chaque communauté adventiste fixe son propre calendrier de célébrations cultuelles pour chaque sabbat de l’année. Elle participe en outre à des rencontres régionales, nationales ou internationales à des dates qui lui sont proposées par les organismes qui fédèrent ces communautés. Ces dates sont plus souvent choisies pour des raisons de commodité que pour suivre un calendrier traditionnel. ■ abonnez-vous abonnez vos amis à la revue SIGNES DES TEMPS 36 pages tous les deux mois pour mieux comprendre l’actualité du message biblique. France : Editions « Les Signes des Temps », 60, avenue Emile- Zola, 77190 Dammarieles Lys. C.C.P. 425-28 Paris Prix : 33 FF Autres pays : 37 FF Belgique: Librairie «Les Signes des Temps», 11-13, rue Ernest-Allard, 1000 Bruxelles. C.C.P. n° 000-0097525-40 Bruxelles Prix : 330 FB dans notre prochain numéro Rencontre avec S.O.S.-Amitié. Lire le livre de Job. Comprendre Job 1 : 6-12: « L'affaire Satan ». Bible et Archéologie L'Espoir de l'humanité. A quoi bon prier pour ceux qui souffrent ? Suisse : Librairie « Vie et Santé », 19, chemin des Pépinières, 1020 Renens/Lausanne. C.C.P. n° 10 402 Lausanne Prix: 18 FS M. Mme Mlle ........................................................ Prénon.............................................................. Résidence/Escalier/Bâtiment......................................... Numéro/Rue/Avenue/Boulevard ou Lieu-dit .................................. Commune .................................................................. Code postal .............................................................. Bureau distributeur ou pays .............................................. Je joins à ma souscription un chèque bancaire 0 un chèque postal Q un mandat international Q pour un abonnement d’un an (6 numéros) à S.d.t.