4 RENCONTRE AVEC Frank Ferree Comme Mère Térésa il peut dire : «Je ne prêche pas, je travaille ! » Par Henry Ferguson 10 LIRE L'Epître de Paul aux Ephésiens Une lettre du grand apôtre à des croyants qui n'ont pas évacué un vieux fond de tendances païennes. Par Norbert Hugedé 13 La planète des fous ou les trois secrets du psaume écrit par un homme qui a fait semblant d'être fou. Par Yvan Bourqu/n 16 LA BIBLE PARLE Le péché Mot proscrit dans le vocabulaire courant d'aujourd'hui, maisfréquent dans le langage biblique. Que désigne-t-il au juste? Par Claude Bosdedore 18 L'Evangile à la carte La saveur de l'Evangile ne s'apprécie que si l'on prend le menu complet proposé par le chef. Par Miche! Ballais Pressehuset Cuve baptismale de Riez-la-Romaine (France). 20 BIBLE ET ÉDUCATION La poutre et la paille ou la plaiefondamentaledes relations humaines. Par Philippe Augendre 21 BIBLE ET ARCHÉOLOGIE Itinéraire touristique à la découverte de documents peu connus sur l'histoire du baptême chrétien. Par Michel Grisier 24 EN PRATIQUE « Ton corps est à toi » Quel est l'impact de la foi chrétienne sur la vie physique, et en particulier sur la vie sexuelle ? Par Georges Vandenvelde 25 COMPRENDRE Genèse 1 : 14 à 19 Au milieu d'une mentalité antique qui donne aux astres une grande puissance, le texte biblique explique qu'ils ne sont que des lustres au plafond du ciel. Par Jean Flori 30 VÉCU Un petit air dans la tête d'un para américain prisonnier des soldats Viêt-congs. Par Dawn Hoener 31 PARMI LES LIVRES L'art de croire, d'André Frossard Changer la mort, de Léon Schwartzenberg et Pierre Viansson-Ponté Le sanctuaire de Dieu, de Paul Kiene Survivre, de Bruno Bettelheim 33 SIGNES DES TEMPS... jette un regard sur l'actualité Photos de couverture : D. Mc Cullin/Magnum Pressehuset Revue bimestrielle fondée en 1876 RÉDACTION ET Si ADMINISTRATION : 60, avenue Emile-Zola 77190 Dammarie les Lys, France Tél. (6) 439 38 26 C.C.P. 425-28 G Paris MAI-JUIN 1980 Rédaction : Bernard SAUVAGNAT Secrétariat : Hélène PFENNIGER Maquette : Jean BREUIL « Signes des temps » est publié par l'Eglise Adventiste du Septième Jour afin de faire connaître le message de la Bible pour aujourd'hui. Pour tout renseignement veuillez consulter nos agences. Europe BELGIQUE, 11, rue Ernest Allard, 1000 Bruxelles 1 FRANCE, 130, boulevard de l'Hôpital, 75013 Paris, et rue du Romarin, Clapiers, 34170 Castelnau le Lez SUISSE, 19, chemin des Pépinières, 1020 Renens/Lausanne Autres continents BURUNDI, Boîte Postale 1710, Bujum-bura CAMEROUN, Boîte Postale 61, Yaoundé CANADA, 940, chemin Chambly, Lon-gueil, P.Q. COTE-D'IVOIRE, Boîte Postale 335, Abidjan CENTRAFRIQUE, Boîte Postale 274, Bangui GABON, Boîte Postale 4074, Libreville GUADELOUPE, Boîte Postale 19, 97110 Pointe à Pitre GUYANE FRANÇAISE, Boîte Postale 169, 97300 Cayenne HAITI, Boîte Postale 28, Cap Haïtien Casier Postal 868, Port-au-Prince HAUTE-VOLTA, Boîte Postale 592, Ouagadougou MADAGASCAR, Boîte Postale 1134, Tananarive MARTINIQUE, Boîte Postale 580,97207 Fort de France MAURICE, 10, rue Salisbury, Rose-Hill NIGER, Boîte Postale 11506, Niamey NOUVELLE-CALÉDONIE, Boîte Postale 149, Nouméa RÉUNION, Boîte Postale 922, 97400 Saint Denis SÉNÉGAL, Boîte Postale 1013, Dakar TAHITI, Boîte Postale 95, Papeete TCHAD, Boîte Postale 880, N'Djamena TOGO, Boîte Postale 1222, Lomé ZAÏRE, Boîte Postale 2099, Lubumbashi ABONNEMENTS ANNUELS (6 numéros) France et communauté : 33 F Prix du numéro : 6,50 F Autres pays : 37 F Prix du numéro : 7 F Copyright by Editions et Imprimerie S.D.T. Directeur : A. Garsin. Dépôt légal 1980, N° 463 Si tu rencontres Dieu, tue-le, ce n'est pas lui.» Cette phrase choc, vous pouvez la lire sur la bande du dernier roman de Luc Estang, Les Déicides. Elle est de la plume du penseur bouddhiste Bodhidharma. Et le moins qu'on puisse dire c'estqu'elle attire l'attention de tout croyant. De prime abord, cette invitation à tuer Dieu est inadmissible. Mais à y réfléchir de plus près, elle cache une vérité importante : Dieu ne se rencontre pas. Qu'on se souvienne de ce que dit la Bible. Jamais, ou presque, elle ne parle de rencontrer Dieu. Et lorsque cette idée est émise, le contexte montre qu'il s'agit d'une épreuve pour l'homme, comme si Dieu se disait : «Si tu rencontres l'homme, tue-le.» Il suffit de relire la fin du chapitre 19 de l'Exode pour sentir à quel point la rencontre avec Dieu est effrayante pour l'homme : il y risque sa peau. Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu ! crie Amos (4 : 12) au peuple d'Israël au milieu d'une série de menaces annonçant l'imminence des jugements divins ! Ainsi, quand un homme croit avoir rencontré Dieu, ou s'imagine le connaître, il s'est trompé de Dieu et aurait mieux fait de le tuer. Car ce Dieu rencontré, ce Dieu imaginé, est un Dieu auxdimensions humaines : on croit pouvoir établir avec lui des relations sur pied d'égalité. Quelle prétention ! Le Dieu vivant, celui qui se révèle dans la Bible, est mystère. Son infinie grandeur ne peut que nous donner le vertige et nous terrasser. Ce n'est pas tant notre taille, notre état de créature opposé à celui de Créateur qui explique cet éloignement infini. C'est notre prétention, notre tendance à vouloir tout mettre à notre échelle, à nous instituer en critère, même en matière de foi. C'est cette maladie permanente qui nous fait tout voir au travers du prisme MOI, cette peste que la Bible appelle le péché. A Moïse qui voulait rencontrer Dieu et le voir, il fut proposé de se cacher dans une caverne rocheuse. Dieu passerait devant cet antre ténébreux, et Moïse pourrait alors sortir (Exode 33 : 18-23). Ainsi il a rencontré, par derrière, les traces de celui qu'on ne rencontre pas de face. Ces traces lui ont dit la bonté de Dieu. Ces traces disent encore que pour rencontrer Dieu il faut accepter de regarder avec d’autres yeux que ceux qui jugent, qui condamnent. Avec des yeux qui s'émerveillent devant les faits de Dieu, et se baissent et même se ferment devant le grand mystère. Bernard Sauvagnat 3 (RENCONTRE AVEC) LE SAINT CHIFFONNIER DU RIO GRANDE Il se prive pour que d’autres moins fortunés que lui puissent accéder à une vie meilleure. Le policier Enrique Garza conduisait sa voiture dans les rues sombres de Harlingen, ville frontalière du Texas située dans la vallée pittoresque du Rio Grande. Le jour se levait doucement au-dessus des hauts palmiers. Tout à coup, devinant un mouvement furtif dans une ruelle sombre, Garza freina sec, chercha sa matraque et sa torche et descendit de voiture. « Sortez de là,cria-t-il, lesmainsen l'air ! » Une silhouette bougea dans l'obscurité. L'homme se leva et s'approcha de la lumière, portant quelque chose dans les bras. «Ce n'est que moi... Frank Ferree » s'excusa-t-il. «Ah! bonjour Frank, dit l'officier en souriant, je ne vous ai pas reconnu dans l'obscurité. Qu'avez-vous trouvé cette fois-ci ? — Du carton, c'est tout, fut la réponse, mais quelqu'un pourrait s'en servir pour le plancher de sa cabane.» Le policier avait rencontré un homme au travail — un chiffonnier qui est parmi les hommes les plus aimés et respectés de chaque côté des berges serpentantes du Rio Grande, le fleuve qui sépare les Etats-Unis d'Amérique du Mexique. Son histoire est unique dans un monde basé sur l'égocentrisme et la cupidité. L'après-midi où je partis interviewer Frank Ferree, je suivais des instructions vagues sur la route pour trouver sa maison. Je pris à droite à la Septième rue, et traversai un quartier qui devenait de plus en plus délabré. J'arrêtai ma voiture devant une cour qui, à première vue, ressemblait à celle d'un chiffonnier. Un deuxième coup d'œil confirma ma première impression. Une demi-douzaine de camionnettes remplissaient pratiquement toute la cour. Toutes, sauf deux, ressemblaient à des tas de ferrailles. J'appris plus tard que ces deux-là roulaient, mais je me demandai par quel miracle. Des caisses en bois, des tas de bûches, des journaux, et tout un ensemble d'objets apparemment inutiles cachaient presque totalement un bâtiment triste où habitait l'homme que j'étais venu voir. Un corps maigre, couronné d'une tignasse de cheveux blancs, se dressa parmi tout ce désordre. Il contourna une grande caisse pour venir me serrer la main. Il avait 82 ans et mesurait près de deux mètres. Ses traits étaient empreints de sérénité. Il parlait d'une voix douce et un peu difficile à comprendre. Il ne lui restait plus beaucoup de dents, il entendait mal, mais dans ses yeux gris luisait une profonde compassion. Il voyait parfaitement bien sans lunettes. Il était pieds nus et 4 habillé d'une chemise et d'un pantalon usés mais d'une propreté impeccable. Il passa devant moi pour entrer dans le «salon» de sa modeste demeure. Il avait la démarche lente et digne d'un homme en paix avec lui-même. Il n'y avait plus de porte d'entrée. Elle avait été emportée par le cyclone de 1933 et n'avait jamais été remplacée. Il enleva des tas de journaux de deux chaises pliantes et nous nous assîmes pour discuter. Dans la pièce à côté en plein désordre, je vis le lit de Frank. Dans un coin se trouvait un appareil de chauffage «fabrication maison» fait d'un baril à pétrole vide. Une confusion totale régnait : des vêtements empilés les uns sur les autres, des boîtes de conserve et d'échantillons médicaux, tout un mélange d'autres objets utiles à quelques-uns, sans doute. C'était la demeure de l'homme qu'on appelle «l'ange de la frontière». Il remplit sa mission depuis plus de quarante ans et il est certainement aussi près de la sainteté qu'on peut l'être sur terre. Profondément religieux, il explique ainsi sa tâche : «Je n'essaie pas de faire de grandes choses. J'essaie simplement d'appliquer les enseignements de Jésus. C'est aussi simple que cela. Le Seigneur m'a envoyé faire ce travail. » Il n'essaie pas de faire du prosélytisme. Que veut-il donc faire pour les gens ? Les nourrir quand ils ont faim, les vêtir quand ils sont nus, les soigner quand ils sont malades, chercher pour eux l'aide des chirurgiens les plus accomplis quand leur corps est brisé. L'histoire de Frank commence un jour de novembre 1918. Soldat, il frissonnait dans une tranchée boueuse attendant l'ordre d'avancer. Il commença à prier : « Seigneur, si tu me protèges, je consacrerai le restant de mes jours au service des autres. » Quelques instants plus tard, c'était l'armistice. Frank rentra chez Frank Ferree et le monument élevé en son honneur par les habitants de Harlingen, Texas. lui, dans le Nebraska, et tenta de travailler à la ferme, mais il n'éprouva pas de satisfaction dans son travail. Il déménagea et partit pour la vallée du Rio Grande, avec huit mille dollars dans sa poche et l'idée de cultiver des fruits. Mais il ne commença jamais. A cette époque-là, des milliers de personnes traversaient en fraude le Rio Grande depuis le Mexique à la recherche de nourriture et de travail. Généralement ils étaient accueillis par des paroles dures et subissaient de mauvais traitements. Une nuit, Ferree entendit taper à sa fenêtre. Dehors se trouvaient une jeune femme mexicaine et son mari, craintifs. La femme était enceinte. Affa- 5 La maison de Frank Ferree, à la fois siège de son organisation humanitaire (Harlingen, Texas). més, apeurés et sans argent ils regardèrent fixement Frank, leurs yeux implorant de l'aide. Il les nourrit, accoucha la jeune femme et les garda chez lui jusqu'à ce que le mari trouve du travail. Ferree n'en était pas encore conscient, mais il était en train de remplir l'engagement qu'il avait pris vis-à-vis du Seigneur. En secourant les autres, ses huit mille dollars disparurent rapidement. Mais cela importait peu. «Quand je voyais les souffrances de ces gens, sans aide et sans espoir, je me disais qu'une partie de l'humanité était tombée bien bas et qu'il fallait faire quelque chose. Je savais que je ne pouvais pas faire grand-chose. Inutile de critiquer la société si moi-même je ne tentais pas de la rendre meilleure. » Frank prit un sac de montagne, le remplit de nourriture et de médicaments, et partit pour les quartiers les plus pauvres de chaque côté du fleuve. Sur la rive mexicaine il découvrit beaucoup d'enfants presque aveugles à cause d'infections oculaires. Il prépara des pommades à base de pénicilline pour les soigner. Ainsi commença son travail médical. L'aide aux affamés vint plus tard. Un affront pour quelques-uns. Pendant longtemps la vie de Ferree offensa ses concitoyens. Beaucoup le prenaient pour un vieux clochard inoffensif qui partirait bien un jour. Puis ils finirent par se rendre compte de ses capacités d'organisation et de son dévouement pour les pauvres. Un homme d'affaires avoua : «Il a fallu de nombreuses années avant de reconnaître qu'il était notre citoyen le plus dévoué. Sans le savoir nous 6 ( RENCONTRE AVHp Il vit avec 90 dollars par mois avions parmi nous un homme ayant de grandes qualités de cœur. » Aujourd'hui Ferree dort toujours sur un simple matelas et vit d'une petite pension d'invalidité de 90 dollars par mois — il en distribue la plus grande partie. Il a rassemblé pour des centaines de milliers de dollars de nourriture, de vêtements et de médicaments pour ceux qui sont dans le besoin. Il n'y a jamais eu de chiffonnier plus efficace que Ferree. Tous les mois il mendie et reçoit des tonnes de pain, de friandises, de fruits, de légumes, de médicaments, de couvertures et de vêtements de plusieurs grandes sociétés alimentaires et médicales. A Noël dernier, il distribua aux enfants nécessiteux deux tonnes de bonbons donnés par l'épouse du président d'une chaîne de magasins d'alimentation. Récemment, la société pharmaceutique Pfizer lui envoya pour 10 000 dollars de médicaments à distribuer, et la société Xerox lui donna un chèque de 1 000 dollars pour l'aider dans son travail. Quand la nuit est trop froide, tout clochard trouve un lit chez Ferree. L'hiver dernier on le trouva assis et profondément endormi dans sa camionnette. Deux heures plus tôt il avait donné sa dernière couverture à une Mexicaine qui venait d'accoucher. Il faisait meilleur dans la camionnette que dans sa maison. La journée de Frank commence à l'aube. Le vieil homme grimpe dans son véhicule délabré et part à la recherche de tout ce qu'il peut récupérer. Sur un côté de la camionnette est inscrit : «Volunteer Border Relief » (Aide Volontaire Frontalière). Sur l'autre on peut lire : «Ayuda Voluntaria Fronteriza ». Dans une boulangerie industrielle on lui donne des beignets, des gâteaux et du pain — le tout, vieux de plusieurs jours. Chez un fabricant de conserves il récupère des carottes, 7 La camionnette avec laquelle Frank Ferree dispense vivres et secours. des concombres brisés, du chou, des haricots, tout le surplus. Derrière un magasin il trouve quelques vieilles caisses abandonnées. Elles serviront de combustible pour le poêle dans une ancienne maison close qui lui sert de clinique, de l'autre côté de la frontière, à Reynosa, au Mexique. Deux jours par semaine il fait ainsi de la récupération ; pendant deux jours il livre ces vivres dans les villes de Reynosa et de Matamoros, au Mexique, pays où il n'existe aucun service social bien équipé. Dans chaque ville il a organisé des centres de distribution de vivres et de vêtements. Quand aucun des médecins mexicains volontaires n'est disponible, on y fait aussi des vaccinations. J'ai accompagné Frank dans un de ses voyages et j'ai vite compris que vouloir le suivre pendant une journée était une expérience épuisante. Le soleil matinal pointait au-dessus de l'horizon quand nous avons commencé à charger sa vieille camionnette — quelques morceaux de viandes conservés dans un vieux réfrigérateur derrière sa maison, du pain rassis, des gâteaux, des vieux vêtements et autres objets qu'il avait récupérés depuis deux jours. Nous nous sommes arrêtés à plusieurs endroits en route pour prendre des vivres. Puis nous avons pris la direction de la frontière et de Reynosa, à cinquante kilomètres de là. Il était 10 h 30 quand nous sommes arrivés dans la banlieue ouest de la ville où une foule de plusieurs centaines de personnes nous attendait. Une douzaine de volontaires déchargèrent rapidement la camionnette et déposèrent les vivres dans un baraquement de trois pièces. Frank s'assit à une table, puis une longue file d'attente se forma. La plupart des gens avaient des cartes, preuve qu'une enquête avait été faite les concernant et qu'ils étaient réellement dans le besoin. Une feuille de papier d'emballage était mise sur la table, pouvant servir plus tard de nappe, de papier peint ou de chiffon pour le nettoyage. Le premier nom appelé fut celui de Maria Rodriguez. Frank signa sa carte et les volontaires déposèrent sur la feuille de papier sa part : un pain et demi, une pomme de terre, un oignon, trois beignets, un chemisier et une couche pour le bébé. Les gens défilèrent ainsi pendant deux 8 Urgences médicales heures. Ils ne reçurent pas grand-chose, mais pour eux, cela représentait un véritable trésor. Deux femmes préparèrent un déjeuner de haricots pour les ouvriers. Il fallait surveiller ces haricots pour empêcher les chiens affamés de venir les voler. Pendant la distribution, je remarquai que les gens faisaient passer une bassine. Bientôt une laverie fut installée à l'extérieur du baraquement, et les femmes apportèrent leur linge. De retourà la maison, l'après-midi, je demandai à Frank s'il allait faire une sieste. «Non, répondit-il, je pense aller faire un tour pour voir ce que je peux trouver pour le prochain voyage.» Frank ne se contente pas de subvenir aux besoins des pauvres. Le vendredi, il retourne au Mexique. Cette fois il prend en charge des enfants invalides, sans espoir, et les amène dans unecliniquede Browns-ville où des médecins les soignent. Des enfants qui ont besoin de traitements spéciaux sont conduits dans des hôpitaux de Houston, Galveston et Shreveport pour subir des interventions chirurgicales — le tout gratuitement. Au moment de la rédaction de cet article, l'un de ces enfants reçoit des soins dans un hôpital de Houston depuis un an. Le travail de Frank n'est jamais fini. Un soir de Noël, lui et un ami, Smokey Boyle, un représentant très célèbre du football texan, traversèrent le fleuve pour aller à Reynosa. Ils avaient entendu parler d'une petite fille de cinq ans qui avait été affreusement brûlée. La famille l'avait enveloppée dans un rideau arraché à une fenêtre. Ce« pansement » n'avait pas été changé depuis plusieurs jours, et la mère l'avait aspergé d'eau pour essayer de le décoller. La petite fille était mourante et souffrait atrocement. Elle avait un urgent besoin de soins médicaux. Malheureusement, pour que l'enfant puisse entrer aux Etats-Unis il fallait faire tant de démarches que des heures, et peut-être des jours seraient perdus. Ils devaient s'y prendre autrement, et Frank trouverait la solution. Ils dirent à la mère de préparer l'enfant pour le voyage. Pendant qu'elle s'occupait de la petite, ils s'agenouillèrent et demandèrent à Dieu de leur permettre de passer la frontière sans problème et de préserver la vie de l'enfant pour qu'ils puissent l'amener à l'hôpital de Har-lingen. Un miracle se produisit. Les douaniers, souvent peu coopératifs, ne leur demandèrent rien. Comme s'ils avaient été prévenus, ils firent passer la voiture devant toutes celles qui attendaient. La petite fille arriva à l'hôpital à temps ; on lui fit vingt-trois transfusions sanguines. Elle jouit maintenant d'une santé excellente. Les efforts de Frank pour aider les autres ne sont pas passés inaperçus. Il a reçu des remerciements de personnes haut placées. L'année dernière, on lui remit le Spécial Certificate of Appréciation (Certificat Spécial d'Appréciation) de l'Etat du Texas pour son travail social. Le même mois, le président Carter lui envoya ses meilleurs vœux et ses remerciements pour avoir accompli des « efforts propres à créer de bonnes relations entre les citoyens du Mexique et ceux des Etats-Unis ». En 1974, devant le baraquement de Ferree, les habitants de Harlingen ont érigé un monument en l'honneur de Frank et de son organisation. On voulait lui construire une maison mais il demanda que cet argent soit remis aux pauvres. Le monument porte cette inscription : «Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites. » Henry Ferguson 9 (Tiré) LEPITRE AUX EPHESIENS De vieilles conceptions païennes reviennent à la surface parmi les croyants des églises d’Asie Mineure. Lafoi risque d’être pervertie et la mission de saint Paul compromise. Le grand apôtre envoie donc cette lettre circulaire. Le ton impersonnel de l'épître, qui s'adresse aux Ephésiens comme à des gens que Paul ne semble guère connaître (1 : 15), a depuis longtemps étonné les commentateurs 1. A preuve que ni Marcion, ni Origène, ni Jérôme ne connaissaient l'épître sous son nom actuel. C'est sur cette constatation que s'appuient ceux qui voient dans l'épître une copie de l'épître aux Laodicéens, dont la lecture est recommandée par Paul (Colossiens 4:16). L'épître aux Ephésiens est-elle une copie de l'épître aux Laodicéens ? Tout porte à croire qu'il s'agit de toute façon d'une lettre circulaire, recopiée (par Tychique?) en plusieurs exemplaires, à destination de différentes églises d'Asie mineure, rédigée par Paul au lendemain des événements de Colosses. Que s’était-il passé à Colosses ? Un drame du syncrétisme, qui avait mené le jeune Epaphras, débordé, à abandonner, aux mains de mystiques ambitieux, l’église qu’il avait fondée. La prédication de la grâce, 1. La mention «à Ephèse» (1:1) manque dans plusieurs traditions manuscrites, qui comportaient un espace vide après la formule «qui sont à...» comme s'il s'agissait d'une adresse à compléter. de type paulinien, n’était pas parvenue à évacuer un vieux fond de croyances païennes, déjà mêlées de prédication juive, et certains voulaient faire revenir dans la religion du Christ le culte ascétique des divinités locales. Ce qui sera repris dans l’épître aux Colossiens sous la forme d’un affrontement entre la justification par la foi et le légalisme. Or, le danger des hérésies ne menace que trop, dans cette région d'Asie mineure particulièrement accueillante à toutes les formes de culte, et l'on risque dans les milieux chrétiens de Jérusalem de voir dans l'échec d'Epaphras une conséquence de la prédication estimée trop laxiste de Paul : d'autant plus que l'apôtre des Gentils est maintenant en prison, et que cette nouvelle épreuve risque d'être interprétée en haut lieu comme un désaveu divin. Appel aux églises d'Asie En diffusant sous forme de circulaire son appel aux églises d'Asie (ce qui devrait être le vrai nom de l'épître aux Ephésiens) Paul cède au sentiment de l'urgence. Inutilededireque pour lui la partie se joue serrée. C'est toute la façon dont il conçoit l'évangélisation qui est en cause. 10 On constate, dans le mouvement de cette épître, la démarche habituelle de Paul, qui commence toujours par louer longuement ses correspondants avant d'en venir à la polémique. Encore que la façon dont il les loue n'est jamais étrangère à sa future argumentation : — nous sommes l'objet des bénédictions de Dieu, même si elles ne sont pas toujours visibles (1 : 3); — Dieu nous a fait un merveilleux destin (1 : 4, 11 ) ; — nous sommes sauvés par la seule grâce (1 : 7, 8) ; — il nous a donné le Saint-Esprit (1 : 14); — il nous a rendus intelligents pour comprendre son mystère (1 : 8, 9, 18); — c'est lui qui en a décidé ainsi ; il n'a de comptes à rendre à personne (1 : 9, 10); — nous n'avons qu'à dire merci d : 12). Et au travers de tout ce texte, un argument typiquement paulinien, pour que les «païens» n'aient pas l'idée qu'on s'est tourné vers eux tout simplement parce que les juifs ne voulaient plus de ce salut (ce qui restait la prédication, avouons peu élégante, d'un Pierre : voir sa stupide déclaration à Corneille dans Actes 10 : 28). — Dieu avait décidé de votre salut avant la fondation du monde (1 : 4); — nous avons tous été prédestinés dans son amour à devenir ses enfants (1 : 5, 11 ) ; — il a formé ce dessein en lui-même sans qu'on ait à lui demander des comptes. Cette affirmation revient sans cesse (1 : 9, 11, 14). Il attendait pour le mettre à exécution, non le rejet des juifs, mais que les temps fussent accomplis (v. 10) ; — l'avantage des vrais juifs, ceux qui comme Paul accèdent au christianisme, n'ayant été que de devancer d'un peu les « païens »,en discernant dans l'Ancien Testament les prophéties messianiques (1 : 12). Autre position solide, souvent redite : c'est le Christ qui résume tout le dessein de Dieu (1 : 3, 5-7, 10-12, 20). Le verset 20 exprime comme en passant tout l'argument de l'épître : Christ, ressuscité, assis à la droite de Dieu, au-dessus de toute autre domination. Dès lors, le sujet peut se développer, comme une affirmation souvent redite, du salut par grâce. ••••••••••••••••• PLAN DE L'EPITRE 1. INTRODUCTION — Adresse et salutation (1:1, 2). — Bénédiction (1 : 3-14). En fait, il s'agit ici, très habilement, d'un rappel du credo fondamental des chrétiens, que l'on suppose confirmant leur appartenance au royaume de Dieu. Il s'agit peut-être d'un cantique, ce texte étant en prose rythmée et se distribuant selon des vers libres et des strophes. — Vœu de l'apôtre (1 : 15-23). 2. CORPS DE L'EPITRE — Réaffirmation du salut par grâce (2 : 1-10). — Le sort des païens (2:11 -22). — Le mystère du Christ • La révélation à Paul (3 : 1-7). • L'apostolat de Paul (3 : 8-13). • La prière de Paul (3 : 14-21). — L'unité de l'Eglise • Affirmation de l'unité de l'Esprit (4 : 1-6). • L'unité des croyants (4 : 7-16). • Une vocation unique (4 : 17-24). • Les péchés à combattre (4 : 25 à 5 : 21). 3. APPLICATION PRATIQUE — La vie dans l'Eglise • La famille chrétienne (5 : 22 à 6 : 9). • Le combat des chrétiens (6 : 10 à 20). 4. CONCLUSION — Salutations et bénédiction finale (6 : 21-24). ••••••••••••••••• Sauvés par la seule grâce 11 Le mystère du Christ Il ne faut pas donner à ce mot le sens moderne de vérité incompréhensible. Le mot était très connu au temps de Paul, désignant une forme de religion de type initiatique où la divinité, par l'intermédiaire de ses prêtres ou d'une pythie, révélait sa volonté au moment de l'initiation 2. On trouve tout un vocabulaire, qui a trait aux différentes phases de la révélation initiatique (mystère, révélation, lumière, vérité cachée, perfection, sagesse). Paul va utiliser ce langage connu de tous pour parler de la vraie religion, qui est présentée comme la révélation de Jésus : le mystère du Christ. L'argument est d'intérêt : — il s'agit de présenter la religion chrétienne en termes connus; — et de répondre aux questions légitimes des païens concernant une révélation à eux si tardive (voir surtout 3 : 8-12). La prière pour l'unité La suprématie du Christ est facteur d'unité. Elle rend caduque, sans les déshonorer, sans même qu'on ait à les juger, toutes les religions précédentes désignées ici comme étant dévotion aux dominations, trônes, 2. On connaissait les mystères d'Eleusis, de Delphes, de Thèbes, de Thrace, de Cilicie, d'Egypte (les différentes divinités : Déméter, Apollon, Orphée, Dionysos, Mithra, Isis et Osiris). Près d'Ephèse, c'étaient les mystères de Diane et près de Colosses de Cybèle. L'antiquité a laissé toute une littérature sur le sujet, connue sous le nom de : Recueil d'Hermès Trismégiste (Coll. Budé). Unité de l'Eglise dignités, autorités (voir sur ce point Colossiens 1 : 16 et 2 : 15, ainsi qu'un commentaire). N'oublions pas que le danger d'Asie mineure est précisément dans un retour à ces religions pré-chrétiennes et c'est par là que les hérésies menacent. Notons d'emblée que la prière pour l'unité (3 : 14 à 4 : 24) se substitue habilement et efficacement à une simple polémique contre les hérésies. Le Saint-Esprit est le vrai maître de l'Eglise. C'est lui qui distribue les dons spirituels, c'est-à-dire qui qualifie ceux qu'il choisit pour la direction de l'Eglise. — Le rôle des dons spirituels : la qualification de ceux qui ont à diriger la communauté (4 : 12). — Le but : l'unité dans la foi. — Le moyen : la maturité, et l'indépendance morale ; être adulte, et non plus enfant emporté à tout vent de doctrine. Les ennemis sont dénoncés, d'ailleurs à la cantonade : ils sont trompeurs, rusés, cherchent à séduire (4 : 14, 15). A Colosses, c'est vrai, on les connaissait mieux, puisqu'on les décrit de telle façon que tout le monde les identifiait (Colossiens 2 : 18). Ici, on reste plus général. D'ailleurs, l'ennemi par excellence, c'est le diable (4 : 27 ; 6 : 11 ; 2 : 2 ; 6:12). Conclusion «Ce qu'il y a, entre l'épître aux Colossiens et celle aux Ephésiens, c'est qu'on est passé du plan de la polémique à celui de la théologie. ... Celle-ci témoignait d'une tentative toute particulière pour adapter les grandes lignes de l'enseignement biblique aux préoccupations mystiques propres à la Phrygie : suprématie du Messie-Plérôme, supériorité incomparable du christianisme sur le culte des Eléments, nécessité pour les convertis de fuir jusqu'aux formes de la superstition, qui marqueraient un retour en arrière, fidélité à l'enseignement reçu ; c'est le même mouvement, dans l'épître aux Ephésiens, pour passer du fait divers à l'article de fond. Le cœur de la lettre, le thème sans cesse repris, c'est l'Eglise : unité de l'Eglise, mission de l'Eglise, l'Eglise corps du Christ, Mystère de Dieu dont Paul aujourd'hui pour les païens est ambassadeur malgré ses chaînes. Le thème était amorcé, et même plus, dans l'épître aux Colossiens : aucune autre épître plus que les Ephésiens ne complétera mieux la première lettre en développant davantage la théologie de l'Eglise. ... »Si bien que l'on voit, non seulement un étroit jumelage entre les deux épîtres, mais un nouvel aspect de la manière de Paul. Du ton du polémiste, il a passé à celui du théologien. Ici plus délicat, plus subtil, là plus ample, plus solennel. Deux aspects étroitement liés. ... L'épître aux Colossiens vivait de l'actualité. ... L'épîtreaux Ephésiens, elle, s'adresse à toutes les Eglises d'Asie, Laodicée autant qu'Ephèse, et à travers les temps, à toutes les Eglises du monde 3. » ■ Norbert Hugedé 3. Norbert Hugedé, L'Epître aux Ephésiens, éd. Labor et Fides, Genève, 1974, p. 244-246. 12 LA PLANETE DES FOUS Devant une situation délicate, il nous arrive de chercher une issue en simulant la folie. Ce n’est pas très glorieux, avouons-le ! C’est arrivé à David, et il a tiré de cette expérience un psaume, le psaume 34 de nos Bibles, le psaume aux trois secrets. Le premier secret De David. Lorsqu'il contrefit l'insensé en présence d'Abimélec, et qu'il s'en alla chassé par lui. (Psaume 34:1.) Des circonstances peu glorieuses, en vérité 1 ! Résumons les faits. David vient d'apprendre que Saiil veut sa mort. Le roi est entré dans une violente colère et a même brandi contre Jonathan, son propre fils, la lance qu'il destinait à David. Ce dernier est contraint de fuir. Il se rend tout d'abord à Nob, chez le prêtre Achimé-lec, où, par crainte d'être découvert, il recourt à la dissimulation. Erreur fatale qui aboutira au massacre des prêtres de Nob par les hommes de Saül. Puis le fugitif se dirige vers une terre étrangère. Dans son aveuglement dû à la frayeur, il se rend chez Akisch, roi de Gath (c'est sans doute lui l'Abimélec dont il est question dans le psaume 34). Détail navrant : Gath, c'est la ville de Goliath, que David a tué en combat singulier. Imaginez un peu : notre héros, affolé par les menaces de Saül, roi d'Israël, fuit dans la ville d'origine du géant qu'il a misé mort ! Cela s'appelle : se jeter dans la gueule du loup. Et pour se tirer d'affaire, David a recours à un procédé surprenant : il simule la folie et se met à divaguer sous les yeux des Philistins; il va même jusqu'à tracer des signes sur les battants de la porte et à baver dans sa barbe. C'est au point que le roi Akisch dit à ses serviteurs : « Vous voyez bien que c'est un fou. Pourquoi me l'amenez-vous ? Est-ce que je manque de fous, pour que vous ameniez celui-ci pour faire le fou auprès de moi2 ? » Quel déshonneur pour le vaillant homme qui a triomphé de Goliath ! Quelle déchéance, et surtout quel manque de confiance en Dieu ! Toutefois, nous ne sommes pas là pour le juger. Il nous appartient simplement de prendre note d'une image de l'homme que nous transmet le psaume 34. L'homme est un fou. Dans son affolement, il se précipite dans une situation où il ne lui reste plus qu'à... jouer au fou pour s'en sortir ! Et la remarque du roi prend ici toute sa saveur : des fous, il y en a déjà bien assez sur la planète... En langage plus théologique, on dira que l'homme est aliéné par le péché. Il s'est perdu lui-même, il est étranger à sa propre personne et à la destinée que Dieu lui proposait. Il ne se retrouve plus. Tel est le premier secret dévoilé dans le psaume 34. Les conséquences de cette aliénation, de cette « folie » transparaissent tout au long de ce psaume : — l'homme vit dans les frayeurs (verset 5); on dirait aujourd'hui: dans l'angoisse ; — il connaît la honte (verset 6); c'est le tout premier sentiment que mentionne la Genèse après le péché d'Adam et d'Eve ; — en un mot, il est profondément malheureux (versets 3, 7, 20, 22). 13 La seule issue Le tableau est complet, puisque la philosophie contemporaine définit précisément l'angoisse comme un mélange de misère («malheureux») et de culpabilité (« honte »). En cela, l'existentialisme a redécouvert le message trois fois millénaire des psaumes. Le deuxième secret Pascal a écrit : « La foi chrétienne ne va presque qu'à établir ces deux choses : la corruption de la nature, et la rédemption de Jésus-Christ3.» Il ne faudra pas nous étonner si le deuxième secret se rapporte à la grandeur et à l'amour de Dieu. Sentez et voyez combien l'Eternel est bon ! s'écrie le psalmiste au verset 9. En face de l'homme aliéné, perdu, honteux, l'Ecriture ne nous présente pas le Dieu raisonnable et sage, le Dieu respectable et souverain, mais le Dieu rempli de bonté. Ce n'est pas une influence ennoblissante, ni une force de la nature, mais une personne qui se tient en face de notre misère, prête à nous écouter, à nous répondre. David n'hésite pas à parler des yeux de l'Eternel, qui sont sur les justes, et de ses oreilles, attentives à leurs cris (verset 16). Il nous dépeint un Dieu tourné vers l'homme. Cela ne s'arrête pas là. Mais pour découvrir la suite, je vous propose un petit exercice. Lisez ce psaume dans l'optique d'un professeur de français qui corrige le travail d'un élève, et cherchez la répétition qu'il ne manquerait pas de souligner en rouge, tant elle est frappante : un mot revient à seize reprises dans ces vingt-trois versets ! Vous l'avez trouvé ? Oui, c'est bien cela : le nom proprede Dieu, celui par lequel il s'est désigné à Moïse, traduit en français par « l'Eternel »ou « le Seigneur » (suivant les versions). En hébreu : Yahvé, autrement dit «Je suis». Ce psaume est donc centré sur Dieu. On en comprend facilement la raison : du moment que l'homme est aliéné, la solution à ses problèmes ne se trouve pas sur la planète Gath — celle qui ne manque pas de fous — mais « ailleurs », en présence du Dieu qui l'aime en dépit de sa folie. Comment l'Eternel se révèle-t-il à nous dans ce psaume ? Quel est au juste le deuxième secret ? La réponse nous est donnée sept fois, en toutes lettres : — il arrache au danger (verset 8) : l'expression évoque une situation extrême où l'amour se doit d'être violent ; — il délivre (versets 5, 18, 20, 23); — il sauve (versets 7, 19). Que faut-il en conclure? Dieu nous apparaît comme Sauveur et Libérateur. Si nous voulions résumer d'un mot son intervention en faveur des hommes, il nous faudrait avoir recours au nom de Jésus, qui dérive précisément d'un terme hébreu signifiant «sauver», «délivrer». Un verset du psaume 34 sera d'ailleurs cité par l'Evangile et appliqué au Christ: Ces choses sont arrivées, afin que l'Ecriture fût accomplie : Aucun de ses os ne sera brisé4. Il s'agit en somme d'une prophétie messianique. Et elle ne se limite pas à une bribe de verset. Tout le procès de Jésus montre que les soldats et les hommes au pouvoir, en particulier Hérode, l'ont assimilé à un fou dont on n'avait que faire, un fou dont on pouvait se moquer librement — et cruellement. Oui, le Christ a consenti à partager notre condition jusqu'à ce point-là... pour nous sauver de notre folie ! L'Eternel, dans le psaume 34, c'est déjà le Christ à l'œuvre en faveur des humains. Et nous sommes invités à sentir et à voir combien il est bon — c'est-à-dire à faire l'expérience personnelle de son amour. La religion sera expérimentale ou elle ne sera pas ! Le troisième secret Il nous reste à préciser comment cela peut se faire, en pratique. Sinon, quel intérêt? C'est dans cette idée que nous interrogeons maintenant le psaume 34. 14 Une première chose doit nous frapper. Je vous enseignerai la crainte de l'Eternel (verset 12). Oui, celle-ci n'est pas donnée au départ, ce n'est pas une qualité infuse des âmes pieuses; elle peut — et elle doit — s'apprendre. Cette idée va de pair avec une autre affirmation : Heureux l'homme qui cherche en lui [l'Eternel] son refuge (verset 8). Notons un point essentiel. Il n'est pas dit: «Heureux celui qui trouve», mais : « Heureux celui qui cherche ». Le bonheur n'est pas d'avoir atteint le but, mais de cheminer dans la bonne direction. L'expérience que Dieu nous propose, c'est d'abord un itinéraire. Il nous faut accepter de partir, de sortir de nos frontières. Mais pas pour aller à Gath ! Que se passe-t-il, à ce moment-là ? Un véritable retournement de la situation. J'ai cherché l'Eternel, et il m'a répondu (verset 5). Quand un malheureux crie, l'Eternel entend (verset 7). Il ne s'agit pas d'un simple exaucement tout extérieur. L'homme en est changé, il prend un virage caractéristique. Cela ressort très bien des versets 14 et 15, qui seront cités par l'apôtre Pierre dans ses recommandations aux chrétiens5. Préserve ta langue du mal (négatif), et tes lèvres des paroles trompeuses (négatif); éloigne-toi du mal (négatif), et fais le bien (positif) ; recherche et poursuis la paix (positif). Le croyant, c'est celui qui a viré du négatif au positif, qui a goûté que le Seigneur est bon 6. Ce virage,donnons-luison nom : la conversion — la vraie ! Notons que tous les sens de l'homme y participent : nous sommes invités à sentir et à voir, à goûter, et aussi à écouter (versets 3, 12). En retour, nous avons à exprimer ce que nous avons connu : bénir l'Eternel, nous glorifier en lui, le célébrer et l'exalter (versets 2, 3). Tout ce qui entre en nous vient de Dieu, tout ce qui sort de nous va vers lui. Il n'y a donc plus aucune place pour nous-mêmes, notre folie, notre angoisse et notre honte. L'Eternel remplit toute notre vie. Cela se traduit de manière sublime au verset 6, qui est l'une des affirmations les plus belles et les plus encourageantes de la Bible : Quand on tourne vers lui les regards, on est rayonnant de joie. Tel est le troisième secret, celui de la vie transformée. Il est simple, il est à notre portée à tous, car Dieu nous assiste. Nous pourrions l'appeler : la conversion du regard. Il y aurait place pour une étude complète sur le rôle du regard dans la Bible. Rappelons simplement quelques faits significatifs : — Eve a regardé le fruit défendu, ce qui l'a entraînée à le convoiter et à pécher. — Les Israélites ont été sauvés en regardant le serpent d'airain. — Quiconque regarde en arrière n'est pas propre au royaume de Dieu. — Le chrétien est appelé à contempler le Seigneur afin d'être changé à son image. Il faut tourner les yeux vers le Christ si nous voulons refléter son caractère. Tel est le résumé de l'expérience que Dieu nous propose. La « conversion du regard » se traduit par un rayonnement. Un homme ne rayonnera véritablement que s'il a compris sa folie, s'il a goûté que l'Eternel est bon et s'est attaché à lui au point de garder les yeux fixés sur lui, jour après jour. En somme, tout est simple : Dieu ne nous demande rien d'autre que de r-a-y-o-n-n-e-r. Cela se fait sans aucun effort. Il suffit de tourner les regards dans la bonne direction. ■ Yvan Bourquin Itinéraire 1. Voir 1 Samuel 21 : 10-15, et Patriarches et prophètes, p. 639, 640 (chap. « David fugitif») 2. 1 Samuel 21 : 15, 16 (traduction œcuménique) 3. Pensée 194(éd. Brunschvicg) 4. Jean 19:36 (cf. Psaume 34:21) 5. Voir 1 Pierre 3:10-12 6. 1 Pierre 2 : 3 (citation de Psaume 34 : 9) 15 Le péché Le témoignage intérieur de notre conscience et l’observation de la vie de tous les jours nous font connaître la réalité du péché, mais sans nous permettre de le définir d’une manière exacte. La Bible est franche et précise à ce sujet. Elle nous présente le péché comme le problème n° 1 de l’humanité. Qu’est-ce qui nous donne une idée précise du péché ? C'est par la loi que vient la connaissance du péché, (Romains 3 : 20.) De quelle loi est-il question ici ? Je n'ai connu le péché que par la loi. Car je n'aurais pas connu la convoitise, si la loi n'eût dit : Tu ne convoiteras point. (Romains 7 : 7.) Il s’agit donc des Dix Commandements (Exode 20 : 2 à 17) dont le neuvième se lit ainsi : Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain. (Verset 17.) Cette loi est toujours en vigueur, car Jésus a dit : Ne croyez pas que je sois venu abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre. (Matthieu 5 : 17, 18.) Au-delà des actes qu’elle condamne il faut voir les motivations qu’elle sanctionne : Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point... moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d'être puni par les juges. ... Vous avez appris qu'il a été dit : Tu ne commettras point d'adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. (Matthieu 5 : 21, 22, 27, 28.) Sous quel jour voyons-nous le péché lorsque la loi divine l’a défini avec précision ? Condamnable au plus haut point. (Romains 7: 13.) Abondant : La loi est intervenue pour que l'offense abondât. (Romains 5 : 20.) Universel : Tous... sont sous l'empire du péché... Il n'y a point de juste, pas même un seul... Tous ont péché. (Romains 3:9, 10, 23.) Suffit-il de ne pas transgresser la lettre de la loi pour ne pas être pécheur ? Vous avez appris qu'il a été dit : Tu ne commettras point d'adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. (Matthieu 5 : 27, 28.) Existe-t-il des formes du péché en dehors des cas prévus par les Dix Commandements ? Tout ce qui n'est pas le produit d'une conviction est péché. (Romains 14 : 23.) Celui donc qui sait faire ce qui est bien, et qui ne le fait pas, commet un péché. (Jacques 4 : 17.) Même les lois humaines condamnent la faute par omission, par exemple la non-assistance à personne en danger. Quel est le sentiment de Dieu et de son Fils à l’égard du péché ? Tu as aimé la justice, et tu as haï l'iniquité. (Hébreux 1 : 9.) Qui est chargé de nous faire prendre conscience personnellement de notre état de péché ? Le Saint-Esprit. 16 Quand il sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice, et le jugement. (Jean 16 : 8.) Quel est notre sentiment lorsque cette œuvre de conviction a été réalisée dans notre cœur ? A lors vous vous souviendrez de votre conduite qui était mauvaise, et de vos actions qui n’étaient pas bonnes ; vous vous prendrez vous-mêmes en dégoût, à cause de vos iniquités et de vos abominations. (Ezéchiel 36 : 31.) Que fait de nous le péché ? a) Des orphelins. Ce sont vos crimes qui mettent une séparation entre vous et votre Dieu ; ce sont vos péchés qui vous cachent sa face et l’empêchent de vous écouter. (Esaïe 59 : 2.) Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. (Romains 3 : 23.) b) Des malades incurables. La tête entière est malade, et tout le cœur est souffrant. De la plante du pied jusqu’à la tête, rien n’est en bon état : ce ne sont que blessures, contusions et plaies vives. (Esaïe 1 : 5, 6.) c) Des esclaves. Quiconque se livre au péché est esclave du péché. (Jean 8 : 34.) d) Des condamnés à mort. Le salaire du péché, c’est la mort. (Romains 6 : 23.) Quelle a été la mission de Jésus par rapport au péché ? Jésus a paru pour ôter les péchés, et il n’y a point en lui de péché. (1 Jean 3 : 5.) Le péché est une réalité horrible, répugnante, catastrophique et générale. Il nous concerne tous. Dieu n’y est pas indifférent ; il est concerné par ce problème. En envoyant son Fils, il nous offre un remède parfait à cet état de péché. Claude Bosdedore - Chaque dimanche matin à 8 h 30, sur 31 m O.C., avec Michel et John, une émission moderne et aérée : interviews, témoignages, chants, musique, informations religieuses, dialogue constant avec les auditeurs. - Chaque soir de 19 h à 20 h, sur 49 m O. C. 6220 Mhz : Trois pas vers le ciel, l'émission quotidienne de Spécial Jeunes Radio. SPÉCIAL JEUNES RADIO 130, boulevard de l'Hôpital 75013 PARIS TéL John Graz (1 ) 068.62.32 N.B. Nous enverrons une carte Q.S.L. à tout correspondant. Vous pouvez devenir membre du CLUB SPÉCIAL JEUNES RADIO. | Cours par correspondance de « La Voix de l'Espérance » B.P. 7 77350 Le Mée sur Seine - gratuit - 26 leçons - au rythme de chaque élève - un seul livre nécessaire : la Bible (un exemplaire en édition courante sera envoyé sur demande pour un prix modique) 17 EVANGILE A LA CARTE L’Evangile n’est pas une liste de plats parmi lesquels on choisit librement son menu, c’est un menu complet, délicieux et équilibré à savourer en entier, de l’entrée au dessert Samedi, 18 h 15. Affluence sur le quai de la gare de Rennes. J'attends le train pour Paris. La joie au cœur. La journée a été bonne. Tellement bonne que ma fatigue s'est envolée. Accueilli chaleureusement par les membres de l'Eglise adventiste de Rennes, je viens de vivre avec eux des moments édifiants, dans la prière et la méditation des saintes Ecritures. 18 h 18. Le train corail entre en gare. Je m'installe dans la partie du wagon réservée aux non-fumeurs. Peu de temps après, gêné par la fumée qui passe par l'ouverture permettant l'accès à la partie du wagon réservée aux fumeurs, je change de place. Non loin de moi, une jeune fille et un jeune homme discutent avec animation. En tendant l'oreille, je puis saisir quelques bribes de leur conversation. Il s'agit de religion, d'Evangile, de christianisme. Dès que la discussion faiblit, je m'approche d'eux et me fais connaître. J'offre à chacun un petit ouvrage (Le Christ oublié, La révolution de Jésus) et regagne ma place. A peine suis-je assis que la jeune fille me rejoint et entame ledialogue. Très vite, j'apprends qu'elle fait des études pour devenir ingénieur chimiste. Elle se veut chrétienne (catholique). Elle prie souvent. N'aime pas Dieu. Lit parfois l'Evangile. Ne connaît pas la Bible. N'aime pas les épîtres de l'apôtre Paul. Ne peut accepter pour véridique le récit de la création tel qu'il est mentionné dans la Genèse. Au demeurant sympathique, cette jeune fille est l'image même du christianisme de la fin du 20e siècle. Un christianisme où régnent l'ignorance, l'incohérence, la croyance à la carte. Ignorance d'abord. Elle gagne du terrain chaque jour. Et bien peu de chrétiens savent que la Bible (Ecriture sainte ou Parole de Dieu) est un recueil de soixante-six ouvrages (comprenant les quatre évangiles) dont la rédaction s'est faite sous l'inspiration du Saint-Esprit (2 Timothée 3:16, 17). Un sondage effectué dans le centre de la France par un mouvement évangélique révèle que plus de 75% des personnes interrogées demeurent dans l'incapacité de nommer un seul auteur ou livre de la Bible ! Un autre sondage montre que près de 97% des personnes interrogées ignorent que le septième jour de la semaine est le samedi (85% indiquent le dimanche, 12% ne savent pas), jour de repos institué par Dieu selon l'Ecriture (Genèse 2:1-3; Exode 20 : 8-11 ). Et je m'arrête ici. Au niveau de la doctrine et des dogmes, l'ignorance est encore plus totale. Encore plus révélatrice de la déchristianisation croissante des nations occidentales. Tout naturellement, l'ignorance engendre l'incohérence. Le n'importe quoi. Les amalgames les plus déconcertants. Ici et là, on trouve mêlées à l'Evangile toutes sortes de superstitions, de pratiques hétéroclites, de philosophies humaines. Je me souviens de l'étonnement manifesté par quelques-uns de mes collègues de bureau lorsque, au cours d'une conversation, j'affirmais en toute bonne logique qu'on ne pouvait pas être à la fois marxiste et chrétien. Ma déclaration les stupéfiait. Ils avaient entendu dire si souvent de la part de certains maté-rialistesqu'ilsétaient marxistes mais qu'ils croyaient en Dieu, et de la part de pseudo-croyants qu'ils étaient chrétiens mais qu'ils ne croyaient pas en Dieu, que ce double illogisme était devenu pour eux une chose normale, logique, cohérente ! *** Tandis que le concert musical se déroulait à l'intérieur de l'église, nous demeurions dans l'entrée, attendant la fin du morceau en cours. L'un de nos fils devait nous rejoindre dès l'audition terminée pour une promenade en famille. Dans le hall d'entrée, à gauche, diverses revues religieuses placées sur un présentoir semblaient nous inviter à la lecture. J'en saisis une au hasard et l'ouvris. Un article retint presque immédiatement mon attention. L'auteur y traitait du problème de l'origine de l'homme. Dieu était à l'origine de la vie mais, depuis la cellule vivante initiale jusqu'à l'homme (homo sapiens), il avait fallu des milliers de transformations plus ou moins réussies et... des milliards d'années ! Quelques pages plus loin, désirant mettre en évidence les nobles origines de la race humaine, un autre auteur indiquait que l'homme et la femme avaient été créés à l'image de Dieu au cours du sixième jour de la 18 première semaine de l'histoire de notre planète (Genèse 1 :26-31). Apparemment, la contradiction était passée inaperçue. Et chacun pouvait choisir ainsi la version qui lui convenait le mieux. Selon son bon plaisir. Nous touchons ici au troisième point. L'Evangile à la carte. *** On a tellement dit et redit aux hommes de notre temps qu'ils étaient suffisamment savants et évolués pour donner leur avis sur toutes choses (sondages, enquêtes, référendums, interviews, etc.), qu'ils en viennent tout naturellement à considérer leur jugement personnel comme une base de référence, qui en vaut bien une autre quel que soit le sujet abordé. Il en va de même chez les chrétiens. Ils lisent l'Evangile non pour apprendre ce que Dieu veut leur révéler concernant leur condition spirituelle et les modalités pratiques nécessaires à un véritable développement de leur être tout entier, mais pour glaner ici et là quelques textes rassurants ne les obligeant pas à remettre en cause leur vision des choses ou leur façon d'être. Un ami protestant avec lequel j'aimais converser me disait un jour : «Ah! l'épître aux Romains, quelle merveille ! A n'en pas douter on sent dans cet écrit l'inspiration du Saint-Esprit. » Puis il ajoutait : « Par contre, l'épître aux Hébreux est bien différente. Peu claire et inutile. A l'évidence, le Saint-Esprit était absent lors de la rédaction de ce texte biblique. » Puis, il s'irritait de ce que je ne partageais pas son point de vue. Que disent, ou pensent, aujourd'hui des millions de chrétiens? Ceci. Nous ne sommes plus au Moyen Age pour accepter l'enseignement biblique sans sourciller. Pour croire aux fables de la création, du déluge, de la naissance miraculeuse du Christ ou de sa résurrection. Pour manifester de l'intérêt aux élucubra- tions énoncées dans l'Apocalypse. Nous ne pouvons pas considérer raisonnablement chacun des dix commandements de la même façon. Le sixième commandement: tu ne tueras point. Excellent. A conserver. Le septième commandement : tu ne commettras point d'adultère. Dépassé. A laisser de côté... Eliminons ce qui nous paraît désuet, ce qui nous dérange ou nous met mal à l'aise ! Une question se pose. Comment la chrétienté en est-elle arrivée là ? L'Ecriture sainte fournit la réponse à cette question. // viendra un temps où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, écrit l'apôtre Paul ; mais dans leur démangeaison d'entendre des choses agréables, ils s'entoureront de docteurs selon leurs propres désirs et ils fermeront l'oreille à la vérité pour l'ouvrir à des fables. (2 Timothée 4 : 3, 4.) Avec le temps, les chrétiens se sont éloignés des vérités bibliques. Imperceptiblement, ils ont mélangé l'erreur et la vérité. Aujourd'hui, ils refusent la vérité. Et se tournent vers les fables agréables et les chimères. Le pontificat de Jean-Paul 1er a été très court. A peine trente-trois jours. Peu représentatif aux yeux des foules déchristianisées, ce petit homme timide a donné pourtant un conseil pertinent aux hommes de notre époque. Aux journalistes venus pour l'interviewer après son élection, il s'est contenté de dire: « Cultivez l'amour de la vérité. » Cette injonction n'est pas nouvelle. Elle a été formulée par l'apôtre Paul au début de l'ère chrétienne et figure dans un texte prophétique qui annonce deux événements importants : l'apostasie de la chrétienté et le retour du Christ. En ce qui concerne l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ et notre réunion avec lui, écrivait l'apôtre Paul aux chrétiens de Thessaloni-que, nous vous en prions, frères, ne vous laissez pas si promptement troubler l'esprit, ni alarmer par une prétendue inspiration, par quelque parole ou quelque lettre qui nous serait attribuée, comme si le jour du Seigneur était proche. Que personne ne vous séduise en aucune manière. Car il faut qu'auparavant l'apostasie soit arrivée. ...alors sera manifesté l'impie, que le Seigneur Jésus détruira par le souffle de sa bouche et qu'il anéantira par l'éclat de son avènement. Cet impie apparaîtra avec la puissance de Satan, en opérant toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges menteurs, en ayant recours à toutes les séductions de l'injustice auprès de ceux qui se perdent, parce qu'ils n'ont pas ouvert leur cœur à l'amour de la vérité, qui les aurait sauvés. C'est pour cela que Dieu leur envoie une puissance d'égarement qui les fait croire au mensonge, afin que tous ceux qui n'ont pas cru à la vérité, mais qui ont pris plaisir à l'injustice, soient soumis à son jugement. (2 Thessaloniciens 2:1-12.) Ouvrir son cœur à l'amour de la vérité ou périr. Tel est le choix qui s'impose à l'homme d'aujourd'hui. Avant que Jésus revienne sur les nuées du ciel pour chercher les élus. Avant qu'il soit trop tard. ■ Michel Ballais 19 la poutre & la paille Ayant posé, dans nos précédents billets, les deux principes de base d’une psychologie d’inspiration biblique, je vous propose, à partir de ce numéro, une démarche moins systématique. Nous essaierons de glaner dans les Ecritures une déclaration, un enseignement, une anecdote susceptibles de nous amener à réfléchir sur les lois qui gouvernent notre être et structurent nos relations. Pourquoi vois-tu la paille qui est dans P œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? (Matthieu 7 : 3.) Vous avez remarqué que, de propos délibéré, j’ai opté pour un texte du Nouveau Testament, et plus spécialement pour une parole du Christ. Ce choix a doublement une valeur de symbole : primo, ce texte vient du Maître par excellence, secundo, il pose le doigt sur la plaie fondamentale de nos relations humaines. Depuis le tout jeune âge, l’enfant apprend à reconnaître, distinguer et nommer les objets qui sont autour de lui. Ça c’est bleu, ça c’est chaud, ça c’est rond, ça c’est un chien (ou une poupée, ou un nez, ou un œil, ou papa, peu importe). Nous n’entraînons jamais l’enfant à reconnaître ce qui se passe en lui, à prendre conscience de son corps, à sentir son cœur battre, à percevoir la contraction ou la détente de ses muscles, les mimiques spontanées qu’il adopte. Résultat : nous sommes des spécialistes de ce qui est « objectif », de ce qui est en face de nous, des autres. Mais nous sommes très peu aptes à nous analyser nous-mêmes. Tout ce qui est «subjectif », nous le voyons à travers un prisme déformant. Nous le grossissons lorsqu’il s’agit d’un souci ou d’une qualité, nous le minimisons, ou le nions, lorsqu’il s’agit d’un travers. Exemples : — Si, en parlant, je fais un lapsus, mon auditeur s’en rend compte immédiatement, moi pas. — Lorsque je salue une personne, inconsciemment, en disant : « Ah ! bonjour », je soulève les sourcils. (Ob servez cela la prochaine fois que vous serez en société.) Et l’autre comprend tout de suite si je suis heureux de le rencontrer, s’il a de la valeur « à mes yeux » (ou plus exactement à mes sourcils) ou au contraire s’il m’indiffère. Le plus souvent, il ne sait même pas qu’il y a un signe auquel il a référé cela, il se croit très intuitif, alors qu’il a enregistré, sans le savoir, un message non verbal que j’ai émis à mon insu. — Deux personnes se rencontrent. La première dit quelque chose sur un ton un peu froid ou fâché (peut-être est-elle simplement soucieuse). Mais cette personne, comme pour le lapsus dont je parlais, ne s’en rend pas compte. L’autre, au contraire, le note, s’efforce de répondre gentiment, croit honnêtement le faire. En réalité, légèrement « stressée » par la première intervention, elle n’est plus neutre mais un tantinet agressive ou distante. De répartie en répartie, il se produit une escalade, dont on est très conscient chez l’autre, peu chez soi. Et, lorsqu’un seuil est franchi, où la tonalité de dispute ne peut plus être niée, bien sûr, puisqu’on l’a discernée chez l’autre avant d’en prendre conscience chez soi, la déduction est obligatoire : c’est l’autre qui a commencé, c’est l’autre le fautif, le méchant. Pire : si l’autre tient le même raisonnement et clame sa bonne volonté et notre agressivité, alors il n’est pas seulement méchant, il est fou (sous-entendu, d’oser se dire innocent de ce conflit alors qu’ « objectivement » — pour moi — c’est bien lui qui a commencé). Eh oui ! je vois très bien la paille de l’autre, je vois difficilement la poutre mienne. Peut-on faire une critique plus sévère des dangers de la subjectivité et de ce que les spécialistes appellent une « psychologie en première personne » ? Par ailleurs, la « psychologie » biblique s’en tiendrait-elle à ces aspects utiles, certes, mais négatifs? Grâce à Dieu, non. Avec la révélation de cette maladie ophtalmique fort curieuse (cécité sur soi, clairvoyance sur les autres), elle apporte aussi des collyres. Nous en reparlerons. Philippe AUGENDRE MOTS CROISÉS par Sylvestre n° 1 HORIZONTALEMENT : 1. Créés le quatrième jour. 2. Fils de Sem. Théâtre milanais. 3. Descendant d'Aser (1 Chron. 7). Ministre musulman. 4. Son fils explora le pays de Canaan pour la tribu de Manassé. Selon la Bible, n'est pas immortelle par nature (Matthieu 10 : 28). 5. Symbolise aussi la sainteté. 6. Ville de Moab. Ministre d'Etat de David (2 Samuel 20). Fils de Gad. 7. Possessif. Elle craquette tout l'été. 8. Jésus et les Douze le furent à Cana. Cinquième mois de l'année babylonienne. 9. Fin de cérémonie religieuse. Aussi dangereux que le serpent du jardin d'Eden. 10. Elle guidait les Israélites dans le désert. Fils de Lémec, inventeur du camping. VERTICALEMENT : I. Peine capitale en Israël. IL Esdras le persuada de renvoyer sa femme idolâtre. Perse d'aujourd'hui. IIL Lieu où le peuple d'Israël chercha querelle à Moïse. Jésus-Christ en est le Maître. IV. Sodome et Gomorrhe furent détruites à cause de ce péché. V. Membre de la tribu d'Aser. VL Champion. Objet de culte prohibé par le deuxième commandement (Exode 20). VIL Indique le lieu. Néthinien dont quelques descendants revinrent de la captivité à Babylone (Esdras 2). VIIL Ville natale de Samuel. Dieu en langue cananéenne et chaldéenne. Mois d'août hébreu. IX. Région située à l'est de Babylone. Petit-fils de Juda (1 Chron. 4). X. Septième jour de la semaine. Satan le conduit souvent. 20 EN VACANCES Avec les beaux jours, voici revenue la saison des voyages. Joignez donc l’instructif à l’agréable. Ne pensez pas que l’archéologie biblique se limite aux pays du « croissant fertile », au Moyen-Orient. Ne pensez pas que l'archéologie biblique se limite aux pays du «croissant fertile », au Moyen-Orient. La Grèce et l'Italie, toutes proches, sont également terres bibliques. Mais il est aussi dans nos régions des sites paléo-chrétiens du plus grand intérêt. Nous allons souvent chercher très loin ce que l'on peut trouver devant sa porte. Voici par exemple trois baptistères qui valent absolument le détour si vous passez dans la région. Etant peu connus, ils sont loin de la cohue des touristes. Le premier se trouve en Suisse, au Tessin, le long de la route allant du Saint-Gothard à Milan. Vous quittez l'autoroute à Mélide, après Lugano-sud, si vous venez du nord, ou à Mendrisio si vous venez du sud. Prenez l'ancienne route jusqu'au village de Capo-Lago. Vous passez devant la gare et vous longez le bout du lac : voici le village de RIVA SAN VITALE. Vousarrivezsurlaplace : les ruelles, sur votre gauche, conduisent à l'église Saint-Vital. Blottie à côté, une tour carrée abrite un baptistère du 5e siècle. Ce monument est probablement l'édifice chrétien, en usage, le plus ancien de Suisse. Entrons. Aux murs, des vestiges de fresques ; au sol, de la mosaïque ; au centre, le bassin octogonal servant à l'immersion. Au-dessus, une seconde cuve taillée dans un énorme bloc de granit du Gothard atteste l'évolution du rite. Les enfants étaient alors baptisés par immersion, comme dans le rite orthodoxe. Enfin, dans une abside, le baptistère actuel, petite vasque servant à l'aspersion des nourrissons. D'un seul coup d'œil, le panorama de la dévaluation du baptême ! A l'extérieur du bâtiment, ne pas manquer de voir les canalisations amenant l'eau du ruisseau voisin. L'autre site nous conduit en France, en Haute-Provence, à RIEZ. On y accède par la route nationale 96, Sisteron - Aix-en-Provence, puis en empruntant la route départementale 6 par Valensole, ou la 552 par Gréoux-les-Bains. Riez est sur la route d'accès aux fameuses gorges du Verdon. On a peine à imaginer que ce gros bourg de 1 650 habitants est tout ce qui reste de l'antique APPOLINARIS REIORUM, ville romaine aussi importante que Marseille, Narbonne ou Aix. Toute la plaine est jonchée de vestiges romains, d'ailleurs au grand désespoir des cultivateurs qui craignent à tout 21 moment de voir leurs plantations de tulipes transformées en chantier de fouilles archéologiques ! Le baptistère est à l'extérieur de l'agglomération, sur la départementale 552 en direction de Gréoux-les-Bains, à côté de la petite rivière, la Colostre. Dans la région, ce bâtiment était communément appelé le Panthéon, ayant été confondu avec un temple païen ! Ce baptistère, ainsi que la cathédrale en ruine, datent de la fin du 4e-début du 5e siècle. Il est, avec ceux de Fréjus et d'Aix-en-Provence (à ne pas manquer non plus), l'un des meilleurs témoins de cette époque. Maladroitement restauré au siècle passé dans ses parties hautes, il a d'élégantes colonnes de granit bleu qui font pendant à celles relevées de l'autre côté de la rivière. On peut demander au Syndicat d'Initiative la clef de ce bâtiment solitaire. C'est le musée local. Sous une vénérable couche de poussière, gisent en vrac autels païens, inscriptions, pierres tombales, fragments de statues... et, au centre, le bassin servant aux immersions. Les canalisations amenant l'eau courante de la rivière sont encore visibles. En face, de l'autre côté de la route, les ruines de la cathédrale, siège épiscopal important, du 5e au 18e siècle. Dans la même région de France, sur la route départementale 4 Apt-Carpentras, à 12 km de cette dernière, voici VENASQUE, rassemblant ses 526 habitants sur un roc dominant la vallée. A côté de l'église, reconstruite au 13e siècle, se trouve le baptistère. Dans un bâtiment quadrilobe, s'ouvre à même le sol un bassin octogonal. Construit au 6e siècle par saint Siffrein, ce bâtiment est contemporain des baptistères d'Italie du Nord. Venasque était alors un important siège épiscopal, et de nombreux vestiges de la ville romaine ont été réutilisés pour la construction du baptistère. La vie de toute communauté chrétienne antique était centrée autour de la cathédrale et de son baptistère, où deux fois par an, à Pâques et à Pentecôte, l'évêque baptisait les catéchumènes. Lieux vénérables où tant de croyants naquirent d'eau et d'Esprit, témoins silencieux maintenant reniés par les héritiers des premières générations chrétiennes, ces lieux nous interpellent : le baptême a-t-il encore un sens ? Jean-Baptiste reprit à son compte et spiritualisa les prescriptions mosaïques des purifications : le bain d'eau vive effaçant une souillure. (Lire à ce sujet Exode 30 : 20 et le chapitre 15 du Lévitique.) ac^’ Jean baptise d'eau pour amener à la repentance. Mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi... Lui, H vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. (Matthieu 3:11.) Le baptême chrétien est aussi un signe de repentance, de retour à Dieu, apportant le pardon des fautes, mais surtout la puissance de la régénération par l'Esprit (voir Actes 2 : 38 ; 1 : 5). Si le baptême de Jean annonçait le salut, celui du Christ actualise une rédemption acquise par le sang de l'Agneau de Dieu au calvaire. Le baptême chrétien, c'est l'immersion en Jésus-Christ, en sa mort (Romains 6 : 3) que le croyant revit (j'allais écrire « mime »), afin de ressusciter hors de la tombe liquide, vivant pour Dieu en Jésus-Christ. (Romains 6 : 11.) Quelle puissance de suggestion dans ce rite si dépouillé ! Justement trop suggestif, cet engagement d'une bonne conscience envers Dieu (1 Pierre 3:21)1 Aussi s'est-on empressé de le «miniaturiser» afin de l'escamoter en douceur. Avec le résultat pratique d'avoir fait retourner une bonne partie de la chrétienté au baptême « johannique » de purification rituelle et d'aspersion. Aban donnant pour cela le signe de l'alliance nouvelle et se replaçant sous les rites de la « loi de Moïse », un homme pur prendra de l'hysope, et la trempera dans l'eau ; puis il en fera l'aspersion sur la tente, sur tous les ustensiles, sur les personnes qui sont là... Celui qui est pur fera l'aspersion sur celui qui est impur. (Nombres 19 : 18, 19.) Les pierres des anciens baptistères crient! Elles crient aux croyants désorientés de notre époque de retrouver les sentiers tracés par le Christ et les apôtres. Ces vieilles pierres ne sont-elles pas la voix dont parle le prophète : Tes oreilles entendront derrière toi la voix qui dira: Voici le chemin, marchez-y ! (Esaïe 30 : 21.) Michel Grisier 23 Ton corps est à toi Le livre trônait sur un rayon de bibliothèque chez l’une de mes sœurs. Le titre s’est gravé dans ma mémoire, au point qu’aujourd’hui encore je m’en souviens parfaitement. « Ton corps est à toi ». Lorsque je le voyais, au cours de mon adolescence, je pensais qu’il devait défendre l’idée que ce corps nous appartenant, nous étions libres d’en faire ce qui nous plaisait. Depuis lors, j’ai lu dans l’épître aux Corinthiens que notre corps « est pour le Seigneur ». D’abord, et tout naturellement, par droit de création, ensuite par droit de rédemption. (Voir 1 Corinthiens 6 : 13 et 20.) C’est là probablement une vérité dont les prolongements sont difficiles à accepter par les chrétiens de notre temps. Le christianisme n’est pas seulement une manière de penser. Il est aussi, et avant tout, une manière d’être. Si nous dissocions l’un de l’autre, nous en revenons à l’attitude de ce groupe de personnes dont Jésus disait : « Ils disent, et ne font pas. » Or, notre action, prolongement de notre pensée, ne peut avoir lieu qu’au travers de notre corps. Si nous voulons que notre comportement ait quelque valeur, il faut que l’instrument par lequel nous nous exprimons corresponde à l’idéal que Dieu lui propose. Etes-vous déjà entré dans l’atelier d’un artisan ? Avez-vous déjà vu l’état de ses outils ? Le bon ouvrier soigne ses outils car c’est par eux qu’il va réaliser le projet qu’il a conçu au niveau de la pensée. C’est pour la même raison que le Seigneur nous demande de prendre soin de notre corps. A notre époque, le chrétien se trouve à tout moment assailli par des courants de pensée qui risquent de le placer dans l’impossibilité de mettre son corps au service de Dieu et de son prochain. Pour ne pas avoir été suffisamment vigilants sur le plan de la sexualité, un grand nombre de chrétiens de notre temps se sont disqualifiés. Nous subissons une agression continue sur un plan où, sans une communion permanente avec Dieu, nous sommes particulièrement vulnérables. Il n’y a plus de tabous, et la pornographie elle-même a vu se réduire son champ d’expression puisque, sous le couvert de l’art, l’exhibitionnisme le plus cru a trouvé maintenant droit de cité. Dernièrement, un téléspectateur demandait, par l’intermédiaire d’une revue spécialisée, « qu’une des trois chaînes porte en permanence le carré blanc et puisse passer ainsi tous les spectacles et films contemporains. C’est-à-dire vivre en 1980. » Je serais assez porté à soutenir une telle proposition. Cela nous permettrait au moins de pouvoir, en famille, assister en toute quiétude à des programmes sans risquer, à tout instant, d’être transformés en voyeurs. Il n’est certes pas question de retourner à l’ignorance des siècles passés. La sexualité, dans le plan de Dieu, doit trouver son plein épanouissement dans le cadre du mariage. Un sexologue disait dernièrement dans une interview à « Paris-Match » que « l’Eglise énonce des inepties antédiluviennes en ce qui concerne la limitation des naissances, le divorce, l’interruption de grossesse, l’adultère, la masturbation, l’homosexualité. Toutes choses pour lesquelles elle n’a pas à donner son avis. L’opinion des prêtres, on la connaît. Ils pensent que la sexualité, c’est mauvais. Le sexe, c’est mauvais. » Je laisse naturellement à ce spécialiste la responsabilité de ses déclarations. Mais, pour beaucoup de nos concitoyens, l’Eglise et le christianisme, c’est tout comme. Or, la Bible ne condamne pas la sexualité. L’homme et la femme ont été créés par Dieu tels qu’ils sont, et les relations qui existent entre eux, dans le mariage, sont devenues dans le langage biblique une image de la merveilleuse communion qui doit exister entre le Christ et son épouse, l’Eglise. La prétendue libération sexuelle contemporaine correspond étrangement à ce que la Bible appelle l’impudicité. Elle dégrade l’homme, car elle fait du plaisir dans la sexualité l’objectif à rechercher à tout prix. Toujours à la poursuite de nouvelles sensations, l’homme est asservi et conduit à s’abaisser de plus en plus à force d’être insatisfait. La sexualité voulue de Dieu est un moyen d’exprimer le véritable amour. C’est sur ce plan que la prétention actuelle de ne pas mettre de limites à l’expression de la sexualité est en opposition directe avec le cœur même du christianisme. Jésus a dit : Lefils de ïhomme est venu... pour servir (Marc 10 : 45). Il a dit aussi : Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir (Actes 20: 35). L’esprit de sacrifice qui caractérisait notre Maître n’a rien à voir avec la prétention d’avoir, coûte que coûte, droit au bonheur, même s’il faut pour cela écraser les êtres qui nous sont les plus proches. En relisant ce papier, je me rends compte que beaucoup lui trouveront un ton moralisateur. Et la morale n’est pas à la mode ! Mais n’est-ce pas pour avoir voulu être à la mode que bon nombre de chrétiens ont fait du christianisme une religion à l’eau de rose qui finit par ne plus exercer d’attrait sur personne ? Ceux qui ne veulent suivre que les impulsions de leur corps n’y trouvent pas leur compte, pas plus que ceux qui aspirent à une vie de pureté conforme à l’enseignement du Christ. ■ Georges Vandenvelde 24 (COMPRENDRE-) Genèse 1 : 14-19 DES LUSTRES AU PLAFOND DU CIEL Elohim dit : « Des lustres seront au plafond des cieux, pour séparer le jour de la nuit. Ils seront pour les signes et les temps et les jours et les ans. Ce seront des lustres au plafond des cieux pour éclairer la terre. » Et c’est ainsi. Elohim fait les deux grands lustres, le grand lustre pour le gouvernement du jour, le petit lustre pour le gouvernement de la nuit, et les étoiles. Elohim les donne au plafond des cieux, pour éclairer la terre, pour gouverner le jour et la nuit, pour séparer la lumière de la ténèbre. Elohim voit : ô, le bien ! Et c’est le soir et c’est le matin : quatrième jour. Genèse 1 : 14-19 (Traduction André Chouraqui) « Forte atmosphère antimythique : les astres ne sont que des créatures dépendantes de la volonté créatrice et organisatrice de Dieu. L’expression,, luminaires”, qui veut dire ,,lampes”, est volontairement prosaïque et dégradante. » g. VON R AD, La Genèse, Genève, 1968, p. 52. S'il est un texte démythologisant dans la Bible, c'est bien le chapitre premier de la Genèse, à propos du thème de la lumière. Ce n'est pas pour rien en effet que l'auteur place l'apparition de la lumière au premier jour alors que, quelques lignes plus loin, il réserve pour le quatrième jour le récit de la création du soleil, de la lune et des étoiles. Comment expliquer cette inversion apparente? Là encore, deux attitudes extrêmes s'opposent. Ceux qui s'en tiennent au niveau du renseignement pourront choisir l'une ou l'autre. — Ou on dira que c'est absurde, et que la lumière, sur la terre, ne saurait venir que du soleil. Qu'aussi bien l'existence de la planète Terre implique nécessairement celle du Soleil d'après les lois de la gravitation universelle. Que le mot jour lui-même n'a de sens qu'en relation avec la rotation de la terre autour du soleil et que, en bonne logique, on doit donc admettre que ce dernier existait avant le quatrième jour, etc. Ceux-là concluront que le récit n'a pas de valeur et qu'il faut le rejeter. Erreur de raisonnement : c'est jeter le bébé avec l'eau du bain. 25 Distinction entre le Créateur et le créé — Ou bien on s'efforcera de justifier l'exactitude du récit en soulignant que pour Dieu rien n'est impossible. Que la lumière peut provenir d'une autre source que le soleil. Que le texte se place peut-être au point de vue « terrestre » et que le soleil (comme la lune et les étoiles) existait déjà mais n'était pas visible de la terre, caché qu'il était par quelque écran... Tout cela, à notre sens, ne répond que très partiellement et imparfaitement aux objections précédentes et ne résout rien. C'est la voie que nous choisissons. Car il nous faut descendre du texte vers nous, vers l'enseignement que l'auteur a voulu faire passer par lui, au lieu de tenter l'impossible gageure de remonter du texte vers une réalité, vraie sans doute mais nécessairement inaccessible. Et qui de plus serait probablement pour nous assez peu signifiante. Nous examinons le texte pour en saisir la leçon, et non plus pour en tirer quelque information tout juste propre à satisfaire une curiosité de mauvais aloi. Quelles leçons l'auteur a-t-il voulu enseigner à partir du thème de la lumière ? «Que la lumière soit... et la lumière fut » Immédiateté de la création. Dieu dit, et cela existe. L'auteur fonde dès les premiers mots une nouvelle conception du monde. Une conception qui démythologise. Même par anticipation, si l'on peut dire. En effet, la plupart des penseurs de l'Antiquité se sont heurtés au difficile problème de l'un et du multiple. Comment peut-on passer de l'un au multiple sans qu'il y ait dégradation ? Comment passer du Créateur au créé sans qu'il y ait émanation ou diffusion ? Ainsi, pour la philosophie platonicienne, la multiplicité ne peut être que dégradation de l'unité originelle. C'est aussi la réponse de bon nombre de religions orientales pour lesquelles tout est sorti de l'un et devra un jour y retourner. Pour ces philosophies et ces religions, la lumière est divine mais, dispersée, elle affaiblit la qualité de l'un originel. La lumière, émanation divine... La matière, dégradation de Dieu et principe mauvais... Autant d'erreurs funestes éradiquées par notre texte. Car il apporte un nouvel ordre des valeurs : la transcendance du Créateur. L'idée de création telle qu'on la trouve dans la Bible établit, face à tous les panthéismes et à toutes les gnoses passées, présentes et à venir, la dictinction fondamentale entre le Créateur et le créé. Dieu parle... et cela est. Etonnant renversement des perspectives. Dieu est le Tout Autre, mais un Tout Autre qui parle. Pour l'Hébreu il n'y a pas ici séparation entre la parole et l'acte. H dit, et la chose arrive. (Psaume 33 : 9.) Ici, le Tout Autre, extérieur à sa création, mais cependant attentif à elle, reste proche et agissant. L'auteur veut dire ici que la lumière est bonne (comme toute la création), mais qu'elle n'est pas pour autant divine : elle est de Dieu. Il veut dire que le soleil, la lune et les étoiles sont des moyens seconds par lesquels Dieu dispense sa lumière : la preuve, c'est qu'ils ne figurent qu'au quatrième jour. Il veut affirmer la souveraineté totale de Dieu envers tout ce qui est, même envers cette lumière impalpable, si souvent divinisée. Démythologisation des astres En indiquant que Dieu créa « par sa parole», le texte dépouillait la matière, le monde, la « nature » de tout pouvoir, de toute puissance, de toute divinité. Face à Dieu, au commencement, il n'y avait rien. C'est là une démythologisation de taille : la puissance de Dieu est personnelle. Se trouve ainsi rejetée toute conception panthéiste, mythique ou mystique de la nature ou de l'immanentisme. Contrairement à ce qui se passait dans toutes les religions anciennes, la nature n'est pas créatrice. Elle n'est qu'un produit de Dieu. C'est 26 particulièrement le cas pour les astres et les planètes : le soleil, la lune et les étoiles. Le soleil En Egypte, le dieu-soleil, Râ ou Ré, était l'un des plus grands dieux du Panthéon. Au Moyen Empire les prêtres d'Héliopolis tentèrent même une synthèse religieuse faisant de Râ le dieu suprême, englobant tous les autres. Lorsque la faveur populaire se porta de plus en plus sur le dieu des morts Osiris, qui apportait l'espoir d'une survie à tous dans l'au-delà, on assimila même Osiris à Râ. Ainsi le dieu-soleil récupérait-il toutes les dévotions aux morts, toute la faveur dont jouissait Osiris auprès des masses populaires avides de salut personnel, de survie et de mystère. Aussi la place du soleil était-elle grande dans la religion égyptienne. A tel point que le pharaon Akhénaton, au 14e siècle avant notre ère, tenta d'imposer un monothéisme solaire. Cette révolution théologique échoua pour des raisons à la fois sociales et politiques. Elle est cependant significative de l'extrême faveur dont jouissait le soleil dans la religion égyptienne. Il en allait de mêmedans beaucoup de religions antiques, même les plus avancées. La religion chaldéenne, par exemple, fit pendant un certain temps du soleil le centre du monde. Platon et Aristote, les plus célèbres philosophes de la Grèce antique, insistaient sur le caractère sacré du soleil, image du dieu invisible. A Rome même, les empereurs renforcèrent le culte impérial en prétendant être l'émanation du soleil. Ils prirent le titre de sol invictus (soleil invincible). A la fin du Haut Empire romain, le sol invictus finit par englober ou résumer tous les dieux. Même la religion babylonienne, davantage centrée sur la lune, lui assigne cependant une place de choix. Shamash, le dieu-soleil des Babyloniens, était l'objet d'une assez grande faveur car il avait pour fonction de protéger les voyageurs, de «mettre en lumière» les fautes des hommes au jour du jugement et surtout il était le dieu des devins. Nous touchons là un point important, car la divination occupait chez les peuples anciens, notamment au Proche-Orient, une place prééminente. C'est la raison pour laquelle de nombreux rituels et formules de prières à Shamash nous sont parvenus. Beaucoupglorifientcedieu de la divination. On lui apporte des ani-mauxpursque l'on éventre pour« lire l'avenir» dans leurs entrailles ou dans leur foie. On voit donc le lien qui existait entre le soleil et la divination. Or ce désir d'interroger l'avenir, si fondamental dans toutes les religions anciennes, se retrouve encore de nos jours, si l'on en juge par l'incroyable faveur dont jouissent, même à notre époque prétendue scientifique, les cartomanciennes, devins, voyantes et astrologues. Ce n'est pas pour rien que l'un d'entre eux se nomme Madame Soleil. Il y aurait lieu, Soleil et divination actuellement, de se livrer sérieuse démythologisation domaine. à une en ce Fotogram C'est précisément ce que propose la Bible. Elle ôtait au soleil toute vertu divine en ne lui laissantque le rôlede Le petit lustre Giraudon Koudourrou de Melishipak II (1190-1175 avant Jésus). Cette pierre noire représente une donation faite par le roi de Babylone à une princesse. Les grands dieux sont les garants de cette donation : Ishtar (étoile à huit branches), Sin (croissant lunaire), et Shamash (disque solaire). simple agent subalterne, agent naturel choisi par Dieu pour éclairer la terre. Un simple objet lumineux. Radicale démythologisation du soleil à destination d'un peuple sorti d'Egypte et à une époque où il était en passe de devenir le dieu principal, sinon le seul dieu. D'un peuple qui allait vivre en contact avec les civilisations de Babylone et de Canaan pour lesquelles le soleil était le dieu de la justice, de la divination, le régulateur du destin. Le soleil, d'après la Bible? Une grosse lampe. Rien de plus. Créé par Dieu pour éclairer les hommes. La lune Il en va de même pour la lune. Si en Egypte elle n'a pas joui d'une très grande faveur, par contre en Mésopotamie le dieu-lune Sin occupait un rang supérieur à Shamash le dieu-soleil. Pour les astrologues, si nombreux alors (mais peut-être moins qu'à notre époque), les oracles de Sin l'emportent sur ceux de tous les autres astres. Sa lumière plus douce guide les voyageurs. De plus, on avait associé la lune à l'idée d'un renouvellement perpétuel, d'une renaissance. A la pleine lune succède un faible croissant qui se remplit progressivement. C'était l'image de la vie. Le cycle périodique. Aussi les Akkadiens appellent-ils la lune (Nan-nar dans leur langue) « le prince des dieux», «le plus grand», «le père créateur qui engendre tous les êtres vivants». Shamash, le soleil, n'est que son premier-né. C'est la lune qui fixe le destin des hommes, qui fonde leur caractère. Ne dit-on pas encore d'une personne qu'elle est lunatique? Le culte de Sin était l'un des tout premiers en Mésopotamie. Là même où vécut Abraham, à Ur, dans le pays de Sumer, le dieu Sin était adoré comme l'une des principales divinités de la ville. Ur était le premier sanctuaire de cette divinité. Après Ur venait Charan, au nord du pays. Cette route d'Ur à Charan, suivie par Abraham d'après la Bible, était précisément une route de pèlerinage, jalonnée de sanctuaires dédiés au dieu Sin. Voilà qui rend plus plausibles les affirmations de la Bible, de la tradition juive et de Flavius Josèphe selon lesquelles le père d'Abraham, idolâtre, était de plus fabricant et marchand d'idoles. Il devait vendre, de sanctuaire en sanctuaire, sur cette route des pèlerinages, les statuettes ou les amulettes dédiées au dieu Sin. A la manière des marchands d'objets de piété à Lourdes ou en d'autres lieux de pèlerinage... et de commerce. On comprend alors l'utilité d'une démythologisation. Si elle ne fut pas efficace pour le père d'Abraham (s'il connaissait déjà le texte de la Genèse), elle devait l'être plus tard pour ses descendants qui allaient préserver le peuple choisi par Dieu de la tentation renouvelée qui s'appelait divination, connaissance du destin, lecture dans les astres, dans les animaux, dans la lune. Fascinante tentation, puisqu'elle s'exerce encore de nos jours et fait des ravages dans notre société dite avancée, à un point que l'on peut difficilement imaginer. Jusqu'aux plus hauts niveaux de nos milieux scientifiques et politiques. Contre tout cela, déjà, la Bible démythologisait. Pour les anciens et pour nous. La lune? Un objet lumineux et rien d'autre. Objet que Dieu a placé là pour qu'il éclaire la nuit. Soleil et lune ne sont rien en eux-mêmes, rien d'autre que des lampes. Et la Bible accentue encore la démythologisation en ne les nommant même pas ! Car pour les Anciens le nom appelle l'existence. Nommer le soleil, la lune dans ce contexte eût été un peu ambigu, et aurait laissé supposer, malgré le mépris où on les tient, qu'ils «sont» quelque chose. Aussi l'auteur ne leur donne-t-il pas de nom. Le texte de la création ne mentionne effectivement ni le soleil ni la lune. Certes, nous comprenons que c'est bien d'eux qu'il s'agit : le soleil est appelé «le plus grand luminaire», la lune «le plus petit luminaire» (Genèse 1 : 16). C'est évident, mais il est plus évident encore que, par cette absence de nom, l'auteur du texte pousse à son 28 point ultime la démythologisation des astres, si pieusement adorés par les Anciens et qu'il réduit à n'être que des objets destinés à éclairer la terre et à rappeler que Dieu est le Créateur de tout cela. Les étoiles Les étoiles sont plus maltraitées encore. Pour les Anciens les étoiles étaient des divinités secondaires, parfois la matérialisation d'esprits errants que les dieux avaient en quelque sorte «assignés à résidence» dans ces espaces célestes. Dans VEnuma Elish, le dieu Mardouk crée l'univers et il assigne aux dieux un espace, un stationnement où leur réplique astrale pourra se mouvoir. (Enuma Elish, 5e tablette, vers 1-5.) Certaines traditions secrètes, même au sein du judaïsme et plus tard du christianisme, faisaient des étoiles le refuge des démons, des esprits impurs et des morts sans sépulture. Leur rôle dans la divination date de cette époque. Il est loin d'être achevé. Inutile d'insister à nouveau sur la prolifération inquiétante des horoscopes auxquels les «esprits forts» affectent parfois de ne pas croire mais qu'ils consultent tout de même en période de crise... on ne sait jamais ! Notre époque inquiète a besoin d'être rassurée sur son destin. L'homme moderne ne croit plus en Dieu : il croit aux étoiles ! Il a cette stupéfiante naïveté de mettre sa confiance dans des astres qui régiraient notre destinée, et ne croit plus en Celui qui les a créés. Démythologisation génésiaque, viens au secours de ce siècle incroyant, mais crédule ! D'une crédulité plus grande qu'elle ne l'a jamais été. // fit aussi les étoiles, dit le texte (Genèse 1 : 17). Une petite phrase lapidaire. Presque une parenthèse. Une phrase dont la brièveté fait penser à une boutade ou à une réflexion ironique... La démythologisation de la Genèse, pour être radicale, ne manque pas d'humour pour autant. *** Que penser alors de ceux qui ratiocinent autour de ce texte, argumentant ici ou là sur le quatrième jour et sur la possibilité ou l'impossibilité d'avoir des jours sans lumière ou de la lumière sans soleil ?... La Genèse démythologise en ce qu'elle ruine l'édifice des faux dieux de l'époque ancienne : soleil égyptien, grec, romain, sol invictus des empereurs, soleil divinisé de Mithra, lumière divine du mazdéisme, soleil divinisé encore de nos jours dans les mythes renouvelés d'un snobisme celte, très à la mode depuis un ou deux ans. Lune de Mésopotamie, génitrice des dieux, dispensatrice de la vie et du destin des hommes..., vous n'êtes rien. Seulement des objets créés par Dieu. Lui seul a fixé votre marche ; vous êtes assujettis à des lois rigoureuses qui expriment la volonté d'un Dieu d'ordre. D'un Dieu qui, entre autres choses, «fit aussi les étoiles», que notre génération incrédule et naïve interroge pour connaître son avenir au lieu de se tourner vers Celui-là seul qui peut le lui dire. Qui le lui dit, dans la Bible. Il y aurait encore beaucoup à faire, à partir du texte de la Genèse, pour démythologiser même notre mentalité contemporaine. Car il y a, de nos jours encore, des adorateurs du soleil. Des adorateurs de la lune. Directs ou indirects, depuis ceuxqui lesdivinisentjusqu'à ceux qui leur attribuent des pouvoirs quasi magiques, liés au destin ou à l'avenir. Il faut continuer à démythologiser. Non pas la Genèse, comme on n'a cessé de le dire chez les théologiens, mais bien nos esprits. Nous traînons encore en nous les restes de vieux fantasmes, les traces d'anciennes mythologies. Et nous y croyons plus que nous ne le pensons. La Bible, déjà, s'attaquait par ce texte à ces superstitions anciennes mais toujours actuelles. Il faudrait s'efforcer d'expliquer ce qu'elle veut dire à ceux qui « ont des oreilles pour entendre ». Jean FLORI Extrait de Genèse ou l'antimythe. L'homme moderne ne croit plus en Dieu: il croit aux étoiles! 29 __________________________ |î Un petit air dans la tête Joe était parachutiste, et son rôle était de sauter depuis le ciel dans le feu de la bataille. J’étais assis à côté de lui dans l’avion qui me conduisait à l’hôpital où j’étais médecin. Joe, lui, allait rejoindre sa section de paras pour une nouvelle intervention. Joe était le type le plus médiocre, le plus grossier, le plus coriace des parages. Il crachait le plus fort et jurait en trois langues. 11 avait même inventé quelques jurons inédits de son propre cru ! Pendant trois heures je l’ai regardé et écouté, me demandant si Dieu pouvait aimer quelqu’un comme lui. Franchement, j’étais bien content quand le vol fut terminé. Les missions de Joe étaient très périlleuses. Un jour il fut pris et emmené par les Viêt-congs dans un camp de prisonniers. A cause de son attitude peu coopérative, il se retrouva vite au cachot. C’était vraiment dur d’être prisonnier de guerre. Il n’y avait pas assez à manger, et le peu qu’il y avait était mauvais. Les conditions étaient presque indescriptibles. Et au cachot c’était encore pire. La cellule de Joe était minuscule, sombre, chaude, puante et humide. On le nourrissait de riz cuit à l’eau sans sel et d’eau croupie qui le rendait souvent malade. Il devait dormir à même le sol, menacé par les rats, les serpents et les insectes. Pire que tout, il n’avait rien à faire, et personne à qui parler ! Joe était d’un tempérament actif, et dans cette petite cellule il devint comme un fauve en cage ! Après plusieurs semaines il se dit : « Je vais devenir fou ! Et c’est justement ce qu’ils veulent. Je dois faire quelque chose, mais quoi ? » Tandis qu’il était assis là une mélodie lui vint à l’esprit. Elle remontait de son enfance. Il se mit à la fredonner, n’en connaissant ni les paroles ni le titre. Où avait-il bien pu l’entendre? Alors quelque chose se produisit qui le sidéra. Non loin de lui une voix se mit à chanter les mots de cette mélodie : « Prends le nom de Jésus avec toi, Enfant de misère et de peine, Il te donnera réconfort et joie, Prends-le donc, quoi qu’il advienne... » Quelqu’un d’autre était enfermé à côté et connaissait sa chanson ! La voix était éraillée et monotone, mais pour Joe le solitaire elle ressemblait à celle d’un ange. Il écouta attentivement les paroles tout en s’attendant à ce qu’un garde vienne faire cesser le chant. Aucun garde ne vint. La voix reprit un autre chant : « Là-haut sur la colline, Une croix se dessine... » Joe reconnut aussi cet air. Ces airs, il les avait entendus lorsque, petit garçon, il accompagnait grand-papa à l’église. C’était il y a bien longtemps ! Et il n’avait jamais pensé à Dieu depuis. Pendant plusieurs jours Joe écouta la voix. Il apprit par cœur les mélodies et les paroles. Il était heureux de l’initiative de l’autre prisonnier. Il n’osait pas chanter en même temps que lui, de peur d’être suspecté. Une semaine plus tard la voix cessa. L’autre prisonnier avait probablement été relâché. Joe décida d’essayer de chanter à son tour. Très discrètement au début. Sa voix de basse s’enhardit. Joe chantait bien et les autres prisonniers écoutaient avec étonnement. Ceux qui le connaissaient ne pouvaient se l’imaginer chanter des cantiques ! Pourtant jour après jour il était comme une station de radio évangélique. Bien entendu les autres prisonniers ne laissaient pas voir qu’ils l’entendaient, de peur qu’on le fasse cesser. La nuit Joe répétait les paroles, et pour la première fois de sa vie il se mit à penser sérieusement à Dieu. Tout ce qu’il savait de lui était ce que disaient ces chants. Une nouvelle série de combats eut lieu et avec elle un nouveau contingent de prisonniers arriva. Joe fut libéré de sa cellule solitaire parce que celle-ci devait être occupée par un prisonnier plus important. Joe avait l’impression d’avoir changé. Sans savoir ni pourquoi ni comment quelque chose était différent, et mieux. Une idée mûrit parmi les détenus : faire un recueil des chants du camp. Ils avaient le temps. Ils réunirent des bouts de papier et des crayons de diverses provenances. Et ils découvrirent que cette occupation était plus qu’un passe-temps, elle préservait leur équilibre mental. Il fallut les efforts combinés de plusieurs pour se rappeler les paroles des différentes strophes : juifs, catholiques, protestants, tous s’y mirent. Chaque groupe religieux était surpris de la beauté de la musique des autres groupes. Pour Joe ces chants avaient un caractère particulier : par eux il apprenait l’amour et la puissance de Dieu. Quand il fut libéré et rentra à la maison, il avait changé. L’Esprit de Dieu travaillait dans son cœur. Mais jamais il ne sut qui était le prisonnier qui avait chanté le premier. É Dawn Hoener (Traduit de Guide, 13.02.80.) 30 André FROSSARD, L'Art de croire, éditions Bernard Grasset, Paris, 1979. Un livre broché, format 13 X 21,5, 175 pages. Lorsque le Fils de l'homme reviendra, trouvera-t-il de la foi sur la terre ? Face à cette question, on ne s'interrogera pas uniquement sur le contenu de la foi, mais aussi sur la manière de croire. Beaucoup prétendent avoir perdu la foi alors même qu'ils ont modifié leur manière de croire. Qu'ont-ilsdoncperdu ? La fraîcheur, l'innocence, la pureté du regard, le sens du mystère... Cette foi qu'ils considèrent perdue a été reprise et donnée à d'autres, au soleil ou au vent (p. 124, 125). Croire est un art. En tant que tel on se laissera interpeller par l'Amour, la lumière, la joie et l'Esprit. On ne se figera point dans un credo, mais on « donnera congé à ses propres pensées» afin de laisser agir en nous l'Invisible. Croire, c'est désencombrer notre « boîte crânienne » pour être attentif ; c'est apprendre à voir Dieu dans son œuvre ; c'est découvrir que la «grandeur est un attribut de l'effacement ». Croire fait de nous un de ces pauvres de l'Esprit, à l'écoute du Fils. Lui, sans lequel nous n'aurions jamais compris que l'infini vient à la rencontre du fini ; que l'Eternel se donne à l'éphémère ; que le sublime se laisse attirer par l'indigence ; que la Vérité est une personne, qui aux noces de Cana ne produit pas un discours, mais le vin. Croire est un art. Il nous révèle qu'aucun être n'existe par soi ou pour soi. Quand je dis «je crois», je me place en lui ; nous transitons par son mystère, nous participons à son message — à sa Parole. Nous l'accueillons comme Abraham, Moïse ou David ; et nous prenons conscience de l'obscurité dans laquelle nous nous sommes laissés dépérir. André Frossard, en nous livrant ses réflexions, nous invite à reconsidérer notre compréhension de Dieu et de son mystère. Si nous devions conserver une phrase de cet ouvrage, nous dirions : Et croire, c'est apprendre à penser comme Dieu (p. 12). Ruben Bany Léon SCHWARTZENBERG et Pierre VIANSSON-PONTÉ, Changer la mort, éditions Albin Michel, Paris, 1977. Un livre broché, format 15,5 X 24,5, 260 pages. Ce n'est pas un livre, c'est un cri ! Ou plutôt deux : celui d'un médecin cancérologue et celui d'un journaliste de renom. Ces deux auteurs, dans une alternance pathétique, crient leur angoisse devant le cancer et le nouveau genre de mortqu'il provoque : une mort en sursis, plus pénible encore que l'accidentelle. Le premier est pétri par son expérience professionnelle, le second l'est par sa longue crainte du cancer * (aujourd'hui, dans nos pays occidentaux, un être humain sur quatre est atteint par ce mal, à un moment ou à un autre de sa vie I). Une longue familiarité avec cette mort, souvent lente, qui termine l'action du cancer, n'a pas endurci le Dr Schwartzenberg ; au contraire, sans doute l'a-t-elle rendu plus humain encore. C'est pourquoi nous l'écoutons avec d'autant plus d'attention. La « lenteur » avec laquelle progresse la bataille contre le cancer n'a pas découragé Pierre Viansson-Ponté. Il semblemêmequ'elle l'a stimulé. Et notre journaliste de trouver les accents justes, souvent aigus pourtant, pour exprimer son horreur du « Mal », pour proposer des réformes qui hâteraient, peut-être, la victoire finale. Il faudrait pouvoir « changer la mort», suggèrent nos deux auteurs. D'ailleurs, celle-ci n'est-elle pas déjà en voie de transformation, sous nos yeux, à la suite de nos prodigieux progrès techniques, des changements de mœurs qui en découlent? Changer la mort pour tous, en particulier pour les cancéreux qui voient celle-ci venir de loin et trop tôt, souvent, dans la vie. Mais comment? A l'aide de quel nouvel humanisme? Ici, nous restons sur notre faim car nos auteurs ne précisent pas leur pensée. Ils se gardent d'empiéter sur la spiritualité, sur la métaphysique, sur la religion qui ne sont pas leurs domaines. Pourtant, ils frôlent souvent ceux-ci... Ils se limitent à travailler à la disparition du cancer, à la souhaiter ardemment. Ils aspirent à voir se lever le jour où beaucoup plus d'êtres humains aborderont la mort avec davantage de sérénité, après une existence bien remplie. Changer la mort ? La question reste ouverte, comme la Bible, chez vous, peut-être ! En tout cas, nous le souhaitons. Vous y lirez alors, entre autres, cette parole de saint Paul : Le dernier ennemi qui sera détruit, c'est la mort. (1 Corinthiens 15 : 26.) Tant il est vrai qu'aujourd'hui comme hier, comme avant-hier, la mort reste notre ennemie n° 1, quoi qu'on en dise... ■ Jules Boureau * Depuis la parution du livre, Pierre Viansson-Ponté est mort du cancer le 7 mai 1979. 31 (PARMI LES LIVRÉS) Paul F. KIENE, Le Sanctuaire de Dieu dans le désert de Sinaï, Strasbourg, éditions Echos de la joie, 1978. Un volume relié, grand format (19X26,5), 160 pages, 32 illustrations en couleurs. Voici un ouvrage luxueux consacré à la description du sanctuaire que les Israélites construisirent sous la direction de Moïse dans le désert du Sinaï. C'est un sujet rarement abordé. Nombreux sont les lecteurs de la Bible qui, lorsqu'ils arrivent aux passages des livres de l'Exode et du Lévitique concernant ce sanctuaire et les services religieux qui s'y déroulaient, sautent ces textes pour aller droit aux parties narratives concernant la traversée du désert. A cause de leur aspect technique ces textes sont, il est vrai, plutôt rébarbatifs. C'est pourquoi l'effort de l'auteur de ce livre est appréciable. Tout d'abord il a réalisé une maquette, aussi fidèle à la description biblique qu'il est possible. Cette maquette,il l'a agrémentée de personnages et d'animaux qui permettent une mise en scène réaliste de ce qui devait se passer dans ce sanctuaire. Ensuite, il a pris une série de très belles photographies en couleurs de cette maquette jusque dans ses moindres détails pour illustrer son livre et constituer une série de 56 diapositives que l'on peut se procurer en même temps que le livre. Ces images sont accompagnées d'un texte en gros caractères aérés. Chaque élément du sanctuaire y est décrit en détail et accompagné de renseignements sur les matériaux utilisés et les techniques artisanales employées pour les travailler. En plus, l'auteur propose une interprétation : tout dans ce sanctuaire parlait à l'avance de Jésus, le Christ, le Sauveur, à la fois Fils de Dieu et Fils de l'homme. On peut évidemment trouver à redire sur certains détails de cette interprétation, sur la valeur symbolique donnée aux chiffres, mais l'on ne peut que se réjouir de l'existence d'un tel livre. Il aidera certainement jeunes et moins jeunes à se familiariser avec un sujet biblique ardu. Dommage que le texte sente la traduction (l'original a été publié en allemand) et soit imprégné du vocabulaire et de la syntaxe de la version Darby de la Bible. L'usage d'une version plus moderne aurait certainement contribué à rendre cet ouvrage plus accessible à une majorité de lecteurs peu habitués au langage biblique. ■ Bernard Sauvagnat Bruno BETTELHEIM, Survivre, éditions Robert Laffont, Paris, 1979. Un livre broché, format 15,5X24, 502 pages. Les 24 articles ou conférences réunis dans cet ouvrage font état des thèmes favoris de Bettelheim. Survivant des camps de concentration allemands, il y a constaté les processus de dégradation des internés, et, du même coup, s'est donné les clés psychologiques pour survivre (et pour aider les survivants à réintégrer leur identité). C'est le premier thème. Il va de soi que le thème voisin analyse la société de masse, donc totalitaire. La nature effrayante de ce qu'ont vécu les survivants des camps (l'homme victime dépouillé de ses défenses et l'homme destructeur pour le plaisir de détruire) dénonce finalement l'attitude de la classe moyenne d'avant-guerre. Le journal d'Anne Franck est démantelé psychologiquement par Bettelheim ainsi que le procès d'Eichmann. Dans quelles conditions l'individu pouvait-il résister et se battre dans une société totalitaire ? Alors l'auteur aborde le thème de la violence, y compris les problèmes que pose l'urbanisme dans ce domaine. Et Bettelheim en vient tout naturellement à l'éducation. Elle est toujours fondée sur la moralité de la classe moyenne, et celle-ci fonctionne sur la base de la conscience. C'est la peur qui dicte à l'enfant ce qu'il doit ou ne doit pas faire. Si notre affection et notre approbation de parents (ou d'éducateurs) sont garanties à l'enfant quoi qu'il fasse, la peur sera éliminée, mais aussi la morale. A nous de choisir pour éviter un quelconque blocage et notamment le parti pris de l'échec. Rien d'étonnant si l'auteur s'attache à démystifier l'expérience de Summerhill * et lui redonne sa signification originelle : libérer l'enfant de l'angoisse afin qu'il consacre cette énergie à reconstruire sa personnalité déformée. Tout revient, finalement, à s'interroger sur l'importance respective de l'aliénation et de l'autonomie des enfants et de la jeunesse. Il faut en convenir, la culture occidentale, vue au travers des nombreux témoignages de cet ouvrage, révèle ses plus profondes contradictions. Au total, un livre dense, verbeux parfois, touffu même. Mais d'un réalisme constructif pour tous ceux qui aiment la vie et donc les enfants. ■ André Boureau * Voir le livre de A. S. Neill, Libres enfants de Summerhill, Maspero, 1960. 32 M. Riboud/Magnum CONSIDÈRE Jean-Paul Sartre comme un signe des temps. Les romans, pièces de théâtre, films, livres philosophiques, comme la vie de ce penseur de réputation mondiale (ses oeuvres ont été publiées à plusieurs millions d'exemplaires et traduites en 28 langues) sont un reflet du 20e siècle. Comme notre époque, il a rejeté Dieu, mais, assoiffé de liberté, il s'est heurté aux contradictions de l'homme, de la société et du pouvoir. Défenseur de grandes causes (entre autres contre l'antisémitisme) Jean-Paul Sartre a refusé le prix Nobel de Littérature qui lui fut attribuéen 1964. Né le 21 juin 1905, il est mort le 15 avril 1980; il était le fils de la cousine du docteur Albert Schweitzer, médecin missionnaire, prix Nobel de la Paix. •••••••••••••••••••••••• ... N'OUBLIE PAS le 450e anniversaire de la Confession d'Augsbourg. Ce texte est la confession de foi des chrétiens luthériens, qui sont 70 millions dans le monde. Rédigés en 1 530 par le réformateur Philippe Melanch-thon, les 28 articles de la foi luthérienne furent présentés devant la diète impériale d'Augsbourg (Bavière) afin de préciser les points de divergence d'avec la foi catholique. Aujourd'hui, la Confession d'Augsbourg est un sujet important d'échanges œcuméniques, comme l'ont prouvé le Colloque Théologique International de Paris, les 11, 12 et 13 février 1980, et la Commission Mixte Luthéro-Catholique d'Augsbourg, du 18 au 24 février 1980. •••••••••••••••••••••••• ... INVITE ses lecteurs à participer à la Fête de l'Evangile aux arènes de Nîmes, les 7 et 8 juin 1980. Organisée par la revue /ch-thus avec le soutien de l'Alliance Evangélique Française et de la Fédération Evangélique de France, cette fête veut être une manifestation joyeuse de fraternité chrétienne, une occasion de rendre un témoignage clair à Jésus-Christ et de donner un nouvel élan missionnaire pour la décennie 80. Au programme : des chants, des informations, des témoignages, des messages brefs tirés de la Parole Vivante de Dieu. Renseignements : Ichthus-Arènes, Bizac, 30420 Calvisson. ... S'INTERROGE àlasuite de la votation fédérale des 1er et 2 mars 1980 sur les relations de l'Eglise et de l'Etat en Suisse. Le vote portait sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat : 79% ont dit Non et 21% ont dit Oui. Aucun canton ne s'est prononcé pour le Oui, même pas ceux où cette séparation est effective (Genève : 65% de Non ; Neuchâtel : 69% de Non). De cette façon, les Suisses ont remis la décision de cette question aux autorités cantonales et non au gouvernement fédéral. Mais ne vaudrait-il pas mieux que ce soient les chrétiens eux-mêmes qui prennent en charge tous les aspects de la vie de leurs églises? L'union de l'Eglise et de l'Etat est en effet une menace pour la liberté de conscience, l'histoire l'a montré douloureusement et fréquemment. •••••••••••••••••••••••• ... A SITUÉ les 14 396 000 Israélites qui sont dispersés dans le monde grâce à ('American Jewish Year Book : 5 860 900 aux Etats-Unis; 3 135 000 en Israël; 2 666 000 en Union Soviétique; 650 000 en France; 41 0 000 en Grande-Bretagne ; 305 000 au Canada ; 300 000 en Argentine; 150 000 au Brésil ; 118 000 en Afrique du Sud. Ce peuple dispersé reste, malgré toutes les vicissitudes de l'histoire, le témoin de la véracité du Dieu de la Bible. •••••••••••••••••••••••• ...SE RÉJOUIT de la réouverture de la Librairie Biblique d'Alger. Située dans un quartiertrèsfréquen-té de la ville, cette librairie avait été fermée en 1976 sur l'ordre des autorités algériennes. Ses ventes actuelles sont en augmentation, en particulier pour les Bibles en langues des pays de l'Europe de l'Est (russe, bulgare, etc.). Cette librairie fait partie de la chaîne de l'Alliance Biblique Universelle. ...A NOTÉ la déclaration de M. Maxime Gremetz, secrétaire du comité central du Parti Communiste Français et député au Parlement Européen, le 15 février 1980, à l'Agence France Presse : «La lutte des communistes pour interdire le travail le dimanche dans les grands magasins, côte à côte avec les catholiques qui voulaient pouvoir assister à la messe dominicale» est un exemple d'actions communes possibles entre communistes et chrétiens. Aucune raison politique ou sociale ne peut justifier le choix ou la défense d'un jour de repos hebdomadaire à valeur religieuse. Seule la volonté claire de Dieu exprimée dans la Bible peut avoir autorité dans ce domaine. •••••••••••••••••••••••• ...VOUS INFORME qu'il faut exactement 76 heures et 53 minutes pour lire la Bible en entier dans sa traduction finlandaise. Les élèves et les professeurs de l'école privée adventiste de Toivonlina (Finlande) l'ont prouvé en se succédant pour cette lecture à haute voix ininterrompue. Cette manifestation était accompagnée d'une exposition de la Société Biblique Finnoise, et avait pour but d'attirer l'attention de l'opinion publique sur la Bible et d'en faire un enregistrement intégral à l'intention des aveugles. 33 ...REND HOMMAGE au professeur André La-morte, décédé à Marseille le 4 janvier 1980. Né en 1896, André Lamorte était docteur en Théologie et en Lettres, et pasteur des Eglises Réformées Evangéliques. Doyen de la faculté de Théologie d'Aix-en-Provence de 1939 à 1954, il s'est distingué dans la défense de l'inspiration plénière de la Bible et a contribué, en tant que spécialiste de l'Ancien Testament, à la publication du Nouveau Dictionnaire Biblique et de la Bible Segond Scoffield. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont les plus connus sont : La Bible et le Plan de Dieu, Les manuscrits de la mer Morte, La vocation d'Israël et la vocation de l'Eglise, Le Problème du Temps. •••••••••••••••••••••••• ...SOUFFLE dans les voiles du Anne Rodge, le plus ancien voilier norvégien encore en service. Il a 111 ans, mais un équipage très jeune. Grâce à l'idée et au travail passionné de deux frères, Aage et Magne Indahl, il a été transformé en bateau-évangile avec à son bord une exposition et une librairie bibliques patronnées par l'Eglise adventiste de Norvège. Il parcourt inlassablement les fjords et s'arrête dans tous les ports depuis Mandai au Sud jusqu'à Harstad au-delà du cercle polaire. Depuis l'été 1978, il a reçu la visite de plus de 15 000 personnes et été l'objet de nombreuses mentions dans les mass media. De cette façon originale, l'Evangile est annoncé ou rappelé. •••••••••••••••••••••••• ... PRIE pour la paix dans le monde et souhaite que la Conférence des Eglises Européennes y contribue. Cette conférence réunira à Madrid, du 29 mai au 3 juin 1980, 25 personnalités ecclésiastiques représentant les Eglises situées dans les Etats signataires des accords d'Helsinki, et 25 délégués d'organisations non gouvernementales spécialisées dans la recherche de la paix. Cette rencontre a pour but de définir le rôle des Eglises pour le succès de l'application des accords d'Helsinki. •••••••••••••••••••••••• ...SIGNALE la découverte, en Israël, d'un vieux manuscrit biblique, près d'une synagogue, dans la forteresse de Massada. Ce rouleau de cuir enterré par des zélotes, il y a mille neuf cents ans, contient le texte en hébreu des Psaumes 82 et 85. Et ce texte est pratiquement identique à celui de nos Bibles actuelles. •••••••••••••••••••••••• ...APPROUVE l'attribution du Prix des Ecrivains Croyants d'expression française au Père Michel Lelong pour son livre Deux fidélités, une espérance (chrétiens et musulmans aujourd'hui), Paris, éditions du Cerf. Chaque année, ce prix couronne une oeuvre d'inspiration spirituelle et de dialogue authentique entre chrétiens, juifs et musulmans. Le Père Michel Lelong est responsable du Secrétariat pour les relations avec l'Islam, qui publie une Lettre mensuelle et organise des séminaires. Il est aussi connu pour ses chroniques dans le journal La Croix. •••••••••••••••••••••••• ...SOULIGNE l'ouverture d'esprit de la faculté de Théologie de l'Université de Prague (Tchécoslovaquie). A l'occasion de son 50e anniversaire, fêté le 15 décembre 1979, elle a décerné huit titres de Docteur Honoris Causa à des représentants de différentes églises chrétiennes. Le doyen de la faculté, A. Molnar, et le représentant du gouvernement tchécoslovaque, K. Hruza, ont, entre autres, remis ces diplômes à un professeur orthodoxe russe, une femme pasteur protestante allemande, un pasteur réformé suisse, un prédicateur vau-dois italien et un pasteur adventiste tchèque, Oldrich Sladek, président des Eglises adventistes tchécoslovaques depuis 1971. •••••••••••••••••••••••• ...S'INDIGNE de l'assassinat de Monseigneur Oscar Romero, archevêque de San Salvador. Alors que le prélat célébrait une messe dans la chapelle d'un hôpital, il a été abattu par balles le lundi 24 mars 1980. Connu dans son pays comme un défenseur des pauvres et des opprimés, comme un militant pour le respect des droits de l'homme, Oscar Romero avait invité les policiers et les soldats de son pays à ne pas obéir aux ordres contraires à la loi de Dieu : «Tu ne tueras point. » Président de la conférence des évêques de l'Isthme (Amérique Centrale), il était connu dans le monde entier et avait été proposé comme candidat au Prix Nobel de la Paix. Les jurés ont longuement hésité entre lui et Mère Térésa de Calcutta, pour finalement choisir cette dernière. •••••••••••••••••••••••• ...SOUHAITE que les initiatives de la communauté de Taizé contribuent à l'annonce de l'Evangile. Après avoir passé un mois au Chili dans des groupes de rencontres intercontinentales, frère Roger a passé la nuit de Noël dans une prison de Santiago. Il a ensuite rejoint les 15 000 jeunes réunis à Barcelone, du 27 au 31 décembre 1979. Enfin, il a organisé un pèlerinage européen à Séville, le 29 février 1980, avec la traversée de l'Europe de l'Est et de l'Europe de l'Ouest. Toutes ces activités se déroulent dans le cadre de l'option préférentielle prise par la communauté de Taizé en faveur des pauvre et des jeunes. Le président Godfrey Binaisa ... ENCOURAGE la reprise de l'évangélisation en Ouganda. Le président Godfrey Binaisa a proposé de faire de 1980 l'année de la célébration commune par les protestants, les catholiques et les anglicans du centenaire du christianisme en Ouganda. En outre, il propose la construction d'un temple pour honorer la mémoire de Monseigneur Luwum Janan, archevêque anglican assassiné par Amin Dada. Il a décrété le retour des missionnaires qui « n'ont pas seulement proclamé la Parole de Dieu, mais ont également contribué au développement de l'Ouganda ». •••••••••••••••••••••••• Le 8 juin 1980 sera le Jour du Christ en Suisse. Une grande rencontre chrétienne aura lieu à la patinoire de l'Allmend (10 000 places), à Berne, sous la direction de l'Alliance Evangélique Suisse. Renseignements : 14, rue du Village Suisse, 1205 Genève. 34 lmp. SDT — 77190 Dammarie les Lys — Directeur : A. Garsin — Commission paritaire n° 62536 Le but de cette rubrique est de créer un dialogue entre les lecteurs et la rédaction de « Signes des temps ». Toutes les remarques, critiques, appréciations, suggestions et questions sont les bienvenues. Elles contribuent grandement à la vie de notre revue. Nous répondons à toutes les questions soit par courrier personnel, soit dans les colonnes de cette rubrique, soit même par des articles. « C’est avec joie que je reçois votre journal. J’apprécie votre ouverture à ce qui se passe dans le monde, mais j’aimerais vous signaler une petite erreur dans le petit article sur Mission 80 (Sdt n° 1/80, p. 35). Ce congrès n’a rien à voir avec Billy Graham, tout au plus un stand des films de Billy Graham a participé à la grande exposition qui se tenait en même temps que ce congrès. Le congrès lui-même a été organisé par une équipe de jeunes étudiants qui se réunissent pour prier d’une manière spécifique pour la mission. Cette équipe s’appelle T.E.M.A. (CH-1032 Romanel). » M. M. G. — 67920 Sundhouse. •••••••••• « Les Adventistes du 7Q jour comme les Témoins de Jéhovah affirment que nulle part la Bible ne dit que la loi du sabbat ait fait place au commandement du dimanche. La communauté des chrétiens dit : le passage effectif à la célébration du dimanche ne se comprend que si l’on pense à l’impression extrêmement puissante qu’avait laissé l’événement de Pâques. Dieu n’a pas fait une nouvelle ,,loi” disant qu’il faut fêter le dimanche. Dieu a fait ressusciter le Christ le premier jour après le sabbat qui, dans l’Apocalypse, commence à porter le nom de ,,Jour du Seigneur” (jour du soleil dans l’antique sagesse cosmique). Le dimanche se met lui-même en valeur, il est, pour ainsi dire, un ,,fait mystique”. » — M. et Mme E. — 91580 Etrechy. La majorité des chrétiens tiennent le raisonnement que vous rapportez. Ce raisonnement serait satisfaisant s’il y avait parmi les textes du Nouveau Testament (seul document à notre disposition sur les chrétiens du premier siècle) des mentions de l’effet de l’événement de Pâques sur la célébration d’un jour plutôt qu’un autre. Or, il n’en est rien. Le texte de l’Apocalypse (1 : 10) auquel vous faites allusion dit que la vision de Jean a eu lieu en un jour appelé «jour seigneurial ». Dire que cette expression désigne le dimanche, c’est commettre un anachronisme : transposer dans un texte du premier siècle une signification empruntée aux siècles suivants. Il serait plus correct de chercher sa signification dans les écrits contemporains ou même antérieurs. Or, justement, Jésus a dit : « Le Fils de l’homme est Seigneur du sabbat. » (Marc 2: 28.) Il est donc logique de comprendre que si un jour peut être appelé « seigneurial », c’est bien le sabbat. •••••••••••• dans notre prochain numéro Rencontre avec Gil Bernard. Lire le livre du prophète Nahum. Bible et archéologie : Le centenaire de la découverte du tunnel de Siloé. « Qu'il soit crucifié ! » •••••••••••• abonnez-vous abonnez vos amis à la revue SIGNES DES TEMPS 36 pages tous les deux mois pour mieux comprendre l’actualité du message biblique. France : Editions « Les Signes des Temps », 60, avenue Emile-Zola, 77190 Dammarieles Lys. C.C.P. 425-28 Paris Prix : 33 FF Autres pays : 37 FF Belgique: Librairie «Les Signes des Temps», 11-13, rue Ernest-Allard, 1000 Bruxelles. C.C.P. n° 000-0097525-40 Bruxelles Prix : 330 FB Suisse : Librairie « Vie et Santé », 19, chemin des Pépinières, 1020 Renens/Lausanne. C.C.P. n° 10 402 Lausanne Prix: 18 FS M. Mme Mlle ...................................................................... Prénon..................................................................... Résidence / Escalier/ Bâtiment............................................. Numéro/Rue/Avenue/Boulevard ou Lieu-dit ................................... Commune ................................................................... Code postal ............................................................... Bureau distributeur ou pays ............................................... Je joins à ma souscription un chèque bancaire O un chèque postal Q un mandat international Q pour un abonnement d’un an (6 numéros) à S.d.t.