André FROSSARD, L'Art de croire, éditions Bernard Grasset, Paris, 1979. Un livre broché, format 13 X 21,5, 175 pages. Lorsque le Fils de I'homme reviendra, trouvera-t-il de la ~ foi sur la terre ? Face a cette question, on ne s’interrogera pas uniquement sur le contenu de la foi, mais aussi sur la maniere de croire. Beaucoup prétendent avoir perdu la foi alors méme qu’ils ont modifié leur maniere de croire. Qu’'ont-ilsdonc perdu ? La fraicheur, I'innocence, la pureté du regard, le sens du mystere... Cette foi qu’ils considerent perdue a été reprise et donnée a d'autres, au soleil ou au vent (p. 124, 125). ~ Croire est un art. En tant que tel on se laissera interpeller ~ par I’Amour, lalumiere, la joie et I’'Esprit. On ne se figera point dans un credo, mais on «donnera conge a ses propres pensées » afin de laisser agir en nous l’Invisible. Croire, c'est désencombrer notre « boite cranienne » pour étre attentif ; c'est apprendre a voir Dieu dans son ceuvre; c'est découvrir que la «grandeur est un attribut de I'effacement ». Croire fait de nous un de ces pauvres de I'Esprit, a I'écoute du Fils. Lui, sans lequel nous n‘aurions jamais compris que (PARMI LES LIVRES) I'infini vient a la rencontre du fini; que I'Eternel se donne a I'éphémeére ; que le sublime se laisse attirer par I'indigence ; que la Vérité est une personne, qui aux noces de Cana ne produit pas un discours, mais le vin. Croire est un art. Il nous révele qu’aucun étre n’existe par soi ou pour soi. Quand je dis «je crois », je me place en lui ; nous transitons par son mystere, nous participons a son message — a sa Parole. Nous l'accueillons comme Abraham, Moise ou David; et nous prenons conscience de I'obscurité dans laquelle nous nous sommes laissés dépérir. André Frossard, en nous livrant ses réflexions, nous invite a reconsidérer notre compréhension de Dieu et de son mystere. Si nous devions conserver une phrase de cet ouvrage, nous dirions: Et croire, c'est apprendre a penser comme Dieu (p. 12). Ruben Bany CHANGER LA MORT Léon Schwartzenberg Pierre Viansson-Ponté Léon SCHWARTZENBERG et Pierre VIANSSON-PONTE, Changer la mort, éditions Albin Michel, Paris, 1977. Un livre broché, format 16,56 X 24,5, 260 pages. Ce n'est pas un livre, c'est un cri | Ou plutétdeux :celuid'un médecin cancérologue et celui d'un journaliste de renom. Ces deux auteurs, dans une alternance pathétique, crient leur angoisse devant le cancer et le nouveau genre de mortqu’il provoque : une mort en sursis, plus pénible encore que I'accidentelle. Le premier est pétri par son experience professionnelle, le second I'est par sa longue crainte du cancer * (aujourd'hui, dans nos pays occidentaux, un étre humain sur quatre est atteint par ce mal, a un momentou a un autre de sa viel). Une longue familiarité avec cette mort, souvent lente, qui termine |'action du cancer, n'a pas endurci le Dr Schwartzenberg ; au contraire, sans doute |'a-t-elle rendu plus humain encore. C'est pourquoi nous I’écoutons avec d’'autant plus d’'attention. La « lenteur » avec laquelle progresse la bataille contre le cancer n'a pas découragé Pierre Viansson- Ponté. Il semble méme qu'elle Ia stimulé. Et notre journaliste de trouver les accents justes, souvent aigus pourtant, pour exprimer son horreur du « Mal », pour proposer des reformes qui hateraient, peut-étre, la victoire finale. ll faudrait pouvoir « changer la mort », suggerent nos deux auteurs. D’ailleurs, celle-ci n'est-elle pas déja en voie de transformation, sous nos yeux, a la suite de nos prodigieux progres techniques, des changements de meceurs qui en découlent ? Changer la mort pour tous, en particulier pour les cancéreux qui voient celle-ci venirde loin et trop tot, souvent, dans la vie. Mais comment? A l'aide de quel nouvel humanisme ? Ici, nous restons sur notre faim car nos auteurs ne précisent pas leur penseée. lls se gardent d’'empiéter sur la spiritualité, sur la meétaphysique, sur la religion qui ne sont pas leurs domaines. Pourtant, ils frolent souvent ceux-ci... lls se limitent a travailler a la disparition du cancer, a la souhaiter ardemment. lis aspirent a voir se lever le jour ol beaucoup plus d'étres humains aborderont la mort avec davantage de sérénité, apres une existence bien remplie. Changer la mort ? La question reste ouverte, comme la Bible, chez vous, peut-étre | En tout cas, nous le souhaitons. Vous y lirez alors, entre autres, cette parole de saint Paul : Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort. (1 Corinthiens 15 : 26.) Tant il est vrai qu’aujourd’hui comme hier, comme avant- hier, la mort reste notre n° 1, quoi qu'on en Jules Boureau * Depuis la parution du livre, Pierre VViansson-Ponté est mort du cancer le 7 mai 1979. 31