LES SIGNES DES TEMPS 2 Charles Gerber Notre pain quotidien Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien. (Matthieu 6 : 11.) ÇJETTE phrase de la prière dominicale prend aujourd’hui une signification particulière. Les restrictions qui nous sont imposées nous rappellent la valeur de certains aliments, comme le pain par exemple. Nous sentons au fond de nous-mêmes que nous avons été des ingrats dans les jours d’abondance et que nous avons parfois gaspillé un bien dont nous étions responsables puisqu’il nous avait été donné. Dans ce modèle de prière laissé aux siens, Jésus réserve une place aux besoins matériels du corps humain. Pour satisfaire nos besoins spirituels, pour nous permettre de respirer avec profit l’atmosphère du ciel, certaines conditions physiques de notre existence terrestre doivent être réalisées. S’il est vrai que l’homme ne vit pas de pain seulement, il est vrai aussi qu’il ne peut vivre normalement sans pain. Et lorsqu’il demande à Dieu le pain quotidien, il affirme son droit à la vie, il réclame la satisfaction d’un besoin fondamental, universel, commun à tous les hommes, il se conforme à la loi de sa propre nature, qui est une loi providentielle. Dieu ne veut pas que l’homme meure de faim ou qu’il tombe d’inanition. Il a mis à sa portée tout ce qu’il faut pour qu’il soit répondu chaque jour à ce besoin essentiel. «Le pain soutient le cœur de l’homme», a dit le Psalmiste (Psaume 104 : 15). * * * Nous devons dire : Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien. C’est une invitation aux riches à ne pas thésauriser, à ne pas accaparer aux dépens du prochain, à ne pas gaspiller ni s’adonner à la gourmandise ; et c’est un appel aux pauvres à bannir de leur cœur l’amère inquiétude du lendemain. Ni cupidité, ni souci. Il faut fuir le luxe, simplifier ses goûts, son train d’existence, réduire ses besoins. 11 ne s’agit pas de condamner une certaine prévoyance. Il faut même, jusqu’à un certain point, imiter l’abeille et la fourmi. Notre devoir est d’épargner en vue de certaines éventualités, mais dans les limites du raisonnable et en tenant compte des besoins d’autrui. C’est une erreur de sacrifier le présent au futur, le certain à l’incertain ; cela devient un crime, si je suis chrétien, de sacrifier « la souffrance de mon frère à ma souffrance possible». « La vraie prévoyance évangélique est celle qui calcule attentivement le contre-coup de ses actes sur autrui, et qui s’abstient de mettre deux pains dans son armoire, si elle prive, par là, son frère d’un pain. La vraie prévoyance chrétienne prend pour devise : Donne-nous, aujourd'hui, notre pain. » (W. Monod.) Aujourd'hui : ce jour même et non demain ou après-demain, ou dans un an. Le pain quotidien : (e pain qui suffit à mes besoins, le pain pour ma subsistance. Saint Paul écrit à Timothée (deuxième épître 6 : 6-8) : « C’est, en effet, une grande source de gain que la piété avec le contentement ; car nous n’avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n’en pouvons rien emporter ; si donc nous avons la nourriture et le vêtement, cela nous suffira. » Le sage Agur adresse à Dieu cette requête : « Ne me donne ni pauvreté, ni richesse, accorde-moi le pain qui m'est nécessaire, de peur que, dans l’abondance, je ne te renie et ne dise : Qui est l’Eternel ? Ou que, dans la pauvreté, je ne dérobe, et ne m’attaque au nom de mon Dieu. » (Proverbes 30 : 8, 9.) * * * * Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ! C’est bien vrai : c’est notre pain. L’homme doit fabriquer le pain : semer le grain, le moissonner, le battre, le moudre, cuire la farine. Cet ensemble d’opérations, accomplies par diverses catégories de travailleurs, justifie l’assertion que le pain est l’« œuvre collective de notre race », « la création du genre humain». Quelqu’un l’a fort bien dit: «La boutique du boulanger est le pivot du monde. » Le pain ne tombe pas tout fait du ciel. Il est le résultat du travail de l’homme, de la coopération des hommes. Il devient le symbole de l’unité humaine et de la solidarité sociale. Quand nous disons : Notre pain, nous pensons aux besoins de notre famille, de notre village, de notre patrie, du genre humain. Ou, du moins, nous devrions y penser ! Car, dans la pratique, les droits se substituent aux devoirs, les fofts piétinent les faibles. Les uns accumulent, les autres manquent de tout. Luxe d’un côté, misère de l’autre. Notre pain : cette formule qui parle de collaboration et non de conflit, est-elle comprise des chrétiens ? Les faits répondent : Non. La société tout entière souffre de l’égoïsme individuel, et elle en périra. Que voulez-vous ? C’est la lutte pour l’exis-r tence... il faut bien que chacun « se débrouille » ! Quelle singulière façon d’esquiver les responsabilités ! Toujours la raison du plus fort et l’écrasement des faibles... « La lutte pour l’existence ! voilà donc la savante formule élaborée par la chrétienté dégénérée, après deux mille ans de christianisme, pour justifier le luxe et la misère, c’est-à-dire le régime de l’anarchie... La lutte pour l’existence entre hommes, entre frères, comme entre loups ! » (W. Monod.) Qu’ils sont à plaindre tous ces accapareurs, qui amassent des trésors destinés à la teigne, à la rouille, aux chauves-souris, et que leur avarice sordide éloigne à jamais du bonheur ! Ils ignorent où se trouve la vraie richesse. Qu’ils entendent l’exhortation que leur adresse l’apôtre Paul leur demandant « de faire du bien, d’être riches en bonnes œuvres, d’avoir de la libéralité, de la générosité, et « de s'amasser ainsi pour l'avenir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable » ! (1 Timothée 6 : 18, 19.) « Celui qui a pitié du pauvre prête à l’Eternel, qui lui rendra selon son œuvre. » (Proverbes 19 : 17.) * * * Enfin, dans cette requête, nous disons : Donne-nous... Ce sont les hommes qui fabriquent le pain, LES SIGNES DES TEMPS 15 QJN jour d’hiver, saint François (d’Assise) allait de Pérouse à Notre-Dame des Anges avec frère Léon, et le froid qui était très vif les faisait grelotter ; il appela frère Léon qui marchait un peu en avant et lui dit : « O frère Léon, plaise à Dieu que les Frères Mineurs par toute la terre donnent un grand exemple de sainteté et d’édification ; écris cependant et note avec soin que ce n’est pas là la joie parfaite. » Saint François allant un peu plus loin, l’appela pour la seconde fois : « O frère Léon, si les Frères Mineurs rendaient la vue aux aveugles, guérissaient les infirmes, chassaient les démons, rendaient l’ouïe aux sourds, faisaient marcher les boiteux et parler les muets, ou même ce qui est bien plus, s’ils ressuscitaient des morts de quatre jours, écris que ce ne serait pas là la joie parfaite. » En allant un peu plus loin, il lui cria : « O frère Léon, si les Frères Mineurs savaient toutes les langues, toutes les sciences et les écritures, s’ils savaient prophétiser et révéler non seulement les choses futures, mais même les secrets des consciences et des âmes, écris qu’en cela ne consiste pas la joie parfaite. » Allant un peu plus loin, saint François l’appela encore : « O frère Léon, petite brebis de Dieu, si les Frères Mineurs savaient parler la langue des anges, s’ils connaissaient le cours des astres et les vertus des plantes ; si tous les trésors de la terre leur étaient révélés et qu’ils connussent les vertus des oiseaux, des poissons et de tous les animaux, celle des hommes, des arbres, des pierres, des racines et des eaux, écris que ce n’est pas là la joie parfaite. » Et avançant encore un peu, saint François l’appela avec force : « O frère Léon, si les Frères Mineurs savaient si bien prêcher qu’ils convertissent tous les infidèles à la foi du Christ, écris que ce n’est pas là la joie parfaite. » En parlant ainsi ils avaient déjà fait plus de deux milles et frère Léon, plein d’étonnement, lui dit : « Frère, je vous prie de la part de Dieu de me dire en quoi consiste la joie parfaite. » Et saint François lui répondit : « Quand nous serons à Notre-Dame des Anges, trempés par la pluie, couverts de boue, mourant de faim, nous frapperons, et le portier viendra tout en colère et dira : Qui êtes-vous ? — et nous répondrons : Nous sommes deux de vos frères. — Vous mentez, dira-t-il, vous êtes deux ribauds qui allez séduisant le monde et volant l’aumône des pauvres gens. Partez d’ici ! et il ne nous ouvrira pas, mais nous laissera dehors grelottants dans la neige et dans l’eau glacés, affamés, jusqu’à la nuit. » Alors, si ainsi maltraités et renvoyés, nous supportons tout patiemment sans murmurer contre lui, si nous pensons avec humilité et charité que ce portier véritablement nous connaît, et que Dieu le fait ainsi parler contre nous, ô frère Léon, écris que c’est là la joie parfaite... Au-dessus de toutes les grâces et de tous les dons que le Saint-Esprit concède à ses amis, est la grâce de se vaincre soi-même et de souffrir volontiers pour l’amour du Christ les peines, les injures, les opprobres et les mauvais traitements. » (Vie de S. François d'Assise.) Paul Sabatier. Le signe (Suite de la page 13.) — Monsieur, dit ma maîtresse, nous sommes exténués de fatigue, laissez-nous monter auprès de vous. —■ Allez, montez, mais il n’y a que peu de place, choisissez : la valise sur vos genoux ou le chien. Je vous prie de croire que mon cœur battait la chamade. Moi ou la valise !... Eh bien, simplement, sans hésiter, ma maîtresse abandonne la valise au bord de la route, et me prenant dans ses bras, elle monta. Depuis nous sommes restés dans cette ferme où ma maîtresse a trouvé de quoi gagner sa vie, la valise est perdue, mais chaque matin en me réveillant, je cours vite auprès de celle qui m’a sauvé la vie, — car je gagne ma soupe en gardant les brebis — et je lui dis à ma façon, qu’elle semble comprendre : je t’aime, je t’aime !... Bien sûr, les hommes ont des défauts quelques-uns sont même très méchants, mais la plus belle fleur, la rose, a ses piquants sans cesser pour cela d’être la parure des grâces et la gloire des jardins. Depuis quelques instants, dans le silence tombé soudain, j’entendais un bruit singulier. En regardant attentivement du côté d’où venait cette espèce de claquement, je vis une belle hase avec ses quatre levrauts, qui montrait à ses enfants, les petites racines et les jeunes pousses bonnes à manger. Elle les faisait venir à ses côtés, dès qu’ils s’éloignaient un peu trop, en remuant violemment la tête. Ses longues oreilles produisaient alors un bruit que les petits comprenaient parfaitement. Par ici, disait-elle en son langage, ne vous risquez pas hors du bois taillis, car voici les abeilles qui se hâtent de rentrer à la ruche avec leur butin, c’est le signe certain d’une averse qui vient, et vous savez qu’il ne faut pas risquer la maladie en vous mouillant. En effet, peu de temps après une averse crépita sur les feuilles de l’arbre où nous nous abritions tant bien que mal, Carapatte et moi. —• J’ai peur, disait un levraut, toute cette eau qui tombe va noyer notre terrier, nous n’aurons plus de maison. — Mais non, rassurez-vous enfants, ce n’est pas le déluge, bientôt le soleil reparaîtra, et il fera bon vivre. — Qu’est-ce que c’est que le déluge ? questionna un autre levraut particulièrement éveillé. — Je veux bien vous l’apprendre, mes petits, afin que vous puissiez transmettre à vos enfants ce que nous devons tous savoir, notamment les merveilles des œuvres de Dieu. Un accident est arrivé à l’homme. Il se trompa de route, et au lieu d’atteindre la perfection en suivant le chemin que Dieu lui avait tracé, il se fourvoya complètement en écoutant, je ne sais quel mauvais conseil. Il devint une sorte de monstre. Doué d’une force et d’une intelligence extraordinaires — il était encore tout près de la création et non détérioré, diminué, comme il est maintenant — il était redoutable, méchant, corrompu. Nous ne savons pas quels furent les avertissements donnés par Dieu à cette humanité antédiluvienne. Mais un jour vint où la colère de Dieu s’amassa comme un gros orage qui éclate en fin d’une journée torride, et ce fut le déluge qui emporta tout, noya tout, anéantit tout. Une famille fut cependant sauvée. Noé, homme pieux, et craignant Dieu, ainsi que sa parenté, en tout sept personnes. Mais, nous les bêtes, qui participions avec la terre entière à la destinée de l’homme, nous fûmes conduits par couple, guidés par un ange vers l’arche afin de repeupler la terre après la catastrophe. A la vue du désastre, l’homme fut épouvanté. Sa détresse fut si grande que Dieu, ému de compassion, promit de ne plus jamais désoler la terre par un nouveau déluge. Et lorsque les nuées s’amoncelleront, lorsque tout deviendra noir, menaçant, lorsque les éclairs, le tonnerre et la foudre seront à nouveau déchaînés, soyez sans crainte, je veille, dit l’Eternel, notre Dieu ; levez la tête, regardez, voici le signe de ma grâce, de ma miséricorde : l’arc-en-c’el • Félixe. Le frontispice est une reproduction d’une toile d’Artz, « Chez la grand-mère », photo Braun et Cie. La joie parfaite 14 LES SIGNES DES TEMPS Historicité de Jean-Baptiste et du Christ Que répondre à un professeur d’université quand il enseigne que rien n’établit d’une façon rigoureuse Vexistence de Jean-Baptiste et du Christ ? — A. Posez-lui la question : Croyez-vous qu’Homère a existé ? Il vous répondra : Certainement. — Et croyez-vous que Virgile a existé ? — Sans aucun doute. — Et Vercingétorix ? — Assurément. Et il vous présentera de savantes considérations, d’ingénieuses hypothèses, d’habiles déductions, bref un ensemble de déclarations qui ne valent pas comme preuves la centième partie des quatre Evangiles qui attestent d’une manière formelle et irréfutable l’existence de Jean-Baptiste et du Christ dont ils racontent la vie et les œuvres. On a attaqué — et l’on attaquera encore — les Evangiles, on ne prouvera jamais rien contre leur authenticité. Nier l’existence de Jean-Baptiste, c’est rejeter l’évidence même ; nier celle du Christ, c’est un comble. On n’invente pas l’histoire de Jésus-Christ. Si elle était un mythe, l’inventeur, comme l’a dit Rousseau, en serait plus étonnant que le héros. Celui qui refuse de croire à l’existence de Jean-Baptiste et surtout à celle du Christ doit s’empresser de ne plus croire à l’existence d’Homère, de Socrate, de Platon, de Virgile, de Néron, de Constantin, de Vercingétorix, de Napoléon (mais oui) et peut-être de lui-même. On ne demande pas de preuve de l’existence du soleil, de même on ne révoque pas en doute la vie d’un personnage dont les exploits sont racontés de génération en génération depuis son époque jusqu’à nous sans aucune interruption. Si l’on ne veut pas croire au récit des Evangiles, du moins sera-t-on disposé à accepter le témoignage des adversaires du christianisme, celui d’un Pline le Jeune, d’un Suétone, d’un Tacite pour citer des auteurs païens, et celui d’un Flavius Josèphe, pour parler d’un historien juif... Cet historien, né en l’an 37 de notre ère, a précisément parlé et de Jean-Baptiste et du Christ dans ses Antiquités judaïques, où il fait aussi allusion à la condamnation, par le grand prêtre Ananus, de « Jacques, frère de ce Jésus qui était appelé Christ». (XX, ix, 1) Voici ce qu’il dit de Jean-Baptiste, confirmant et complétant le récit des Evangiles (XVIII, v, 2) : « Plusieurs Juifs ont cru que cette défaite de l’armée d’Hérode était une punition de Dieu, à cause de Jean, surnomlmé Baptiste. C’était un homme de grande piété qui exhortait les Juifs à pratiquer la vertu, à exercer la justice et à recevoir le baptême après s’être rendus agréables à Dieu en ne se contentant pas de ne pas commettre quelques péchés, mais en joignant la pureté du corps à celle de l’âme. Ainsi, beaucoup de gens le suivaient pour écouter sa doctrine. Redoutant l’éloquence et la popularité de Jean, car les Juifs’ étaient prêts à suivre tous ses conseils, Hérode crut devoir prévenir tout mouvement populaire qu’il risquait de susciter et le faire périr, pour n’avoir pas sujet de se repentir d’avoir attendu trop tard pour y remédier. Pour cette raison, il l’envoya prisonnier dans la forteresse du Machéronte dont j’ai parlé plus haut où il fut mis à mort. Les Juifs considérèrent la défaite de son armée [d’Hérode] comme un signe de la désapprobation de Dieu pour une action si injuste. » Le témoignage de Josèphe sur le Christ n’est pas moins intéressant. On ne peut douter de son authenticité — même Renan l’admettait — à condition qu’on le débarrasse des quelques interpolations qu’on y a introduites dans la suite, interpolations d’inspiration chrétienne cela va sans dire, que nous mettons entre crochets dans le texte que nous reproduisons (XVIII, m, 3) : « En ce même temps fut Jésus, homme sage, [si toutefois il faut l’appeler un homme]. Il fit des œuvres extraordinaires, et enseignait ceux qui prenaient plaisir à être instruits [de la vérité]. Il rallia autour de lui beaucoup de Juifs et beaucoup de Grecs. [C’était le Christ.] Bien que Pilate, sur la dénonciation des principaux de notre nation, l’eût condamné à la croix, ceux qui l’avaient aimé durant sa vie ne l’abandonnèrent pas après sa mort. [Il leur apparut le troisième jour vivant de nouveau, comme les saints prophètes l’avaient prédit à son sujet, ainsi que mille autres merveilles.] C’est de lui que les chrétiens que nous voyons encore aujourd’hui ont tiré leur nom. » On sait combien les Juifs étaient opposés au Christ. Ils chercheraient à contester son existence qu’on n’en serait pas autrement étonné. Pourtant le Talmud de Babylone en parle en deux endroits (Sanhédrin 43 et Sanhédrin 107 b). Dans le premier passage, trois disciples sont même mentionnés : Matthieu, Thaddée et Jacques. Chez les auteurs païens, on trouve trois témoignages authentiques sur le Christ, datant tous trois de la fin du premier siècle ou du commencement du deuxième : celui de Pline le Jeune (Lettres, livre X, lettre 97), celui de Suétone (Les Douze Césars, sur Claude, XXV) et celui de Tacite (Annales, XV, 44). Faute de place, nous ne pourrons citer que le dernier. Tacite parle des supplices infligés aux chrétiens sous Néron et évoque en ces mots la figure du Christ : « L’auteur de ce nom, le Christ, avait souffert le supplice, sous le règne de Tibère, par ordre du procurateur Ponce-Pilate. Momentanément réprimée, la funeste superstition se déchaînait à nouveau, non seulement à travers la Judée, le berceau du mal, mais dans la ville même. » Que faut-il de plus ? C. G. SOMMAIRE D’AVRIL 1941 Notre pain quotidien ................. 2 La vérité qui sauve .................. 3 En lisant mon journal ................ 5 Dans le désert africain .............. 6 Double avènement de Jésus-Christ . . 7 Pouvons-nous trouver la paix ? .... 8 La réforme nécessaire ............... 12 Le signe ............................ 13 Coin des questions .. •.............. 14 La joie parfaite .................... 15 Une page d’Adolphe Monod ............ 16 LES SIGNES DES TEMPS Revue mensuelle fondée en 1876 DAMMARIE-LES-LYS (S.-&-M.) Prix de l’abonnement : 1 an 6 mois France et colonies 18 fr. 10 fr. Suisse (arg. suisse 3 fr. 50 2 fr. Belgique (arg. belge) 18 fr. 10 fr. Etranger (arg. franç.) 20 fr. 11 fr. AGENCES : LAUSANNE, 8, av. de l’Eglise Anglaise PARIS, 130, boulevard de l’Hôpital (13e) MARSEILLE, 5, boulevard Lonchamp BRUXELLES, 11, rue Ernest Allard ALGER, 139 ter, Chemin du Telemly RABAT, 40, rue de la République TUNIS, 2, rue de l’Eglise Le rédacteur : Ch. Gerber. Le gérant : G. Haberey. Imprimerie Les Signes des Temps, Dammarie-les-Lys (S.-et-M.) France LES SIGNES DES TEMPS 3 mais c’est Dieu qui a crée le grain, qui y a mis le germe de vie, qui donne soleil et pluie et sol fécond, qui fait croître et mûrir. « A l’Eternel la terre et ce qu’elle renferme, le monde et ceux qui l’habitent ! » (Psaume 24 : 1.) Nous dépendons de Dieu pour tout ; de lui procèdent toutes choses. Nous sommes dans sa main comme l’argile dans celle du potier. En lui demandant notre pain, nous posons un acte de foi. Nous croyons qu’il fera germer le grain et mûrir la J.-C. Guenin RECEMMENT, on pouvait lire sur les journaux un texte publicitaire pour un film intitulé « Un homme qui cherche la vérité ». Je ne sais pas ce que représente ce film, car je ne fréquente pas le cinéma. Je suppose cependant qu’il y a plus d’un homme qui cherche la vérité, et j’espère que c’est le cas des lecteurs de cet article. Dans les temps particulièrement tragiques que nous traversons, il importe plus que jamais de chercher la vérité, car elle seule peut nous orienter dans le sens réel de la vie, faire de nous des hommes de caractère, ce qui veut dire des hommes et des femmes utiles à la patrie, à la société, au monde. Mais tout ne finit pas avec la vie présente ; or, c’est encore la vérité qui nous conduit vers la destination véritable et éternelle, c’est elle seule qui peut nous sauver. La plus belle recherche que puisse faire un penseur est celle de la vérité. Mais la vérité exige de grandes qualités de la part du chercheur et ces qualités sont plutôt rares, c’est pourquoi ils sont aussi rares ceux qui, en réalité, cherchent la vérité. Il faut bien reconnaître que l’homme n’a pas généralement les dispositions requises pour rechercher la vérité, d’abord parce que le plus souvent il redoute l’effort, ensuite parce que la vérité demande beaucoup de ténacité et de courage. La recherche de la vérité n’est en somme que le privilège des hommes libres. Ch. Secrétan a bien dit : « La liberté consiste à chercher la vérité partout où elle se trouve, et à obéir à cette vérité partout où elle se rencontre. » Un homme sceptique et blasé posait un jour cette question à Jésus : « Qu'est-ce que la vérité ? » (Jean 18 : 38.) Les sceptiques qui posent cette même question en entendant parler de la vérité, sont aujourd’hui encore bien nombreux. La réponse, nous l’emprunterons au plus grand de tous les maîtres : le Christ. Il est des vérités sur bien des sujets, mais puisque je parle de la vérité qui sauve, c’est-à-dire de la vérité religieuse, qu’on sache bien qu’il n’existe qu’une .Vérité, celle qui a été révélée par Jésus-Christ, Fils de Dieu et Fils de l’homme. moisson, mais nous nous engageons à faire tout ce qui dépend de nous pour que le pain nous soit assuré, à travailler honnêtement et utilement, avec persévérance et méthode. Et nous décidons de soutenir l’indigent et le malade. « Donne-nous, pour que nous donnions aux autres. » Et maintenant, conscients de tout ce qu’elle comporte, nous pouvons redire ensemble cette requête, en joignant les mains : « Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien. » A la question : « Qu’est-ce que la Vérité ? » posée par Pilate, Jésus a déjà répondu : « Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. » (Jean 18 : 37.) Dans une autre circonstance, il a dit : «Je suis le chemin, la vérité et la vie ; nul ne vient au Père que par moi. » (Jean 14 : 6.) Cette parole serait celle d’un homme fou d’orgueil, d’un imposteur, si le Christ n’était vraiment le Fils de Dieu. C’est le lieu de rappeler cette phrase du professeur Frommel : La Nature, qui se renouvelle chaque printemps, proclame aussi la bonté de Dieu. La vérité qui sauve « Jésus, réduit aux proportions d’un homme, cesse aussitôt d’être un honnête homme. » Celui qui a le mieux saisi la pensée du Maître, l’apôtre Jean, a pu dire : « Le Verbe (qui était au commencement avec Dieu, qui était Dieu) a été fait chair, il a habité parmi nous plein de grâce et de vérité. » Plus loin, il ajoute : « La loi a été donnée par Moïse, mais la grâce